Saint Jean Maximovitch
Saint Jean naquit le 4 juin 1896 en la propriété de campagne de ses parents, Boris Ivanovitch Maximovitch et Glaphire Mikhailovna, en la petite ville d’Adamovka, la province de Kharkov en Russie. Au baptême, l’enfant fut mis sous la protection du saint archange Michel, dont il reçut le prénom. Ses parents étaient d’ascendance serbe. L’un de ses ancêtres fut saint Jean, métropolite de Tobolsk, ascète, missionnaire et auteur de diverses œuvres spirituelles, qui vécut en la première moitié du dix-huitième siècle et fut canonisé en 1916.
Après ses études primaires, Michel Maximovitch s’inscrivit à l’Académie militaire de Poltava. Ses relations avec ses condisciples étaient bonnes, mais il ressentait que sa voie était ailleurs. Il eut des contacts très instructifs avec le recteur du séminaire de cette ville, l’archimandrite Varlaam, et avec l’aumônier de l’Académie, l’archiprêtre Serge Chetverikov, qui écrit des ouvrages sur saint Païssi Vélitchkovsky, et sur les startsi d’Optino. Le jour même où Michel Maximovitch termina ses études à l’académie militaire, l’archevêque Antoine Khrapovitsky fut intronisé évêque de Kharkov. Plus tard, il deviendra métropolite de Kiev et de Galitch. Il entendit parler du jeune Michel Maximovitch, et désira le rencontrer. Ce fut à Khrarkov que l’archevêque Antoine devint le père spirituel de Michel, une relation qui continuera pendant toute la vie de l’archevêque.
Michel fit des études de droit à Kharkov, études qu’il termina en 1918. En-dehors des heures d’étude, le jeune étudiant se consacrait à l’approfondissement de la littérature spirituelle. La Révolution russe de 1917 contraignit la famille Maximovitch à fuir la Russie et à se réfugier en Yougoslavie. Michel commença ses études théologiques à l’université saint Sava. Il termina en 1925 et fut tonsuré lecteur par le métropolite Antoine à Belgrade. L’année suivante, Michel devint moine au monastère de Milkovo, où il reçut le nom de Jean, en l’honneur de son parent éloigné, saint Jean de Tobolsk, récemment canonisé. Peu après, le moine Jean devint hiérodiacre puis hiéromoine. Il fut ensuite aumônier de la Haute École d’État serbe, et en 1929 il devint professeur au séminaire serbe Saint Jean le Théologien, situé en la ville de Bitol.
Le père Jean avait d’excellentes relations avec ses étudiants, et ce fut à Bitol que l’on commença à remarquer la ferveur de son mode de vie. Il priait continuellement, célébrait quotidiennement la Divine Liturgie, ou du moins y assistait et communiait aux Saints Mystères, il jeûnait strictement et généralement ne prenait qu’un seul repas, tard dans la soirée. Avec un grand amour paternel, le père Jean inspira aux étudiants du séminaire la recherche ardente d’idéaux spirituels. Ils finirent par découvrir ses exploits ascétiques, s’apercevant par exemple qu’il ne s’allongeait jamais pour le sommeil. Lorsqu’il s’assoupissait, il ne le faisait que sous le poids de l’épuisement, souvent en position de prosternation devant le coin des icônes.L’évêque Nicolas Velimirovitch appréciait et aimait le jeune hiéromoine Jean. Un jour, lorsqu’il dut s’absenter du séminaire, il recommanda le père Jean au petit groupe de séminaristes, en disant : « Mes enfants, écoutez le père Jean. C’est un ange de Dieu, sous la forme d’un être humain ». Les séminaristes eux-mêmes étaient convaincus du fait que le père Jean menait une vie angélique. Sa patience et son humilité pouvait se comparer à celle des grands ascètes et des ermites du désert. Il revivait les événements des Évangiles, comme s’ils se passaient devant ses yeux. Il connaissait précisément le caractère et les habitudes de chaque étudiant, et pouvait aisément évaluer le niveau de connaissances de chacun. Malgré un léger bégaiement, les réponses qu’il donnait à ses étudiants étaient toujours concises, claires et complètes.
