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Questions et réponses

Nous répondons aux questions de nos visiteurs

Depuis l'inauguration des PAGES ORTHODOXES LA TRANSFIGURATION le 6 août 1997, nous avons répondu à de nombreuses questions de nos visiteurs. Croyant que nos réponses sauraient être de quelque utilité à d'autres visiteurs à nos pages, nous avons créé un recueil regroupant l'essentiel de nos réponses, qui sont présentées ici selon le sujet général traité. L'index des sujets est suivi de nos réponses, sous forme d'informations, de commentaires et de références.

Afin de simplifier la préparation et la mise à jour de cette page, nous n'avons pas revue en détail le texte entier, et nous prions nos visiteurs de nous pardonner si on y trouve des coquilles, des lapsus de composition etc. Avisés d'erreurs éventuelles, nous les corrigerons aux futures mises à jour.

Aussi il se peut que les références et les liens vers d'autres pages ou d'autres sites web ne soient plus à jour. Écrivez-nous si vous ne trouvez pas les informations recherchées.

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SUJETS

ABRAHAM : VA VERS TOI-MÊME
ACATHISTE
ACÉDIE / DÉCOURAGEMENT – VOIR AUSSI PASSIONS
AFRIQUE – ORTHODOXIE
AGNEAU (DE LA LITURGIE)
AMOUR DES ENNEMIS – VOIR PARDON
ANAMNÈSE
ANGES
ANGES – NEPHILIMS
ANGES – URIEL
ANIMAUX
ANTIOCHE – PATRIARCAT
APOCRYPHES – Voir BIBLE – LIVRES DEUTÉROCANONIQUES
APOPHTEGMES – Voir PÈRES DU DÉSERT
ARGENTI – P. CYRILLE ARGENTI
L’AU-DELÀ : VOIR MORT
BARLAAM ET JOASAPH
BAPTÊME – CATÉCHUMÈNES
BAPTÊME – INITIATION CHRÉTIENNE
BELGIQUE – ORTHODOXIE
BÉNÉDICTIONS DE MAISONS
BÉNÉDICTIONS DE FRUITS (TRANSFIGURATION)
BÉNÉDICTIONS DIVERSES
BIBLE ET TRADITION
BIBLE – ANCIEN TESTAMENT
BIBLE – TRADUCTIONS – " BIBLE ORTHODOXE "
BIBLE – COMMENTAIRES
BIBLE – ACCÈS INTERNET
BIBLE – LIVRES DEUTÉROCANONIQUES
BIBLE ET SALUT
BIOÉTHIQUE
BRÉSIL – ORTHODOXIE
CALENDRIER LITURGIQUE ORTHODOXE (PUBLICATION)
CALENDRIER LITURGIQUE
CATÉCHÈSE ORTHODOXE
CHANT LITURGIQUE
CHAPELET
CHARISMES – ONCTION "
CHINE – ÉGLISE ORTHODOXE
CITATIONS DES PAGES ORTHODOXES
COMMUN DES JOURS DE SEMAINE
COMMUNION – VOIR AUSSI EUCHARISTIE
COMMUNION – NON-ORTHODOXES
CONCILES ŒCUMÉNIQUES – VIIIe
CONCORDANCE
CONFESSION
CONFESSION – TEXTES LITURGIQUES EN ANGLAIS
CONFESSION – FORMULES DU PÉNITENT
CONFLITS DANS L’ÉGLISE
CANONS – ANGE GARDIEN ET PÉNITENTIEL
CONVERSION/REPENTANCE
COULEURS LITURGIQUES
CRAINTE DE DIEU
CROIX ORTHODOXE
DÉCOURAGEMENT – VOIR ACÉDIE
DÉMONS – PUISSANCES DES TÉNÉBRES – MAGIE VAUDOU
DEVENIR ORTHODOXE
DIPTYQUE
DISCIPLES D’EMMAÜS
DIVISATION DE L’HOMME
DIVORCE
DORMITION DE LA MÈRE DE DIEU
ECOF – ÉGLISE DES GAULES
ÉGLISE ASSYRIENNE
ÉGLISES CANONIQUES ET NON-CANONIQUES
ÉGLISE DE DIEU
ÉGLISE LOCALE
ÉGLISES NATIONALES
ÉGLISES ORTHODOXES ORIENTALES
ÉGLISE ORTHODOXE RUSSE – CONCEPTION SOCIALE
ENCENS
ÉNERGIES DIVINES
ÉPREUVES
ESCHATOLOGIE
ESPRIT SAINT – PRIÈRES
ÉTHIQUE MÉDICALE
ESPAGNE – ORTHODOXIE
ÊTRE ORTHODOXE ISOLÉ
EUCHARISTIE – PRÉSENCE RÉELLE / ADORATION
ÉVANGILE SELON THOMAS
ÉVANGÉLISTES
ÉVANGÉLIAIRE
FILIOQUE
FEMME DANS L’ORTHODOXIE
FÊTES LITURGIQUES
FOL EN CHRIST
FOI – DOUTES ET QUESTIONS
FRANCS-MAÇONS
GENÈVE – ORTHODOXIE
GOURMANDISE – VOIR PASSIONS
HÉSYCHASME
HOMÉLIES
HUILE SAINTE
HYMNE DES CHÉRUBINS - signification
HYMNE DES CHÉRUBINS - texte
ICÔNE DE LA MÈRE DE DIEU " AUX TROIS MAINS "
ICÔNE DE LA MÈRE DE DIEU DE KAZAN
ICÔNE DE LA MÈRE DE DIEU " EN TOI SE RÉJOUIT " - SAINT SÉRAPHIM DE SAROV
ICÔNES DE LA MÈRE DE DIEU – ÉTOILES SUR SON MANTEAU
ICÔNE DE LA MÈRE DE DIEU – LA GRANDE PANAGIA
ICÔNE DE LA VIERGE DE TENDRESSE
ICÔNE DE LA VIERGE DE VLADIMIR
ICÔNE DE LA VIERGE DU BUISSON ARDENT
ICÔNE DE LA RENCONTRE DE SS. JOACHIM ET ANNE
ICÔNES – BÉNÉDICTION
ICÔNES – DISCIPLES D’EMMAÜS
ICÔNES – IMAGES
ICÔNE – SAINT JEAN BAPTISTE
ICÔNES – QUÉBEC
ICÔNES – SAINTS OCCIDENTAUX
ICONOCLASME
ICONOGRAPHIE
IC-XC
IMAGES SUR INTERNET
IMMACULÉE CONCEPTION
INFAILLIBILITÉ DE L’ÉGLISE
INTERCOMMUNION
ISLAM
ITALIE – ORTHODOXIE
JUGEMENT DERNIER
JEÛNE
JEÛNE ET PRIÈRE
KÉNOSE
LAÏQUE/LAÏC
LUC 16, 1-13 : L’INTENDANT MALHONNÊTE
KONDAK
LANGUES LITURGIQUES – SLAVON
" LE CHEMIN " (REVUE)
LITURGIE DANS L’ÉGLISE ORTHODOXE
LITURGIE – COMMENTAIRES ET RÉFÉRENCES
LITURGIE – COMMUNION
LITURGIE – " BRÉVIAIRE " OU " MISSEL " - " LE SPOUTNIK "
LITURGIE – CONCÉLÉBRATION
LITURGIE DE SAINT BASILE LE GRAND
LITURGIE – VERSION " CONCERT "
LITURGIES
LIVRES LITURGIQUES
LIVRES LITURGIQUES – SPOUTNIK
" LUMIÈRE DU THABOR "
MACCABÉES
MAGES
MALADIE
MARIAGE
MARIAGE – CLERGÉ (MATOUSHKA – PRESBYTERA)
MARIAGE – DATES
MARIAGES MIXTES ET INTERRELIGIEUX
MARIAGE – RÉFÉRENCES
MASSY – JOURNÉES THÉOLOGIQUES
MATTHIEU 23, 1-12
MÉDIATION
MÉDITATION
MELKITES
MÈRE DE DIEU – DOGMES
MÈRE DE DIEU – HYMNE " DEVANT LA GRÂCE INCOMPARABLE DE TA VIRGINITÉ "
MÈRE DE DIEU – ICÔNES ET FÊTES
MÈRE DE DIEU – " SAUVE-NOUS "
MÉTANOÏA – VOIR " REPENTIR "
MIRACLES
MONACHISME
MONASTÈRE SAINT-JEAN-LE-BAPTISTE (ANGLETERRE)
MORT
LA MORT ET L’AU-DELÀ
MORT ET L’AU-DELA` : LES " POSTES DE PÉAGE "
NATIVITÉ DU CHRIST – ICÔNE/CRÈCHE
NATIVITÉ DU CHRIST - NOËL
NÉOCALENDRISTES
NÉO-MARTRS RUSSES
NOËL ORTHODOXE
NOM DE DIEU
NORMANDIE – ORTHODOXIE
NOTRE PÈRE – SLAVON
OFFICES BYZANTINS
OFFICES – PRIÈRE DES HEURES
ONCTION DES MALADES
ONCTION D’HUILE
ORDINATION
ORTHODOXIE
ORTHODOXIE – CATHOLICISME
ORTHODOXIE CONTEMPORAINE
ORTHODOXIE–LECTURES
ORTHODOXIE-PROTESTANTISME
ORTHODOXIE- SITES EN ANGLAIS
PAGES ORTHODOXES LA TRANSFIGURATION - MISES À JOUR
PAGES ORTHODOXES LA TRANSFIGURATION – PUBLICITÉ
PAPE DE ROME
PÂQUES – DATE
PÂQUES – SEMAINE SAINTE : OFFICES
PARACLISIS – ORIGINE
PARDON – AMOUR DES ENNEMIS
PASKA
PASSIONS - ACÉDIE
PASSIONS – GOURMANDISE
PATERNITÉ SPIRITUELLE
PATRIARCAT DE CONSTANTINOPLE
PÊCHE MIRACULEUSE (JEAN 21, 1-11)
PÉCHÉ ORIGINEL
PÈLERIN RUSSE
PÈLERINAGES
PÈRE (TITRE)
PÈRES DU DÉSERT
PÈRES SPIRITUELS
PÈRE TOUT-PUISSANT
PERSONNE – INDIVIDU
PORTER SA CROIX
PORTES
POUVOIRS DU CHRÉTIEN
PRÉSENTATION DE LA MÈRE DE DIEU AU TEMPLE (21 NOVEMBRE)
PRIÈRES – LIVRES
PRIÈRE CONTINUELLE
PRIÈRE DE JÉSUS
PRIÈRE DE JÉSUS – QUÉBEC
PRIÈRE DE JÉSUS – SLAVON
PRIÈRES – DIVERSES OCCASIONS
PRIÈRE AUX SAINTS ET POUR LES DÉFUNTS
PRIÈRE D’INTERCESSION
PRIÈRES DE LA TABLE ET AU DÉBUT D’UNE ENTREPRISE
PROPHÉTIES DE L’ANCIEN TESTAMENT
PROSCOMÉDIE
PSAUME 33/34
PSAUMES - CHANTS
PSAUMES ET ÉVANGILES
PSAUMES – LECTURE
PSAUMES – TRADUCTIONS
PURGATOIRE
PSYCHOTHÉRAPIE ORTHODOXE
QUÉBEC – ORTHODOXIE
QUÉBEC (VILLE) – PAROISSES ORTHODOXES
QUÉBEC – RESSOURCES ORTHODOXES
QUESTIONS MORALES – SEXUALITÉ, CONTRACEPTION, AVORTEMENT ET EUTHANASIE
RAWDON
" REGARDS ORTHODOXES "
RÉINCARNATION
RELIGIONS NON-CHRÉTIENNES
RELIQUES
REPENTIR
" RENCONTRE AVEC L’ORTHODOXIE "
RÉSURRECTION DU CHRIST
RETRAITES
REVUE 3e MILLÉNAIRE
ROUES DE FEU ET TÉTRAMORPHES
RUBRIQUE
SABAOTH
SACREMENTS DANS L’ÉGLISE ORTHODOXE
SACREMENTS HORS DE L’ÉGLISE ORTHODOXE
SALUT/SOTÉRIOLOGIE
SAINT JEAN CHRYSOSTOME – ŒUVRES
SAINTETÉ
SAINTE JÉRUSALEM – SAINTE SOPHIE ET SES ENFANTS
SAINTS OCCIDENTAUX
SAINTS – QUESTIONS DIVERSES
SAINTS – RELIQUES
SAINT NECTAIRE D’ÉGINE – ÉCRITS
SAINT SILOUANE L’ATHONITE
SAUVÉ
SCHISME – SÉPARATION DES ÉGLISES 1054
SECTES DANS L’ORTHODOXIE
SEXUALITÉ – MASTURBATION
SIGNE DE CROIX
SLAVON TRANSLITTÉRÉ
SOUFFRANCE – RÉCONFORT
SOUS TA MISÉRICORDE – SUB TUUM
STICHÈRE
STARETS
TEMPS LITURGIQUES – OCCIDENT/ORIENT
TITRES RELIGIEUX
THÉOPHANE LE RECLUS
THÉOLOGIE – FOI
THÉOLOGIE MYSTIQUE
THÉOLOGIE – RÉFÉRENCES
LA TRANSFIGURATION – MONT THABOR OU MONT HERMON ?
TRANSFIGURATION – RÉFÉRENCES
TRANSFIGURATION – LUMIÈRE INCRÉÉE
TRINITÉ – ÉGLISE ORTHODOXE
TRINITÉ
TYPIKON
VASSULA RYDEN
VÊTEMENTS DE PEAU
VÊTEMENTS LITURGIQUES – ÉVÊQUE
VIE APRÈS LA MORT
VIE SPIRITUELLE
VIGILES
VIOLENCE DANS LA BIBLE
ZÉON - ORIGINE


RÉPONSES

 

ABRAHAM : VA VERS TOI-MÊME

En ce qui concerne " Abraham : L’appel vers soi ", il me semble que l’auteur de ce titre à bien saisi l’appel de Dieu dans Genèse 12, 1, car il s’agit d’un retournement vers nos profondeurs, comme vous le dites, ces énergies potentielles en nous qui demandent d’être apprivoisées et converties en lumière : c’est la réalisation de notre vocation, symbolisé par l’exil d’Abram de son pays d’origine pour aller vers la terre promise par Dieu. Si vous ne connaissez pas déjà le travail d’Annick de Souzenelle, je vous recommande ses livres, en particulier Résonances bibliques, paru en 2001, en quelque sorte le sommet de son œuvre. Elle traduit l’appel de Dieu à Abram : " Va vers toi-même ! ". Dans un premier temps vous pouvez consulter le site dévoué à Annick de Souzenelle au : http://souzenelle.ovh.org/.

ACATHISTE

Voici une page qui contient une explication et des liens vers a grand nombre d’acathistes :
http://www.orthodoxwiki.org/Akathist#Relating_to_the_Theotokos .

ACÉDIE / DÉCOURAGEMENT – VOIR AUSSI PASSIONS

Il serait peut-être utile d’essayer de découvrir, en toute tranquillité d’esprit, les raisons de cette perte d’intérêt. Est-ce que ceci vient surtout de facteurs extérieurs (engagements professionnels et familiaux, environnement désintéressé ou hostile à la vie spirituelle, manque d’encadrement…) ou intérieur (soucis quotidiens, doutes au niveau de la foi, découragement par le manque de " progrès ", conflits entre traditions spirituelles…). La persévérance est très importante dans la vie spirituelle, car c’est souvent seulement à long terme qu’on obtient les vraies bénéfices de nos pratiques. Pour cette raison il est important de fixer en accord (avec son père spirituel ou seul), une " règle de prière " convenable, qui ne soit pas trop onéreuse que nous sommes facilement tenter de l’abandonner. On peut toujours en faire plus que la " règle ", et éventuellement l’augmenter, mais on ne doit jamais faire moins que la règle. La " règle " peut comporter des prières fixes et variables, ainsi que la lecture spirituelle, en particulier le Nouveau Testament. Une courte lecture du Nouveau Testament chaque jour est souhaitable. Dans votre situation, une lecture et une méditation de la parable du semeur (Matthieu 13, 1-23) pourrait être utile.

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Je comprends bien le doute qui vous tracasse concernant la prière de Jésus – oui, c’est une forme d’acédie qui cherche à te déstabiliser, premièrement par rapport à l’utilité de réciter la prière pendant le jour, puis sans doute dans un deuxième temps, l’utilité de la prière tout court, et dans un troisième temps, l’utilité de toute forme de prière.

Vous trouverez dans la Philocalie beaucoup de références à l’acédie, mais assez éparpillés, ici et là. Aussi, un des degrés de l’échelle de saint Jean Climaque est consacré à l’acédie – no. 13, p. 148.

Comme " remèdes " à l’acédie, les Pères recommandent la pratique de la patience ou la persévérance, l’espérance, le repentir, la " mémoire de la mort ", la " crainte de Dieu ", le travail manuel, et bien sûr la prière. Je vous enverrai un texte spécialement sur l’acédie.

Je pense que la persévérance est très importante dans la vie spirituelle, car c’est souvent seulement à long terme qu’on obtient les vraies bénéfices de nos pratiques. Pour cette raison il est important de fixer, en accord avec son père spirituel, une " règle de prière " qui ne soit pas trop onéreuse que nous sommes facilement tenter de l’abandonner. On peut toujours en faire plus que la " règle ", et éventuellement l’augmenter, mais on ne doit jamais faire moins que la règle.

Je dois souligner que dans la Tradition orthodoxe, la pratique de la prière de Jésus est intégrée dans un ensemble de pratiques spirituelles qui constituent la vie spirituelle des fidèles. Parmi ces pratiques la plus importante est la fréquentation régulière des sacrements, en particulier l’Eucharistie. D’autres sont le jeûne, la participation à d’autres offices liturgiques, la lecture spirituelle – et la recherche de conseils auprès de son père spirituel.

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Comme vous le savez sans doute, chez les Pères et dans les écrits ascétiques, l’acédie est une des " passions " ou des " maladies " de l’âme. Voici des définitions de ces deux termes :
Acédie (n.f.) : (du grec akedia) Rupture de l’ascèse et de la vigilance, état de négligence intérieure, de découragement ou perte de l’élan pour les choses spirituelles, d’où la recherche du " divertissement " sous toutes ses formes.
Passion (n.f.) : (du latin, patior, " souffrir ") Dans le langage ascétique, la passion est un état pécheur, ou une maladie de l’esprit, profondément ancrée dans l’âme et résultant d’une suite de consentements données à de mauvaises pensées. Les Pères identifient généralement huit passions principales : gourmandise, avarice, fornication, colère, tristesse, acédie (paresse ou oisiveté spirituelle), vaine gloire et orgueil, cette dernière étant considérée la " reine des passions ".

Les origines de la description des passions et de leur maîtrise remontent aux Pères du désert, par exemple dans les écrits d’Évagre le Pontique (+399), en particulier son texte Praxis (voir Praxis et gnosis d’Évagre le Pontique ou la guérison de l’esprit, présenté par Jean-Yves Leloup (Albin Michel). Les passions sont traitées d’une façon plus détaillée dans les écrits de saint Jean Cassien, en particulier dans ses Institutions cénobitiques. De nos jours, il y le livre du père Alphonse et de Rachel Goettmann, Guérison des maladies spirituelle; Ces passions qui nous tuent : Diagnostic et remèdes (Presses de la Renaissance, 1998). L’acédie y est présentée aux pages 156 à 171.

Se basant sur les Pères, on recommande comme " remèdes " à l’acédie -

  • La persévérance – la ferme décision de " tenir bon ", de terminer envers et contre tout le travail commencé…;
  • Se fixer une mesure pour tout travail – par exemple, une " règle de prière ", qui peut être peu ambitieuse ; ce qui est important, c’est d’être fidèle à la règle que l’on s’est fixée ;
  • Le jeûne régulier, afin d’éveiller la faim et le goût de Dieu (voir les textes sur le jeûne aux Pages Orthodoxes La Transfiguration) ;
  • De prendre conscience de son souffle, de respirer profondément afin d’accueillir la grâce, l’amour de Dieu ;
  • Le repentir, la conscience de nos faiblesses et de nos manquements ;
  • Le souvenir de la mort : vivre chaque jour comme s’il était le dernier.

J’ajoute quelques mesures concrètes :

  • La lecture appropriée, surtout la Bible, les Évangiles en particulier, mais aussi des livres spirituels d’auteurs inspirés – par exemple les œuvres du " Moine de l’Église d’Orient " (le père Lev Gillet) ;
  • Une retraite dans un monastère ou la participation à une session dans un centre de prière – si je me souviens bien, vous êtes dans le sud-ouest de la France, donc pas très loin du Centre d’études et de prière Sainte-Croix, en Dordogne. Vous pouvez visiter leur site : www.centresaintecroix.net.

AFRIQUE – ORTHODOXIE

C’est le Patriarcat d’Alexandrie qui est responsable des églises orthodoxes en Afrique. Voici les coordonnées :

His Beatitude, PETROS, Pope and Patriarch of Alexandria and All Africa 
THE CHURCH OF ALEXANDRIA 
Greek-Orthodox Patriarchate of Alexandria
POB 1307, 2006 , Alexandria, Egypt
tel +20.3.482.2890 (from Alexandria) tel +20.2.510.3516 (from Cairo)
email 
goptalex@tecmina.com Website http://www.greece.org/gopatalex

AGNEAU (DE LA LITURGIE)

La définition qui paraît dans le lexique est bien correcte : " Agneau : Dans la Liturgie, la parcelle centrale, de forme carrée, découpée de la prosphore pendant la Proscomédie et portant l’inscription IS XS - NIKA (Jésus Christ Vainqueur), représentant l’Agneau de Dieu, le Christ immolé en sacrifice. L’Agneau est sanctifié pendant l’anaphore pour servir à la communion. "

Cependant, cette définition n’est pas tout-à-fait complète, car il y a aussi les parcelles de commémoration de la Mère de Dieu, des saints, des vivants et des défunts, préparées à même les autres parties de la prosphore pendant la Proscomédie. Dans la pratique slave, ces parcelles, de même que les parcelles prélevées des prosphores offertes par les fidèles avec leurs diptyques, ne sont pas ajoutées au calice pour la communion des fidèles, qui ne contient donc que les morceaux de l’Agneau lui-même. Plutôt, ces parcelles sont versées dans la coupe après la communion des fidèles et sont consommées par le diacre ou le prêtre, selon le cas, après la Liturgie ; elles sont ajoutées au moment où le diacre dit : " Lave, Seigneur, par ton Sang précieux et les prières de tes saints, les péchés de ceux dont il a été fait mémoire ici. "

Dans la pratique grecque (aussi chez les arabes), les parcelles de commémoration sont ajoutées au calice avant la communion des fidèles, qui peuvent donc communier à un morceau de l’Agneau ou à une parcelle de commémoration. De même que le vin est considéré sanctifié par son contact avec l’Agneau consacré préalablement qui sert à la Liturgie des saints dons présanctifiés, ici les parcelles de commémoration ajoutées au calice après la consécration sont sanctifiées par leur contact avec le vin et les morceaux de l’Agneau déjà consacrés.

Les autres parties de la prosphore (ou des prosphores – chez les grecs, ce sont de véritables pains), servent pour l’antidore, qui est béni pendant le Liturgie, mais non consacré, et distribué aux fidèles ayant communiés (pratique slave) ou après la Liturgie (pratique grecque et slave).

AMOUR DES ENNEMIS – VOIR PARDON

ANAMNÈSE

Concernant l’Anamnèse (n.f.) : (du grec anamnesis " souvenir, action de rappeler à la mémoire ") Acte rendant actuel un événement passé ou même - paradoxalement - à venir, en le rappelant non seulement à la mémoire des hommes mais aussi à celle de Dieu. Dans la Liturgie, prière après les paroles de l’Institution qui rappelle et rend présent l’œuvre du salut que Dieu a accompli pour nous, les mystères du Verbe incarné. Ce rappel est fait " en souvenir " du précepte du Seigneur : Faites ceci en mémoire de moi (Lc 22,19). Dans la Liturgie de saint Jean Chrysostome, il s’agit de la prière suivante : " Commémorant donc ce commandement salutaire et tout ce qui a été fait pour nous : la Croix, le Tombeau, la Résurrection au troisième jour, l’Ascension au ciel, le Siège à la droite, le second et glorieux Nouvel Avènement, Ce qui est à toi, le tenant de toi, nous te l’offrons en tout et pour tout ".

ANGES

Les chérubins et les séraphins : Les principaux ordres des anges, selon les hiérarchies hébraïques et chrétiennes, notamment selon saint Denys l’Aéropagite, dans son livre l’Hiérarchie céleste. Les séraphins sont mentionnés deux fois dans la Bible (Isaïe) alors que les chérubins le sont 61 fois, tous dans l’Ancien Testament, sauf une référence dans Hébreux. On dit que certains anges mentionnés par nom dans la Bible, notamment Michel et Gabriel, sont des séraphins et non pas des archanges, comme on les désigne couramment, les archanges étant un ordre inférieur dans l’hiérarchie.

ANGES – NEPHILIMS

Les " nephilims " sont mentionnés brièvement dans la Genèse :

" Lorsque les hommes commencèrent d'être nombreux sur la face de la terre et que des filles leur furent nées, les fils de Dieu trouvèrent que les filles des hommes leur convenaient et ils prirent pour femmes toutes celles qu'il leur plut. Yahvé dit : " Mon esprit ne demeurera pas dans l'homme, puisqu'il est chair ; sa vie ne sera que de cent vingt ans. " Les Nephilim étaient sur la terre en ces jours-là (et aussi dans la suite) quand les fils de Dieu s'unissaient aux filles des hommes et qu'elles leur donnaient des enfants ; ce sont les héros du temps jadis, ces hommes fameux. " (Gn 6,1-4).

L’origine de ces références doit plus à la mythologie du Proche-Orient à l’époque de la composition de la Genèse, qu’à des " faits historiques ", ou même à des récits qui peuvent être édifiants pour la foi. De nos jours, c’est surtout dans des milieux ésotériques et occultistes qu’on s’intéresse à cette question.

Voici ce qu’en dit une note de la Bible de Jérusalem (3e édition) :

" Tout n'est pas clair pour nous dans ce bref épisode de tradition yahviste, mais l'auteur reprend sans doute des éléments d'une tradition populaire à caractère mythologique. La difficulté vient d'abord de l'identité des " fils de Dieu " (cf. Dt 32 8+), puis de la relation qu'il peut y avoir entre leur union avec les filles des hommes et les nephilîm du v. 4. On pourrait penser que ces derniers (on songe ici à Ez 32 17-32 où l'on parle précisément de ceux qui sont " tombés ", signification de nephilîm, et qui ont été placés ou sont couchés, malgré leur vaillance, parmi les victimes de l'épée, de même que dans le mythe classique des Titans) sont le résultat de l'union des " fils de Dieu " avec les filles des hommes, mais le texte dit seulement que les nephilîm habitaient sur la terre à ce moment-là. Ils pourraient être les Géants (ou Titans) sémitiques, mais ailleurs on les nomme " fils d'Anaq " ou Anagîm (cf. 13 28.33 ; Dt 1 28+). Sans se prononcer sur la valeur de cette croyance et en voilant son aspect mythologique, il rappelle seulement ce souvenir d'une race insolente de surhommes, comme un exemple de la perversité croissante qui va motiver le déluge. Le Judaïsme postérieur et presque tous les premiers écrivains ecclésiastiques ont vu des anges coupables dans ces " fils de Dieu ". Mais, à partir du IVe siècle, en fonction d'une notion plus spirituelle des anges, les Pères ont communément interprété les " fils de Dieu " comme la lignée de Seth et les " filles des hommes " comme la descendance de Caïn. " (Bible de Jérusalem, note (c), p. 45).

Je pense que ceci résume bien la situation en ce qui concerne l’Église : on ne doit pas accorder beaucoup d’importance à cette question.

Vous trouverez des textes de différentes sources – bibliques, études philologiques et mythologiques, catholiques, ésotériques etc. - aux pages suivantes (en anglais) :

http://www.mystae.com/restricted/streams/scripts/nephilim.html

http://www.mystae.com/restricted/streams/scripts/watchers.html

L’enseignement de l’Église ne va pas plus loin que les informations que je vous ai envoyés. Bien que certains Pères ont fait des commentaires sur l’épisode dans Genèse 6,1-4, il ne s’agit aucunement de question de doctrine, mais plutôt d’une référence de l’Ancien Testament qui reste mystérieuse, surtout qu’elle est fondée sur des mythes communs chez les peuples du Proche-Orient à l’époque. Il n’est donc pas possible d’affirmer avec certitude qu’il s’agit d’un fait historique. C’est dans ce sens qu’on ne peut pas répondre à votre question, à savoir du sort des anges qui auraient participé aux unions avec des femmes. Il y a d’ailleurs un problème de non-sens, du point de vue de la tradition chrétienne concernant les anges : comme le suggère la note de la Bible de Jérusalem (BJ), les Pères tardifs (après le IVe siècle !) ont enseigné que les anges sont des êtres personnels mais incorporels, qui ne sont pas sujet aux pulsions de la chair comme les humains : comment auraient-ils pu s’unir aux femmes ? Aussi Jésus lui-même dit que les anges ne sont ni masculin ni féminin (cf. Mt 23,30 : À la résurrection, en effet, on ne prend ni femme, ni mari, mais on est comme des anges dans le ciel).

En ce qui concerne la chute d’une partie des anges, les Pères tardifs enseignent que ceci étaient causé par une faute même avant la création du monde – le Satan apparaît, par exemple, dans le Paradis avant la chute d’Adam. C’est cette chute des anges qui, selon l’interprétation des Pères, est évoquée dans le livre d’Isaïe, 14, 3-21 ; par exemple :

Te voilà tombé du ciel, Astre brillant, fils de l'aurore! Tu es abattu à terre, Toi, le vainqueur des nations! Tu disais en ton coeur: Je monterai au ciel, J'élèverai mon trône au-dessus des étoiles de Dieu; Je m'assiérai sur la montagne de l'assemblée, A l'extrémité du septentrion; Je monterai sur le sommet des nues, Je serai semblable au Très-Haut. Mais tu as été précipité dans le séjour des morts, Dans les profondeurs de la fosse. (Bible Louis Segond)

Comme le suggère la note de la BJ, certains des premiers Pères attribuaient la chute des anges à leurs actions suggérées dans Genèse 6. Ainsi, Irénée de Lyon (IIe siècle) dans Contre les hérésies (CH) réfère à " tout le mélange du mal qui se déchaîna avant le déluge par suite à l’apostasie des anges " (CH, V,29,2) ; et il dit par rapport au déluge : " depuis que les anges rebelles s’étaient mêlés à eux… [la race d’hommes au temps de Noé] (CH IV,36,4). Mais les Pères ultérieurs ont attribué la chute des anges devenus démons à une faute de l’esprit (notamment l’orgueil), ce qui est plus conforme à leur nature, plutôt qu’à une faute charnelle.

ANGES – URIEL

Deux remarques d’ordre général concernant Uriel :

1. Le fondement biblique du nom de l’archange Uriel n’est pas très ferme : on le trouve seulement dans Esdras 2, un  livre qui n’est pas considéré canonique ni par les Protestants, ni par l’Église catholique, mais qui se trouve dans les Bibles grecques et slavonnes (voir l’extrait de Esdras 2, le dernier texte ici-bas).

2. On attribue, dans les traditions juives et chrétiennes, toutes sortes d’actions à l’archange Uriel, mais ces attributions à Uriel n’ont pas de fondement dans l’Écriture. Par ailleurs, Uriel semble avoir été " adopté " par des milieux ésotériques qui sont généralement assez éloignés de la tradition chrétienne et ces sources et références doivent donc être approcher avec discernement.

ANIMAUX

Les Pères disaient que les animaux ont une " âme sensible " comme nous, car ils ressentent le plaisir et la douleur des sens. Mais ils n’ont pas d’ " âme intelligible " comme nous, ils ne sont pas des " personnes " au sens théologique. Il est certain que nous avons des responsabilités envers les animaux, comme envers toute la création : c’est également à cause de la chute de l’homme que la souffrance et la mort font partie de toute la création, et l’homme a le devoir de sanctifier toute la création (voir à ce sujet saint Paul dans Romains 8, 19-22).

Nos responsabilités s’étendent à une bonne et modeste utilisation de la création, à alléger les souffrances des créatures, en particulier les animaux, à cause justement de leur sensibilité. Mais le respect de la vie ne doit nous priver de l’utilisation des animaux et autres créatures pour notre propre survie – voir à ce sujet les paroles de Dieu à Adam dans la Genèse (Gn 1, 28-31).

L’enseignement chrétien à ce sujet n’est jamais allé aussi loin que certains religions orientales, qui disent que nous devons éviter de tuer toute créature vivante, même les insectes, et que notre alimentation doit être exclusivement végétarienne. Il n’y a rien de mal dans ces perspectives en soi, mais il ne faut pas condamner les autres si tous ne suivent pas ces idées. Saint Paul le dit bien à propos de ceux qui ne mangent pas de viande : " Tel croit pouvoir manger de tout, tandis que le faible ne mange que les légumes ; que celui qui mange ne méprise pas l’abstinent et que l’abstinent ne juge pas celui qui mange ; Dieu l’a bien accueilli. " (Rm 14,2-3).

Pour ce qui est de la prière pour les animaux et la présence des animaux au paradis, je pense qu’aucune prière n’est perdue, mais en même temps il ne faut pas exagérer : le Christ est venu sauver l’humanité et c’est à l’homme de veiller sur le reste de la création, en lui démontrant un respect approprié. Certains saints – on pense à saint François d’Assise et Saint-Séraphim-de-Sarov, mais les vies des saints nous en parlent de beaucoup d’autres qui n’étaient pas agressés par des animaux normalement féroces – étaient amis des animaux et certains ont dit qu’il faut aimer tous les animaux (par exemple saint Isaac le Syrien, qui mentionne spécifiquement les serpents). Mais je ne connais pas d’exemple de saint qui a dit qu’il faut prier pour eux. Est-ce qu’il y aura des animaux au Paradis ? On n’en sait rien, mais j’ai un souvenir qu’on a écrit quelque part que les animaux auront la parole et les plantes la sensibilité – une sorte de rehaussement des niveaux de conscience de la création. Mais il s’agit la sans doute d’une opinion personnelle, dont je ne me souviens pas de la référence.

J’espère que ces réflexions, assez personnelles d’ailleurs, vous seront utiles.

ANTIOCHE – PATRIARCAT

La situation des Églises ayant comme siège Antioche (en réalité, Damas), porte certainement à confusion, car deux " Églises d’Antioche " ont comme patriarches actuels un " Ignace " :

  • L’Église orthodoxe d’Antioche (chalcédonienne, en communion avec l’Église de Constantinople et les autres Églises orthodoxes " byzantines) : S.S. Ignace IV (Hakim ou Hazim).
  • L’Église syrienne orthodoxe (pré-chalcédonienne, aussi appelée non-chalcédonienne ou encore " monophysite ") : S.S. Mar Ignace Zakka (ou Sakka) Iwas. Il s’agit d’une des Églises dites " orthodoxes orientales ", qui n’est pas en communion avec les Église orthodoxes " byzantines " depuis le Concile de Chalcédoine (451), bien que des discussions théologiques de nos temps ont constaté une identité de foi entre les deux familles d’Églises.

Cette dernière ne semble pas avoir de site web, bien que certains de ses diocèses (USA, Allemagne) en ont. Le site du diocèse de l’Allemagne inclut une liste de diocèses, dont voici les informations pour l’Europe :

Erzdiözese von Mitteleuropa und Benelux - Metropolit: Mor Julius Yeshu' Cicek
Erzdiözese von Deutschland (Patriarchalvikariat) - Metropolit: Mor Dionysius Isa Gürbüz 
Source : 
http://www.gwdg.de/~grabo/sok/diozese.htm

APOCRYPHES – Voir BIBLE – LIVRES DEUTÉROCANONIQUES

APOPHTEGMES – Voir PÈRES DU DÉSERT

ARGENTI – P. CYRILLE ARGENTI

P. Cyrille Argenti (né Argentis). Il n’y a pas de " biographie " en tant que telle dans le livre N’aie pas peur (Cerf/le sel de la terre, 2002), mais il y des éléments de biographie dans l’introduction par Olivier Clément, qui l’a bien connu, et dans une " autobiographie spirituelle " du père Cyrille, dans le même livre. Voici quelques informations sur père Cyrille Argenti  :

  • Né à Marseille le 25octobre 1918.
  • En 1943, il participe au " Maquis ", groupes qui s’opposent à l’occupation allemande de La France. Il est arrêté par la Gestapo, puis relâché.
  • Il fait des études de théologie, puis il est ordonné prêtre en 1950. Il devient moine à l’île de Patmos.
  • En 1950, il est affecté à la paroisse grecque de Marseille.
  • En 1964, voulant " dégager la communauté liturgique de la communauté ethnique " (p. 31), il commence à célébrer la Divine Liturgie en français.
  • En 1978, il entreprend la construction d’une église et d’une centre communautaire pour la paroisse Saint-Irénée (qui existe toujours), qui réunit des Grecs, des Russes et des Français.
  • Il a été très actif, non seulement à Marseille, mais aussi dans la préparation du " catéchèse orthodoxe ", Dieu est vivant.
  • Il a été actif aussi dans le care de l’Association chrétienne pour l’abolition de la torture (ACAT).
  • Il est décédé en novembre 1994.

Le livre N’aie pas peur (378 pages) contient 29 articles sur divers sujets. La plupart ont été publié dans le bulletin paroissial Orthodoxes à Marseille, d’autres dans Contacts, le SOP et d’autres revues.

L’AU-DELÀ : VOIR MORT

BARLAAM ET JOASAPH

Je vous envoie ici-bas l’article de Wikipédia sur Joasaph. Il y a une notice sur Barlaam et Joasaph – assez détaillée (8 pages)– dans le Synaxaire, Vie des saints orthodoxes, à la date du 26 août (t. 5 du Synaxaire). Il existe en français les livres suivants :

L’histoire de Barlaam et Josaphat : Version champenoise d’après le ms. Reg. lat. 660 de la Bibliothèque apostolique vaticane / Éd. avec une introd. par Leonard R. Mills. Published Genève : Droz, 1973. Description 189 p. ; 18 cm. (semble être en vieux-français)

Sonet, Jean, Le roman de Barlaam et Josaphat, Louvain : Bibliothèque de l’Université, 1949-1952. (traduction en français moderne ?)

L'ILLUSTRATION DU ROMAN DE BARLAAM ET JOASAPH. 1 VOL. TEXTE, 1 PORTEFEUILLE PLANCHES, 1937 (semble être des illustrations, sans traduction du texte).

Pour trouver ces livres dans une bibliothèque, vous pouvez chercher ici :

http://www.worldcatlibraries.org/wcpa/top3mset/593883.

Il y a une traduction anglaise en ligne : http://omacl.org/Barlaam/.

BAPTÊME – CATÉCHUMÈNES

En ce qui concerne votre question concernant le baptême, il n’est pas possible de vous donner une réponse claire, seulement quelques indications générales. Si vous n’avez pas été baptisé dans l’Église orthodoxe, il est certain que vous ne serez pas considéré comme orthodoxe, même un orthodoxe non-pratiquant. La chrismation sert souvent et typiquement de rite d’admission dans l’Église orthodoxe pour ceux qui viennent d’autres confessions chrétiennes, pourvue qu’on est satisfait que les exigences minimales du baptême ont été accomplies. En cas de doute, et selon la pratique locale, on peut demander à un catéchumène, ou le catéchumène lui-même peut demander, à recevoir le saint baptême. La pratique varie beaucoup d’une Église ou juridiction orthodoxe à une autre. Ce qui est essentiel, cependant, c’est d’être activement associé à une paroisse ou communauté orthodoxe, car un fidèle orthodoxe fait toujours partie d’une Église locale. Si vous n’êtes pas en contact avec une paroisse, vous pouvez entrer en communication avec une paroisse proche de chez vous et c’est le prêtre qui vous indiquera plus précisément la démarche à suivre pour être intégrer à l’Église orthodoxe. Trois juridictions sont bien représentées en Amérique du Nord : l’Archidiocèse grec (http://www.goarch.org/access/), l’Église orthodoxe en Amérique (OCA)( http://www.oca.org/), et l’Église d’Antioche (http://www.aaron.org/).

BAPTÊME – INITIATION CHRÉTIENNE

Habituellement, on baptise un enfant dans sa propre paroisse, car le baptême, même des bébés, est l’initiation dans la communauté des croyants et les parents s’engagent à élever l’enfant selon les pratiques de l’Église dans laquelle il a été baptisé. Il s’agit donc plus qu’une question de rite, mais aussi d’engagement. Dans l’Église orthodoxe, l’initiation chrétienne comprend normalement les trois sacrements du baptême, de la chrismation et de la communion, les enfants et même les bébés étant admis à la communion.

L’Église orthodoxe admet donc les enfants, même les bébés, à la sainte Communion ; la " compréhension " de l’acte de communion n’est pas considérée comme un obstacle à la pleine participation des enfants à la vie sacramentelle de l’Église. En avançant en âge, ils apprennent peu à peu à réaliser la signification de la Liturgie et de la Communion. L’Église orthodoxe invoque aussi des motifs pastorales pour permettre aux enfants de participer à la Communion : l’obligation de l’Église de nourrir ses fidèles non seulement des paroles de vie, mais du " Pain de Vie ", qu’ils soient adultes ou enfants.

Je vous recommande le livre du Père Alexandre Schmemann, " D’eau et d’Esprit " (Desclée de Brouwer) pour une explication de la théologie et de la signification spirituelle des sacrements d’initiation chrétienne d’une perspective orthodoxe.

BELGIQUE – ORTHODOXIE

Un orthodoxe fait partie d’une communauté de fidèles, pour les laïcs, habituellement une paroisse locale. Il y a à Bruxelles plusieurs paroisses orthodoxes de juridictions différentes et utilisant des langues liturgiques selon les communautés : le français, le néerlandais, le slavon, le grec etc. Si vous cherchez surtout une communauté d’expression française, je vous suggère de communiquer avec la paroisse suivante :

Paroisse des Saints-Silouane-l’Athonite-et-Martin-de-Tours (BRUXELLES)
Rue de Bosnie 75, B-1060 Bruxelles.
Recteur : Prêtre Bartélémy D’Huyvetter.
Tél. et fax : 02/534 04 49.
Site web : 
http://ibelgique.ifrance.com/silouane/

C’est une paroisse vivante, active, engagée, chaleureuse. Je suis certain que vous serez bien accueilli. N’hésitez pas de prendre contact avec le Père Bart.

BÉNÉDICTIONS DE MAISONS

La bénédiction des maisons (ou d’appartements) se fait normalement dans l’Église orthodoxe par le prêtre de paroisse des personnes habitant la maison. Souvent cette bénédiction a lieu le jour de la Théophanie ou baptême du Christ, le 6 janvier, ou peu après, utilisant l’eau qui a été bénie pendant la célébration de cette fête, en quelque sorte comme un prolongement de la fête. Mais la bénédiction peut avoir lieu aussi à d’autres moments de l’année, à la demande des paroissiens. Si vous êtes membre ou en lien avec une paroisse orthodoxe ou d’une autre Église d’Orient, vous pouvez vous adresser au prêtre de la paroisse.

Je vous envoie ci-joint un document Word qui inclut les prières de bénédictions d’habitations qui se trouve dans l’Euchologe et aussi un petit office de bénédiction que certains prêtres utilisent ici au Québec.

Je ne connais pas l’histoire de ce rite, mais c’est possible qu’il soit très ancien, puisque la Théophanie est un des plus anciennes fêtes de l’Église. Vous pouvez peut-être trouver des textes pertinents en anglais en cherchant avec les mots : " blessing house orthodox " ou d’autres semblables.

BÉNÉDICTIONS DE FRUITS (TRANSFIGURATION)

La bénédiction de fruits (en principe, ce devrait être des grappes de raison, mais par " économie ", tout fruit frais) à la fête de la Transfiguration, c’est plus par rapport à la saison – en pleine été – et pas à la fête ! Cependant, la " Catéchèse orthodoxe " donne un sens théologique : " La bénédiction des fruits nous rappelle que les énergies divines pénètrent la matière créée et transfigurent le monde en vue du Siècle à venir " (Les Fêtes et la vie de Jésus-Christ, II. La Résurrection, Cerf, 1989, p. 46). De même, à la Dormition de la Mère de Dieu (le 15 août), on peut bénir des herbes, des légumes et encore des fruits, mais cette bénédiction est moins pratiquée que celle de la Transfiguration.

BÉNÉDICTIONS DIVERSES

Le Grand Euchologe sacerdotal contient des prières de bénédictions pour divers objets et occasions, selon ce qui convient, mais voici deux prières qui peuvent servir lorsque’une bénédiction spécifique manque :

BÉNÉDICTION DE TOUTE CHOSE

Auteur et créateur du genre humain, donneur de la grâce spirituelle et donateur de l'éternel salut, toi-même, Seigneur, envoie ton Esprit Saint, avec ta bénédiction d'en-haut, sur ce (cette) ... (nommer la chose), afin que, muni(e) du pouvoir de ta céleste protection, il (elle) assure à ceux qui l'emploieront tout secours et toute aide et la santé de leur corps et de leur âme.

Car c'est toi qui bénis et sanctifies toute chose, et nous te rendons gloire, action de grâce et adoration, Père éternel, ainsi qu'à ton Fils unique et à ton très-saint, bon et vivifiant Esprit, maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles.

Amen.

BÉNÉDICTION DE TOUT OBJET LORSQUE MANQUE LA BÉNÉDICTION CORRESPONDANTE

Roi des siècles et notre Bienfaiteur, auteur de l'entière création, toi le seul saint, sanctifie cet objet par ta sanctifiante présence, et fais-en un instrument de bénédiction et de bon usage, au service de tes fidèles serviteurs.

Car c'est toi qui sanctifies toute chose, ô notre Dieu, et nous te rendons gloire, action de grâce et adoration, Père éternel, ainsi qu'à ton Fils unique et à ton très-saint, bon et vivifiant Esprit, maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles.

Amen.

============

Il y a dans l’Euchologe du rite byzantin (le livre qui contient les offices des sacrements, sauf l’Eucharistie, et d’autres offices de l’Église orthodoxe) un grand nombre d’offices ou de formules de bénédiction de personnes pour diverses circonstances et de lieux et objets. En pratique, seulement quelques-unes de ces bénédictions sont utilisées de façon régulière – par exemple, la bénédiction des maisons des fidèles, qui traditionnellement a lieu le jour de la Théophanie (6 janvier) ou peu après. Pour ce qui est de votre question précise, il y a une " prière pour l’enfant qui va entrer à l’école " et même un petit " office d’intercession pour le début et la fin des études scolaires " : on demande la bénédiction des personnes (dans ces cas, les enfants ou étudiants), plutôt que les objets servant aux études !

BIBLE ET TRADITION

L’exégèse biblique dans le sens moderne du mot, surtout tel que pratiqué par les savants allemands et anglais du 19e siècle, n’est pas une discipline très développée dans le monde orthodoxe. En fait, les orthodoxes ont tendance à se tourner vers les Pères de l’Église des premiers siècles en ce qui concerne l’interprétation des textes bibliques et de rester fidèles à cette tradition. Ceci reflète en partie la place de la Bible dans l’Église orthodoxe : la Bible fait partie de l’Église et de la Tradition, elle n’est pas au-dessous de l’Église, et d’autres aspects de la Tradition de l’Église d’Orient, tels que les textes liturgiques, les décisions des sept Conciles œcuméniques (325-787) et d’autres conciles majeurs, les icônes, les écrits des Pères et l’exemple de la vie des saints de tous les temps, sont également importants pour la révélation de la foi et pour la vie du chrétien.

La Bible, en particulier bien sûr le Nouveau Testament et les Psaumes, a un rôle très important dans la vie liturgique et spirituelle orthodoxes. Les textes bibliques font partie de tous les offices orthodoxes, la lecture priante et méditative de la Bible est fortement recommandée et les homélies aux Divines Liturgies sont généralement basées sur le texte évangélique du jour. Pour des commentaires facilement accessible des textes liturgiques, notamment ceux des dimanches et des grandes fêtes, je vous recommande le livre par le " Moine de l’Église d’Orient ", le Père Lev Gillet, L’An de grâce du Seigneur : Un commentaire de l’année liturgique byzantine (Cerf, 1988). Des extraits de ce livre figurent aux Pages Orthodoxes La Transfiguration, dans la section des grandes fêtes liturgiques.

BIBLE – ANCIEN TESTAMENT

Aussi, faut-il distinguer entre la " Divine Liturgie " (l’Eucharistie) et la " Liturgie " tout court, qui comprend tous les offices du rite byzantin, y compris la Divine Liturgie. Le livre de l’Ancien Testament qui revient le plus souvent dans la Liturgie en général est sans aucun doute le Livre des Psaumes (voir les essais du père Placide Deseille à ce sujet http://www.pagesorthodoxes.net/bible/psautier.htm ). Les psaumes, soit en entier ou des versets, font partie intégrale de tous les offices et le Livre des Psaumes entier est lu en continu chaque semaine, selon le calendrier liturgique. D’autres textes de l’Ancien Testament figurent à la Divine Liturgie, mais les autres livres de l’Ancien Testament qui sont souvent lus aux offices, notamment aux vêpres, sont Sagesse, Proverbes, Job, Isaïe, Genèse, Rois. Les vêpres pascales, par exemple, comprennent quinze lectures de l’Ancien Testament ; pour des fêtes importantes, typiquement trois lectures, mais parfois plus.

BIBLE – TRADUCTIONS – " BIBLE ORTHODOXE "

Il n’y a pas de traduction orthodoxe de la Bible, seulement plusieurs versions orthodoxes du livre des Psaumes. Les orthodoxes utilisent plusieurs traductions différentes de la Bible, notamment la Bible de Jérusalem et la Traduction œcuménique de la Bible (TOB), ainsi que des traductions protestantes, par exemple Louis Segond.

Le plus proche d’une " Bible orthodoxe " est la Traduction œcuménique de la Bible (TOB), à l’élaboration de la laquelle (surtout les 2e et 3e éditions) ont collaboré plusieurs savants orthodoxes.

En anglais, il existe la Orthodox Study Bible, avec des commentaires, mais même dans ce cas, la traduction elle-même n’est pas originale – le Nouveau Testament est la New King James Version (NKJV), alors que l’Ancien Testament est une adaptation faite par des orthodoxes à partir de plusieurs versions.

Presque tous les anciens Pères ont commenté ou ont fait des homélies sur la Bible. On trouvera beaucoup de ces textes sur le site Jésus-Marie (http://jesusmarie.free.fr/), par exemples les œuvres complètes de saint Jean Chrysostome (http://jesusmarie.free.fr/jean_chrysostome.html).

La Bible de Jérusalem et la TOB comprennent la plupart des livres " deutérocanoniques " qui sont acceptés par l’Église orthodoxe, quoique avec quelque hésitations. L’Église orthodoxe reconnaît quelques livres deutérocanoniques qui ne sont acceptés par l’Église catholique. Les protestants ne reconnaissent aucun des livres deutérocanoniques.

La version du Nouveau Testament utilisée aux offices liturgiques orthodoxes est généralement celle de l’Évangéliaire et de l’Apôtre édités par la Diaconie Apostolique, avec la traduction de Denis Guillaume (qui a traduit la plupart des livres liturgiques orthodoxes en français). Il existe plusieurs traductions " orthodoxes " des Psaumes (les traductions des Psaumes de la Bible de Jérusalem et la TOB ne sont pas bien adaptées pour usage liturgique) :

P. Placide Deseille, Les Psaumes : Prières de l'Église, Ymca-Press, 1979.
Livre des psaumes. Abbaye Saint Michel de Bois-Aubry, F-37120 Luzé, 1993.

Pour usage personnel, je recommande la nouvelle version (3e édition) de la Bible de Jérusalem, en partie à cause de ses amples notes et références.

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Il n’existe pas encore de traduction " orthodoxe " de la Bible en français. Les orthodoxes utilisent plusieurs traductions différentes de la Bible, notamment la Bible de Jérusalem et la Traduction œcuménique de la Bible (TOB), ainsi que des traductions protestantes, par exemple Louis Segond. La troisième édition de la Bible de Jérusalem est accessible au site des Éditions du Cerf : http://bibliotheque.editionsducerf.fr/par%20page/84/TM.htm#. La traduction de Louis Segond est également disponible sur l’internet, au : http://www.gospelcom.net/bible?language=Français.

La Bible de Jérusalem et la TOB comprennent la plupart des livres " deutérocanoniques " qui sont acceptés par l’Église orthodoxe, quoique avec quelque hésitations. L’Église orthodoxe reconnaît quelques livres deutérocanoniques qui ne sont acceptés par l’Église catholique. Les protestants ne reconnaissent aucun des livres deutérocanoniques.

La version du Nouveau Testament utilisée aux offices liturgiques orthodoxes est généralement celle de l’Évangéliaire et de l’Apôtre édités par la Diaconie Apostolique, avec la traduction de Denis Guillaume (qui a traduit la plupart des livres liturgiques orthodoxes en français). Il existe plusieurs traductions " orthodoxes " des Psaumes (les traductions des Psaumes de la Bible de Jérusalem et la TOB ne sont pas bien adaptées pour usage liturgique) :

P. Placide Deseille, Les Psaumes : Prières de l'Église, Ymca-Press, 1979.
Livre des psaumes. Abbaye Saint Michel de Bois-Aubry, F-37120 Luzé, 1993.

Pour usage personnel, je recommande la nouvelle version (3e édition) de la Bible de Jérusalem, en partie à cause de ses amples notes et références.

Il y a une importante différence d’approche entre l’Église orthodoxe et l’Église catholique en ce qui concerne la traduction de l’Ancien Testament. L’Église orthodoxe considère la traduction grecque de la Bible juive dite des " Septante " comme le textus receptus de l’Ancien Testament et que les traductions en langues modernes doivent être basées sur cette version ancienne, la version connue et citée par les Apôtres (notamment Saint Paul), les Evangélistes et la plupart des Pères de l’Église. En pratique, il n’est possible de nos jours d’ignorer la Bible hébraïque, mais l’Église orthodoxe accorde néanmoins la priorité à la Bible des Septante, qui est elle-même vue comme étant inspirée par l’Esprit Saint. Un cas important est la traduction d’Isaïe 7, 14 : Le texte hébreu se lit : La jeune fille est enceinte… (Bible de Jérusalem), alors que la Septante se lit : La vierge est enceinte… C’est cette dernière version qui est contenue dans la citation de la prophétie d’Isaïe en Matthieu 1, 23, et toute l’exégèse et la piété chrétienne dès les premiers siècles considèrent la prophétie d’Isaïe comme une annonce de la naissance du Christ de la Vierge Marie.

Source : http://users.hrnet.fr/~dupuypas/Lexique/commentaire_isaie_7-14.htm

Commentaire de Jérôme sur Isaïe 7, 14 : " C'est pourquoi le Seigneur vous donnera lui même un signe. Voici que la vierge concevra et mettra au monde un fils et tu lui donneras le nom d'Emmanuel. "

Extrait du commentaire de Jérôme. [du Supplément au Cahiers Evangile N° 104- pages 50 - 51]

"[...] Quand le texte dit: le Seigneur vous donnera lui même un signe, ce doit être quelque chose d'inouï et d'étonnant. Or si c'est une jeune fille ou une jeune femme qui enfante, comme le veulent les juifs, et non une vierge, de quel signe pourra-t-on parler, puisque ce nom concerne l'âge, non l'intégrité physique ? Et à la vérité, pour nous mesurer pied à pied avec les juifs et ne pas leur fournir, en tirant sur la corde de la dispute, occasion de rire de notre incompétence, une "vierge" en hébreu se dit bethula, qui n'est pas écrit dans le présent passage, mais au lieu de ce mot il y a alma, que toutes les versions, hormis les Septante, ont traduit par "jeune adolescente". Au surplus alma chez eux est un terme ambivalent: il veut dire en effet "jeune adolescente" et "cachée". D'où dans le titre du psaume 9 où il y a en hébreu alamoth, toutes les versions ont traduit par "l'adoslescence", ce que les Septante ont interprété "pour ceux qui sont cachés". Nous lisons aussi dans la Genèse, là ou Rébécca est dite alma, qu' Aquila a traduit non par "jeune adolescente" ou "jeune femme" mais "cachée".

Donc on appelle alma non seulement une jeune femme ou une vierge, mais avec extension de sens une vierge cachée et retirée qui n'a jamais été exposée aux regards des hommes mais a été l'objet d'une garde attentive de ses parents [...]. Et autant que je puisse faire l'effort de mémoire, je crois n'avoir jamais lu le mot alma pour une femme mariée mais pour une vierge, et qui est non seulement une vierge mais une jeune vierge dans ses années d'adolescence. Il peut en effet arriver qu'une vierge ait un certain âge, mais cette vierge-ci était dans les années de sa jeunesse, non pas une fillette qui ne pourrait encore connaître un homme, mais une vierge déjà nubile. [...]"

Sur la conception virginale, qui repose sur le grec parthenos, la vierge, de la traduction des Septante, la polémique est ancienne avec les juifs dont les versions grecques récentes traduisaient l'hébreu alma par neanis, la jeune femme. Jérôme reprend d'abord à son compte l'argument que, de Justin et Irénée jusqu'à son époque, la tradition leur opposait : où serait le signe s'il s'agissait d'une naissance normale ? Mais lui qui prônait le retour à l'hébreu comme au texte authentique de l'Écriture ne pouvait s'en tenir là : d'où la minutieuse discussion sémantique sur la valeur exacte du mot hébreu, qui s'efforce de montrer que l'interprétation traditionnelle s'accorde avec l'hebraica veritas.

Vous dites que vous êtes " navrée de voir qu’avec le temps l’Église a laissé tombé plusieurs livres inspirants, comme le Siracide et la Sagesse. " Ceci s’applique surtout aux confessions protestantes, car les Églises orthodoxe et catholique incluent ces livres, avec les autres livres " Deutérocanoniques ", parmi les livres de l’Ancien Testament. Siracide est aussi appelé " Écclésiastique ".

BIBLE – COMMENTAIRES

En fait plusieurs Pères de l’Église ont commenté systématiquement les livres du Nouveau Testament. Je crois que la meilleur façon de déterminer ce qui est disponible des écrits des Pères de l’Église sur les Épîtres ainsi que sur Isaïe est de consulter un livre tel que Lire les Pères de l’Église, de Sœur Gabriel Peters (DDB), qui fournit un aperçu des écrits des Pères. Pour déterminer lesquels ont été traduits en français, vous pouvez faire une recherche des catalogues des grandes bibliothèques, en particulier celle de la Bibliothèque nationale de France, qui peut être consulté en ligne. Puis la dernière étape… trouver les livres dans une bibliothèque religieuse ou universitaire près de chez vous.

BIBLE – ACCÈS INTERNET

La Bible de Jérusalem et la TOB sont accessible en ligne au : http://www.tradere.ord/biblio/index.htm et la traduction de Louis Segond au : http://www.gospelcom.net/bible?language=Français.

Je recommandons aussi la "Bible virtuelle", avec le texte complet de la version Louis Segond et un puissant logiciel de consultation et de recherche. Le fichier compressé (.zip - 4,5Mb) et autoexécutable est accessible gratuitement au site : http://www.geocities.com/Athens/Delphi/5909/index.htm.

Vous avez raison, l’adresse de Online Bible n ‘est plus valable. Essayez plutôt :

http://www.geocities.com/Athens/Delphi/5909/index.htm (version française – des versions du module de base plus récentes existent en anglais). Fouillez les liens suivants pour télécharger gratuitement des modules que vous pourrez installer:

www.online-bible.com

OnlineBible.org

Modules pour Windows, Dos et Mac

Fichier en vrac pour Windows

Fichiers en vrac pour Mac

ONLINE BIBLE Software.

BIBLE – LIVRES DEUTÉROCANONIQUES

Je ne connaissais pas le Concile de Jérusalem de 1672, mais j’ai trouvé une référence sur internet, un texte qui discute de la question du Canon biblique. Vous trouverez la version française à l’adresse :  Apocrypha http://mb-soft.com/believe/tfs/apocryph.htm . Mais attention, il s’agit d’une traduction " automatisée " du texte anglais et on a intérêt à lire l’original anglais : http://mb-soft.com/believe/txs/apocryph.htm. Le site contient beaucoup de documents : Site BELIEVE : http://mb-soft.com/believe/

Je pense que la référence suivante est exacte en ce qui concerne l’Église orthodoxe : " Pour l'église orthodoxe orientale, le synode de Jérusalem (1672 A.D.) a affirmé la validité de Canon plus long ; cependant, une décision conciliaire liante universellement n'a pas été prise, et par conséquent une diversité d'opinion existe toujours. "

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Je pense que vous avez bien fait le tour de la question du " canon biblique orthodoxe ". Comme vous pouvez apprécier, l’Église orthodoxe ne se concerne pas beaucoup de " légiférer " sur bien des questions et le " canon " biblique en est une : de nos jours, il y a des petites différences d’usage entre les Bibles publiées par certaines Églises orthodoxes. Et puisqu’il n’existe pas de " Bible orthodoxe " en français, la question reste ouverte pour les orthodoxes d’expression française…

Mais on doit reconnaître que les différences entre les versions " orthodoxes " de la Bible sont minimes : toutes les Bibles publiées dans les pays de tradition orthodoxes contiennent tous les livres de la Bible hébreu, ainsi que les livres deutérocanoniques reconnus par l’Église catholique. Pour les autres livres deutérocanoniques, je pense que le texte suivant est correct (ci-joint l’article au complet) :

"The Eastern Orthodox Churches recognize several other books as authoritative. Editions of the Old Testament approved by the Holy Synod of the Greek Orthodox Church contain, besides the Roman Catholic Deuterocanonical books, 1 Esdras, Psalm 151, the Prayer of Manasseh, and 3 Maccabees, while 4 Maccabees appears in the Appendix. Slavonic Bibles approved by the Russian Orthodox Church contain besides the Deuterocanonical books, 1 and 2 Esdras (called 2 and 3 Esdras), Psalm 151, and 3 Maccabees."

Deux mises en garde sont nécessaires. Premièrement, l’Église orthodoxe en général accepte les livres dites " deutérocanoniques " comme faisant partie de la Bible, mais sans pour autant reconnaître qu’ils ont le même degré d’inspiration et la même autorité que les autres livres. Deuxièmement, seulement quelques-uns de ces livres et ajouts sont utilisés aux offices de l’Église : à ma connaissance, il s’agit notamment du livre de la Sagesse (dont des extraits sont souvent lus aux vêpres), de la prière de Manassé (qui fait partie des Grandes Complies) et des ajouts à Daniel 3 (en particulier les cantiques d’Azarias et des trois jeunes gens ; Daniel 3, 1-88 constitue la quinzième et dernière lecture du Samedi saint à vêpres).

Comme vous, je n’ai pas trouvé de traduction française des livres du " troisième canon ", à l’exception de la prière de Manassé, qui figure au commun des Grandes Complies. On les trouve facilement en anglais, notamment dans la NRSV, même sur internet. Si vous connaissez ou vous trouvez des versions françaises de ces livres, je serais très intéressé d’en avoir les références.

Le Nouveau dictionnaire biblique, à la fin de la rubrique " Apocryphes ", dit que le commentaire le plus étendu des apocryphes est celui de Fritzsche et Grimm (Leipzig 1851-1860), puis on ajoute : " Trad. franç. dans la Bible de Reuss. Plus récemment : L. Randon, Les livres apoc. de l’A.T., Paris 1909 ". Peut-être on trouverait des traductions françaises des écrits du " troisième canon " dans l’un ou l’autre de ces références.

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Certains livres et certains passages figurent à la Bible des Septante qui ne sont pas contenus dans la Bible hébraïque. Ces livres et ces ajouts " deutérocanoniques " aux livres " canoniques " sont :

  • Livres : Tobie, Judith, Maccabées, Sagesse (de Salomon), Écclésiastique (Sirac) et Baruch
  • Ajouts : Esther – ch. 10, v. 4 ; ch. 16, v. 4 ; Daniel – ch. 3, vv. 24-90 ; ch. 13 et 14 ; Job – ch. 40 v. 18 et suivants ; " Lettre de Jérémie ".

L’Église orthodoxe en général accepte les livres dites " deutérocanoniques " comme faisant partie de la Bible, mais sans pour autant reconnaissant qu’ils ont le même degré d’inspiration et la même autorité que les autres livres. Pour l’Église catholique, ces textes ont la même autorité doctrinale que les autres livres. Les confessions issues de la Réforme rejettent ces livres et les qualifient d’apocryphes. Voici ce qu’en dit Mgr Kallistos Ware dans son livre L’Église orthodoxe :

" La version hébraïque de l’Ancien Testament est formée de 39 livres. La Septante contient, en plus de ceux-là, dix autres livres connus dans l’Église orthodoxe comme les ‘livres deutérocanoniques’. Ils ont été adoptés par les conciles de Jassy (1642) et de Jérusalem (1672) comme ‘part authentique des Écritures’ ; cependant la plupart des érudits orthodoxes contemporains, suivant en cela l’exemple d’Athanase et de Jérôme, estiment que ces livres, tout en faisant effectivement partie de la Bible, ne sont pas au niveau du reste de l’Ancien Testament " (p. 274).

