Vie spirituelle

Pour une Confession salutaire et vivifiante

Pages de la Guérison


Mosaïque du Christ Pantocrator (Sainte-Sophie)

Mosaïque du Christ Pantocrator
Sainte-Sophie, Constantinople, 1261

Pour une Confession salutaire et vivfiante

par

l'Archimandrite Séraphim Alexiev

 

Tous les chrétiens sans exception doivent se repentir s’ils désirent être sauvés. Mais comment une Confession vraiment sincère doit-elle se dérouler ? Beaucoup ne savent pas cela. Voilà pourquoi il est nécessaire de discuter plus profondément la question. Nous examinons ici les trois parties de la Confession :

QUE FAIRE AVANT LA CONFESSION ?

Le premier et les dernier Apôtre du Christ ont gravement péché. Pierre a renié le Christ, Judas l’a trahi. Mais Pierre a été pardonné et Judas a péri. Pierre a retrouvé la dignité apostolique tandis que la condamnation du temps pèse toujours sur Judas. Qu’est-ce qui a sauvé Pierre et qu’est-ce qui a détruit Judas ? Qu’aurait dû faire le renégat ? Confesser son péché après l’avoir commis ? Techniquement parlant, il s’est confessé au moment où il s’est rendu chez les scribes et les Anciens en leur disant : "J’ai péché en livrant un innocent à la mort." Et Judas leur jeta les trente pièces d’argent dans le temple. N’est-ce pas suffisant ? Hélas non ! Une confession des péchés (ou aveu) ne sauve pas. Un cœur brisé et humilié doit être arrimé à une foi vivante en la grâce de Dieu. Judas a désespéré de son salut, voilà pourquoi il s’est pendu après sa confession. Son corps pendit à un arbre et son âme fut livrée aux tourments éternels.

Pierre n’a pas agi de même. Dans la cour, chez Caïphe, il a renié trois le Christ, son Maître et Bienfaiteur : "Je ne connais pas cet homme" (Mt. 26 :74). Toutefois, au troisième reniement, quand il a entendu le coq chanter, il s’est rappelé la prophétie du Christ, il a pris conscience de son péché et il a humilié son cœur. Il est sorti du jardin, il a quitté la compagnie des serviteurs du Grand Prêtre et, ce qui est plus important, il a versé abondamment des larmes d’amertume, des larmes sincères, authentiques, exprimant ainsi un profond repentir. Selon la Tradition, tout au long de sa vie, chaque qu’il entendait le chant du coq, Pierre se rappelait la gravité de son péché et ses yeux pleuraient telle une fontaine abondante. Pierre n’a pas désespéré, il a cru en la miséricorde divine et il a été sauvé.

Pierre nous donne une leçon de vie : se tourner à nouveau vers Dieu après avoir succombé au péché. C’est la foi en la miséricorde divine qui écarte le désespoir. Dieu est amour. Aussi grave que soit notre péché, Il le pardonne pourvu que nous nous repentions de tout notre cœur. Même si nos péchés atteignent les cimes montagneuses, ils sont engloutis dans l’océan de la miséricorde divine. Toutefois, si l’homme désespère, il est perdu. Le désespoir est l’œuvre et le triomphe du démon dans le cœur de l’homme. Prémunissons-nous en car, si nous y sombrons, personne ne pourra nous sauver.

Imitons le Saint Apôtre Pierre sous un autre aspect. Lorsqu’il a pris conscience de son péché, il a quitté immédiatement la cour damnée du Grand-Prêtre où il avait renié le Christ. Et toi, frère ou sœur, si tu désires te confesser et retourner à Dieu, quitte les lieux maudits du péché où tu es demeuré jusqu’à présent et où tu as renié le Christ, non pas trois fois, mais trente-trois fois. Sors en avec ton corps, ton cœur et ton esprit. Pierre a quitté les serviteurs du Grand Prêtre. Toi aussi, abandonnes l’amitié de ceux qui t’enseignent à pécher ou qui, sans intention délibérée, sont pour toi les supports de la tentation.