Pendant la première semaine du Grand Carême, le père Jean ne mangeait rien de plus qu’une prosphore par jour, et poursuivait ce jeûne pendant la Semaine Sainte. Le Samedi Saint, son corps était totalement épuisé. Mais le jour de la sainte Résurrection du Seigneur, il revivait et retrouvait toutes ses forces. Aux matines pascales, il s’exclamait triomphalement : « Christ est ressuscité ! » Sa figure resplendissait et la joie pascale qui émanait de lui était ressentie par chacun de ceux qui étaient présents dans l’église.
En 1934, le Synode des évêques de l’Église russe hors-frontières décida d’élever le hiéromoine Jean au rang d’évêque, en tant qu’évêque-vicaire à Shanghai pour le diocèse de Chine. Pour le père Jean, c’était un événement absolument imprévu. Cela apparaît bien dans le témoignage d’une personne qui le connaissait en Yougoslavie. Elle le rencontra un jour en tramway, à Belgrade, et lui demanda ce qui l’avait amené à venir en cette ville ? Il lui répondit qu’il était venu à Belgrade, parce qu’il avait reçu par erreur une lettre qui était destinée à un autre hiéromoine Jean, lettre qui annonçait à cet hiéromoine Jean qu’il allait être consacré évêque. Le jour suivant, elle le rencontra à nouveau, et lui demanda des nouvelles, concernant cette lettre. Il lui répondit que l’erreur était pire que ce à quoi il s’attendait, car il s’avéra que c’était lui qu’on avait décidé de consacrer évêque ! Lorsqu’il présenta ses objections, disant qu’il pouvait difficilement assumer le rôle d’évêque, avec son bégaiement, on lui répondit que le prophète Moïse avait éprouvé les mêmes difficultés… La consécration fut célébrée le 28 mai 1934 par le métropolite Antoine, qui parlait de l’évêque Jean en ces termes : « Nous, nous nous mettons en prière ; lui, il ne se met jamais en prière parce qu’il est prière ! » En envoyant Mgr Jean à Shanghai, Mgr Antoine écrivait à son sujet au métropolite de cette ville : « Je vous envoie un évêque dont l’âme est celle d’un enfant ; il est petit, tout petit [il était de petite taille] comme un bébé, mais sa prière perce les cieux ».
Le jeune évêque arriva à Shanghai le 21 novembre 1935, la fête de l’Entrée au Temple de la Très-Sainte Mère de Dieu. Monseigneur Jean assuma immédiatement ses responsabilités et devint rapidement une personne en vue à Shanghai. Il devait résoudre des conflits juridictionnels, et achever la construction d’une grande cathédrale. L’évêque Jean réussit à réconcilier les gens, et tissa un réseau de contacts avec les Serbes, les Grecs et les Ukrainiens de son diocèse. Il parvint à mener à terme la construction de la cathédrale, ainsi que d’un bâtiment de trois étages et d’un clocher. Il apporta une attention toute particulière à l’éducation spirituelle des enfants. Il fut l’inspirateur pour la construction d’églises, d’un hôpital, d’un asile pour les malades mentaux, d’un orphelinat et d’un local communautaire – en un mot, pour toutes les œuvres sociales de la communauté russe à Shanghai.