BIBLE ET SALUT

Le nom " Christ " vient du grec hristos, qui veut dire " l’oint ". C’est dans ce sens qu’il est utilisé dans le Nouveau Testament, car Jésus est " l’Oint de Dieu ", le Christ. Dans la théologie orthodoxe (et aussi catholique, ainsi que pour beaucoup de protestants, mais pas tous), le Christ est le Verbe de Dieu, la seconde Personne de la Sainte Trinité, co-éternel et égale à Dieu le Père, comme l’affirme le 2e article du Symbole de Foi de Nicée-Constantinople :

" (Je crois en) un seul Seigneur Jésus Christ, Fils unique de Dieu, né du Père avant tous les siècles, Lumière de lumière, vrai Dieu de vrai Dieu, engendré, non créé, consubstantiel au Père, par qui tout a été fait. "

Vous n’acceptez les remarques de " Nathanaël " puisqu’" ils rejètent tout ce qui n’est pas exactement comme ce qui est écrit dans la Bible, tout ce qui ne correspond pas exactement à son enseignement ". Cette attitude semble être celle d’une interprétation littérale de la Bible, une approche qui n’est pas celle de l’Église orthodoxe, mais qui caractérise en particulier certaines communautés fondamentalistes issues de la Réforme protestante. Dans la Tradition orthodoxe, la Bible peut être interprétée dans plusieurs sens et les fidèles doivent être guidés par les enseignements de l’Église, notamment les Pères de l’Église, concernant la Bible. La Bible n’est pas la seule source de la foi, car la Bible elle-même fait partie de la Tradition de l’Église, qui comprend d’autres sources de la foi, tels que les décisions des sept Conciles œcuméniques entre 325 et 787, les écrits des pères de l’Église, la Liturgie, les icônes, les vies des saints de tous les temps etc.

Vous dites bien que l’approche quelque peu rigide peut convenir à certaines personnes, car l’Esprit Saint sait travailler de différentes façons, selon les besoins et possibilités de chacun, en vue de leur salut.

Lorsque vous écrivez : " je crois que la divinité se trouve en toute chose ", vous exprimez ce qu’on peut appeler l’" immanence " de Dieu : Dieu est le Créateur et c’est par lui et en lui que toute chose existe. Mais on ne doit séparer cette conception de Dieu de sa " transcendance " : Dieu existe en tant que Personne au-delà de toute chose créée. Identifier Dieu exclusivement au monde est une forme de panthéisme, c’est dire que le monde existe de lui-même, il est inexplicable en soi. Dans la théologie de Pères, ou plus particulièrement l’" anthropologie ", l’homme est le somment de la création, fait à " l’image de Dieu ", comme l’exprime la Genèse. Cette image est manifestée surtout dans l’existence personnelle de l’homme et la liberté : l’homme a le pouvoir de choisir, notamment entre ce qui le mène vers Dieu et ce qui l’éloigne de Dieu. Comme l’a écrit saint Irénée de Lyon (2e siècle), " la gloire de Dieu, c’est l’homme vivant ". Mais l’homme a une vocation qui dépasse celle d’être l’" image " de Dieu, c’est d’ être la " ressemblance " de Dieu, de vivre selon les caractéristiques de Dieu lui-même, la Bonté, l’Amour etc. et d’entrer une pleine union ou communion avec Dieu.

Vous exprimez par la phrase : " Hors du Christ, point de salut ", ce qui vous entendez des propos de " Nathanaël ". Souvent, cette phrase est exprimée " Hors de l’Église, point de salut ", expression qui vient des Pères. Certains interprètent cette expression comme impliquant qu’on ne peut être " sauvé " qu’en faisant partie de telle ou de telle Église ou communauté. Mais une compréhension plus juste de cette expression est de voir l’Église, le Corps du Christ, comme dit saint Paul, comme le rassemblement en Christ des justes de tous les temps et de tous les lieux, depuis la fondation du monde jusqu’à la fin. Saint Paul lui-même dit à ce propos : " Quand les païens, qui n’ont point la loi, font naturellement ce que prescrit la loi, ils sont, eux qui n’ont point la loi, une loi pour eux-mêmes ; ils montrent que l’œuvre de la loi est écrite dans leurs cœurs, leur conscience en rendant témoignage, et leurs pensées s’accusant ou se défendant tour à tour. C’est ce qui paraîtra au jour où, selon mon Évangile, Dieu jugera par Jésus-Christ les actions secrètes des hommes " (Romains 2, 14-16).

BIOÉTHIQUE

Je peux vous référer au Diacre Cyprian Hutcheon (Paroisse orthodoxe du Signe de la Théotokos à Montréal), qui a des connaissances dans ce domaine, cependant sans y être un spécialiste. Vous pouvez communiquer avec lui à l’adresse : rhutcheon@hotmail.com.

BRÉSIL – ORTHODOXIE

Voici deux sites orthodoxes au Brésil :

http://openlink.br.inter.net/ortodoxia / Courrier : ortodoxia@openlink.com.br

http://www.diocese.com.br/Apresn.htm Courrier : nectario@diocese.com.br

CALENDRIER LITURGIQUE ORTHODOXE (PUBLICATION)

Le Calendrier liturgique orthodoxe est publié chaque décembre par la Fraternité orthodoxe en Europe occidentale. Il comprend en outre des notes liturgiques et des indications sur la couleur des habits liturgiques. Pour commander par correspondance (prix environ 12 euros) : 9, allée d’Arques, 91390 Morsang sur Orge (France). Renseignements : ovicto@club-internet.fr.

Le Calendrier commémore un grand nombre de saints issus des différents pays orthodoxes, et fait notamment une grande place aux saints des différentes régions de France.

CALENDRIER LITURGIQUE

Pour bien saisir le rapport entre les deux calendriers, il " suffit " de comprendre le sens de l’énigme suivant :

" Les fêtes fixes sont mobiles et les fêtes mobiles sont fixes ".

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Le calcul de la date de Pâques est assez complexe ! Pour simplifier les choses, toutes les Églises orthodoxes, à quelques exceptions près, célèbrent Pâques en même temps, car la date de Pâques est fixée selon le calendrier julien en ce qui concerne la détermination de la date du début du printemps. Les exceptions sont l’Église de la Finlande, qui a adopté le calendrier occidental pour la date de Pâques, et aussi quelques petites Églises en Europe occidentale qui ne sont pas rattachées à la famille des Églises orthodoxes en communion avec l’Église de Constantinople.

Bien sûr, la date de Pâques est calculée longtemps à l’avance. Voici les dates entre 2001 et 2015 :


ANNÉE PÂQUES ORTHODOXE PÂQUES OCCIDENTAL
2001 15 avril 15 avril
2002 5 mai 31 mars
2003 27 avril 20 avril
2004 11 avril 11 avril
2005 1 mai 27 mars
2006 23 avril 16 avril
2007 8 avril 8 avril
2008 27 avril 23 mars
2009 19 avril 12 avril
2010 4 avril 4 avril
2011 24 avril 24 avril
2012 15 avril 8 avril
2013 5 mai 31 mars
2014 20 avril 20 avril
2015 12 avril 5 avril

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Note paru dans Zénit, 6 janvier 2007 :

Rappelons que le calendrier julien tient son nom de Jules César, qui l'institua sur les conseils de son astronome Sosigène d'Alexandrie, soucieux de ne pas laisser se décaler les saisons. Il aurait prévu, avec une année standard de 365 jours divisée en 12 mois, un " jour intercalaire " ajouté tous les 4 ans. Le calendrier est resté en usage jusqu'à aujourd'hui, notamment dans quelques pays de tradition orthodoxe.

Toutefois, ce système ajoute trop d'années bissextiles par rapport aux saisons astronomiques : elles se produisent environ 11 minutes plus tôt chaque année. César semble avoir été au courant de ce décalage, mais sans lui accorder beaucoup d'importance.

Ce calendrier a été réformé par le pape Grégoire XIII, dans ses Etats. Par la bulle " Inter gravissimas ", il stipula que le jeudi 4 octobre 1582 serait immédiatement suivi par le vendredi 15 octobre 1582, de façon à compenser le décalage accumulé au fil des siècles.

Ce calendrier dit " grégorien " fut aussi adopté par l'Espagne, l'Italie, le Portugal et la Pologne. En France, Henri III enleva ces jours seulement en décembre.

La Grande-Bretagne et les pays protestants n'adoptèrent le calendrier grégorien qu'en 1752. Ils préféraient, selon l'humour de l'astronome Johannes Kepler, " être en désaccord avec le soleil, plutôt qu'en accord avec le pape ".

Dans certains pays de tradition orthodoxe, on ne l'adopta progressivement qu'à partir du début du XXe siècle.

En Russie, la fameuse Révolution d' " Octobre " 1917 a donc eu lieu, selon le calendrier grégorien, en novembre ! L'URSS adopta le calendrier grégorien en 1918, mais l'Eglise orthodoxe russe a refusé ce calendrier en tant qu'imposé par un gouvernement athée et a conservé le calendrier julien.

La majorité des Églises orthodoxes d'Orient ont continué d'employer le calendrier julien jusqu'en 1923, date à laquelle beaucoup ont adopté un calendrier julien " révisé ". Mais l'Eglise orthodoxe de Finlande a adopté le calendrier grégorien.

Anita S. Bourdin

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Je comprends bien votre confusion sur cette question de calendrier ! En plus des deux calendriers, il y deux " cycles de fêtes ", les fêtes à date fixe (exemple, Noël) et le cycle pascal (variable, selon la date de Pâques) – la même distinction se fait en Occident. Le texte suivant vous aidera peut-être :

" En fait, l’année liturgique est composée est de deux cycles de fêtes qui s’entrecroisent tout au long de l’année, les fêtes fixes et les fêtes mobiles. La date des fêtes fixes, par exemple la Nativité du Christ le 25 décembre, est la même chaque année, alors que la date de fêtes mobiles, qui correspondent au cycle pascal, est déterminée en fonction de la date de Pâques. La date de Pâques, établie d’après le calendrier lunaire juif, est fixée au premier dimanche qui suit la pleine lune du printemps, après la célébration des trois premiers jours de la Pâque juive. Cette date peut donc être la même que la date de Pâques en Occident - par exemple en l’an 2001 - ou encore Pâques peut tomber une, quatre ou cinq semaines plus tard.

" Deux calendriers sont en usage dans l’Église orthodoxe, le calendrier grégorien (le " nouveau calendrier ", qui est le calendrier civil mondial), et le calendrier julien (l’" ancien calendrier ", qui est décalé de treize jours par rapport au calendrier grégorien). Les Églises des pays slaves utilisent l’ancien calendrier, alors que les Églises des autres pays de tradition orthodoxe suivent généralement le nouveau calendrier. Dans les pays de la diaspora, le choix de calendrier est souvent décidé par le diocèse ou la paroisse. Le choix de calendrier détermine la célébration des fêtes fixes. Certaines Églises et paroisses célèbrent Noël, par exemple, le 25 décembre du calendrier grégorien, alors que d’autres le célèbrent le 7 janvier (le 25 décembre selon le calendrier julien). Par contre, tous les orthodoxes célèbrent Pâques le même jour ; donc, toutes les fêtes du cycle pascal, qui comprennent également tous les dimanches, sont célébrées en même temps dans les différentes Églises orthodoxes. "

Pour répondre à vos questions :

1) Ce que vous appelez "Pâques occidental" est-ce basé sur le calendrier grégorgien ?: OUI

Ce que vous appelez "Pâques orthodoxe" est-ce basé sur le calendrier julien ? OUI

2) Dans l'article sur le mont Athos, j'avais cru comprendre qu'il y avait des dates de Pâques différentes en fonction des choix opérés par les Eglises orthodoxes de divers pays :

" En 1923, les Églises de Constantinople, de Grèce et de Chypre, suivies de l’Église de Roumanie en 1924, ont adopté le calendrier grégorien (calendrier civil) [le texte aura bien pu préciser : " pour les fêtes liturgiques à date fixe "]. Certains moines athonites, surnommés "Zélotes", s’opposant au nouveau calendrier, coupèrent les relations spirituelles avec le Patriarcat œcuménique et avec les monastères et moines qui acceptaient de rester en communion avec les "Églises officielles" (Constantinople et l’Église de Grèce) qui adoptèrent le nouveau calendrier.

Cette controverse ne touche pas les Églises slaves, toujours au calendrier julien). "

La controverse touche seulement la date des fêtes fixes : Est-ce qu’on célèbre la Nativité du Christ le 25 décembre du calendrier civil (= " nouveau calendrier " ou calendrier grégorien) ou le 7 janvier du calendrier civil (=25 décembre du calendrier julien) ?

Le cycle pascal n’est pas affecté par l’adoption du " nouveau calendrier ", car toutes les Églises orthodoxes (à quelques exceptions près) utilisent le calendrier julien pour déterminer la date de Pâques.

Maintenant que c’est clair… voici une énigme qui décrit le rapport entre les deux calendriers, julien et grégorien, en usage dans l’Église orthodoxe, et les deux cycles de fêtes, les fêtes fixes et les fêtes mobiles :

" Les fêtes fixes sont mobiles et les fêtes mobiles sont fixes. "

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Malheureusement, il n’y a pas de calendrier orthodoxe sur l’internet à imprimer – le calendrier liturgique est, en fait, assez complexe et il change chaque année, en fonction de la date de Pâques. Vous trouverez un calendrier jour par jour sur le site du monastère des Saints Élie et Élisée : 
http://monastere-orthodoxe.chez.tiscali.fr/pages/frameset.html

Aussi, il y a en anglais un calendrier que vous pouvez installer sur votre ordinateur, le " Menalogion " : 
http://saintjohnwonderworker.org/menologion.htm

La question du calendrier liturgique est très complexe dans l’Orthodoxie. Je suis tout-à-fait d’accord qu’il est souhaitable que les différentes confessions chrétiennes suivent le même calendrier liturgique, afin de restaurer au moins un semblant d’unité chrétienne.

La détermination des dates des fêtes suit des règles assez précises, surtout en ce qui concerne la date de Pâques, qui détermine les dates des autres fêtes " mobiles ", ainsi que tout le cycle des dimanches. En fait, l’année liturgique est composée est de deux cycles de fêtes qui s’entrecroisent tout au long de l’année, les fêtes fixes et les fêtes mobiles. La date des fêtes fixes, par exemple la Nativité du Christ le 25 décembre, est la même chaque année, alors que la date de fêtes mobiles, qui correspondent au cycle pascal, est déterminée en fonction de la date de Pâques. La date de Pâques, établie d’après le calendrier lunaire juif, est fixée au premier dimanche qui suit la pleine lune du printemps, après la célébration des trois premiers jours de la Pâque juive. Cette date peut donc être la même que la date de Pâques en Occident - par exemple en l’an 2001, 2004, 2007 etc. - ou encore Pâques peut tomber une, quatre ou cinq semaines plus tard. En 2003, Pâques tombe le 27 avril, ce qui permet de déterminer la date de toutes les autres fêtes du cycle pascal.

Deux calendriers sont en usage dans l’Église orthodoxe, le calendrier grégorien (le " nouveau calendrier ", qui est le calendrier civil mondial), et le calendrier julien (l’" ancien calendrier ", qui est décalé de treize jours par rapport au calendrier grégorien). Les Églises des pays slaves utilisent l’ancien calendrier, alors que les Églises des autres pays de tradition orthodoxe suivent généralement le nouveau calendrier. Dans les pays de la diaspora, le choix de calendrier est souvent décidé par le diocèse ou la paroisse. Le choix de calendrier détermine la célébration des fêtes fixes. Certaines Églises et paroisses célèbrent Noël, par exemple, le 25 décembre du calendrier grégorien, alors que d’autres le célèbrent le 7 janvier (le 25 décembre selon le calendrier julien). Par contre, presque tous les orthodoxes célèbrent Pâques le même jour ; donc, toutes les fêtes du cycle pascal, qui comprennent également tous les dimanches, sont célébrées en même temps dans les différentes Églises orthodoxes (seule l’Église de Finlande et, en France, l’Église catholique orthodoxe de France, suivent la pratique occidentale pour la détermination de la date de Pâques).

Le calendrier des fêtes orthodoxes le plus utilisé en France est le Calendrier Liturgique Orthodoxe, édité chaque année par la Fraternité orthodoxe en Europe occidentale (55, rue du Chatou, 92700 Colombes, tél. 01 47 82 46 43).

CATÉCHÈSE ORTHODOXE

Dans l’Église ancienne, la catéchèse était destinée avant tout à l’enseignement de la foi à ceux qui devaient être baptisés – adultes et aussi enfants de chrétiens – pendant la célébration pascale. Nous avons les textes catéchétiques de plusieurs Pères de l’Église, par exemple, Clément d’Alexandrie, Basile de Césarée, Grégoire de Nysse, Cyrille de Jérusalem, Jean Chrysostome, Augustin d’Hippone, Ambroise de Milan… La plupart de ces textes sont disponibles en français dans la collection " Sources chrétiennes " aux Éditions du Cerf. Si au début l’accent de l’enseignement était plutôt sur l’histoire du salut (Ancien Testament et Nouveau Testament), le contenu de la foi, notamment tel qu’exprimé dans le Symbole de foi de Nicée-Constantinople, et les mystères ou sacrements de l’Église, par la suite on a plutôt eu tendance à mettre en valeur l’enseignement moral en rapport avec la vie chrétienne.

Il faut souligner qu’il n’existe pas de " Catéchèse orthodoxe " systématique et universellement acceptée, telle qu’il existe dans l’Église catholique et les Églises issues de la Réforme. Plusieurs écrivains orthodoxes ont écrit des catéchismes, notamment entre le 17e et le 19e siècles, sous des influences théologiques occidentales, mais ceux-ci ne représentent que les vues de leurs auteurs et aucun n’a jamais été accepté comme représentant l’enseignement de toute l’Église orthodoxe. Certains contiennent mêmes des erreurs manifestes, ayant été copiés ou calqués sur des catéchismes de l’Église catholique ou d’Églises protestantes. D’ailleurs, il n’existe pas dans l’Église orthodoxe d’autorité qui pourrait sanctionner un catéchisme pour toute l’Église.

Dans l'Église orthodoxe, plutôt que de " catéchisme ", dans le sens d’exposé systématique et définitive de la foi, on réfère plutôt aux sources de la foi ou de la Tradition. Or, la Tradition est fondée sur plusieurs sources principales : les Saintes Écritures ou la Bible ; les décisions des sept conciles œcuméniques ; , les écrits des Pères de l'Église ; la liturgie (comprise dans son sens large de tous les offices et rites de l'Église orthodoxe, et non exclusivement la Divine Liturgie) ; les icônes ; et la vie et les écrits des saints de tous les temps. Bien sûr, toutes ces sources n'ont pas la même valeur et un certain discernement est nécessaire ; c'est sous l'inspiration de l'Esprit Saint que la vérité de la Révélation est assurée dans l'Église. La tradition est donc vivante et elle se manifeste continuellement sous différentes formes, par exemple par les vies de personnes habitées de l'Esprit Saint, les "théophores", même de nos jours.

Ceci dit, une " catéchèse " d’un écrivain orthodoxe que je connais sur internet est une traduction d’une catéchèse de l’évêque serbe Nicolas Vélimirovich (récemment canonisé par l’Église orthodoxe serbe), sous le titre : LA FOI DES SAINTS. Il s’agit d’une présentation schématique suivant le modèle bien connu de question-réponse. Mais son catéchisme doit être vu à la lumière des autres sources de la foi et peut s’avérer être plus ou moins utile de nos jours. Je ne l’ai pas lu attentivement, mais il me paraît être plus catégorique sur certaines questions que l’on trouve habituellement dans la tradition orthodoxe. On peut comparer, par exemple, son commentaire sur le Symbole de foi de Nicée-Constantinople avec celui de Vladimir Lossky et l’Archimandrite (maintenant évêque) Pierre l’Huilier dans le Bulletin " Lumière du Thabor ", nos. 9-13 (à compléter, section " Archive du Bulletin " aux Pages Orthodoxes La Transfiguration), du père Lev Gillet (Pages Orthodoxes La Transfiguration, section " La foi orthodoxe ") ou encore celui du père André Borrely (à l’adresse http://www.orthodoxa.org/FR/orthodoxie/theologie/credo1.htm).

Vous trouverez la Catéchèse de saint Nicolas Vélimirovich sur le site " VCO ", dans le Bulletin " Orthodoxie ", à partir du numéro 100 , à l’adresse : http://perso.club-internet.fr/orthodoxie/bul.htm . Il y a aussi sur ce site des textes qui s’adressent aux enfants plutôt qu’aux adultes.

Il y a aussi plusieurs excellents livres de " Catéchèse orthodoxe ", notamment par exemple la collection qui porte ce nom publiée aux Éditions du Cerf. Plus récent, il y a le livre de l’évêque Hilarion Alfeyev, Le mystère de la foi : Introduction à la théologie dogmatique orthodoxe (Cerf, 2001), une excellente exposée des principaux éléments de la foi orthodoxe.

CHANT LITURGIQUE

De fait, le chant joue un rôle très important dans le liturgie de l’Église orthodoxe, en particulier la célébration de la Divine Liturgie, qui se déroule en dialogue continue entre le prêtre et la chorale , qui représente le peuple. Si vous avez la possibilité d’écouter l’émission " Regards orthodoxes " (Radio Ville-Marie, Montréal 91,3 fm à 15h00 les dimanches), vous entendrez plus chants liturgiques, en français et en d’autres langues à chaque émission.

Il y a une vingtaine de paroisses orthodoxes à Montréal, où l’on peut assister à la célébration de la Divine Liturgie dans différentes langues : slavon, grec, roumain, arabe, ukrainien, anglais… et français. Mais la paroisse francophone, Saint-Benoît-de-Nursie, est très petite et le chant n’est pas très perfectionné. Une des meilleurs chorales orthodoxes à Montréal est celle de l’Église SS " Pierre et Paul (rue Champlain, coin de René-Lévesque). On y célèbre la Vigiles chaque samedi soir de 18h00 à 20h00 environ et la Divine Liturgie chaque dimanche de 10h00 à 12h00 environ. La chorale est vraiment excellente.

Il y a plusieurs enregistrements de chants liturgiques orthodoxes en français ; je vous envoie ici-bas un résumé, avec une indication des prix pour ceux que je vends moi-même. Écrivez-vous de nouveau si ceux-ci vous intéresse.

Pour le chant liturgique, je vous suggère d’effectuer une recherche auprès des moteurs de recherche suivants :

http://www.mylinea.com/vco/ - Moteur français contenant beaucoup de sites orthodoxes en anglais. Regardez dans la rubrique " Chant ".

http://www.theologic.com/links.html - Moteur anglais le plus complet pour l’Orthodoxie. Regardez dans la rubrique " Music ".

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En ce qui concerne la musique (" country " ou autre) pour accompagner la Divine liturgie, la tradition orthodoxe préconise avant tout une grande solennité dans la musique liturgique : le chant doit supporter la prière, sans devenir une distraction. Seule la voix humaine est permise dans la chant liturgique, aucun instrument. Certaines compositions liturgiques par des grands compositeurs, surtout russes, sont d’une grande beauté, mais ont leur place dans les salles de concert plutôt que dans les églises. Cela dit, l’idée même d’un " comité de liturgie paroissial " ne correspond pas à la tradition orthodoxe : on n’a pas à " inventer " la liturgie, mais à bien la célébrer, dans la limite des ressources disponibles. Le chant y est très important et varie selon les traditions nationales des paroisses. Pour avoir une idée de la gamme de ces traditions musicales à Montréal, le CD : " Nous te chantons " présente les chants de sept paroisses ou regroupements de chantres de Montréal :

Nous te chantons : Chorales orthodoxes de Montréal. Ce CD, fait par nos soins, compte 78 minutes de chants liturgiques représentatifs des traditions musicales, des communautés et des langues liturgiques utilisées par les paroisses orthodoxes de Montréal : chants en grec, slavon, roumain, ukrainien, anglais et français. Un CD unique qui témoigne de la Tradition vivante de l’Orthodoxie dans le " Nouveau Monde ". Production Éditions Orthodoxes La Transfiguration. 22,00$. Prix avec livraison (Canada) : 24,00$

CHAPELET

Le chapelet orthodoxe, appelé " tchotki " par les slaves et " komvoskhinion " (" cordon à nœuds ") par les grecs, est formé de nœuds en laine. Son utilisation principal est pour la récitation de la Prière de Jésus, soit seul (plus typique) ou parfois en communauté. Le chapelet le plus répandu a cent nœuds, mais il en existe aussi à 33 nœuds, formant une sorte de bracelet, et à 300 nœuds, plus typiquement monastique. Celui de cent nœuds peut être divisé en groupes de 50, 25 ou même 10 nœuds, utilisant des perles (souvent de plastique !) pour séparer les groupes.

Ni le chapelet ni même de décompte du nombre de prières ne sont nécessaires à la pratique de la Prière de Jésus, mais le chapelet aide à la concentration. Pour plus de renseignements sur la Prière de Jésus, je vous réfère la section sur la Prière de Jésus aux Pages Orthodoxes La Transfiguration.

CHARISMES – ONCTION "

Q. : Dites moi si on parle des exercices des charismes du Saint-Esprit chez les orthodoxes ?

Ce n’est pas un langage habituel. On parle plutôt d’" expériences mystiques ", de " grâces ", de " dons " de Dieu, mais sans les attribuer spécialement à l’Esprit Saint. Les Pères sont très formels à ce sujet : il ne faut pas aspirer à ces dons, mais les accueillir en toute humilité lorsqu’ils se produisent, reconnaissant qu’il s’agit justement d’un don gratuit et non mérité de Dieu et qu’ils peuvent aussitôt disparaître ou être perdus, par exemple à cause de l’orgueil.

Les expériences dont vous parliez ne font pas partie de la spiritualité orthodoxe. Dans la tradition orthodoxe, l’" onction " est une bénédiction faite avec l’huile bénie, généralement dans le cadre d’un sacrement, en particulier la chrismation (confirmation) et l’onction des malades, ou pendant ou à la fin d’offices liturgiques, par exemple pendant les matines. Il ne s’agit pas donc d’un geste associé à des états extraordinaires, mais plutôt d’une action liturgique d’un ministre de l’Église. La tradition spirituelle orthodoxe est généralement très réservée en ce qui concerne des manifestations psychiques ou physiques qui pourraient accompagner la prière, voyant en cela la possibilité de pièges de l’Ennemi ou encore d’illusion spirituelle (une sorte d’auto-déception sur son état spirituel). Il y a une histoire d’un Père du désert qui disaient à ses disciples que s’ils voyaient un frère s’élever de terre pendant la prière, de le saisir par les pieds et de le jeter à terre : il fait rester ancré dans la réalité de la condition humaine.

CHINE – ÉGLISE ORTHODOXE

La situation canonique de l’Église orthodoxe en Chine n’est pas très claire : elle est réclamée par le Patriarcat œcuménique et par l’Église de Russie. Quoiqu’il en soit, il y a peut-être un prêtre orthodoxe en Chine, mais il ne semble pas avoir de paroisse ou de mission fonctionnelle en Chine actuellement, sauf bien sûr à Hong Kong, siège de la très active (en sud-est de l’Asie) Orthodox Metropolitanate of Hong Kong and South East Asia : 
http://www.cs.ust.hk/faculty/dimitris/metro/hkmetropolis.html

Voici quelques références sur l’histoire de l’Orthodoxie en Chine :

Orthodox Church: Autonomous Churches – Orthodox Church of China :
http://www.cnewa.org/ecc-china.htm

Orthodoxy in China  by Avgerinos : http://www.cs.ust.hk/faculty/dimitris/metro/orth_china.html

The Orthodox Church of China :
http://philtar.ucsm.ac.uk/encyclopedia/christ/east/occhi.html

On trouve des références assez courantes (dont une du 9 septembre 2004) sur deux sites, une en Russie, l’autre en Chine même :

ORTHODOXY IN CHINA : http://www.chinese.orthodoxy.ru (dessin unique de la Dernière Cène : le Christ et les apôtres figurés comme des chinois).

Page d’accueil en anglais : http://www.chinese.orthodoxy.ru/english/chinaE.htm

On y trouve un article intéressant par le prêtre Dionisy Pozdniaev  - THE ORTHODOX CHURCH IN CHINA ITS PROBLEMS AND PROSPECT
http://www.chinese.orthodoxy.ru/english/problems.html

Il écrit notamment :

More than 250 orthodox ?????????? (descendants of the Russian refugees) lived in Peking and its vicinities. Farther Alexander De feeds them spiritually. They repeatedly addressed to local authorities asking to register the community and permit to worship. However, the authorities gave negative answer. Farther Alexander De was rewarded by Patriarch ALEXY II with the church order of St. Innocent, II degree. The representative of the ROC has handed the high church reward to him during their visit on October 25, 1998.

Il y aussi deux adresses de courriel : Write to address china@orthodoxy.ru  
Web-master 
dip@mrezha.ru   

L’autre site a une adresse " cn ", qui indique la Chine. C’est possiblement à Hong Kong :

http://www.orthodox.cn/  Courriel : infochina@orthodox.cn

Le prêtre russe Dionisy Pozdniaev semble être le plus actif en ce qui concerne la Chine, tel que suggéré par cet extrait d’un article :

The head of the Hong Kong Orthodox parish of the Apostles Peter and Paul Fr Dionisy Pozdnyayev, who works with Chinese Orthodox believers under the auspices of the Moscow Patriarchate, told Forum 18 of his overall optimism regarding the future of Orthodoxy in China. "It is possible to find a common language with the Chinese authorities," he told Forum 18 from Hong Kong on 6 September. "The main thing is not to break the laws of the country and to make requests directly to the republic's authorities."

He admitted that there is just one Orthodox priest and one deacon in China at present, but believed it is possible to resolve this issue. "If a request is made, the Chinese authorities will very likely give permission for Chinese citizens to study in Russia's Orthodox seminaries. Fifteen Chinese citizens are already studying in Russian seminaries," Fr Pozdnyayev declared. "The main thing is not to demonstrate independence and to respect Chinese law."

China's national authorities have so far prevented the Chinese Autonomous Orthodox Church destroyed in the Cultural Revolution of 1966-76 from reviving. Beijing's last surviving Orthodox priest died last December, while the city authorities have repeatedly denied requests to allow a parish to be reopened in the city (see F18News 18 December 2003 http://www.forum18.org/Archive.php?article_id=216 ).

Voir aussi : 28 June, 2004  CHINA The Russian Orthodox Church Seeks Beijing’s Official Recognition : http://www.asianews.it/view.php?l=en&art=1052   

Bien que le père Dionisy Pozdniaev semble être situé à Hong Kong, il paraît appartenir au Patriarcat de Moscou.

En conclusion, je vous suggère d’écrire (en anglais) aux deux adresses de courrier électronique : china@orthodoxy.ru et infochina@orthodox.cn (c’est possible que le père Dionisy Pozdniaev est derrière les deux sites !). Vous pouvez expliquer votre situation et demander s’il y a une " présence " orthodoxe à Pékin – ce qui ne semble pas être le cas, d’après ce que j’ai trouvé. Est-ce qu’il un prêtre assigné à l’Ambassade de Russie à Pékin ? Je pense qu’il y aurait mention quelque part.

CITATIONS DES PAGES ORTHODOXES

S’il s’agit de simples citations d’informations ou de courts extraits d’informations sur le site, il n’est pas nécessaire de demander une autorisation spéciale, mais une référence à la source suffit. Pour reproduire de longs extraits ou une page complète sur un autre site ou pour le publier, prière de communiquer avec nous. Notez que les droits de beaucoup des textes figurant sur le site n’appartiennent pas aux Pages Orthodoxes ; les ayants-droits sont normalement indiqués à la fin des textes.

COMMUN DES JOURS DE SEMAINE

Je crois que vous vous référez aux " Commun des jours de semaine ", où sont commémorés :

Lundi – les anges
Mardi – le Précurseur
Mercredi – La Croix et la Mère de Dieu
Jeudi – Les Apôtres et Saint Nicolas
Vendredi – La Croix
Samedi – Les saints et les défunts

Pour les textes de chaque jours, ainsi que le commun des dimanches, le commun des fêtes et des saints, ainsi les rubriques et les prières et les épîtres de tous les jours, on peut consulter le livre liturgique l’" Apôtre " (P. Denis Guillaume, Diaconie Apostolique, 1994, distribution Abbaye de Chevetogne).

COMMUNION – VOIR AUSSI EUCHARISTIE

COMMUNION – NON-ORTHODOXES

Merci pour votre question. La règle générale pour la communion dans l’Église orthodoxe est que seuls les orthodoxes ayant observés les dispositions canoniques (par exemple, le jeûne eucharistique) peuvent communier. Les pratiques varient beaucoup d’une juridiction à une autre en ce qui concerne la confession avant la communion, la fréquence de la communion, la participation aux vêpres ou aux vigiles avant la communion etc. . Souvent un prêtre qui ne connaît pas une personne qui s’approche pour la communion lui demandera si elle est orthodoxe et si elle a accompli les préparatifs à la communion. Par contre toutes les personnes, orthodoxes et non-orthodoxes, ayant assistées à la liturgie sont invitées à prendre un morceau de pain béni (mais pas consacré), l’antidore, après avoir embrassé la croix du prêtre à la fin de la liturgie.

C’est une grande déception et une grande souffrance, que nous, orthodoxes et catholiques, qui sont si proche en matière de foi, ne peuvent pas communier ensemble. C’est une souffrance et un des prix que nous payons pour la faiblesse humaine à l’intérieur même de l’Église – la séparation de l’Église orthodoxe et de l’Église catholique depuis un millénaire. Dans la perspective de l’Église orthodoxe, ceux qui communient ensemble à la même coupe partagent la même foi et c’est justement cette communion ensemble qui forment la communauté chrétienne locale, l’Église locale, si vous voulez. Le rétablissement de l’intercommunion sera donc le résultat et le signe du rétablissement d’une vraie unité entre les Églises.

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Je me réjouis d’apprendre que vous avez eu une connaissance directe de l’Orthodoxie pendant votre séjour en Syrie. Le fait que vous, étant catholique, avez pu communier là-bas, ne change pas la règle général de l’Église orthodoxe que seuls les orthodoxes peuvent communier à une Liturgie orthodoxe. Dans l’Orthodoxie, il y toujours des " exceptions ", des dérogations à une règle générale (qu’on dit être faites " par économie "), décisions prises en fonction des circonstances particulières. Ces exceptions ou dérogations faites par économie ne changent pas pour autant la règle générale, mais sont faites en vue du bien des personnes concernées, le but de l’Église étant de fournir les moyens de salut aux fidèles et non pas de mettre des barrières indues.

Je ne peux que spéculer pourquoi on vous a permis de communier en Syrie. Voici quelques raisons possibles : peut-être que vous n’aviez pas accès facilement ou du tout à des offices et la messe de l’Église catholique – ce qui constitue, à l’inverse, pour un orthodoxe, une motivation suffisante de demander la permission de communier à la messe catholique (ce qui aussi n’est pas normalement permis). Ou peut-être c’était dans un souci local d’oecuménisime, surtout que vous étiez une étrangère, alors que peut-être on n’aurait pas accorder la permission de communier à un indigène non orthodoxe. Aussi, au Liban et en Syrie, il y a de nos jours un rapprochement important des Églises orthodoxe et catholique, qui sont de loin en avance sur les autres branches de leurs Églises respectives. Une décision de cette nature doit normalement être prise par l’évêque responsable, à qui incombe la direction pastorale des membres de l’Église locale.

Alors il ne faut pas s’attendre que ce qui était permis en Syrie le soit nécessairement à Montréal. Comme vous le savez, la communion dans l’Église orthodoxe est toujours nominale, le prêtre dit le nom de la personne et s’il ne connaît pas une personne qui se présente pour la communion, il doit non seulement demander son nom, mais s’assurer que la personne est orthodoxe.

Oui, c’est une grande déception et une grande souffrance, que nous, catholiques et orthodoxes, qui sont quand même si proche en matière de foi, ne peuvent pas communier ensemble. C’est un des prix que nous payons pour la faiblesse humaine à l’intérieur même de l’Église. Comme je vous ai dit, pour moi l’intercommunion sera le résultat et le signe du rétablissement d’une vraie unité entre nos Églises.

Il est vrai que l’Église catholique admet les orthodoxes la communion. Mais il s’agit d’une décision prise sans consultation avec l’Église orthodoxe et qui ne change pas la règle générale pour les orthodoxes, qu’ils doivent communier seulement dans une Église orthodoxe – mais, comme j’ai dit, il peut toujours avoir des exceptions, pour cause d’ " économie ".

CONCILES ŒCUMÉNIQUES – VIIIe

L’Orient et l’Occident n’ont pas la même vision sur l’événement qui constitue le " huitième concile œcuménique : pour l’Église orthodoxe, il s’agit du Concile de Constantinople de 879 ; pour l’Église catholique, du Concile de Constantinople de 869-70. Tout dépend de l’interprétation du soi-disant " schisme de Photius ". Voici le résumé de Mgr Kallistos Ware d’une situation fort complexe :

" En 869, un nouveau concile, connu sous le nom de concile anti-photien, fut tenu à Constantinople. Il condamna et anathémisa Photius, réaffirmant les décisions de 867 [déposition de Photius comme Patriarche de Constantinople et nomination d’Ignace à sa place]. Ce concile, reconnu plus tard en Occident comme VIIIe Concile Œcuménique, s’ouvrit en présence de douze évêques seulement ; par la suite cependant, certaines séances en comptèrent jusqu’à 103. […] À Constantinople, Ignace et Photius se réconcilièrent et, à la mort d’Ignace, en 877, Photius lui succéda de nouveau au siège patriarcal. En 879, un autre concile se tint à Constantinople, réunissant 383 évêques… Le concile de 869 fut anathématisé ; toutes les condamnations contre Photius furent annulées et ces décisions furent acceptées par Rome sans protestation ". L’Orthodoxie, L’Église des sept Conciles, Cerf/Le sel de la terre, 2002, p. 77.

Mgr Kallistos ne mentionne pas que le concile de 879 avait réaffirmé le Symbole de Nicée-Constantinople sans altération, indirectement condamnant le Filioque. C’est sans doute pour cette raison que le concile a été répudié par Rome. Pour une raison que j’ignore, pas tous les Orthodoxes acceptent le concile de 879 comme " VIIIe " Concile œcuménique – comme l’atteste le titre de la version française du livre de Mgr Kallistos Ware (le titre de l’original anglais est simplement : The Orthodox Church).

Je crois que le texte suivant résume bien la situation :

Eighth Ecumenical Council From OrthodoxWiki

http://www.orthodoxwiki.org/Eighth_Ecumenical_Council

The Eighth Ecumenical Council was a reunion council held at Constantinople in 879-880. This council was originally accepted and fully endorsed by the papacy in Rome (whose legates were present at the behest of Pope John VIII), but later repudiated by Rome in the 11th century, retroactively regarding the robber council of 869-870 to be ecumenical. The council of 879-880 affirmed the restoration of St. Photius the Great to his see and anathematized any who altered the Nicene-Constantinopolitan Creed, thus condemning the Filioque.

[edit]Ecumenical?

This council is not regarded as ecumenical by all Orthodox Christians, but some major voices in the Orthodox world do so, including 20th century theologians Fr. John S. Romanides and Fr. George Metallinos (both of whom refer repeatedly to the "Eighth and Ninth Ecumenical Councils"), Fr. George Dragas, Metropolitan Hierotheos (Vlachos) of Nafpaktos.

Further, the Encyclical of the Eastern Patriarchs [1848] refers explicitly to the "Eighth Ecumenical Council" regarding the synod of 879-880 and was signed by the patriarchs of Constantinople, Jerusalem, Antioch, and Alexandria as well as the Holy Synods of the first three.

Those who regard these councils as ecumenical often characterize the limitation of Ecumenical Councils to only seven to be the result of Jesuit influence in Russia, part of the so-called "Western Captivity of Orthodoxy."

Pour plus d’informations, je vous réfère à l’article suivant: Fr. George Dion. Dragas, "The Eighth Ecumenical Council: Constantinople IV (879/880) and the Condemnation of the Filioque Addition and Doctrine", Greek Orthodox Theological Review, Vol. 44, Nos. 1-4, 1999, en ligne à : http://www.geocities.com/trvalentine/orthodox/dragas_eighth.html. Père Dragas est bien respecté parmi les historiens orthodoxes contemporains.

Sur le même site, un point de vue plus "conservateur" de la situation : http://www.geocities.com/trvalentine/orthodox/8-9synods.html

CONCORDANCE

Malheureusement je ne suis pas en mesure de vous envoyer une Concordance, mais il existe un logiciel biblique disponible gratuitement sur internet qui contient une Concordance. Il s’agit du " BibleOnLine " et vous pouvez télécharger la version française, avec la traduction de la Bible de Louis Segond, à partir de l’adresse suivante : http://www.geocities.com/Athens/Delphi/5909/index.htm. J’espère que vous pourriez le télécharger et vous en servir. Dans mon expérience, c’est un outil très puissant et utile pour trouvez des références bibliques.

CONFESSION

La confession est à la fois l’acte de reconnaître son état de pécheur, d’avouer ses fautes avec contrition et de se remettre sur la voie de la conversion, et aussi de " confesser " le Seigneur qui est bon, de reconnaître sa miséricorde infinie. Par la confession, les péchés commis après le baptême sont pardonnés et le pécheur est réconcilié avec l’Église.

Dans la pratique orthodoxe, il n’y a pas de " confessionnal ", mais le prêtre et le pénitent restent debout, souvent devant une table ou un lutrin sur lequel sont placées une croix et l’Évangéliaire. Après avoir reconnu ses péchés, le pénitent s’agenouille ou s’incline la tête et le prêtre place l’étole sur sa tête pendant qu’il prononce la formule de l’absolution, faisant le signe de croix sur la tête du pénitent à la fin. L’imposition d’une pénitence n’est pas obligatoire, mais il arrive que le prêtre propose des conseils spirituels aux fidèles.

L’absolution est toujours individuelle et personnelle ; il n’y a pas, au moins à ma connaissance, d’ " absolution collective ". Il peut avoir une préparation collective à la confession – c’est ce qui se fait, par exemple, une fois par mois, le samedi soir aux vêpres, à la paroisse orthodoxe Signe de la Théotokos à Montréal, mais l’absolution est individuelle.

Vous trouverez le rituel du sacrement de la pénitence à la section " Liturgie " des Pages Orthodoxes La Transfiguration .

CONFESSION – TEXTES LITURGIQUES EN ANGLAIS

Vous trouverez les textes liturgiques en anglais ici :

http://www.biserica.org/Publicatii/ServiceBook/ (anglais moderne)

http://www.geocities.com/athens/rhodes/5168/sjcli.html (anglais " élisabéthain ")

Confession : http://www.orthodox.net/confess/index.html et http://www.fatheralexander.org/booklets/english/penance.htm (texte de l’office).

CONFESSION – FORMULES DU PÉNITENT

L’office complet de la confession dans l’Église orthodoxe prévoit deux " formules " récitées par le pénitent avant la confession des péchés : " J’ai péché, Seigneur, pardonne-moi ; mon Dieu, aie pitié du pécheur que je suis." Et puis après une prière du prêtre : " Père, Seigneur du ciel et de la terre, je te confesse tous les secrets de mon âme et de mon cœur et toutes les fautes visibles que j’ai commises jusqu’à présent. Et je t’en demande pardon, à toi le Juge juste et miséricordieux, ainsi que la grâce de ne plus pécher ". En pratique, l’office complet n’est pas suivi souvent, mais on utilise plutôt l’office abrégé qui ne prévoit pas de formule de la part du pénitent, seulement la confession des péchés. Plus important qu’une formule est la préparation du pénitent pour la confession : l’examen de conscience, la récitation privée du Psaume 50 (51)…

CONFLITS DANS L’ÉGLISE

Dès le début de l’Église, il y a eu des conflits entre ceux qui la dirigent. Le plus souvent ces conflits sont occasionnés par la faiblesse humaine : nous sommes tous des pécheurs, dans un état d’exil et de chute par rapport au Paradis, l’union de l’homme avec Dieu, et cette faiblesse touche même l’institution que Dieu, par le Christ et l’Esprit Saint, nous a confiée comme instrument de notre salut. On ne peut pas éviter d’être conscient des conflits dans l’Église, mais en même temps il est important, je crois, d’être constamment conscient que l’Église est plus que tel ou tel fidèle, prêtre ou évêque en conflit avec ses frères, que c’est le Christ lui-même qui est la tête de l’Église, et que l’Église ne connaître sa perfection que dans le royaume de Dieu. Dans la mesure du possible, il me semble que le fidèle doit éviter de prendre part aux conflits, de ne pas " entrer en jugement " de l’un ou l’autre partie des conflits, mais plutôt de rester dans la prière sincère et ardente pour les antagonistes – qui peuvent être les deux aussi sincères l’un de l’autre dans la recherche de Dieu et de la Vérité, sans se rendre compte de leurs propres faiblesses humaines.

CANONS – ANGE GARDIEN ET PÉNITENTIEL

Merci de votre courriel concernant les canons à l'ange gardien et le " canon pénitentiel ".

Je ne suis pas certain si le premier a été édité en français, mais il existe une traduction de l'Acathiste à l'ange gardien, d'origine slave également :

Hymne Acathiste au Saint Ange Gardien, © Editions Bénédictines, Rue Emile Guinnepain, 36170 Saint-Benoît-du-Sault (France). (Voir des extraits ici-bas).

J'ai trouvé une traduction du Canon à l'ange guardian en anglais: http://pages.prodigy.net/frjohnwhiteford/angel.htm.

Pour ce qui est du " canon pénitentiel ", on appelle " canon pénitentiel " le Grand canon de saint André de Crète, mais j'imagine que ce n'est pas le Grand canon que vous cherchez. Il y a cependant un autre canon attribué à saint André de Crète et connu un Russie sous le nom de " Pokajanen ", qui a été mis en musique par Arvo Pärt. Je vous envoie ci-joint la traduction française de ce canon - est-ce bien celui-là ? L'enregistrement de cette composition est disponible sur le marché, si jamais cela vous intéresse.

CONVERSION/REPENTANCE

Dans la tradition orthodoxe, la conversion, de même que la nouvelle naissance, le baptême d’eau et d’esprit, sont à la fois des événements uniques dans notre vie et un processus de devenir qui dure toute la vie. Selon les Pères, l’homme est créé " à l’image " de Dieu et son devoir pendant sa vie est d’acquérir la " ressemblance ", ce qui nécessite une collaboration entre Dieu et l’homme, caractérisé par le mot " synergie ". Nous croyons que nous ne devons dire " je suis sauvé " ou " il est sauvé ", car la grâce divine, l’inhabitation de l’Esprit Saint en nous, est précaire ; nous sommes fragiles et pouvons, hélas, par trop facilement, perdre la grâce de notre initiation chrétienne. Donc la conversion doit être un attitude permanent de chaque chrétien. Personnellement, j’aime beaucoup l’attitude des Pères du désert (moines et moniales des 4e et 5e siècles) à ce sujet. Voici quelques " apophtegmes " qui montrent bien cette disposition de l’âme vers la conversion permanente :

Une frère qui avait commis un péché fut chassé de l’église par le prêtre. Alors abba Bessarion se leva et sortit avec lui en disant : " Moi aussi, je suis un pécheur. "

On disait d’abba Sisoès que, lorsqu’il fur près de mourir, les Pères étant assis auprès de lui, son visage brilla comme le soleil. Et il leur dit : " Voici qu’abba Antoine vient. " Et après un petit moment il dit : " Voici que le choeur des prophètes vient. " Et de nouveau son visage brilla avec plus d’éclat et il dit : " Voici que le choeur des apôtres vient. " Et son visage redoubla encore d’éclat et voici qu’il paraissait parler avec quelques interlocuteurs. Et les anciens lui demandèrent : " Avec qui parles-tu, Père ? " Il dit : " Voici que les anges viennent me prendre, et je supplie qu’on me laisse faire un peu pénitence. " Les anciens lui dirent : " Tu n’a pas besoin de faire pénitence, Père. " Mais il leur dit : " En vérité, je n’ai pas conscience d’avoir commencé. " Et tous reconnurent qu’il était parfait. Et à nouveau son visage redevint subitement comme le soleil, et tous furent saisis de crainte.

Abba Poemen a dit encore : Il y a une voix qui crie à l’homme jusqu’à son dernier souffle : " Aujourd’hui, convertie-toi. "

Un frère dit à abba Théodore : " Dis-moi une sentence, car je suis perdu. " Avec effort l’ancien lui dit : " Je suis moi-même en péril, que pourrais-je te dire ? "

Pour mieux comprendre la conversion dans la spiritualité orthodoxe, vous pouvez consultez les " Pages Métanoïa " aux Pages Orthodoxes – métanoïa étant justement le mot grec qui veut dire " retournement, conversion ". Il y des textes bibliques et liturgiques, ainsi que des écrits patristiques et modernes.

Pour l’Église orthodoxe, le Grand Carême est la période liturgique où se manifeste spécialement la nécessité de conversion – et de pénitence – et il y plusieurs textes sur le Carême (le Grand Canon de Saint André, le jeûne, la Liturgie des Présanctifiés etc.). La meilleure façon d’entrer dans l’expérience de l’Église orthodoxe est d’assister aux offices du Carême, dont certains sont de nature " pénitentiel " - notamment le Grand Canon de Saint André et la Liturgie des Présanctifiés. Le texte complet du Grand Canon figure aux Pages Orthodoxes, ainsi qu’un excellent commentaire sur la Liturgie des Présanctifiés. Le Grand Canon est habituellement célébré dans les paroisses la première semaine du Carême et la Liturgie des Présanctifiés les mercredis ou les vendredis en soirée pendant le Carême.

En fait, beaucoup d’entre nous passent par des périodes de " perte de grâce ", souvent à cause de notre aveuglement spirituel, par manque d’expérience, comme vous dites, mais aussi par choix de valeurs mondaines plutôt que spirituelles. La vie spirituelle est une longue lutte contre les forces, en nous et à l’extérieur, qui cherchent à nous faire descendre et à rester dans les ténèbres, alors que notre cœur souhaite au plus profond de lui-même de chercher Dieu, de vivre selon la volonté divine et ainsi accomplir notre destin sur terre. Il est par trop facile de s’égarer du bon chemin, et c’est déjà une grande grâce que de reconnaître que nous nous sommes égarés et que c’est le temps de revenir vers Dieu – pensons au parabole du fils prodigue. Le Seigneur nous attend à bras ouverts, il envoie ses serviteurs à notre rencontre avec des présents, il cherche lui-même à nous faire reconnaître le bon chemin qui mène à lui. Ce qui est important n’est pas le fait que nous nous sommes égarés, mais de reconnaître, d’accepter et de répondre aux appels du Seigneur.

COULEURS LITURGIQUES

Bien que les couleurs des vêtements liturgiques ont une signification dans l’Église orthodoxe, il y a peu de " règles " fixes en ce domaine – c’est ainsi que les prêtres co-célébrant une liturgie peuvent porter des couleurs différents. Typiquement, le blanc (ou encore le doré) est indiqué pour Pâques et le temps pascale, le bleu pour les fêtes de la Mère de Dieu, le noir ou le rouge sombre pour le Grand Carême et le vert pour la Pentecôte. À d’autres occasions, l’usage varie beaucoup. Voici ce qu’en écrit le père Denis Guillaume dans le " Spoutnik " :

" Couleurs liturgiques : L'Église orthodoxe n'impose aucune règle pour la couleur des ornements selon le temps de l'année liturgique. Il y a seulement, au niveau des Eglises locales, quelques usages communs: ainsi le rouge sombre et le noir sont utilisés pour les Présanctifiés et pour certains offices du Carême et de la Semaine Sainte. Les couleurs claires ou brillantes (blanc, or, turquoise, vert, azur, vermillon) accompagnent les autres circonstances. En Russie, au temps de Pierre le Grand, le noir fut de règle pour les funérailles, sous l'influence occidentale, et l'usage en subsista jusqu'à la Révolution de 1917, pour les enterrements et pannychides en dehors du temps pascal. L'emploi du blanc ou de l'or pour les funérailles convient mieux pour exprimer notre foi en la vie éternelle et la résurrection. Les Grecs utilisent ces couleurs dès le Vendredi Saint, car la Vie doit jaillir du tombeau. Pour Pâques, les Russes emploient maintenant le rouge, leur " belle couleur ". Pour les fêtes de la Mère de Dieu, ils emploient le bleu. Pour certaines fêtes comme l'Epiphanie et la Pentecôte, ils emploient le vert. Le Samedi Saint, dans les églises russes, il est d'usage pour les officiants de changer d'ornements entre l'épître et l'évangile afin de symboliser, par le passage d'une couleur sombre à une couleur claire ou brillante, le passage du deuil à la joie, à la suite des myrophores recevant l'annonce de la Résurrection ".

CRAINTE DE DIEU

L’expression " crainte de Dieu " revient souvent dans l’Ancien Testament (très peu dans le Nouveau Testament), chez les Pères, en particulier les Pères ascétiques, et dans certains offices liturgiques. Il est également présent dans l’invitation aux fidèles de s’approcher pour recevoir la Sainte Communion à la Divine Liturgie : " Avec crainte de Dieu, foi et amour, approchez ", dit le prêtre en présentant le calice aux portes saintes de l’iconostase : la crainte de Dieu est tempérée par la foi et l’amour. De nos jours, l’expression " crainte de Dieu " peut évoquer une image d’un Dieu punisseur, vengeur, qu’on doit craindre à cause de nos péchés, image typique du christianisme du moyen-âge en Occident, qui tend à réduire Dieu et le christianisme à une moralité autoritaire. Comme vous le dites bien, cette image de Dieu ne semble pas se concorder avec l’idée de Dieu comme " amour et tendresse ", que l’on retrouve également dans l’Ancien Testament, par exemple dans le Psaume 102 (103) : " Le Seigneur est miséricordieux et compatissant, longanime et riche en bonté " (v. 8). C’est le Nouveau Testament qui affirme sans équivoque que " Dieu est Amour " (1 Jean 4, 8 et 16) et encore  : " Il n’y a pas de crainte dans l’amour ; au contraire, le parfait amour bannit la crainte, car la crainte suppose un châtiment, et celui qui craint n’est pas consommé en amour " (1 Jean 4, 18).

Comment donc comprendre la " crainte de Dieu " dans la vie spirituelle du chrétien ? Personnellement, je pense que plusieurs interprétations sont possibles, qui peuvent être valables à différents moments de la vie spirituelle. Premièrement, dans l’esprit de saint Jean dans sa première épître, on peut simplement entendre (et substituer) " amour " à la place de " crainte ". Mais d’autres compréhensions sont possibles : la crainte de perdre l’amour de Dieu, la crainte de ne pas aimer Dieu comme on doit l’aimer (" de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta force, de tout ton esprit " (Luc 10,27), de ne pas s’être repenti suffisamment de ses péchés. Aussi, il y a sentiment mystique qui est à fois la crainte et l’émerveillement de l’âme devant le mystère insondable de Dieu qui surpasse toute compréhension, un sentiment que l’on retrouve reflété dans les récits des expériences des grands mystiques…

CROIX ORTHODOXE

Je vous envoie aussi une image qui comprend les deux types de croix les plus communs dans l’Église orthodoxe, la croix " grecque " ou " byzantine " (à l’extérieur, avec les extrémités arrondies), et la croix slave (à l’intérieur). La forme de la croix grecque rappelle l’architecture des églises de style byzantin, alors que la croix slave évoque plus explicitement le mystère de la Crucifixion. La barre supérieure de la croix slave est celle de l’inscription, celle du milieu, là où étaient clouées les mains du Seigneur, et celle du bas, toujours inclinée vers la droite du Seigneur, nous rappelle le bon larron, qui s’est repenti sur la croix et auquel Jésus a dit qu’il serait avec lui ce jour-même au paradis (Luc 23, 39-43).

DÉCOURAGEMENT – VOIR ACÉDIE

DÉMONS – PUISSANCES DES TÉNÉBRES – MAGIE VAUDOU

Il ne faut croire que les puissances des ténèbres aient un pouvoir sur vous par les pratiques de la magie vaudou. Les démons n’ont aucun pouvoir sur ceux qui croient en Jésus Christ et qui l’invoquent avec piété et amour. Vous pouvez, chaque fois que vous vous sentez assaillie par ces forces du mal, invoquer notre Seigneur Jésus Christ, par exemple, par une prière simple comme celle-ci :

Seigneur, Jésus Christ, Fils de Dieu, aie pitié de moi.

Vous pouvez aussi demander la protection de la Vierge Marie, la Très-Sainte Mère de Dieu, par exemple par une invocation comme celle-ci :

Très-Sainte Mère de Dieu, Vierge toute-pure, intercède pour nous.

DEVENIR ORTHODOXE

Une très grande majorité des orthodoxes actuels de souche " occidentale " sont des " convertis ", des personnes qui faisant partie d’une autre Église chrétienne, ou d’aucune. Beaucoup ont découvert l’Orthodoxie pendant une recherche spirituelle personnelle ; attirées en premier lieu par un aspect en particulier de l’Orthodoxie, par exemple, la Liturgie, ou les icônes, ou la Prière de Jésus, elles ont approfondi leur rencontre avec la Tradition de l’Église orthodoxe pour découvrir toute la richesse spirituelle qui s’y trouve. Non que l’Église orthodoxe soit sans défaut, mais qu’il y a en dépit de certaines faiblesses une profondeur qui rejoint les aspirations spirituelles de beaucoup – et certainement de beaucoup de personnes dans le désert spirituel du monde industrialisé occidental.

Il est normal de se sentir attiré la beauté des divers aspects de la Liturgie orthodoxe – c’est une autre façon d’exprimer le " sens du sacré " qui se manifeste par les chants, les icônes, les vêtements liturgiques, les encensements, les bougies, les gestes du clergé et des fidèles. En apparence, les fidèles orthodoxes participent moins " activement " aux liturgies que ceux d’autres Églises chrétiennes ; c’est un reflet de l’aspect intériorisant du rituel orthodoxe : on peut participer pleinement sans dire un mot ou chanter une note.

L’Église orthodoxe reçoit des personnes venant d’autres Églises chrétiennes, d’autres religions ou sans religion. Les personnes non-baptisées sont reçues par les sacrements de l’initiation chrétienne : le baptême (avec les exorcismes), la chrismation (ou confirmation) et l’eucharistie. La chrismation sert souvent de rituel d’admission dans l’Église orthodoxe pour ceux qui viennent d’autres Églises chrétiennes – mais la pratique varie d’une juridiction à une autre ; certaines juridictions peuvent, par exemple, suggérer ou permettre un nouveau baptême si la personne le désire. Aussi la pratique normale veut qu’une personne qui souhaite devenir orthodoxe passe un certain temps comme catéchumène, participant à la vie liturgique de la communauté en tant que candidate et apprenant les éléments importants de la foi et de la vie liturgique et spirituelle orthodoxes. Il n’y a pas de règle fixe quant à la durée du catéchuménat ; ceci est déterminé en fonction de la personne, en consultation avec le prêtre qui la suit dans son cheminement.

Ce qui est essentiel est d’être associé à une communauté orthodoxe, normalement une paroisse. C’est donc la pratique de la communauté et de son chef spirituel qui détermine la procédure pour devenir plein membre de la communauté.

Je recommande vivement de faire son cheminement vers l’Orthodoxie dans une Église " canonique ", c’est-à-dire une Église en communion avec le Patriarcat œcuménique de Constantinople. Vous savez sans doute maintenant qu’il existe dans l’Orthodoxie des Églises ou juridictions qui ne sont pas canoniques, souvent des groupes en rupture avec l’Église nationale principale. En France, il existe des paroisses d’expression française dans plusieurs juridictions canoniques, par exemple celles de Constantinople, de Roumanie et de Moscou.

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Je ne suis pas certain de votre statut en ce qui concerne l’Église orthodoxe ; normalement un des époux doit être orthodoxe pour être marié dans l’Église orthodoxe. En tout cas, père X a bien voulu célébrer votre mariage : vous pouvez lui demander de recevoir votre confession également (souvent cela se fait avant le mariage). Dans l’Église orthodoxe, il y a une tradition (pas universelle il faut le reconnaître), selon laquelle une personne qui reçoit un sacrement dans l’Église orthodoxe peut être considérée orthodoxe. Si vous n’avez pas été formellement reçue dans l’Église orthodoxe, vous pouvez demander au père X qu’est-ce qu’il en est selon lui.

DIPTYQUE

En ce qui concerne une offrande pour la Divine Liturgie (Messe), la pratique dans l'Église orthodoxe diffère de celle commune dans l'Église catholique : il n'est pas habituel pour les fidèles de demander spécifiquement la célébration d'une Liturgie pour une intention unique, car généralement le célébrant a toujours plusieurs intentions en vue. Les fidèles demandent que leurs intentions soient incluses parmi celles-ci, généralement en utilisant un " diptyque ", feuille(s) ou même petit livret comportant deux colonnes ou parties, l'une pour les vivants, l'autre pour les défunts. Les noms contenus sur le diptyque sont normalement lus par le célébrant à l’autel de la Préparation avant le début de la Divine Liturgie (dans la tradition roumaine, pendant la Liturgie même). Dans la tradition slave, le diptyque est souvent accompagné de l’offrande par les fidèles d'une " prosphore ", petit pain rond semblable à celui utilisé pour la Communion ; le prêtre en prélève une ou deux petites parcelles qui sont alors ajoutées aux parcelles de pain prévues pour la consécration et la communion. Le reste de la prosphore est alors retournée au fidèle en tant que pain béni (mais non consacré). Voir l’office de la Préparation de la Divine Liturgie ou Proscomédie (http://www.pagesorthodoxes.net/liturgie/chrysostome1.htm ).

Je suis moi-même laïc et j’inscris les noms des personnes pour lesquelles on me demande de prier sur mon diptyque personnel, pour une période de quelques semaines.

DISCIPLES D’EMMAÜS

Merci pour votre question concernant les " disciples d’Emmaüs " (Luc 24, 13-35). En premier lieu, dans les apparitions du Christ après sa Résurrection, les disciples ne reconnaissent pas le Seigneur au premier abord, mais seulement sur une parole ou un signe – voir l’apparition à Marie Madeleine (Jean 20, 11-18) et au bord du lac de Tibériade (Jean 21, 1-13). Tout en restant identique à lui-même, le corps ressuscité du Christ est dans un état nouveau – l’état glorifié – , qui modifie sa forme extérieure et l’affranchit des conditions sensibles de ce monde.

On peut voir dans l’explication des disciples de ce qui s’est passé à Jérusalem (Luc 24, 19-24), un manque de foi ou de compréhension en ce qui concerne et la Passion du Seigneur et sa Résurrection. Les premiers mots de Jésus sont justement une reproche de leur manque de foi (vv. 25-26). Puis suit l’explication des Écritures. Mais toujours les disciples ne reconnaissent pas le voyageur comme le Christ. C’est seulement aux repas, le partage dans l’amour, qu’ils le reconnaissent (v. 31).

Les pères ont vu dans cet événement un symbole de l’Eucharistie : la liturgie de la parole (explication de l’Écriture), suivi de la liturgie de l’offrande (la bénédiction, la fraction du pain et la partage de l’offrande). Le Christ se révèle dans la fraction du pain, la communion, mais pas dans la Parole : un avertissement que la connaissance de la Parole, quoique essentielle, ne suffit pas pour atteindre la vraie connaissance du Christ, qui se fait dans l’Eucharistie, l’action de grâces dans l’amour, supérieure à la Parole. Dans la Divine Liturgie, le Prêtre annonce et commente l’Écriture, mais il ne se substitue pas au pain eucharistique, qui prend son sens et son efficacité par l’action de l’Esprit Saint.

DIVISATION DE L’HOMME

La divinisation de l’homme est un thème théologique et spirituel sur lequel se sont penchés les pères tardifs et aussi les théologiens orthodoxes modernes. Vous pouvez poursuivre la recherche de ce thème avec les livres suivants :

La Divinisation de l'homme selon saint Maxime le Confesseur Par Jean-Claude Larchet, Cerf, 1996.

Cette étude approfondie nous ouvre l’accès à une compréhension de la pensée de Maxime le Confesseur, qualifié de " docteur de la divinisation ", en même temps qu’elle nous introduit au cœur de la christologie et de la mystique orthodoxes.

Mystères, unification et divinisation de l'homme selon Denys l'aréopagite = Mysteries, Unification and Divinization of Man according to Dionysius the Areopagite par DE ANDIA Y., Orientalia christiana periodica  (Orient. christ. period.)  ISSN 0030-5375  1997, vol. 63, no2, pp. 273-332.