La morale la plus importante du comportement de l’Apôtre repenti est la suivante. Quand saint Pierre s’est trouvé seul, il rentra en lui-même. Il revécut l’horreur de son péché et il pleura amèrement, en souffrant. Quand tu vas te confesser, n’approches pas le prêtre sans t’être préalablement préparé. Tout d’abord, quittes le tumulte de la vie quotidienne. Abandonnez tout autre souci, rassembles ton esprits, et dis une courte prière, du fond du cœur. Rappele-toi tes péchés et retranscris-les éventuellement sur une feuille de papier de telle façon que tu ne les oublies pas dans ton embarras. Gardes conscience de l’impureté de ta vie avant la Confession. Rappele-toi les dix commandements, considères ceux que tu as transgressés, poses-toi la question de la gravité de tes péchés, examines ta conscience, juges par toi-même, pleures sur ta chute, et, dans cet état, rends-toi chez le prêtre. Alors tu pourra avoir conscience de recevoir un véritable pardon. "Un cœur brisé et humilié, Dieu ne le méprisera pas.". (Ps. 50 :17)

Pleurer sur les péchés commis, éprouver un repentir sincère, est absolument nécessaire si tu désires être pardonné de Dieu. En effet, le repentir consiste à verser des larmes, à éprouver un profond regret à cause de notre chute. Comme Saint Isaac le Syrien en témoigne, Dieu accepte la douleur de notre repentir comme une offrande de repentir. Voilà ce qu’il convient de faire avant de nous rendre chez le confesseur.

Pour conclure, "la Confession est précédée par la prière personnelle dans le silence et la solitude, prière de repentir accompagnée par l’examen sérieux des offenses commises à l’encontre du Seigneur, par le regret des fautes et la ferme décision, avec la grâce de Dieu d’y porter remède." C’est aussi une prière d’action de grâce aussi, car Celui que nous avons offensé, Celui qui a subi la passion pour les pécheurs que nous sommes, ne nous a pas abandonnés mais a suscité, par la grâce de l’Esprit-Saint, le mouvement de notre cœur pour qu’il se tourne avec confiance vers le Père des miséricordes."


QUE FAIRE LORSQUE TU TE TROUVES EN PRESENCE DU PRÊTRE ?

1. Lors de la Confession, tu pénètres dans l’infirmerie du Christ.

Ici, Dieu lui-même est le Médecin. Lui seul peut donner ou retirer la vie, juger et acquitter, punir et pardonner. Le prêtre n’est qu’un témoin et un représentant de Dieu. Te voilà maintenant debout visiblement devant le prêtre et invisiblement devant le Christ Lui-même. Tu t’approches avec crainte et tremblement du grand Mystère de la purification spirituelle. Le prêtre entend la confession mais c’est Dieu qui l’accepte. Le prêtre examine ton âme, mais c’est Dieu qui la guérit. Le prêtre prescrit le remède et Dieu opère le miracle du renouvellement spirituel.

En tant que chrétien, sois conscient de la portée de ta démarche. Par suite de ton insouciance ou de ta négligence, de ton ignorance ou de ta peur non fondée, tu pourrais t’en retourner non guéri. Si vraiment tu crains Dieu, sois sans crainte quand tu viens confesser tes péchés. Le Juge devant lequel tu te trouves est infiniment miséricordieux. Il est terrible, mais seulement pour ceux qui ne Le craignent pas ou qui refusent obstinément de se repentir.

 2. La Confession doit être faite sans fausse honte.

Dans le monde, nous vivons, pour la plupart, dans une hypocrisie pharisaïque. Nous sommes comme ceci, mais nous désirons nous faire passer pour cela. Nous ne nous montrons pas extérieurement tels que nous sommes vraiment. Nous aimerions que les gens aient une bonne opinion à notre sujet. Nous cachons donc nos défauts et nous montrons nos qualités. Même si nous n’avons aucune qualité marquante, nous nous vantons de vertus imaginaires. Voilà pourquoi nous rencontrons souvent des gens qui, en cette vie, semblent bons extérieurement, mais qui ne le sont pas dans leur cœur. Ne nous mentons-nous pas ainsi les uns aux autres en ce bas monde ? Et devrions-nous mentir quand nous sommes debout pour la Confession ?

Il n’est pas facile de se présenter comme pécheur devant le prêtre quand nous prétendons être debout avec assurance devant tous les autres hommes. Nous avons honte de révéler nos faiblesses. Mais comment guérir si nous dissimulons notre maladie ? Nous surmontons notre honte quand nous allons nous faire examiner par notre docteur, voilà comment nous soignons le corps. Alors pourquoi sommes-nous honteux de nous rendre chez le prêtre pour soigner l’âme ? Ne réalisons-nous pas que cette fausse pudeur dresse un obstacle à l’accomplissement du salut de notre âme ? Ecartons donc la honte et saisissons la détermination. Il convient d’avoir honte au moment où nous péchons, et non pas lorsque nous nous en confessons. Dieu a relié la honte au péché et la détermination à la Confession. N’écoutons pas le démon qui corrompt l’ordre divin et inspire la honte lors de la Confession des péchés et la détermination à son service. Il a tout inversé afin de nous faire périr.