Il restait pourtant étranger au monde, tout en participant au fleuve des affaires profanes. A partir du premier jour de son arrivée à Shanghai, il continua à célébrer la Divine Liturgie quotidiennement, comme il le faisait auparavant. Où qu’il soit, il était toujours présent à l’office divin. Après la Liturgie, l’évêque restait dans le sanctuaire pendant deux ou trois heures. Un jour, il disait à ce propos : « Combien il est difficile de s’extraire de la prière, et de revenir pour s’occuper des affaires du monde ». La nuit, il restait éveillé, et ne s’accordait que très peu de sommeil. Même s’il ne faisait pas de visites officielles, il surgissait de façon imprévue chez ceux qui étaient en difficulté, parfois à des heures indues, et quel que soit le temps qu’il faisait au-dehors. La nuit, il se contentait d’un « repos éveillé », dans son fauteuil. Aussi conseillait-il, à quiconque désirait lui téléphoner, de l’appeler non de jour, où il était accaparé, mais vers minuit ou vers une heure du matin. Chaque jour, il visitait les malades, en leur apportant les Saints Dons. On le voyait souvent, et parfois fort tard et par très mauvais temps, marchant dans les rues de Shanghai avec son bâton épiscopal à la main, le « rasson » flottant au vent. Il était chaussé de sandales légères, qu’il cédait souvent à un pauvre ; il célébrait toujours pieds nus… C’était une originalité extrêmement remarquée, dans les milieux plutôt formalistes de l’Orthodoxie !
Lorsqu’on se dédie au salut des âmes, disait-il, il faut se rappeler que les gens ont des besoins concrets qui ne se laissent pas ignorer : « On ne peut pas prêcher l’Évangile sans manifester de l’amour envers les besoins de chacun ». L’une des manifestations de l’amour concret de l’évêque Jean pour ceux qui sont en difficulté, fut la fondation de l’Orphelinat Saint Tikhon de Zadonsk. L’évêque Jean rassembla une équipe de femmes et, commençant par huit enfants, finit par organiser un orphelinat qui donna refuge à des centaines de pensionnaires, en quinze ans d’existence à Shanghai. « Vladyka » rassembla lui-même des enfants malades et affamés, dans les rues et dans les sombres ruelles de Shanghai.
Les paroissiens du diocèse de Shanghai éprouvaient beaucoup d’amour et de respect pour leur pasteur ; cela apparaît dans ces extraits de lettres, qu’ils écrivaient au métropolite Mélèce en 1943 :
« Nous les gens du monde, les laïcs, ne pouvons atteindre la profondeur de sa connaissance de la théologie, de son érudition, de ses homélies, profondément imprégnées de Foi apostolique, prononcées presque chaque jour et fréquemment imprimées. Nous le peuple de Shanghai, nous parlons de ce que nous voyons et ressentons, depuis l’arrivée de notre évêque en notre cité multi-ethnique, de ce que nous voyons de nos yeux de pécheurs et de ce que nous ressentons, de notre cœur de chrétiens.
« Dès le jour où il est arrivé, le pénible phénomène de la division des Eglises a cessé ; l’Orphelinat Saint Tikhon de Zadonsk, qui nourrit, habille et éduque habituellement deux cents enfants, fut construit à partir de rien ; progressivement, les conditions d’existence des maisons de charité, sous le patronyme de saint Philarète le Miséricordieux, se sont améliorées ; les malades dans tous les hôpitaux de Shanghai reçoivent la visite de prêtres, peuvent recevoir régulièrement les Saints Mystères et si un décès survient, même les sans-abri peuvent être inhumés avec des funérailles convenables ; notre évêque visite personnellement les malades mentaux, alors qu’ils vivent en un hôpital situé loin de la ville ; les prisonniers qui sont dans les prisons de la « Colonie » et de la Concession française ont la possibilité de prier au lieu même de leur détention, pendant la célébration de la Divine Liturgie, et de recevoir la sainte Communion chaque mois. Notre évêque porte une attention soutenue à l’éducation et l’instruction des jeunes, dans un esprit orthodoxe et national. Dans de nombreuses écoles non-russes, nos enfants peuvent apprendre la Loi divine. Pendant tous les moments difficiles de la vie de notre communauté, nous avons vu notre évêque montrer le chemin, nous défendre et soutenir nos séculaires principes moraux russes. Toutes les organisations sectaires et les confessions hétérodoxes comprennent maintenant que combattre un tel pilier de l’Orthodoxie est chose très difficile. Notre évêque visite inlassablement les églises, les hôpitaux, les écoles, les prisons, les organisations civiles et militaires, apportant toujours avec lui le réconfort et la Foi. Du jour de son arrivée, pas une personne infirme n’a été privée de la prière et la visite personnelle de notre évêque. Par les prières de notre Luminaire, beaucoup ont reçu du réconfort et retrouvé la santé. Comme un flambeau, il éclaire nos péchés, comme un carillon retentissant il réveille notre conscience, et appelle nos âmes pour la lutte spirituelle. Comme un bon Pasteur, il nous appelle à prendre nos distances par rapport au monde, ne fût-ce que pendant un instant ; il nous appelle à élever nos yeux vers le ciel, d’où provient notre aide. Il est pour nous un exemple, suivant les mots de l’Apôtre Paul, par la parole, la conduite, la charité, la foi, la pureté (1 Tm 4,12) ».