L'A. présente une synthèse de la spiritualité et de l'anthropologie religieuse développées par Denys l'aréopagite en se fondant sur ses écrits essentiels comme ici les Consécrations sacerdotales. Après avoir examiné les sacrements comme mystères, l'A. se tourne vers la question de l'unification spirituelle et de la divinisation de l'Homme. C'est pour lui l'occasion d'expliciter la notion d'illumination. Il examine enfin - et c'est la partie la plus longue - les sacrements un à un dans la perspective de cette problématique anthropologique.

L'Eucharistie et la divinisation des chrétiens selon les Pères de l'Eglise, par DESEILLE P. ; Etudie surtout Cyrille d'Alexandrie| explicite quelques présupposés théologiques, Messager Orthodoxe Paris, 1981, vol. 87, no1, pp. 40-56.

Le créé et l'incréé : Maxime le confesseur et Thomas d'Aquin - Aux sources de la querelle palamienne (Broché) de Antoine Lévy ,: 560 pages, Librairie Philosophique Vrin (9 mai 2007)  Collection : Bibliothèque thomiste

La réception du christianisme byzantin par l'Église catholique présente une sorte d'anomalie. Invoquant l'autorité de Thomas d'Aquin, les théologiens occidentaux rejettent généralement l'idée d'une distinction réelle entre l'essence et les énergies divines, tout comme la notion de grâce incréée, laquelle joue un rôle essentiel dans la vision de Grégoire Palamas (XIVe siècle). D'un autre côté, ces mêmes théologiens ont été nombreux à redécouvrir, durant la période récente, la pensée de Maxime le Confesseur (VIIe siècle), voyant en celui-ci un génial précurseur de Thomas d'Aquin. Or que resterait-il de la doctrine de Grégoire Palamas sans le patronage de Maxime le Confesseur? Comment méconnaître l'un et reconnaître l'autre au nom du même Thomas d'Aquin? Ce qui vient ici au jour à travers l'étude des contextes et des enjeux doctrinaux, c'est la coexistence, jusqu'alors insoupçonnée, de deux représentations distinctes du rapport entre le créé et l'incréé. L'Occident latin et l'Orient byzantin n'en finissent pas de comprendre différemment cette foi qui leur est pourtant indiscutablement commune.

DIVORCE

Pour être marié dans l’Église orthodoxe, il faut qu’au moins un des partenaires soit orthodoxe. Un catholique divorcé ayant rejoint l' Église orthodoxe peut se marier dans l’Église orthodoxe. Pour beaucoup de prêtes orthodoxes, un tel mariage serait considéré un premier mariage, pas un second, car on fait une distinction entre un mariage valide et un mariage sacramentel : un mariage civil ou un mariage religieux dans une Église ou confession non-orthodoxe serait vu comme valide mais non sacramentel ; seul un mariage dans l’Église orthodoxe est considéré sacramentel. Cette distinction ne serait pas nécessairement acceptée par tous les prêtres orthodoxes.

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L’Église orthodoxe accepte le fait de l’échec d’un mariage et permet aux fidèles ayant divorcés de se remarier à l’Église, cependant avec un rituel quelque peu différent de celui d’un premier mariage. Ce rituel souligne surtout la nécessité du repentir – d’ailleurs toujours un élément essentiel de la vie spirituelle de tout chrétien – plutôt que la joie du mariage, tel que représentée par les couples bénies de l’Ancien Testament en particulier.

C’est cette reconnaissance de l’échec d’un mariage et le souhait d’assurer que le couple qui se divorce ait néanmoins accès aux moyens de sanctification dans le cadre de l’Église, que l’on appelle " l’économie " de l’Église dans ce cas. Car la pastorale de l’Église orthodoxe est dominée plus par la miséricorde, à l’exemple de la miséricorde divine, que par un souci de légalisme favorisant le mariage unique, qui demeure bien sûr l’idéal. C’est dans cet esprit qu’il n’est pas permis aux prêtres de se remarier, en cas de divorce et même du décès de leur femme.

Voici un extrait sur le divorce de l’Encyclique de l’Église orthodoxe en Amérique sur le mariage (le texte complet de cet encyclique se trouve à la page http://www.pagesorthodoxes.net/mariage/mariage-encyclique.htm ) :

VI. DIVORCE ET REMARIAGE

A. Le Seigneur lui-même condamna expressément le divorce : " Je vous le dis : si quelqu’un répudie sa femme – sauf en cas d’union illégale – et en épouse une autre, il est adultère " (Matthieu 19, 9).

L’Église et ses pasteurs doivent faire tout ce qui est en leur pouvoir pour conseiller ses membres contre le divorce. L’Église ne permet pas plus le divorce que le péché ; elle ne saurait permettre ce que le Seigneur a expressément condamné.

L’Église peut montrer sa miséricorde et, le fait ; elle accorde son pardon et sympathise avec les couples qui doivent envisager la grave alternative du divorce afin de sauver leurs vies des tragiques circonstances d’un mariage brisé. Dans de telles situations douloureuses, l’Église offre le choix du repentir et du pardon avec la possibilité d’un nouveau commencement, tout en laissant au Seigneur le soin d’un jugement final. En de tels cas, les pasteurs doivent tendre à limiter les dommages causés à la vie spirituelle du couple et de leurs enfants.

B. La permission de se remarier selon l’office du second mariage peut éventuellement être accordée aux personnes divorcées.

Quand des personnes ayant obtenu un divorce civil demandent une clarification de leur statut dans l’Église, le prêtre doit écrire un rapport de toute la question à l’évêque diocésain du lieu. Il doit rédiger clairement son analyse de la situation et avancer des suggestions précises d’action par l’évêque. Dans son analyse, il doit non seulement tenir compte du statut formel des personnes impliquées, mais encore de leur condition spirituelle complète. La décision hiérarchique pouvant retenir, rejeter ou modifier les recommandations du pasteur, donnera les raisons qui la motivent. Une période de pénitence peut être imposée à l’un comme aux deux partis d’un mariage qui s’est terminé en un divorce.

Vous trouverez d’autres textes sur le mariage et la vie chrétienne dans le monde à partir de cette page : http://www.pagesorthodoxes.net/mariage/mariage-intro.htm

DORMITION DE LA MÈRE DE DIEU

La Dormition de la Mère de Dieu est la même fête que l’Assomption dans l’Église romaine et elle est célébrée le même jour, le 15 août. L’appellation " Dormition " souligne en quelque sorte une attitude un peu différente entre l’Église d’Orient et l’Église d’Occident en ce qui concerne cette fête et la place qu’occupe la Mère de Dieu dans la prière des Églises et la piété des fidèles.

Bien qu’il n’y a aucun fondement biblique concernant l’assomption de la Mère de Dieu au ciel, la mémoire de l’Église a toujours accepté que le corps de la Sainte Vierge a été glorifié immédiatement après sa mort ou " dormition " et enlevé au ciel ; elle est au-delà de la mort et du jugement et vit déjà dans le siècle à venir. La Dormition de la Mère de Dieu, célébrée le 15 août, la dernière des grandes fêtes de la l’année liturgique, est fêtée par l’Église orthodoxe comme une seconde Pâque, la résurrection de celle qui est déjà unie au Christ : la Mère de Dieu est l’icône de la glorification des saints de tous les temps.

L’Église orthodoxe et les fidèles honorent et vénèrent la Mère de Dieu comme la plus parfaite des créatures de Dieu, " plus vénérable que les Chérubins et incomparablement plus glorieuse que les Séraphins ", selon les mots de l’Hymne à la Mère de Dieu. Le titre complet de la Vierge utilisé dans les offices orthodoxes est " notre toute-sainte, immaculée, toute bénie et glorieuse Souveraine, la Mère de Dieu et toujours Vierge Marie ", appellation reflétant bien la piété orthodoxe envers celle qui " a enfanté Dieu le Verbe " et qui a donc été l’instrument nécessaire à l’Incarnation et ainsi à salut de toute l’humanité.

Voici aussi un extrait du livre par Un moine de l’Église d’orient (Père Lev Gillet) : L’An de grâce du Seigneur - un commentaire de l’année liturgique byzantine (Les Éditions du Cerf, 1988) :

La Dormition de Notre-Dame la Très Sainte Mère de Dieu

La troisième des grandes fêtes d'été est la commémoration de la mort de la Bienheureuse Vierge Marie, appelée en langage liturgique la " Dormition " de Notre-Dame [64]. C'est, du point de vue liturgique, la plus importante des fêtes de la Vierge. Elle est précédée par un jeûne de deux semaines, le " Carême de la Mère de Dieu ", analogue à celui qui précède la fête de Saint Pierre et Saint Paul ; ce carême commence le 1er août et dure jusqu'au 14 août inclus. La fête elle-même a lieu le 15 août.

Beaucoup de traits de cette fête sont empruntés à d'autres fêtes de la Vierge. Ainsi l'évangile de matines est celui qui relate la visite de Marie à Élisabeth (Lc 1, 39-56). L'épître (Ph 2, 5-11) et l'évangile (Lc 10, 38-43 – 11, 27-28) de la liturgie sont ceux que nous lisons le 8 septembre, le jour de la Nativité de Marie ; nous prions nos lecteurs de se reporter à ce que nous avons déjà dit de ces textes [65]. On remarquera que les portions de l'Écriture lues le 15 août ne font aucune allusion à la mort de la Sainte Vierge. C'est dans les chants des vêpres et des matines qu'il faut chercher la signification particulière que l'Église attribue à la fête du 15 août.

Cette signification est double. Elle se trouve exactement exprimée dans cette phrase chantée aux vêpres : " La source de vie est mise au sépulcre et son tombeau devient l'échelle du ciel ". La première partie de la phrase – " la source de vie est mise au sépulcre " – indique que nous commémorons la mort de la très sainte Vierge. Si nous célébrons pieusement, chaque année, les anniversaires de la mort du Précurseur, des apôtres et des martyrs, à plus forte raison célébrons-nous la mort de la Mère de Dieu, qui est aussi notre mère, et qui dépasse en sainteté et en gloire tous les élus [66]. Mais la fête du 15 août est plus que la commémoraison de la mort de Marie. La deuxième partie de la phrase dit : " … et son tombeau devient l'échelle du ciel ". La tombe de quiconque est mort dans le Christ est, d'une certaine manière, une échelle qui conduit au ciel. Cependant le cas de Marie est exceptionnel. Les textes liturgiques que nous chantons impliquent autre chose : " Ouvrez larges vos portes et… accueillez la Mère de la lumière intarrissable… Car, en ce jour, le ciel ouvre son sein pour la recevoir… Les anges chantent ta très sainte Dormition… que nous fêtons avec foi… Que tout fils de la terre tressaille en esprit… et célébre dans la joie la vénérable Assomption de la Mère de Dieu ". On le voit, il ne s'agit pas seulement de la réception de l'âme de Marie dans le ciel. Quoique la fête du 15 août ne porte pas, dans le calendrier liturgique byzantin, le nom de fête de l'Assomption (comme c'est le cas dans l'Église latine), nos textes expriment la croyance en l'assomption corporelle de Marie. Selon cette croyance, le corps de Marie n'a pas connu la corruption qui suit la mort ; il n'est pas resté dans le tombeau ; Marie ressuscitée a été transportée au ciel par les anges (l'Assomption diffère de l'Ascension en ce que le Christ s'est élevé lui-même au ciel).

L'Assomption de Marie est située en dehors – et au-dessus – de l'histoire. La croyance en l'Assomption ne s'appuie ni sur un récit biblique, ni sur des témoignages historiques scientifiquement recevables [67]. Elle n'a été l'objet d'aucune définition dogmatique. L'Église n'a, jusqu'ici, imposé à aucun fidèle d'affirmer le fait de l'Assomption corporelle de Marie. Mais, si l'affirmation (intérieure ou extérieure) n'est pas exigée par l'Église, on peut dire que la conscience orthodoxe considérerait la négation active de l'Assomption non seulement comme une témérité, mais comme un blasphème. D'ailleurs, comment nier un fait qui n'est susceptible d'aucune vérification historique ? La croyance en l'Assomption ne se fonde pas sur des preuves documentaires. La conscience catholique, éclairée par le Saint-Esprit, s'est peu-à-peu persuadée que, si " le salaire du péché, c'est la mort (Rm 6,23) ", Marie a dû remporter sur la mort une victoire spéciale [69]. Ainsi que Jésus (et toutes proportions gardées), elle a été glorifiée dans son corps. C'est cette glorification de la toute pure et toute sainte Mère de Dieu dans son âme et dans sa chair – et non point tel ou tel symbolisme matériel et telles ou telles circonstances historiques – qui constitue l'objet de la fête du 15 août.

L'Assomption est la fête, non seulement de Marie, mais de toute la nature humaine. Car, en Marie, la nature humaine a atteint sa fin. Une semaine après le début de l'année liturgique nous célébrons la naissance de la très Sainte Vierge. Deux semaines avant la fin de l'année liturgique, nous célébrons la mort et la glorification de Marie. Ainsi, associé et subordonné au cycle de la vie de Jésus, le cycle de la vie de Marie manifeste le destin et le développement d'une nature humaine entièrement fidèle à Dieu. Avec Marie, c'est le genre humain qui est emporté et reçu au ciel. Marie a des privilèges qui ne peuvent pas être les nôtres. Mais ce parfait épanouissement de la grâce en Marie, que nous admirons le 15 août, nous suggère quelle pourrait être la ligne de développement d'une âme qui s'appliquerait à faire fructifier en elle-même les grands dons reçus au cours de l'année liturgique, – le don de Noël, le don de Pâques, le don de la Pentecôte.

NOTES :

[64] Les origines de cette fête sot assez obscures. Elle était, en Palestine, célébrée le 15 août dès avant l’an 500. Les Égyptiens la célébraient aussi, mais le 18 janvier. L’observance du 18 janvier passa d’Égypte en Gaule au IV e siècle. Parmi les Grecs, les uns suivaient l’usage palestiniens, les autres l’usage égyptien. Au VII e siècle, l’empereur byzantin Maurice fixa définitivement la fête au 15 août.

[65] Voir chapitre I du tome I.

[66] Nous ne savons ni quand ni quand ni où Marie mourut. Il existait à cet égard deux traditions dans l’antiquité : d’après l’une, Marie serait morte à Jérusalem ; d’après l’autre, elle serait morte à Éphèse.

[67] Certains écrits attribués à l’apôtre Jean, à Meliton de Sardes et à Denys l’Aréopagite proclament l’Assomption de Marie. Mais ces écrits sont apocryphes et datent au plus tôt du Ve siècle. Des sermons de Saint André de Crète et de Saint Jean Damascène parlent aussi de l’Assomption. Mais ces productions du haut moyen âge byzantin, si intéressantes et édifiantes du point de vue spirituel, n’ont aucune autorité sur le plan historique. Nous n’avons pas, relativement à l’Assomption de Marie, ce que nous avons par rapport à la Résurrection de Jésus ; à savoir, des témoignages contemporains, directs et concordant.

[68] Rm 6, 23.

[69] Marie était une créature unique, aussi rapprochée de Dieu qu’il est possible à un être créé. La chair de Jésus était entièrement et seulement la chair de Marie.

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Je vous suggère aussi de consulter le Ménée du mois d’août pour les textes liturgiques (Vêpres et Matines en particulier) de la fête de la Dormition (malheureusement, je n’ai pas ces textes informatisés).

ECOF – ÉGLISE DES GAULES

L’ECOF a une histoire longue et tortueuse. Fondée dans les années 1930, inspirée surtout par le père Eugraph Kovalevsky (Mgr Jean de Saint-Denis), l’ECOF était une tentative d’établir une " orthodoxie occidentale ", en puisant notamment dans l’Église indivise du premier millénaire. Mais son ecclésiologie n’était pas bien fondée, puis il y a des manques de compréhension et des affrontements entre individus et juridictions, avec le résultat que l’ECOF s’est " promené " d’une juridiction à une autre, pour se retrouver, depuis 1993, sans attachement à une Église orthodoxe canonique (en communion avec l’Église de Constantinople). Depuis 1993, beaucoup de prêtres et de communautés se sont dissociés de l’ECOF, qui demeure très marginale à l’orthodoxie. C’est une Église " non-canonique " qui n’arrive pas à résoudre ses problèmes intérieurs.

L’Eglise des Gaules a été formée il y a environ trois ans par des communautés qui auparavant faisaient partie de l’ECOF, puis s’étaient présentées à l’Association des évêques orthodoxes de France, puis étaient rattachées au Patriarcat copte d’Alexandrie, puis ont quitté celui-ci pour se retrouver, comme l’ECOF, sans attache à une autre juridiction. Ces communautés suivent le leadership du père Alphonse Goettmann, responsable de Centre de rencontres spirituels Béthanie en Lorraine. Après tous ces bouleversements, on a décidé de former sa propre Église (l’Eglise des Gaules ) et d’établir une collaboration avec les deux autres petites Églises, aussi non-canoniques (l’Église orthodoxe française et l’Eglise celtique). Béthanie et d’autres communautés apparentées suivent généralement le " rite des Gaules ", reconstitution moderne de l’ancien rite des Gaules, avec des ajouts du rite latin et du rite byzantin.

Autrefois, le Service orthodoxe de presse (SOP) éditait un " Annuaire de l’Église orthodoxe en France ", mais je pense que la dernière édition date de 1994 ! On trouvera des renseignements sur les différentes juridictions présentes en France sur leurs sites web et aussi sur le site www.orthodoxie.com . Aux Pages Orthodoxes La Transfiguration, on trouvera une liste des lieux de culte orthodoxe où les offices sont célébrés en français.

ÉGLISE ASSYRIENNE

À ma connaissance, par l’expression les " Église orthodoxes orientales ", on n’inclut pas cette Église – par exemple cette Église ne participe pas au dialogue " orthodoxe – orthodoxe orientale ". Il s’agit cependant certainement d’une Église " orientale " (même si sa présence en " Orient " est plutôt faible, comme vous le soulignez). Selon Ronald Roberson dans The Eastern Christian Churches, l’Église assyrienne est actuellement divisée en trois branches : L’Église assyrienne d’Orient (qui inclut encore un petit nombre de fidèles en Inde), l’Église catholique chaldéenne et l’Église catholique syro-malabare.

C’est ceci qui est derrière la note 1 du Tableau dans le Bulletin :

" 1 Ce tableau ne tient pas compte de l’Église assyrienne de l’Orient, d’origine nestorienne, maintenant divisée en plusieurs branches, qui ne fait pas partie du groupe d’Églises aujourd’hui appelées les " Églises orthodoxes orientales ".

Ne connaissant pas la situation théologique actuelle de cette Église, je pense que l’expression " d’origine nestorienne " est plutôt exacte. Il semble que de nos jours, la question n’est pas si évidente.

ÉGLISES CANONIQUES ET NON-CANONIQUES

Je ne connais ni le " Synode en Résistance de Mgr Kiprian  (Grèce) " ni le Synode de Slatioara-Roumanie. Ce sont des petites juridictions non-canoniques, c'est-à-dire qui ne sont pas en communion avec les Églises orthodoxes canoniques ; en Grèce, il s’agit de l’Église orthodoxe de Grèce sous l’archevêque d’Athènes Hiéronyme II et en Roumanie, du Patriarcat de Roumanie sous le patriarche Daniel. Voir ces pages :

http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89glise_orthodoxe_de_Gr%C3%A8ce

http://fr.wikipedia.org/wiki/Patriarcat_de_Roumanie

Le critère essentiel de canonicité dans ce sens est d’être en communion avec l’Église de Constantinople, c’est-à-dire le Patriarcat œcuménique. Souvent les juridictions non-canoniques sont en opposition à l’Église orthodoxe canonique de leur pays pour des questions telles que le refus d’accepter le " nouveau calendrier " (le calendrier grégorien ou calendrier civil) pour les fêtes liturgiques à dates fixes, ou pour opposition à l’œcuménisme, ou même pour des raisons qui relèvent de discipline ecclésiastique ou d’ambition personnelle.

Je vous conseille d’avoir des contacts seulement avec des Églises canoniques.

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Je ne connais ni l’" Eglise Orthodoxe Autonome d' Europe Métropole de France ", ni le " American Orthodox Church of America en tant que telles. Ce sont des petites communautés non-canoniques (donc ni reconnues ni en communion avec les Églises orthodoxes canoniques), dont il en existe plusieurs en marge de l’orthodoxie. Elles s’autoproclament " orthodoxes " sans aucun fondement canonique. Les gens qui y sont impliqués sont souvent de bonne volonté, mais ils ne veulent pas se soumettre à la discipline des Églises orthodoxes canoniques. Souvent aussi, ils peuvent donner des enseignements erronés – et aussi s’accorder mutuellement des grands titres ecclésiastiques. Si vous les rencontrez, il vaut mieux le faire en connaissance de cause et être sur ses gardes.

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Vous soulevez des questions qui touchent un des points forts de l’Orthodoxie, qui est en même une source de faiblesse et de conflit : l’organisation même de l’Église orthodoxe. Voici un petit texte qui explique les fondements de la structure de l’Orthodoxie :

Le principe canonique fondamental de l'organisation de l’Église orthodoxe est celui de l'église locale ou territoriale : un seul évêque en un même lieu, formant avec les prêtres et les fidèles un diocèse ; les diocèses vivent leur unité autour de centres d'accord ou de communion entre les églises locales. Il s'agit d'abord des métropoles, puis des Églises autocéphales (c'est-à-dire élisant leur propre primat) ou autonomes (l'élection du primat est confirmée par une Église autocéphale). Les Églises autocéphales correspondent soit à des communautés de civilisation, ayant été ou étant redevenus missionnaires (ainsi Alexandrie pour l'Afrique, Antioche pour le monde sémitique), soit à des communautés nationales. À l'échelle universelle enfin, depuis le schisme du XIesiècle, c'est l’Église de Constantinople, ou le Patriarche œcuménique, dont le siège est à Istanbul (Turquie), qui dispose d'une primauté d'honneur et d'un certain rôle d'initiative et de présidence dans l'ensemble de l’Église orthodoxe.

Se fondant sur le concept de l’église locale, la Tradition orthodoxe a toujours favorisé l’utilisation de la langue locale, la langue parlée par le peuple, comme langue liturgique. Les principales langues liturgiques dans le pays de tradition orthodoxe sont le grec, le slavon, l’arabe, le roumain et l’ukrainien. Le slavon est une langue liturgique utilisée par les l’Églises de Russie, de Serbie et de Bulgarie. Il a été élaboré par les saints Cyrille et Méthode au Xe siècle, au moment de la conversion des premiers peuples slaves au christianisme, et basée sur la langue parlée par le peuple slave autour de Salonique à cette époque. Les communautés orthodoxes occidentales utilisent les langues nationales de leurs pays et les communautés d’immigrés orthodoxes se servent de plus en plus des langues locales, parfois en alternance avec les langues d’origine pour les offices liturgiques.

L’Église orthodoxe comprend aujourd'hui les quatre patriarcats anciens (Constantinople, Alexandrie, Antioche (siège à Damas) et Jérusalem), le patriarcat de Moscou (établi en 1589), les patriarcats de Serbie (1920), Roumanie (1925) et Bulgarie (1953), l'antique Église de Géorgie, dont les origines remontent au IVe siècle, ainsi que les Églises autocéphales ou autonomes dont le primat porte soit le titre d'archevêque (Églises de Chypre, Grèce, Finlande et Albanie), soit celui de métropolite (Église de Pologne, République tchèque et Slovaquie, Amérique et Japon).

Cette organisation canonique en évêchés territoriaux et autocéphales est celle des quatre patriarcats anciens qui avant la séparation de l’Orient et de l’Occident, formaient avec Rome la " Pentarchie ", ainsi que des Églises de constitution plus récente, en Europe de l'Est, généralement situées dans des terres traditionnellement orthodoxes. Cependant, il n'en va pas encore ainsi partout ailleurs. En Europe occidentale, en Amérique du Nord et en Australie, continents où les communautés orthodoxes se sont implantées à plus grande échelle au XXe siècle, l'application du principe territorial ne se trouve qu'à peine ébauchée. Ainsi en 1970 une Église autocéphale a été proclamée en Amérique où l’Église orthodoxe est présente depuis la fin du XVIIIe siècle, mais cette Église, l’Église orthodoxe en Amérique, ne réunit qu'une minorité, importante il est vrai, des fidèles du continent américain. Si des organismes de coordination s'établissent peu à peu au niveau des épiscopats de différents pays, les diocèses restent encore fondés sur des critères ethniques et ils dépendent généralement de leurs Églises autocéphales d'origine.

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Le critère principal de la " canonicité " d’une Église (ou d’un évêque) est qu’elle (il) soit en communion avec le Patriarcat de Constantinople. Cette communion est plus qu’un symbole, car par " être en communion " nous entendons que nous célébrons ensemble la Divine Liturgie et que nous communions à la même coupe. Si nous ne sommes pas ou plus " en communion ", alors nous ne communions plus à la même coupe – nous ne partageons plus les mêmes sacrements, ni, avec des nuances importantes, la même foi.

En dehors des Églises " canoniques ", il existe beaucoup d’Églises " orthodoxes " qui, pour une raison ou une autre, se sont éloignées de la " communion orthodoxe ". Souvent il s’agit d’Églises ou de groupes schismatiques, avec lesquels il n’a y pas vraiment de différence de foi, sauf en matière d’ecclésiologie.

Ce que vous avez bien repéré en parcourant les sites web orthodoxes, les sites reflètent cette distinction entre les Églises orthodoxes " canoniques " et les " non-canoniques ". Prenons comme exemple l’Église orthodoxe de France (Écof, le " catholique " du nom étant disparu, mais on conserve le sigle Écof, qui se prononce bien !). L’histoire de cette Église, fondée dans les années 30, est assez mouvementée, mais disons simplement qu’à divers moments elle a été sous la juridiction de différentes Églises-mères, notamment celles de Moscou, de l’Église russe Hors-frontières et de la Roumanie. Le lien avec le Patriarcat de la Roumanie a été rompu en 1993 et depuis ce moment l’Écof est une Église " indépendante " non-canonique.

Venons aux cas précis que vous mentionnez :

  • Les paroisses : Les Pages orthodoxes mentionnent seulement les paroisses d’expression française appartenant aux Églises (ou " juridictions ") canoniques, alors que la liste du site de l’Écof donne, en plus, les paroisses de l’Écof (on s’est servi de la liste des paroisses qui figurent aux Pages orthodoxes pour construire leur liste !)
  • Les centres d’études et de prière (Béthanie et Sainte-Croix) : Ces deux centres faisaient partie de l’Écof jusqu’en novembre 1994, quand ils ont quitté l’Écof, ne pouvant plus tolérer la situation de " non-canonicité " de l’Écof. Ils se sont présentés à la Conférence des Évêques orthodoxes (c’est-à-dire, les évêques des juridictions canoniques) afin de se joindre à l’Orthodoxie canonique. En 2000, les deux centres ont pris des chemins différents : Sainte-Croix est dans la juridiction du Patriarcat de Roumanie, alors que Béthanie, pour des raisons assez complexes, s’est joint au Patriarcat orthodoxe copte d’Alexandrie (une des Églises qu’on appelle " non-calcédoniennes ", autrefois et inexactement " monophysites "), qu’il a quitté en 2006. Il n’est donc pas surprenant que le site de l’Écof ne fait aucune mention des deux centres…
  • Annick de Souzenelle : Elle était dans l’Écof et a quitté l’Écof en même temps que le Centres et quelques prêtres de paroisse, notamment ceux de Bruxelles et de Lyon. Elle intervient régulièrement à Sainte-Croix.
  • Jean-Yves Leloup : Personnalité charismatique et bien connue comme conférencier et écrivain, il ne fait pas partie d’une juridiction canonique – je crois qu’il fait partie du soi-disant " Patriarcat de Kiev ", groupe ukrainien schismatique. Sans doute qu’il a été ordonné prêtre par un évêque " non-canonique " et que c’est la raison pour laquelle son ordination n’est pas reconnue par les Églises canoniques. Il n’intervient plus à Sainte-Croix.

Je ne comprend pas pourquoi il n’y a pas de " lien " vers les Pages Orthodoxes depuis le site de l’Écof : peut-être qu’on ne veut pas faire trop de publicité pour les sites de sources " canoniques " ?

Il existe d’autres juridictions orthodoxes non-canoniques, chacune avec son histoire et ses personnalités – par exemple, les " Vieux-croyants " de la Russie, les " Anciens calendristes " de la Grèce, et l’Église russe Hors-frontières. Moi-même j’appartiens à l’Église orthodoxe en Amérique, qui jouit d’un statut quelque peu ambiguë dans l’Orthodoxie. Issue du Patriarcat de Moscou, qui a accordé l’autocéphalie (" qui se dirige d’elle-même ") à ses diocèses d’Amérique du Nord en 1970, l’Église orthodoxe en Amérique (ÉOA) est donc de descendance russe, mais avec beaucoup de paroisses anglophones et un petit noyau de francophones au Québec. Bien que nous sommes " en communion " avec les autres Églises canoniques, le Patriarcat de Constantinople ne reconnaît pas l’autocéphalie de l’ÉOA – alors que les Églises des pays slaves le reconnaissent !

ÉGLISE DE DIEU

Il est vrai qu’il est souvent difficile d’accepter que l’Église est d’institution divine, ayant le Christ a sa tête, quand nous regardons les souffrances, même les atrocités, qui ont été perpétues au nom de l’Église à travers les âges, et quand nous voyons la division des chrétiens entre multiples groupes, dont presque tous se proclament être " la seule Église du Christ ". Même à l’intérieur de l’Église orthodoxe, nous voyons des actions qui sont loin d’être compatibles, nous semble-t-il, avec une recherche sincère de Dieu, avec les préceptes du Christ.

Il ne faut pas oublier, cependant, que l’Église est une institution " divino-humaine ", et que sa partie humaine n’as pas encore atteint la plénitude de la perfection qui est sa vocation. Nous vivons dans un monde en chute, et tous, y compris le clergé, sont sujet aux faiblesses de la nature humain déchue. Ce qui est important, c’est de se rappeler qu’en fait l’Église est plus que ce prêtre, cet évêque, ce patriarche, même ce concile, qui semblent à nos yeux, commettre des erreurs, et il n’est pas possible, comme vous le suggérer, de mettre " Dieu dans un carcan ", de le restreindre. Comme a dit le Christ lui-même, " l’Esprit souffle où il veut ; tu entends sa voix, mais tu ne sais ni d’où il vient ni où il va. Ainsi en est-il de quiconque est né de l’Esprit " (Jean 3, 8).

Dieu peut donc agir à l’extérieur de l’Église visible, de même qu’il peut tirer du bon de ce qui semble être le mal, et faire accéder les fidèles à sa Grâce par les actions de personnes qui peuvent être loin d’être parfaits elles-mêmes ; Dieu agit à travers et même en dépit des faiblesses de tel ou tel membre de l’Église. Que le prêtre qui célèbre la Divine Liturgie soit un saint, tel un Jean de Kronstadt ou un Nectaire d’Égine, ou un homme ordinaire, avec ses points forts et ses faiblesses, ce sont le Christ et l’Esprit Saint qui agissent à travers lui, et qui apportent la possibilité de la sanctification aux fidèles qui s’approchent " avec crainte de Dieu, foi et amour ", comme dit le prêtre en invitant les fidèles à la communion.

Les saints sont une manifestation de la présence divine dans l’Église, une " preuve " existentielle qui l’Église accomplit son but, qui est de mener les fidèles à la sanctification. Il est en fait très illuminant de lire les vies et les enseignements des saints pour comprendre la vraie nature de l’Église. Les saints modernes qui sont mis en évidence aux Pages Orthodoxes La Transfiguration – Séraphim de Sarov, Nectaire d’Égine, Silouane de l’Athos et Mère Marie (pas encore canonisée) – sont là justement pour nous rappeler que la sainteté n’est pas une chose du passée, mais que la sainteté est toujours présente dans la vie de l’Église du Christ. Sinon, si l’Église ne produit pas de saints, alors l’Église serait morte, séparée du Christ.

ÉGLISE LOCALE

Dans la tradition orthodoxe, l’entité fondamentale de l’Église est l’Église locale : les chrétiens d’un endroit défini, regroupés autour de leur évêque, assisté par les prêtres et les diacres. Sous l’inspiration de l’Esprit Saint, c’est l’évêque, en tant que successeur des Apôtres, qui assure l’unité de l’Église locale, et c’est la conciliarité des évêques qui assure l’unité de l’Église entière. Un Concile est une expression de la nature trinitaire de l’Église, car de même que les personnes de la Trinité agissent en unité, l’Église agit en unité lorsque les évêques décident d’un commun accord. C’est pour cette raison que les orthodoxes attachent beaucoup d’importance aux sept Conciles œcuméniques et considèrent qu’aucun Concile tenu depuis 787 ne mérite d’être appelé " œcuménique ", c'est-à-dire dont les décisions sont valables pour l’Église entière.

L’expression concrète de l’Église locale se vit de plusieurs façons, par exemple, par les litanies où sont demandées des bénédictions pour l’évêque et le clergé, par le contact personnel avec l’évêque et le respect dû à sa personne, et par la conscience que la Sainte Communion est à la fois une communion intime avec le Christ et aussi avec tous ceux qui partagent la même coupe, d’abord la communauté locale, puis tous ceux qui sont en communion avec l’évêque et par lui, tous ceux qui sont en communion avec les évêques qui sont en communion avec lui. Dans le cadre de l’Église orthodoxe, ceci veut dire en fait toutes les Églises qui sont en communion avec le Patriarche de Constantinople.

ÉGLISES NATIONALES

La " question nationale " des Églises orthodoxes est certainement un problème très important, mais je crois que la croissance de l’Orthodoxie en milieux occidentaux, que ce soit parmi les communautés d’immigrés ou des occidentaux " de souche ", influence le monde de tradition orthodoxe en faveur d’une plus grande ouverture, d’une reconnaissance d’une vraie " catholicité " de la foi orthodoxe. Le courant " intégriste " orthodoxe est peut-être le plus fort de nos jours dans l’Église russe. Il faut reconnaître qu’il s’agit d’une Église qui a souffert horriblement pendant la période communiste et qui cherche encore à se rétablir. Beaucoup d’orthodoxes russes se sentent " envahis " par les " nouveaux-arrivés " depuis une dizaine d’années, des nouveaux-arrivés qui ont beaucoup plus de ressources qu’eux – notamment les nouveaux sectes de toutes sortes, chrétiens et non chrétiens, les Églises évangélistes occidentaux, même l’Église catholique. Une réaction à cette " assaut " en territoire russe est celle d’intégrisme, avec toutes ses conséquences néfastes – même pour d’autres orthodoxes. Je pense que l’Église russe est très divisée sur cette question, mais je crois qu’avec le temps elle verra plus clair son rôle dans la société russe et dans le monde orthodoxe et le monde chrétien en général.

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La " question ethnique " est certainement un des grands problèmes de l’Église orthodoxe, même en dehors des pays d’origine. L’Église " ethnique " peut devenir un centre socio-culturel des immigrants, ceci même pendant plusieurs générations, ce qui a certainement une certaine utilité. Un des aspects négatifs c’est qu’avec le temps les jeunes générations perdent l’identification ethnique et ont tendance à rejeter l’Église avec cette identification ethnique. Une autre c’est ce que vous avez ressenti chez les ukrainiens : il est très difficile, presque impossible pour un " étranger" " de pénétrer dans ce milieu, même s’il souhait s’y rejoindre pour des motifs spirituels

Au-delà de l’identification " ethnique " de la plupart des paroisses orthodoxes en Europe occidental et l’Amérique du Nord, il ne faut pas oublier que l’Église orthodoxe est plus que toutes les Églises nationales qui la composent, qu’il existe une vision de l’Église autre que celle étroitement identifiée aux ethnies. L’Église, que ce soit l‘Église orthodoxe, Catholique romaine ou autre, est une institution humaine, affaiblie et ternie par notre état de chute, mais en même temps il faut se souvenir que c’est le Christ lui-même qui en est la Tête et que par l’action de l’Esprit Saint dans l’Église, l’Église a accès et rend disponible les moyens de sanctification des fidèles. Alors même si je ne suis pas à l’aise parce que l’aspect " communauté fermée " semble dominer dans telle ou telle paroisse, " c’est le même Christ qui opère tout en tout ".

Oui, comme vous le disiez, nous sommes tous destinés à vivre notre relation à Dieu dans la solitude, et ce même lorsqu’on est enraciné dans une communauté. Mais ce n'est pas une solitude absolue, car les saints et les anges nous accompagnent dans notre démarche, et la communauté sur terre peut être une source de soutien très important. Seul, il est beaucoup plus facile de s’égarer qu’en communauté, où les exemples et les conseils de ceux qui font le même chemin que nous peuvent nous guider et nous aider à traverser les passages difficiles, si nous avons la sagesse et l’humilité de les accepter et les intégrer à notre vie.

ÉGLISES ORTHODOXES ORIENTALES

L’Église arménienne fait partie des Églises qu’on appelle les Églises " non-chalcédoniennes ", " pré-chalcédoniennes " ou encore les " Églises orthodoxes orientales " ; autrefois, on les appelait " monophysites ", mais cette désignation ne semble pas exacte, selon les dialogues modernes entre ces Églises et les Églises orthodoxes " chalcédoniennes " ou " byzantines ". Ce groupe comprend les Églises copte (Égypte), arménienne, éthiopienne, syrienne et une Église en Inde. Chacune de ces Églises a sa propre langue liturgique et ses propres rites, différents de rites de l’Église orthodoxe " byzantine ".

La séparation des deux groupes d’Églises remonte aux Ve siècle, après le Concile de Chalcédoine en 451. Ce quatrième Concile œcuménique a été réuni dans le contexte des discussions théologiques concernant la nature du Christ, en particulier l’enseignement nommé le monophysisme, qui ne reconnaissait pas les deux natures - divine et humaine - en la Personne du Christ. Cette théorie affirmait que la nature humaine est absorbée par la nature divine dans le Verbe incarné. Le Concile a déclaré que le Christ, de même nature que le Père, engendré par le Père avant tous les siècles, est pleinement Dieu ; né dans le temps, de même nature que sa Mère, il est pleinement homme. Le Christ a donc deux volontés - divine et humaine - et deux énergies - incréées et créées -, coexistant sans mélange ni transformation, division, ou séparation entre elles et qui sont unies en et par la seule Personne de Jésus Christ.

Ce concile fut une méprise tragique car tous les évêques présents avaient l'ambition d'être fidèles à la doctrine orthodoxe traditionnelle exprimée par Saint Cyrille d'Alexandrie. Hélas, ils ne se comprirent pas et s'accusèrent qui de nestorianisme par la séparation entre la nature humaine et divine du Christ, qui de monophysisme par l'absorption de la nature humaine dans la divinité. Aucun des deux partis confessait de cœur ce dont l'autre l'accusait, même si les définitions verbales n'étaient pas parfaitement claires. Une rupture entre les Églises " byzantines " et les Églises " orientales " se mit en place peu à peu.

C’est seulement à l’époque moderne que les discussions entre les deux familles d’Églises ont révélé qu’il ne semble pas avoir de réelles différences doctrinales entre elles, même si les deux groupes d’Églises utilisent un vocabulaire théologique quelque peu différent. Cependant, la communion n’a pas été rétablie et la séparation formelle existe toujours.

Pour aller plus loin, je vous réfère au numéro spécial de la revue orthodoxe " Contacts ", no. 187 (3e trimestre 1999), consacré aux Église pré-chalcédoniennes. Il y a plusieurs articles sur la situation en général, dont un d’Olivier Clément, et un article sur chaque Église orthodoxe orientale.

Pour résumer, les Églises " non-chalcédoniennes " sont considérées comme des Églises orthodoxes, mais elles ne sont pas en communion avec les Églises orthodoxes " byzantines ".

ÉGLISE ORTHODOXE RUSSE – CONCEPTION SOCIALE

Une version française du document sur la conception sociale de l'Église orthodoxe russe est disponible à l’adresse suivante : http://www.orthodoxeurope.org/page/3/6.aspx

Puisque ce document semble avoir deux titres différents en français ( " Bases " - " Fondements " ), il s’agit peut-être de deux traductions différentes, ou d’une traduction révisée. La référence suivante donne comme titre " Fondements " : http://www.unifr.ch/iso/hilarion/PresseF.pdf

Pour aller plus loin, je vous recommande d’explorer le site : http://www.orthodoxeurope.org

Les pages anglaises et allemandes de ce site pourraient fournir des informations non disponibles aux pages françaises. Vous pouvez aussi écrire à l’évêque Hilarion Alfeyev par l’intermédiaire de ce site.

ENCENS

L'encens est d'abord la reconnaissance de la présence de Dieu. Même dans l'antiquité païenne, l'encens était offert aux dieux. Les Mages viennent offrir l'encens pour affirmer la foi en la divinité du Christ. Nous encensons l'autel, l'église, les icônes et même les fidèles pour signifier que nous reconnaissons la présence de Dieu qui habite le lieu saint et les baptisés dans la sainteté ou sur la terre. A nous ensuite de nous en rendre digne par notre vie.

Pendant la Divine liturgie, l'encensement est dans la fonction du diacre comme service de l'autel, à défaut de diacre, le prêtre le fera. On encense avant le début de la Liturgie pour attirer l'attention sur la présence de Dieu en ce lieu. Puis avant chaque geste important comme la lecture de l'Évangile, la grande Entrée comme la colonne de fumée qui précédait le Peuple hébreux pendant l'Exode. Alors le lieu saint est embaumé pour montrer que c'est Dieu lui-même qui se manifeste dans ces gestes symboliques. On encense aussi les saints Dons pendant l'hymne à la Mère de Dieu. Elle est alors reconnue comme Signe de l'Église qui présente l'offrande comme Abel le juste et la fumée de son sacrifice montait vers Dieu et lui était agréable.

On encense l’église et les fidèles aussi pendant presque tous les offices du rite byzantin. Par exemple, aux vêpres, on encense pendant le chant ou la récitation des psaumes du Lucernaire, se rappelant les mots du psaume 140 :

Que ma prière s’élève comme l’encens devant toi,
et l’élévation de mes mains comme le sacrifice vespéral ! 

ÉNERGIES DIVINES

De façon générale, la notion de " l’énergie " dans la théologie orthodoxe n’a rien à voir avec l’idée d’énergie dans les " nouvelles spiritualités ". Et pourtant…

Par " énergie ", la théologie orthodoxe, surtout depuis saint Grégoire Palamas, entend les énergies divines, par lesquelles Dieu se manifeste dans la création et qui sont accessibles à l’homme et " participables " ; c’est en cela le fondement de la vie spirituelle, la déification, le but de la vie chrétienne. Les énergies divines sont Dieu, donc incréées, et c’est pour cela que la théologie orthodoxe n’admet pas la notion de la " grâce créée ", quelque chose qui n’est pas Dieu.

On distingue l’" essence divine " des énergies divines ; l’essence divine demeure inconnaissable, insaisissable par l’homme et toute créature. Cette distinction correspond de près à celle entre la " théologie apophatique " et la " théologie cataphatique " et on peut faire des parallèles, avec des nuances importantes, avec la distinction entre " immanence " et " transcendance ".

Peut-être a-t-on déjà essayé de faire un rapprochement entre cette théologie des énergies divines et la notion de l’énergie dans les nouvelles spiritualités ? Je n’en sais pas, mais à mon avis il faudrait être très prudent pour ne pas tomber dans le piège du panthéisme dans lequel se trouvent justement beaucoup de ces spiritualités. Il faudrait surtout, me semble-t-il, insister sans faille que l’énergie " mystique " qui se trouve dans la création est d’origine divine, née de la volonté expresse d’un Dieu personnel qui veut établir des ponts avec sa propre créature en lui permettant de participer ainsi à ses propres énergies.

Comme références, je vous suggère surtout saint Grégoire Palamas (dont la théologie n’a jamais été agréée en Occident, mais qui influence néanmoins certains théologiens catholiques) ; un bon point de départ est le livre très accessible de Jean Meyendorff, Saint Grégoire Palamas et la mystique orthodoxe (Seuil, Points Sagesses Sa 168). La distinction énergie-essence figure aussi largement dans l’œuvre de Vladimir Lossky ; voir en particulier son livre classique, Essai sur la théologie mystique de l’Église d’Orient (Cerf), en particulier le chapitre IV, " Énergies incréées ".

ÉPREUVES

Je comprends que le Seigneur vous appelle à vivre une grande épreuve mais comme vous le savez bien, tout en vous accordant les moyens nécessaires non seulement pour y passer à travers, mais aussi pour grandir dans la foi et l’amour. C’est sans doute d’autant plus difficile que l’épreuve semble être imposer de la part de ses sœurs dans la foi et de son Église. Quand je vois moi-même des bêtises dans ma chère Église orthodoxe (oui, il y en a !), je me dis toujours que l’Église aussi, bien qu’ayant le Christ lui-même comme tête, souffre de la situation de chute et d’exil du paradis où nous nous trouvons tous ; les membres de l’Église, les dirigeants de l’Église, sont aussi en chemin vers la perfection dans le Christ, mais n’y sont pas encore parvenus. Il peut donc se produire des erreurs de jugement, des manquements dans les comportements, de la part des membres de l’Église, sans pour autant atteindre à la sainteté de l’Église toute entière. Et c’est ceci qu’il faut garder à l’esprit : l’Église est beaucoup plus grande que la totalité des ses membres, parce qu’elle est la Corps du Christ. Le Christ sanctifie l’Église, mais elle n’atteindra la plénitude de cette sanctification que dans le siècle à venir (voir l’Apocalypse, ch. 21).

Je crois qu’il est important d’accepter des situations d’injustice dans un esprit d’humilité et même de reconnaissance et d’actions de grâce, car c’est par ce moyen que Dieu nous met à l’épreuve et nous demande de venir à lui. Ceci ne veut pas dire que nous ne devons pas tenter de redresser une situation injuste, mais nous devons le faire tout en reconnaissant que l’Esprit agit " par tout " en " en tout " pour nous mener au bien. Dans la traduction " orthodoxe " du Notre Père, nous demandons : " Ne nous soumettez pas à l’épreuve ". Il est entendu, à l’épreuve au-delà de nos capacités, mais en même temps nous savons que Dieu nous offre toujours les grâces nécessaires pour surmonter toute épreuve, qu’elles nous arrivent de l’extérieur ou de l’intérieur.

Les épreuves de l’extérieur sont aussi l’occasion de mettre en pratique, dans un esprit d’humilité, le commandement du Christ d’aimer ses ennemis (je vous recommande le texte de Saint Silouane sur l’amour des ennemis aux Pages Orthodoxes La Transfiguration, si vous n’en avez pas déjà pris connaissance.) Mais même ici, il faut être vigilant, car le Malin peut se servir de l’amour des ennemis pour nous faire chuter ailleurs, notamment dans l’orgueil, en nous faisant penser que nous sommes en quelques sorte " supérieurs " à ceux qui nous ont blessés parce que nous avons pardonné et nous disons que nous les aimons. L’Ennemi est très rusé, surtout à l’égard de ceux qui cherchent Dieu de tout leur cœur.

ESCHATOLOGIE

En premier lieu, pour l’Église orthodoxe, certaines des vérités concernant les fins derniers de l’homme nous sont affirmées de façon claire, d’autres nous restent encore voilées de mystère. L’Église orthodoxe n’a jamais cherché à donner une doctrine précise sur l’au-délà. Il y quatre aspects principaux : la résurrection, le jugement, la vie nouvelle et la Communion des saints : les trois premiers sont mentionnés au Symbole de Nicée-Constantinople.

Avec cette petite introduction, je peux vous indiquer quelques références, en commençant par le Vocabulaire théologique orthodoxe (Cerf, 1985), sous la rubrique " Eschatologie " (pp. 66-71). Aussi : Timothy Ware, L’Orthodoxie, l’Église des sept Conciles (DDB, 1968 et 1996), pp. 340 ff. Et : Paul Evdokimov, L’Orthodoxie (DDB, 1990), pp. 303-333. (" L’Église dans le monde et les choses dernières " et " L’eschatologie "). Ainsi que : Catéchèse orthodoxe : Dieu est Vivant (Cerf, 1991) (surtout pp. 401-408 " La résurrection des morts ", et 412-436 " La vie dans la mort " ; " Le jugement " ; " Une approche de l’eschatologie orthodoxe " ; " La prière pour les morts et la Communion des saints ".

Depuis les premiers temps l’Église a prié pour les défunts et les orthodoxes pensent que c’est même le devoir des vivants de prier pour les morts et que ces prières leurs sont utiles. Comment, nous ne savons pas comment ces prières sont utiles et il y une grande diversité d’opinion parmi les théologiens orthodoxes, anciens et contemporains, sur cette question, dont la réponse dépend de la condition dans laquelle se trouvent les défunts. Ce qui importe est l’idée de la continuité de l’Église, les vivants et les morts et l’unité d’intention devant Dieu.

Les prières pour les défunts célébrées un certain nombre de jours après le décès remonte de très loin : elles sont mentionnées dans les Constitutions apostoliques (fin 4e –début 5e siècles). Je n’ai pas trouvé de références précises en ce qui concerne les jours particuliers ; ils sont peut-être d’origine juive. Le nombre quarante est évidemment un nombre consacré dans le judaïsme et le christianisme.

En ce qui concerne l’enfer et le " purgatoire ", je vous réfère aux sources indiquées. Dieu est infiniment miséricordieux et parfaitement juste ; comment Dieu manifeste parfaitement ces deux qualités, qui nous paraissent souvent en conflit, reste un mystère. Nous pouvons peut-être trouver des éléments de compréhension dans la volonté, de Dieu et de l’homme, dont le prototype est la " chute " d’Adam et l’exil du Paradis. Une certaine lecture du récit dans la Genèse peut suggérer que Dieu " punit " Adam et Ève en les faisant chasser du Paradis et leur faisant subir la mort. Mais ceci n’est l’enseignement des Pères, qui va plutôt dans le sens que la mort est la conséquence inévitable du péché, car pécher c’est se séparer de Dieu, qui seul est la Vie. C'est tout le sens de la doctrine du péché originel chez les Pères : nous n’héritons pas la culpabilité du péché d’Adam, mais les conséquences de son péché, c'est-à-dire la mort. Nous sommes nés de parents mortels et nous héritons la mort. C'est un thème qui revient constamment dans la liturgie byzantine, surtout pendant la Grand Carême et la Semaine Sainte. Comme les anges déchus, est-ce que ceux qui sont séparés de Dieu (l’enfer) le sont par leur propre choix, et non par une " punition " divine ?

ESPRIT SAINT – PRIÈRES

Dans l’Église orthodoxe, l’Esprit Saint est presque toujours associé aux autres personnes de la Sainte Trinité, par exemple dans les fréquentes doxologies qui terminent beaucoup des prières des offices et la Divine Liturgie. Dans l’année liturgique, la Pentecôte est la fête par excellence de l’Esprit Saint, ainsi que le lundi qui suit la Pentecôte. Les offices de ces jours (vêpres, matines et liturgie) contiennent beaucoup de prières à l’Esprit Saint. C’est là par exemple, que l’on trouve l’invocation à l’Esprit Saint avec laquelle débute tout office orthodoxe :

Roi du ciel, Consolateur, Esprit de vérité, 
toi qui es partout présent et qui remplis tout,
Trésor de bons et Donateur de vie, viens et demeure en nous,
purifie-nous de toute souillure et sauve nos âmes, toi qui es bonté.

Les offices de Pentecôte se trouvent dans le livre liturgique le " Pentecostaire " (Diaconie apostolique, 1994). Il contient aussi, en appendice, un " Office au Saint-Esprit pour les Complies du lundi de Pentecôte ", ainsi que des acathistes et prières à la Sainte Trinité. Ces dernières sont reprises dans le " Spoutnik, nouveau Synecdimos " (Diaconie apostolique, 1997), ainsi qu’une bonne partie des offices de Pentecôte (mais pas l’Office au Saint-Esprit). Aussi, je viens de recevoir le catalogue des Éditions du Désert (La Planette, F-07460 Banne, tél. 04 75 39 06 29), qui inclut un " Acathiste à l’Esprit Saint, Donateur de Vie ", mais je ne connais pas cet acathiste.

ÉTHIQUE MÉDICALE

Pour répondre à vos questions précises, l’Église orthodoxe n’impose pas de contraintes en ce qui concerne l’utilisation de médicaments, la transfusion sanguine, les greffes d’organes et les examens médicaux, pourvue, bien entendu, que le but de ces interventions soit la prévention de la maladie, le dépistage des maladies, la guérison ou le soulagement de la douleur.

En ce qui concerne l’interruption de la grossesse, l’Église orthodoxe voit l’avortement comme le meurtre d’un enfant non-né.

Pour ce qui est du clonage, la position de l’Église orthodoxe est en évolution. De façon générale, l’Église est très réfractaire à ce genre d’intervention, mais beaucoup peut dépendre du but. Par exemple, le clonage de cellules en vue de moyens de guérison pourrait être acceptable, mais pas le " clonage " d’une personne humaine.

D’une façon générale, l’Église orthodoxe n’a pas de réponses vraiment très précises concernant ce genre de question, et en cas de doute, les fidèles orthodoxes sont tenus de se confier à leur père spirituel pour recevoir ses conseils. La tradition orthodoxe attache beaucoup d’importance à ce que l’on appelle l’" économie " - la prise en considération des conditions particulières dans l’application de règles ou de consignes générales. La miséricorde et les besoins de la personne en vue de son salut priment sur la " loi ", pas en vue d’abolir la loi, mais pour l’accomplir – comme le dit le Christ lui-même (Matthieu 5, 17) – , l’apporter à sa perfection, qui se trouve dans l’amour et la miséricorde divins.

ESPAGNE – ORTHODOXIE

À ma connaissance, l’Orthodoxie est très peu présente en Espagne, beaucoup moins qu’en d’autres pays Européens, par exemple la France et la Belgique. En plus de la paroisse à Madrid à laquelle vous faites allusion, il y une paroisse à Barcelone :

Església ortodoxa Proteccio de la Mare de Déu
C. Arago, 181
08011 Barcelone
Tlf. 93-459-22-27
Fax 93-459-07-10
Prêtre : Joan Garcia ( ?)
Diacre : Josep Lluis Moya.

MADRID

(Grec) Saints André et Démètre - Parroquia Ortodoxa de los SS. Andrés y Demetrio. Nicaragua 12, Madrid 16, Espagne. Recteur : Archiprêtre Dimitrios Tsiamparlis Tél. : 34-91-345.40.85 , Fax : 34-91-350.93.74

BARCELONE

(Grec) Chapelle de Saint Nectaire Recteur : Père Dionysios Stafylakis Tél. : 34-93-533.12.80 Mr N. Kastanos. General Mitre 126, 08021 Barcelona . Tél : 34-3-589.00.89 , Fax 34-93-589.37.41

(Roumain) Sfanta Maria Pr. Teofil Moldovan 
Calle Bustamante 2 
28045 Madrid 
tel : (34) 91 / 530 15 60

Barcelona
Pr. Aurel Bunda , blv. Gran Via 406 , Barcelona - Espana 
tel. (34) 93 423 97 46 fax. (34) 93 443 18 43 fax. (34) 93 423 73 47

Madrid
Sfânta Fecioara Maria Pr. Teofil Moldovan ,Calle Bustamante 2 ,28045 Madrid - Espana 
tel : (34) 91 / 530 15 60

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My impression is that Orthodoxy is not well represented in Spain – there seem to be few immigrants from countries of Orthodox Tradition in Spain and few Spanish Orthodox. The jurisdictions represented appear to be mostly dependent on jurisdictions in France, particularly the Greek and Rumanian archdioceses and also the Eglise orthodoxe de France (ÉCOF - non-canonical).

I know of no Orthodox Churches in San Sebastian. You might check out the web sites of the Greek, Rumanian and ÉCOF jurisdictions in France for more information at the following addresses :

ÉCOF - http://www.a2points.com/homepage/orthodoxie/

Greek – http://perso.wanadoo.fr/eglise.orthodoxe.grecque/

Rumanian - http://archevecheroumain.free.fr/index_fr.html

ÊTRE ORTHODOXE ISOLÉ

Être orthodoxe – ou chrétien tout court – ne dépend pas exclusivement de pouvoir assister régulièrement aux offices, en particulier la Divine Liturgie. Il s’agit d’abord d’un esprit intérieur, d’une fidelité à la foi là où nous sommes, qui doit nous porter à travers toutes les circonstances de notre vie. Si donc vous n’avez pas accès à une communauté orthodoxe vivante là où vous habitez, vous êtes vous-même en quelque sorte la communauté orthodoxe et en tant que membre le l’Église, le Corps du Christ, vous êtes toujours en communion réelle avec vos frères et sœurs orthodoxes partout dans le monde. Au niveau pratique il est évident que le contact régulier avec d’autres orthodoxes est une aide précieuse pour soutenir la foi ; le combat spirituel est plus difficile seul. Mais si on n’a pas de choix…

D’après ce que vous avez écrit, il semble que vous n’êtes plus à l’aise à communier dans l’Église catholique. Ceci étant, il vaut mieux, nous semble-t-il, de suivre cette intuition et ne pas communier chez les catholiques. Beaucoup de grands saints, en particulier les Pères du désert et des ermites de tous les temps n’assistaient pas régulièrement à la Liturgie et ne communiaient que rarement. Leur communion avec notre Seigneur était en fait " en Esprit et en Vérité " et je crois que vous pouvez vous inspirer de leur exemple.

Nous avons quelques suggestions pratiques à vous offrir, afin que vous puissiez rester véritablement dans l’esprit de l’Église orthodoxe et participer à votre façon avec vos frères et sœurs –

  • Vous pouvez suivre le temps liturgique en faisant des prières et des lectures spirituelles en rapport avec l’année liturgique. Les publications suivantes seraient d’une aide précieuse :
  • 1. Le " Spoutnik " est un livre (1270 pages) qui contient l’essentiel des offices (Vêpres, Matines et Liturgie) du dimanche, du temps pascal (Grand Carême jusqu’à la Pentecôte) et des grandes fêtes. Ce livre est disponible au Monastère bénédictin de Chevetogne en Belgique (e-mail : editions@monasterechevetogne.com) – vous pouvez aussi visiter le site du Monastère : http://www.monasterechevetogne.com/fr/indexfr.htm
  1. Pour des commentaires sur l’année liturgique : Catéchèse orthodoxe : Les fêtes et la vie de Jésus-Christ I. L'Incarnation. II. La Résurrection. Cerf, 1985. Livres d'accompagnement de l'année liturgique orthodoxe, avec présentation de textes et de commentaires de l'Ancien Testament, du Nouveau Testament, des hymnes et des prières des Offices et de la Divine Liturgie.

Un Moine de l'Église d'Orient (P. Lev Gillet), L'An de grâce du Seigneur : Un commentaire de l'année liturgique orthodoxe. Cerf (Catéchèse orthodoxe), 1988. Explications et méditations sur les dimanches et les grandes fêtes pour nourrir l'esprit et accompagner le fidèle pendant l'année liturgique.

  • Vous devez quitter la Réunion de temps en temps, j’imagine – est-ce que vous vous rendez en France régulièrement ? Ceci pourrait certainement être une occasion de ressourcement spirituel : confession, participer à la Liturgie, rencontrer un prêtre orthodoxe, passer quelques jours dans un monastère ou centre de prière (je recommande le Monastère Saint-Silouane près du Mans et le Centre Sainte-Croix en Dordogne – voir les informations aux Pages Orthodoxes La Transfiguration).
  • Pour ce qui est du jour à jour, des temps de prière et de lecture spirituelle sont essentiels – les " Offices orthodoxes " aux Pages Orthodoxes sont une approche à des temps structurés de prière, d’autres sont possibles.

EUCHARISTIE – PRÉSENCE RÉELLE / ADORATION

En ce qui concerne les différences entre l’Église catholique et l’Église orthodoxe au sujet de l’Eucharistie (la Divine Liturgie), les théologies respectives sont en fait très proches, même en dépit des grandes différences de rituels. Cependant, l’Église orthodoxe retient beaucoup plus le sens du mystère en ce concerne l’Eucharistie : par exemple, la théologie orthodoxe ne se prononce pas sur le moment précis du changement des offrandes en Corps et Sang du Christ (les paroles de l’Institution et l’Épiclèse sont d’importance égale à cet égard) ; ni sur le mode de transformation (l’expression " transsubstantiation ", qui vient de la philosophie aristotélicienne, n’est pas utilisée dans la théologie byzantine). Comme l’Église catholique, mais contrairement à beaucoup de communautés issues de la Réforme protestante, l’Église orthodoxe tient que les saints dons deviennent réellement en non figurativement, le Corps et le Sang du Christ.

L’Église orthodoxe ne pratique pas l’adoration du Saints Espèces en dehors de la Divine Liturgie. Cette pratique est d’ailleurs relativement récente dans l’Église catholique, datant de la contre-réforme, je crois, afin de combattre justement les doutes émises par les Protestants sur la " Présence réelle " du Christ dans les Saints Espèces. Pour l’Église orthodoxe, le Corps et le Sang du Christ sont une nourriture spirituelle pour les fidèles et sont reçus et consumés pendant le repas eucharistique. L’adoration a lieu pendant la Divine Liturgie – bien que les dimanches on ne doit pas se prosterner (certains le font), mais c’est une pratique commune pendant les Liturgies sur semaine. À la fin de la Divine Liturgie, les Saints Espèces sont consumés entièrement, soit par le diacre, soit par le prêtre en absence d’un diacre. Les seuls exceptions sont en cas de la nécessité d’apporter la Communion aux malades et, pendant le Grand Carême, un ou plusieurs Pains supplémentaires peuvent être consacrés en vue de la célébration de la Liturgie des Saints Dons Présanctifiés, liturgie de communion sans consécration, célébrée uniquement en semaine pendant le Carême.

EUCHARISTIE – TRANSSUBSTANTIATION

Un petit commentaire sur la remarque du père Serge Boulgakov dans son livre L’Orthodoxie : " L'Orthodoxie n'est pas d'accord avec la doctrine latine de la transsubstantiation, où l'on distingue une substance qui change et des accidents qui ne changent pas. "

La doctrine de la transsubstantiation porte surtout sur le changement du pain et du vin de l’eucharistie en Corps et Sang du Christ pendant la Divine Liturgie. La distinction " substance-accidents " vient de la philosophie aristotélicienne et tente de présenter une explication rationnelle pour le mystère de l’eucharistie. La théologie orthodoxe préfère sauvegarder le mystère plutôt que d’offrir une explication purement humaine et donc ne se prononce pas sur le " comment " du changement survenu aux éléments eucharistiques. C’est pour cette même raison que la théologie orthodoxe ne dit pas à quel moment de la Divine Liturgie le changement a lieu et ainsi elle accorde la même importance aux paroles de l’Institution (" Ceci est mon Corps… "), qu’à l’épiclèse (l’invocation de l’Esprit Saint sur les Saints Dons), alors que traditionnellement, au moins depuis la Scholastique, la théologie latine attribue le changement exclusivement aux paroles de l’Institution.

ÉVANGILE SELON THOMAS

Je ne connais pas la version de l’Évangile selon Thomas que vous citée. Je connais celles de Jean Doresse (Éditions Le Rocher) et de Jean-Yves Leloup (Albin Michel). Étant au Canada, je peux difficilement vous aider d’avantage.

Pour vous procurer une ou les deux versions de l’Évangile de Saint Thomas que j‘ai mentionnées, vous aurez intérêt à les obtenir ou les commander dans une librairie près de chez vous ; les livres français sont très chers au Canada ! Une bonne librairie qui tient régulièrement la collection " Spiritualités Vivantes " des Éditions Albin Michel devrait avoir la version de Jean-Yves Leloup ; celle de Jean Doresse devrait être disponible sur commande.

ÉVANGÉLISTES

Commençons avec les symboles : le bœuf ou le taureau, l’aigle, l’homme ou l’ange et le lion. L’origine est biblique, dans l’Ancien Testament, dans les visions d’Ézéchiel (cf. Éz 1, 4-12 aussi 10, 14) et dans le Nouveau Testament, dans la vision du trône céleste (Apocalypse 4, 6-8). Voici la note de la Bible de Jérusalem au verset de l’Apocalypse, qui éclaire un peu le sens des " vivants " : " Leurs formes (lion, taureau, homme, aigle) représentent ce qu’il y a de plus noble, de plus fort, de plus sage, de plus agile dans la création. Depuis saint Irénée, la tradition chrétienne a voulu y retrouver le symbole des quatre évangélistes. "

Les quatre évangélistes sont souvent représentés sur les portes saintes (ou " royales ") de l’iconostase d’une église orthodoxe. On trouve aussi des icônes individuelles des évangélistes, surtout de saint Jean. Il faut donc chercher dans les livres de reproductions d’icônes pour trouver des exemples. Voici quelques références :

ÉVANGÉLIAIRE

L’Évangéliaire de nos jours est bien un livre qui contient les extraits des Évangiles (ou " péricopes ") lus aux offices orthodoxes, en particulier les célébrations de la Divine Liturgie. L’Évangéliaire est structuré selon l’année liturgique. Il est habituellement placé sur l’autel de l’église et y est déplacé seulement pour les rituels, notamment la Petite Entrée et la lecture de l’Évangile. L’Évangéliaire le plus répandu en français est la très belle version de la Diaconie Apostolique, la traduction du Père Denis Guillaume, qui a traduit la plupart des livres liturgiques byzantins en français.