Un jour que l’illustre Socrate se promenait dans une rue d’Athènes, il vit un de ses étudiants sortant de la maison d’une prostituée. Le jeune homme vint couvert de honte devant son maître mais se retira rapidement à l’intérieur pour se cacher. "Jeune homme" lui dit Socrate, "il n’est pas honteux de sortir d’une telle maison, il est plutôt honteux d’y demeurer." Chrétien, le Christ te dit qu’il n’est pas honteux de dévoiler tes péchés en Confession, mais il est honteux d’y demeurer enfermé, c’est-à-dire de le dissimuler au prêtre. Saint Basile le Grand dit que le péché dissimulé consciemment empoisonne inexorablement et fatalement l’âme du pécheur. Comment, en effet, peut-on soigner une maladie si nous la dissimulons au médecin qui a le pouvoir de la guérir ?

Certains sont honteux de se confesser parce qu’ils occupent un poste élevé et appartiennent à l’élite. Considérons néanmoins l’exemple de l’Évêque Potamius. D’un âge respectable, modèle du célibat consacré, il était estimé pour ses vertus. Il arriva qu’il succombât au péché mais s’en releva aussitôt, tout en pensant se repentir devant le Concile des Evêques qui allaient se réunir dans sa ville. A l’ouverture du Concile, l’Évêque Potamius fut élu à la présidence. Il était en effet respecté de tous. Il commença à éprouver en son cœur un horrible combat entre la honte et le sentiment du repentir.

La honte lui disait d’un côté :

  • "Vas-tu vraiment te confesser en public ?" Le repentir l’appelle de l’autre côté :
  • "Pourquoi tardes-tu et ne fais-tu pas ce que tu as décidé de faire ?"
  • "N’as-tu pas honte devant les gens ?", raisonne la honte.
  • "Tu seras honteux devant Dieu !" conseille le repentir.
  • "Mais tu es un Prélat. Tu seras une tentation !" raisonne la honte.
  • "Précisément parce que tu es un Prélat, tu dois donner le bon exemple au monde" crie le repentir.

Finalement le repentir l’emporta et la honte prit la retraite.

Potamius se leva et confessa son péché devant tous. Même les anges au Ciel furent surpris par une telle confession. Si un Prélat n’a pas été honteux de confesser son péché devant tout un Concile, pourquoi serions-nous honteux d’exprimer secrètement nos péchés ? Lorsque David confessa ses péchés au prophète Nathan, il entendit aussitôt un mot réconfortant : "Dieu a écarté ton péché" (2 Rois 12 :13). Par contre, le péché non confessé laisse dans l’âme une blessure incurable, voire mortelle. Apprenons donc à nous confesser avec audace.

Pour conclure, la Confession des péchés requiert la simplicité. Le pénitent n’a pas à avoir honte, mais à se repentir, ce qui est bien différent. Le prêtre en présence de qui il confessera ses fautes est un pécheur comme lui, et qui le sait bien. "Le ministère du confesseur ne consiste pas à juger mais à compatir, à intercéder, à pardonner au nom du Seigneur et à déterminer les remèdes appropriés pour aider à la conversion" rappelle le Trebnik.

Le pénitent ne doit pas avoir peur de la gravité de ses fautes. Le larron a été pardonné. Pierre qui avait renié le Christ a été pardonné. Le pénitent ne doit pas craindre le confesseur même s’il est d’aspect sévère et rude. Car il est courant de constater que l’humilité, la sincérité, la simplicité de la Confession touchent celui-là même qui a été chargé de pardonner au nom du Seigneur. Souvent, la volonté d’obéir du pénitent incite son confesseur à la sagesse et la prudence. Comme le rappelle le Trebnik, le confesseur est tenu au secret de la façon la plus stricte. Non seulement il ne divulguera pas ce qui lui a été révélé, mais encore il ne changera pas son attitude habituelle envers le pénitent à cause de ce qui lui a été révélé. Sauf, bien sûr, dans le sens d’une plus grande charité. S’il s’avérait qu’un prêtre ait manqué à ce devoir, il serait nécessaire d’avoir recours à son Evêque pour que celui-ci prenne les dispositions prévues.