Les fidèles ne se trompaient pas en émettant un tel témoignage en faveur de leur pasteur. Les gens trouvaient vraiment en lui une capacité à donner sa vie pour son troupeau. Pendant l’occupation japonaise, deux présidents du Comité de l’Emigration russe furent tués successivement, et la peur s’empara de la colonie russe. L’évêque Jean se chargea temporairement de la direction de la colonie russe, en dépit du danger auquel cela l’exposait incontestablement.
Après un long délai causé par la guerre, un décret arriva du Synode de l’Église russe hors-frontières , élevant l’évêque Jean au rang d’archevêque relevant directement du Synode.
Les dons de thaumaturge et de clairvoyance de l’archevêque Jean étaient bien connus à Shanghai. Il arriva que Mgr. Jean fut appelé en toute urgence afin de porter la sainte Communion à un homme qui se mourait en un hôpital. Ayant pris les Saints Dons, Mgr. Jean se dirigea vers l’hôpital, accompagné d’un prêtre. Lorsqu’ils arrivèrent, ils virent un jeune homme, âgé d’environ vingt ans, qui était en train de jouer de l’harmonica. Il s’était d’ores et déjà trouvé mieux, et devait quitter l’hôpital promptement. L’archevêque Jean l’appela et lui dit : « Je veux te donner la Sainte Communion tout de suite ». Le jeune homme s’approcha immédiatement, se confessa et reçut la Sainte Communion. Le prêtre, fort étonné, demanda à l’archevêque Jean pourquoi il n’était pas allé auprès du mourant, mais s’était adressé à un jeune homme visiblement en parfaite santé. Il répondit simplement : « Il mourra cette nuit, tandis que l’autre, bien qu’il soit sérieusement malade, vivra de nombreuses années ». Et c’est précisément ce qui arriva. Par l’action de l’archevêque Jean, le Seigneur manifesta des miracles semblables en Europe et en Amérique.
À la fin des années quarante, les communistes s’emparèrent du pouvoir en Chine, et les Russes furent forcés de fuir à nouveau, la plupart vers les Philippines. En 1949, environ cinq mille réfugiés venant de Chine furent regroupés en un camp, sous la responsabilité de l’Organisation internationale des réfugiés, sur l’île de Tubabao. Il vivaient sous des tentes, et dans des conditions très difficiles. On y retrouvait tous les enfants de l’orphelinat, ainsi que des vieillards et des infirmes. Ils vivaient sous la menace continuelle de violents ouragans, car l’île est située dans le passage saisonnier de typhons qui traversent cette partie de l’Océan pacifique. Pendant les vingt-sept mois d’existence du camp de réfugiés, l’île ne fut menacée qu’une seule fois par un typhon qui modifia sa course et passa au large de l’île. Chaque nuit, l’archevêque Jean faisait le tour de l’ensemble du camp et bénissait d’un signe de croix les quatre points cardinaux. Plus tard, lorsque les gens se dispersèrent dans différents pays et que le camp avait été presque complètement évacué, un puissant typhon se déchaîna sur le camp et le rasa au sol.