FILIOQUE

Voici quelques références sur le filioque qui pourraient vous être utiles :

Pour un traitement général du sujet, voir Kallistos (Timothy) Ware, L’Orthodoxie, L’Église des sept conciles, Le Sel de la Terre/Cerf, 2002 (auparavant aux Éditions Desclée de Brouwer). L’index du livre contient les mentions et à la page 428, il y a une courte bibliographie commentée d’œuvres sur le schisme entre l’Orient et l’Occident. Ce livre est une traduction de la version anglaise, The Orthodox Church, Penguin, 1993.

Bobrinskoy, Boris, " Le "Filioque" hier et aujourd’hui ", Contacts, no. 117.

Bunnen, AlexIs van, " Un centenaire oublié : le Concile de 879-880 (1ère partie) ", Contacts, no. 113.
" Le Concile de 879-880 : la question du "Filioque" (2e partie) ", Contacts, no. 115.
Lampryllos, Cyriaque, La mystification fatale, étude sur le filioque, Éditions l’Âge d’homme, collection " Lumière du Thabor ", 1987.
Lossky, Vladimir, " La Procession du Saint-Esprit dans la doctrine trinitaire orthodoxe ", dans A l’image et à la ressemblance de Dieu, Aubier Montaigne, 1967pp. 67-93.

Je vous recommande en particulier ce dernier, qui contient des nombreuses références pertinentes aux écrits des Pères : Grégoire de Naziance, Grégoire de Nysse, Basile le Grand, Cyrille d’Alexandrie, Photius, Jean Damascène, Maxime le Confesseur, Grégoire Palamas, Marc d’Éphèse…

FEMME DANS L’ORTHODOXIE

En ce qui concerne la femme dans l’Orthodoxie, vous avez soulevez surtout des questions d’ordre moral et de comportement. Il est certain qu’une femme, de même qu’un homme, est tenue de pratiquer la chasteté avant le mariage et le mariage même doit être " chaste ", pas dans le sens d’un absence de relations sexuelles entre les époux, mais dans le sens que tous les aspects du mariage, y compris la sexualité, doivent contribuer au développement spirituelle et au salut des époux.

Pour ce qui est des questions de maquillage, de vêtements et de bijoux, il n’y a pas de " règles " formelles dans l’Église orthodoxe : on dit que ceux et celles qui entrent dans une église doivent être vêtus d’une façon modeste et sobre, pour lesquels les critères varient selon les sociétés : ce qui pourraient être acceptable à Paris ne le serait pas nécessairement dans un village en Grèce ! Par exemple, une femme pourrait porter des pantalons dans certaines églises, mais ceci pourraient être inacceptable en d’autres.

On trouve dans les Pères de l’Église des vives critiques du maquillage, des vêtements et des bijoux, mais l’objet de leurs critiques n’est pas ces pratiques en tant que telles que le fait que ces pratiques peuvent être le signe d’un attachement excessif au corps et aux signes de richesse, au détriment des " choses spirituelles ". Quand nous lisons ces textes des Pères, nous réalisons que les temps n’ont pas changés beaucoup depuis 15 siècles !

FÊTES LITURGIQUES

Les grandes fêtes de l’Église orthodoxe ne correspondent pas exactement avec celles de l’Église catholique. Par exemple, en ce qui concerne celles que vous avez mentionnées :

  • La Sainte Trinité – Il n’y a pas de fête de la Trinité dans la tradition orthodoxe, mais la Trinité est beaucoup plus " présente " aux offices de rite byzantin, notamment les Divines Liturgies, que dans ceux de rite latin. La Pentecôte et le lundi de la Pentecôte sont des fêtes de l’Esprit Saint.
  • L'Assomption – Cette fête est connue dans l’Orthodoxie comme la " Dormition de la Mère de Dieu ". Bien que ce soit la même fête que dans le rite latin, le cadre théologique et spirituel en est différent, reflétant des différences entre les deux traditions en ce qui concerne la vénération de Mère de Dieu.
  • Les Saints Apôtres – Ce qui est connu comme la fête des Saints Apôtres est la fête des saints Pierre et Paul, le 29 juin. Il est précédé d’un carême (temps de jeûne), qui va du lundi après la fête de Tous les Saints (le dimanche suivant la Pentecôte) jusqu’au 29 juin.
  • Le Temps de l'Avent – L’Avent n’est pas un temps liturgique dans le rite byzantin, mais c’est un carême, qui va du 15 novembre jusqu’au 25 décembre (40 jours). Les deux dimanches avant Noël sont reliés à Noël : le dimanche tombant entre le 11 et 17 décembre est le Dimanche des saints Ancêtres du Christ, et la période du 20 au 24 décembre constitue l’avant-fête de Noël.

FOL EN CHRIST

Les fols en Christ étaient connus dans l’empire byzantin – saint André de Constantinople (28 mai) étant un des plus connus – mais c’est en Russie que l’expérience des fols en Christ a pris toute son ampleur. Je peux vous suggérer quelques références bibliographiques qui pourraient vous être utile. Premièrement le Synaxaire, Vie des saints de l’Église orthodoxe (6 volumes) fournit des biographies des saints, dont les fols en Christ commémorés dans les Synaxaires des différents pays. Le principal livre en français sur les fols en Christ est :

Irina Goraïnoff, Les fols en Christ dans la tradition orthodoxe, Desclée de Brouwer Collection : Théophanie, 1992. ISBN-10: 2220024539 ISBN-13: 978-2220024530 200 pages.

Je peux vous recommander aussi :

Vasili Novakshonoff - Lev Puhalo, La Vie des Fols-en-Christ, Folie du monde et sagesse de Dieu, Traduit de l'anglais par Claude Lopez-Ginisty, Éditions du Désert, 2002. 15,75 € - Disponible - 192 pages.

Michel Evdokimov, Pèlerins russes et vagabonds mystiques, Paris, Éd. du Cerf, coll. " Patrimoines orthodoxie ", 2004.

Quelques articles :

CONTACTS N° 193 : " Saint Benoît Labre : Fol en Christ, le pèlerin russe de l’Occident ", Lucie Dantoine-Lebreton, p. 325 ; " Quelques notes, quelques exemples, sur la "folie en Christ " de Syrie en Russie ", Olivier Clément, p. 358.

Élisabeth Behr-Sigel, " La folie en Christ dans la Russie ancienne " in : Dimitri Obolensky, Vladimir Vodoff, Jean-Paul Arrignon, Mille ans de christianisme russe 988-1988 , Paris : YMCA Press, 1989. pp. 141-152.

Aussi d’Élisabeth Behr-Sigel : " " Les Fols pour le Christ ", dans Prière et sainteté dans l’Église russe, Bellefontaine, 1982. (Contient une bibliographie)

Voici une liste de Wikipédia avec des liens pour certains :

Les fols en Christ

a. Les saints ayant simulé la folie par ascèse

b. Les fols en Christ de Russie

c. Les saintes ayant simulé la folie par ascèse

FOI – DOUTES ET QUESTIONS

Il semble de par vos questions que vous subissez une grave crise de foi, suscitée par le Malin, qui tente de vous détourner du Dieu vivant en faisant surgir en vous des questions qui s’attaquent au fondement même de la foi. Les réponses à ces questions doivent venir de vous-même, éclairé par l’Esprit-Saint qui habite en vous. Même si nous étions en mesure de répondre en détail à vos questions, nous pensons que ces réponses ne seraient nullement adéquates, car le problématique se pose à un tout autre niveau. Vos questions reflètent, en effet, une tentative de rationaliser certaines aspects de la foi, alors que la foi est justement un dépassement de la raison et la logique humaines, pour aboutir à une connaissance autre. Ceci ne veut pas dire que les questions elles-mêmes ne sont pas valables, mais qu’elles doivent être placées dans le contexte de l’expérience de la foi, du rapport personnel entre un croyant et Dieu. C'est de ce rapport, de cette communion avec Dieu, que jailliront les réponses – dont certaines peuvent être simplement d’accepter en toute humilité de ne pas savoir la réponse, mais de placer sa confiance dans l’amour, la bonté et la sagesse divines, comme un enfant fait confiance à ses parents, sans savoir le " pourquoi " ou le " comment ". Jésus nous dit justement : Je te loue, Père, Seigneur du ciel et de la terre, de ce que tu as caché ces choses aux sages et aux intelligents, et de ce que tu les as révélées aux enfants (Matthieu 11, 25).

Nous vous suggérons trois pistes qui pourraient vous aider : la prière, les Saintes Écritures et le recours à un conseiller ou père spirituel.

La foi est une croix pour la pensée humaine mais c’est une croix que nous ne portons pas seuls, car l’Esprit Saint nous a été donné afin de nous permettre de la porter. La humble prière pour trouver la grâce nécessaire pour émerger victorieux de ce combat sera sûrement exaucée. La Mère de Dieu accorde sa protection à ceux qui l’invoquent en moments de crise. Même face aux doutes, il est possible de prier. Et soyez assuré que nous sommes solidaires avec vous dans la prière.

La lecture attentive des Saintes Écritures apporte une sagesse qui nous aide à résoudre nos problèmes et difficultés. Les Évangiles et les Psaumes en particulier sont des sources inépuisables de sagesse. L’Esprit Saint agit à travers la Sainte Écriture et il éclairera votre esprit et votre cœur ouverts à le recevoir.

Nous ne sommes pas bien placés ici pour vous faire des suggestions en ce qui concerne le recours à un père spirituel, mais le face-à-face avec qui connaît bien le Chemin vers Dieu et les ruses de l’Ennemi serait très important. Êtes-vous déjà en contact avec un conseiller spirituel ? Si vous voulez nous indiquer dans quelle partie de la France que vous êtes, nous aurons peut-être la possibilité de vous faire des suggestions.

Une petite remarque concernant certaines de vos questions précises. Beaucoup de vos questions, surtout les premières séries, concernent le salut. Or il nous semble que plusieurs questions reflètent ce qu’on appelle la " conception juridique " du salut, dont l’origine est en Occident au Moyen-Âge, alors que la tradition orthodoxe est plutôt fondée sur une conception " ontologique " du salut, relevant de notre essence même, qui ne peut être complète que par et en Dieu. Une lecture de certains textes théologiques orthodoxes pourraient vous aider à mieux comprendre l’enseignement de Pères et la tradition orthodoxe sur ce sujet, comme pour d’autres. Nous pouvons vous suggérer, par exemple, Vladimir Lossky, Essai sur la théologie mystique de l’Église d’Orient et Kallistos (Timothy) Ware, L’Orthodoxie, l’Église des sept conciles (plus facile à lire), ainsi que son livre Approches de Dieu dans la tradition orthodoxe.

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Oui, il y des moments de grande doute dans la vie spirituelle, doute semé par le Malin qui cherche à tout prix et par tout moyen de nous détourner de Dieu. C’est à ces moments-là qu’il faut se remettre tout simplement et entièrement au Seigneur miséricordieux, qui comprend notre doute, notre manque de foi, en lui disant : " Ô Dieu, viens à mon aide ! Seigneur, hâte-toi de me de secourir ! " (Psaume 70). Il est important de rester fidèle à la prière, aussi simple que nécessaire dans les circonstances : le Notre Père, la Prière de Jésus… Il faut demander la foi, le courage de continuer la lutte. Le Seigneur entend nos appels, surtout ceux qui viennent de nos profondeurs, de notre désespoir même. Il est bien de retrouver un " îlot de silence ", en essayant de se tenir ainsi devant le Seigneur, comme le fils prodigue, non devant soi-même ou devant les choses du monde. Les " prières du matin et du soir " ont été conçues pour ceux qui sont se sentent tellement submergés par les activités de chaque jour qu’ils ont de la difficulté à trouver le temps de prier. Je vous envoie ci-joint le fichier avec ces prières en format Word ; si vous le pouvez, essayez de dire ces prières, ou même une partie, dans un petit moment de recueillement devant le Seigneur matin et soir.

FRANCS-MAÇONS

Une petite remarque concernant les francs-maçons : il s’agit d’une société " sécrète " de nature ésotérique, qui, sous une apparence chrétienne, ne l’est pas. Un chrétien ne doit pas participer à ce genre d’organisation, qui est non seulement nuisible pour la foi, mais peut la détruire.

GENÈVE – ORTHODOXIE

La cathédrale russe de Genève fait partie de l’Église russe hors-frontières (le " Synode "). Voici ses coordonnées :

Eglise Orthodoxe Russe de Genève
rue de Beaumont 18
1206 Genève
Tel (022) 346 47 09
Il y a aussi une chapelle du Patriarcat de Moscou :

Eglise Orthodoxe Russe Patriarcat de Moscou 
av. Jacques-Martin 11
1224 Chêne-Bougeries
Tel (022) 349 94 54
Une paroisse francophone :

Paroisse Sainte-Trinité et Ste-Catherine

Révérend Père Renneteau Jean
ch. de Chambésy 37
1292 Chambésy
Tel (022) 758 19 52

(Au sous-sol de la paroisse grecque).

Et une paroisse roumaine :

Paroisse Saint Jean Baptiste de Genève
Eglise de la Trinité 
av. Eugène-Lance 2
1212 Grand-Lancy
Tel (022) 700 49 18

GOURMANDISE – VOIR PASSIONS

HÉSYCHASME

Votre question est complexe, qui ne se prête pas à une réponse simple : " Considérez-vous que la pratique de l'hésychasme sous la direction d'un père spirituelle puisse se faire en dehors du monachisme ? Considérez-vous que la pratique de l'hésychasme sous la direction d'un père spirituelle puisse se faire en dehors du monachisme ? " J’aimerais simplement souligner quelques lignes de réflexion. Il est vrai que l’hésychasme est une tradition contemplative and mystique qui, pour être vécu pleinement, exige un cadre plus ou moins consacré entièrement à la vie spirituelle, ce qui se fait difficilement en dehors d’un monastères – en même là, pas tous les monastères ! Mais cela ne veut pas dire que certains éléments de l’hésychasme ne peuvent pas être pratiqués en d’autres modes de vie, y compris la vie " dans le monde ". La pratique spirituelle la plus répandue de l’hésychasme est celle de la prière de Jésus, qui s’adapte bien à une pratique en toutes circonstances – je vous recommande certains essais sur la prière de Jésus figurant au site des Pages Orthodoxes La Transfiguration , en particulier ceux de Mgr Kallistos Ware et de Nadejda Gorodetski. Je pense, cependant, qu’il est difficile de pratiquer certains aspects de la spiritualité hésychaste en dehors de l’Église orthodoxe en laquelle l’hésychasme est né et par laquelle l’hésychasme est soutenu. Il est important de souligner que l’hésychasme n’est pas une alternative à la vie ecclésiale d’un fidèle, qu’il soit moine ou non, mais doit se pratiquer en étroite association avec la participation à la communauté chrétienne, notamment par la fréquentation des sacrements, surtout l’eucharistie, et la prière commune de l’Église. Sur la pratique de la paternité spirituelle dans la tradition orthodoxe, vous trouverez plusieurs excellents textes dans la section correspondante du site des Pages orthodoxes.

Vous pouvez avoir une idée plus claire de la tradition monastique orthodoxe en visitant un monastère en France, par exemple celui de Saint Séraphim de Sarov, près du Mans (http://www.monastere-saint-silouane.eu/Saint_Silouane/Accueil.html).

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Pour ce qui est de la spiritualité de la Philocalie, c’est certainement une grande voie spirituelle qui traverse les âges depuis les Pères du désert du IVe siècle jusqu’à nos jours. Comme vous avez sans doute constaté, la Philocalie fait partie intégrante d’une grande Tradition, celle de l’hésychasme de l’Église d’Orient, et personnellement je crois que cette spiritualité doit être vécu à l’intérieur de cette Tradition vivante. On peut certainement avoir une certaine connaissance de l’hésychasme, mais pour la vivre, pour qu’il devienne partie intégrante de notre vie intérieure la plus profonde, exige un engagement dans la Tradition qui la transmet et la soutient.

Pour découvrir la tradition hésychaste dans son cadre propre, je recommande un stage au Centre Sainte-Croix (Dordogne). Le stages sur la Prière de Jésus (Ste-Croix) est une excellente introduction à la tradition hésychaste. Les stages sont généralement de 4 ou 5 jours.

HOMÉLIES

Une bonne partie des écrits de Pères de l’Église des premiers siècles, par exemple saint Jean Chrysostome, est sous forme d’homélies. Parmi les auteurs modernes, je peux suggérer les livres suivants :

Alexandre Men, Le Christianisme ne fait que commencer, Sel de la Terre/Cerf, 1999. 270p. Articles, sermons et conférences.

" Un moine de l'Église d'Orient " (père Lev Gillet), L'An de grâce du Seigneur, Éditions du Cerf, 1988. Commentaire de l’année liturgique, qui pourrait bien servir comme base pour homélies.

Alexandre Schmemann, Vous tous qui avez soif, Ymca Press/F.X. De Guibert (L'Œil) 2005. Émissions radiophoniques dirigées vers l’Union soviétique.

Monseigneur Stéphanos, évêque de Nazianze. Une saison en orthodoxie, Cerf, 1992. Choix d'homélies radiophoniques diffusées au cours de l'émission "Orthodoxie" (France-Culture).

HUILE SAINTE

Le sacrement de l’huile sainte est administré par un prêtre orthodoxe aux fidèles orthodoxes, soit en cas de maladie, soit à certaines occasions pendant l’année liturgique (par exemple, pendant la semaine Sainte ou juste avant). Dans la pratique roumaine, l’office de l’huile sainte peut être célébré à d’autres moments, voire à chaque semaine.

Il y a aussi une onction et bénédiction avec l’huile sainte des fidèles participant aux vigiles dominicales ou à la veille d’une grande fête liturgique, ou pendant l’office des matines. Dans ce cas, il s’agit d’une simple bénédiction et non de la célébration du sacrement. Typiquement, même les non-orthodoxes peuvent recevoir cette onction pendant les vigiles ou les matines, mais cela dépend de l’usage local.

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Voici quelques éléments symboliques des huiles saintes :

L'huile des catéchumènes, celle utilisée pour le baptême, est l'huile de la joie, de la guérison, de la paix, du pouvoir spirituel et de la vie comme participation à la vie divine elle-même. Les athlètes d’antiquité s’oignaient d’huile et l’huile des catéchumènes retient également ce sens symbolique, en vue du combat contre le Démon. Au Baptême, l'eau et le corps du catéchumène sont oints de cette huile, source naturelle de lumière et de joie. C'est un rappel aussi de la branche d'olivier que la colombe rapporte à Noé après le déluge pour montrer le pardon de Dieu. Cette huile est le rappel de la Genèse : " Et Dieu vit que cela était bon ".

Le saint chrême (ou myron, huile parfumée de plusieurs substances odoriférantes), utilisée pour la chrismation, est l'huile des onctions royales, prophétiques et sacerdotales. Elle est consacrée par l'évêque pour devenir don du Saint Esprit : " L'Esprit de vérité, le don d'adoption, la promesse de l'héritage à venir, les prémices des biens éternels, la force vivifiante, la source de sanctification... " (Liturgie de s. Basile). " Cette huile est l'empreinte sur nous de Celui à qui nous appartenons " (P. Alexandre Schmemann). La myron est également employé pour la consécration d’un autel, d’une église, de l’antimension, du calice et de la patène.

HYMNE DES CHÉRUBINS - signification

Voici ce que dit le père Alexandre Schmemann dans son livre L’Eucharistie, Sacrement du Royaume (F.X. De Guibert/Ymca Press, nouvelle éd., 2005) concernant les chants qui accompagne la " Grande Entrée ", où les oblats sont solennellement transférés de la table de la prothèse (préparation) à l’autel principal :

" Cette même reconnaissance anticipée, cette même affirmation joyeuse de la nature cosmique de l’offertoire qui commence, nous les trouvons dans le "chant de l’offrande", qui accompagne la procession des oblats vers l’autel. Aujourd’hui c’est presque toujours le cantique appelé Chérubikon… [Il mentionne les autres chants à certains moments de l’année liturgique.] Or leur sens ne tient pas tant à telles ou telles paroles qu’à la tonalité qui leur est commune : celle d’une glorification royale. "Exaltons-le comme Roi de tous…" ; "car le Roi de toutes choses et le seigneur des seigneurs vient pour être immolé…" L’offrande des oblats est perçue là comme l’entrée triomphale du Roi, comme la manifestation de la gloire et de la puissance du Royaume. " (p. 124). 

Et Paul Evdokimov : " Dans le rite oriental ...les Anges sont plus souvent présents que dans le rite romain...Après le Trisagion... le Chérubikon est un autre moment solennel de la célébration eucharistique orientale : " Nous qui mystiquement représentons les Chérubins et chantons à la Trinité vivifiante l'hymne trois fois saint, déposons tous les soucis afin de recevoir le Roi de l'univers , invisiblement escorté des armées angéliques ". Ainsi en ce moment clé de l'action liturgique, la louange des fidèles s'identifie mystiquement d'une certaine manière à la louange des " anges aux yeux innombrables et aux ailes bruissantes , souffles puissants de purification exigée par ce moment redoutable " " Paul Evdokimov, La prière de l'Eglise D'Orient.

Pour ma part, j’ai toujours compris la référence aux Chérubins comme une affirmation de l’association de l’Église terrestre à l’Église céleste (la Communion des Saints), en y voyant un parallèle entre la présence des Chérubins (ou Séraphins) devant le trône de Dieu (voir par exemple la vision d’Isaïe dans Is 6) et celle des fidèles devant l’autel terrestre : c’est ainsi que les fidèles " représentent " les Chérubins et en même s’associent à eux dans une même liturgie éternelle. C’est ainsi que les fidèles doivent " déposer tout souci de ce monde ", afin de recevoir " le Roi de toutes choses ", en leur cœur et dans la Sainte Communion.

HYMNE DES CHÉRUBINS - texte

Il s’agit bien de l’Hymne des Chérubins, qui est chanté très solennellement juste avant la Grande Entrée de la Divine Liturgie. Voici une translittération (je me suis simplifié un peu la tâche, en utilisant les conventions suivantes :

tch = "   "

chtch = " Ó   ") (cf. Petit Larousse, " cyrillique ")

I-je hie-ru-vi-my tai-no o-bra-zu-iu-chtche,

I ji-vo-tvo-ria-chtchei Troi-tse tri-svia-tu-iu piesn pri-pie-vaiuchtche.

Vsia-ko-ie ny-nie ji-tiei-sko-ie ot-lo-jim popie-tch-ni-e.

Amin. Ia-ko da Tsa-ria vsieh pod-i-miem,

an-giel-ski-mi nie-vi-di-mo do-ri-no-si-ma . tch-mi.

Al-li-lu-ia (3 fois).

Les versets sont bien sûr généralement répétés au moins deux fois. L’hymne est chanté en deux temps, séparés par la Grande Entrée et les prières d’intercession du prêtre, dont la conclusion est l’" amen " au milieu de l’hymne. La première partie est chantée très doucement et lentement, la deuxième plus rapidement.

J’ai un enregistrement d’un Chéribicon de Bortniansky (il a sans doute composé plusieurs versions de cet hymne), : Chorale " Philippopolis ", disque " Laudamus deum II " (mais on distingue à peine les mots).

Voici une traduction :

Nous qui dans ce mystère [ou : mystiquement] représentons les Chérubins,
et chantons l’hymne trois fois sainte
à la vivifiante Trinité,
déposons maintenant tous les soucis de ce monde.
Amen. Pour recevoir le Roi de toutes choses,
invisiblement escorté par les armées des anges.
Alléluia…

ICÔNE DE LA MÈRE DE DIEU " AUX TROIS MAINS "

Merci de votre question concernant l’icône de " la Mère de Dieu aux Trois Mains ". En fait, la troisième main n’est pas une main de la Mère de Dieu, mais de saint Jean Damascène (VIIIesiècle), grand défenseur des icônes pendant la crise iconoclaste (ceux qui voulaient abolir le culte des icônes). Voici en bref l’histoire : saint Jean Damascène était à l’époque fonctionnaire au service du calife de Damas en Syrie, alors sous domination arabe. Il a commencé à envoyer des lettres à l’Empereur Léon III de Constantinople dénonçant le soutien de l’Empereur des iconoclastes. L’Empereur, pour se débarrasser de Jean, qui vivait en dehors de l’empire Byzantin, a envoyé une fausse lettre au calife, prétendant que c’était de Jean, invitant l’Empereur à s’emparer de Damas. Le calife, furieux, a ordonné que la main de Jean soit coupée. Après que ceci a été fait Jean a déposé le membre coupé devant l’icône de la Mère de Dieu et s’est mis en prière. Le matin sa main lui était restaurée. Ceci était l’origine de cette icône.

Par la suite, Jean a quitté la vie du monde, a vendu ses biens et est devenu moine au monastère de saint Sabbas à Jérusalem. Il a écrit plusieurs traités sur les icônes et ses enseignements ont servi au septième Concile œcuménique en 787, qui a définit la théologie des icônes (bien que la crise iconoclaste n’a été définitivement résolue qu’en 847). Saint Jean Damascène a aussi écrit des hymnes liturgiques, dont certains sont encore utilisés aux offices liturgiques de l’Église orthodoxe. L’Église célèbre sa mémoire le 4 décembre. Il est souvent représenté sur les icônes portant une sorte de turban. Il est considéré comme un des patrons des iconographes.

ICÔNE DE LA MÈRE DE DIEU DE KAZAN

Je vous envoie maintenant le texte que j’ai trouvé sur la Mère de Dieu de Kazan : c’est en anglais, car le livre en question n’existe pas en français. Le texte accompagne une illustration et se réfère à elle ; c’est possible que votre icône diffère en quelques détails de celle-ci. Il y a une icône de la Mère de Dieu de Kazan aux Pages Orthodoxes, à la page " Hymne acathiste à la Mère de Dieu ".

THE KAZAN MOTHER OF GOD

The icon of the Kazan Mother of God (celebrated July 8th and October 22nd) made its apparition in 1579. When one speaks of the "apparition" of an icon, this term, current in old Russian chronicles and hagiographies, means a miraculous event by which an icon, hitherto unknown, becomes notable as a new source of the manifestations of grace. The story of the apparition of the Mother of God at Kazan, the capital of a Tartar Khanat recently conquered by the Russians, may serve as a typical example. Having appeared several times in succession in the dreams of a young girl, the Mother of God commanded her to point out to the ecclesiastical and secular powers the place where Her miraculous icon was to be found, buried in the earth. The clergy and the dignitaries refused to believe the message of the visionary. Finally, the young girl and her mother none the less exhumed the icon. Carried with pomp to the cathedral, the newly appeared icon of the Mother of God became notable through several miracles. The Kazan icon accompanied the national troops who liberated Moscow from the Poles on October 22nd, 1612. Together with the icon of Smolensk, it gave courage to the Russian army in 1812. Its role in the destiny of Russia can be compared to that of the Blachernitissa at Byzantium.

Icons of the Kazan Mother of God are very numerous: it is perhaps the icon of the Mother of God that is most wide-spread in Russia. The icon that we reproduce here must have been made towards the end of the XVIth century, that is a short time after the apparition of the Kazan icon. Our icon reduces the image of the Mother of God to the shoulders: thus, the left hand which supports the Infant arid the right hand, with its gesture of prayer, do not appear. In the same way, the Christ-Emmanuel is represented only to the waist. His left hand, which habitually holds a scroll, is hidden under the himation. As on the icon of the Hodigitria of Smolensk, He is clothed with a himation woven of gold and remains standing quite upright, full-face to the faithful. His blessing hand, on our icon, has been damaged by a burn, but one can perceive that the gesture is less solemn than it was on the icon of Smolensk. Even more than on the icon of Tichvine, the Mother of God's head is inclined towards the Infant-Emmanuel. The face remains grave, but expresses at the same time feminine sweetness and a saddened tenderness: without looking directly at Her Son, the Mother of God seems to contemplate His mission of Saviour come into the world to suffer the Passion. It is no longer an official ceremony of presentation. The Byzantine theme of the Hodigitria is completely transformed in the Russian icon of the Kazan Mother of God.

Our icon has recently been cleaned in Paris. It has beautiful colours: the maphorion of fiery purple detaches itself against a background of golden ochre.

Extrait de : Leonid Ouspensky et Vladimir Lossky, The Meaning of Icons.St. Vladimir’s Seminary Press, 1989, p. 88.

ICÔNE DE LA MÈRE DE DIEU " EN TOI SE RÉJOUIT " - SAINT SÉRAPHIM DE SAROV

Je ne sais exactement devant quelle icône de la Mère de Dieu saint Séraphim de Sarov aimait prier, mais il existe un type d’icône de la Mère de Dieu qui s’appelle " En toi se réjouit toute la création ". L’enseignement porté par cette icône est surtout que Marie la Mère de Dieu est la première personne à atteindre l’union avec Dieu, la théosis, et que c’est par elle que l’Incarnation du Fils de Dieu a eu lieu, ouvrant ainsi la porte au salut à toute l’humanité et même à toute la création. Il y a donc lieu que toute la création se réjouit en la Mère de Dieu.

Sur l’icône on voit typiquement la Mère de Dieu au centre, entouré d’anges, au-dessus desquels paraît la Jérusalem céleste, et le peuple de Dieu , en bas de l’icône, élève les mais en geste d’honneur et de supplication. La Mère de Dieu siège sur un trône et le Christ enfant est assis sur ses genoux, sa main droite élevée en geste de bénédiction. Sur une version de l’icône (École de Moscou, début 16e siècle), parmi le peuple on peut identifier certains personnages : ss. Jean Baptiste, Pierre, Paul, Jean Chrysostome, Basile le Grand, Jean Damascène, David et autres prophètes de l’Ancien Testament. Vous trouverez un exemple de cette icône (École de Novgorod) à la page " La beauté du culte " (section " Liturgie ") du site Pages Orthodoxes La Transfiguration .

L’hymne à la Mère de Dieu chanté à la Divine Liturgie de saint Basile le Grand (célébrée dix fois par an, est centrée sur ce même thème :

" En toi se réjouissent toute la création, ô Pleine de grâce, 
la hiérarchie des anges et la race des hommes. 
Ô Temple sanctifié, ô Jardin spirituel, ô Gloire virginale, 
c’est en toi que Dieu s’est incarné, 
en toi qu’est devenu petit enfant 
celui qui est notre Dieu avant tous les siècles. 
De ton sein il a fait un trône, 
il l’a rendu plus vaste que les cieux. 
Ô Pleine de grâce, toute la création se réjouit en toi. 
Gloire à toi. "

Il est possible que l’icône de saint Séraphim était une toute autre icône.

ICÔNES DE LA MÈRE DE DIEU – ÉTOILES SUR SON MANTEAU

Sur les icônes de la Mère de Dieu, trois étoiles, habituellement dorées, figurent sur son manteau, une à chacun de ses épaules et une sur le capuchon de son manteau, au-dessus de son front (il se peut qu’une des étoiles soit cachée par la composition de l’icône, par exemple quand elle tient le Christ enfant sur un bras). Cet élément iconographique a son origine dans l’empire byzantin, où les vierges portaient un tel signe de leur état. La signification dans l’iconographie orthodoxe est que la Mère de Dieu était vierge avant l’enfantement du Christ, elle était vierge pendant l’enfantement, et elle est restée vierge après l’enfantement – comme l’expriment expressément certains chants liturgiques. L’expression " immaculée dans sa conception " est une interprétation catholique romaine de cette symbolique, car le dogme de l’immaculée conception de la Vierge Marie, telle que définie par l’Église catholique, n’est pas acceptée par l’Église orthodoxe.

ICÔNE DE LA MÈRE DE DIEU – LA GRANDE PANAGIA

L’icône qu’on appelle " La Grande Panagia " (du grec " Toute-Sainte ") est de l’école de Iaroslavl et on la date vers l’an 1224. C’est une grande icône – 120 x 194 cm. – , dont l’original se trouve à la Galérie Trétiakov à Moscou. On trouve des commentaires " techniques " sur cette icône dans V.N. Lazarev, Icônes russes IXe – XVIe siècles (Desclée de Brouwer, 1995), pages 41-42 et 366. La reproduction de cette icône dans le livre (planche 21, 17 x 28 cm.) est excellente ; elle se reproduirait très bien même en photocopie –  si vous avez des difficultés à obtenir une diapositive de l’icône, vous pourriez peut-être en faire une à partir du livre.

ICÔNE DE LA VIERGE DE TENDRESSE

Après avoir consulté quelques amis grecs, je suis d’accord que le mot " Kardiotissa ", seul, est difficile à traduire avec précision. La racine " kardia " (le cœur) est évidente et la terminaison du mot indique qu’il s’agit d’un adjectif au féminin – " celle qui agit avec le cœur ", peut-être. Mais aussi, on trouve un autre mot souvent attribué à ce type d’icône : " Glykophilousa ", qui veut dire " baiser tendrement ". Ce type d’icône est généralement connu en français comme la " Mère de Dieu de Tendresse " ou la " Vierge de Tendresse ". Ce qui marque ces icônes c’est que les joues de la Vierge Marie et de l’Enfant Jésus se touchent. L’Enfant a habituellement ses mains sur la nuque de la Vierge et souvent il a un bras autour de sa nuque, tel que l’on voit sa main de l’autre côté. Alors que l’Enfant souvent regarde la Vierge, elle regarde vers le spectateur, ce qui normale sur les icônes. Mes interlocuteurs n’ont pas pu dire s’il existe vraiment une distinction entre les icônes Kardiotissa et Glykophilousa – je pense qu’il s’agit de deux mots qui correspondent plus ou moins au même type d’icône – on les trouve même ensemble : la Vierge " Glykophilousa Kardiotissa " !

ICÔNE DE LA VIERGE DE VLADIMIR

Je crois qu’il s’agit bien de l’icône qu’on appelle la " Vierge de Vladimir ", dont je peux vous fournir quelques détails. L’original de cette icône byzantine, dont il existe beaucoup d’imitations et de copies, a été apporté de Constantinople à Kiev, alors capitale de la Rus (Russie) en 1131, et en 1151, de Kiev à la ville de Vladimir, d’où son nom. Pendant deux siècles de nombreux miracles ont été attribués à la présence de l’icône, qui plusieurs fois s’échappait aux incursions des Tatars. En 1395 elle a été transférée à Moscou, où elle a souvent été présente aux grands événements du pays. Elle est présentement, je crois, toujours à la Galerie Tretiakov, qui abrite la plus importante collection d’icônes en Russie (et sans doute au monde).

L’icône elle-même combine des éléments des deux principaux " types " d’icônes de la Mère de Dieu : celle de la" Hodigitria " (celle qui montre le Chemin, en désignant le Christ de sa main) ; et " Elousia " (tendresse), qui typiquement montre l’Enfant et la Mère de Dieu se touchant les joues et une main de l’Enfant passant derrière son cou.

Un détail ne semble pas s’accorder : la référence aux noms des archanges Michel et Gabriel. Ceux-ci ne figurent pas sur les reproductions de l’original (qui d’ailleurs est assez abîmée à certains endroits), mais ce qu’on voit, en lettres rouges, est à gauche, la lettre " M ", et à droite, la lettre grecque " q  " (theta). Il s’agit d’une partie de l’abréviation conventionnelle iconographique de la Mère de Dieu, en grec, formée de la première et la dernière lettre de chaque mot : mitir theon – Mère de Dieu (ou theotokos, " celle qui enfante Dieu ").

Pour plus d’interprétations théologiques de l’icône, je vous réfère au livre de Paul Evdokimov, L’art de l’icône : Théologie de la beauté (Desclée de Brouwer), qui en consacre quelques pages.

ICÔNE DE LA VIERGE DU BUISSON ARDENT

Voici donc ce que nous avons trouvé concernant cette icône. L’icône que nous avons en main provient du Monastère de Solovki, fin du 16e siècle, reproduit sur un calendrier de 1992 " Icons and Holiness " (Centro Studi Russia Cristiana). L’image est très belle ; elle diffère de celle que vous m’avez envoyée principalement dans le rapport entre la Mère de Dieu et les anges : la Mère de Dieu domine l’icône, alors que les anges sont beaucoup moins visibles. Voici le texte descriptif :

Already in the 16th century artistic accomplishment (wood and bone carving, goldsmithing) was a feature of the monastery of the Solovki, the northern outpost of Russian Christianity It was, however, only in the beginning of the 17th century, in 1615, that an autonomous iconographic workshop came into being. Out of this there gradually evolved a precise pictorial style, as well as a choice of subjects linked with monastic life and particularly consonant with the local spirituality. The type of icon of the Virgin of the Burning Bush is a variation of Odigitria. What is effected here is a quite valuable and intricate link between the New testament and the prophecies of the Old Testament that announced the coming of salvation, in which Mary would have the key role.

The Mother of God stands out in the centre of the icon above an eight-pointed red and blue star which generally indicates the Presence of God, the Lord of hosts, the Ancient of Days ; here it alludes to the bush (the four blue rays) burning in the fire of divine energy (the red rays).

The clothes and symbols of the Virgin remind one of those of the Mother of God "A stone cut out of the mountain by no human hand." In this case the emphasis is placed on the royalty of the Virgin, the heavenly Queen surrounded by the angelic hosts and by the elements of nature that obey her will. In accordance with the visions of the Book of Revelation, the various hierarchies of angels are represented with their own attributes : stars, clouds, lightning and swords ; the closed ciborium symbolizes frost, the little naked figure the wind. This type of icon was particularly widespread among the Solovki, and it is here that a 14th century manuscript outlines the Virgin’s power. It was her prerogative to send down lightning, frost and earthquakes on the impious on earth unless the prayers of the faithful changed her anger into mercy.

On the mountain which is visible on the Virgin’s bosom there rises the structure of the heavenly Jerusalem and it is here that Christ appears robed as a King: "The God of heaven will set up a kingdom which shall never be destroyed" (Dn 2, 44).

In the four corners are portrayed the prophecies of the Incarnation: Moses in front of the burning bush; Ezekiel in front of the closed door of the sanctuary which "shall remain shut; it shall not be opened, and no one shall enter by it; for the Lord has entered by it" (Ez 44, 2); the apparitions of the Seraphim who cleanses the lips of Isaiah with a burning coal (Is 6, 6).

Il est important de chercher des explications d’une telle icône dans les textes bibliques ainsi que dans la tradition de l’Église qui s’y rapportent. Donc, comme le texte suggère, dans les prophéties de l’Ancien Testament concernant l’Incarnation, ainsi que dans l’Apocalypse. Un exemple de détail non insignifiant : la Mère de Dieu tient dans la main droite une échelle (échelle de Jacob, échelle de saint Jean Climaque), qui mène du Christ enfant dans sa main gauche au-delà de la muraille entourant le Christ-Roi dans la cité (la Jérusalem céleste)… Sur l’icône que vous m’avez envoyée, l’échelle ne mène nul part…

D’après le texte ci-haut, les anges ne représentent donc pas des " forces de la nature " comme entités indépendantes, mais des éléments sous à la Mère de Dieu.

Aussi en ce qui concerne les anges, il y aura peut-être lieu de consulter le texte du " Pseudo-Denys ", l’Hiérarchie céleste : peut-être qu’il parle des objets ou symboles tenus par les différents anges.

Pour aller plus loin dans l’historique de cette icône, il faudrait chercher l’information sur la fête à laquelle l’icône peut être associée, car il n’y a pas de fête générale pour cette icône ; peut-être s’agit-il d’une fête locale ? Je vais essaye de me renseigner d’avantage.

ICÔNE DE LA RENCONTRE DE SS. JOACHIM ET ANNE

Dans l’Église orthodoxe, on offre souvent l’icône de la " rencontre de saint Joachim et de sainte Anne " aux nouveaux mariés. Pour cette raison, l’icône est parfois appelée l’" icône du mariage " ; elle reflète l’amour et l’union entre un homme et une femme comme vocation bénie par Dieu déjà dans la Genèse, et dont le but principal n’est d’autre que la sanctification du couple, dans le cadre de son appartenance à l’Église.

L’icône dite de la " Sainte Famille ", avec Joseph, Marie et Jésus, est inconnue dans la tradition orthodoxe. Certains orthodoxes considèrent cette icône comme " hérétique ", car elle suggère – et l’icône doit toujours être vue comme un enseignement – qu’il s’agit d’une vraie famille, comme les familles humaines normales, et donc que Joseph est le père de Jésus. Certaines versions de cette icône montrent Joseph posant sa main sur l’épaule de la Vierge Marie, geste d’affection tout-à-fait humain, mais qui suggère un rapport de couple entre Joseph et la Vierge. Même si ces " lectures " ne sont pas voulues par les iconographes qui ont créé ces icônes, une " lecture " de l’icône ne peut pas s’empêcher de les voir dans l’image même.

Personnellement, je n’ai jamais vue une icône de Joachim, Anne et Marie en tant que " famille ", mais sur certaines icônes de la Mère de Dieu, il y a des scènes de sa vie, où on peut trouver Joachim et Anne avec Marie enfant – une scène qu’on appelle parfois la " câlinerie de la Vierge ".

Dans la tradition orthodoxe, la " Sainte Famille " est celle de Joachim, Anne et la Vierge Marie, modèle des familles chrétiennes. Dans leur vieillesse, Joachim et Anne sont les véritables parents naturels de celle qui est devenue la Mère de Dieu. L’icône de la rencontre de Joachim et Anne, fondée sur le récit du livre apocryphe Le protoévangile de Jacques, montre le saint couple s’embrassant tendrement, chacun ayant reçu le message divin que leur union produira l’enfant tant voulu depuis des années.

Pour venir à votre question précise, la référence P-104 renvoit à la plage 104 du livre : Mikhaïl Alpatov et Irina Rodnikova, Icônes - Pskov : XIIIe - XVIe siècles, Éditions d’art Aurora, Leningrad, 1990 ; France, 1991 (les références aux sources des reproductions figurent au début de la page " Index de Reproductions d’icônes Russes " des Pages Orthodoxes La Transfiguration). La plage 104 est une reproduction en noir et blanc d’une icône de la Nativité de la Mère de Dieu. La plage 105 reproduit en couleurs une partie de cette icône qui représente justement la " câlinerie de la Vierge ".

Il existe plusieurs versions, anciennes et modernes, de l’icône de la rencontre de Joachim et d’Anne devant les " portes dorées " de Jérusalem. La plus belle version de l’icône que je connais est celle de Novgorod, 15e siècle, dont l’original se trouve au Musée d’icônes à Recklinghausen en Allemagne. J’ai une excellente reproduction de cette icône (la reproduction de l’icône mesure 30x43cms). Si je me souviens bien, j’ai l’acheté en France, possiblement à La Procure à Paris. Vous pouvez peut-être la commander dans une librairie ou directement du Musée. C’est cette icône qui figurent aux " Pages du mariage et de la vie chrétienne dans le monde " aux Pages Orthodoxes La Transfiguration (http://www.pagesorthodoxes.net).

ICÔNES – BÉNÉDICTION

Il existe un rituel pour la bénédiction des icônes (voir fichier ci-joint, extrait de : Denis Guillaume, trad., Grand Euchologe et arkhiératikon, Diaconie Apostolique, Parma, 1992), mais la pratique varie beaucoup, selon s’il agit d’une icône originale (peinte à la main) ou d’une copie encollée, et s’il s’agit d’une icône pour l’église ou pour usage personnel. Le rituel complet sert notamment pour des icônes destinées à être vénérées à l’église même. Le rituel le plus simple, pratiqué souvent pour des reproductions destinées à usage personnel, consiste à placer l’icône sur l’autel pendant la célébration de la Divine Liturgie et peut-être pendant une semaine complète, suivi d’une simple prière de bénédiction.

ICÔNES BRODÉES

N’importe quelle icône peut être utilisée comme modèle d’une icône brodée. Oui, sainte Marie de Paris (mère Marie Skobtsov) a brodée plusieurs icônes, ainsi qu’un cycle de la vie du roi David ainsi que le " châle de Ravensbrück " au camp même où elle est morte. Vous trouverez quelques exemples de ses icônes brodées ici :

http://www.pagesorthodoxes.net/saints/mere-marie/mmarie-rosane-lascroux.htm

http://translate.google.com/translate?sourceid=navclient&hl=fr&u=http%3a%2f%2fmere%2dmarie%2ecom%2f

Allez à la page Galerie – il y a beaucoup de ses icônes brodées sur cette page.

Je vous recommande aussi ce livre : http://www.editionsducerf.fr/html/fiche/fichelivre.asp?n_liv_cerf=9619.  

ICÔNES – DISCIPLES D’EMMAÜS

Dans l’iconographie traditionnelle, on ne trouve pas d’icône du Christ avec les disciples sur le chemin d’Emmaüs : les seules icônes vraiment " classiques " de la Résurrection du Christ sont celles de la descente aux Enfers et des Femmes Myrophores (le tombeau vide). On trouverait peut-être des fresques des disciples d’Emmaüs, car la gamme de sujets permis pour les fresques étaient plus larges que celle des icônes.

Il existe, cependant, des icônes modernes des disciples d’Emmaüs, de provenance orthodoxe et catholique, dont en voici trois adresses :

http://www.comeandseeicons.com/inp48.htm

http://www.ofm-usa.com/assumption/Icons/PH6image.html

http://www.theikonstudio.com/triptychgallery.html

La première est d’un iconographe orthodoxe, les deux autres catholiques. Même si le sujet n’est pas traditionnelle, l’iconographe orthodoxe reste plus proche des canons iconographiques que les catholiques, par exemple en assurant que les deux disciples sont des hommes, alors qu’une des icônes catholiques a une homme et une femme, ce qui n’est pas conforme à l’interprétation habituelle du récit évangélique. Aussi, la composition de l’icône de l’Orthodoxe rappelle un peu celle de la trinité de Roublev, avec laquelle il a y un certain lien liturgique

L’autre icône catholique mélange des éléments de plusieurs icônes, ce qui pourrait choquer les personnes qui connaissent les icônes : un sujet non-traditionnel, les disciples d’Emmaüs, avec des éléments de la deisis, mais sans respecter les canons de la deisis : le Christ en gloire, assis sur un trône de chérubins (et non à table de dîner), la main droite en bénédiction et main gauche tenant un livre, entouré en premier lieu de la Mère de Dieu à sa droite (correcte sur le triptyque), et Saint Jean Baptiste à sa gauche (le saint patron de l’Église viendrait plus loin, après les archanges Michel et Gabriel, et Saints Pierre et Paul). Aussi, la couleur de la robe de la Mère de Dieu n’est pas canonique : elle doit être mauve ou pourpre foncé, pas bleue. Plus loin dans la page des icônes de cette église, on voit une autre atteinte aux canons iconographiques, le texte inscrit sur le livre tenu par le Christ en gloire. Dans les canons, le texte tenu par un personnage doit être un texte de la personne lui-même ; par extension, on peut argumenter qu’un texte d’Isaïe est un texte du Christ, mais en pratique seule une parole du Christ dans les Évangiles est acceptable sur une icône du Christ.

Ceci montre, il me semble, quelque uns des problèmes de l’iconographie hors de l’Église orthodoxe. Même si une personne maîtrise la " technique " iconographique, ceci ne veut pas dire que la personne crée des icônes, car l’iconographie est un art sacré au service de l’Église et l’Église a le devoir de vérifier – normalement au moment de la bénédiction de l’icône – si l’icône est conforme à l’enseignement de l’Église et aux canons iconographiques. Si l’Église est parfois plus " libérale " en ce qui concerne les icônes pour usage personnel, ce n’est pas le cas pour les icônes à l’église même, qui sont exposées pour la vénération des fidèles. Dans cette perspective, les " icônes " de l’église St. Luke's Catholic Church, McLean, Va, seraient considérées par les orthodoxes comme des peintures iconographiques (on en trouve même dans des églises orthodoxes !) et non pas comme des vraies icônes. C’est sans doute mieux que les images et peintures pieuses qui ont été pendant si longtemps habituelles, mais nous sommes encore loin des icônes au vrai sens du mot.

ICÔNES – IMAGES

Pour l’Église orthodoxe, les icônes sont de l’art sacré et elle sont intégrées à la vie liturgique et spirituelle orthodoxes. Les icônes sont bénies par l’Église et sont vénérées, suivant les canons du septième Concile œcuménique en 787, selon lesquels la vénération accordée à une icône remontent à son " prototype ", la personne ou les personnes qui sont représentées sur l’icône. Vous trouverez au site web des Pages Orthodoxes La Transfiguration (www.top.ca/users/thabor , section " Icônes et iconographie ") un article de Léonide Ouspensky sur la théologie des icônes.

Les orthodoxes font souvent une distinction entre " art sacré " et " art religieux ", ce dernier comprenant les œuvres d’art à sujet religieux mais qui ne sont pas considérées comme " sacrées ". La plupart des œuvres religieuses, depuis la Renaissance en Europe occidentale jusqu’à nos jours, tombent dans cette catégorie. Ainsi aussi les images pieuses. Les orthodoxes ont souvent des reproductions, de toutes dimensions, d’icônes, mais il s’agit quand même de reproductions d’icônes.

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Le type d’image qui caractérise le mieux l’Orthodoxie est sans doute l’icône, dont il est en existe beaucoup de reproductions dans les livres et à l’internet, y compris aux Pages Orthodoxes La Transfiguration. Dans la section " icônes et iconographie " vous trouverez des essais sur la théologie de l’icône ainsi que des références bibliographiques et l’index des images vous aide à trouver des icônes particulières. Le " Pasteur " est le Christ lui-même, et le type d’icône du Christ le plus répandu est celui du " Christ Pantocrator " (Tout-Puissant).

ICÔNE – SAINT JEAN BAPTISTE

Le personnage avec les ailes sur l’icône en question est saint Jean Baptiste. Voici quelques exemples de ce type d’icône sur internet :

http://www.rdrop.com/users/stmary/srp047.jpg

http://www.kuparas.lt/Galerijos/Icon1/3-13865/3-13865.html

L’icône évoque la parole du Précurseur : Voici l’Agneau de Dieu, et la coupe fait le lien avec l’Eucharistie. Le texte de la deuxième icône dit (je pense) justement Voici l’Agneau de Dieu (en slavon).

Appart les anges, seul saint Jean Baptiste est figuré avec des ailes sur certaines icônes – l’" ange du désert ".

ICÔNES – QUÉBEC

Les icônes peuvent certainement être un apport précieux dans notre foi et notre prière. Pour les personnes qui sont attirées par les icônes et qui aimeraient les comprendre d’avantage, je recommande le petit livre de Michel Quesnot, L’icône : Fenêtre sur l’absolu (Cerf, 1987). Pour une connaissance plus approfondie, il y Daniel Rousseau, L’icône, splendeur de ton visage (Saint-Paul, 1994), ainsi que d’autres œuvres que vous trouverez à la bibliographie sur l’iconographie aux Pages Orthodoxes La Transfiguration (www.top.ca/users/thabor).

Pour voir des icônes au Québec, les meilleurs endroits sont quelques unes des églises orthodoxes de la région montréalaise, par exemple l’église Saints-Pierre-et-Paul, au coin de Champlain et de Maisonneuve.

Pour ce qui est des monastères, il y deux monastères orthodoxes au Québec :

Communauté monastique de Saint-Séraphim-de-Sarov (Lanaudière)
B.P. 1695, Rawdon QC, J0K 1S0.
Higoumène : Hiéromoine Irénée (Rochon)
Tél. : 450-834-2332. Fax : 450-834-8075.
Langue liturgique : Français

Monastère de la VIERGE-MARIE-LA-CONSOLATRICE (Laurentides)
827, chemin de la Carrière, Brownsburg QC, J8G 1E7.
Supérieure : Mère Thékla .Tél. : 450-533-4313.
Langue liturgique : Grec

J’habite à Rawdon et je connais bien la Communauté monastique. Dans la chapelle, il y quelques belles icônes originales, notamment celles des grandes fêtes et de S. Séraphim-de-Sarov (que vous pouvez voir aux pages sur la paternité spirituelle aux Pages Orthodoxes La Transfiguration). Je ne connais pas les icônes du monastère à Brownsburg.

Par manque de moyens, des paroisses sont parfois obligées d’utiliser des reproductions laminées d’icônes. Aussi beaucoup d’icônes qu’on trouve dans les églises ne sont pas dans des styles " classiques ", soit slave ou grec, mais peuvent être plus ou moins influencées par l’art religieux occidental.

Il existe un Regroupement d’iconographes et d’iconophiles au Québec, qui se réunit deux fois par an, à l’automne à Montréal et au printemps à Québec. Il y a quelques informations sur cette association aux Pages Orthodoxes La Transfiguration.

ICÔNES – SAINTS OCCIDENTAUX

Comme vous le savez sans doute, les icônes de saints occidentaux, même d’avant le schisme, sont difficiles à trouver. Heureusement les iconographes occidentaux – souvent des catholiques – travaillent à combler ce manquement.

La seule icône de Saint Hilaire que je connais à été écrite à Montréal il y a quelques années. C’est une très belle icône, qui montre S. Hilaire avec S. Athanase d’Alexandrie et elle est connue comme l’icône des " deux Athanases ". Les deux saints évêques se sont en fait connus lors d’un des exils de Saint Athanase en Occident. L’icône a été écrite dans un cadre de prière et d’espoir de réunification des Églises d’Orient et d’Occident. Je n’ai pas de copie de cette icône, mais je peux me renseigner s’il en existe, si ceci vous intéresse.

ICONOCLASME

En ce qui concerne les polémiques soulevées à partir du VIIIe siècle au sujet de la vénération des images (l’iconoclasme), je vous réfère en premier lieu au livre de Léonide Ouspensky, La Théologie de l’Icône dans l’Église orthodoxe (Cerf) et celui de Paul Evdokimov, L’art de l’icône : Théologie de la beauté. Desclée de Brouwer, 1972. À partir de ceux livres vous trouverez toutes les références nécessaires. Vous pouvez aussi consulter d’autres ouvrages indiqués dans la bibliographie à la page http://www.pagesorthodoxes.net/eikona/icones-biblio.htm - par exemple, les articles dans la revue Contacts.

ICONOGRAPHIE

Dans la tradition iconographique slave, il existe quelques " cahiers " de dessins iconographiques qui servaient justement à l’instruction de futurs iconographes. Certains ont été reproduits en anglais, avec les dessins d’origine. En voici une référence (de la Bibliothèque de lettres et des sciences humaines de l’université de Montréal) :

An Iconographer's sketchbook : drawings & patterns / translated & edited by Gregory Melnick. Torrance, CA : Oakwood Publications, 1997-1998. 2 v. : ill. Autre(s) titre(s) Tracings from antique icons in the collection of A.M. Postnikov. Patterns of old Russian iconography. Materials for the history of Russian iconography. Note(s) "The sketches were published originally as: Tracings from antique icons in the collection of A.M. Postnikov. V[asili]. I[vanovich]. Uspensky, published by the St. Petersburg Archaeological Institute, St. Petersburg, 1898. And Antique icons in the collection of A.M. Postnikov. M[ichael] I[vanovich] and V[asili]. I[vanovich]. Uspensky, published by the St. Petersburg Archaeological Institute, St. Petersburg, 1898." -- Verso de la p. de t. du v. 1.

Localisation Cote Statut UdeM L.S.H. N 8189 R8 I36514 1997

Aussi, il y a un cahier de l’iconographe russe Galia Bitty, qui est venue au Québec plusieurs fois pour donner des cours. Finalement, il y a le livre suivant (mais je ne me souviens pas de son contenu) : Ramos-Poqui, Guillem, La peinture des icônes sur bois. Le Temps Apprivoisé, 1990.

IC-XC

Merci pour votre question concernant la signification des lettres IC XC qui figurent sur les icônes du Christ. En fait, ce ne sont pas des lettres latines, mais grecques : le " C " est plutôt le " S  " (sigma) grec. Les deux lettres sont unies par un signe, comme un ~. Il s’agit de l’abbréviation grecque de IESOS CHRISTOS –Jésus Christ, formée par la première et la dernière lettre de chaque mot. Par convention iconographique (et canon), toutes les icônes où est représenté le Christ, l’abbréviation grecque doit y figurer. De la même manière, la Mère de Dieu est identifiée sur les icônes par les lettres M R Q N (mhter yeon – miter theon, Mère de Dieu). Généralement, même les icônes peintes (ou plutôt " écrites ") en dehors de la Grèce portent les inscriptions du Christ et de la Mère de Dieu en grec. Les noms des autres personnages et des événements (Nativité du Christ etc.) peuvent être dans la langue locale.

IMAGES SUR INTERNET

Oui, il est possible d’enregistrer des images de pages web, y compris les icônes des Pages Orthodoxes La Transfiguration !

La procédure habituelle, sous Internet Explorer, par exemple, est de placer le pointeur de la souris sur l’image à l’écran, puis cliquer le bouton droit de la souris. Apparaîtra alors un menu, puis choisir " Enregistrer l’image sous… ". Vous pouvez alors changer le nom du fichier et sélectionner l’emplacement où le fichier sera enregistrée – souvent l’emplacement par défaut est le classeur " Mes documents ", mais vous pouvez l’enregistrer dans un autre classeur spécial.

Pour visionner et imprimer l’image, cliquer sur le fichier dans Windows Explorer (ou utilitaire semblable). Windows devrait alors lancer le logiciel approprié (par défaut, souvent Internet Explorer) et afficher l’image. Vous pouvez alors l’imprimer.

La plupart des fichiers-image sur internet sont de type .jpg ou .gif. Si vous avez un logiciel de traitement d’image (par exemple, Adobe Photoshop ou même MS Paint), vous pouvez ouvrir les fichiers dans ces logiciels et modifier les images (dimensions, balance des couleurs, contraste etc.).

IMMACULÉE CONCEPTION

L'Église orthodoxe ne reconnaît pas le dogme de l'Immaculée Conception, selon lequel la Vierge Marie est née sans être entachée par le péché originel. Pour l’Église orthodoxe, cette doctrine, fondée sur la notion augustienne de la transmission du péché originel à tous les descendants d’Adam, est contraire au principe de la liberté dans le salut et constitue en effet un rejet de l'acte volontaire d'obéissance indispensable pour le salut. La Sainte Vierge serait ainsi séparée du reste de la descendance d’Adam, l’enlevant du destin commun de toute l’humanité, ce qui jette un doute sur la réalité de l’Incarnation. Si en effet le Fils de Dieu avait assumé la nature humaine d’une mère qui n’aurait pas hérité des conséquences du péché originel - notamment une tendance vers le mal et la mortalité -, il n’aurait pas assumé non plus la nature humaine déchue pour ensuite la transfigurer, la ressusciter, l’exalter et la sauver.

Il ne s’agit pas d’une question relevant des Écritures saintes, mais plutôt de la tradition de l’Église. L’Église indivise du premier millénaire avait reconnu formellement la Sainte Vierge Marie comme " Théotokos ", la Mère de Dieu, dès le Concile d’Éphèse (431), mais le dogme de l’Immaculée Conception, telle que défini bien des siècles plus tard par l’Église romaine, n’a jamais été acceptée par les sept conciles œcuméniques, les seuls reconnus par l’Église orthodoxe.

Une question apparentée est celle de l’Assomption de la Vierge Marie. En ce qui concerne le dogme de l’Assomption de la Mère de Dieu, l’Église orthodoxe ne considère pas que ceci doive figurer parmi les dogmes essentiels de l’Église. Il n’y a aucun fondement biblique concernant l’assomption de la Mère de Dieu au ciel, mais la mémoire de l’Église a toujours accepté que le corps de la Sainte Vierge a été glorifié immédiatement après sa mort ou " dormition " et enlevé au ciel ; elle est au-delà de la mort et du jugement et vit déjà dans le siècle à venir. La Dormition de la Mère de Dieu, célébrée le 15 août, la dernière des grandes fêtes de la l’année liturgique, est fêtée par l’Église orthodoxe comme une seconde Pâque, la résurrection de celle qui est déjà unie au Christ : la Mère de Dieu est l’icône de la glorification des saints de tous les temps.

L’Église orthodoxe et les fidèles honorent et vénèrent la Mère de Dieu comme la plus parfaite des créatures de Dieu, " plus vénérable que les Chérubins et incomparablement plus glorieuse que les Séraphins ", selon les mots de l’Hymne à la Mère de Dieu. Le titre complet de la Vierge utilisé dans les offices orthodoxes est " notre toute-sainte, immaculée, toute bénie et glorieuse Souveraine, la Mère de Dieu et toujours Vierge Marie ", appellation reflétant bien la piété orthodoxe envers celle qui " a enfanté Dieu le Verbe " et qui a donc été l’instrument nécessaire à l’Incarnation et ainsi à salut de toute l’humanité.

INFAILLIBILITÉ DE L’ÉGLISE

Dans la conception orthodoxe, c’est l’Église tout entière qui est infaillible, parce qu’elle est le Corps du Christ ; cette infaillibilité ne repose pas sur une personne, ni même sur une collectivité, tels que les Conciles d’évêques. L’expression de cette infaillibilité est peut-être la plus évidente lorsque les évêques, réunis en Concile universel, prennent une décision librement. Cependant, une décision en matière de foi ou de dogme doit être en quelque sorte entérinée par l’Église tout entière. C’est ainsi que les décisions de certains Conciles auxquels ont participé des évêques orthodoxes, notamment les Conciles d’unification de l’Église d’Orient et de l’Église romaine, en 1274 et en 1438-39, ont été rejetées par le peuple orthodoxe et sont considérées comme invalides. Il va de même de certains conciles historiques qui ont été dominés par les hérétiques, par exemple, le fameux " concile des brigands ", tenu à Éphèse en 449 et dominé par les hérétiques monophysites d’Eutychès.

C’est une des raisons pour lesquelles l’Église orthodoxe ne peut accepter le dogme romain de l’infaillibilité du pape, qui est contraire également à l’expérience vécue de l’Église pendant les dix premier siècles.

INTERCESSION

Je vous suggère de lire quelques textes sur la prière d’intercession, si vous ne les connaissez pas déjà, par exemple :

" La prière pour les autres " par le père Matta El-Maskine : http://www.pagesorthodoxes.net/pages-choisies/matta-autrui.htm.

Les textes dans la section des Pages Orthodoxes sur la prière : http://www.pagesorthodoxes.net/priere/priere-intro.htm.

Par exemple, cette page sur la prière de saint Silouane l’Athonite : http://www.pagesorthodoxes.net/saints/silouane/silouane-priere.htm

Je vous envoie ici-bas un beau texte par le père Dumitru Staniloae : LES PRIÈRES POUR AUTRUI ET LA CATHOLICITÉ DE L'ÉGLISE.

Je recommande aussi le livre d’Origène sur la prière, ainsi que les commentaires des Pères sur les textes évangéliques portant sur la prière, par exemple :

Tout ce que vous demanderez avec foi par la prière, vous le recevrez. (Matthieu 21, 22)

Moi je vous dis : Aimez vos ennemis, priez pour vos persécuteurs ; ainsi serez-vous fils de votre Père qui est aux cieux.

(Matthieu 5, 44)

Je recommande donc, avant tout, qu'on fasse des demandes, des prières, des supplications,des actions de grâces pour tous les hommes.

(1 Timothée 2, 1)

Quelqu'un parmi vous est-il malade ? Qu'il appelle les presbytres de l'Église et qu'ils prient sur lui après l'avoir oint d'huile

au nom du Seigneur. La prière de la foi sauvera le patient et le Seigneur le relèvera... La supplication fervente du juste a beaucoup de puissance. (Jacques 4, 14-16)

La guérison du paralytique notamment le commentaire de l’Évangéliste : " Jésus, voyant leur foi… " (Matthieu 9, 1-8).

Je ne suis pas en mesure de fournir des conseils sur le fonctionnement d’un groupe d’intercession, n’ayant pas d’expérience. Dans la pratique liturgique de l'Église orthodoxe, je crois que l’utilisation du " Diptyque " pendant la Divine Liturgie est importante, pratique qui doit être encouragée, par exemple en ayant à disposition des fidèles une simple feuille imprimée et crayons.

 

INTERCOMMUNION

La règle générale pour la communion dans l’Église orthodoxe est que seuls les orthodoxes ayant observés les dispositions canoniques (par exemple, le jeûne eucharistique) peuvent communier. Les pratiques varient beaucoup d’une juridiction à une autre en ce qui concerne la confession avant la communion, la fréquence de la communion, la participation aux vêpres ou aux vigiles avant la communion etc.

C’est une grande déception et une grande souffrance, que nous, Orthodoxes et Catholiques, qui sont si proche en matière de foi, ne peuvent pas communier ensemble. C’est une souffrance et un des prix que nous payons pour la faiblesse humaine à l’intérieur même de l’Église – la séparation de l’Église orthodoxe et de l’Église catholique depuis un millénaire. Dans la perspective de l’Église orthodoxe, ceux qui communient ensemble à la même coupe partagent la même foi et c’est justement cette communion ensemble qui forment la communauté chrétienne locale, l’Église locale, si vous voulez. Le rétablissement de l’intercommunion sera donc le résultat et le signe du rétablissement d’une vraie unité entre les Églises.