 3. Ne recherche pas d’excuses pour tes péchés.

Acceptons de souffrir en nous exposant volontairement. Cette souffrance est vivifiante et salvifique. L’aveu douloureux de nos fautes nous fait rougir de honte. Nous rougissons d’embarras lorsque nous exposons nos péchés au prêtre. L’aveu est comme une flamme qui brûle nos péchés et guérit notre âme. Rechercher des excuses et des justifications à nos fautes nous éloigne de l’humilité indispensable et de la possibilité de la guérison de notre âme par une confession sincère des péchés. Qu’est la Confession ? Le repentir. Et la personne qui se repent ne peut faire qu’une chose : pleurer et implorer miséricorde. S’il commence à chercher à tromper en se justifiant et en utilisant la ruse, le repentir s’évanouit. Dans le sacrement de Confession, un cœur repentant est très important.

Il est important de se rappeler tout cela, car beaucoup de chrétiens se confessent en essayant toujours de s’excuser d’une certaine manière. Même s’ils confessent leur péché, ils essaient par tous les moyens de le faire apparaître comme moins important et moins lourd en recherchant des circonstances atténuantes afin de le rendre plus innocent. Ils doivent savoir que le Tribunal céleste ne fonctionne pas de la même façon qu’un tribunal terrestre. Devant la Cour terrestre, le défendant essaie de paraître le plus innocent possible de telle sorte qu’il soit acquitté. Devant la Cour céleste, c’est le contraire : celui qui s’accuse davantage et acquitté d’autant plus facilement. N’est-ce pas dans ce but que Jésus-Christ nous appelle à Lui afin de nous pardonner nos fautes volontaires et involontaires ? Aucune religion n’enseigne un Dieu plein d’amour pour l’homme comme la nôtre.

Saint Jérôme, lorsqu’il vivait en Palestine et travaillait dans la grotte de Bethléem où notre Sauveur est né, eut une vision miraculeuse de la Nativité. Jésus-Christ lui apparut sous la forme d’un enfant qui lui demanda :

  • "Jérôme, si quelqu’un se présentait à toi de ma part et réclamait quelque chose, que Me donnerais-tu ?"
  • "Mes vertus et mes prières" répondit saint Jérôme.
  • "C’est bien, et quoi encore ?"
  • "Mon cœur, mon âme, tout mon être."
  • "J’accepte cela aussi, mais je désire encore quelque chose d’autre de ta part."
  • "Mais que te donner d’autre, Seigneur ?" se demanda l’ascète.
  • "Donne-moi tes péchés !". Saint Jérôme commença à crier avec un cœur brisé. Il demande à travers les larmes :
  • "Pourquoi as-tu besoin de mes péchés, Seigneur ?"
  • "Pour les prendre sur moi."

Il lui a dit : "Donne-moi tes péchés". Jésus-Christ désire prendre nos péchés. Donnons-les Lui dans le sacrement de Confession, et Il nous pardonnera.

 4. Ne dissimule absolument rien consciemment

Si, sans le vouloir, nous oublions un péché, il s’agit de le confesser la fois suivante. Dissimuler quelque chose qui embarrasse clairement notre conscience signifie que nous avons doublé notre péché : tout d’abord nous l’avons commis et ensuite nous l’avons dissimulé.

Ne caches pas ton péché à ton âme. C’est une maladie mortelle. C’est un ulcère qui, s’il n’est pas traité, peut t’envoyer au tombeau. Si tu dissimules tes péchés, tu donnes une grande faveur au démon qui te fait commettre un forfait et le dissimule ensuite dans ton âme comme étant son trésor, celui dont il se servira comme matière d’accusation contre toi. Confesses tout ce qui encombre ta conscience. Au mieux tu évacueras, de ton propre gré, les détritus de ton âme, au mieux celle-ci sera nettoyée avec la grâce divine. Quiconque pèche, s’allie avec le démon tandis que quiconque confesse son péché rompt son amitié avec le démon. Pour le démon, la Confession est une trahison. C’est la seule tricherie vertueuse.

Le Saint Évêque Ignace Briantchaninov nous enseigne que "par la confession des péchés, l’amitié avec les démons est rompue. La haine du péché est la preuve d’un repentir sincère et de la détermination de l’homme à mener une vie vertueuse. Si tu as pris l’habitude de pécher, confesses tes péchés plus souvent, et bientôt tu te libéreras de la captivité du péché. Ce sera avec facilité et joie, que tu suivras le Seigneur Jésus-Christ. Les amis d’un homme qui les trahit continuellement deviennent ses ennemis et s’en éloignent comme d’un traître qui les met continuellement en péril. Les péchés, eux aussi, s’éloignent de l’homme qui les confesse parce qu’ils reposent sur l’orgueil de la nature déchue et ne peuvent pas supporter d’être exposés."