Plus d’une fois, Mgr Jean dût comparaître devant les représentants de l’autorité civile, afin de plaider pour les besoins des réfugiés russes. On recommanda à l’archevêque Jean de rédiger personnellement une pétition destinée à Washington, afin que les réfugiés du camp puissent être accueillis en Amérique. Il prit l’avion pour Washington. Une fois arrivé à la Maison Blanche, le préposé refusa de le laisser passer. Mgr Jean s’assit tout simplement sur les marches de l’escalier et y resta, priant silencieusement. Les fonctionnaires gouvernementaux voyaient, chaque fois qu’ils passaient, cet évêque priant sur les marches de l’escalier. Finalement, les autorités acceptèrent d’examiner sa requête. C’est ainsi que, triomphant hardiment de tous les obstacles humains, il obtint que les lois de l’immigration soient changées, et que l’exode de son troupeau, y compris les orphelins chinois, puisse être accompli.
En 1951, l’archevêque Jean fut chargé de la direction du diocèse d’Europe occidentale de l’Église russe hors-frontières. Au début, il administra le diocèse à partir de Paris, puis ensuite à partir de Bruxelles. Il voyageait continuellement à travers l’Europe, célébrant la Divine Liturgie en slavon, en français, en allemand, en grec, en chinois et en anglais. On écrivait ceci à son propos à Paris : « Il vit en-dehors de notre niveau d’existence. Ce n’est pas par hasard que dans l’une des églises catholiques, un prêtre dit, s’adressant aux jeunes : Vous dites qu’il n’y a plus de miracles, qu’il n’y a plus de saints. Pourquoi avez-vous besoin d’une preuve théorique, alors qu’un saint vivant parcourt les rues de Paris, saint Jean pieds-nus ! »
Lorsqu’il était en Europe, l’archevêque Jean rassembla de la documentation sur les saints de l’Eglise indivise qui étaient vénérés en Occident, mais oubliés ou ignorés en Orient. Ce fut sur sa recommandation que leur vénération fut restaurée, et leurs noms inscrits dans le calendrier liturgique. La spiritualité de l’archevêque Jean, sa connaissance des langues, et par-dessus tout, son exemple, tout cela attira de nombreux Français, Allemands et Européens de toutes origines vers la foi orthodoxe. L’archevêque Jean considérait que la Foi orthodoxe doit être mise au tout premier plan des préoccupations, les questions culturelles et identitaires passant au second plan. Il se distinguait par là du milieu de l’émigration russe, qui considérait le plus souvent l’Orthodoxie comme une des particularités de la culture russe, et non pas comme la Foi des Apôtres en le Christ ressuscité. L’archevêque Jean faisait preuve d’une ouverture d’esprit qui contrastait vivement avec le ritualisme et le passéisme de l’émigration russe. Il s’occupa activement des Français qui désiraient s’unir à l’Orthodoxie tout en conservant une liturgie occidentale. Il encouragea cette initiative, et tint à célébrer lui-même la « Liturgie de Saint Germain » - reconstitution d’une liturgie occidentale telle qu’elle était sensée exister du temps de l’Église indivise.
En automne 1962, l’archevêque Jean fut envoyé d’urgence à San Francisco pour restaurer la paix au sein de la communauté russe, divisée à propos de la construction de la cathédrale. Il arriva à San Francisco le jour de la fête de l’Entrée au Temple de la Très-Sainte Mère de Dieu, liturgiquement le même jour que lors de son arrivée, bien des années auparavant, à Shanghai. Tout d’abord, il seconda son aîné âgé et affligé d’infirmités, l’archevêque Tikhon. Ensuite, après le décès de Mgr Tikhon, l’archevêque Jean devint évêque titulaire du diocèse d’Amérique du Nord. Une fois de plus, l’archevêque Jean se retrouvait face au défi d’un chantier inachevé, celui de la cathédrale de San Francisco, et une fois de plus, tout comme en Chine, il avait à dénouer de graves dissensions.