La question de l’ " intercommunion " est certainement une des plus difficiles et délicates entre l’Église orthodoxe et l’Église catholique et il n’y a pas de solution facile… La rétablissement de la " communion " entre les deux Églises est un but cher à beaucoup dans les deux Églises – dont au pape Jean-Paul II – mais plusieurs obstacles importants restent à être surmontés. Je comprends bien votre tristesse à ne pas pouvoir communier aux liturgies de l’Église orthodoxe ; il y a d’autres formes de bénédiction où la question de la séparation des Églises ne se posent pas, par exemple, lorsque le prêtre reçoit les fidèles après la liturgie et leur donne un morceau de pain béni (l’antidore) et l’onction des fidèles aux vigiles ou aux matines. Aussi, on peut d’approcher pour la communion et demander le prêtre de toucher sa tête avec le calice en disant une bénédiction (il serait souhaitable de s’entendre avec le prêtre au préalable). L’absence de l’intercommunion est sans doute la plus grande souffrance pour les chrétiens désunis et le rétablissement de la communion sera la plus grande joie.

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Merci de votre message. La question de l’intercommunion entre les Églises est une de plus difficile pour les personnes qui recherchent l’unité chrétienne. C’est une grande source de souffrance, non seulement pour les catholiques qui souhaiteraient communier dans une Église orthodoxe, mais aussi pour les orthodoxes qui aimeraient être en union avec tous ceux qui recherchent sincèrement le Seigneur et l’unité des chrétiens. Malheureusement, la division des chrétiens est une réalité qu’on ne peut ignorer.

L’Église orthodoxe admet à la Sainte Communion seulement les orthodoxes ayant rencontrés les conditions canoniques pour la communion. Le refus d’admettre à la Communion les chrétiens d’autres confessions découle de la conception orthodoxe à la fois de la Communion et de l’Église. Pour l’Église orthodoxe, la Sainte Communion est à la base de l’Église locale, qui est composée de ceux qui communie ensemble. Car en partageant la même coupe, nous sommes en communion non seulement avec notre Seigneur Jésus Christ, mais aussi avec tous ceux qui boivent à la même coupe : nous partageons la même foi. Si nous n’avons pas l’unité de la foi, comment alors pouvons-nous être entièrement en communion les uns avec les autres en communiant à la même coupe ? Pour les orthodoxes, l’intercommunion doit être le résultat d’une nouvelle unité chrétienne, de l’œcuménisme, et non pas le moyen. Lorsque nous aurons retrouver l’unité de la foi tant souhaitée, nous pourrons alors communier ensemble en toute joie. L’absence d’intercommunion est le signe visible de la souffrance causé par le manque d’unité des chrétiens.

ISLAM

Pour faire suite concernant l’attitude de l’Orthodoxie envers l’Islam, je peux vous suggérer quelques articles qui sont parus dans la revue orthodoxe Contacts (Paris) :

Astrérios Argyrious, " Possibilité d’un dialogue entre l’Islam et la Christianisme à partir de leur conception de l’histoire ", Contacts, t. XXXII (1981).

Georges Khodre (Métropolite du Mont Liban), " Pour un dialogue avec l’Islam ", Contacts, XXI (1969).

Georges Khodre (Métropolite du Mont Liban), " Le Christianisme, l’Islam et l’Arabité ", Contacts, XXXII (1981).

Les rapports entre l’Islam et le Christianisme ont été caractérisés historiquement par de longs siècles de conflits, dont le résultat était la disparition du Christianisme, grec, latin et oriental, de vastes zones de son implantation originale apostolique : totale en ce qui concerne l’Asie mineure, la Perse et l’Afrique (du Nord), partiel en ce qui concerne la Palestine (Liban et Syrie) et l’Égypte. Trois des quatre Patriarcats orthodoxes actuels sont situés dans des pays musulmans (Constantinople, Alexandrie et Antioche). Mais il y bien sûr des chrétiens arabes, surtout au Liban, mais aussi en Syrie et en Israël, et c’est ainsi qu’il y a un intérêt pour le dialogue entre les deux religions.

Je n’ai pas consulté moi-même les articles en question, mais vous trouverez peut-être des indications concernant une appréciation théologique de l’Islam, ainsi que des pistes à suivre vers d’autres références. (J’ai consulté une table des articles de Contacts pour les années 1959 à 1983 ; il est donc possible que d’autres articles sont parus depuis 1983, mais il faudrait consulter les numéros individuels ou les index annuels.)

ITALIE – ORTHODOXIE

Sans doute qu’il y plus de documentation sur l’orthodoxie disponible en français qu’en italien, mais il y des communautés orthodoxes en Italie qui sont mieux placées que moi pour vous conseiller en cette matière. Je vous suggère de les contacter pour obtenir ces informations. Voici trois adresses internet que vous pouvez consulter :

Monastero Ortodosso di San Serafino di Sarov - Presenta la descrizione e le foto del monastero e informazioni sul cristianesimo ortodosso.

Ortodossia Cristiana - Presenta un'introduzione all'ortodossia, dottrina, storia, liturgia e sezioni dedicate a musica, architettura e articoli vari.

Ortodossia in Italia - Fornisce informazioni generali sulla fede cristiano-ortodossa ed è il riferimento ufficiale dell'Arcidiocesi Ortodossa d'Italia.

JUGEMENT DERNIER

Ce que nous savons du jugement dernier est vraiment très limité et même le texte biblique le plus explicite (la séparation des brebis et des boucs dans Matthieu 25,31-46 ; c’est l’Évangile du " Dimanche du Jugement Dernier ", qui précède le Grand Carême) peut être interprété d’une façon symbolique plutôt que réaliste. Voici le commentaire de père Lev Gillet :

" L'évangile de la liturgie (Matthieu 25:31-46) décrit le jugement dernier. "Quand le Fils de l'Homme viendra dans sa gloire", avec les anges, toutes les nations seront assemblées devant son trône. Il séparera les brebis d'avec les boucs, plaçant les justes à sa droite, les pécheurs à sa gauche. Il invitera à entrer dans le royaume du Père ceux qui l'auront nourri, vêtu, visité, sous la forme humaine des pauvres, des prisonniers, des malades. Il exclura du royaume ceux qui auront agi autrement. Cette description du jugement contient évidemment une part de symbolisme. Nous prononcerons nous-mêmes notre propre jugement selon que, volontairement, nous aurons adhéré à Dieu ou que nous l'aurons rejeté. C'est notre amour ou notre manque d'amour qui nous situera parmi les "bénis" ou parmi ceux qui sont écartés (ou peut-être ajournés). Si nous ne sommes pas forcés de donner une interprétation littérale des détails du jugement, tels que l'évangéliste les décrit, nous devons, par contre, entendre d'une manière très réaliste ce que le Sauveur dit de sa présence dans ceux qui souffrent, car c'est en eux seulement que nous pouvons venir en aide au Seigneur Jésus.

" Les prières des vêpres de ce samedi soir et des matines de ce dimanche donnent une impression générale de terreur devant le jugement de Dieu. Il y est question de livres ouverts, d'anges effrayés, de rivières de feu, de tremblement devant l'autel. Tout ceci est juste, et de nombreuses paroles de l'Evangile nous pressent de nous convertir avant qu'il ne soit trop tard. Mais le côté d'ombre, les ténèbres où le pécheur obstiné peut choisir de se jeter, ne doivent pas faire oublier le côté de lumière et d'espérance. Voici une phrase d'un chant des vêpres où ces deux aspects se trouvent unis comme il convient

"O mon âme, l'heure approche. Hâte-toi dans la foi avant qu'il ne soit trop tard et crie : J'ai péché contre toi, Seigneur, J'ai péché mais je connais ta compassion, ô toi, le Bon Pasteur, l'Ami du genre humain..." (L’An de grâce du Seigneur, pp. 144-145).

Et voici un autre commentaire moderne, de Mgr Hilarion Alfeyev :

" Au moment de la mort l'âme sort du corps et accède à une autre modalité d'être, toutefois elle ne perd ni la mémoire, ni l'aptitude à réfléchir et à sentir. En outre, elle se rend dans un autre monde accablée par le poids de sa responsabilité pour la vie qu'elle a menée, et dont elle garde le souvenir.

" L'enseignement chrétien sur le Jugement dernier, auquel personne ne peut échapper, est fondé sur l'idée que toutes les actions bonnes et mauvaises accomplies par l'homme laissent une trace dans l'âme, et qu'il faudra rendre des comptes pour tout devant le Bien absolu auprès duquel ne peuvent subsister aucun mal ni aucun péché. Le Royaume de Dieu est incompatible avec le péché: " Il n'entrera chez elle (la ville) rien de souillé, ni personne qui se livre à l'abomination et au mensonge; il n'entrera que ceux qui sont écrits dans le livre de vie de l'Agneau " (Ap 21,27). Toute action mauvaise dont l'homme ne s'est pas repenti en confession avec une totale sincérité, tout péché resté caché, toute impureté de l'âme, toutes ces choses seront manifestées au grand jour lors du Jugement dernier: " Car il n'est rien de caché qui ne doive être découvert, rien de secret qui ne doive être mis au jour ", dit le Christ (Mc 4,22).

" La parabole du Christ sur le Jugement dernier montre que ce Jugement sera pour beaucoup le moment où les voiles tomberont de leurs yeux: ceux qui étaient convaincus d'être sauvés se trouveront brutalement sous le coup d'une réprobation, et ceux qui, peut-être, n'avaient pas rencontré le Christ dans leur vie terrestre (" Quand T'avons-nous vu? "), mais avaient témoigné de la compassion envers leur prochain, obtiendront le salut. Dans la parabole du Jugement dernier, le roi ne demande pas aux hommes s'ils avaient été assidus à l'église, s'ils avaient observé les jeûnes, s'ils avaient prié des heures durant, mais il demande comment ils se comportaient envers leurs prochains, les " plus petits de Ses frères ". Les œuvres de miséricorde qui auront été accomplies, ou ne l'auront pas été durant la vie serviront de principal critère lors du Jugement. Le Jugement dernier s'appliquera à tous, croyants ou incroyants, chrétiens ou païens. Mais si les chrétiens seront jugés selon l'Evangile, les païens, eux, le seront selon " la loi de leur conscience inscrite dans leur cœur " (Rm 2,15).

" On trouve d'ailleurs dans le Nouveau Testament des indications d'après lesquelles tous les hommes comparaîtront au Jugement en entendant la bonne nouvelle du Christ, même ceux qui n'auraient pas connu le Christ dans la vie terrestre. L'apôtre Pierre dit que le Christ, après Sa résurrection, est descendu aux enfers pour y prêcher auprès des pécheurs qui aux jours de Noé avaient péri dans les eaux du déluge:

" Christ aussi a souffert une fois pour les péchés, Lui juste pour des injustes, afin de nous amener à Dieu; Il a été mis à mort quant à la chair, et rendu vivant quant à l'Esprit, dans lequel aussi Il est allé prêcher aux esprits en prison, qui autrefois avaient été incrédules, lorsque la patience de Dieu se prolongeait, aux jours de Noé, pendant la construction de l'arche, dans laquelle un petit nombre de personnes, c'est-à-dire huit, furent sauvées de (mot à mot "par le moyen de", "à travers") l'eau. Cette eau était une figure du baptême [...] qui maintenant vous sauve par la résurrection de Jésus-Christ " (I P 3,18-21).

" Si le Christ a prêché aux enfers, sa prédication s'adressait-elle à tous ceux qui gisaient là-bas, ou seulement aux élus? D'après Tertullien et quelques autres commentateurs, le Christ n'a prêché qu'aux hommes pieux et justes de l'Ancien Testament, qui languissaient en enfer dans l'attente de leur libération. Selon une autre interprétation la prédication du Christ s'étendait à tous ceux qui étaient en enfer, et parmi eux, à ceux qui avaient vécu dans le monde païen en dehors de la vraie foi. Telle est l'opinion de Clément d'Alexandrie.

" N'y a-t-il pas dans ces paroles une réponse à la question de savoir si le salut peut être accordé aux non-baptisés et aux incroyants? L'Eglise croit fermement que en dehors du Christ, en dehors du baptême et de l'Eglise, le salut est impossible. Néanmoins tous ceux qui sur terre n'ont pas connu le Christ ne perdent pas toute possibilité de se libérer de l'enfer, puisque même en enfer résonne la prédication de l'Evangile. En créant l'homme libre, Dieu a pris sur Lui la responsabilité de son salut, et ce salut a déjà été accompli par le Christ. Celui qui repousse consciemment le Christ et Sa prédication fait un choix en faveur du diable et devient l'instrument de sa propre condamnation: " Celui qui ne croit pas est déjà jugé, parce qu'il n'a pas cru au nom du Fils unique de Dieu " (Jn 3,18). Comment pourrait être condamné celui qui, d'une façon générale, n'a pas entendu l'Evangile? " Supposez, dit Clément d'Alexandrie, qu'avant la venue du Christ l'Evangile n'ait point été prêché aux morts: il en résulterait alors qu'aussi bien le salut que la condamnation seraient d'une criante injustice ". De même à ceux qui sont morts après la venue du Christ et n'ont pas reçu la prédication de l'Evangile on ne peut imputer ni la foi, ni l'incroyance. Voilà pourquoi le Christ annonce la Bonne Nouvelle en enfer afin que chaque être humain créé par Lui puisse faire un choix en faveur du bien ou du mal et, conformément à ce choix se sauver ou être condamné au châtiment " (Le mystère de la foi, pp. 241-243).

Pour le reste, il y a eu beaucoup de spéculation de la part de théologiens au fil des siècles, mais l’Église orthodoxe n’a jamais fixé de " dogme " en cette matière, à l’exception de l’article XII du Credo : " Je crois en la résurrection des morts et la vie du siècle à venir ".

JEÛNE

Le jeûne de Noël commence bien le 15 novembre – mais Ancien ou Nouveau Calendrier ? Ça dépend du calendrier que l’on suit. Pour les occidentaux, c’est très difficile d’envisager de continuer le jeûne jusqu’au 7 janvier. Même ici à Rawdon, où la communauté monastique en principe suit l’Ancien Calendrier, les francophones célébreront Noël le 25 décembre, donc nous commençons le jeune demain (lundi) et non le 28 novembre.

Comment suivre les recommandations de l’Église en matière de jeûne ? Je me souviens du conseil d’un prêtre orthodoxe, la première fois qu’on me parlait du jeûne : il conseillait simplement, " on fait ce qu’on peut faire ". Les conseils de l’Église sont là, mais il ne faut pas oublier que les " règles " de jeûne sont conçus en premier lieu pour les monastères. Si notre travail exige des efforts physiques considérables, les recommandations peuvent être allégées. Ce qui est le plus important c’est " l’esprit de Carême ", la conscience d’un temps de préparation personnelle " par la prière et le jeûne " pour la célébration de la fête à venir.

Si tu as la possibilité de consulter l’internet, il y quelques pages sur le jeûne aux Pages Orthodoxes La Transfiguration, dans la section " Métanoïa ".

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En fait, le jeûne est très important comme pratique spirituelle dans l'Église orthodoxe, surtout pendant le Grand Carême. Je vous recommande de lire ou re-lire le texte " Jeûner°: Avoir faim de Dieu " aux Pages Orthodoxes La Transfiguration, qui répond à quelques unes de vos questions. Les coquillages sont à tout fin pratique assimilés au poisson, donc ne sont permis que le jour de l'Annonciation et le dimanche des Rameaux pendant le Grand Carême.

En fait, plus important que le jeûne lui-même est l'esprit du Carême et vous trouverez de bons textes du père Alexandre Schmemann à ce sujet dans la section " Métanoïa " des Pages Orthodoxes. À noter en particulier la distinction importante entre " jeûne ascétique " et " jeûne eucharistique ", qui est un jeûne total. le jeûne total comme jeûne ascétique n’est indiqué par l’Église orthodoxe que quelques jours par année.

Le jeûne doit être accompagné par un effort supplémentaire de prière et si possible, je vous recommande d'assister à la célébration de la Liturgie des Saints Dons Présanctifiés (Liturgy of the Presanctified Gifts).

Le "pourquoi" de la proscription de certains aliments est moins évidente. Dans toutes les grandes traditions spirituelles, la viande et les produits dérivés sont les premiers à être indiqués pour le jeûne. Personnellement je pense que ceci est dû au fait qu'il s'agit de nourriture produite d'animaux tués et qu'il n'est pas naturel que nous devons tuer des êtres qui nous ressemblent afin de nous nourrir. Alors que les plantes sont d'un ordre biologique moins élevés que nous. Aussi dans la tradition judéo-chrétienne, il y la l'injonction de Dieu à l'homme le sixième jour de la création°: Je vous donne toutes les herbes portant semence, qui sont sur toute la surface de la terre°: ce sera votre nourriture. À toutes les bêtes sauvages, à tous les oiseaux du ciel, à tout ce qui rampe sur la terre et qui est animé de vie, je donne pour nourriture toute la verdure des plantes (Genèse 1, 29-30). On peut conclure de ceci que le fait que l'homme mangent de la viande et que beaucoup d'animaux se nourrissent d'autres animaux est un produit de la chute et non pas l'état naturel à la création. Donc le fait de s'abstenir de viande, de la volaille et du poisson est un retour à la condition première de l'homme.

JEÛNE ET PRIÈRE

Le jeûne et la prière font partie de la vie chrétienne, comme nous le souligne à plusieurs reprises le Seigneur, notamment dans le sermon sur la montagne (Matthieu 5-7). À ces pratiques personnelles on doit ajouter d’autres, par exemple, la participation aux sacrements, en particulier à l’Eucharistie, et la lecture de l’Écriture sainte, qui sont tous des moyens pour la vie de vertu et c’est ainsi, selon la parole de saint Séraphim de Sarov, que nous pouvons " acquérir l’Esprit-Saint ". Dans le cheminement spirituel, il est essentiel non seulement d’avoir des pratiques spirituelles personnelles, mais aussi de faire partie d’une communauté orthodoxe vivante, normalement une paroisse, afin de pouvoir participer efficacement aux sacrements et de recevoir et donner le soutien avec nos frères et nos sœurs qui partagent la même foi.

KÉNOSE

Je vous remercie pour votre message. Je ne connais pas l’utilisation du mot " kénose " dans l’Église catholique : se peut-il que ce mot est plus utilisé dans les milieux orthodoxes ?

Voici une courte définition (de la version révisée du " Lexique orthodoxe ", pas encore disponible aux " Pages Orthodoxes " :

Kénose (n.f.) : (du grec " se vider, s’anéantir ") L’abaissement volontaire du Verbe de Dieu en prenant la condition humaine, afin d’effectuer le plan du salut de l’homme ; aussi, le dépouillement du chrétien en acceptant de porter sa croix avec le Christ.

Voici la notice tirée du Vocabulaire théologique orthodoxe :

Kénose : Ce mot grec, qui signifie " se vider ", " s’anéantir ", a trouvé son sens chrétien dans le texte de l’Épître de saint Paul au Philippiens (2, 5-11) :

Mais il s’anéantit lui-même, prenant condition d’esclave, et devenant semblable aux hommes. S’étant comporté comme un homme, il s’humilia plus encore, obéissant jusqu’à la mort, et la mort sur une croix.

Ainsi le Christ, en assumant la condition d’homme, s’est dépouillé volontairement de ses prérogatives. Il s’est abaissé, s’est appauvri, mais – et c’est le grand mystère de la foi chrétienne – cela, il l’a fait tout en restant Dieu. Il est descendu dans la mort pour la vaincre.

Dieu se " vide ", devient vulnérable d’abord dans l’acte de la création, puis dans l’Incarnation, et la mort et la descente aux enfers. Il s’agit donc d’une kénose vivifiante, car le Christ, en ressuscitant, nous fait participer à la vie divine.

De là l’exigence de l’Évangile : nous serons un avec le Christ dans la mesure où nous nous " perdons " nous-mêmes pour lui, c’est là notre propre kénose par la Croix (Mc 8,34-36).

Cette idée de la kénose nécessaire du chrétien revient assez fréquemment dans les écrits spirituels et ascétiques ; il est souvent lié à la métanoïa, la conversion ou retournement de la personne vers Dieu. L’Archimandrite Sophrony utilisait le mot kénose assez souvent dans ses écrits – voir par exemple le chapitre " De la kénose et de l’abandon de Dieu " dans son livre Voir Dieu tel qu’il est (Labor et Fides, 1984).

L’utilisation du mot " kénose " par Bertrand Vergely sort des définitions habituelles de l’abaissement du Verbe de Dieu en se faisant homme et du chrétien qui suit le Christ ; il s’agit d’une " extension " des ces utilisations, extension qui est peut-être suggérée dans la notice du Vocabulaire théologique orthodoxe lorsqu’il dit : " Dieu se " vide ", devient vulnérable d’abord dans l’acte de la création… "

On peut se demander si Dieu " se retire " vraiment de sa création. Dans un certain sens, oui : la création n'est pas Dieu, autrement nous nous trouvons dans le panthéisme. En fait, nous disons dans notre prière d’invocation de l’Esprit Saint : " Toi qui es partout présent et qui remplis tout " - Dieu est présent dans sa création, mais la création n’est pas Dieu – la distinction classique entre l’immanence et la transcendance divine. Dieu est le " Tout-Autre " qui néanmoins se manifeste à nous dans sa création (" Les cieux et la terre sont remplis de ta gloire ", nous chante Isaïe (6,3), chant qui nous reprenons dans la Divine Liturgie), puis par son Incarnation. Le théologie orthodoxe attache beaucoup d’importance à l’" apophatisme " de Dieu (la théologique apophatique, dont le principal représentant est le Pseudo-Denys), ainsi qu’à la distinction entre l’essence de Dieu et les énergies de Dieu, distinction mise au point par saint Grégoire Palamas au 14e siècle (voir par exemple Essai sur la théologie mystique de l’Église d’Orient de Vladimir Lossky).

Je pense que la " kénose " de Dieu dans la création de l’homme repose avant tout sur la notion de la liberté. En créant l’homme, Dieu lui a accordé la liberté de choisir entre le bien et le mal et Dieu respect cette liberté, depuis Adam jusqu’à nous-mêmes, avec toutes les conséquences que nous connaissons. L’homme peut se " détourner " de Dieu, alors il se dirige vers la mort, le néant, là où Dieu n’est plus manifesté. C’est le vrai sens du péché, rompre la communion d’avec Dieu, qui est la vocation de l’homme – l’homme est appelé à transformer la simple " image " de Dieu à la " ressemblance ", thème-clé de l’anthropologie byzantine.

LAÏQUE/LAÏC

Un ou une " laïque " (ou " laïc ") est simplement d’une personne qui n’est pas ordonnée dans l’Église. Je suis moi-même laïc, n’ayant aucune fonction déterminée dans l’Église. Dans la tradition de l’Église orthodoxe, il n’y a pas de vie ou de pratique spirituelles qui distinguent le clergé et les moines des laïcs – tous sont appelés à vivre le même appel du Christ et les mêmes exigences évangéliques. Certains vivent l’Évangile plus intensément que d’autres, mais les fondements de la vie spirituelle restent les mêmes pour. À cet égard, j’ai beaucoup les notions de la " sacerdoce royale " de tous les fidèles et du " monachisme intériorisé ", dont parle Paul Evdokimov en particulier. Je vous envoie ci-joint copie d’un article où il développe ce thème.

LUC 16, 1-13 : L’INTENDANT MALHONNÊTE

Je suis d’accord avec vous qu’à première vue la louange du intendant malhonnête paraît étonnante. Il faut cependant entendre cette parabole avec discernement. Par l’entremise du " maître " de la parabole, le Seigneur ne nous recommande pas d’imiter la malhonnêteté de l’intendant, mais plutôt son zèle et son souci de son avenir. Le Seigneur nous dit en effet que les " enfants de la lumière " doivent être aussi rusés et dévoués en ce qui concerne la vie spirituelle et le Royaume de Dieu que le sont les " enfants de ce monde " pour les biens de ce monde.

C’est un peu dans ce sens que Saint Séraphim de Sarov, dans son entretien avec Motovilov, parle du " commerce spirituel " :

" Saint Séraphim : C'est donc dans l'acquisition de cet Esprit de Dieu que consiste le vrai but de notre vie chrétienne, tandis que la prière, les veilles, le jeûne, l'aumône et les autres actions vertueuses faites au Nom du Christ ne sont que des moyens pour l'acquérir.

- Comment l'acquisition ? demandai-je au Père Séraphim. Je ne comprends pas très bien.

- L'acquisition, c'est la même chose que l'obtention. Vous savez ce que c'est que d'acquérir de l'argent? Pour le Saint-Esprit, c'est pareil. Pour les gens du commun, le but de la vie consiste en l'acquisition d'argent - le gain. Les nobles, en plus, désirent obtenir des honneurs, des marques de distinction et autres récompenses accordées pour des services rendus à l'État. L'acquisition du Saint-Esprit est aussi un capital, mais un capital éternel, dispensateur de grâces ; très semblable aux capitaux temporels, et qui s'obtient par les mêmes procédés. Notre Seigneur Jésus Christ, Dieu-Homme, compare notre vie à un marché et notre activité sur terre à un commerce. Il nous recommande à tous " Négociez jusqu'à ce que je vienne, en économisant le temps, car les jours sont incertains " (Lc 19,12-13 ; Ép 5,15-16), autrement dit : Dépêchez-vous d'obtenir des biens célestes en négociant des marchandises terrestres. Ces marchandises terrestres ne sont autres que les actions vertueuses faites au Nom du Christ et qui nous apportent la grâce du Saint-Esprit. "

Les Pères, en commentant ce passage de l’Évangile de Luc et les commentaires sur l’argent qui le suit, insistent sur l’obligation du bon usage des richesses et aussi qu’il ne pas permis de prendre le bien d’autrui afin de l’utiliser pour faire des actions bonnes en soi – comme l’aumône.

Je vous envoie ici-bas deux commentaires de sources protestantes sur ce texte, ainsi que les " catenae " (" chaînes ") de saint Thomas d’Aquin sur le texte de Luc – il s’agit d’extraits d’écrits de plusieurs Pères à ce sujet. Vous trouverez peut-être d’autres clés pour comprendre le sens de la parabole et du texte sur l’argent qui le suit.

KONDAK

Voici la notice sur " kondak " du Lexique orthodoxe :

Kondak ou Kondakion (pl. Kondakia) (n.m.) : Hymne qui se place après la sixième ode du canon des matines, repris pendant la Divine Liturgie. À l’origine, première forme accomplie de composition poétique liturgique de l'ancienne Byzance, créée par saint Romain le Mélode (VIe siècle).

Le Tropaire et le Kondak sont les hymnes ou chants les plus importants d’une fête, soit du Christ, de la Mère de Dieu, ou d’un saint. Ce sont des compositions relativement courtes, qui résument en quelques mots l’essentiel du sens spirituel de la fête. Le tropaire est chanté aux vêpres, aux matines et la liturgie ; le kondak, aux matines et à la liturgie. Typiquement, plusieurs tropaires et kondakia sont chantés à la liturgie, par exemple, du dimanche ou de la fête, de l’avant-fête ou l’après-fête, s’il y a lieu, du saint du jour, du saint patron ou de la fête de l’église etc.

LANGUES LITURGIQUES – SLAVON

L’Église orthodoxe a toujours favoriser l’utilisation de la langue locale comme langue liturgique, afin que tous les fidèles puissent comprendre et assimiler la parole de Dieu et les offices liturgiques, surtout la Divine Liturgie. Ainsi, au débout le l’évangélisation des peuples slaves, au Xe siècle, les missionnaires byzantins ont traduit la Bible et les textes liturgiques dans une langue slave. Le slavon était basé sur la langue parlée par les peuples slaves autour de Constantinople et Thessalonique, mais elle est disparue comme langue vivante depuis longtemps. Le slavon est en effet une langue liturgique établie par saints Cyrille et Méthode, qui ont créé un alphabet (le cyrillique, basé sur l’alphabet grec). Le slavon est toujours utilisée par les Églises de Russie, de Bulgarie et de Serbie et par la plupart des autres peuples slaves. Le slavon était aussi la langue liturgique de l’Église de l’Ukraine, mais récemment cette Église a favorisé l’utilisation de l’ukrainien. Le slavon était utilisé également en Roumanie, mais l’Église de la Roumanie l’a abandonné en faveur du roumain. Il existe donc une Bible slave, qui est très ancienne, et aussi bien sûr des traductions dans les langues slaves modernes, mais celles-ci ne sont pas utilisées dans les offices liturgiques.

Il va de même dans les autres pays de tradition orthodoxes : les arabes orthodoxes utilisent l’arabe, les géorgiens, le géorgien etc.

Des traductions de la Bible en russe, arabe, ukrainien et roumain sont accessibles " en ligne " au site Online Bible : http://www.onlinebible.simplenet.com/downlwin.htm.

" LE CHEMIN " (REVUE)

Je vous envoie ci-joint l’index de la revue " le Chemin ", en format Excel. Certains articles figurent aux Pages Orthodoxes La Transfiguration – vous pouvez les identifier en faisant une recherche avec le moteur de recherche du site en utilisant les mots " revue le chemin ". La plupart des articles reproduits du Chemin sont du père Alphonse Goettmann, de son épouse Rachel et du père Philippe Dautais. Il y a quelques autres articles sur le site de l’Église orthodoxe copte de France, à l’adresse : http://eocf.free.fr/

Pour un numéro de découverte de la revue, vous pouvez vous adresser directement au Chemin : lechemin@wanadoo.fr. Vous pouvez recevoir un exemplaire du Chemin gratuit en vous adressant au Chemin.

LITURGIE DANS L’ÉGLISE ORTHODOXE

La Divine Liturgie est parfois qualifiée de " ciel sur terre " et en fait le moyen le plus sûr de parvenir au cœur de l’Orthodoxie est d’entrer dans la célébration liturgique de l’Église orthodoxe : Viens et vois, nous invite le Seigneur (Jn 1,39). Source de vie et de joie, la liturgie, dès lors que le Christ est descendu sur terre pour être célébré parmi les siens, nous donne un avant-goût du banquet messianique, un gage de la gloire céleste. Elle rétablit dans sa pureté la pleine relation entre l’homme et Dieu, elle permet de se tourner vers lui et d’oser avec confiance l’appeler " Père ", tout comme elle rétablit la relation entre la personne et la communauté, le membre et le corps tout entier, le chrétien et tous les hommes : Aime ton prochain comme toi-même (Mc 12,31). On ne peut dissocier le Christ et l’humanité, l’Église et le monde. Le sacrement de l’autel est indissociable du sacrement du frère. La grande prière transmise par le Christ nous enseigne que Dieu pardonne nos offenses dans la mesure où nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés. Avant de présenter ton offrande à l’autel, va d’abord te réconcilier avec ton frère (Mt 5,24).

L’Église a été fondée le Jeudi Saint, lorsque, dans la chambre haute, le Christ, entouré des Douze, a célébré la Pâque juive en lui donnant un contenu radicalement nouveau. Toute liturgie s’ordonne autour de ce repas qui lie le ciel et la terre, d’où se dégagent deux éléments constants, l’écoute de la Parole vivante et présente parmi nous, et l’offrande et le partage du pain et du vin, acte matériel et vital par lequel s’exprime notre intime communion avec Dieu.

Dans la liturgie, la compassion de l’Église s’étend sur tout l’univers et englobe l’humanité tout entière. Si l’Église n’est pas de ce monde, c’est pour le monde qu’elle offre le sacrifice, " en tout et pour tout ", en conformité au dessein de Dieu qui n’a pas envoyé son Fils dans le monde pour le juger, mais pour que le monde soit sauvé par lui (Jn 3,17). Alors toute liturgie pourra être vécue dans la joie et l’exaltation qui " nous transportent dans la vie du siècle à venir, dans la joie nouvelle, la joie des joies, la joie sans soir " (Père Serge Boulgakov).

La liturgie habituelle célébrée dans l’Église orthodoxe est la Liturgie de saint Jean Chrysostome, qui a pris sa forme sous l’influence du grand théologien, orateur, écrivain et patriarche de Constantinople au IVe siècle. La liturgie orthodoxe est toujours chantée a capella (sans instruments de musique) et se présente comme un échange continuel entre le clergé, la chorale et les fidèles.

La Divine Liturgie est composée de trois parties :

1. PROSCOMÉDIE OU PRÉPARATION : La préparation personnelle du clergé et des saints dons - le pain et le vin - en vue de la célébration eucharistique se fait par le clergé seul, d’abord devant les portes saintes de l’iconostase, puis à la table de la Proscomédie, située à la gauche du sanctuaire.

2. LITURGIE DE LA PAROLE OU DES CATÉCHUMÈNES : Lectures de la Parole - l’Ancien Testament représenté par des Psaumes, et le Nouveau Testament, par l’Épître et l’Évangile du jour, ainsi que les prières propres à la fête, au dimanche ou au jour. La " Petite Entrée ", procession du clergé avec l’Évangéliaire, marque le don de la révélation du Christ.

3. LITURGIE DE L’OFFRANDE OU DES FIDÈLES : Cette partie de la liturgie est centrée sur le mystère central de la foi chrétienne, la célébration eucharistique, avec la consécration des saints dons en Corps et Sang du Christ, l’invocation de l’Esprit Saint sur les saints dons (l’" épiclèse "), l’offrande, la communion du clergé et des fidèles, et les actions de grâces.

Outre la Liturgie de saint Jean Chrysostome, plusieurs autres liturgies sont utilisées dans l’Église orthodoxe. Les prières eucharistiques de la Liturgie de saint Basile, célébrée environ dix fois par an, notamment les dimanches du Grand Carême, le Jeudi Saint et le Samedi Saint, sont d’une grande beauté et profondeur théologiques. La Liturgie des Saints Dons présanctifiés, célébrée en semaine pendant le Grand Carême, est une liturgie eucharistique sans consécration ; on utilise le pain et le vin consacrés à la liturgie du dimanche précédant. C’est la seule occasion, à part la communion pour les malades, où les Saints Dons sont " réservés " après une liturgie, la pratique de l’adoration eucharistique en dehors de la liturgie étant inconnue dans l’Église orthodoxe. La Liturgie de saint Jacques, dont les origines remontent à l’Église de Jérusalem, peut être célébrée le jour de la fête de saint Jacques (23 octobre) et le dimanche entre Noël et le jour de l’an.

LITURGIE – COMMENTAIRES ET RÉFÉRENCES

Le commentaire " classique " de la Divine Liturgie est celui de saint Nicholas Cabasilas (XIVe siècle) :

Explication de la Divine Liturgie. Trad. S. Salaville. Cerf (Sources Chrétiennes 4bis), 1967.

On trouvera ce livre surtout dans des bibliothèques de facultés de théologie etc. ayant la collection des Sources chrétiennes.

Voici quelques autres commentaires de la Divine liturgie d’autres modernes (sauf Nicolas Gogol, écrivain russe du XIXe siècle) :

Andronikof, Constantin, Le sens de la liturgie. Cerf, 1988.

Dieu est vivant : Catéchisme pour les familles par une équipe de chrétiens orthodoxes. Cerf, 1991. Pages 312-332.

La Divine Liturgie de saint Jean Chrysostome par l'équipe de Catéchèse Orthodoxe. Cerf, 1986.

Evdokimov, Paul, La prière de l'Église d'Orient : La liturgie byzantine de Saint Jean Chrysostome. Éditions Salvator, 1966.

Gogol, Nicolas, Méditations sur la Divine Liturgie. Desclée de Brouwer, 1952.

Schmemann, Alexandre, L'Eucharistie : Sacrement du Royaume. YMCA Press/OEIL, 1985; rééedition YMCA Press/F.X. De Guibert, 2005.

Vous trouverez plusieurs textes sur la Divine liturgie aux Pages Orthodoxes La Transfiguration, y compris des extraits des livres de Gogol et du père Alexandre Schmemann :

LITURGIE – COMMUNION

Vous avez bien cité les canons de l’Église orthodoxe concernant la célébration de la Divine Liturgie : seulement une Liturgie peut être célébrée par jour sur le même autel et un prêtre ne peut célébrer qu’une seule Liturgie par jour. Pour le moment, je ne puis vous fournir une réponse quant au " pourquoi ". C’était sans doute pour éviter des abus et excès, peut-être en réaction contre la pratique occidentale de célébrer plusieurs messes sur le même autel, par le même prêtre.

Pour ce qui est de la communion, ni un laïc, ni un prêtre ne peut communier plus qu’une fois par jour – " jour " étant entendu ici comme commençant au coucher du soleil. Il peut donc avoir deux communions dans une période de 24 heures, par exemple le Samedi Saint : il y une Liturgie normalement le matin, puis la Liturgie pascale en soirée, donc après le coucher du soleil.

LITURGIE – " BRÉVIAIRE " OU " MISSEL " - " LE SPOUTNIK "

Avec le texte de la Divine liturgie de S. Jean Chrysostome que je vous ai envoyé, vous pouvez suivre la plupart de la célébration de la liturgie. La Liturgie de Saint Basile est célébrée dix fois par an et celle des " Présanctifiés " seulement les jours de semaine pendant le Grand Carême. Pour les parties variables des liturgies, il n’a pas actuellement (2012) de solution facile – sauf en les trouvant sur internet, mais il n’y pas de site complet en français. Le " Missel " ou " Bréviaire " orthodoxe, le " Spoutnik ", est épuisé depuis quelques années et il ne semble pas qu’il sera réimprimé. Je songe moi-même à faire quelque chose de semblable, mais cela prendra encore du temps. En anglais, on peut avoir accès aux textes variables des offices et de la liturgie en utilisant le programme gratuit " Menologion ", que l’on peut télécharger ici : http://saintjohnwonderworker.org/menologion.htm. On peut y ajouter la Bible en français (Louis Segond) ainsi qu’en espagnol, ce qui donnerait les épîtres et les Évangiles en ces langues.

LITURGIE – CONCÉLÉBRATION

Je n’ai jamais vu de texte qui mentionne les rôles et la position de concélébrants de la liturgie. Typiquement, c’est le célébrant principal (évêque ou prêtre) qui donne des " rôles " (ecténies, bénédictions etc.) aux autres célébrants, souvent pendant la liturgie même. Les concélébrants se placent à gauche et à droite de l’autel, selon leur précédence. Dans la tradition orthodoxe, seul le célébrant principal prononce les mots de la consécration et de l’épiclèse.

Le texte de la célébration " pontificale " (épiscopale) de la Divine Liturgie, ainsi que d’autres sacrements présidés par un évêque, se trouve dans le Grand Euchologe et Arkhiératicon (Diaconie apostolique – Chevetogne, 1992).

LITURGIE DE SAINT BASILE LE GRAND

À ma connaissance, la liturgie de saint Basile remonte au temps de saint Basile le Grand, donc au IVe siècle, mais il a certainement connu des modifications au cours des siècles. On attribue les principales prières de l’anaphore à saint Basile lui-même. Cette liturgie est célébrée dans les Églises de rite byzantin normalement dix fois par an : aux vigiles de Noël et de la Théophanie, sauf si elles tombent un samedi ou un dimanche ; les jours de Noël et de la Théophanie, si ces fêtes tombent un dimanche ou un lundi ; le 1er janvier, fête de saint Basile ; les dimanches du Grand Carême, sauf celui des Rameaux ; et le Jeudi Saint et le Samedi Saint. Aux vigiles de Noël et de la Théophanie, le Jeudi Saint et le Samedi Saint, cette Liturgie se greffe sur les vêpres, dont on célèbre le début jusqu’aux lectures, après lesquelles on enchaîne avec une petite litanie, l’ecphonèse " Car tu es saint, ô notre Dieu ", le Trisagion, le Prokimenon, l’Épître, l’Alléluia, l’Évangile, et le reste de la Liturgie eucharistique.

Je n’ai pas le texte grec de cette liturgie, mais vous la trouverez peut-être sur un site en Grèce. Vous la trouverez peut-être sur le site de l’église de Grèce : http://www.ecclesia.gr/ ou celui du Patriarcat de Constantinople : http://www.ec-patr.gr/ ou : www.ec-patr.org ou www.ec-patr.eu.

LITURGIE – VERSION " CONCERT "

La " version concert " de la Divine Liturgie est composée des chants les plus importants de la liturgie – comme les " messes " des grands compositeurs occidentaux. Le choix des chants, en particulier des litanies et des parties variables de la liturgie peuvent varier d’un compositeur à un autre. La " Divine Liturgie de Saint Jean Chrysostome " (op. 31) de Sergei Rachmaninov, par exemple, comprend vingt chants, y compris la plupart des grandes litanies, mais excluant les parties variables de la liturgie (prokimenon, tropaires et kondakia, alléluia).

LITURGIES

Je ne connais pas vraiment de textes de la " défense " de la liturgie dans l’Église orthodoxe. La liturgie, en particulier la Divine Liturgie, n’a pas besoin de " défense " à l’intérieur de l’Orthodoxie, car elle n’est pas remise en question – même si dans certaines paroisses, tel ou tel prêtre prend certains " raccourcis ". Ce qui existe plutôt sont des " explications " de la Liturgie, par exemple le grand classique de saint Nicolas Cabasilas " Explication de la Divine Liturgie ".

Vous savez aussi sans doute que l’Église orthodoxe pratique plusieurs versions de la Divine Liturgie, celles de saint Jean Chrysostome, de saint Basile le Grand, de saint Grégoire le Grand (pape de Rome), la " Liturgie des saints Dons présanctifiés ". La Liturgie de Saint Jacques, peu connue, est aussi pratiquée à certaines occasions.

Si l’on quitte les Églises orthodoxes " chalcédonniennes " pour considérer aussi les Églises orthodoxes orientales, chacune de celles-ci a sa ses propres liturgies : les coptes, les arméniens, les syriens, les éthiopiens…

La multiplicité de rites est admise dans la tradition orthodoxe. D’ailleurs, la plupart des rites actuels ont des origines vénérables et anciennes, qui ont très peu changé depuis bien longtemps. La Liturgie de saint Jean Chrysostome de nos jours, par exemple, a changé très peu depuis 15 siècles.

LIVRES LITURGIQUES

J'ai en main La prière des églises de rite byzantin, tome 1 : La prière des Heures " (Chevetogne, 1975). Ce n’est pas le Typikon, mais plutôt l’Horologion (la page de titre a même le mot en grec), qui comprend le commun des offices : Minuit, Orthros, Heures, Vêpres et Complies. Il semble être basé sur l’usage grec, à partir d’éditions romaines (1873-1901) des textes liturgiques, plutôt que des Typica et livres liturgiques des Églises grecques et slaves. Il s’agit d’une " refonte totale de la première section de l’ancienne édition " - c’est-à-dire l’édition signée par Dom P.E. MERCENIER. Dans la version révisée, les introductions des offices sont très bonnes. C’est intéressant, mais je pense que ce n’est plus très utilisé, étant remplacé par le Grand livre d’heuresde Denis Guillaume et le Livre des heures de la Fraternité orthodoxe.

Le tome 2 contient les offices des grandes fêtes et du cycle pascal :

La prière des Eglises de rite byzantin. II, 1 : les fêtes fixes ; II, 2 : les fêtes mobiles, P.E. MERCENIER (trad.), Chevetogne 1949 et 1953.

Si je me souviens bien, la révision du tome 2 n’est jamais parue. Le tome 3 contient l’office des huit tons pour le dimanche ; il est toujours disponible à Chevetogne :

LA PRIERE DES ÉGLISES DE RITE BYZANTIN, tome 3 : DIMANCHE (Octoèque)
1 vol. in-12, 620 p. 744 FB. Textes des Vêpres, Matines, Liturgies des huit dimanches ordinaires de l’année selon les huit modes musicaux. Introduction par Dom N. Egender, O.S.B. et C. Hannick.

Tomes 2 et 3 ont en effet été remplacés par les Menées, le Triode, le Pentecostaire et l’Octoèque (Paraclytique) de Denis Guillaume (Diaconie Apostolique/Chevetogne).

LIVRES LITURGIQUES – SPOUTNIK

Tous les livres liturgiques du rite byzantin (Livre des heures, Euchologe, Triode, Pentecostaire, Octoèque, Ménées, Évangéliaire, Apôtre…) existent en français, notamment dans les traductions de Père Denis Guillaume (responsable de la paroisse orthodoxe de Nîmes), édités par le Diaconie Apostolique et distribué par le Monastère de Chevetogne en Belgique. Certains textes existent en français en d’autres éditions (surtout les Liturgies et le Livre d’heures), mais la version de Père Denis est la seule pour la plupart des livres liturgiques. Il y a aussi le Synaxaire français, édité en Grèce, qui est très bien. Étant donné le nombre de livres liturgiques, pour les fidèles une solution pratique est le " Spoutnik ", qui contient des extraits des livres liturgiques permettant de suivre les principaux offices (Vêpres, Matines et Liturgie) des dimanches, de la Semaine sainte et des grandes fêtes.

" LUMIÈRE DU THABOR "

Il y a peut-être une petite confusion en ce qui concerne les numéros du Bulletin électronique " Lumière du Thabor ", qui n’a jamais eu d’article sur la question du filioque. En fait, il existe aussi une collection de livres du même nom, ainsi qu’une revue – je ne crois pas qu’elle existe encore – publiés par la Fraternité orthodoxe Saint-Grégoire-Palamas (30, boul. de Sébastopol, 75004 Paris), qui relève de l’Église orthodoxe russe hors-frontières. Il est possible que les numéros 1 et 2 de cette revue traitaient du filioque, mais je ne connais pas cette revue.

MACCABÉES

Je ne peux pas répondre directement à votre question, à savoir quand les frères Maccabées ont-ils été mis au Martyrologe. Selon le Synaxaire : Vies des saints de l’Église orthodoxe les frère Maccabées sont fêtés le 1er août. Les informations du Synaxaire semble venir surtout des livres des Maccabées, mais aussi d’une source patristique qu’il serait peut-être intéressant de poursuivre : on mentionne un écrit de saint Grégoire le Théologien, " Éloge des saints Maccabées ", avec la référence PG 35, 913 et 924 (donc Patrologie grecque de Migne, vol. 35, cols. 913 et 924). Il est possible que ce texte n’existe pas en traduction française, mais on le trouverez peut-être en d’autres langues.

MAGES

Les offrandes des rois mages à Jésus : Or – pour un roi, donc en reconnaissance de sa royauté ; encens – offrande à la divinité ; myrrhe – pour un souffrant ou pour l’ensevelissement d’un défunt, donc en reconnaissance de la Passion et mort du Jésus.

MALADIE

La maladie, comme la mort, est considérée comme une conséquence de la chute de l’homme suite à la faute d’Adam : Adam est devenu mortel suite à sa désobéissance et cette mortalité est héritée par toute la race humaine. La maladie se situe donc dans le cadre d’une vision de la nature de l’homme (" anthropologie "). Je vous envoie en annexe un texte de Mgr Kallistos Ware à ce sujet.

La maladie, tout comme la mort, n’est pas une " punition divine " de l’homme, mais c’est plutôt l’homme, à l’instar d’Adam, qui rejette Dieu et choisi le mal, donc la négation de Dieu, avec tout ce qui ceci entraîne. On peut dire, dans un certain sens, que c’est la nature, le cosmos, qui exerce une certaine " revanche " à l’égard de l’homme, en lui infligeant la maladie, car la chute de l’homme a aussi entraîné toute la création dans un état de chute.

Je vous rappelle aussi la parole de Jésus à la question concernant l’homme né aveugle : " Rabbi, qui a péché, lui ou ses parents, pour qu’il soit né aveugle ? " (Ni lui ni ses parents n’ont péché, répondit Jésus, mais c’est pour qu’en lui se manifestent les œuvres de Dieu " (Jean 9, 1-3). Les miracles de guérison dans le Nouveau Testament doivent être vus non seulement comme autant de guérisons de maladies physiques, mais comme des signes de guérison spirituelle. Ce thématique sous-tend beaucoup des propos des textes dans la section " Pages de la Guérison " des Pages Orthodoxes.

La maladie peut être un chemin de purification personnelle, tout dépend de l’accueil et de la disposition du malade par rapport à sa maladie.

Pour plus de renseignements sur la théologie orthodoxe de la maladie, je vous réfère aux livres suivants :

Dominique Beaufils Ta foi t'a sauvé 180 F

Jean-Claude Larche Théologie de la maladie 90 F

Jean-Claude Larchet Thérapeutiques des maladies mentales 98 F

MARIAGE

Le mariage est considéré par l’Église orthodoxe comme une voie de sanctification du couple établie et bénie par le Christ lui-même ; le Christ a notamment béni le mariage par sa présence aux noces de Cana et par le miracle du vin (Jn 2, 1-11). Dans le mariage, ce sont l’homme et la femme qui deviennent, chacun pour l’autre, le principal moyen de sanctification.

Le mariage dans l’Église orthodoxe comprend deux rites, qui sont normalement administrés l’un après l’autre : l’office des fiançailles, au cours duquel les époux échangent les anneaux en vue d’une union librement consentie ; et l’office du couronnement des époux, qui est le sacrement proprement dit. Les couronnes placées sur les têtes des époux sont les signes extérieurs du sacrement, symbolisant la réception de la grâce de l’Esprit Saint. Elles sont à la fois des couronnes de joie et de martyre, car le vrai mariage implique le sacrifice de soi-même pour le bien du couple. Par le mariage, l’accord entre les époux est sanctifié dans le mystère de l’Église, par l’amour qui les unit, tout comme l’amour unit le Christ à l’Église. Dans la théologie orthodoxe, c’est le prêtre et non le couple qui est le ministre du sacrement du mariage. Un mariage contracté hors de l’Église orthodoxe est considéré comme valide, mais non sacramentel.

L’Église orthodoxe admet le divorce et un deuxième mariage, voire même un troisième, avec une réticence qui est reflétée dans le rituel, lorsque le premier s’est avéré un échec. Le divorce est considéré comme une concession exceptionnelle, regrettable mais inévitable, à cause de la faiblesse de notre nature ternie par la chute. L’Église orthodoxe est plus soucieuse de porter secours et réconfort aux personnes concernées, que de préserver à tout prix une union qui n’a plus de sens. Pour être marié dans l’Église orthodoxe, au moins un des deux époux doit être orthodoxe.

Pour plus de renseignements, je vous réfère aux pages sur le mariage et la vie chrétienne dans le monde au site Pages Orthodoxes La Transfiguration ; la page d’introduction se trouve à l’adresse suivante :

http://www.pagesorthodoxes.net/mariage/mariage-intro.htm

Je recommande aussi livres :

Evdokimov, Paul, Sacrement de l’amour : Le mystère conjugal à la lumière de la tradition orthodoxe. Desclée de Brouwer, 1980.

Jean Meyendorff, Le mariage dans la perspective orthodoxe. Œil/L’Échelle de Jacob, 1986.

Ces deux livres contiennent le texte du rituel du mariage orthodoxe, qui est très beau.

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En ce qui concerne une question comme l’habillement de la mariée, je pense qu’il faudrait revoir celle-ci avec le prêtre qui célébrera éventuellement le mariage – surtout s’il s’agit d’un deuxième mariage, car l’office de mariage pour un deuxième mariage est très différent d’un premier mariage – beaucoup plus sobre, presque " pénitentiel ". Notez qu’un mariage conclu hors de l’Église orthodoxe n’est pas nécessairement reconnu comme sacramental ; l’Église orthodoxe fait une distinction entre un mariage sacramental, qui doit être célébré dans l’Église orthodoxe, et un mariage juridique, en dehors de l’Église, même s’il s’agit d’un mariage célébré dans une autre confession chrétienne. Mais il est difficile de généraliser, car la pratique peut varier selon les juridictions, et en fonction des circonstances particulières des personnes.

MARIAGE – CLERGÉ (MATOUSHKA – PRESBYTERA)

En ce qui concerne la femme d’un prêtre, habituellement on ne traduit pas le terme : matoushka en russe/slavon, presbytera en grec. Dans la tradition orthodoxe, les diacres et les prêtres peuvent être mariés pourvu que le mariage précède leur ordination. Les prêtres non mariés professent normalement les vœux monastiques, car les prêtres ne peuvent pas se marier après leur ordination. Les évêques, qui sont habituellement choisis parmi les moines, ne peuvent pas être mariés. Un prêtre veuf ne peut se remarier, mais par contre il peut devenir évêque.

MARIAGE – DATES

Voici les informations concernant les jours où on ne célèbre pas de mariage religieux dans l’Église orthodoxe : Tous les jours de jeûne, à partir de leurs vigiles : les mercredis et vendredis, jour de la Décollation de Jean le Précurseur (29 août), de l’Exaltation de la sainte Croix (14 septembre), pendant le Grand Carême, la Semaine saint et la semaine qui suit Pâques (à partir du dimanche du Carnaval jusqu’au dimanche de Thomas), pendant les carême des saints Apôtres (du lundi après la Toussaint au 29 juin), de la Mère de Dieu (du 1er au 15 août), et de la Nativité du Christ et de la Théophanie (du 15 novembre au 7 janvier).

MARIAGES MIXTES ET INTERRELIGIEUX

Vous trouverez ici-bas quelques informations concernant le mariage entre un orthodoxe et un non-orthodoxe. L’Église orthodoxe distingue entre un mariage valide et un mariage sacramental. De fait, tout mariage reconnu civilement est considéré comme un mariage valide, mais seul un mariage célébré par un prêtre orthodoxe selon les canons de l’Église orthodoxe est sacramentel. Un des mariés peut être non-orthodoxe. Il faudrait discuter avec un prêtre orthodoxe les modalités d’un mariage mixte : les prêtres ont une certaine discrétion à ce sujet et souvent doivent demander une autorisation de leur évêque pour célébrer un mariage mixte.

Je vous recommande de consulter la section du site Pages Orthodoxes La Transfiguration " Mariage et vie chrétienne dans le monde " (http://www.pagesorthodoxes.net/mariage/mariage-intro.htm) pour des articles pertinents.

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Merci pour votre courriel et d’avoir partagé votre dilemme avec un inconnu.

Autrefois, dans l’Église orthodoxe, l’office de mariage était intégré dans la célébration de la Divine liturgie et les nouveaux mariés participaient ensemble à la Sainte Communion, ce qui scellait leur amour commun et avec le Christ. Il était donc entendu que les époux partageant la même foi chrétienne et la même appartenance à l’Église orthodoxe.

Cependant, lorsque l’Empire byzantin a accordé à l’Église orthodoxe le droit exclusif de solenniser les mariages, l’Église s’est rendu compte que beaucoup de couples dont un des partenaires n’était pas chrétien voulait se marier et qu’il n’était plus convenable de retenir la formule de l’intégration de l’office de mariage avec la Divine liturgie. L’office de mariage est donc devenu un office séparé et il en est encore de nos jours – bien que certains prêtres acceptent de les intégrer de nouveau, dans le cas, bien sûr, où les deux époux sont orthodoxes.

Oui, un mariage entre un orthodoxe et un non-orthodoxe est possible, mais dans la plupart des cas où cela se pratique l’époux non-orthodoxe est néanmoins chrétien. On appelle typiquement un mariage entre un chrétien et un non-chrétien un mariage " interreligieux " plutôt qu’un mariage " mixte ". Le rituel du mariage orthodoxe est bien chrétien et présume que les époux sont chrétiens – vous pouvez lire le texte complet du rituel ici : http://www.pagesorthodoxes.net/mariage/mariage-offices.htm.

Les différentes Églises nationales orthodoxes n’ont pas toutes la même attitude envers les mariages interreligieux ; certaines sont plus ouvertes que d’autres. Voici un texte (de 1997) qui résume la situation :

Les Églises Orthodoxes et les mariages mixtes.

Quoiqu'elle désapprouve les mariages mixtes, l'Église Orthodoxe les tolère et les permet à condition que les enfants soient baptisés et éduqués dans la foi orthodoxe. Lors de la Conférence Pan-Orthodoxe de 1961 et par la suite, des vues positives ont été exprimées au sujet des mariages mixtes. Ces vues peuvent être résumées comme suit :

- Tout d'abord, le mariage entre un orthodoxe et un autre chrétien est interdit par les lois de l'Église, mais il peut être béni pour des motifs humanitaires, pour des raisons de "bienveillance philanthropique" et par bonté à l'égard de ceux qui se trouvent engagés, mais sous la condition expresse que les enfants issus de ce mariage seront baptisés et élevés dans l'Église Orthodoxe. Les Églises Orthodoxes autocéphales peuvent décider elles-mêmes de l'application de ce principe selon les circonstances.

- En second lieu, le mariage de chrétiens orthodoxes avec des non-chrétiens est absolument interdit par les lois de l'église. Toutefois, pour chaque cas individuel, les églises locales autocéphales peuvent décider d'adopter une attitude de bienveillance pastorale à l'endroit du membre orthodoxe. A cet égard, les vues de l'Église Orthodoxe Russe sont trés intéressantes.

Les conditions que connaît l'Église de Dieu sur terre aujourd'hui incitent à retourner, en matière de mariages interreligieux entre chrétiens et non-chrétiens, à la pratique de l'Église des premiers siècles de l'ère chrétienne. A cette époque, l'Église était favorable aux mariages mixtes, à la suite du commandement apostolique (I Cor. 7, 12-14 et 16). Dans ces versets, l'apôtre Paul recommande que de tels mariages ne soient pas dissous; il garde l'espoir que le membre croyant sauvera la partie incroyante. "Si un frère a une femme non croyante et qu'elle consente à vivre avec lui, qu'il ne la répudie pas. Et si une femme a un mari non croyant et qu'il consente à vivre avec elle, qu'elle ne le répudie pas. Car le mari non croyant est sanctifié par sa femme, et la femme non croyante est sanctifiée par son mari." "En effet, sais-tu, femme, si tu sauveras ton mari?" raisonne St. Paul, "Sais-tu, mari, si tu sauveras ta femme?"

Se basant sur ce point de vue, l'Église Orthodoxe applique le principe de "l'économie" et tolère les mariages mixtes. Le terme d'"économie" signifie que l'Église Orthodoxe agit d'après ce qu'elle croit être le mieux dans la ligne du plan divin du salut.

On doit noter que les autres églises orthodoxes autocéphales et l'Église Apostolique Orthodoxe Arménienne n'ont pas (encore) suivi cette pratique orthodoxe russe.

Bien que le mariage entre un(e) orthodoxe et un(e) non-orthodoxe soit possible, en pratique c’est peu évident, pour des raisons qui soient autant sociales et culturelles que religieuses : par exemple, les attentes et les préjugés des familles, des amis et des chefs religieux de part et d’autre. Une question épineuse est toujours l’apparence religieuse des enfants issus de tels mariages et il vaudrait mieux être très clair à l’avance sur cette question.

Aussi, du coté orthodoxe, faudrait-il trouver un prêtre qui accepterait de célébrer un tel mariage mixte, ou une autre forme de bénédiction du mariage, ce que, je pense, beaucoup de prêtres ne voudraient pas faire mais chercheraient plutôt à décourager la partie orthodoxe.

J’espère que ces quelques réflexions vous aideront dans votre démarche.

Vous trouverez peut-être utile aussi le document ci-joint (dont est tiré la citation ci-haut), préparé par les Églises d’Europe, avec la participation de quelques orthodoxes (document originel : www.ccee.ch/ressourcen/download/20080515151707.doc).

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En ce qui concerne la question de la communion et le rituel du mariage, la célébration du mariage étant normalement séparée de la Divine Liturgie dans l’Église orthodoxe, la question de la communion de l’époux non-orthodoxe ne se pose pas. Le rituel du mariage prévoit que les deux époux boivent du vin de la même coup, mais il ne s’agit pas de la communion.

Vous trouverez des textes et d’autres indications sur le mariage dans l’Église orthodoxe à la section " Mariage et vie chrétienne dans le monde " des Pages Orthodoxes La Transfiguration  :

Introduction aux Pages du Mariage 
et de la Vie Chrétienne dans le Monde

Le mariage dans le Nouveau Testament 
Saint Jean Chrysostome sur le mariage 
La vocation sacrée du laïc par Paul Evdokimov NOUVEAU !
L’amour et le sacrement de l’amour par Paul Evdokimov
Le monachisme intériorisé par Paul Evdokimov
Le mariage, chemin de sainteté par le Père Alphonse Goettmann
Éros et mystique par le Père Alphonse Goettmann
L'Église orthodoxe et la sexualité - articles d'Olivier Clément et de père Jean Chryssavgis NOUVEAU !
Mariage, célibat et vie monastique par le Père Jean Meyendorff
Le mystère du mariage dans l’Église d’Orient par Horia Roscanu
Offices de Mariage de l’Église Orthodoxe
…et les deux ne feront qu’une seule chair
     (Encyclique de l’Église orthodoxe en Amérique sur le mariage)
Le Cantique des Cantiques

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La question que vous avez posée concernant le mariage d’un orthodoxe à un non-chrétien (en l’occurrence une bouddhiste) soulève des problèmes complexes auxquels il n’est pas possible de donner un réponse définitive, mais seulement des indications générales.

Normalement, l’Église orthodoxe peut sanctionner le mariage entre un orthodoxe et un chrétien d’une autre Église, mais pas nécessairement entre un orthodoxe et non-chrétien. Beaucoup dépendrait du prêtre qui serait appelé à célébrer un tel mariage et éventuellement de son évêque qu’il vaudrait sans doute consulter. Le fait que vous avez été baptisée dans l’Église catholique peut être un facteur favorable qui influencerait la décision concernant un mariage dans l’Église orthodoxe. Aussi, le fait que, à ma connaissance, le bouddhisme ne demande pas explicitement à ses adhérents, même ceux qui ont formellement " pris refuge " dans le Bouddha, de " renoncer le Christ ". Le fait que votre partenaire ne soit pas pratiquant, si j’interprète bien votre message, et peut-être même pas associé à une paroisse orthodoxe, peut compliquer la situation.

Il est important de noter que l’Église orthodoxe fait une distinction entre un mariage valide et un mariage sacramental. De fait, tout mariage reconnu civilement est considéré comme un mariage valide, mais seul un mariage célébré par un prêtre orthodoxe selon les canons de l’Église orthodoxe est sacramentel. Un des mariés peut être non-orthodoxe. Dans votre cas, vous pouvez toujours vous marier civilement ; ce mariage serait alors reconnu par l’Église orthodoxe comme valide mais non sacramental, mais il se peut que l’Église locale considère que l’époux orthodoxe soit en rupture avec l’Église – voir le texte ici-bas de l’Église orthodoxe en Amérique (ce document ne s’applique pas de fait aux autres Églises orthodoxes, qui peuvent avoir une approche différente).

Pour avoir des indications plus précises en ce qui concerne votre situation, vous devez consulter un prêtre orthodoxe là où vous êtes. Normalement celui-ce serait le prêtre de la paroisse à laquelle appartient l’époux orthodoxe. Je pense que dans un tel cas, un prêtre, et éventuellement son évêque, serait guidé par ce qu’on appelle l’" économie ", c’est-à-dire un esprit qui permet d’agir en fonction des circonstances particulières d’une situation en vue du salut des personnes concernées, étant guidé plus par la compassion du Christ que par un rigorisme légaliste.

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Le livre d’Evdokimov (Sacrement de l’amour : Le mystère conjugal à la lumière de la tradition orthodoxe. Desclée de Brouwer, 1980) dit un petit mot sur le mariage mixte :

" En cas de mariage avec un fidèle d’une autre confession, ce dernier prend l’engagement de respecter la religion orthodoxe du conjoint. Les enfants doivent être élevés selon l’esprit de l’Église orthodoxe. La formule est large et ne comporte pas de précision. Les canons tolèrent que le mariage soit célébré également devant le ministre du culte de l’autre conjoint. " (pp. 256-57).

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Voici quelques informations que je peux vous fournir maintenant concernant les conditions de mariage. Il faut, bien sûr, qu'au moins un des époux soit orthodoxe afin que le mariage soit célébré dans l'Église orthodoxe ; il n'y a pas donc d'interdiction de "mariages mixtes" où l'un des époux n'est pas orthodoxe, mais celui-ci doit normalement être chrétien. Dans l'Église primitive, c'était souvent le cas que l'un des époux devenait chrétien, alors que l’autre restait non-chrétien ou païen. Saint Paul a écrit quelques mots a ce sujet, essentiellement encourageant l’époux chrétien de rester avec l’époux non chrétien (voir 1 Corinthiens 7, 13-16). En ce qui concerne la nécessité que l’époux orthodoxe soit pratiquant, ceci relève surtout du prêtre qui célébrera le mariage. Il est certain que la plupart des prêtres n'aiment pas être appelés à célébrer le mariage d'orthodoxes qui ne pratiquent pas leur foi... mais je crois que la plupart des prêtres ne refuseraient pas de bénir le mariage même dans une telle situation.