5. Pour la Confession, ne recours pas à des généralités sans portée réelle.

Beaucoup, parmi ceux qui se confessent pour la première fois, apprennent ce qu’il faut dire au prêtre auprès duquel ils se confessent. Soit par timidité, soit par manque d’expérience, ils disent bien souvent des choses inappropriées et quittent la Confession sans en avoir vraiment bénéficié.

Une dame chrétienne avait décidé de se confesser et ne savait pas quoi faire. Elle demanda conseil à une autre dame qui lui dit :

  • "Dites : Je suis coupable de tout. Et c’est tout !"
  • "Oh ! alors, c’est très simple"

Elle se tint courageusement devant le serviteur de Dieu. Quand le prêtre l’interrogea à propos de ses péchés, elle dit calmement :

  • "Père, je suis coupable de tout !" et elle croyait alors en avoir terminé avec sa confession.
  • "Avez-vous volé des chevaux ?" lui demanda le prêtre avec curiosité.
  • "Si j’ai volé des chevaux ! ? Je n’ai jamais commis un tel péché." répondit-elle.
  • "Ah, ainsi vous n’êtes pas coupable de tout" dit le prêtre avec sagesse. "Il y a des gens qui volent des chevaux. Mais vous, semble-t-il, n’avez pas commis ce péché. Voyons donc précisément ce en quoi vous avez péché." Et c’est ainsi qu’il la conduisit à une véritable Confession.

 6. Confesse brièvement et avec précision le caractère de chaque péché.

Les généralités n’apportent aucun bénéfice au pénitent. Il s’agit de rendre compte à Dieu pour chacune de nos transgressions. Bien sûr, cela ne signifie pas qu’il doit commencer à raconter de longues histoires détaillées. Le prêtre est habituellement un homme fort occupé. Pendant les fêtes et particulièrement avant la Communion, beaucoup attendent leur tour pour se confesser à lui. Voilà pourquoi concision, exactitude et brièveté sont nécessaires. Afin d’accomplir cela, il est recommandé de transcrire au préalable les péchés sur une feuille de papier qui sera lue durant la Confession. N’attendons pas que le prêtre nous pose des questions. Le bénéfice sera d’autant plus grand si nous prenons l’initiative de raconter nos péchés. Si le confesseur nous interrompt afin de clarifier notre condition spirituelle et nous pose des questions, nous sommes invités à répondre directement et de façon exacte.

Certains rusent durant la Confession, pensant ainsi tromper Dieu. Ils se leurrent eux-mêmes en croyant ainsi tromper Dieu. Au lieu de décrire brièvement la nature de leurs péchés, par exemple : "Je hais mon voisin" ils vont discourir à propos de leur désir inapproprié de ne pas se compromettre en racontant des histoires longues et fastidieuses et par conséquent inutiles à propos de la haine que leur porte leur voisin, combien il leur a fait du tort, etc. Au lieu de dire : "J’ai volé telle chose à telle personne" ils expliqueront comment tel objet leur a été laissé. Ce n’est pas une confession mais une ruse folle devant Dieu.

7. Ne révèle pas les fautes d’autrui, mais seulement les tiennes. Dissimule autant que possible les noms des personnes qui t’ont tenté ou qui, par ta faute, ont péché avec toi.

Beaucoup de chrétiens ne se soumettent pas à cette règle naturelle et succombent à la situation peu raisonnable de parler seulement des péchés d’autrui ! "Elle, ma belle-fille a fait ceci ou cela. Mon mari est un grossier individu" ou "Ma femme ne m’obéit pas, elle a un sale caractère et elle me cherche continuellement querelle ainsi qu’à ma famille." "Un de mes amis, son nom est tel, vous le connaissez, Père, m’a gravement insulté. Et celui-là, Père, a fait cela". Ce n’est pas une confession que d’accuser les autres plutôt que soi-même. C’est plutôt un jugement sur autrui. Ceux qui font cela viennent chez le prêtre chargés de péchés et quittent encore plus chargés.

 8. Ne va pas vanter tes vertus auprès du prêtre

D’autres, quand ils vont se confesser, au lieu d’exposer leur état de pécheur, - ce qui est naturel, nécessaire et bon - commencent d’une façon surprenante à se vanter :

"Père, je n’ai ni tué, ni volé. Je ne suis pas un ivrogne, je vis de façon respectable. Mes voisins et mes amis me respectent. Comme être humain, bien sûr, je dois avoir péché d’une certaine façon, à un certain moment, mais maintenant, je ne me rappelle de rien. Ma conscience est nette."