Pour l’archevêque Jean, la priorité était la reprise des travaux de construction de la nouvelle cathédrale consacrée à la Mère de Dieu, apparue en son icône de la « Joie de tous les affligés ». Ces travaux avaient été complètement arrêtés du fait d’un manque de fonds et d’amères divisions qui paralysaient la communauté ecclésiale. Par la force de sa prière, et par une surveillance constante des travaux de construction, l’archevêque Jean parvint à remettre ce chantier en activité.
L’archevêque Jean dut endurer bien des épreuves pendant cette période, et même celle d’être convoqué devant le tribunal. Les dernières années de sa vie furent remplies de l’amertume du scandale et de la persécution. Il dut endurer l’envie, les critiques, la confusion dans l’esprit des gens. À cette époque, quelqu’un lui demanda qui était responsable des divisions dans l’Eglise. Il répondit simplement : « le diable ».
En 1964, la construction du plus grand temple de l’Église russe hors-frontières, orné de cinq bulbes, était pratiquement achevée. Le 2 juillet 1966, l’archevêque Jean célébra la Divine Liturgie en la cathédrale de Saint Nicolas à Seattle et il resta dans le sanctuaire pendant trois heures. Après avoir rendu visite à quelques-uns de ses fils spirituels qui vivaient près de la cathédrale, il retourna en sa chambre, dans le presbytère où il logeait, où il quitta ce monde pour reposer paisiblement en le Seigneur. Les funérailles de l’archevêque Jean furent célébrées le 7 juillet 1966 en la cathédrale de San Francisco. Après son départ de ce monde, tout comme pendant sa vie terrestre, l’archevêque Jean continua d’accomplir divers miracles et guérisons pour ceux qui se tournent vers lui dans la foi. Les gens, pendant les moments difficiles de leur vie, lorsque nulle aide terrestre ou humaine n’est plus capable de les assister, ont recherché son intercession devant le Seigneur. En octobre 1993, les restes de l’archevêque Jean furent examinés et trouvées intactes quand on ouvrit son cercueil. Saint Jean a été glorifié par l’Église russe hors-frontières, en juillet 1994.
Adapté par le Higoumène Georges (Leroy)
Tropaire, ton 5 :
Le soin que tu pris de ton troupeau dans son errance * c’est la préfiguration de tes prières * élevées sans cesse pour le monde entier * telle est notre croyance, nous qui connaissons ton amour * Pontife et Thaumaturge Jean ! * Tout entier sanctifié par Dieu dans le ministère sacré des très purs Mystères * par lesquels tu t’es toi-même sans cesse affermi * tu as visité ceux qui souffraient, ô très réconfortant guérisseur ; * visite-nous tous maintenant pour nous secourir, * nous qui de tout cœur te vénérons.
Kondakion, ton 4 :
Ton cœur étreint tous ceux qui prient avec amour, * ô Pontife Jean, * et commémorent l’exploit de ta vie ascétique. * Sans douleur fut ton paisible repos, * fidèle servant de la Très Pure Conductrice.
Ikos :
En vérité il fallait à l’Eglise orthodoxe un tel hiérarque, dont le monde entier se trouvait indigne : un ardent célébrant des Mystères divins, animé d’une sublime piété, qui a préservé pures et intactes les règles ecclésiales. Lui donc, le pasteur, réchauffe nos cœurs, affermit dans la foi et répand sur nos afflictions la rosée des consolations et nous enseigne à tous la dévotion afin qu’à nous aussi, dans notre infirmité, soit accordé de demeurer inséparablement de lui dans le Royaume divin.