Ce qui l'Église demande, en ce qui concerne les mariages mixtes, est que les enfants issus du mariage soient élevés dans la foi orthodoxe - en fait, l'Église dit : "Nous bénissons votre mariage et nous vous demandons de vous engager à élever vos enfants selon notre foi."

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L’Église orthodoxe tolère le mariage mixte orthodoxe-musulman. Cependant, dans la pratique beaucoup de prêtres orthodoxes hésitent à sanctionner un tel mariage, car c’est généralement le conjoint orthodoxe qui se trouve obligé à faire des concessions, par exemple en ce qui concerne la célébration du mariage et la foi des enfants nés de l’union : les musulmans n’acceptent généralement pas d’être mariés à l’église ou de permettre à leurs enfants d’être chrétiens. Aussi, souvent le conjoint orthodoxe subit des pressions, ouvertes ou subtiles, de se convertir à l’islam. Le conjoint orthodoxe doit donc bien prendre en considération toutes les implications d’un tel mariage et consulter son pasteur ou père spirituel. Un mariage célébré hors de l’Église orthodoxe est considéré comme valide mais non sacramentel.

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L’Église orthodoxe distingue entre un mariage valide et un mariage sacramental. De fait, tout mariage reconnu civilement est considéré comme un mariage valide, mais seul un mariage célébré par un prêtre orthodoxe selon les canons de l’Église orthodoxe est sacramentel. Un des mariés peut être non-orthodoxe.

La théologie sacramentelle de l’Église orthodoxe diffère de celle de l’Église catholique en ce qui concerne le mariage. Si je ne me trompes pas, selon la théologie catholique, ce sont les époux qui se confèrent le sacrement l’un à l’autre, alors que pour l’Église orthodoxe, c’est l’Église, par le prêtre qui célèbre le mariage, qui confère le sacrement – comme pour tout autre sacrement.

Si un orthodoxe marié en dehors de l’Église vient à se divorcer et que par la suite il souhaite se marier dans l’Église orthodoxe, son mariage serait alors considéré comme un premier mariage, puisqu’il n’y a pas eu de mariage sacramentel précédant. (Comme vous le savez peut-être, l’Église orthodoxe reconnaît un second et même un troisième mariage, mais l’Office est sensiblement différent que celui d’un premier mariage.)

Vous trouverez d’autres informations sur le mariage dans l’Église orthodoxe à la section "Mariage et vie chrétienne dans le monde" aux Pages Orthodoxes La Transfiguration . Voir en particulier lEncyclique du Saint synode des Évêques de l’Église orthodoxe en Amérique concernant le mariage et le Guide pastoral du mariage, ainsi que le texte des offices de mariage.

MARIAGE – RÉFÉRENCES

Vous trouverez peut-être utile les homélies reproduits ici-bas de saint Jean Chrysostome. La première est tirée du livre Le mariage dans l'Église ancienne, Paris, 1969, et réimprimé dans Jean Meyendorff, Le mariage dans la perspective orthodoxe, YMCA Press/ŒIL, Paris, 1986. Si vous avez la possibilité de consulter l’un ou l’autre de ces livres, vous trouverez certainement d’autres références. La deuxième est une homélie spécifiquement sur le mariage ; vous trouverez les autres homélies dans M. Jeannin, trad., Saint Jean Chrysostome : Œuvres complètes, t. IV, Paris, 1864. Cette édition des œuvres complètes de saint Jean Chrysostome est disponible en ligne sur le site de l’Abbaye St Benoît de Port Valais à l’adresse : http://www.abbaye-saint-benoit.ch/ .

Une façon de chercher des références dans les écrits des Pères est de chercher les références à certains passages de la Bible, en particulier du Nouveau Testament, qui touchent le sujet en question. Les principaux écrits des Pères sont généralement indexés selon les références bibliques.

MASSY – JOURNÉES THÉOLOGIQUES

Je peux vous donner quelques indications et références sur les " journées théologiques de Massy ". L’organisateur principal était le théologien orthodoxe Paul Evdokimov, et d’autres personnes étroitement associées étaient le père Lev Gillet, Olivier Clément et Élisabeth Behr-Sigel.

On trouvera une description générale dans la biographie du père Lev Gillet (" Un Moine de l’Église d’Orient ") par Élisabeth Behr-Sigel, aux pages 504-505, et des renseignements plus détaillés dans la biographie d’Élisabeth Behr-Sigel d’Olga Lossky (Vers le Jour sans déclin), aux pages 213-217. Voici quelques références dans la revue Contacts :

Olivier Clément, Les Journées théologiques de Massy 1967, Contacts, XIX, 59/60, p. 185.

Les Journées théologiques de Massy 1968, Contacts, XX, 64, 245.

P. Lev Gillet, Au gué de Jabbok (Journées théologiques de Massy ,1967), Contacts, XIX, 59/60, 187.

Homélie (Journées théologiques de Massy 1968), Contacts, XX, 64, 248.

MATTHIEU 23, 1-12

Le Seigneur nous donne avant tout une mise en garde contre l’orgueil et la vaine-gloire dans la vie spirituelle ; la vie spirituelle n’est pas par rapport aux hommes, mais par rapport à Dieu. Faire notre devoir, accomplir notre vie spirituelle, non pas en vue de l’approbation des hommes, mais devant Dieu, pour le salut de nos âmes. Je crois que ce passage est lié à plusieurs autres paroles et paraboles de Jésus, par exemple ceux dans le sermon sur la montagne (e.g. Mt 6, 1-6 ; faire l’aumône et prier en secret), ou concernant la " première place " dans le Royaume des Cieux.

Pour ce qui est de la recommandation de ne pas appeler personne " Père " sur la terre, car nous n’avons qu’un, notre Père céleste (Mt 23, 9), je crois que le Christ nous appelle au discernement. Nous avons évidemment un père biologique, mais aussi des " Pères " dans la foi, ceux qui nous ont précédés et qui peuvent nous guider et nous aider sur le chemin. Jésus nous demande de ne pas confondre ces " pères " terrestres avec Dieu, notre Créateur et Source, le " Père tout-puissant, Créateur du ciel et de la terre " (Symbole de foi).

MÉDIATION

Pour le chrétien, le " médiateur " par excellence est le Christ, Dieu fait homme, Dieu-Homme, qui incorpore en lui la plénitude de la divinité et la plénitude de l’humanité, en une seule personne, le Logos de Dieu, la deuxième personne de la Sainte Trinité. C’est cette idée qui sous-tend l’Épître aux Hébreux, où l’auteur (certainement pas saint Paul) réfère au Christ comme le " Grand Prêtre " de l’humanité, par analogie au rôle du Grand Prêtre pour les juifs. Cependant, la notion de " médiation ", qui dans l’usage courant, comprend l’élément de " négociation ", n’est pas tout-à-fait appropriée dans le contexte des rapports entre l’homme et Dieu : comment l’homme peut-il " négocier " avec Dieu ? Comme le dit saint Paul, qu’avons-nous qui ne nous a pas été donné, gratuitement, sans aucun " mérite " de notre part ? C’est donc l’idée d’intercession que l’on trouve plus facilement dans l’Écriture et dans la Tradition : les prêtres de l’Ancien Testament " intercèdent " en faveur du peuple juif, de même que dans la tradition chrétienne, la Mère de Dieu et les saints de tous les temps intercèdent auprès de Dieu pour nous. C’est ainsi que nous leur adressons nos prières et que nous offrons nous-mêmes des prières d’intercession en faveur des vivants et des défunts.

Vous pouvez peut-être relire l’épître aux Hébreux sous cette optique de " médiation " et d’intercession.

Dans la Bible, il y de nombreux exemples d’intercession, par exemple Moïse à plusieurs reprises en faveur du peuple juif qui n’était pas resté fidèle à l’Alliance, les parents d’enfants malades ou défunts auprès du Christ dans les Évangiles etc. Vous trouverez ici-bas les références aux mots " médiateur " (toutes dans des épîtres, qui se référent au Christ), et " intercéder ", dans la traduction de la Bible de Louis Segond.

MÉDITATION

Pour ce qui est de la méditation, voici sur la page jointe justement les versets ayant les mots méditer, méditation ou médite. La plupart des références se trouvent à l’Ancien Testament, surtout dans les Psaumes et les Proverbes. En examinant de plus près ces références, on voit qu’il ne s’agit pas toujours de situations qui correspondent à notre entendement moderne de " méditation ", mais plutôt de " penser " ou de " réfléchir ".

Voici aussi des notes sur le mot hébreu siyach (see' -akh), racine souvent traduit par " méditation " :

une racine primaire; TWOT-2255; v

LSG-chanter, parler (de ses merveilles), se plaindre, soupirer,

méditer, raconter, réflexions, réfléchir, dire, croire;20

1) méditer, communier avec, converser intimement, parler, se

plaindre, réfléchir, chanter

1a) (Qal)

1a1) se plaindre

1a2) méditer, étudier, réfléchir

1a3) parler, chanter, dire

1b) (Polel) méditer, considérer, être dans ses pensées

Pour des situations de méditation dans la Bible, on peut penser par exemple, à Marie, " qui conservait avec soin tous ces souvenirs et les méditait en son cœur " (Luc 2, 19 et 2, 51). Avec les versets des Psaumes et des Proverbes, surtout le Psaume 119, ce sont certainement parmi les références les plus explicites sur le recueillement intérieur devant les mystères de Dieu. On pense aussi à Élie au torrent de Kerit ( 1 Rois 17, 2-0) : l’icône de cet événement généralement montre Élie dans une attitude de " méditation ", mais le texte biblique n’y en fait pas d’allusion directe. On peut penser aussi à saint Jean Baptiste au désert : " Il demeura dans les solitudes jusqu’au jour où il se manifesta devant Israël " (Luc 1, 80).

Il faut chercher, je pense, des situations de retrait des personnages bibliques de la vie active pour une période de solitude et de prière, souvent au désert – comme le Christ lui-même. Mais on ne trouvera pas, je crois, des références très explicites qui reflètent ce que nous comprenons par " méditation ", surtout les modes de méditation " orientales ".

MELKITES

De façon générale, les chrétiens qu’on appelle " orthodoxes catholiques " sont des catholiques romains de rite byzantin, qui acceptent donc la Pape de Rome comme le chef suprême de toute l’Église, ce qui n’est pas le cas pour les orthodoxes. On appelle aussi les catholiques de rite byzantin utilisant le grec les " melkites ". Les catholiques de rite byzantin suivent, avec quelques modifications, les rituels et le calendrier liturgique de l’Église orthodoxe, mais il ne sont pas en communion avec l’Église orthodoxe. Il y a des catholiques de rite byzantin en Grèce (très peu), en Roumanie, en Ukraine (très nombreux), en Russie et en Orient (parmi les chrétiens arabes). Au Liban en particulier, il y un dialogue très avancé entre les orthodoxes et les melkites en vue de rétablir une communion entre les deux confessions.

MÈRE DE DIEU – DOGMES

L'Église orthodoxe ne reconnaît pas le dogme de l'Immaculée Conception, selon lequel la Vierge Marie est née sans être entachée par le péché originel. Pour l’Église orthodoxe, cette doctrine, fondée sur la notion augustinienne de la transmission du péché originel à tous les descendants d’Adam, est contraire au principe de la liberté dans le salut et constitue en effet un rejet de l'acte volontaire d'obéissance indispensable pour le salut. La Sainte Vierge serait ainsi séparée du reste de la descendance d’Adam, l’enlevant du destin commun de toute l’humanité, ce qui jette un doute sur la réalité de l’Incarnation. Si en effet le Fils de Dieu avait assumé la nature humaine d’une mère qui n’aurait pas hérité des conséquences du péché originel - notamment une tendance vers le mal et la mortalité -, il n’aurait pas assumé non plus la nature humaine déchue pour ensuite la transfigurer, la ressusciter, l’exalter et la sauver.

HYMNE À LA MÈRE DE DIEU

Il est digne en vérité de te célébrer, ô Mère de Dieu,

bienheureuse à jamais et très pure

et Mère de notre Dieu.

Toi plus vénérable que les Chérubins,

et incomparablement plus glorieuse que les Séraphins,

qui sans tache enfantas Dieu le Verbe,

toi véritablement Mère de Dieu, nous t'exaltons.

Depuis le Concile d’Éphèse (431), qui a attribué le titre de " Mère de Dieu " (Théotokos) à Marie, Mère du Seigneur, la Sainte Vierge est vénérée par les orthodoxes comme la plus glorieuse de toutes les créatures de Dieu. La vénération mariale est un élément majeur de la piété orthodoxe et dans ce magnifique hymne de louange, c’est justement la qualité de Mère de Dieu qui est célébrée. Cette hymne occupe une place privilégiée dans la Divine Liturgie, après la consécration des Saints Dons et au début des litanies de commémorations avant la communion, et il revient souvent dans les offices byzantins.

En ce qui concerne le dogme de l’Assomption de la Mère de Dieu, l’Église orthodoxe ne considère pas que ceci doive figurer parmi les dogmes essentiels de l’Église. Il n’y a aucun fondement biblique concernant l’assomption de la Mère de Dieu au ciel, mais la mémoire de l’Église a toujours accepté que le corps de la Sainte Vierge a été glorifié immédiatement après sa mort ou " dormition " et enlevé au ciel ; elle est au-delà de la mort et du jugement et vit déjà dans le siècle à venir. La Dormition de la Mère de Dieu, célébrée le 15 août, la dernière des grandes fêtes de la l’année liturgique, est fêtée par l’Église orthodoxe comme une seconde Pâque, la résurrection de celle qui est déjà unie au Christ : la Mère de Dieu est l’icône de la glorification des saints de tous les temps.

L’Église orthodoxe et les fidèles honorent et vénèrent la Mère de Dieu comme la plus parfaite des créatures de Dieu, " plus vénérable que les Chérubins et incomparablement plus glorieuse que les Séraphins ", selon les mots de l’Hymne à la Mère de Dieu. Le titre complet de la Vierge utilisé dans les offices orthodoxes est " notre toute-sainte, immaculée, toute bénie et glorieuse Souveraine, la Mère de Dieu et toujours Vierge Marie ", appellation reflétant bien la piété orthodoxe envers celle qui " a enfanté Dieu le Verbe " et qui a donc été l’instrument nécessaire à l’Incarnation et ainsi à salut de toute l’humanité.

MÈRE DE DIEU – HYMNE " DEVANT LA GRÂCE INCOMPARABLE DE TA VIRGINITÉ "

Il s’agit du théotokion du premier cathisme des matines du ton 3 dans l’Octoèque. Voici :

Devant la grâce incomparable de ta virginité, *
devant le charme et le divin éclat rayonnant de ta sainteté,*
frappé de crainte, Gabriel s'écria, ô Mère de Dieu: * 
Quel éloge digne de ta sainteté pourrai-je te présenter, * 
de quel nom sublime te nommerai-je ? *
Je ne sais et demeure interdit. * 
Aussi, me conformant à l'ordre reçu, * 
je te chante: Réjouis-toi, ô Pleine de grâce.

En anglais :

At the beauty of thy virginity
and at the exceeding splendor
of thy purity
Gabriel stood amazed and cried out unto thee
"O Theotokos, what hymn of praise
is meet for me to sing to thee? What shall i call thee?
I hesitate and I stand in wonder
Wherefore as i was commanded
I cried unto thee
HAIL! Thou that are full of grace".

Je l’ai trouvé grâce à ce document, qui cite son origine liturgique : www.synaxis.info/psalom/hymnography/4_canonarchal/f_prosomoia_troparia/sw_rus/3_Awed_by_the_beauty.pdf

MÈRE DE DIEU – ICÔNES ET FÊTES

Voici les principaux " types " d’icônes de la Mère de Dieu (entre parenthèses, la référence de la page des Pages Orthodoxes où se trouve un exemple de l’icône) :

  • Mère de Dieu de la Déisis (en supplication)
  • " En toi se réjouit toute la création " - l’Église qui fête la Mère de Dieu – correspond à un chant liturgique (Page " La beauté du culte ")
  • Protection de la Mère de Dieu (Pokrov)
  • Tendresse - avec l’Enfant Jésus qui a son bras autour de sa nuque et souvent sa joue contre la sienne (Page " Chemin spirituel de S. Séraphim ")
  • Signe – avec un médaillon du Christ enfant dans son sein (Page " Éros et mystique ")
  • En Gloire – siégeant sur un trône, entourée d’anges et de saints (Page " Fresques du Monastère Saint-Antoine ")
  • Hodigitria – " Celle-qui-montre-le-Chemin ", avec l’enfant Jésus sur son bras gauche
  • Panaghia – la " Toute-sainte "

Il y a aussi une grande variété d’icônes nommées pour des villes ou régions russes – Vladimir, Kazan (Page " Hymne acathiste à la Mère de Dieu ") etc.

Dans la tradition orthodoxe, la " Sainte Famille " n’est pas Marie, Joseph et Jésus, mais Anne, Joachim et Marie – voir la page " Le mystère du mariage ".

Les principales fêtes liturgiques de la Mère de Dieu sont :

ª Nativité de la Mère de Dieu (8 septembre)

ª Entrée de la Vierge au Temple (21 novembre)

ª Annonciation (25 mars) (Page " Annonciation ")

ª Dormition de la Mère de Dieu (15 août)

La Mère de Dieu figure aussi sur les icônes des fêtes –

ª Nativité du Christ (25 décembre) (Page " La Nativité du Christ ")

ª Présentation du Christ au Temple (2 février) (Page " La sainte rencontre ")

Pour ce qui est des chants à la Mère de Dieu, voici le résumé du CD dont je vous ai parlé :

Chorale de la Communauté de la Théophanie

1. Nativité de la Mère de Dieu 2:23

2. Entrée au Temple 2:08

3. Acathiste à la Mère de Dieu 9:20

4. Annonciation 2:18

5. Cantique et Mégalinaire 5:19

6. Théotokia et Homélie 6:06

7. psAUME 44 6:05

8. NATIVITÉ DU CHRIST 2:08

9. SAINTES THÉOPHANIES 1:39

10. Mégalyinaire de pâques 2:28

11. DORMITION DE LA MÈRE DE DIEU 3:21

12. EXALTATION DE LA CROIX 3:46

13. TROPAIRE DES VÊPRES DE CARÊME 3:35

Ensemble CHORAL SAINT-IRÉNÉE

14. L'ANGE CHANTA À LA PLEINE DE GRÂCE 1:08

15. EN TOI SE RÉJOUIT 1:32

16. RÉJOUIS-TOI, MARIE 0:49

17. MAGNIFICAT 3:22

18. CHANTONS MARIE LA VIERGE 1:48

19. SALUT, PLEINE DE GRÂCE 0:59

20. HYMNE À LA MÈRE DE DIEU (LITURGIE) 1:27

TEMPS TOTAL : 61:41

MÈRE DE DIEU – " SAUVE-NOUS "

Le texte grec sur l’icône (i psycho sostria) dit " Le Sauveur de l’âme " - est-ce que cela semble s’appliquer à la Mère de Dieu ou au Christ sur l’icône ? Si l’inscription s’applique à la Mère de Dieu, je pense qu’il faut considérer cela dans le sens de son intercession en faveur des fidèles et non littéralement. L’inscription aurait dans ce cas la même portée pieuse que l’expression " Très sainte Mère de Dieu, sauve-nous " chantée comme interjection de la chorale ou des fidèles dans certaines traditions pendant que le prêtre ou le diacre récite la clause finale de la plupart des ecténies ou litanies : " Invoquant notre très sainte, immaculée, toute bénie et glorieuse Souveraine, la Mère de Dieu et toujours Vierge, Marie, et tous les Saints, confions-nous nous-mêmes, les uns les autres et toute notre vie, au Christ, notre Dieu. " Il s’agit d’une expression pieuse de la part des fidèles envers la Mère de Dieu et non pas une reconnaissance théologique de son rôle dans le salut – il n’y a pas de doctrine de " co-rédemption ".

Pour des renseignements sur les icônes de la Mère de Dieu, je recommande le livre du père Égon Sendler, Les icônes byzantines de la Mère de Dieu ; il discute en détail un grand nombre d’icônes et à la fin du livre il y a un " catalogue " qui identifie presque toutes les icônes de la Mère de Dieu.

MÉTANOÏA – VOIR " REPENTIR "

MIRACLES

Pour ce qui est des miracles, il y en a beaucoup, même de nos jours, mais la présence de miracles n’est pas un facteur essentiel pour la reconnaissance de la sainteté d’une personne. Pour prendre des exemples du 20e siècle, Saint Nectaire d’Égine (+ 1920) a été connu pour ses interventions miraculeuses de son vivant, ainsi qu’après sa mort, surtout près de son tombeau à l’Ile d’Égine en Grèce. Par contre, je ne connais pas de miracles attribués à Saint Silouane d’Athos (+ 1938) – il y en a peut-être, mais je n’en connais pas. Vous trouverez les biographies spirituelles et des écrits de ses deux saints très populaires aux Pages Orthodoxes La Transfiguration. Vous pouvez consulter également la biographie de Saint Séraphim de Sarov et aussi le récit de la " rencontre avec Motovilov ", qui décrit la transfiguration de Saint Séraphim en présence d’un visiteur.

MONACHISME

Dans l’Église orthodoxe, le moine " rasophore " est celui qui peut porter le rason, manteau à larges manches porté par-dessus la soutane. Le " rasophorat " est le premier des trois dégrés de la vie monastique ; certains moines demeurent rasophores toute la durée de leur vie monastique. On devient moine rasophore dans un monastère orthodoxe après une période de noviciat plus ou moins long, selon la pratique du monastère et le jugement de l’higoumène sur à la période nécessaire pour confirmer la vocation du candidat. Quant à la question de responsabilité parentale pour des enfants non-majorités, c’est une question qui serait décidée par l’higoumène en fonction de toutes les circonstances de la situation concrète. Pour aller plus loin, il faudrait vous adresser au higoumène d’un monastère, en manifestant votre intérêt à devenir moine. Vous trouverez les coordonnées des monastères orthodoxes en France, en Belgique, en Suisse et au Québec, à la page : Lieux de Culte Orthodoxe (http://www.pagesorthodoxes.net/ressources/lieux.htm ) (Europe et Québec).

J’ajoute que la profession monastique est souvent considérée comme un sacrement, bien que ne figurant pas parmi les sept sacrements traditionnels, dont le nombre suit l’usage occidental, mais qui n’est pas vue comme limitatif. Les monastères et les moines et les moniales sont sous la juridiction de l’évêque local, car dans la tradition orthodoxe, il n’y a pas de communautés religieuses globales, telles que dans l’Église catholique romaine. Depuis le 10e siècle, le centre orthodoxe monastique le plus important est le Mont Athos, dans le nord de la Grèce, où sont situés vingt monastères. Un autre monastère qui a joué un rôle très important dans le développement de la spiritualité orthodoxe est le Monastère Sainte-Catherine, situé au Mont Sinaï en Égypte.

MONASTÈRE SAINT-JEAN-LE-BAPTISTE (ANGLETERRE)

Le Père Sophrony a fondé le Monastère de Saint-Jean-le-Baptiste en Essex (au nord-est de Londres). Comme vous le savez sans doute, le Père Sophrony est décédé en 1993. A part la Divine Liturgie, l’office habituel du Monastère est la récitation de la Prière de Jésus, ceci en plusieurs langues.

Voici donc les coordonnées : Monastery of Saint John the Baptist, The Old Rectory, Tolleshunt Knights, Maldon, Essex CM9 8EZ. Tél. : 44-1621-816471. Le départ de Londres se fait depuis la gare de Liverpool Street, ligne de Colchester, avec correspondance à Witham. Il faudrait écrire ou téléphoner à l’avance, car le monastère est fermé pour les visiteurs à certaines périodes. (Je n’ai pas visité moi-même, mais j’ai l’information…)

MORT

L’Église orthodoxe n’a pas de dogmes précises sur la plupart des questions touchant la mort et l’au-delà, sauf ce qui figure dans le Symbole de foi de Nicée : " Je crois en la résurrection des morts et la vie du siècle à venir. " Vous pouvez lire quelques commentaires sur cet article du Credo :

Introduction à la foi orthodoxe par père Lev Gillet
Commentaire du Symbole de la Liturgie par Vladimir Lossky et Pierre L'Huillier

Je vous suggère aussi de parcourir les textes figurant à la section Souffrance, mort et résurrection des Pages orthodoxes.

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Merci de votre question concernant la signification de la mort dans l'Église orthodoxe. Ce n'est pas un sujet concernant lequel je suis très familier, alors je ne peux que vous donner quelques pistes de réflexion. Je regrette aussi que je n'ai pas de documentation informatisée à vous envoyer.

En premier lieu, la théologie de l'Église orthodoxe, suivant les Pères de l'Église, enseigne que la conséquence principal du péché original, le péché d'Adam, est l'introduction de la mort, et tout ce qui l'entoure (maladie, souffrance etc...) dans le monde. La mort ne figurait pas dans le plan de Dieu pour l'homme, mais c'est la conséquence du détournement de l'homme de la "Source de la Vie", Dieu, qui a livré Adam à la mort, et par lui, tous les hommes. La mort est donc ce qui est transmise à toute la race humaine, et non pas le péché d'Adam, le péché étant toujours conçu comme un acte personnel (l'Orthodoxie ne connaît pas la notion occidentale du "péché originel" qui est transmis aux descendants d'Adam). C'est pour cette raison que le thème que le Christ "a vaincu la mort par la mort" (Tropaire de la Résurrection) revient très souvent dans l'hymnographie orthodoxe.

Cette perspective théologique n'enlève pas l'élément tragique de la mort d'une personne. L'interprétation orthodoxe des larmes de Jésus devant le tombeau de Lazare est que le Christ pleurait non seulement pour son ami décédé - qu'il ressuscitera - mais devant la tragédie de l'introduction de la mort dans le monde, donc la mort de toute personne. C'est pour cette raison aussi que l'icône de la Résurrection n'est pas un Christ sortant du tombeau - image inconnue dans l'orthodoxie - mais le Christ aux Enfers, libérant ceux qui étaient jusqu'alors emprisonnés par la mort, y compris Adam et Ève, ainsi que les justes de l'Ancien Testament, dont nous voyons certains sur l'icône.

Pour explorer ce thème davantage, je vous recommande des lectures de théologie orthodoxe concernant la création de l'homme, la chute et la signification de Pâques. Je mentionne en particulier Lossky (Théologie mystique, chapitres V et VI), P. Evdokimov (L'Orthodoxie, "Les origines et les fins", et "L'eschatologie"), J. Meyendorff (Initiation à la théologie byzantine, "Guérison et mort" et "L'eschatologie").

L'Église orthodoxe attache beaucoup d'importance à la prière pour les défunts. Il y plusieurs offices ("pannychide") pour les défunts, qui sont spécialement commémorés les 3e, 7e et 40e jour après le décès (qui est souvent appelé la "naissance au ciel").

La "Catéchèse Orthodoxe : Dieu est vivant" contient aussi beaucoup d'informations qui pourraient vous être utiles, en particulier dans la Septième Partie, "Le Deuxième avènement et la vie du siècle à venir". Je vous donne les titres de quelques chapitres : "La résurrection des morts" ; "La vie dans la mort" ; "Une approche de l'eschatologie orthodoxe", "La prière pour les morts et la communion des saints", "La Dormition de la Mère de Dieu". Ce dernier peu sembler une peu étrange, mais la fête de la Dormition de la Mère de Dieu - la dernière grande fête de l'année liturgique orthodoxe (le 15 août, L'Assomption dans l'Église catholique) est vue essentiellement dans une perspective eschatologique.

LA MORT ET L’AU-DELÀ

C’est un sujet concernant le quel je dirai qu’on ne peut pas fournir des réponses définitives. Les Pères anciens ont certainement donné des enseignements, souvent très précises, sur l’expérience de l’âme après la mort, enseignements souvent basés sur des expériences et des visions, mais est-ce que cela nous permet vraiment de généraliser pour tous ?

Saint Jean Maximovitch résume ainsi l’enseignement traditionnel des Pères concernant l’expérience de l’âme pendant les deux premiers jours après la mort : " Pendant deux jours l’âme jouit d’une liberté relative et peut visiter des lieux qui lui étaient chers sur la terre, mais la troisième jour elle se déplace vers des sphères différentes ". C’est dans ce contexte que certains Pères enseignent que les âmes des défunts sont conscients de la présence de parents et d’amis auprès de leur dépouille mortel, mais bien sûr ne peuvent communiquer avec ces personnes.

Pour plus de renseignements sur les enseignements des Pères, avec des références précises, je vous réfère au livre de Jean-Claude Larchet, La Vie après la mort selon la tradition orthodoxe, Paris, Éditions du Cerf, 2001, 334 p. L’auteur connaît bien les Pères anciens, ainsi que les théologiens orthodoxes modernes, mais il ne s’aventure pas plus loin que de présenter ce que les Pères ont dit sur ce sujet. Comme j’ai dit, simplement parce que certains Pères ont écrit certaines choses concernant les morts n’implique pas nécessairement une validité universelle ; surtout, il ne s’agit pas d’articles de foi.

Concernant votre deuxième question (" Comment peuvent-ils [les morts] se détacher facilement des attachements terrestres ? "), on peut imaginer, comme le suggère la citation de saint Jean Maximovitch, que la liberté des âmes des défunts n’est pas sans limites, et qu’elles sont contraintes de quitter les lieux et les personnes qui leur sont chers pour s’engager plus profondément dans un processus d’après la mort qui est soit universel, soit personnel.

Concernant la troisième question (" Si non, à quoi ça sert de se déplacer et de voyager pour aller inhumer la dépouille?? Est-ce par respect, ou pour rendre hommage?? "), oui par respect et pour rendre hommage au défunt, mais aussi pour prendre congé définitivement de lui (ce qui est plus difficulté en l’absence du corps, par exemple si le corps a déjà été incinéré), et ce qui est peut-être plus important, de prier pour le défunt. La prière pour les défunts est une pratique très ancienne dans le christianisme et est en quelque sorte une obligation des vivants, un témoignage de l’amour qui existe toujours pour le défunt. Car l’amour ne disparaît pas avec la mort, mais doit nécessairement prendre une autre forme que lorsque la personne était vivante. La forme la plus haute de cet amour est sans doute celle de la prière, parce que par la prière nous continuons à manifester notre amour pour le défunt et à l’aider en quelque sorte, d’une façon connue de Dieu seul.

Pour conclure, les vivants ne doivent pas prendre d’initiative de contacter ou de communiquer directement avec les défunts : cela ne fait entrer dans des pratiques ésotériques qui ne sont pas chrétiennes. Si nous sentons qu’un être cher a communiqué avec nous après sa mort, par exemple dans un songe, on doit l’accepter humblement, mais sans y attacher une grande importance, à cause de l’incertitude concernant l’origine de ce genre de communication.

Je vous recommande de lire en particulier les textes suivants à la section " Souffrance, mort et résurrection " des Pages Orthodoxes La Transfiguration  :

Souffrance, Mort et Résurrection : Introduction

De la mort et de la résurrection par Mgr Kallistos Ware

" La mort est vaincue " : les fins dernières selon les Pères de l’Église par Père Placide (Deseille)

La prière pour les défunts

Office de la Pannychide - Acathiste pour les défunts

MORT ET L’AU-DELA` : LES " POSTES DE PÉAGE "

Ce que j’avais en vue en disant que certains théologiens orthodoxes contestent l’enseignement des " postes de péage " est la controverse à l’intérieur de l’Église orthodoxe russe hors-frontières il y a quelques années autour du livre du Père Séraphim Rose, " The Soul after Death " (The Soul After Death, Contemporary After-Death Experiences in the Light of the Orthodox Teaching on the Afterlife, by Father Seraphim Rose, Saint Herman of Alaska Brotherhood, PO Box 70, Platina, CA 96076 USA). Le livre n’a pas été édité en français, mais des extraits sont disponibles sur le site des " VCO ", dans le bulletin " Orthodoxie " : http://perso.club-internet.fr/orthodoxie/table.htm . Je ne connais pas la brochure du Monastère Orthodoxe St Michel 47 230 Lavardac : " L’Âme après la Mort " : serait-ce le même texte ?

Vous trouverez quelques textes critiquant le livre du Père Séraphim Rose au site " New Ostrog " à l’adresse : http://www.new-ostrog.org/toll_main.html. La " réponse " du Père Séraphim Rose est aussi disponible en ligne : http://www.orthodoxinfo.com/death/critic.htm.

Dans son article " La mort est vaincue ", Père Placide écrit que les " postes de péage " sont l’enseignement des Pères de l’Église – le but de son texte – mais il ne fait pas de commentaire sur cet enseignement. Mgr Kallistos ne les mentionne pas dans son article " De la mort et de la résurrection ".

Les espérances terrestre et à la mort pour un chrétien : Ce sont des questions assez vastes ! On trouve des indications, sous différentes formes, dans les Évangiles et les Épîtres, ainsi que dans les enseignements des Pères de l’Église et la vie des saints de tous les temps. Par où commencer ? Un bon point de départ est sûrement le " Sermon sur la montagne " de Jésus dans l’Évangile de Matthieu (chapitres 4 à 6). On trouve dans ce texte les " Béatitudes ", qui peuvent s’appliquer dans cette vie mais aussi dans la vie future. Car dans l’enseignement de l’Église, le Royaume de Dieu n’est pas seulement dans la vie prochaine, mais aussi dans la vie présente. C’est ainsi que la Divine Liturgie n’est pas seulement la commémoration d’évènements passés, ni une image de la Liturgie céleste ou future, mais une participation réelle au Royaume dès maintenant.

Pour ce qui est de l’après-mort, le christianisme enseigne la nature éternel de l’âme, la résurrection des morts et un " jugement ", généralement un jugement particulier, après la mort, et un jugement général or dernier, à la fin des temps. Le Christ parle du jugement général ou dernier dans l’ Évangile de Matthieu, 25, 31-46, où il y aura séparation des " brebis " des " boucs ". Je vous envoie ci-joint un article de Mgr Kallistos Ware sur " la mort et la résurrection " qui pourrait vous aider à ce sujet. Vous trouverez d’autres informations à la section Souffrance, Mort et Résurrection : Introduction des Pages Orthodoxes La Transfiguration .

NATIVITÉ DU CHRIST – ICÔNE/CRÈCHE

L’Orthodoxie ne connaît pas la " crèche " de Noël si répandue en Occident. La piété orthodoxe est concentrée surtout autour des icônes, dont vous avez certainement pu prendre connaissance. L’icône d’une grande fête est toujours placée au centre d’une église orthodoxe pour la vénération des fidèles lors des célébrations liturgiques de la fête et de l’après-fête.

L’icône de la Nativité du Christ récapitule en quelque sorte tous les principaux éléments de la fête : la naissance du Christ dans une grotte, le rôle central de la Vierge Marie, la Mère de Dieu, les anges dans les cieux, les bergers, les rois mages… Ce qui est très différent de la crèche occidentale est le rôle de Saint Joseph. Le plus souvent il est placé assis en bas et du coté gauche de l’icône, dans une attitude fortement pensive. Souvent il y a personnage un peu bizarre qui s’approche de lui : c’est le dieu Pan de la mythologie, qui représente les forces diaboliques. Joseph est pensif parce qu’il doit répondre à la question : Qui penses-tu qu’il est, l’enfant qui est né de la Vierge ? Il nous représente, car nous devons tous répondre à cette question. Du coté droit de l’icône, souvent il y a deux sages-femmes qui lavent le bébé Jésus, comme tout nouveau-né : c’est pour affirmer la pleine humanité du Christ.

L’icône est une œuvre d’art spirituelle qui transmet l’enseignement de l’Église ; hautement symbolique, elle n’est ni une image pieuse ni un document qui illustre simplement un événement historique.

NATIVITÉ DU CHRIST - NOËL

Pour ce qui est de l’Orthodoxie en général, Noël est précédé d’une période de jeûne de quarante jours, commençant le 15 novembre ; c’est la période de jeûne le plus important après de grand Carême précédant la Semaine sainte. Pour plus d’informations sur le jeûne dans l’Église orthodoxe, consultez la Page : www.top.ca/users/thabor/ metanoia\jeuner.htm

La période d’avant-Noël n’est pas une période liturgique comme telle, mais les deux dimanches d’avant Noël qui nous rappellent l’approche de la fête de l’Incarnation du Christ ; ils sont consacrés à la mémoire des saints Ancêtres du Seigneur et des saints Patriarches et Prophètes. Noël est généralement célébré par la Divine Liturgie le matin du 24, un office le veille du 25 décembre et la Divine Liturgie et matin même. (La Messe de minuit est une coutume plutôt Occidentale.) Pour plus d’informations sur les aspects liturgiques et théologiques de Noël, vous pouvez consulter :

Catéchèse orthodoxe : Les fêtes et la vie de Jésus-Christ I. L'Incarnation. Cerf, 1985.

L’icône de la Nativité du Christ est d’une très grande densité théologique. Il y a un commentaire dans le livre cité. Je vous envoie ci-joint un fichier .jpg avec l’icône de Noël (vous pouvez la visionnez dans Internet Explorer ou Netscape).

Je recommande aussi la réflexion sur Noël dans :

Un Moine de l'Église d'Orient (P. Lev Gillet), L’An de grâce du Seigneur : Un commentaire de l’année liturgique byzantine. Cerf, 1988.

NÉOCALENDRISTES

Je ne comprends pas tout-à-fait votre allusion aux " néocalendristes ". Dans l’usage orthodoxe, on entend par ce terme des groupes qui n’ont pas accepté le changement fait par plusieurs Églises orthodoxes de passer du calendrier julien au calendrier grégorien en ce qui concerne les fêtes liturgiques " fixes ", par exemple la Nativité du Christ. Ce changement n’affecte pas le calcul de la date de Pâques (et donc tout le cycle pascal, en fait tous les dimanches), qui reste le même pour tous les orthodoxes (sauf la petite Église de Finlande, qui est passée au calcul occidental en ce qui concerne la date de Pâques). Les " néocalendristes " sont présents notamment en Grèce, mais aussi en d’autres pays, tels que la Roumanie, qui sont au " Nouveau calendrier ". Ces groupes schismatiques sont nettement minoritaires. L’Église de Russie et celles des autres pays slaves sont toujours à l’Ancien calendrier, pour des raisons historiques et internes assez complexes.

NÉO-MARTRS RUSSES

L’Église russe se présente en deux facettes : le Patriarcat de Moscou et l’Église russe hors-frontières, aussi connue comme " le Synode " (il y a quelques années, cette dernière est entrée en communion avec le Patriarcat, mais elle continue néanmoins son existence propre à l’extérieur de la Russie).

Les deux ont canonisé les néo-martyrs de la persécution communiste en Union soviétique, mais avec une vision différente. L’Église russe hors-frontières a canonisé en bloc toutes les personnes mortes pour la foi par les communistes, sans les nommer individuellement, à quelques exceptions près, alors que le Patriarcat les canonise nominalement, en les nommant explicitement, après l’établissement d’un dossier individuel en canonisation. Je ne peux pas te dire combien jusqu’à date, mais je pense que c’est certainement quelques milliers.

NOËL ORTHODOXE

Dans la tradition cycle qui commence le 15 novembre par les quarante jours de jeûne de l’Avent, pendant lesquels nous cherchons orthodoxe, la fête de Noël est le deuxième temps fort de l’année liturgique, après Pâques. Noël est au coeur d’un Bethléem avec les prophètes et à Noël nous trouvons la grotte avec les bergers et les Mages. Nous contemplons avec Isaïe la Vierge qui enfante l’Émmanuël. Dans l’Église orthodoxe la Théophanie, ou Baptême du Christ, est étoilement liée à la Nativité du Seigneur. Dans l’Église ancienne ils étaient fêtés le même jour. C’est au Baptême que se révèle pleinement et se manifeste au monde le Messie : celui sur qui repose le Saint Esprit, celui sur qui il demeure éternellement. Par Jésus Christ le Saint Esprit remplit l’univers. Maintenant, par le Christ et l’Esprit, Dieu habite le monde. Nous pouvons désormais adorer la Trinité sainte et dire en toute vérité : " Dieu est avec nous ! "

C’est à cette rencontre entre Dieu et son peuple, rencontre entre le ciel et la terre, que l’Ancien Testament nous a préparés depuis des siècles. Le calendrier liturgique nous le rappelle en réservant les deux derniers dimanches avant Noël aux saints Ancêtres du Seigneur et aux Patriarches et Pères de l’Ancien Testament. À leur exemple, l’Église entière, et chaque fidèle personnellement, sont invités à préparer la " Maison d’Éphratha ", le temple intérieur où va naître le Sauveur :

Maison d’Éphratha, Cité sanctifiée,
Ô gloire des Prophètes, 
Prépare la maison où va naître notre Dieu.
Les prédications de tous les prophètes sont accomplies
Car le Christ est né en la ville de Bethléem
De la pure servante de Dieu.

Toutes les Églises orthodoxes célèbrent Noël le 25 décembre. Certaines paroisses orthodoxes fêtent Noël le 7 janvier du calendrier grégorien (ou calendrier civil) parce que ces paroisses suivent l’" ancien calendrier ", c'est-à-dire le calendrier julien, qui a treize jours de décalage par rapport au " nouveau calendrier ", le calendrier grégorien.

La célébration de Noël dans les paroisses orthodoxes comporte normalement deux temps liturgiques. Le premier, qui a lieu soit le matin ou en soirée du 24 décembre, est une Liturgie vespérale, composé des Vêpres de Noël et de la Liturgie de Saint Basile. Le deuxième office, célébré soit le 24 en soirée ou le matin du 25 décembre, comprend les Matines de Noël suivi de la Liturgie de Saint Jean Chrysostome.

L’essentiel de l’enseignement de la fête de Noël est résumé dans un court chant appelé le kondakion :

En ce jour la Vierge enfante l'Être transcendant et la terre abrite en une grotte l’Inaccessible; Les bergers, avec les anges, chantent sa gloire ; l’astre indique aux Mages leur chemin vers Bethléem, car pour nous vient de naître un enfant nouveau-né, le Dieu d’avant les siècles.

La splendeur des églises, le rayonnant des icônes, la parfum de l’encense, les processions du clergé et du peuple, la sublimité des chants, et la beauté des textes liturgiques, se rejoignent pour rappeler à tous le don que Dieu a fait à l’humanité, à chacun de nous, en nous envoyant son Fils unique pour la rédemption du monde.

NOM DE DIEU

Il faut comprendre l’expression biblique " au nom de Jésus " d’abord dans le contexte sémitique de la puissance attachée à l’invocation du nom, surtout le Nom de Dieu. Dans l’Ancien Testament, on rencontre souvent le Nom de Dieu ; pour les juifs anciens, comme pour d’autres peuples, le nom est associé à l’être même de la personne nommée ; connaître le nom d’une personne est entrer dans une relation intime avec la personne ; il n’y a de distinction entre la personne et son nom. Le Nom de Dieu était sacré, tellement sacré que le tétragramme de l’Ancien Testament, YHWH, n’était prononcé que par le Grand Prêtre une fois par an, dans le Saints des Saints du Temple de Jérusalem. C’est pour cette raison qu’il y avait d’autres Noms de Dieu, notamment Adonaï, habituellement traduit par " Seigneur " dans nos Bibles.

Dans le Psaume 90/91, le Seigneur dit au verset 14 : " Puisqu'il m'aime, je le délivrerai; Je le protégerai, puisqu'il connaît mon nom. " - phrase qui s’applique, dans la lecture chrétienne, au Verbe de Dieu, le Christ, celui qui connaît le Nom, c'est-à-dire la personne de Dieu, que Dieu seul peut connaître.

Par extension, l’invocation du Nom de Jésus dans le Nouveau Testament, par exemple dans les Actes des Apôtres, constitue une supplication que le Christ Jésus agit lui-même comme il est demandé par la prière de celui qui l’invoque. Car c’est en fait le Christ qui accomplit l’acte ; la personne n’est que l’intermédiaire, le " serviteur inutile " qui accomplit son devoir. Il en est ainsi pour tous les sacrements chrétiens : dans la tradition orthodoxe, chaque sacrement comprend l’invocation de l’Esprit Saint (" l’épiclèse "), qui accomplit le sacrement.

C’est ainsi qu’on peut parler " de la puissance du Nom " (titre de l’excellent article de Mgr Kallistos Ware sur la prière de Jésus, au Pages Orthodoxes La Transfiguration.

C’est dans ce sens qu’il n’est pas l’équivalant des expressions séculières " au nom du roi " ou " au nom de la loi ", car dans ces cas, la personne agit elle-même, étant investie du pouvoir du " roi " ou de la " loi " pour agir.

NORMANDIE – ORTHODOXIE

Malheureusement l’Église orthodoxe est très peu présente en Normandie. Cependant, il y a dans cette région de France la " Fraternité orthodoxe de l’Ouest ", qui organisent des célébrations liturgiques et d’autres manifestations orthodoxes. Voici quelques coordonnées (qui datent de 1992) :

Père Pierre Tchesnakoff
La Touche en Plumaudan
22350 Caulnes
Tél. 96 86 03 89.

Père Jean Roberti
4, quai Émile Zola
35000 Rennes
Tél. : 99 79 36 93.

Michèle Nikitine
8, rue Clos Margot
72000 Le Mans
Tél. 43 81 14 58.

Dans le Sarthe, il y aussi le Monastère Saint-Silouane-l’Athonite, que je connais bien et recommande vivement. Les visiteurs y sont les bienvenues : Route du Grand Lucé, 72440 Saint-Mars-de-Locquenay. Higoumène : Hiéromoine Syméon (Cossec). Tél : 02 43 35 95 12.

NOTRE PÈRE – SLAVON

Je vous envoie ici-bas le texte du Notre Père en slavon – d’abord en cyrillique, puis translittéré en caractères latins. Le slavon est la langue liturgique de l’Église russe (aussi des Églises serbe, bulgare, et en partie, ukrainienne), pas le russe moderne. Beaucoup de Russes ont de la difficulté à comprendre le slavon, une langue créée il y a environ onze siècles par saints Cyrille et Méthode pour l’évangélisation des peuples slaves. Les Russes qui assistent régulièrement aux offices arrivent à comprendre les textes habituels, mais ont plus de difficulté avec des nouveaux textes. Le slavon n’est pas une langue parlée.

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Otce naš, íže jesí na nebesjéh, da svjatítsja ímja Tvoé, da priídet

Tsàrstvie Tvoé, da bùdet vólja Tvojà, jàko na nebesí, i na zemlí. Hljéb nàš nasùšcny’i dàžd nàm dnés, i ostàvi nàm dólgi nàša, jàkože i mý

ostavljà’em dolžnikóm nàšym; i ne vvedí nàs vo iskušéni’e, no izbàvi nàs

ot lukàvago.

Jàko Tvoé jést tsàrstvo, i síla i slàva, Ottsà, i Sýna, i svjatàgo Dùha,

nýnje i prísno i vo vjéki vjekóv.

Amin.

OFFICES BYZANTINS

Entre temps, je peux apporter quelques éléments de réponses à vos questions concernant les offices orthodoxes (ou plus exactement peut-être, les offices byzantins). Les Petits Offices sont en fait basés sur les offices byzantins, mais ils sont très simplifiés. L’Office du Soir suit d’une façon générale, sauf en ce qui concerne les litanies, le déroulement de l’Office des Vêpres, qui prend habituellement environ 30 à 45 minutes – le temps des offices varie beaucoup, selon si l’office est fait au complet, lesquelles parties sont chantées et à quel rythme etc.. L’Office du Matin des Petits Offices ne reprend que quelques éléments de l’Office des Matines, qui est très long (90 à 120 minutes) et élaboré. Dans les deux cas, les parties variables des offices byzantins ont été éliminées presque entièrement.

Vous trouverez le texte des Heures de Tierce et de Sexte aux Pages Orthodoxes.

Les grands offices liturgiques (Noël, Semaine Sainte) sont en fait les offices des heures un plus élaborés que d’habitude, mais qui conservent la même structure générale.

Les fidèles orthodoxes peuvent, bien sûr, se servir des offices dans leur prières personnelles – d’ailleurs, les offices récités ou chantés en paroisse sont les mêmes que dans les monastères. La difficulté est que les offices sont longs et parfois compliqués et on a besoin de plusieurs livres liturgiques pour pouvoir les suivre intégralement. Il existe donc divers " Livres de prières orthodoxes ", basés, comme les Petits Offices, sur les offices byzantins, mais plus ou moins simplifiés. En voici un : Monastère Orthodoxe Saint-Nicolas de la Dalmerie, Livre de prières orthodoxes. Paix, La Dalmerie, F-34260 Le Bousquet d'Orb, 1996.

La plupart des livres liturgiques byzantins ont été éditée en français par la Diaconie Apostolique, dont le distributeur est le Monastère de Chevetogne en Belgique (vous trouverez un catalogue sur la page web de Chevetogne). Il existe aussi des extraits des plus importants offices de l’année liturgique : Guillaume, Denis, Le Spoutnik, nouveau Synecdimos [bréviaire byzantin]. Diaconie Apostolique, Parme, 1997.

La source la plus complète du commun des offices est le Grand Livre d’Heures (Diaconie Apostolique, 1989).

OFFICES – PRIÈRE DES HEURES

En ce qui concerne les " heures liturgiques ", les principaux offices de l’Église orthodoxe sont :

Vêpres (au couché du soleil, qui débute la journée liturgique)

Complies (seulement à certaines occasions)

Office de Minuit

Matines (ou Orthros, qui devrait débuter avant le lever du soleil)

Prime (Première heure, c’est-à-dire vers 7h00 du matin)

Tierce (Troisième heure, vers 9h00)

Sexte (Sixième heure, vers midi)

None (Neuvième heure, vers 15h00)

Les " Laudes ", qui, dans l’Église catholique, sont l’office du matin, sont intégrés aux Matines, sous la forme des Psaumes 148, 149 et 150, avec des versets propres à chaque fête.

D’autres offices peuvent figurer au calendrier liturgique à certains moments, par exemple " L’Office royale " et les " Typiques " pendant le Grand Carême.

Les " Vigiles " sont un office d’usage slave qui fond ensemble les Vêpres et les Matines.

Les offices sont d’origine monastique et sont célébrés dans les paroisses dans la mesure du possible. Par exemple, avant la célébration de la Divine Liturgie le dimanche, dans l’usage grec, on célèbre souvent l’Orthros (Matines) et dans l’usage slave, les heures de Tierce et de Sexte.

Les Vêpres sont le vrai " Office de nuit ", faisant le lien entre la lumière du jour, l’arrivée des ténèbres, et la vraie Lumière qui illumine tout homme venant dans le monde (Jean 1), le Christ.

Tous les offices des grandes fêtes liturgiques, notamment ceux de la Semaine sainte et de Pâques, sont basés sur le cycle quotidien des offices, en particulier les Vêpres et les Matines.

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En ce qui concerne un calendrier quotidien de prière, les offices de l’Église orthodoxe suivent les heures monastiques : vêpres, complies, matines, prime, tierce, sexte, none. Vous trouverez des " Petits offices orthodoxes " pour les laïcs aux Pages Orthodoxes La Transfiguration. Ces offices sont composés d’extraits des offices orthodoxes, dont les textes complets se trouvent dans les livres liturgiques, assez volumineux. Il existe aussi un " bréviaire " orthodoxe nommé le Spoutnik, qui contient les principaux offices orthodoxes, y compris les textes des Divines Liturgies, et qui permet de suivre en particulier les offices dominicales et des grandes fêtes. Le Spoutnik est édité par la " Diaconie Apostolique " et est distribué par le Monastère de Chevetogne en Belgique (site web : http://www.monasterechevetogne.com/fr/indexfr.htm).

ONCTION DES MALADES

L’office de guérison dans l’Église orthodoxe est habituellement l’office de l’onction des malades. Le sacrement de l'onction des malades apporte non seulement la guérison du corps, mais aussi le pardon des péchés. Ce sacrement est destiné à n'importe quel malade, quelle que soit la gravité du cas. Il a donc deux aspects, un visant la guérison du malade, l’autre sa préparation à la mort. Au sacrement des huiles se rattachent les autres actes d'onction : pendant le baptême, pour la consécration d’une église, pendant l’office des vigiles et pour la bénédiction des icônes. Ce très beau office est souvent administré dans les paroisses le Mercredi saint, comme office de guérison pour tous, car nous sommes tous " malades d’esprit " et c’est le Christ le médecin " des âmes et des corps " qui nous guérit. L’office complet comprend sept onctions, chacun étant précédé par une lecture des Épîtres, une lecture des Évangiles et des prières. Le rituel de cet office se trouve dans le Grand Euchologe et Arkhiératikon, publié par la Diaconie apostolique (informations au site du Monastère de Chevetogne (http://www.monasterechevetogne.com/fr/indexfr.htm), le distributeur, mais je n’ai pas de version informatisée. Le texte du rituel se trouve en anglais au site Anastasis (http://web.ukonline.co.uk/ephrem/ - cliquer sur Euchologion, puis Anointing of the Sick pour l’Introduction, puis sur Euchelaion pour le texte du rituel). Il y a aussi un texte en anglais concernant ce sacrement à l’adresse http://www.st-seraphim.com/unction.htm.

ONCTION D’HUILE

L’onction d’huile figure dans deux sacrements de l’Église orthodoxe, la chrismation (ou confirmation) et l’onction des malades, et également dans d’autres bénédictions.

s CHRISMATION : La chrismation ou onction avec le saint chrême (du grec, chrisma, " onction ") suit normalement le baptême. Le saint chrême est consacré par les primats des Églises et est envoyé par eux aux évêques de leur juridiction. La chrismation est administrée par un prêtre, qui fait un signe de croix sur le front, les yeux, les narines, la bouche, les oreilles, la gorge, les mains et les pieds du candidat, disant chaque fois : " Le sceau du don de l’Esprit Saint. " Car c’est par la chrismation que le baptisé reçoit le don de l’Esprit, devenant ainsi membre à part entière du peuple de Dieu ; il partage, dans le Christ, la royauté, la prophétie et la sacerdoce du " peuple royal ".

La chrismation sert souvent de rite d’admission dans l’Église orthodoxe pour ceux qui viennent d’autres confessions chrétiennes. Le saint chrême est le symbole de l'unité de l'Église.

s ONCTION DES MALADES : Le sacrement de l'onction des malades apporte non seulement la guérison du corps, mais aussi le pardon des péchés. Ce sacrement est destiné à n'importe quel malade, quelle que soit la gravité du cas. Il a donc deux aspects, un visant la guérison du malade, l’autre sa préparation à la mort. Au sacrement des huiles se rattachent les autres actes d'onction : pendant le baptême, pour la consécration d’une église, pendant l’office des vigiles et pour la bénédiction des icônes.

Pour les textes des offices en français, je vous réfère au livre de Denis Guillaume, trad., Grand euchologe et arkhiératikon. Diaconie apostolique, Parme, 1992. Une version anglaise de l’office des saintes huiles est disponible à l’adresse : http://web.ukonline.co.uk/ephrem/euchelai.htm .

Vous avez raison en ce qui concerne l’huile d’onction dans l’onction des malades : un peu de vin est ajouté à l’huile. Si ces deux éléments faisaient partie des rituels d’offrandes de l’Ancien Testament (voir par exemple, Ex 29, 40, Le 23, 13, No 15, 9 etc.), le fondement biblique principal pour le mélange des deux semble être le parabole du bon Samaritain : " Il s’approcha (du blessé), banda ses plaies, y versant de l’huile et du vin… " (Luc 10, 24).

L’huile et le vin sont aussi utilisés pour la bénédiction des fruits de la terre (l’Artoclasie) pendant l’office des Vigiles. Le célébrant bénit cinq pains, du vin, de l’huile et du froment. Le vin et l’huile sont versés sur les pains, qui sont consommés par les participants à l’office. Mais il n’y pas de mélange du vin et de l’huile avant la bénédiction.

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En ce qui concerne l’onction d’huile, il s’agit sans doute de l’onction pendant les matines, qui avec les vêpres constituent l’office des vigiles, pratiqué dans les Églises slaves. Si les matines sont célébrées tous les jours dans les monastères, par contre dans les paroisses, c’est typiquement seulement le samedi soir et la veille des grandes fêtes qu’on célèbre les vigiles.

Je n’ai pas trouvé d’origine spécifique pour l’onction des fidèles pendant les vigiles ; c’est un rite rattaché à toutes les onctions pratiquées dans l’Église orthodoxe : à la chrismation, l’onction des malades, la bénédiction d’un autel et d’une icône etc. Vous demandez dans quel passage de l’Écriture trouve sa source cette onction d’huile. Dans les rituels de l’Église orthodoxe, il n’y a pas nécessairement un texte biblique pour chaque geste ; souvent, c’est l’usage reçu ou la " Tradition " qui en est le fondement, les origines précises en étant perdues au cours des siècles. Ainsi, l’utilisation de l’huile pour les onctions trouve ses sources, d’une façon générale plutôt que spécifique, sauf dans certains cas, dans les passages de l’Écriture que sans doute vous connaissez bien : l’onction des rois et des prophètes dans l’Ancien Testament, des références telles que dans le Psaume 103 (" l’huile qui fait briller les visages "), l’onction Christique dont parle l’Épître aux Hébreux (1,9), et bien sûr la parabole du Bon Samaritain (Luc 10, 37) et la recommandation dans l’Épître de saint Jacques (5, 14-15). Le P. Denis Guillaume, dans son lexique (Le Spoutnik, p. 1137), écrit : " Dans l’antiquité.. les athlètes s’oignaient d’huile soit pour l’élasticité ou le bien-être de leurs membres, soit pour échapper à la prise de l’adversaire dans la lutte. Il est reste le sens symbolique de l’onction des catéchumènes, en vue du combat contre le Diable, avec l’athlétique nudité des candidats au baptême. " Je pense que c’est dans ce sens symbolique qu’il faut voir cette onction : le chrétien porte sur son front le symbole même de sa foi, qui est aussi son arme pour le combat spirituel : la Croix, à la fois douloureuse et joyeuse, l’huile d’allégresse.

ORDINATION

Pour ce qui est du service à plein temps et l’ordination, je crois que ceci sera difficile en Ukraine, peut-être possible en France, mais il faudrait bien sûr faire partie d’une Église locale. À quelques exceptions près, les Églises et les paroisses orthodoxes en Occident ont peu de ressources et souvent le clergé doit travailler pour gagner leur vie – les principales exceptions sont certaines paroisses, dont les paroissiens sont assez nombreux et généreux pour prendre en charge un clergé à temps complet (par exemple, les grecs, les arabes et les roumains).

Pour accéder à la sacerdoce, normalement on doit avoir terminé une formation théologique, par exemple à l’Institut Saint-Serge. Mais une formation académique et même le souhait de la personne d’être ordonné ne suffisent pas, car dans l’Église orthodoxe, l’ordination se fait en réponse à un appel de l’évêque ; c’est un " ministère " plutôt qu’une " vocation ", car sont considérés comme vocations le mariage et le monachisme (les laïcs célibataires occupent une place un peu ambiguë dans ce cadre).

ORTHODOXE ISOLÉ

Que pouvez-vous faire pour maintenir le lien avec l’Église, vivant loin d’une communauté orthodoxe ? Je vous fais quelques suggestions :

  • Oui, icônes et prière : vous pouvez aménager un petit " coin de prière " chez vous, avez quelques icônes, un lampade ou une bougie, pour le recueillement de la famille.
  • La prière quotidienne est très importante, mais matines et vêpres, c’est beaucoup ! Mieux, selon l’enseignement de Pères, d’établir une " règle de prière " modeste et de l’accomplir sans faille, qu’une règles ambitieuse qu’on n’arrive pas à accomplir. Le matin des jours de travail, c’est difficile pour les familles, mais même une courte prière est utile – par exemple les " prières-exprès " du lever (voir fichier ci-joint), peut-être avec une courte lecture du Nouveau Testament. Le soir, on peut se permettre un peu plus, au minimum les " prières-exprès " du coucher, mais petit une prière plus longue. Je vous envoie ci-joint un petit livre de prières (matin, midi, soir) basé sur les offices orthodoxes, mais simplifié et adapter à l’usage laïc.
  • Les dimanches matins, en l’absence de pouvoir assister à la Liturgie, peut-être un office plus structuré, avec prières, lecture de l’Épître et de l’Évangile du jour, chants, lecture d’un texte spirituel (pour les adultes).
  • Justement en ce qui concerne Thaïs, vous pouvez entreprendre un enseignement catéchétique systématique, qui pourrait avoir lieu les dimanches matins ; il faudrait prendre les matériaux nécessaires avec vous !
  • Suivre, dans la mesure du possible, l’année liturgique : périodes de jeûne, y compris les mercredis et vendredis, l’observance des grandes fêtes par les lectures et les prières appropriées.
  • Maintenir un lien avec votre paroisse actuelle, par exemple avec une ou deux personnes par courriel et avec le prêtre – renseignements sur les activités de la paroisse, demandes de prières, demande de " communier pour vous " etc.
  • En l’absence de lieu de culte orthodoxe, vous pouvez peut-être assister de temps en temps à la messe catholique – il y a sûrement une ou peut-être plusieurs paroisses catholiques à Pékin, peut-être même une avec la messe dans une langue occidentale. Même si l’Église orthodoxe n’est pas en communion avec l’Église catholique, rien n’empêche d’assister aux offices ; c’est une présence chrétienne dans un milieu largement athée ou simplement non-chrétien. On trouvera sans doute sur internet des indications sur l’Église catholique à Pékin.
  • En terme de livres à prendre avec vous, je suggère surtout le " Spoutnik ", qui contient l’essentiel des offices et des liturgies de tous les dimanches de l’année, des grandes fêtes et de la Semaine sainte. Je vous envoie ci-joint quelques consignes d’utilisation du Spoutnik. En ce qui concerne l’année liturgique, le livre du père Lev Gillet (" une moine de l’Église d’Orient "), L’An de grâce du Seigneur, est le plus utile.

ORTHODOXIE

L’Orthodoxie est la communion dans la foi et les sacrements, notamment l’Eucharistie, des chrétiens faisant partie des Églises fondées par les Apôtres et restées fidèles aux doctrines des sept Conciles œcuméniques et aux enseignements des Pères des premiers siècles. Le mot " orthodoxe " vient de deux mots grecs, orthos, " vraie " et doxa, " gloire, louange, culte, foi ". Pendant le conflit iconoclaste des VIIIe et IXe siècles, l’appellation " orthodoxe " désignait ceux qui favorisaient le culte des icônes, donc qui professaient " la foi véritable ". L’autre sens du mot doxa, " gloire, louange, culte ", s’applique aussi aux orthodoxes, car ceux qui confessent la vraie foi rendent la gloire véritable et le vrai culte à Dieu.

L’Orthodoxie constitue l’expression authentique du christianisme. Dans la fidélité à la foi apostolique, les Églises orthodoxes locales, appelées à sanctifier les fidèles, sont unies dans la confession d'une foi commune qui se manifeste dans l’unité des doctrines et des sacrements, ainsi que dans la nature conciliaire de l’organisation même de l’Église. Cette unité s’exprime notamment dans la liturgie byzantine, cette vaste synthèse de la théologie des Pères et des Conciles œcuméniques qui témoigne de la continuité historique et spirituelle de l’Orthodoxie.

Avec les grandes migrations du XIXe et surtout du XXe siècle, sous la pression de la misère économique ou bien de la guerre et de la persécution, le christianisme orthodoxe a perdu son caractère géographique oriental. L'Église orthodoxe est présente aujourd'hui sur tous les continents et la rencontre de l'Orthodoxie et de l'Occident, grâce à la diaspora orthodoxe, constitue un des grands événements spirituels de notre époque.

L’Orthodoxie est donc une confession chrétienne, de même que le Catholicisme, et non pas une " religion " distincte du christianisme. Il y beaucoup des différences entre l’Église orthodoxe et l’Église catholique, qui représentent respectivement la tradition gréco-orientale et la tradition latino-occidentale de l’Église. Ces différences touchent la théologie, la liturgie, les sacrements, l’ecclésiologie, les arts sacrés, ainsi que la vie spirituelle en général.

En ce qui concerne les dogmes, les deux Églises partagent généralement la même foi, sauf sur quelques points en particulier : la procession de l’Esprit Saint (la question du filioque), l’autorité dans l’Église et particulier l’autorité du Pape, et les dogmes " modernes " concernant la Mère de Dieu.

Bien que les différences entre les deux " poumons " de l’Église sont importantes, il faut tenir à l’esprit que ce qui les unit est plus important que ce qui les divise. Par ailleurs, beaucoup de ces différences existaient à l’intérieur de l’" Église indivise " du premier millénaire. Et les Églises orthodoxes et catholiques romaines sont beaucoup plus proches que l’Église romaine l’est à la plupart des communautés issues de la Réforme en Europe occidentale au 16e siècle.