Cette horrible coquetterie est encore un plus grand péché que ceux que cette personne se vante de ne pas avoir commis ! Ce genre de personne est probablement totalement inconsciente qu’elle possède une intériorité, une âme. Ce n’est pas seulement une coquetterie, mais une tragédie car cette personne se trouve "bloquée" ou aveugle devant le prêtre. Elle a probablement noyé petit à petit son âme dans l’abîme du péché par un orgueil muet et complaisant. Beaucoup de gens parviennent à endormir leur sens moral. Demeurés trop longtemps éloignés de la grâce de Dieu distribuée par les sacrements de l’Église du Christ, ces gens croient qu’ils ne sont pas pécheurs parce qu’ils sont devenus insensibles. Le serviteur zélé du Christ, feu l’archiprêtre Eustache J. du village de... m’a raconté l’histoire suivante au sujet d’un homme de ce genre :

"Mon paroissien Boris. était un ivrogne. Il avait rompu avec l’Église et vagabondait toujours autour du bar. Il ne s’était plus confessé depuis longtemps et n’avait donc plus communié. Un soir, sa sœur, une chrétienne dévote, me rend visite. "Venez, Père, pour confesser et donner la communion à Boris. Il n’est pas malade, mais étant donné que je sais qu’il ne viendra pas chez vous, allez vers lui." J’y suis allé. Je lui ai expliqué combien il serait bon pour lui de se confesser. Mais il est demeuré silencieux. Je lui ai demandé ce qu’il a sur la conscience. Y a-t-il quelque chose qui le dérangeait. "Il n’y a rien. Ma conscience est nette" dit-il. "Mais comment est-ce qu’il n’y a rien ? N’êtes-vous pas un homme pécheur ?" "Je n’ai rien fait de mal". "Et désirez-vous prendre la communion ?" "Pourquoi pas ? Je prendrai la communion" répond-il avec indifférence. "Bien, demain, je viens chez vous avec les Saints Dons." Je suis retourné à la maison, mais quelque chose de très lourd pesait sur mon âme. La sœur de Boris. l’a préparé pour la Sainte Communion, elle l’a aidé à faire sa toilette, lui a donné des vêtements de rechange propres. Le lendemain, me voilà apportant les Saints Dons à la maison de Boris. Mais sur ma route, je rencontrai des connaissances qui m’informèrent que Boris. était mort inopinément durant la nuit. J’étais sidéré d’horreur. A moins qu’il ne s’agisse d’un manque de discernement spirituel de la part du prêtre, peut-être mais alors clairement, Dieu n’a pas permis à Boris. de prendre la Communion parce qu’il ne voulait pas se confesser et s’humilier devant Dieu en admettant qu’il était pécheur."

 9. Ne transfère pas le blâme sur autrui.

Au Paradis, nos ancêtres Adam et Eve ont péché. Ils ont mangé du fruit défendu de l’arbre. Dieu les appelle pour qu’ils se confessent, prêt à leur pardonner. "Adam, où es-tu ? Eve qu’as-tu fait ?" Oh ! s’ils avaient confessé leur péché avec bravoure ! S’ils avaient admis leur culpabilité. S’ils n’avaient pas rejeté le blâme l’un sur l’autre ! Si Adam s’était dit : "Dieu, pardonne-moi ! Je suis fautif !" et si Eve s’était dépêchée d’admettre : "Non, Seigneur, Adam n’est pas coupable parce que je lui ai donné le fruit défendu." S’ils avaient agi ainsi, ils n’auraient pas été expulsés du Paradis.

Mais que firent-ils ? Lorsque Dieu leur parla, ils commencèrent à se justifier et à transférer le blâme l’un sur l’autre.

  • "Adam, qu’as-tu fait ?"
  • "Pas moi, Seigneur, mais la femme que tu m’as donnée, elle est à blâmer."
  • "Ève, qu’as-tu fait ?"
  • "Pas moi, Seigneur, c’est le serpent, il m’a tentée."

Tous deux dissimulent leur faute. Voilà pourquoi ils furent expulsés du Paradis.

Mais beaucoup parmi nous ne font-ils pas comme Adam et Eve ? Quand tu vas te confesser, le prêtre demande : "Adam, dans quelle condition es-tu ?" "Ève, qu’as-tu fait ?" Si tu te justifies, si tu dissimules tes péchés, si tu blâmes les autres, ce n’est pas une Confession. Dans une véritable Confession, tu te présentes devant le prêtre tel que tu es. Tout en sachant que tu te compromets sans crainte, il s’agit de t’accuser de tes péchés avec soin, regret sincère, sans hypocrisie et avec la volonté de t’amender avec l’aide de Dieu.

 10. Aie le désir de ne plus succomber au péché.

La couronne d’un repentir véritable est la ferme intention de ne plus pécher à l’avenir. Il y a des gens qui se confessent dans l’unique but de pouvoir communier, comme c’est la tradition dans l’Église orthodoxe. Ils sont guidés par la pensée que communier sans Confession est un péché grave pour l’âme. Hélas, ils ne décident pas dans leur cœur de commencer une nouvelle vie. Ils pensent : "Je vais pécher jusqu’à la prochaine Confession, et je me repentirai à nouveau ; s’il y a confession, le péché n’est pas si terrible." Et certains se dépêchent souvent malgré eux de commettre les péchés qu’ils désirent mais qu’ils n’ont pas encore commis avant de se confesser, de telle façon qu’ils puissent les rapporter lors de la prochaine Confession. Tout cela est odieux et abject devant Dieu. La Confession n’est pas bénéfique pour ceux qui suivent consciemment les caprices pécheurs de leur volonté pervertie en transgressant sciemment les commandements de Dieu. Un homme qui crée ainsi des habitudes pécheresses en lui-même se demandera en vain, par la suite, pourquoi la Confession ne l’aide pas à se corriger. Il ne parvient pas à se corriger pace qu’il ne le veut pas !

Saint Basile le Grand dit : Ce n’est pas celui qui dit : "J’ai péché" et après cela continue à pécher qui confesse son péché, mais c’est celui qui, selon les paroles du Psaume, a vu son péché et le hait. De quelle utilité est le souci du médecin pour le patient si ce dernier refuse obstinément de s’abstenir de ce qui est dangereux pour sa santé ? De la même manière, il n’y a pas lieu de pardonner les injustices d’un homme qui continue à les commettre. Celui qui continue à vivre dans la débauche ne retire aucun bénéfice à être pardonné du péché de débauche. Le sage Architecte de notre vie désire que celui qui a vécu dans le péché et a fait le serment de commencer une nouvelle vie, mette un terme à ce qui, dans son passé, l’a entraîné au péché et qu’il pose les fondations d’une nouvelle vie, celle d’un homme repenti.

Pour bénéficier de la Confession, nous devons nous résoudre fermement de ne plus pécher à l’avenir. Le repentir authentique est la souffrance que suscite notre conscience de la rupture d’amour avec Dieu, accompagnée de l’intense désir de ne plus répéter ce péché. Qui se permet de pécher arbitrairement, avec l’espoir qu’il se repentira, dit Saint Isaac le Syrien, triche avec Dieu. La mort le touche inopinément, et il ne vit pas jusqu’à l’accomplissement du temps qui lui est imparti pour se consacrer à la vertu. Pour bénéficier de la Confession, tu dois te résoudre à ne plus pécher dans le futur. Pour que cela se produise, au cours de la Confession, souhaites de tout ton cœur commencer une nouvelle vie. Si tu éprouves ce désir libérateur, aie confiance que Dieu nous aidera par tous les moyens possibles.

Pour conclure, la Confession est adressée à Dieu. Il connaît nos manquements bien mieux que nous-mêmes. Il s’agit donc que la Confession soit complète (ne pas avouer le moustique en dissimulant le chameau), exacte (en disant simplement les circonstances aggravantes), claire (sans user d’habiles périphrases), sobre (sans vaine complaisance dans l’aveu, non plus), et humble (acceptant comme un remède salutaire la pénitence éventuelle indiquée par le confesseur, même s’il s’agit de l’abstention momentanée de la communion eucharistique). Le véritable repentir amène le pénitent à n’incriminer que lui-même sans s’excuser ni, par de pseudo aveux, dénoncer et accuser d’autres personnes.


QUE FAIRE APRÈS AVOIR QUITTE LE CONFESSEUR ?