Historiquement, depuis la conversion au christianisme par l’Empereur Constantin au 4e siècle jusqu’au déclin de l’Empire byzantin et la chute de Constantinople en 1454, l’Église orthodoxe était avant tout l’Église de cet empire. De nos jours, les pays de tradition orthodoxe sont notamment la Russie, la Grèce, la Roumanie, la Bulgarie, la Serbie, la Macédoine, et il y des communautés orthodoxes importantes dans certains pays arabes, par exemple le Liban, la Syrie et l’Égypte. En l’Europe occidentale et l’Amérique du Nord, l’Orthodoxie est représentée surtout dans les communautés d’immigrés des pays de tradition orthodoxe, mais il y aussi des orthodoxes " de souche occidentale " dans tous les pays occidentaux où l’Église orthodoxe est installée.

Voici un résumé des différences doctrinales entre l’Église orthodoxe et l’Église catholique romaine :

Malgré des différences culturelles et rituelles importantes, les Églises d’Orient et d’Occident partageaient essentiellement la même foi pendant le premier millénaire après Jésus Christ. Ce n’est qu’avec la controverse du " filioque " au IXe siècle que la séparation entre l’Orient et l’Occident a été consommée. Cette controverse touchait, et touche encore, un élément important de foi, la procession du Saint Esprit. À partir du Ve siècle en Occident on a commencé à affirmer que le Saint Esprit procède du Père " et du Fils " (filioque), interpolation qui ne se trouve ni dans le Credo de Nicée-Constantinople, ni dans les enseignements des Pères grecs ; son origine se trouve plutôt dans les enseignements de saint Augustin concernant le Saint Esprit. Pour l’Église orthodoxe, le filioque accorde une importance indue à la nature divine, au dépens des Personnes divines, remettant en cause la conception patristique de Dieu en tant que communion de trois Personnes divines. Pendant plusieurs siècles, l’Église de Rome a résisté à cette modification du Credo, qui était avancée par l’empereur et les théologiens de l’Empire franc, grand rival de l’Empire byzantin à l’époque, pour des raisons autant politiques que théologiques. À partir du début du Xe siècle le filioque a été introduit à Rome même, unilatéralement et en violation du principe de conciliarité du gouvernement de l’Église. Cette différence dogmatique reste toujours une pierre d’achoppement entre l’Orient et l’Occident.

L’autre cause principale de la rupture entre l’Orient et l’Occident concernait la nature de l’autorité dans l’Église, et en particulier l’autorité et le rôle du pape. L’Église orthodoxe n’admet pas l’autorité de l’évêque de Rome sur l’Église universelle, ni son infaillibilité. Plus qu’une simple différence de discipline, la question du rôle du pape dans l’Église englobe des conceptions différentes de l’organisation de l’Église visible, reflet de conceptions divergeantes de la Sainte Trinité. Pour l’Église orthodoxe, la base de l’Église demeure l’Église locale, qui à l’origine était la communauté eucharistique rassemblée autour de son évêque en un lieu donné. Dans un sens plus large, l’Église locale est l’ensemble des Églises d’une région donnée, rassemblées autour des évêques de cette région. Les Églises locales sont sœurs et parmi elles, celle de Rome avait reçu mission, nous précise saint Ignace d’Antioche (fin du Ier siècle), de " présider dans l’honneur " les Églises sœurs. Cette primauté d’honneur de l’Église de Rome est devenue, pour des raisons historiques et politiques au cours des siècles, une affirmation unilatérale de la primauté d’autorité des papes ou patriarches de Rome sur les autres patriarches et Églises. Acceptée en Occident, la doctrine de l’autorité absolue du pape sur les autres évêques s’est heurtée à la ferme volonté des Églises d’Orient de vouloir sauvegarder la tradition de l’Église primitive de l’égalité des Églises locales.

D’autres différences doctrinales entre l’Église d’Orient et l’Église d’Occident sont venues s’ajouter à celles du filioque et de l’autorité dans l’Église. L'Église orthodoxe ne reconnaît pas le dogme de l'Immaculée Conception, selon lequel la Vierge Marie est née sans être entachée par le péché originel. Pour l’Église orthodoxe, cette doctrine, fondée sur la notion augustienne de la transmission du péché originel à tous les descendants d’Adam, est contraire au principe de la liberté dans le salut et constitue en effet un rejet de l'acte volontaire d'obéissance indispensable pour le salut. La Sainte Vierge serait ainsi séparée du reste de la descendance d’Adam, l’enlevant du destin commun de toute l’humanité, ce qui jette un doute sur la réalité de l’Incarnation. Si en effet le Fils de Dieu avait assumé la nature humaine d’une mère qui n’aurait pas hérité des conséquences du péché originel - notamment une tendance vers le mal et la mortalité -, il n’aurait pas assumé non plus la nature humaine déchue pour ensuite la transfigurer, la ressusciter, l’exalter et la sauver.

En ce qui concerne le dogme de l’Assomption de la Mère de Dieu, l’Église orthodoxe ne considère pas que ceci doive figurer parmi les dogmes essentiels de l’Église. Il n’y a aucun fondement biblique concernant l’assomption de la Mère de Dieu au ciel, mais la mémoire de l’Église a toujours accepté que le corps de la Sainte Vierge a été glorifié immédiatement après sa mort ou " dormition " et enlevé au ciel ; elle est au-delà de la mort et du jugement et vit déjà dans le siècle à venir. La Dormition de la Mère de Dieu, célébrée le 15 août, la dernière des grandes fêtes de la l’année liturgique, est fêtée par l’Église orthodoxe comme une seconde Pâque, la résurrection de celle qui est déjà unie au Christ : la Mère de Dieu est l’icône de la glorification des saints de tous les temps.

L’Église orthodoxe et les fidèles honorent et vénèrent la Mère de Dieu comme la plus parfaite des créatures de Dieu, " plus vénérable que les Chérubins et incomparablement plus glorieuse que les Séraphins ", selon les mots de l’Hymne à la Mère de Dieu. Le titre complet de la Vierge utilisé dans les offices orthodoxes est " notre toute-sainte, immaculée, toute bénie et glorieuse Souveraine, la Mère de Dieu et toujours Vierge Marie ", appellation reflétant bien la piété orthodoxe envers celle qui " a enfanté Dieu le Verbe " et qui a donc été l’instrument nécessaire à l’Incarnation et ainsi à salut de toute l’humanité.

ORTHODOXIE – CATHOLICISME

L'Église orthodoxe ou l'Orthodoxie comprend cette partie du christianisme qui est restée fidèle aux enseignements et décisions des sept conciles oecuméniques qui ont eu lieu entre le IVe et le VIIIe siècles. La séparation tragique entre le christianisme orientale et le christianisme occidentale a eu lieu entre 1054 et 1204 et c'est le christianisme occidental qui est devenu l'Église catholique romaine, alors que les Églises d’Orient sont appelées l'Église orthodoxe.

En ce qui concerne les doctrines, il y très peu qui sépare les deux " poumons de l'Église ". Les principales différences doctrinales sont :

1. Le Filoque du Credo : Dans le Credo de l’Église catholique, il est dit que l'Esprit Saint " procède du Père et du Fils " (Filioque en latin), alors que l'Église Orthodoxe a toujours utilisé la formule du Credo de Nicée-Constantinople du IVe siècle, selon laquelle l'Esprit Saint " procède du Père ". Le Filioque a été ajouté au Credo en Occident vers le IXe siècle. 
2. La place du Pape dans l'Église : L'Église orthodoxe reconnaît le Pape comme ayant une primauté d'honneur parmi les évêques, mais pas une autorité absolue sur toute l'Église. Le principe de gestion de l'Église orthodoxe est la collégialité, l'égalité des évêques entre eux. En particulier, l'Église orthodoxe ne reconnaît pas l'infaillibilité du Pape, une doctrine de l’Église catholique énoncée au Concile Vatican I en 1870. L'Église Orthodoxe n'a pas d'autorité centrale, mais est composée d'un certain nombre d'Églises autonomes qui sont en communion entre elles, partageant la même foi et les mêmes sacrements. L’Église de Constantinople est reconnue comme ayant une primauté d’honneur parmi les Églises orthodoxes, mais le Patriarche de Constantinople n’a pas de pouvoir juridique sur les autres Églises orthodoxes. 
3. Les doctrines catholiques concernant Marie, la Mère du Dieu : L'Église orthodoxe accorde une très grande dévotion à la Mère de Dieu mais n'accepte pas les doctrines Catholiques " modernes " concernant la Mère de Dieu, notamment l'Immaculée conception et l'Assomption au ciel de son vivant. Pour plus d’informations sur la doctrine et le piété orthodoxes envers la Mère de Dieu, voir les Pages de la Mère de Dieu au site 
Pages Orthodoxes La Transfiguration .

Il y aussi beaucoup d'autres différences, de nature non dogmatique, entre l'Église orthodoxe et l'Église catholique, au niveau de la théologie, la vie spirituelle, la Liturgie (Messe), l'ecclésiologie etc. C'est une autre mentalité, un autre esprit, qui anime l'Église d'Orient, un esprit qui accorde beaucoup d'importance, par exemple, à la Miséricorde, alors que l'Église romaine est souvent plus " légaliste " dans ses approches aux problèmes concrètes, par exemple les questions morales. Plusieurs de ces différences sont évoquées dans les témoignages de personnes venues à l’orthodoxie d’autres Églises ou confessions sur le site de la Transfiguration (voir la section La foi orthodoxe), ainsi que dans les commentaires sur le Credo (Introduction à la foi orthodoxe par père Lev Gillet et Commentaire du Symbole de la Liturgie par Vladimir Lossky et Pierre L'Huillier).

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Vos commentaires sur l’histoire de l’Église reflète un point de vue qui n’est plus celui même de la plupart des historiens catholiques romains de nos jours. Pour commenter quelques points :

  • La distinction entre " catholiques " et " orthodoxes " n’existaient certainement pas avant le XIe siècle : tous les chrétiens étaient à la fois catholiques et orthodoxes.
  • L’Église de Rome n’est pas l’ " Église-mère et fondatrice " : cette honneur revient à l’Église de Jérusalem, comme c’est clair dans les Actes des Apôtres. Saint Pierre n’était pas le chef de cette Église, c’était saint Jacques.
  • Ni saint Pierre ni saint Paul n’ont " fondé " l’Église de Rome : l’Église de Rome existait déjà au moment de leur arrivée dans la capitale impériale.
  • L’Église de Rome n’a jamais exercé une autorité sur les autres Églises de l’empire. Ce n’est qu’au Xe siècle que le Pape de Rome a tenté, avec l’appui de l’empire franc, d’exercer une autorité sur les Églises de l’Orient chrétien, tentative qui a été fermement rejetée au fils des siècles par les Églises d’Orient.
  • Jusqu’au Xe siècle, la chrétienté était composée de cinq grandes Églises principales (la " Pentarchie ") : Rome, Constantinople, Alexandrie, Antioche et Jérusalem (en ordre de préséance). Chaque Église était autonome, mais toutes reconnaissaient une primauté d’honneur (mais pas d’autorité) à l’Église de Rome.
  • Ce qui a rompu cette unité dans la diversité était avant tout la décision unilatérale de l’Église de Rome au début du XIe siècle de modifier le Credo de Nicée-Constantinople en y ajoutant le fameux " filioque " par rapport à la procession du Saint Esprit, et derrière cela était l’ambition des Papes d’exercer une autorité sur l’Église universelle, appuyée par l’empire franc.

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Pour ce qui est de ce que le Catholicisme peut apporter à l’Orthodoxie, il est vrai que pour beaucoup d’Orthodoxes, cela n’est pas très évident… Les traits majeurs de l’Église occidentale, par exemple, le rationalisme et l’organisation centralisée, sont justement des aspects que la plupart d’Orthodoxes ne souhaitent pas… Mais l’Orthodoxie aurait quand même besoin d’un peu plus d’efficacité – on parle de convoquer un " grand et saint concile " panorthodoxe depuis presqu’un siècle, mais on n’avance pas très vite vers sa tenue ! Alors qu’il y a des questions importantes qui doivent être discutées et résolues. Pour en revenir à la question, je dirai que l’Église orthodoxe a beaucoup à apprendre de l’Église en Occident dans le domaine de la théologie et de l’action sociales, domaines de faiblesse pour beaucoup d’Églises orthodoxes.

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En ce qui concerne votre commentaire sur le "besoin" l'orthodoxie "de se démarquer du monde catholique", j'aimerais vous offrir quelques pistes de réflexion. Je vous souligne que la page que vous avez citée (le commentaire sur le credo de Nicée) est une des seules dans tout le site qui souligne les différences entre l'orthodoxie et le catholicisme - nous avons voulu, dans les Pages Orthodoxes, éviter la polémique, mais en même temps de ne pas cacher des différences là où il y en a. (L'auteur de ce commentaire, le P. Lev Gillet, est le "Moine de l'Église d'Orient" ; vous connaissez peut-être quelques-uns de ses livres.)

Il est vrai qu'en Occident, souvent les auteurs orthodoxes ressentent la nécessité de souligner de quelle façon l'orthodoxie - surtout en ce concerne la théologie, la spiritualité, l'ecclésiologie et la liturgie - diffère du catholicisme romain. On me dit que c'est beaucoup moins le cas dans les pays de tradition orthodoxe - peut-être dans ces pays-là, les rôles sont inversées, et c'est aux catholiques romains de souligner en quoi le catholicisme diffère de la tradition orthodoxe ? Ce phénomène s'explique, il me semble, en partie par la dynamique majorité-minorité : en général, c'est à la "minorité" de se "justifier" par rapport à la "majorité". Dans les pays occidentaux, la culture spirituelle dominante ayant été pendant bien des siècles le catholicisme romain, c'est souvent par rapport à cette culture que les orthodoxes s'expliquent. À noter que les orthodoxes font ceci beaucoup moins par rapport aux protestantisme, qu'ils connaissent beaucoup moins, et que beaucoup d'orthodoxes considèrent comme étant un "problème" de l'Église catholique qui les concernent peu (je ne partage pas tout-à-fait cette opinion). Aussi il ne faut pas oublier que le grand schisme de l'Église au 11e siècle a eu lieu entre l'Orient et l'Occident, qui voulait dire l'Église de Rome, et que les causes essentielles de ce schisme ne sont pas encore résolues (par exemple, le filioque et l'ecclésiologie).

Ceci dit, je suis d'accord avec vous que nos "querelles" nous éloignent du Christ. Par contre, je n'accepte pas si facilement votre proposition "plus d'orthodoxie dans le catholicisme et plus de catholicisme dans l'orthodoxie". Les Églises et les personnes sont, bien sûr, libres d'emprunter tel ou tel élément d'une autre Église, mais ceci n'est pas sans inconvénients - en particulier de couper cette élément de ses racines dans une Tradition intégrée. Je vous donne deux exemples. Les icônes et la pratique de la Prière de Jésus se répandent beaucoup en Occident, surtout parmi les catholiques et, moins, chez les protestants. Je suis tout-à-fait favorable à cette tendance, qui ne peut enrichir les vies des personnes et favoriser un climat de réconciliation des confessions chrétiennes. Pour les orthodoxes, il s'agit là d'un "retour aux sources" de la part des non-orthodoxes, sources que l'orthodoxie a toujours conservées et transmises depuis des siècles. Mais ces éléments - icônes et prière de Jésus - font partie d'un tout et ne peuvent pas être séparés de l'ensemble dont ils font partie sans perdre un peu ou même beaucoup de leur sens et de leur vitalité.

En ce qui concerne la question précise sur le mariage entre un orthodoxe et un non-orthodoxe, l'Église orthodoxe n'insiste pas sur la "conversion", mais ce que l'Église demande est que les enfants issus du mariage soient élevés dans la foi orthodoxe - en fait, l'Église dit : "Nous bénissons votre mariage et nous vous demandons de vous engager à élever vos enfants selon notre foi."

Je vous cite un extrait du livre de Paul Evdokimov, "Sacrement de l'amour : Le mystère conjugal à la lumière de la tradition orthodoxe" (Desclée de Brouwer, 1980) sur "La différence de confession" :

"En cas de mariage avec un fidèle d'une autre confession, ce dernier prend l'engagement de respecter la religion orthodoxe du conjoint. Les enfants doivent être élevés selon l'esprit de l'Église orthodoxe. La formule est large et ne comporte pas de précision. Les canons tolèrent que le mariage soit célébré également devant le ministre du culte de l'autre conjoint." (p. 257).

J'aimerais faire quelques commentaires sur vos remarques concernant Dieu en tant que "Puissance supérieure" ou "Superconscience". Dans le christianisme, Dieu est conçu avant tout comme une existence personnelle - trois Personnes en un seul Dieu. Nous, humains, nous sommes créées "à l'image de Dieu" et un des aspects les plus importants de cette image divine en nous est justement que nous sommes des Personnes, et pas seulement des individus, comme des animaux. C'est par notre existence personnelle que nous pouvons avoir une relation personnelle avec Dieu. Dieu se révèle dans la Bible comme un Dieu personnel qui entre en contact directe avec l'homme, que ce soit Adam, Noé, Abraham, Isaac, Jacob, Moïse... C'est bien sûr dans le Nouveau Testament, avec l'Incarnation du Verbe de Dieu - la deuxième Personne de la Sainte Trinité - dans la Personne du Christ, que la révélation de Dieu en tant que Personne - trois Personnes - devient complète. "Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie", nous enseigne le Christ. L'homme trouve sa véritable nature et vocation dans la relation personnelle avec Dieu, par le Christ, lui-même Image parfaite du Père.

Pour ce est des questions de moralité que vous soulevez, je pense que la moralité doit découler de la vie spirituelle et non la devancer. Une moralité séparée de la spiritualité a peu de sens, mais les questions morales doivent être éclairées par l'engagement et la pratique spirituels. Ainsi, dans l'Église Orthodoxe, nous accordons beaucoup d'importance à la "métanoïa" - la conversion ou le retournement de l'âme vers Dieu - voir les "Pages Métanoïa" des Pages Orthodoxes. La relation morale, de même que la relation spirituelle, existe entre la personne et Dieu ; l'Église est là pour offrir conseils et soutien, pour administrer les sacrements, mais elle ne doit pas se situer "entre" la personne et Dieu.

Vous avez raison de dire, en fait, que le "Mal" n'existe pas - le mal existe dans nos intentions et nos actes. Pécher, c'est "manquer la cible" ; la "cible" étant Dieu, le péché c'est ce qui nous sépare de Dieu. Reconnaître son péché devant Dieu, c'est se jeter dans les bras miséricordieux et compatissant du Père, comme le Fils prodigue de la parabole de Jésus (Luc 15, 11-32). C'est ce retournement vers Dieu qui nous permet de recevoir la grâce divine ; Dieu nous reçoit avec joie, et amour, comme le père de la parabole.

J'apprécie beaucoup vos remarques à l'effet que "Dieu est Amour." Saint Jean utilise ces mots dans son premier épître - en particulier au chapitre 4, par exemple les versets 7 et 8 : "Bien-aimés, aimons-nous les uns les autres puisque l'amour est de Dieu ; quiconque aime est né de Dieu et connaît Dieu. Celui qui n'aime pas n'a pas connu dieu car Dieu est amour." Et le verset 12 : "Si nous nous aimons les uns les autres, Dieu demeure en nous, et son amour en nous est parfait." Ce que Dieu souhaite est justement que nous l'aimons librement, "de tout ton coeur, de toute ton âme et tout ton esprit," comme dit Jésus, "ton prochain comme toi-même" (Matthieu 22, 37-39).

ORTHODOXIE CONTEMPORAINE

La situation de l’Église orthodoxe de nos jours varie beaucoup d’un pays à l’autre. Bien sûr, l’Orthodoxie connaît le désaffection des fidèles, comme les confessions occidentales, mais je ne pense pas au même point. L’Église de Russie, la plus importante Église orthodoxe, connaît depuis une quinzaine d’années une remontée remarquable après 70 ans de persécutions de la part du régime communiste, une remontée qui n’est pas sans difficultés. Aussi, certaines questions ecclésiastiques et morales qui affligent l’Église catholique romaine, telles que le célibat de prêtres, la contrôle des naissances et le divorce, n’affectent pas l’Église orthodoxe – les prêtres paroissiaux sont normalement mariés ; le contrôle des naissances est généralement considéré comme une décision du couple, la sanctification du couple étant vue comme le but premier du mariage ; et une deuxième, voire un troisième mariage est possible dans l’Église orthodoxe, dans certains conditions. Certes, l’Église orthodoxe n’est pas sans problèmes ; par exemple : une structure complexe, lourde et conservatrice qui rend difficile une prise de décision ; une tendance à l’ethnocentrisme, à la fois dans les pays de tradition orthodoxe et dans la " diaspora " ; une certaine rivalité entre les différentes juridictions, notamment dans les pays de la diaspora (surtout en Europe occidentale et en Amérique du Nord). Mais en dépit de ces problèmes, l’Esprit Saint agit dans l’Église orthodoxe, qui répond aux besoins et aspirations spirituelles de beaucoup d’occidentaux.

ORTHODOXIE–LECTURES

En ce qui concerne un " programme de lecture sur l'Orthodoxie ", je peux vous offrir quelques suggestions :

1. En plus des Pages orthodoxes la Transfiguration, les Bulletins Lumière du Thabor constitue déjà une bonne ressource sur différents aspects de l'Orthodoxie (certains documents parus en premier lieu dans le Bulletin ont été par la suite incorporés aux Pages Orthodoxes). Vous pouvez télécharger les anciens Bulletins à partir de la page : http://www.pagesorthodoxes.net/bulletin/archive.htm.

2. Nous avons établi une " petite bibliographie orthodoxe " - 5, 10, et 25 livres les plus importants - voir la page : http://www.pagesorthodoxes.net/ressources2/ressources-cadre.htm puis " Bibliothèque " (je peux fournir une bonne partie des livres sur les listes.)

3. Pour poursuivre des sujets particuliers, vous pouvez consulter les bibliographies détaillées figurant à la page : http://www.pagesorthodoxes.net/ressources/bibliographie.htm.

ORTHODOXIE-PROTESTANTISME

Les différences entre le Protestantisme et l’Orthodoxie ont leurs origines dans l’idée de la " Tradition " : pour la plupart des confessions protestantes, la Tradition chrétienne n’a qu’un seul contenu : la Bible ; alors que pour l’Orthodoxie, la Bible est un élément de la Tradition de l’Église, certainement le plus important, mais il y en a d’autres qui figurent parmi les sources de la foi et de la vie chrétiennes : les décisions des sept Conciles œcuméniques entre 325 et 787, les écrits des Pères de l’Église, la Liturgie (Divine Liturgie et les offices), la vie des saints de tous les temps, les icônes… Autant pour les confessions protestantes la vie de l’Église entre les Apôtres et la Réforme n’a plus ou moins pas de valeur, autant pour l’église orthodoxe la vie de l’Église aujourd’hui est l’accumulation de la pratique et de la sagesse chrétiennes acquises et maintenues en continuité pendant 20 siècles.

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En premier lieu, dans une discussion théologique, les Orthodoxes et la plupart des Protestants ne partent pas de la même base, notamment en ce qui concerne la Tradition. Pour les Protestants, la Tradition chrétienne ne contient qu’un élément essentiel, l’Écriture sainte. La Bible se trouve en quelque sorte au-dessus de l’Église et il n’y a pas d’autre autorité ou source de la foi que la Bible. Par contre, dans l’Orthodoxie, la Tradition est composée de plusieurs éléments, dont bien sûr la Bible. La Bible fait partie de la Tradition, de l’Église, mais elle n’est pas au-dessus de l’Église. L’Église existait avant la Bible, qui a été créé par l’Église – d’ailleurs, le canon des livres du Nouveau Testament n’a été arrêté que relativement tardivement et les Orthodoxes et les Protestants ne sont toujours pas d’accord sur la composition de l’Ancien Testament, en ce qui concerne les " livres deutérocanoniques ".

Pour les Orthodoxes, les autres principaux éléments de la Tradition sont les canons et les décisions des conciles œcuméniques, les écrits des Pères de l’Église et des Pères ascétiques, les textes liturgiques, la loi canon, les icônes et la vie des saints de tous les temps. Le Protestant typique rejette toutes ces sources de la foi, disant que seule la Bible est " la parole de Dieu " et donc l’autorité suprême. Si un Orthodoxe accepte cette prémisse pour une discussion théologique, il est évidemment très handicapé pour expliquer et défendre sa Tradition, car beaucoup d’éléments de foi et des pratiques liturgiques et spirituelles de l’Église orthodoxe ne trouvent pas de " justification " explicite dans l’Écriture sainte, mais plutôt dans les écrits des Pères, les décisions des conciles, la vie des saints etc.

Cette différence très importante sous-tend beaucoup des commentaires sur l’interview avec Père Alphonse et rend difficile sinon impossible une réponse orthodoxe lorsqu’un Protestant cite des versets bibliques comme autorité finale clôturant toute discussion. Un exemple est la prière pour les défunts. On peut trouver dans l’Écriture des textes qui suggère que le sort des défunts est tout-à-fait arrêté au moment de leur décès (par exemple la parabole de Lazare et du riche dans Luc 16) et que la prière pour les défunts est donc inutile. Mais ceci ne correspond ni à la pratique de l’Église depuis les temps anciens, ni aux aspirations profondes de chacun, qui souhaite pouvoir continuer à secourir en quelque sorte ses proches défunts. La seule référence biblique explicite à la prière pour les défunts se trouve dans les livres des Maccabées (2 Macc 12, 38-46) – livres qui sont acceptés par les Orthodoxes (aussi les Catholiques), mais pas par la plupart des Protestants. Un Orthodoxe peut difficilement " défendre " la prière pour les défunts en se limitant à la seule Bible – il s’agit d’une pratique de l’Église depuis toujours, qui se fie à la miséricorde divine que l’amour et le souci que nous les vivants nous avons toujours pour nos défunts ne soient pas en vain pour leur salut.

Un autre " tactique " de débat que je trouve dans les commentaires sur Père Alphonse est de l’accuser, par référence indirecte, de ce qui ne fait pas partie de sa position. L’auteur essaie notamment de rapprocher au Père Alphonse de s’associé aux traditions spirituelles de l’Orient, en ne reconnaissant pas les distinctions subtiles entre celles-ci et la Tradition de l’Église d’Orient présentée par Père Alphonse. Un exemple est les commentaires sur la prière de Jésus, qui est assimilée tout simplement à la pratique du mantra dans les traditions orientales, et donc pas valable dans le christianisme. L’auteur ignore ou oublie le fondement biblique de l’invocation du saint Nom de Dieu et dans l’Ancien Testament et dans le Nouveau Testament, et le fondement de la formule de la prière de Jésus dans le Nouveau Testament, sans parler de l’expérience des saints qui ont pratiqué cette prière, depuis les Pères du Désert jusqu’à nos jours. Il est facile de critiquer une pratique fondée sur l’expérience des saints si l’on ne reconnaît pas la validité de celle-ci pour nous guider dans la vie spirituelle.

Une autre tactique de débat assez douteuse est de citer des autorités considérées comme non valables dans la Tradition orthodoxe. L’exemple le plus flagrant est la citation du concile de Constantinople de 754 comme " autorité " contre les icônes. Pour les Orthodoxes, il s’agit là justement d’un concile hérétique dont les conclusions ont été définitivement rejetés par le concile œcuménique de 787. Les canons du 7e concile de 787 ont mis fin au débat concernant les images, même si l’iconoclasme a persisté jusqu’en 842.

Je ne peux pas répondre à tous les commentaires sur l’interview, mais s’il y a des points particuliers qui vous troublent, il me fera plaisir de les examiner de plus proche.

Voici quelques réflexions d’une autre personne qui a lu l’interview avec Père Alphonse et les commentaires :

1. On comprend mieux ce que le Père Alphonse a dit si on continue par " la Tradition orthodoxe continue l’enseignement de l’Église primitive et témoigne de la foi ". Il ne s’agit aucunement de " tirer la couverture vers soi ", ce qui nous placerait dans la dynamique des religions en compétition les uns avec les autres, mais bien de comprendre, justement, que le Christ apporte et nous invite à participer à une expérience d’une autre nature.

2. En contestant le pouvoir de l’Eucharistie, le lecteur est congruent avec lui-même – il ne semble pas croire à la présence du Christ dans l’Eucharistie, et il fait la promotion de ce à quoi il croit ; les écrits bibliques. La citation de Paul ne peut être comprise que dans son contexte : ceux qui communient indignement ne deviennent pas meilleurs mais pires…. ce qui en fait confirme le pouvoir de transformation de l’Eucharistie, sinon ils ne deviendraient pas pires.

3. Le mantra a pour but d’empêcher la pensée de se disperser. C’est un mouvement de convergence de l’Intellect qui a pour but de faire taire le mental pour acquérir une certaine paix grâce au vide, à l’absence de sollicitations; il n’y a là pas de dimension spirituelle. La prière de Jésus emploie le même processus intellectuel et psychologique mais en convergeant vers le Christ l’intellect, la psyché et le corps, qui sont unifiés. Le mouvement de convergence ouvre sur l’infini de la personne de Jésus à la fois Dieu et Homme.

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Je me permets quelques commentaires généraux sur l’interview avec Père Alphonse. Il est vrai que le journal Net-service Essence est de tendance Nouvelle-Âge, voire occultiste, et certains peuvent être scandalisés qu’un prêtre orthodoxe ait accordé une interview à un tel journal. Pour moi, je vois plutôt le geste de Père Alphonse comme un témoignage de sa foi dans un milieu qui peut semble hostile et contraire à ses croyances : le Christ n’a-t-il pas dit que ce ne sont pas les bien-portants qui ont besoin de médecins, mais les malades ?

Père Alphonse est un passionné pour la vérité et pour la foi orthodoxe et parfois ses expressions peuvent être interprétées faussement, par exemple concernant l’accueil des suicidés par le Christ. Il faut voir celles-ci dans le contexte d’un enthousiasme de communiquer le message de l’amour de Dieu pour l’homme et non pas en quelque sorte comme une sanction pour le suicide, comme le semble faire le commentaire.

Puisque vous êtes allé à Sainte-Croix, vous avez peut-être vu le livre Rencontre avec l’Orthodoxie. Ceci présente les éléments essentiels de la foi et de la vie spirituelle orthodoxes et vous aidera sûrement à mieux comprendre l’Orthodoxie. Aussi, peut-être faut-il éviter des grands débats abstraits avec des personnes d’autres confessions ; favorisez plutôt le témoignage sincère de votre expérience personnelle, de ce que vous ressentez au plus profond de vous-même. Ceci est plus dans la Tradition orthodoxe que des grands exposés théoriques, car dans la tradition orthodoxe, la " théologie " est une connaissance de Dieu par l’expérience personnelle plutôt qu’une connaissance abstraite et intellectuelle.

ORTHODOXIE- SITES EN ANGLAIS

http://www.anastasis.org.uk/ - textes liturgiques

http://www.orthodoxnews.com/ - actualités

http://www.orthodox.net/ - site paroissial général

http://orthodoxengland.org.uk/hp.htm - Angleterre; site général

http://www.orthodoxlinks.info/ - répertoire de sites – plusieurs milliers !

PAGES ORTHODOXES LA TRANSFIGURATION - MISES À JOUR

Je n’ai pas, malheureusement, de " système " pour avertir les intéressés des mises à jour du site – j’y ai pensé, mais pour le moment je n’ai pas le temps…. La meilleur façon de vérifier les mises à jour est de visiter le site de temps en temps (par exemple, une fois par mois) et de consulter la page " Nouveautés ", qui affiche les nouvelles pages. Parfois il y des mises à jour " techniques " de certaines pages (surtout la mise en page, les titres, corrections d’erreurs etc.) qui ne figurent pas à la page " nouveautés ", mais généralement ces mises à jour touchent la présentation plutôt que la " substance " de la page.

PAGES ORTHODOXES LA TRANSFIGURATION – PUBLICITÉ

Connaissez-vous le site web les Pages Orthodoxes La Transfiguration ? Si vous le connaissez déjà, l’avez-vous visité récemment ? Il s’agit d’un site orthodoxe francophone ayant pour but de diffuser des informations sur l’Orthodoxie, l’Église orthodoxe et la spiritualité orthodoxe. Nous vous proposons des documents importants pour votre réflexion et vie en Christ. Nous y avons ajouté ces derniers jours plusieurs articles sur la prière de Jésus, ainsi que des nouvelles images d’icônes.

Il nous fera plaisir de vous accueillir et de recevoir vos commentaires éventuels.

Site fournissant des ressources et des renseignements sur l'orthodoxie, la vie spirituelle orthodoxe et l'Église orthodoxe, y compris des textes sur la foi orthodoxe, la Divine Liturgie, la Prière de Jésus, la conversion et la carême, les icônes, saints Silouane et Séraphim de Sarov.

PAPE DE ROME

En ce qui concerne les rapports entre l’Église orthodoxe et le Pape, ceci sont largement déterminés par l’historique des rapports entre l’Église d’Orient et l’Église d’Occident depuis le Grand Schisme de 1054 et par les actions du Pape actuel à l’égard de l’Église orthodoxes, actions vues comme ambiguës par beaucoup d’Orthodoxes : d’un coté, on voit une volonté sincère de rapprocher les deux grandes branches de l’Église, par exemple en demandant le pardon pour les fautes commises par l’Église catholique contre l’Église orthodoxe dans le passée, de l’autre côté, on voit certaines actions de l’Église catholique comme une agression contre l’Église orthodoxe, notamment en Ukraine et en Russie.

Vous trouverez une résumée des questions doctrinales et du problèmatique historique des rapports entre l’Église d’Orient et l’Église d’Occident aux pages " Aperçu de l'histoire de l'Église orthodoxe " et " L'Église orthodoxe aujourd'hui " aux Pages Orthodoxes La Transfiguration.

PÂQUES – DATE

Le calcul de la date de Pâques est assez complexe, mais de façon générale, dans l’Église orthodoxe la date de Pâques, établie d’après le calendrier lunaire juif, est fixée au premier dimanche qui suit la pleine lune du printemps, après la célébration des trois premiers jours de la Pâque juive. Cette date peut donc être la même que la date de Pâques en Occident - par exemple en l’an 2001 et en 2004 - ou encore Pâques peut tomber une, quatre ou cinq semaines plus tard. À cause des différents facteurs, il n’y pas de intervalle fixe pour la correspondance des dates de Pâques de l’Église orthodoxe et en Occident. Entre l’an 2001 et l’an 2015, ces dates correspondent dans six années, alors que les dates ne se sont pas correspondues entre l’an 1990 et l’an 2001. Voici les dates entre 2001 et 2015 :


ANNÉE

PÂQUES ORTHODOXE

PÂQUES OCCIDENTAL

2001

15 avril

15 avril

2002

5 mai

31 mars

2003

27 avril

20 avril

2004

11 avril

11 avril

2005

1 mai

27 mars

2006

23 avril

16 avril

2007

8 avril

8 avril

2008

27 avril

23 mars

2009

19 avril

12 avril

2010

4 avril

4 avril

2011

24 avril

24 avril

2012

15 avril

8 avril

2013

5 mai

31 mars

2014

20 avril

20 avril

2015

12 avril

5 avril

Pour ce qui est de la question de calendrier que vous mentionnez, tous – ou presque tous – les orthodoxes fêtent Pâques le même jour, donc ils suivent le même calendrier pour tout le cycle pascal, dont la Pentecôte. Je ne connais que deux Églises qui ont adopté le calendrier occidental pour la fête de Pâques, l’ÉCOF et (si je me souviens bien) l’Église orthodoxe de Finlande. Car même ceux qui suivent le " nouveau calendrier " pour les fêtes fixes, continuent à suivre l’ " ancien calendrier " pour la date de Pâques. Sur quelques 150 000 orthodoxes en France, il est donc probable que l’ÉCOF soit la seule Église à ne pas fêter Pâques en même temps que les autres orthodoxes. Nous espérons certainement que prochainement tous les chrétiens se mettront d’accord pour fêter la Résurrection du Christ le même jour. En l’an 2001 les dates de la Pâque occidental et orthodoxe correspondent et il y une proposition d’une nouvelle méthode de déterminer la date à l’avenir, qui serait la même pour tous les chrétiens.

Pour des informations plus précises, voir la page : http://olravet.free.fr/AideCalendes/ortho.htm

PÂQUES – SEMAINE SAINTE : OFFICES

Les offices de l’Église orthodoxe de la Semaine Sainte sont d’une beauté et d’une profondeur théologique et spirituelle extraordinaires. Les offices de la Semaine Sainte se situent comme le point culminant de la préparation à la Résurrection du Christ, un cheminement qui commence même avant le Grand Carême, avec les dimanches du Pré-carême. Voici un petit résumé des principaux offices :

JEUDI SAINT

Matines, Vêpres et Liturgie de Saint Basile – Les Matines sont célébrées soit le mercredi soir, soit le jeudi matin ; aux Matines, Canon de Cosmas ; les Vêpres et la Liturgie habituellement le jeudi matin : thèmes : Judas et la trahison de Jésus ; la dernière Cène et l’institution de l’eucharistie.

VENDREDI SAINT

Matines des Douze Évangiles ou des Saintes Souffrances – célébrées habituellement le jeudi soir : récit de la Passion du Christ en douze lectures extraites des quatre Évangiles.

Heures Royales – les heures de Prime, Tierce, Sexte et None, chacun incluant, en plus des parties habituelles, une lecture de l’Ancien Testament (Jérémie ou Isaïe), un Épître et un Évangile.

Vêpres de l’Ensevelissement – célébrées habituellement en début d’après-midi : mort et ensevelissement du Sauveur ; vénération du tombeau.

SAMEDI SAINT

Matines – Office des Myrophores – habituellement célébrées le vendredi soir : les éloges funèbres, composées du Psaume 118, après chaque verset duquel est intercalé un stichère.

Vêpres et Liturgie de Saint Basile – habituellement célébrées dans la matinée : quinze lectures de l’Ancien Testament : prophéties et préfigurations de la Résurrection ; première annonce de la Résurrection.

DIMANCHE (PÂQUES)

Matines et Liturgie de Pâques – habituellement célébrées le samedi soir ou commençant à minuit ; Canon pascal de saint Jean Damascène : la Résurrection du Christ.

Dans le rite byzantin, la Divine liturgie pascale est généralement célébrée après les Matines pascales et l’Heure pascale, où figure aussi l’homélie pascale de s. Jean Chrysostome. Le Canon pascale de s. Jean Damascène constitue la partie la plus importante de ces offices (http://www.pagesorthodoxes.net/fetes/canon-pascal.htm ). La " Divine liturgie pascale " est celle de s. Jean Chrysostome, avec peu de parties variables par rapport au commun de cette liturgie. Vous trouverez ces parties variables à la page : http://www.pagesorthodoxes.net/fetes/paques1.htm. Le texte complet de ces offices se trouve dans le Pentecostaire, livre liturgique des offices du temps pascal, et aussi dans Jours saints et fête de Pâques et le Spoutnik, tous édités par la Diaconie apostolique et diffusés par le monastère de Chevetogne en Belgique. Le livre Jours saints et fête de Pâques est particulièrement utile pour la semaine sainte et Pâques.

Les offices et Liturgies byzantines peuvent sembler être longs (ceux de la Semaine Sainte durent entre deux et trois heures) et à première vue ils semblent avoir beaucoup de répétitions. En fait, les principaux thèmes sont développés d’une façon " circulaire " plutôt que " linéaire " : les mêmes thèmes et idées reviennent plusieurs fois, avec des nuances d’expression.

PARACLISIS – ORIGINE

Extrait du Spoutnik du père Denis Guillaume : " paraclisis, n. f. Ce mot grec signifie à la fois intercession et consolation. L'office est chanté pour la guérison des âmes et des corps, en période d'affliction ou de péril. On y fait mention des fidèles malades ou affligés pour qui l'office est célébré. La Paraclisis est chantée tous les soirs du carême de la Mère de Dieu, quinzaine préparatoire au 15 août, à l'exception des fêtes de la Transfiguration et de la Dormition. Les fidèles de tradition grecque connaissent par coeur cet office et le réclament en mainte circonstance, à l'occasion de pèlerinages ou à l'approche de certaines fêtes.

A Constantinople, du 1er au 14 août, la relique de la sainte Croix était portée en procession, chaque jour dans un des quatorze quartiers de la Ville. Avant le départ de la procession, la Croix était plongée dans l'eau, comme au 6 janvier, et l'eau sainte obtenue par ce contact devenait source de guérisons, de purification par la lustration des lieux traversés. Car en cette période de l'année, à cause des fortes chaleurs du mois d'août, les épidémies s'avéraient plus fréquentes: la Croix, par sa présence, sanctifiait l'air, les maisons, les rues, les quartiers, et procurait la santé aux fidèles.

La traduction française de cet office a été publiée par la Diaconie Apostolique. La 3e édition a paru en 1990. "

PARDON – AMOUR DES ENNEMIS

J’apprécie la franchise de vos commentaires sur l’amour des ennemis. L’amour des ennemis un des enseignements évangéliques les plus difficiles, et pourtant si nécessaire : " Soyez parfaits, comme votre Père céleste est parfait ", nous demande Jésus.

Nous ne devons pas nous attendre que l’amour des ennemis viendra instantanément, car c’est un des sommets de la vie chrétienne, mais nous devons le garder toujours devant nous comme un guide et un critère de notre vie spirituelle. La conscience même que nous avons des manquements est déjà une étape de la vie spirituelle : loin de nous décourager, nous devrions humblement reconnaître ces manquements devant le Seigneur, lui demandant pardon et le soutien et le courage de continuer le chemin.

Il y a, je crois, des mesures concrètes que nous pouvons prendre pour cheminer vers l’amour des ennemis. En premier lieu, l’amour des ennemis est intimement lié au pardon, un des grands thèmes de l’Évangile. La lecture et la méditation des exemples et des enseignements des Évangiles et des Épîtres sur le pardon nous aideront à mieux voir comment le pardon doit agir en nos propres vies : demander pardon – pas simplement " s’excuser " - à ceux que nous avons blessés, consciemment ou inconsciemment ; se pardonner soi-même, accepter ses propres faiblesses, non pas en s’y complaisant ou en se décourageant, mais en les voyant comme des occasions de croissance spirituelle ; pardonner ceux qui nous blessent. Il y a comme des étapes à cet égard : pardonner ceux qui nous blessent, prier pour eux, les aimer comme enfants de Dieu, qui les aime autant qu’il nous aime.

Le pardon est certainement très important dans la vie, surtout dans la vie chrétienne : c’est le Seigneur Jésus lui-même qui nous demande de pardonner, dans le notre Père, mais aussi en d’autres passages de l’Évangile, par exemple :

Si vous pardonnez aux hommes leurs offenses, votre Père céleste vous pardonnera aussi; mais si vous ne pardonnez pas aux hommes, votre Père ne vous pardonnera pas non plus vos offenses (Mt 6, 14-15).

Alors Pierre s'approcha de lui, et dit: Seigneur, combien de fois pardonnerai-je à mon frère, lorsqu'il péchera contre moi? Sera-ce jusqu'à sept fois? Jésus lui dit: Je ne te dis pas jusqu'à sept fois, mais jusqu'à septante fois sept fois (Mt 18, 21-22).

Et s'il a péché contre toi sept fois dans un jour et que sept fois il revienne à toi, disant: Je me repens, -tu lui pardonneras (Lc 17, 4).

Sur le site des Pages Orthodoxes La Transfiguration , je vous recommande en particulier les articles de la section " Guérison ", notamment ceux de père Alphonse Goettmann et de père Philippe Dautais sur le pardon, et aussi les écrits de saint Silouane l’Athonite sur l’amour des ennemis (section Pages Saint Silouane ; certains de ces écrits figurent au Bulletin no. 11). Père Philippe anime des sessions sur ces thèmes aux Centre Sainte-Croix.

PASKA

Je vous remercie de votre question concernant la paska. En fait, il ne semble pas avoir de signification liturgique et symbolique particulière à la paska (ni au gâteau qui l’accompagne habituellement, le koulitch). La paska est bien sûr composée d’aliments qui ne sont pas consommés pendant le Carême, notamment le fromage et les œufs, et leur consommation est une façon de signifier la joie dans laquelle nous célébrons la Résurrection du Seigneur. La paska et le koulitch sont typiquement russes et les orthodoxes d’autres pays ont d’autres plats spécialisés pour célébrer la Pâque.

PASSIONS - ACÉDIE

Je vous donne quelques indications concernant concernant l’acédie. Dans la langage des pères ascétiques, l’acédie est une des passions ou maladies de l’âme qui la séparent de Dieu. Voici une définition des passions dans ce sens et de l’acédie en particulier :

Passion (n.f.) : (du latin, patior, " souffrir ") Dans le langage ascétique, la passion est un état pécheur, ou une maladie de l’esprit, profondément ancrée dans l’âme et résultant d’une suite de consentements données à de mauvaises pensées. Les Pères identifient généralement huit passions principales : gourmandise, avarice, fornication, colère, tristesse, acédie (paresse ou oisiveté spirituelle), vaine gloire et orgueil, cette dernière étant considérée la " reine des passions ".

Acédie (n.f.) : (du grec akedia) Rupture de l’ascèse et de la vigilance, état de négligence intérieure, de découragement ou perte de l’élan pour les choses spirituelles, d’où la recherche du " divertissement " sous toutes ses formes.

La littérature sur l’acédie se trouve donc avec celle des passions en générale. Voici quelques titres :

Praxis et Gnosis d’Évagre le Pontique, textes présentés par Jean-Yves LeLoup (Albin Michel). Texte d’un Père du désert du 4e siècle, avec une bonne introduction de Jean-Yves LeLoup sur les passions.

Saint Jean Cassien, Institutions cénobitiques. (Cerf, Sources chrétiennes). Une élaboration plus détaillée des textes parfois cryptiques d’Évagre le Pontique, écrit par un Père oriental installé en Occident, un des fondateurs du monachisme en Occident.

Goettmann, Alphonse et Rachel, Ces passions qui nous tuent : Diagnostic et remèdes. Presses de la Renaissance, 1998. Une exposition contemporaine sur les passions, bien fondée dans la tradition des Pères (je pense que ce livre, quoique récent, est épuisé.)

PASSIONS – GOURMANDISE

Dans le langage ascétique de la tradition orthodoxe, la passion est un état pécheur, ou une maladie de l’esprit, profondément ancrée dans l’âme et résultant d’une suite de consentements données à de mauvaises pensées. Les Pères identifient généralement huit passions principales : gourmandise, avarice, fornication, colère, tristesse, acédie (paresse ou oisiveté spirituelle), vaine gloire et orgueil, cette dernière étant considérée la " reine des passions ".

Parmi les Pères anciens, deux en particulier ont écrit sur les passions, Évagre le Pontique et Jean Cassien :

Praxis et Gnosis d’Évagre le Pontique, textes présentés par Jean-Yves LeLoup (Albin Michel). Texte d’un Père du désert du IVe siècle, avec une bonne introduction de Jean-Yves LeLoup sur les passions.

Saint Jean Cassien, Institutions cénobitiques. (Cerf, Sources chrétiennes). Une élaboration plus détaillée des textes parfois cryptiques d’Évagre le Pontique, écrit par un Père oriental installé en Occident, un des fondateurs du monachisme en Occident. Je vous envoie ici-bas le livre 5, qui traite de la gourmandise (mais pas exclusivement).

Je n’ai pas le livre de Jean-Claude Larchet devant moi, mais sans doute il cite abondamment ces auteurs.

En ce qui concerne La Philocalie, la plupart des textes parlent de la vie spirituelle en général, surtout la prière ; quelques uns sont particulièrement axés sur les passions, par exemple ceux d’Évagre le Pontique et de saint Jean Cassien (dans le premier tome de la version française de La Philocalie en deux tomes, livre présentement épuisé, mais qui devrait être de nouveau disponible dans quelques mois).

Dans la tradition orthodoxe, la lutte contre les passions et la pratique des vertus s’inscrivent dans le cadre d’une démarche spirituelle qui comprend plusieurs aspects, dont les plus importants sont la fréquentation des sacrements, en particulier la confession et l’eucharistie, et la prière, à la fois collective et personnelle, ainsi que les conseils d’un confesseur ou d’un père spirituel, et la lecture spirituelle, en particulier de l’Écriture sainte, le Nouveau Testament en priorité.

En ce qui concerne la gourmandise en particulier, les Pères recommandent bien sûr avant tout la pratique du jeûne, accompagné de la prière et de l’aumône, pour combattre cette passion – vous en avez sans doute lu longuement dans le livre de Jean-Claude Larchet. Il est certain qu’on peut combattre la gourmandise dans un contexte mondain, pour des raisons de santé ou d’esthétique, mais dans le contexte d’une démarche spirituelle l’essentiel doit être la portée spirituelle de la gourmandise. Les Pères voient dans la gourmandise non seulement un attachement excessif à la nourriture, mais d’une façon plus large, aux autres biens de la terre – l’avarice, par exemple, est une forme de gourmandise pour l’argent. C’est précisément cette attachement excessif aux choses de la terre (" biens corruptibles ", on lit souvent) qui nous coupent de Dieu et nous empêchent d’avancer vers lui.

Les consignes du jeûne tel que pratiqué dans l’Église orthodoxe vise surtout l’abstinence de certains types de nourriture, notamment la viande et tout produit animal, y compris les produits laitiers. Mais c’est tout-à-fait dans l’esprit du jeûne de diminuer aussi la quantité de nourriture, ce qui rapproche d’avantage la pratique du jeûne dans les anciens temps. Ici il est plus difficile de fixer des consignes et en fait il n’y en a pas. Saint Jean Cassien dit par exemple : " Tous n’ont pas la même vigueur, ni le même âge, ni la même santé ou la même constitution physique ". Il ajoute aussitôt : " Identique cependant est l’objectif que les saints Pères ont transmis à tous : fuir la satiété et repousser absolument la réplétion du ventre " (Philocalie, tome I, p. 115). Ceci constitue en effet une sorte de " règle générale " en ce qui concerne la quantité de nourriture : on doit s’habituer à ressentir la faim, mais on s’y habitue !

Je vous envoie ci-joint le Bulletin " Lumière du Thabor " no. 16, qui portait justement sur le jeûne ; vous y trouverez les " règles " du jeûne dans l’Église orthodoxe.

PATERNITÉ SPIRITUELLE

Dans la tradition orthodoxe, la fonction de paternité spirituelle est vue comme distinct de celle de confesseur et en principe chaque fidèle doit avoir un père ou une mère spirituelle. Le confesseur doit nécessaire être un prêtre afin d’administrer le sacrement de la pénitence, alors qu’un père spirituel – starets dans la tradition slave – peut être par exemple un simple moine, comme saint Silouane l’athonite, ou même un laïc. Dans la tradition romaine, le confesseur est aussi le conseiller spirituel et on hésite à utiliser le terme de " père spirituel ". Aussi on insiste beaucoup moins sur l’importance pour les fidèles d’avoir un père spirituel. Cependant, même si les " titres " et les fonctions diffèrent, les réalités peuvent se rejoindre : ainsi, sainte Thérèse de Lisieux, de par ses conseils et ses lettres, exerçaient en fait la fonction de vraie " mère spirituelle ". En plus des textes sur la paternité spirituelle aux Pages Orthodoxes La Transfiguration, vous pouvez consulter l’excellent article du Père Irénée Hausherr sur " La direction spirituelle chez les chrétiens orientaux " dans le Dictionnaire de la Spiritualité.

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La fonction de " père spirituel " n’est pas un métier comme un autre, car c’est la façon même que nous vivons notre vie, notre vie en Dieu, qui détermine si nous sommes aptes à remplir cette responsabilité à l’égard d’autres personnes. C’est un travail de toute notre vie et même là c’est l’Esprit Saint seul qui appelle un plutôt qu’un autre à ce travail. En fait, une personne peut transmettre une parole, une suggestion, qui vient de Dieu à une autre, sans le savoir et sans être connu comme " père spirituel ".

Je vous suggère de lire attentivement les différents écrits sur la paternité spirituelle aux Pages Orthodoxes La Transfiguration, y compris les biographies spirituelles des saints Séraphim de Sarov, Ambroise d’Optino et Silouane l’Athonite.

PATRIARCAT DE CONSTANTINOPLE

En tant qu’évêque, le Patriarche de Constantinople a les mêmes pouvoirs et attributs que tous les autres évêques de l’Église orthodoxe – l’égalité des évêques est un principe et une tradition importante de l’Orthodoxie. Le Patriarcat de Constantinople a été reconnu comme tel au deuxième Concile œcuménique, tenu à Constantinople en 381, suite à l’établissement de Constantinople comme capitale de l’Empire romain par Constantin en 330. Le Canon III du concile de Constantinople accorde à l’évêque de Constantinople le deuxième rang d’honneur, après l’évêque de Rome. Après le schisme entre l’Orient et l’Occident à fin du premier millénaire, c’est l’évêque ou le patriarche de Constantinople qui détient la primauté d’honneur dans l’Église orthodoxe. C’est en fonction de ceci que le patriarche de Constantinople jouit d’une " primauté d’honneur " - primus inter pares – dans l’Église orthodoxe, mais pas une primauté d’autorité, telle qu’exercée par le Pape de Rome dans l’Église catholique.

PÊCHE MIRACULEUSE (JEAN 21, 1-11)

Merci de votre courriel concernant la signification des 153 poissons pris par les Apôtres et tirés à terre par Pierre (Jn 21, 1-11). Les Pères ont vu dans cette pêche une figure de l’Église ou la foi – le filet – qui rassemble tous les hommes, voire la création entière, pour la présenter au Christ, suivant la parole du Christ même : " Venez à ma suite, et je ferai pêcheurs d’hommes " (Mt 4, 19). Le grand nombre de poissons – les futurs disciples du Christ – signifie une surabondance qui rappelle, dans l’Évangile de Jean, le miracle de Cana (Jn 2, 6) et la multiplication des pains (Jn 6, 11s). C’est une image de la surabondance de la vie, la vie divine, offerte aux hommes par le Christ.

Aussi, Jean précise que " le filet ne se déchira pas " . Ceci est à comparer à la pêche miraculeuse de Luc 5, 6, au moment de l’appel des Apôtres, quand " leurs filets rompaient " : les Apôtres n’étaient pas encore en mesure d’accomplir et de parfaire leur mission de " pêcheurs d’hommes ".

Le nombre précis de 153 a plusieurs significations symboliques. 153 est un chiffre " triangulaire ", genre de comput bien connu dans l’antiquité – les anciens étaient beaucoup plus sensibles au symbolisme des chiffres que nous, qui généralement ne voyons dans les nombres que des valeurs mathématiques. La " base " de ce triangle est le numéro 17 ; si l’on additionne les nombres 1 à 17, la somme en est 153. Le chiffre 17 est vue comme 10 plus 7, soit la multitude (10) et la totalité (7), ou encore la Loi (le décalogue) et la grâce, l’Esprit Saint. Le texte du bienheureux Augustin, extrait de son commentaire sur Jean, à la page suivante est une explication du nombre 153 fondée sur le symbolisme des chiffres. (Vous trouverez peut-être ce texte en français ; je ne l’ai à porté de main qu’en anglais.).

Le nombre 153 figure une fois dans l’Ancien Testament, à 2 Chroniques 2, 16, où il s’agit d’un recensement d’étrangers vivant en Israël sous Salomon : 153,600 est le chiffre. Puisque ceux sont les " étrangers ", on peut encore voir dans ceci un signification les non-juifs appelés aux Royaume de Dieu.

Finalement, le nombre 153, écrit en lettres hébraïques, peut former le mot " En-Egglaym " ou " En-Églaïm ", qui signifie " fontaine de deux veaux ", endroit au bord de la Mer Morte mentionné en Ézéchiel 47, 10, et qui représente " le bout du monde " : " De toutes les nations faites des disciples " (Mt 28, 19). Le filet de la foi ou l’Église atteint l’universalité en apportant le message du Christ, de la vie en surabondance, la vie éternelle, jusqu’aux limites du monde : " Par toute la terre a retenti leur message et leurs paroles jusqu’aux extrémités du monde " (Ps 18/19, 5).

Saint Augustin, Tractate CXXII

8. For if we determine on the number that should indicate the law, what else can it be but ten? For we have absolute certainty that the Decalogue of the law, that is, those ten well-known precepts, were first written by the finger of God on two tables of stone.12 But the law, when it is not aided by grace, maketh transgressors, and is only in the letter, on account of which the apostle specially declared, "The letter killeth, but the spirit giveth life."13 Let the spirit then be added to the letter, lest the letter kill him whom the spirit maketh not alive, and let us work out the precepts of the law, not in our own strength, but by the grace of the Saviour. But when grace is added to the law, that is, the spirit to the letter, there is, in a kind of way, added to ten the number of seven. For this number, namely seven, is testified by the documents of holy writ given us for perusal, to signify the Holy Spirit. For example, sanctity or sanctification properly pertains to the Holy Spirit, whence, as the Father is a spirit, and the Son a spirit, because God is a spirit,14 so the Father is holy and the Son holy, yet the Spirit of both is called peculiarly by the name of the Holy Spirit. Where, then, was there the first distinct mention of sanctification in the law but on the seventh day? For God sanctified not the first day, when He made the light; nor the second, when He made the firmament; nor the third, when He separated the sea from the land, and the land brought forth grass and timber; nor the fourth, wherein the stars were created; nor the fifth, wherein were created the animals that live in the waters or fly in the air; nor the sixth, when the terrestrial living soul and man himself were created; but He sanctified the seventh day, wherein He rested from all His works.15 The Holy Spirit, therefore, is aptly represented by the septenary number. The prophet Isaiah likewise says, "The Spirit of God shall rest on Him;" and thereafter calls our attention to that Spirit in His septenary work or grace, by saying, "The spirit of wisdom and understanding, the spirit of counsel and might, the spirit of knowledge and piety; and He shall be filled with the spirit of the fear of God."16 And what of the Revelation? Are they not there called the seven Spirits of God,17 while there is only one and the same Spirit dividing to every one severally as He will?18 But the septenary operation of the one Spirit was so called by the Spirit Himself, whose own presence in the writer led to their being spoken of as the seven Spirits. Accordingly, when to the number of ten, representing the law, we add the Holy Spirit as represented by seven, we have seventeen; and when this number is used for the adding together of every several number it contains, from 1 up to itself, the sum amounts to one hundred and fifty-three. For if you add 2 to 1, you have 3 of course; if to these you add 3 and 4, the whole makes 10; and then if you add all the numbers that follow up to 17, the whole amounts to the foresaid number; that is, if to 10, which you had reached by adding all together from 1 to 4, you add 5, you have 15; to these add 6, and the result is 21; then add 7, and you have 28; to this add 8, and 9, and 10, and you get 55; to this add 11 and 12, and 13, and you have 91; and to this again add 14, 15, and 16, and it comes to 136; and then add to this the remaining number of which we have been speaking, namely, 17, and it will make up the number of fishes. But it is not on that account merely a hundred and fifty-three saints that are meant as hereafter to rise from the dead unto life eternal, but thousands of saints who have shared in the grace of the Spirit, by which grace harmony is established with the law of God, as with an adversary; so that through the life-giving Spirit the letter no longer kills, but what is commanded by the letter is fulfilled by the help of the Spirit, and if there is any deficiency it is pardoned. All therefore who are sharers in such grace are symbolized by this number, that is, are symbolically represented. This number has, besides, three times over, the number of fifty, and three in addition, with reference to the mystery of the Trinity; while, again, the number of fifty is made up by multiplying 7 by 7, with the addition of 1, for 7 times 7 make 49. And the 1 is added to show that there is one who is expressed by seven on account of His sevenfold operation; and we know that it was on the fiftieth day after our Lord's ascension that the Holy Spirit was sent, for whom the disciples were commanded to wait according to the promise.19

9. It was not, then, without a purpose that these fishes were described as so many in number, and so large in size, that is, as both an hundred and fifty-three, and large. For so it is written, "And He drew the net to land full of great fishes, an hundred and fifty and three." For when the Lord said, "I am not come to destroy the law, but to fulfill "because about to give the Spirit, through whom the law might be fulfilled, and to add thereby, as it were, seven to ten; after interposing a few other words He proceeded, "Whosoever therefore shall break one of these least commandments, and shall teach men so, he shall be called the least in the kingdom of heaven: ] but whosoever shall do and teach them. the same shall be called great in the kingdom of heaven. The latter, therefore, may possibly belong to the number of great fishes. But he that is the least, who undoes in deed what he teaches in word, may be in such a church as is signified by that first capture of fishes, which contains both good and bad, for it also is called the kingdom of heaven, as He says, "The kingdom of heaven is like unto a net that was cast into the sea, and gathered of ever kind;"20 where He wishes the good as well as the bad to be understood, and of whom He declares that they are yet to be separated on the shore, to wit, at the end of the world. And lastly, to show that those least ones are reprobates who teach by word of mouth the good which they undo by their evil lives, and that they will not be even the least, as it were, in the life that is eternal, but will have no place there at all; after saying, "He shall be called the least in the kingdom of heaven," He immediately added, "For I say unto you, That except your righteousness shall exceed [the righteousness] of the scribes and Pharisees, ye shall not enter into the kingdom of heaven."21 Such, doubtless-these scribes and Pharisees-are those who sit in Moses' seat, and of whom He says, "Do ye what they gay, but do not what they do; for they say, and do not."22 They teach in sermons what they undo by their morals. It therefore follows that he who is least in the kingdom of heaven, as the Church now exists, shall not enter into the kingdom of heaven, as the Church shall be hereafter; for by teaching what he himself is in the habit of breaking, he can have no place in the company of those who do what they teach, and therefore will not be in the number of great fishes, seeing it is he "who shall do and teach that shall be called great in the kingdom of heaven." And because he will be great here, therefore shall he be there, where he that is least shall not be. Yea, so great will they certainly be there, that he who is less there is greater than the greatest here.23 And yet those who are great here, that is, who do the good that they teach in that kingdom of heaven into which the net gathereth good and bad, shall be greater still in that eternal state of the heavenly kingdom,-those, I mean, who are indicated by the fishes here as belonging to the right hand and to the resurrection of life. We have still to discourse, as God shall grant us ability, on the meal that the Lord took with those seven disciples, and on the words He spake after the meal, as well as on the close of the Gospel itself; but these are topics that cannot be included in the present lecture.

PÉCHÉ ORIGINEL

En ce qui concerne le péché originel, il y a une différence importante entre l’approche de l’Église orthodoxe et celle de l’Église catholique : brièvement, la Tradition orthodoxe enseigne que le péché d’Adam était personnel et qu’il n’est pas hérité pas ses descendants ; ce que les descendants d’Adam héritent par contre sont les conséquences du péché originel, en particulier la mort et une tendance vers le péché. Vladimir Lossky et Mgr Hilarion en parlent dans leurs livres, ainsi que Mgr Kallistos Ware dans son livre L’Orthodoxie, L’Église des sept conciles (Cerf/Le Sel de la Terre, 2002).

PÈLERIN RUSSE

Le livre " Récits d’un pèlerin russe " raconte l’histoire d’un paysan russe du 19e siècle qui souhaite faire un pèlerinage en Terre Sainte, mais qui n’y parvient pas, faisant par contre un cheminement spirituel au cours d’une errance à travers la Russie rurale. Le pèlerin rencontre un père spirituel qui lui enseigne la prière de Jésus et les aspects essentiels de la spiritualité hésychaste. Le pèlerin voyage avec deux livres : la Bible et La Philocalie, cette vaste collection d’écrits des pères ascétiques orientaux sur la vie spirituelle. Le " Pèlerin russe " est très populaire en Occident ; pour beaucoup d’Occidentaux, c’est une première introduction à l’hésychasme et la prière de Jésus. Il est facilement disponible en français dans la collection " Livre de Vie " aux Éditions du Seuil.

PÈLERINAGES

De façon générale, je pense que les pèlerinages sont moins importants dans l’Orthodoxie que dans le Catholicisme. Il faut regarder surtout du coté des monastères : les fidèles orthodoxes vont souvent aux monastères de leur pays, notamment en Russie, en Roumanie et en Grèce. Le mont Athos est un cas spécial : hommes seulement + difficultés d’accès. Mais c’est certainement un haut lieu de la spiritualité orthodoxe et du pèlerinage. En Égypte, on pense surtout au monastère Sainte-Catherine au Mont Sinaï et aux divers monastères coptes. En Occident aussi, par exemple en France, les monastères sont des lieux de pèlerinages privilégiés. Aussi en Angleterre : le monastère Saint-Jean-Baptiste.

INNA NALETOVA a écrit une thèse aux USA qui examine les pèlerinages en Russie depuis 1988 – voir résumé ici-bas. Voir aussi les titres des deux interventions sur les pèlerinages ici : www.eth.mpg.de/events/current/pdf/1126695382-03.pdf.

PÈRE (TITRE)

Dans la tradition orthodoxe, un moine ayant prononcé ses vœux, qu’il soit prêtre ou pas, est appellé " père " - mais pas un novice ni un moine " rasophore " (premier dégré de la vie monastique), qui seront appellé " frères ". Aussi un diacre (mais pas un sous-diacre) est appellé " père ". Je ne connais pas la raison, c’est la tradition ! À ma connaissance, toutes les juridictions orthodoxes suivent ces pratiques.