Après une Confession, il convient d’exécuter l’épitémie (la réparation) qui nous a été donnée : prosternation, prière intense, jeûne, lecture assidue de la Parole de Dieu, aumône, visite des malades, soin des orphelins. Il convient de prêter attention aux points suivants :

1. Si tu éprouves de l’inimitié contre quelqu’un, pardonne de tout ton cœur.

C’est ainsi que Dieu te pardonnera (Mt 6 :14,15). Sinon ta Confession est vaine. Thermistocle et Aristide, gouverneurs éminents d’Athènes, étaient des ennemis notables. Mais le pays confia à tous deux une fonction importante de l’Etat. Toutefois, pouvaient-ils abandonner leur inimitié ? Alors Aristide dit : "Thermistocle, voulez-vous abandonner votre inimitié, ici, à la frontière. Nous irons là où l’on nous appelle, nous accomplirons le travail, et si vous le désirez, quand nous reviendrons, nous renouvellerons notre inimitié." Et c’est ainsi qu’ils firent. Après avoir accompli le travail pour l’État, ils retournèrent d’où ils étaient venus et reprirent leurs hostilités !

N’en est-il pas ainsi avec les chrétiens qui ont une relation hostile avec leur prochain ? Ils se confessent, communient à la même Coupe, laissent leur hostilité à l’entrée de l’église, et quand ils la quittent, ils renouvellent leur inimitié. Cela constitue-t-il une Confession ? Ils commettent un plus grand péché en se confessant et en prenant la communion sans abandonner leur haine envers leurs ennemis personnels. Mettons donc fin aux inimitiés.

2. Ceux qui ont admis en Confession qu’ils avaient violé leur célibat ou l’honneur de leur famille, doivent quitter pour toujours la mauvaise voie. Ils ne peuvent aimer Dieu et le péché.

Un philosophe était allé faire du bateau en pleine mer. Une violente tempête manqua presque de renverser son bateau. Ce fut un miracle qu’il ait survécu. Il revint à la maison et, étant donné qu’une fenêtre de celle-ci donnait sur la mer, il l’emmura de telle façon qu’il ne puisse plus regarder la mer et succomber à l’attrait de naviguer.

Chrétien, combien de fois, toi aussi, tu as presque perdu ta vie et ton âme dans la mer de l’amour dissolu. Tu as été libéré miraculeusement. Maintenant évites-en les causes. N’empruntes plus cette route. Fermes les yeux de telle façon que la tentation ne pénètre pas dans ton cœur. Sinon, tu périras.

3. Si tu t’es emparé de la possession d’autrui, si tu as volé quelqu’un, rends ce qui ne t’appartient pas. Sinon, il n’y aura pas de pardon pour toi.

Si tu blasphèmes le saint Nom de Dieu, si tu renies la foi orthodoxe, si tu te mets en colère, si tu t’enfles d’orgueil, d’envie ou commets d’autres graves péchés, lorsque tu t’en repens, et que tu te confesses, tout t’est pardonné. Comme représentant de Dieu, le prêtre peut nous pardonner nos péchés contre Dieu, si nous nous repentons.

Par contre, si nous conservons, par exemple, la propriété d’autrui et le confessons sans la rendre, le prêtre n’a pas le droit de nous pardonner. Si nous gardons en nos mains la propriété d’un homme pauvre, comment le prêtre pourrait-il nous pardonner ? L’homme pauvre n’a pas choisi le prêtre comme son substitut et ne lui a pas donné le pouvoir de faire grâce à sa place pour ce qui a été volé.

Mais certains disent : "Je donne des aumônes dans les monastères ainsi qu’aux pauvres." Réfléchissons calmement : aucune loi, ni de Dieu, ni des hommes, ne permet à une premier homme de donner comme présent à un second la propriété d’un troisième. Pour cette raison, afin de recevoir le pardon de Dieu, retourne ce qui ne t’ appartient pas.

Résumons brièvement les règles d’une Confession salutaire. Avant d’aller voir le confesseur, examine soigneusement ta conscience. Ensuite, lorsque tu es en présence du prêtre, c’est-à-dire avoue ton péché, mets fin aux hostilités, et exécute la réparation, abandonnes ta vie impure et rends ce qui n’est pas à toi. Celui qui ne corrige pas son comportement après la Confession, ne se confesse pas, mais il parle en l’air, selon les paroles de saint Basile le Grand.

Extrait du livre de l'Archimandrite Séraphim Alexiev,
The Forgotten Medicine : The Mystery of Repentance.
(St. Xenia Skete Press, Wilwood CA, 1994).
Traduit de l'anglais par l'Archiprêtre Paul Pellemans.
Reproduit avec l'autorisation de l'Archiprêtre Paul Pellemans.


 



Dernière modification: 
Mercredi 20 juillet 2022