PÈRES DU DÉSERT

Les Pères du désert étaient les premiers moines chrétiens, dans les déserts d’Égypte, aux 4e et 5e siècles. Si, pendant la période de la persécution des chrétiens par l’Empire romain, le martyr était le témoignage parfait du Christ, après que le christianisme était reconnu par l’état, puis est devenu la religion officiel de l’Empire, ceux qui cherchaient la perfection chrétienne poursuivaient ce but par le martyr de l’ego dans le monachisme. Le plus connus des Pères du désert est saint Antoine le Grand, qui est considéré comme le fondateur du monachisme chrétien. La spiritualité chrétienne, en particulier la tradition spirituelle de l’Église d’Orient connus sous le nom de l’" hésychasme ", ainsi que la paternité spirituelle, doivent leurs origines aux Pères du désert. À l’exception peut-être d’Évagre le Pontique (+399), les Pères du désert nous ont laissé très peu d’écrits formels ; ce que nous avons d’eux sont surtout des " apophtegmes ", des paroles mémorables, comportant souvent une anecdote ou une question du disciple et la réponse de l’ancien. Vous trouverez aux Pages Orthodoxes La Transfiguration, dans la section " Métanoïa ", des apophtegmes sur le repentir (" Je n’ai pas encore commencé à faire pénitence ").

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Il y a, si je me souviens bien, environ 2500 à 3000 apophtegmes des Pères du désert – les apophtegmes sont des courts histoires ou récits sur la vie ascétique et spirituelle, souvent sous la forme d’une question ou d’un problème adressé à un " ancien " et la réponse de celui-ci. Les différents livres, comme les deux mentionnés, sont des " collections " d’apophtegmes, qui sont souvent regroupés soit sur des différents thèmes, soit par le nom de l’ancien (ou " Abba ") concerné. Je ne connais pas le livre Les Apophtegmes des Pères du désert, mais sans doute certains apophtegmes dans celui-ci se trouvent également dans Abba, dis-moi une parole. Dans ce dernier, les apophtegmes sont regroupés par thème, ce qui est plus utile à mon avis que regroupés par nom.

PÈRES SPIRITUELS

Il est vrai que les grands starets ou pères spirituels ou mères spirituelles sont rares… on ne trouve pas un Saint Séraphim de Sarov dans chaque monastère ! Mais il y a partout des personnes de bonne volonté qui essayent, dans la mesure de leurs capacités, de venir en aide aux personnes qui cherchent un guidance spirituelle auprès d’elles. L’Esprit-Saint peut bien parler à travers ces personnes qu’à travers d’un grand starets du Mont Athos. Les pères spirituels nous conseillent, cependant, de ne pas trop s’attarder sur les fautes de tel ou tel guide spirituel (qui peut être un prêtre, un moine, une femme ou un laïc) que l’Esprit-Saint peut envoyer sur notre chemin et qu’il peut inspirer de paroles de vie à tel ou tel moment. Je vous conseille de lire quelques uns des textes se trouvant à la section " Paternité spirituelle " (http://www.pagesorthodoxes.net/saints/paternite-spirituelle/pat-presentation.htm) des Pages Orthodoxes La Transfiguration, en particulier, par exemple, ceux de Mgr Kallistos Ware (Le rôle du père spirituel) et de saint Silouane l'Athonite (Des pères confesseurs).

PÈRE TOUT-PUISSANT

Pour ce qui est de vos questions précises, je peux vous donner quelques pistes. Premièrement, " Père " et " Tout-Puissant ". Je ne vois pas le problème, sauf si, comme vous le suggérez vous-mêmes, on essaie d’attribuer à Dieu les qualités de paternité que l’on voit dans notre expérience humaine. Il ne faut pas " anthropomorphiser " Dieu dans les moindres détails, mais plutôt rester dans un esprit d’émerveillement devant lui. Dieu est notre Père parce qu’il est Tout-Puissant, il seul peut créer une personne, à sa propre image, parce que Dieu est une Personne : même si l’homme moderne peut faire toutes sortes de choses étonnantes avec des cellules humaines, il ne fait qu’essayer de " jouer " à être Dieu " (c’est justement la faute d’Adam), mais jamais il ne pourra créer de lui-même une personne. Aussi faut-il se souvenir que " Dieu est Amour " (1 Jn 4,8) et c’est pas son Amour qu’il est Père, qu’il crée l’homme à son image, afin que l’homme s’accomplit en devant véritable la Ressemblance divine.

PERSONNE – INDIVIDU

La notion de la " personne " est très importante dans l’anthropologie de l’Église orthodoxe et ainsi la distinction entre la personne et l’individu devient fondamentale. La personne est unique, créée à l’image de Dieu et appelée à acquérir la " ressemblance " divine – en fait, la " déification " (" théosis ") selon l’expression des Pères. La personne ne peut exister en isolation, mais seulement en relation avec d’autres personnes : la personne est ainsi l’image même de la Sainte Trinité. L’individu, par contre, est une unité, atomisé, parmi tant d’autres ; il peut être compté et simplement assigné un numéro qui devient en quelque sorte son " identité ". L’homme est ainsi " dépersonnalisé " ; son visage unique n’a plus de sens ou de valeur. Le rapport essentiel de l’individu est avec une notion abstraite, celle de la société, et non pas avec d’autres personnes uniques, qui permettrait d’établir une relation interpersonnelle unique avec chaque autre personne.

On peut considérer la distinction entre la personne et l’individu comme une conséquence de la distinction, essentielle dans la théologie byzantine, entre l’" hypostase " et la " nature ". C’est justement cette distinction qui a permis aux théologiens, à partir des Pères cappadociens, d’exprimer, dans la mesure du possible en langage humain, la notion de Dieu (" une seule Dieu (la nature) en trois Personnes (hypostases) ", et le sens de l’Incarnation : " une seule hypostase (la deuxième personne de la sainte trinité, le Fils de Dieu) en deux natures ( la divine et la humaine) ".

Le texte de Mgr Kallistos Ware ici-bas résume l’essentiel de l’anthropologie orthodoxe. Pour approfondir la notion de la personne, je vous réfère à son article " Le mystère de la personne ", dans le livre Le royaume intérieur (qui contient plusieurs autres excellents articles sur divers sujets). Malheureusement, je n’ai pas de version numérisée de cet article.

Voici un autre texte, de Vladimir Lossky, qui touche le sujet de la personne :

L’expérience de cette transcendance est propre à la vie mystique du chrétien : " Même quand je suis uni à Toi, dit saint Macaire, même quand il me semble que je ne me distingue plus de Toi, je sais que Tu es le maître et moi le serviteur. " Ce n’est plus la fusion ineffable de l’extase plotinienne, mais un rapport personnel qui, loin de diminuer l’absolu, le révèle " autre " c’est-à-dire toujours nouveau, inépuisable. C’est le rapport entre personne de Dieu, nature comme telle inaccessible (l’idée d’essence ici ne met pas de frontière à l’amour, au contraire, mais représente l’impossibilité logique d’un " passage à la limite)) qui cernerait et comme épuiserait Dieu) et la personne de l’homme, l’homme, dans son néant même, comme personne qui, dans l’union, ne s’abolit pas mais se transfigure et reste, ou plutôt devient pleinement une personne. Sinon il n’y a plus de religio, c’est-à-dire de lien, de rapport.

(Extrait de : Vladimir Lossky, Théologie dogmatique)

Enfin, voici quelques références d’articles parus dans des revues orthodoxes :

Georges Mantzarides , " L'Archimandrite Sophrony, théologien du principe personnel ", Buisson ardent, 2, 1996, p. 96ff.

Archimandrite Syméon, " Mystère et dimensions de la personne : linéaments d'anthropologie chrétienne ", Buisson ardent, 8, 2002, p. 65ff.

Brandt, Pierre-Yves, " "Toute personne est une parcelle de continent" ", Buisson ardent, 8, 2002, p. 49ff.

Yannaras (Chrîstos), " Personne et communion ", Contacts, vol. XXV, no. 84, p. 310ff.

PORTER SA CROIX

Merci de partager vos souffrances avec moi. En fait, il est difficile, je le comprends, de vivre une vie évangélique dans les circonstances que vous viviez. Mais aussi je crois que c’est justement dans notre quotidien à chacun que le Seigneur nous invite à " porter notre Croix " et à le suivre : et ce n’est pas nous qui choisissons notre Croix, c’est le Seigneur lui-même. Nous devons l’accepter avec humilité et gratitude, sachant que c’est pour notre bien que le Seigneur nous demande de porter cette Croix, et sachant aussi qu’il n’y pas d’épreuve qui ne soit accompagnée de la grâce divine nécessaire pour la surmonter. Alors, avec justement la puissance de la présence de l’Esprit Saint en nous, nous devons répondre de notre mieux aux situations de notre vie de tous les jours, qui nous permettent de mettre en pratique les préceptes de l’Évangile, même ceux qui peuvent nous sembler les plus difficiles : le pardon et l’amour des autres, surtout de ceux qui nous font le mal (voir le texte de saint Silouane sur l’amour des ennemis aux Pages Orthodoxes La Transfiguration, et aussi les articles des pères Alphonse Goettmann et Philippe Dautais sur le pardon) ; l’humilité de voir nos propres fautes et de ne pas juger les autres (prière de Saint Éphrem) ; la recherche de notre propre métanoïa avant tout, pas celui des autres.

PORTES

Dans une église orthodoxe, il y a normalement trois portes dans l’iconostase, la cloison qui habituellement (mais pas toujours) sépare la nef du sanctuaire. Les portes centrales – souvent deux portes battantes en fait – sont appelées les " portes royales " ou plus correctement les " portes saintes " : elles signifient avant tout les portes du ciel. Seul le clergé (évêques, prêtres et diacres) peuvent se servir de ces portes et seulement après une première entrée solennelle, soit par l’évêque, s’il est présent, ou par le prêtre. Les autres personnes qui participent aux offices (lecteurs, sous-diacres et laïcs) doivent toujours utiliser les portes de chaque côté des portes saintes, appelés " porte nord " (à gauche face au sanctuaire) et " porte sud " (à droite), parce que l’église doit normalement être orientée – le sanctuaire vers l’est.

Voici ce qu’en dit en plus de détails Le Spoutnik  :

Portes royales. Autrefois, on pouvait désigner sous ce nom les portes conduisant du vestibule à la nef: par elles passait l'empereur ou le roi, pour rejoindre son trône dans l'église. Le peuple passait par les deux ou quatre portes latérales. Actuellement, les portes royales désignent les portes saintes ou portes du Roi. Par elles ne peut passer que le Christ et tout ce qui le rend présent: les saints dons de l'offertoire et de la communion, l'évangéliaire ainsi que l'évangile proclamé, l'encens comme bonne odeur du Christ, les icônes, l'évêque et les prêtres, le diacre lorsqu'il porte les saints dons, l'évangéliaire, l'encensoir, le cierge allumé.

Sur les côtés de l'iconostase il y a deux portes latérales pour les autres passages. Ces portes latérales sont munies de longues icônes représentant soit les archanges Michel et Gabriel, soit les archidiacres Etienne et Laurent, soit un combiné des deux, par exemple l'archange Michel et l'archidiacre Etienne. Le symbolisme est double: d'une part les archanges gardent les portes du paradis; d'autre part, puisque ces ouvertures sont le pas - sage des serviteurs (diacres, sous-diacres, lecteurs, céroféraires), elles portent l'icône des serviteurs célestes ou des plus éminents parmi les saints diacres, serviteurs en Christ.

Les portes saintes sont de hauteur variable: si elles sont de type russe, elles montent jusqu'en haut de l'arc, mais la partie supérieure est à claire-voie. Les portes de type grec sont à mi-hauteur; souvent la partie centrale est plus élevée que les côtés et elle est surmontée d'une petite croix; derrière l'élévation se trouve un pêne qui ferme les deux vantaux de la porte sainte. Ce pêne est manoeuvré par le diacre, depuis l'extérieur, pour l'entrée de l'évêque, au moment où, dans la récitation de i prières initiales de la Liturgie, on arrive au théotokion "Ouvre-nous la porte de ta compassion, Mère de Dieu et Vierge bénie".

Les icônes qui ornent lei portes saintes sont traditionnellement l'Annonciation et les quatre évangélistes. L'Annonciation, puisque par le mystère de l'Incarnation du Verbe fut rétablie la communication entre le ciel et la terre. Les évangélistes, parce qu'ils ont porté aux quatre coins du monde habité la bonne nouvelle de la réconciliation entre Dieu et les hommes.

Normalement, en dehors des offices, les portes saintes sont fermées. Et, même lorsque le prêtre entre en fonction, elles ne sont pas ouvertes immédiatement. Il est bon de se rappeler que nous avons été exclus du Paradis. Puis arrive ce qu'on appelle l'entrée: avec cierge et encens à vêpres à la fin du lucernaire; à matines, avec l'encensement du polyéléos, qui précède la proclamation de l'évangile; à 1a Liturgies au moment de la petite entrée avec l'évangéliaire. Dans l'office de vêpres, s'il -y a des lectures de l'Ancien Testament après l'entrée, on referme les portes; elles restent ouvertes si, pour une fête de saint, les lectures sont tirées du Nouveau Testament, par exemple des actes ou bien des épîtres catholiques de Jacques, Pierre, Jean ou Jude. Outre le symbolisme de la nouvelle alliance, qui nous ouvre la porte de la grâce, il y a le fait que les Apôtres sont traités comme les évêques, leurs successeurs sur le trône élevé: la lecture d'une épître ou des actes les rend présents au milieu de la nef, et il ne doit pas y avoir de séparation entre eux et leur trône élevé, situé dans l'abside du sanctuaire. A matines, après la proclamation de l'évangile et le baiser de l'évangéliaire par les fidèles, on referme les portes saintes durant le chant du canon des odes. On les rouvre au moment de la grande doxologie, pour permettre l'apolysis; mais si la vénération de l'évangéliaire ou de l'icône de la fête dure pendant tout le canon et les laudes, les portes restent ouvertes jusqu'à la fin des matines. Et, selon l'usage grec, on ne les ferme plus jusqu'à la fin de la divine Liturgie.

Là où se maintient l'usage antique, par exemple chez les Russes, les portes saintes s'ouvrent pendant le chant des Béatitudes, pour la petite entrée avec l'évangéliaire. On les referme après la proclamation de l'Évangile, pendant les nombreuses litanies (exception faite de la litanie pour les défunts et du renvoi des catéchumènes, s'il est fait par deux ou trois diacres), cela jusqu'à l'hymne des Chérubins. On les referme après la grande entrée, jusqu'à la communion des fidèles. Le peuple ne se sent nullement privé de quoi que ce soit: de toute façon, il n'y a rien à voir, côté sanctuaire, et le mystère de l'eucharistie, pour répondre à son nom (mustêrion, de muô, être fermé) demande à être caché.

Lorsque la célébration est présidée par l'évêque, les portes saintes demeurent ouvertes pendant toute la Liturgie, excepté, là où c'est l'usage, pour la communion des officiants, évêque, prêtres et diacres.

Pendant tout le temps pascal, depuis la nuit de Pâques jusqu'à' l'heure de None du Samedi du Renouveau, les portes saintes et les portes latérales restent ouvertes. pour signifier que le Christ, -par sa Résurrection, nous a rouvert les portes du Paradis. Mais le dimanche de Thomas, il conviendrait de les tenir fermées aux moments prévus pour cela, car l'hymnographie des vêpres et des matines ne cesse d'évoquer ces "portes closes" malgré lesquelles le Christ pénétra dans la salle où, pleins de crainte, se trouvaient réunis les Disciples.

Porte Nord. Porte latérale de l'iconostase, qui se trouve à gauche lorsqu'on regarde l'autel depuis la nef. C'est la parte de sortie du diacre et des ministres inférieurs, et même du prêtre lorsque les portes saintes sont fermées.

Porte Sud. C'est celle qui est à droite, dans l'iconostase, quand on regarde vers l'autel, le sanctuaire se trouvant à l'est et le vestibule à l'ouest. C'est la porte d'entrée pour ceux qui ne peuvent franchir les portes royales.

Extrait de : (Denis Guillaume), Le Spoutnik, Nouveau Synecdimos, Diaconie apostolique, 1997.

POUVOIRS DU CHRÉTIEN

Merci pour votre question concernant les pouvoirs conférés par le baptême. En premier lieu, il serait peut-être plus pertinent de parler de " devoirs ", car tout chrétien a le devoir de vivre selon l’enseignement du Christ et de témoigner et répandre le message évangélique par sa vie même, avant tout acte d’évangélisation directe. C’est déjà une grande responsabilité, qui engage la personne entière et pour toute sa vie.

L’Église orthodoxe reconnaît qu’un fidèle peut, en cas d’urgence, baptiser, mais puisque le baptême est un sacrement qui fait partie de l’initiation chrétienne, de la réception de la personne, enfant ou adulte, dans l’Église, il est normalement administré par un prêtre, et le baptême est suivi de la chrismation et de la communion.

En ce qui concerne la confession, un fidèle peut se confesser à un autre fidèle, mais seul un prêtre peut donner l’absolution – dans l’Église orthodoxe, l’exercice de l’absolution nécessite une autorisation de l’évêque et n’est pas conféré automatiquement avec l’ordination sacerdotale. La fonction de père spirituel n’est pas, dans la tradition orthodoxe, réservée aux seuls prêtres, mais cette fonction doit être clairement distingué de celle de confesseur, qui est réservé aux prêtres. Vous pouvez consulter les textes sur la paternité spirituelle aux Pages Orthodoxes La Transfiguration à ce sujet.

Un fidèle peut aussi présider aux offices liturgiques, sauf la Divine Liturgie ; il y a des changements dans les prières et formules si un office liturgique n'est pas présider par un prêtre.

PRÉSENTATION DE LA MÈRE DE DIEU AU TEMPLE (21 NOVEMBRE)

Voici quelques références pour la fête de la Présentation au Temple de la Vierge Marie :

  • Le récit de base de la fête se trouve dans le " Protoévangile de Jacques " (cf. Évangiles apocryphes de France Quéré, Éd. Seuil).
  • Les textes liturgiques complets se trouvent dans le Ménée de novembre et une version assez complète dans le Spoutnik (père Denis Guillaume, Diaconie Apostolique/Chevetogne).
  • Le Synaxaire, vie des saints de l’Église orthodoxe décrit également la fête.
  • Il y a une courte présentation de la fête dans Les fêtes et la vie de Jésus Christ, I L’Incarnation (" Catéchèse orthodoxe ", Cerf, 1985), pp. 35-46.
  • Pour une étude sur " La Mère de Dieu dans la Liturgie ", on peut consulter le livre du père Alexis Kniazeff, La Mère de Dieu dans l’Église orthodoxe et également l’excellent article de Dom Thierry Maertens " Le développement liturgique et biblique du culte de la Vierge ", dans la revue Paroisse et Liturgie, 1954, no. 4, qui présente les origines et le développement des principales fêtes de la Mère de Dieu, en Occident et en Orient. Il donne quelques références plus détaillées comme sources pour la fête.
  • Pour les reproductions des icônes de la fête, vous pouvez consulter la page http://www.pagesorthodoxes.net/eikona/icones-index.htm des Pages Orthodoxe.
  • Une explication de l’Icône se trouve dans Le sens des icônes par Léonide Ouspensky et Vladimir Lossky (Cerf, 2003 ; aussi en anglais : The Meaning of Icons).
  • J’ai fait un travail récemment sur " L’exégèse patristique des types vétérotestamentaires de la Mère de Dieu " qui touche un peu la fête la Présentation et qui, selon la portée de votre travail, pourrait vous être utile.

PRIÈRES – LIVRES

Pour ce qui est d’un livre de prière, les plus importantes prières sont celles de la Divine liturgie, des Matines et des Vêpres – en fait les plus importantes de toutes sont les " prières initiales " de la Liturgie et des Offices (Roi du Ciel, Trisagion, Très sainte Trinité, Notre Père). Le Livre de prières orthodoxes contient en effet des extraits des offices (que vous avez déjà dans le Spoutnik), et si je me souviens bien, quelques prières occasionnelles. Chaque fidèle fixe en fait, en consultation avec son confesseur ou père spirituel, son " règle de prière " - qui peut comprendre aussi des lectures bibliques. Déjà avec le Spoutnik, il est possible de suivre une partie de l’année liturgique (dimanches et grandes fêtes). Vous avez aussi sur le site Pages Orthodoxes La Transfiguration (et disponible en format Word) le commun de l’office divin quotidien, mais pour suivre les offices quotidiens, il faut les principaux livres liturgiques (Octoèque, Triode et Pentecostaire – voir les descriptions sur cette page : http://www.pagesorthodoxes.net/ressources2/livres-liturgiques.htm). En pratique, les offices sont célébrés au complet seulement dans les monastères.

PRIÈRE CONTINUELLE

La prière continuelle est un don gratuit de Dieu, on ne peut pas " l’accueillir " de nos propres efforts, aucune " méthode " en soi ne peut y parvenir. Nous ne pouvons que nous disposer, dans la mesure du possible, pour une telle grâce. Ainsi, maintenir la prière alors que notre intellect est occupé ailleurs, même à des tâches " spirituelles ", est impossible, sans ce don de Dieu. C’est d’ailleurs pour cette raison que les premiers moines du désert ont favorisé une activité physique, répétitive (par exemple, tisser des objets avec des palmes), ce qui laissait l’esprit libre pour la prière consciente.

Ce qui est important, il me semble, est de consacrer tous ses efforts, si humbles soient-ils, pendant le jour à la gloire de Dieu. Et de revenir à un état de conscience de la présence de Dieu aussi souvent que possible pendant le jour, à des " pauses " pendant et après des activités engageantes. Ce qui aide beaucoup sont des courtes prières ou des invocations, dont la prière de Jésus, qui peut être abréger : " Seigneur, aie pitié ". D’autres évocations possibles : " Gloire à toi, mon Dieu, gloire à toi " ; " Béni es-tu, Seigneur, mon Dieu " ; " Seigneur, viens à mon aide, hâte-toi de me secourir " (très utilisé par les Pères du désert). Des versets des psaumes se prêtent très bien à ce genre d’invocation, qui ramène notre esprit à la présence divine et à notre vocation sur cette terre.

Quand vous dites que vous éprouvez parfois " une sorte de découragement qui cherche à me dire que je n'y arriverai jamais ", vous exprimez une vérité essentielle de la vie spirituelle : nous n’y " arrivons " jamais, nous sommes toujours " en chemin ", même les grands saints ne sont jamais arrivé " au bout ", car l’objet de la vie spirituelle, c’est Dieu lui-même, infinie et inconnaissable dans son essence même. On ne peut qu’accueillir avec humilité et actions de grâces la mesure de la Lumière divine que Dieu nous accorde. " Ô Dieu, mon Dieu, je te cherche dès l’aurore, on âme a soif de toi ; après toi languit ma chair, comme une terre déserte, sans eau ", chante le psalmiste (Psaume 62). La soif de Dieu est un élément essentiel de la vie spirituelle.

PRIÈRE DE JÉSUS

On trouve parfois des comparaisons entre la prière de Jésus et la pratique de dhikr soufi musulman – je pense par exemple au père Lev Gillet, à Mgr Kallistos Ware ou au père Placide Deseille, tous bien connaissants en ce domaine. Mgr Kallistos Ware, par exemple parle de la prière de Jésus par rapport au yoga et au dhikr dans son essai " Prier avec le corps " dans ce livre :

Kallistos Ware, Tout ce qui vit est saint. Cerf/ Sel de la Terre, 220 p., 2003 – 26 euros / env. 48 CHF / 51,95$C

Voir aussi les références sur ces pages :

La Puissance du Nom - 1

Le Seigneur-Amour par le père Lev Gillet

Quant à votre question concernant le lien entre la Prière de Jésus et la paternité spirituelle, les Pères ont toujours insisté sur la nécessité d’un suivi par un père spirituel expérimenté pour la pratique intense de la Prière. Vous trouverez plusieurs références à cet effet dans les textes sur la Prière de Jésus aux Pages Orthodoxes La Transfiguration. Certains de ces textes, par exemple ceux de Mgr Kallistos Ware et de Nadejda Gorodetski, parlent aussi de la pratique plus informelle ou occasionnelle de la Prière.

Les écrivains spirituels insistent aussi que la pratique de la Prière de Jésus ne remplace pas la participation à la communauté chrétienne, notamment la fréquentation des sacrements, en particulier la confession et l’eucharistie. Mais il faut pas attribuer même à l’eucharistie un quelconque pouvoir s’apparentant à la magie, produisant automatiquement des effets chez le communiant : la spiritualité orthodoxe insistent constamment sur le principe de la synergie – le don divin qui rencontre la volonté humaine. Les deux sont nécessaires, mais en même temps on doit reconnaître la liberté absolue de Dieu : il accorde ses dons à qui il veut. C’est pour cela que la spiritualité orthodoxe n’admet pas de lien automatique entre une pratique spirituelle et un don précis. On trouve des moines qui ont pratiqué la prière de Jésus assidûment pendant bien des années, sans recevoir le don de la prière perpétuelle ou de la " descente de la prière au cœur ", alors que saint Silouane a reçu la prière perpétuelle seulement quelques semaines après son arrivée au Mont Athos.

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Saint Seraphim de Sarov ne nous a laissé que quelques enseignements écrits, qu’on retrouve dans le livre d’Irina Goraïnoff, Séraphim de Sarov (éd. de l’Abbaye de Bellefontaine).

La référence que vous mentionnez (" priez comme un roc, un océan, une flamme etc. ") se trouve plutôt dans un livre de Jean-Yves Leloup, qui parle de ses expériences aux Mont Athos et de l’enseignement sur la méditation reçu d’un père Séraphim du Mont-Athos (pas Saint Séraphim de Sarov) : Ecrits sur l'hésychasme : Une tradition contemplative (dans la collection " Spiritualités vivantes ", chez Albin Michel). Le texte est actuellement affiché ici :

http://www.cafe-eveil.org/forum/ftopic514.html. et ici :

http://www.yogaesoteric.net/content.aspx?lang=FR&item=3908

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Aux origines de la prière de Jésus se trouve, en partie au moins, une façon d’accomplir les paroles de saint Paul : Priez en tout temps, dans l’Esprit (Ephésiens 6,18) ; et aussi : Priez sans cesse(1 Thessaloniciens 5, 16). Jésus lui-même enseignait l’assiduité à la prière par la parable du juge inique et la veuve importune ; Luc écrit en introduisant cette parabole : Puis il [Jésus] leur dit une parabole sur ce qu’il fallait toujours prier sans jamais se lasser (Luc 18, 1). Comment comprendre ceci eu égard à la parole de Jésus que vous citez : Ne rabâchez pas comme les païens : ils s’imaginent qu’en parlant beaucoup ils se feront mieux écouter (Matthieu 5, 7). Le sens de ces différentes consignes sur la prière appelle à la prière consciente : ne pas répéter des mots par habitude, alors que la conscience est ailleurs, mais concentrer son esprit sur le sens des paroles, gardant toujours à l’esprit que la prière est une parole adressée à une Personne, à Dieu notre Père, au Christ, à l’Esprit Saint, à la Mère de Dieu, aux saints. qui attendent à ce que la prière soit véritable, sincère, profonde, qu’elle vienne du cœur – c’est le sens de la prière du cœur : la vraie prière du cœur est une façon de prier et non des mots à dire. C’est la raison pour laquelle on doit référer d’abord à la " prière de Jésus ", qui peut bien devenir la " prière du cœur ", mais ce n’est pas automatique.

Le grand avantage de la prière de Jésus est sa simplicité ; on peut la dire à tous moments, en toutes circonstances. C’est une façon de rester en prière sans la nécessité de livres de prière ou d’un cadre spécial. Ceci est également bon et nécessaire, de même que la prière en communauté, la liturgie dans toutes ses formes. Les différentes formes de prière sont complémentaires, répondant à besoins différents et aux possibilités personnelles et communautaires.

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Dans la tradition orthodoxe, l’enseignement de la Prière de Jésus se fait normalement et idéalement en personne, typiquement d’un père spirituel à un fils ou une fille spirituelle. Car l’enseignement de la Prière de Jésus est surtout la transmission et l’apprentissage d’une pratique spirituelle, plutôt que l’enseignement d’une connaissance. De nos jours, ceci est toujours pratiqué dans les milieux orthodoxes, surtout, il est vrai, dans les monastères. En Occident, cependant, nous avons l’habitude des " sessions " ou " ateliers " en groupe, où des connaissances et des apprentissages de nature spirituelle peuvent être enseignés, dans un cadre approprié. Ainsi, en France, le Centre de prière et d’études Sainte-Croix en Dordogne offre des sessions sur la Prière de Jésus. Je ne connais pas d’endroit à Paris où il y a un enseignement semblable, mais vous pouvez vous adresser à un prêtre orthodoxe à Paris ; vous trouverez les coordonnées des paroisses orthodoxes francophones à la page " Lieux de culte " sur le site des Pages Orthodoxes.

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La meilleure courte introduction à la Prière du Jésus est celle de Mgr Kallistos Ware, que vous trouverez aux Pages Orthodoxes La Transfiguration . Les techniques de respiration associées à la prière de Jésus sont mentionnées par plusieurs auteurs, mais ne sont pas essentielles à la pratique de la prière. Au contraire, la plupart des auteurs spirituels, y compris Mgr Kallistos et le " Moine de l’Église d’Orient " (P. Lev Gillet) recommandent de n’utiliser ces pratiques que sous la direction d’un père spirituel lui-même expérimenté en leur pratique.

La pratique de la prière de Jésus n’est pas toujours recommandée pour tous, car elle exige une discipline et une suivie qui ne sont pas toujours à la portée de tous. En fait, il est difficile de dissocier la pratique de cette prière du cadre spirituel et liturgique de l’Église d’Orient, où elle est née et dans laquelle elle fait partie intégrante de la tradition spirituelle hésychaste, la " voie du silence et de la paix intérieure ".

Une introduction simple à l’hésychasme et à la prière de Jésus est la lecture des Récits d’un pèlerin russe, que vous connaissez peut-être (je ne sais pas s’il est disponible en portugais). Puis, comme survol des fondements et de la pratique de la prière, surtout pour les laïcs, je recommande le texte de Mgr Kallistos Ware, " La puissance du Nom : La prière de Jésus dans la spiritualité orthodoxe ", qui est disponible aux Pages Orthodoxes La Transfiguration (www.top.ca/users/thabor). Les principaux textes des Pères ascétiques sur la prière de Jésus sont réunis dans le livre La petite Philocalie de la prière du cœur (Jean Gouillard, trad. ; Éditions du Seuil, 1979).

Si vous voulez poursuivre votre intérêt pour la prière de Jésus, vous pouvez peut-être prendre contact avec des milieux orthodoxes au Portugal. L’Église orthodoxe au Portugal est assez jeune, mais très vigoureuse, avec huit évêques et nombreuses petites paroisses. Au début de cette année a eu lieu la consécration de la Basilique de la Protection de la Mère de Dieu, située près de Torres Novas, dans l’enceinte d’un monastère féminin. Il y a plusieurs autres monastères, si je comprends bien, mais la seule adresse que j’ai trouvée est celle d’un institut de théologie, associé à un monastère :

Orthodox Theological Academy of Saint Martin of Dume
Mosteiro Paul Sobreiro, Mafra P-2640
email 
mailto:icop@mail.telepac.pt
tel + 351 261 815773 fax + 351 261 815773

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Il n’a pas vraiment de " technique " en ce qui concerne l’utilisation du chapelet pour la prière de Jésus ; c’est surtout une aide à la concentration et un moyen de compter le nombre de fois que la prière est récitée, ou éventuellement d’indiquer le passage du temps – dans la mesure où celles-ci peuvent avoir un certain intérêt. L’usage en est personnel. Même s’il y a des " perles " aux 25 ou aux 50 grains, il n’a pas de " règle " pour les perles – on peut simplement continuer la prière de Jésus, ou dire une autre prière, par exemple une doxologie (" Gloire au Père… ").

Vous trouverez beaucoup de conseils sur la prière de Jésus dans la section de ce titre aux Pages Orthodoxes La Transfiguration . Je recommande en particulier les textes de Mgr Kallistos Ware et de Nadejda Gorodetski. Une distinction que je trouve importante est entre la récitation " formelle " de la prière, pendant un temps dédié à cet effet, et la récitation " informelle " ou spontanée de la prière, à n’importe quel moment de la journée, lorsque l’intellect n’est pas très engagé.

J’ai extrait quelques références au chapelet dans quelques uns des textes :

Mgr Kallistos Ware : " Un chapelet ou rosaire (komvoschoinion, ou tchotki, normalement avec cent noeuds, est souvent employé en relation avec la Prière, non pas d'abord pour compter le nombre de fois où elle est répétée, mais plutôt pour aider à la concentration et à l'établissement d'un rythme régulier. La mesure quantitative, soit avec un chapelet ou d'autres manières, n'est pas encouragée. Il est vrai que, dans la première partie des Récits d'un pèlerin russe, un fort accent est mis par le starets sur le nombre précis de fois où quotidiennement il faut dire la Prière : trois mille fois, augmentant jusqu'à six mille et ensuite douze mille. Le pèlerin reçoit l'ordre d'en dire un nombre exact, ni plus ni moins. Une telle attention portée à la quantité est tout à fait inhabituelle. Il est possible qu'ici ce ne soit pas la simple quantité qui soit en question mais l'attitude intérieure du pèlerin : le starets souhaite mettre à l’épreuve son obéissance et son empressement à observer sans dévier la règle établie. Plus caractéristique est l'avis de l'évêque Théophane : " Ne t'inquiète pas du nombre de fois où tu dis la Prière. Que ton seul souci soit qu'elle jaillisse de ton coeur avec la force vivifiante d'une fontaine d'eau vive. Chasse entièrement de ton esprit toute pensée de quantité16 ".

Note 58. À la vêture d'un moine, dans l'usage grec et russe, c'est la coutume de lui donner un chapelet (komvoschoinion). Dans la coutume russe, l'abbé dit les mots suivants en le lui remettant : " Prends, mon frère, le glaive de l'Esprit, qui est la Parole de Dieu, afin de prier Jésus continuellement ; car tu dois toujours avoir le Nom de Jésus dans l'intellect, dans le coeur et sur les lèvres, disant sans cesse : Seigneur Jésus Christ, Fils de Dieu, aie pitié de moi pécheur. " Voir N.F. Robinson SSJE, Monasticism in the Orthodox Churches, Londres/Milwaukee, 1916, p. 159-160. Remarquer la distinction habituelle entre les trois niveaux de prière : lèvres, intellect, coeur.

Rachel Goettmann : " Lorsqu’on prend le temps de s’arrêter pour prier ou durant les voyages, un chapelet nous sera d’une grande aide, simplement pour nous concentrer plus facilement et graduer le nombre de nos invocations. "

Mgr Jean de Saint-Denis : " Je reviens, encore une fois, à la vertu des Noms divins, même s'ils sont prononcés sans intention ni conviction. Au cours du déroulement mécanique de la prière, alors que notre coeur et notre intelligence sont encore en dehors de Dieu, nous ne pouvons ressentir véritablement la grâce. Ce n'est qu'après avoir tourné toutes nos capacités vers lui, sans partage avec ce monde, que nous apercevrons sa Lumière.

Ne méprisons pas pour autant la prière mécanique, acceptons les chapelets ; même si cette première étape se présente faussement, pour certains, comme définitive, elle n'est pas inutile ni infructueuse. Je fus témoin de la Prière de Jésus, récitée régulièrement à mi-voix dans la pénombre, pendant une heure environ. Je ne crois pas que les orants qui la pratiquaient avaient dépassé la première étape, car ils la prononçaient du bout des lèvres et si rapidement qu'il était impossible qu'ils saisissent par la pensée les mots sacrés... et voici : cette heure de prière dégageait une force pacifique non seulement sur les assistants, mais sur le lieu même, effaçant les fantômes psychiques et les ombres troublantes, exhalant la tranquillité de l'aurore invisible, mais discrètement palpable pour l'âme. "

Je crois qu’il faut expérimenter afin de trouver un rythme convenable pour la récitation de la prière – souvent assez lent, bien que Mgr Jean indique que même une récitation rapide peut être bénéfique.

PRIÈRE DE JÉSUS – QUÉBEC

Au Québec, il n’y a pas de lieu de la tradition orthodoxe où la pratique de la Prière de Jésus est enseigné. Les orthodoxes qui souhaitent pratiquer la Prière de Jésus s’adressent à leur prêtre, confesseur ou père spirituel pouvant les aider dans cette démarche.

Le seul enseignement régulier sur la Prière de Jésus au Québec en ce moment est donné par le Père Lucien Coutu du Centre Emmaüs à Montréal, dans un cadre Catholique romain, qui ne correspond pas toujours avec la pratique de la prière de Jésus dans la tradition orthodoxe. Vous pouvez téléphoner au Centre Emmaüs pour plus de renseignements : 514-276-2144.

Une série de trois émissions sur la Prière de Jésus a été diffusée à l’émission " Regards Orthodoxes " à Radio Ville-Marie en avril 2002 (les dimanches après-midi de 15h00 à 16h00, 91,3 FM à Montréal, 100,3 FM à Sherbrooke, et aussi en directe sur internet : www.radiovm.com ). Ces émissions sont disponibles sur cassettes, ainsi que d’autres émissions sur la Prière de Jésus.

Si vous n’êtes pas trop familier avec la Prière de Jésus, je vous recommande de lire quelques articles sur la Prière aux Pages Orthodoxes, en particulier pour commencer ceux de Mgr Kallistos Ware et de Nadejda Gorodetsky.

Quelques livres sur la Prière de Jésus :

Goettmann, Alphonse et Rachel, Prière de Jésus - Prière du Cœur. Albin Michel , 1994. Présentation des fondements bibliques et des origines de la prière du coeur, réflexions et consignes sur sa pratique et commentaires sur la formule de la prière. 16,00

Gouillard, Jean, trad., Petite Philocalie de la prière du cœur. Seuil, 1979. Extraits de la grande Philocalie des Pères neptiques, ainsi que quelques autres textes, portant sur la prière du cœur ou prière de Jésus. 16,00

Laloy, Jean, trad., Récits d'un pèlerin russe. Baconnière/Seuil, 1978. Histoire simple d'un paysan russe du 19e s. en quête d'une vie spirituelle authentique. Première approche à la spiritualité hésychaste et à la prière de Jésus. Très populaire. 13,00

Un Moine de l'Église d'Orient, La prière de Jésus. Chevetogne/Seuil, 1974. Lecture essentielle sur les fondements et la pratique de la prière de Jésus.

J’ai quand même quelques suggestions à vous proposer. La première au niveau de la lecture. Il y a bien sûr plusieurs excellents livres sur la prière de Jésus, dont vous en avez sans doute quelques-uns, mais il y en a certains que je considère plus " avancés ", notamment ceux d’Ignace Braintchaninov, Approches de la prière de Jésus, et de l’Higoumène Chariton de Valamo, L’art de la prière. (Vous pouvez consulter le premier au Centre Emmaüs et je peux vous le fournir si vous voulez. Je dois me renseigner d’avantage sur la disponibilité du deuxième).

Un autre suggestion est de participer à une session sur la prière de Jésus au Centre Sainte-Croix (Dordogne) – vous trouverez des informations sur ce centre aux Pages Orthodoxes La Transfiguration .

PRIÈRE DE JÉSUS – SLAVON

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PRIÈRES – DIVERSES OCCASIONS

La tradition orthodoxe n’a pas toujours des prières spéciales pour toute occasion. Cependant, il existe des prières de bénédiction pour certains lieux, objets et occasions, mais pour les autres, on utilise plutôt des prières ordinaires, adaptés au besoin.

En réponse à vos demandes précises :

Prière de protection avant tout travail : On peut réciter la prière d’invocation du Saint Esprit (qui d’ailleurs précède, avec le Trisagion et le Notre Père, tout office du rite byzantin/orthodoxe). Vous trouverez ici-bas les " prières d’initiation ", avec l’ d’invocation du Saint Esprit , prières qu’il est bon de savoir par cœur.

Prière de réconciliation : Je pense que le Notre Père peut être indiqué, car il parle du pardon.

Prière pour protéger un lieu de travail et le rendre rentable pour le bien des gens et du seigneur : Encore, je dirai l’ d’invocation du Saint Esprit.

On peut aussi utiliser la prière de Jésus, intérieurement, adaptée aux besoins du moment : pour résister à une tentation, pour louer Dieu, pour prier pour une personnes qu’on rencontre ou qui a besoin d’aide, même pour des étrangers, des malheureux qu’on passe dans la rue :

Seigneur, Jésus Christ, Fils de Dieu, aie pitié de moi, pécheur.

Pour une autre personne :

Seigneur, Jésus Christ, Fils de Dieu, aie pitié de (nom).

PRIÈRE AUX SAINTS ET POUR LES DÉFUNTS

Ce qu’on appelle " l’ecténie des défunts " (ou encore " litie " ou " trisagion ") est en effet une version très abrégée du la Pannychide – je vous envoie le fichier ci-joint. Voici une partie de la note d’introduction :

" Une forme encore plus brève d’office pour les défunts, c’est la partie finale de la Pannychide, que les Slaves appellent " Litie " et les Grecs " Trisagion ". Dans cet office, on a seulement le Trisagion, les tropaires, la litanie des défunts, le congé et le souhait d’éternelle mémoire. La Litie ou Trisagion est inséparable d’un office majeur, tel que les vêpres, les matines ou la Divine Liturgie. Dans l’usage grec, la Pannychide est moins pratiquée que dans l’usage slave, alors que les grecs ajoutent souvent le " Trisagion " à la fin de la Divine Liturgie. "

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La prière adressée aux saints et également à la Mère de Dieu, la Toute-sainte et Toute-bénie, vise leur intercession en notre faveur, en particulier bien sûr en vue d’un profit spirituel. Nous pouvons et nous devons nous adresser directement à Dieu, au Christ, mais ceci n’empêche pas notre appel à ceux qui nous ont précédé dans la foi et qui ont atteint de leur vivant des degrés élevés de sainteté de nous être utile.

En ce qui concerne les défunts en général, nous prions en premier lieu en leur faveur, pour leur salut, et nous croyons que notre prière a une certaine valeur spirituelle pour eux – et pour nous – sans que nous pouvons préciser en quoi ou comment notre prière est efficace. Ces deux aspects de la prière – celui des saints, aussi d’autres défunts, en notre faveur, et notre prière pour les défunts – sont des manifestations importantes de la Communion des Saints. Il s’agit d’un reflet de la mystérieuse unité de toute la race humaine, unité qui doit avoir une réalité dans notre quotidien. Cette incarnation de la solidarité humaine se réalise en particulier par la prière. La prière pour autrui est un geste d’amour pour le prochain et, selon saint Silouane l’Athonite, par exemple, atteint son plus haut niveau dans l’amour et la prière pour les ennemis (voir ses écrits sur " L’amour des ennemis " aux Pages Orthodoxes La Transfiguration).

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Oui, nous pouvons et nous devons prier pour les défunts, même ceux qui nous semblent pas avoir décédés " dans la foi " : encore d’avantage. C’est tout le sens du rituel des funérailles dans l’Église orthodoxe et de l’office spécial pour les défunts qu’on appelle " pannikhide ". Un pannikhide est habituellement célébré plusieurs fois entre le décès et l’ensevelissement, et puis sept jours, quarante jours et un an après le décès d’un fidèle orthodoxe. Malheureusement, le texte de ces offices n’est pas être disponible en français sur l’internet, mais vous trouverez l’office des funérailles en anglais à l’adresse : http://web.ukonline.co.uk/ephrem/funeral.htm . Vous pouvez aussi essayer de les trouver en français près de chez vous. Voici des références précises : Denis Guillaume, trad., Grand euchologe et arkhiératikon. Diaconie apostolique, Parme, 1992 (tous les principaux offices (sauf les Heures) de l’Église orthodoxe) et aussi : Denis Guillaume, Grande et petite Pannychide. Diaconie Apostolique, 1982 (ne contient pas les offices des funérailles).

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Dans la tradition orthodoxe, la reconnaissance de la sainteté d’une personne décédée commence typiquement par la dévotion des fidèles à son égard, dévotion qui comprend bien sûr la demande – prière – d’intercession de cette personne en notre faveur, pour nous-mêmes ou d’autres. La canonisation formelle peut suivre bien des années plus tard, ce qui ne doit diminuer en rien la dévotion des fidèles. Saint Séraphim de Sarov est décédé en 1833, tous reconnaissait sa sainteté, mais il n’a été canonisé qu’en 1903. De nos jours, on peut penser par exemple à Mère Marie Skobtsov et à l’Archimandrite Sophrony, candidats pour la canonisation éventuelle.

Il s’agit ici de personnes dont on peut reconnaître une certaine grande sainteté de vie. Qu’en est-il de personnes " ordinaires ", par exemple, nos proches (famille, amis) ? Personnellement, je crois que la prière en faveur de ces personnes doit être primordial, mais je ne vois aucune objection de demander également leur intercession auprès du Seigneur, sans pour autant négliger la demande d’intercession auprès de la Mère de Dieu et des saints, en particulier ceux qui nous ont attiré à eux.

PRIÈRE D’INTERCESSION

Qui est juste pour pouvoir intercéder pour un autre frère ou sœur ? La réponse simple est que nul n’est juste. À la Divine Liturgie, lorsque le prêtre proclame après la consécration et l’épiclèse : " Les saints dons aux saints ! " nous répondons : " Un seul est Saint, un seul est Seigneur, Jésus Christ, à la gloire de Dieu le Père. " Seul le Christ est Saint ou " juste ", si vous voulez, car la sainteté est une façon de décrire la divinité même et notre justification, notre sainteté, vient seulement par notre adhérence au Christ. C'est tout le sens de l’Église, le Corps du Christ. On peut dire que seul le Christ est " juste " pour intercéder, car il est le " Grand Prêtre " (voir l’Épître aux Hébreux en particulier). Notre prière pour nos frères et nos sœurs doit être associée à la prière du Christ, ceci même si nous invoquons, que nous le faisons constamment, la sainte Mère de Dieu et les saints de tous les temps, d’intercéder pour nous. L’incorporation au Christ nous présente une exigence de prier pour tous nos frères et nos sœurs, même ceux que nous ne connaissons pas, même ceux nous haïssent ou sont nos ennemis, comme le Christ nous a explicitement commandé (Matthieu 5, 43ff. et Luc 6, 27ff). Si nous croyions vraiment à la communion des saints, alors la prière rend concrète et actuelle notre communion avec tous ceux qui nos ont précédés dans la foi et ceux qui nous suivront.

De nos jours (ou presque), saint Silouane l’Athonite soulignait particulièrement l’importance dans la vie spirituelle de la prière pour les ennemis – voir les extraits des ses écrits sur l’amour des ennemis aux Pages Orthodoxes La Transfiguration.

Les épîtres de saint Paul abondent de références à la prière d’intercession : Saint Paul écrit très souvent qu’il prie pour les membres des Églises et il les demande de prier pour lui.

La prière pour les défunts, très vivante dans la tradition orthodoxe, est un aspect important de cette prière d’intercession, mais malheureusement beaucoup de chrétiens de nos jours, surtout parmi nos frères protestants, semblent l’avoir oublié, ou tout simplement n’y croient pas.

PRIÈRES DE LA TABLE ET AU DÉBUT D’UNE ENTREPRISE

La formule habituelle de bénédiction des repas dans les milieux orthodoxes est de chanter le Notre Père, suivi du Gloire au Père.. puis trois Kyrie, puis la demande : " Bénis, père ". Alors le prêtre donne la bénédiction, par exemple, " Christ notre Dieu, bénis la nourriture et la boisson de tes serviteurs et de tes servantes, car tu es saint, en tout temps, maintenant et toujours et dans les siècles de siècles. " Amen.

Pendant la période des grandes fêtes liturgiques, on chant souvent le tropaire de la fête à la place du Notre Père.

Je vous envoie ici-bas des formules plus longues.

En ce qui concerne le travail, il existe des petits offices pour invoquer l’assistance de l’Esprit-Saint au début d’une assemblée communautaire ou paroissiale, et un autre " au début de toute bonne entreprise ". Mais ce qui est important, c’est avant tout d’invoquer l’Esprit-Saint : cela peut se faire au moyen de la prière à l’Esprit-Saint que l’on trouve au début de tout office de l’Église orthodoxe :

Roi du ciel, Consolateur, Esprit de vérité, 
toi qui es partout présent et qui remplis tout,
Trésor de grâces et Donateur de vie,
viens et demeure en nous,
purifie-nous de toute souillure 
et sauve nos âmes, toi qui es bonté.

PRIÈRES DE LA TABLE

Avant le repas de midi:

Vers toi, Seigneur, se lèvent les yeux de tous ceux qui espèrent en toi, * et tu leur donnes la nourriture en son temps; tu ouvres la main, et tous les êtres sont comblés de tes bienfaits.

Notre Père... Gloire... Maintenant... Kyrie eleison (3 fois). Veuille bénir.

Celui qui préside: Christ notre Dieu, bénis la nourriture et la boisson de tes serviteurs, car tu es saint, en tout temps, maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles.

Après le repas de midi:

Nous te rendons grâces, ô Christ notre Dieu, * car tu nous as nourris de tes biens terrestres, * accorde-nous aussi les biens de ton céleste royaume * et, comme tu es apparu au milieu de tes disciples en leur donnant ta paix, viens aussi parmi nous, Dieu sauveur, et sauve-nous.

Gloire... Maintenant... Kyrie eleison (3 fois). Veuille bénir.

Celui qui préside: Béni soit notre Dieu qui nous fait miséricorde et nous rassasie de ses riches bienfaits, par sa grâce et son amour envers nous, en tout temps, maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles.

Avant le repas du soir:

Les pauvres mangeront et se seront rassasiés, * ils loueront le Seigneur, ceux qui le cherchent, * que vive leur coeur pour les siècles des siècles.

Gloire... Maintenant... Kyrie eleison (3 fois). Veuille bénir.

Celui qui préside. Christ notre Dieu, bénis la nourriture et la boisson de tes serviteurs, car tu es saint, en tout temps, maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles.

Après le repas du soir:

Ton sein, ô Mère de Dieu, est devenu la table sainte, sur laquelle a reposé le pain céleste, le Christ notre Dieu, dont ceux qui en mangent ne mourront pas, * comme l'a promis celui qui rassasie tout l'univers.

On chante: Plus vénérable... Gloire... Maintenant... Kyrie eleison (3 fois). Veuille bénir.

Celui qui préside: Dieu est avec nous, par sa grâce et son amour envers nous, en tout temps, maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles.

Source : Père Denis Guillaume, Le Spoutnik, Diaconie apostolique, 1997.

PROPHÉTIES DE L’ANCIEN TESTAMENT

En ce qui concerne les prophéties de l’Ancien Testament concernant le Christ, je vais me renseignement d’avantage, mais je peux déjà vous recommander le livre récent d’Annick de Souzenelle, Résonances bibliques (Albin Michel), qui fait justement le lien entre l’Ancien et le Nouveau Testament – mais pas exclusivement en ce qui concerne les prophéties concernant le Christ. Il y a des informations sur ce livre au site dévoué à ses œuvres : http://wwwusers.imaginet.fr/~lapetina/index.htm.

Aussi un bon outil pédagogique sera de reprendre, me semble-t-il, les lectures de l’Ancien Testament prévues aux offices de certaines grandes fêtes du Christ, notamment pour Noël (8 lectures), la Théophanie (13 lectures), et les lectures de la Semaine sainte, en particulier les 15 lectures des vêpres du Samedi saint.

PROSCOMÉDIE

Les mots " proscomédie " et " comédie " ne semblent pas venir de la même racine grecque. Le mot Proscomédie (n.f.) (appelé aussi Prothèse ou Préparation) vient du grec pros " à l’avance " et komeo " préparer un repas ". Il s’agit donc de l’Office de la Préparation des Saints Dons. Le mot " comédie " vient du mot grec kômôidia, une pièce comique.

La Proscomédie est normalement fait par le prêtre seul, ou avec le diacre, s’il y en a un, avant le début de la partie " publique " de la Divine Liturgie, mais il s’agit néanmoins d’une partie intégrale et essentielle de la Liturgie, autant pour l’habillement du prêtre et la préparation des saints dons, en particulier les parcelles de la prosphore (le pain eucharistique), que pour la préparation spirituelle du prêtre pour célébrer l’Eucharistie.

PSAUME 33/34

Le psaume 33 (numérotation LXX ; 34 dans la Bible hébreu) est typiquement chanté pendant le Grand Carême, à la fin des vêpres et comme chant après la Communion pendant la Divine Liturgie. Il y a une mélodie typique, plutôt une psalmodie, mais je ne pense pas avoir vu de partition ! On le trouvera peut-être sur un enregistrement des offices du temps de Carême en slavon (c’est généralement la même mélodie en français). Vous pouvez aussi demander à une paroisse orthodoxe près de chez vous – une fois que vous aurez entendu la mélodie, vous vous en souviendrez facilement ou vous pouvez vous-même écrire la " mélodie type ". Le psaume est divisé en onze stances de quatre lignes (deux versets), comme ici-bas (traduction du père Placide Deseille) et la mélodie type est identique pour chaque stance.

PSAUMES - CHANTS

En réponse à votre question concernant un CD ou cassette avec des Psaumes, en fait je n’en connais pas… Dans la tradition Orthodoxe (comme d’ailleurs dans la tradition de l’Église romaine), les Psaumes sont généralement intégrés dans les offices liturgiques et les CDs et cassettes sont le plus souvent des enregistrements d’offices. La structure et l’exécution des offices sont différentes – en Orient, par exemple les Psaumes sont souvent récités ou " psalmodié " par un seul lecteur, alors qu’en Occident ils sont chantés en alternance par deux chœurs. Une cassette de la Communauté de la Théophanie, " Chants liturgiques de l’Église d’Orient - Vigiles du Dimanche " (Studio SM, 1980), a également des extraits chantés de plusieurs psaumes. Le chant est très beau, si vous pouvez trouver cette cassette.

Les Psaumes sont en fait une source de prière très importante – en fait il faut " prier " les Psaumes et non les lire. J’aime beaucoup le psautier des Moines de Bois-Aubry (Moines orthodoxes de Bois-Aubry, Livre des psaumes. Abbaye Saint Michel de Bois-Aubry, F-37120 Luzé, 1993).

PSAUMES ET ÉVANGILES

Les Psaumes et les Évangiles sont certainement la lecture essentielle des chrétiens. Les Psaumes sont, en fait, plus des prières que de la lecture, et c’est ainsi que les Psaumes sont intégrés aux offices de l’Église.

Personnellement, je trouve que les traductions des Psaumes des versions françaises de la Bible les plus courantes (Jérusalem, TOB, Segond…) ne se prêtent pas bien à l’usage " liturgique ". Je préfère d’autres versions, qui sont utilisées aux Pages Orthodoxes La Transfiguration. Je vous envoie ci-joint un " Petit Psautier " qui comprend les Psaumes usuels des offices liturgiques orthodoxes, dont les traductions, pour la plupart extraites du Psautier de l’Abbaye de Bois-Aubry en France, sont plus adaptées à la prière.

Sans mieux connaître votre situation, il m’est un peu difficile de vous recommander des Psaumes et des extraits des Évangiles en particulier. Cependant, en ce qui concerne les Psaumes, les Psaumes 22 (Le Seigneur est mon berger) et 102 (Bénis le Seigneur, ô mon âme), ainsi les Psaumes " des montées " (surtout les Psaumes 120 à 124, 126 et 129) apportent souvent un grand réconfort dans la détresse. Pour les Évangiles, le " Sermon sur la montagne " de Jésus (Matthieu 5 à 7) contient un résumé de la vie chrétienne et un " plan de vie ".

PSAUMES – LECTURE

Pour une lecture chrétienne des Psaumes, je vous recommande en premier lieu les textes du père Placide Deseille aux Pages Orthodoxes La Transfiguration :http://www.pagesorthodoxes.net/bible/psautier.htm.

Comme l’indique le père Placide ainsi que d’autres théologiens orthodoxes, les Psaumes sont souvent lus selon une interprétation prophétique ou typologique (les personnages ou événements de l’Ancien Testament sont vus comme des préfigurations de personnages ou d’événements du Nouveau Testament) ou allégorique (les personnages ou événements de l’Ancien Testament s’appliquent à la vie spirituelle de chaque chrétien). Le maître de l’interprétation allégorique est Origène et on possède encore certains de ces livres sur les psaumes. Parmi les Pères de l’Église, St Jean Chrysostome et St Augustin ont beaucoup commenté les Psaumes ; vous trouverez leurs ouvrages notamment sur le site http://jesusmarie.free.fr/.

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Le Psautier est certainement le " livre de prières " par excellence de l’Église. Les Psaumes font partie des offices et des versets ou portions de versets des Psaumes reviennent souvent dans les chants usuels de la Liturgie et dans les chants variables des fêtes. Le thème du Bulletin Lumière du Thabor no 3. était justement " Les psaumes, prières de l’Église ". Il est disponible aux Pages Orthodoxes La Transfiguration.

En s’approchant des Psaumes, il faut avant tout les considérer comme des prières à adresser à Dieu, plutôt que des textes à lire. Bien qu’on doit être conscient de leur contexte historique – l’histoire d’Israël, surtout au temps du roi et prophète David et les générations suivantes, jusqu’au retour de l’exile en Babylone – ce qui importe est le sens spirituel pour nous en les récitant comme des prières. Ainsi, d’une simple lecture, on peut être déconcerté par toutes les références aux ennemis, aux combats etc., mais si on voit les " ennemis " comme les démons et nos propres inclinations vers le mal, les " combats " comme combats spirituels, alors les Psaumes qui contiennent ces références ont plus de sens pour la vie quotidienne. Il est naturel aussi que certains Psaumes nous " touchent " plus que d’autres, et à différents moments, selon nos besoins et notre propre personnalité. Il y a de quoi avoir des préférences !

Le Psautier entier est lu chaque semaine aux offices de l’Église orthodoxe. Pour des laïcs, une approche plus simple est généralement indiquée, par exemple, la lecture aux prières du matin et au soir du Psautier " en continu ", quelques Psaumes chaque jour, selon la longueur des Psaumes et le temps disponible. Aussi, certains Psaumes sont plus appropriés pour une récitation fréquente ou quotidienne, par exemple notamment le Psaume 50/51 (Le Miserere, le psaume pénitentiel), les Psaumes 148, 149 et 150 (les Psaumes des Laudes, qui font partie des Matines), et les Psaumes du Lucernaire : 140/141, 141/142, 129/130 et 116/117, qui font partie des Vêpres.

Une autre pratique à la portée des laïcs est l’apprentissage de certains psaumes par cœur, ce qui permet de les réciter à tout moment. Sans doute le psaume le plus important à apprendre par cœur est le Psaume 50/51, suivi des psaumes des Laudes et du Lucernaire. D’autres très beaux psaumes sont 22/23 (le Pasteur), 62/63 (" Je te cherche dès l’aurore "), et 102/103 (" Bénis le Seigneur, ô mon âme ").

La calligraphie est un excellent moyen, comme vous le dites, de méditer et de prier les Psaumes. Souvent les calligraphes choissent un verset de choix pour en faire une calligraphie " ornée ". Il y a un choix de versets à la page " Versets choisis des Psaumes " aux Pages Orthodoxes La Transfiguration.

PSAUMES – TRADUCTIONS

En ce qui concerne les traductions des psaumes, la plupart des psaumes au " Petit Psautier " sont du Psautier du Monastère orthodoxe de Bois-Aubry en France. Les psaumes sont très importants pour la prière de l’Église, étant à la base de tous les offices. Personnellement, je préfère une traduction des psaumes qui est plus " poétique " que " littérale ", car on doit les réciter à voix haute (" psalmodier ") pour les offices. Certaines traductions sont peut-être plus exactes que celle de Bois-Aubry – ne connaissant ni l’hébreu ni le grec, je ne suis pas en mesure de juger moi-même. La plupart du temps, si on compare les traductions, le sens est plus ou moins le même (comme pour les versets du Psaume 140 que vous avez cités), mais parfois il y a des vraies différences de sens. Certainement le Bible de Jérusalem et la TOB ont le handicap d’avoir opté, pour traduire le tétragramme hébreu YHWH, le mot " Yahwé ", qui n’a aucun écho en français, alors que d’autres traductions utilisent " Seigneur ", qui est compréhensible en français. Aussi, les traductions " catholiques " et " protestantes " de l’Ancien Testament sont basées d’abord sur la Bible hébreu, alors que les traductions " orthodoxes " de l’Ancien Testament sont basées sur la Bible grecque, la " Septante ". Pour revenir au Psautier de Bois-Aubry, il y a une édition du Psautier complet, mais pas du reste de la Bible. Le monastère a fait une traduction du Nouveau Testament, mais à ma connaissance, ceci n’a jamais été publiée autre que sous forme de fascicules photocopiées.

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La traduction des Psaumes utilisée aux Pages Orthodoxes est généralement celle des Moines Orthodoxes de Bois-Aubry, Livres des Psaumes, aux Éditions COED. C’est la traduction que je préfère, la plus poétique à mon avis – mais je ne suis pas en mesure de vérifier la fidélité de la traduction. Vous pouvez procurer ce psautier (dans une très belle présentation pour usage liturgique) au Centre orthodoxe d’édition et de diffusion, 96, boul. Blanqui, 75013 Paris ou au Centre Sainte-Croix (voir les coordonnées aux Pages Orthodoxes). La page " Béni soit notre Dieu " aux Pages Orthodoxes contient le texte de plusieurs Psaumes, dont le Psaume 102 au complet. La version de ce Psaume ne suit pas entièrement le Psautier de Bois-Aubry, mais pour quelques versets suit la traduction de Denis Guillaume (publications de la Diaconie Apostolique). La version du Psaume 103 (le Psaume " Cosmique ") est entièrement celle de Denis Guillaume.

Les orthodoxes utilisent généralement la numérotation des psaumes selon la version des " Septante ", la version grecque de l’Ancien Testament faite à Alexandrie environ deux siècles avant Jésus Christ. Il y un décalage de la numérotation des Psaumes 10 à 147 entre la version des Septante et le texte hébraïque de l’Ancien Testament ; donc le Psaume 102 des Septante est le Psaume 103 du texte hébraïque, généralement suivi par les traductions " catholiques " et " protestantes " de la Bible.

La traduction de Louis Second a certainement des grandes mérites, mais en ce qui concerne l’Ancien Testament en particulier, je n’aime pas les traductions de certains mots, notamment l’utilisation d’" Éternel " (au lieu de " Seigneur ", qui a beaucoup plus de sens) et de " sacrificateur " (au lieu de " prêtre ").

L’" Avertissement du traducteur " du Livre des psaumes des moines de Bois-Aubry dit comme suit :

" Les critères de traduction ont été choisis de manière à privilégier le texte grec dit des Septante (LXX), textus receptus pour l’Ancien Testament dans toute l’Église orthodoxe. Toutefois le texte hébreu masorètique (T.M.) est venu servir d’appoint pour éclairer quelques passages difficiles et quelquefois rendre la traduction plus vivante et plus riche en évitant une répétition ; on a, de même, utilisé ponctuellement la version latine de la Vulgate (V.) et les autres versions latines. "

PURGATOIRE

La doctrine latine concernant le purgatoire figurait parmi les questions débattues lors du concile de Ferrare-Florence en 1438-1439. Les réponses orthodoxes à l’exposé de la doctrine latine sur le purgatoire ont été données notamment par saint Marc d’Éphèse et l’évêque Bessarion de Nicée. L’histoire retient surtout les quatre discours de Marc d’Éphèse (le seul évêque orthodoxe qui n’a pas signé l’accord d’union entre les Églises latines et byzantines conclu à ce concile, mais jamais mis en application).

De fait, les différences entre la doctrine latine et les enseignements de Pères grecs sur cette question semblent être minimes ; elles sont néanmoins importantes. En premier lieu, il faut noter que dans l’Église orthodoxe, le sort des âmes après la mort ne fait pas l’objet d’une doctrine, à l’exception de ce qui est retenu dans le Symbole (Credo) de Nicée-Constantinople : " Je crois en la résurrection des morts et la vie du siècle à venir. " Le reste tombe dans le domaine des théologouména, c’est-à-dire des opinions sur les questions théologiques qui n’engagent que leurs auteurs.

Cela dit, on doit se référer aux enseignements des Pères mis en évidence à Ferrare-Florence pour se faire une idée de la pensée des Pères à ce sujet. Je ne peux que vous diriger vers quelques sources qui vous aideront sûrement. Voici cependant un résumé de l’argument de l’évêque Hilarion (je traduis d’un texte en anglais : " Les Grecs enseignent qu’il n’y a qu’un seul feu éternel, concluant ainsi que les âmes pécheresses sont bannies pour un certain temps en un lieu ténébreux et triste, où la punition consiste en la privation de la Lumière divine ; elles sont purifiées – c’est-à-dire libérées de ce lieu misérable et ténébreux – par les prières, par la sainte Eucharistie et par les œuvres charitables et non par le feu. Les Grecs croient aussi, jusqu’à l’union des corps et des âmes, que de même que les âmes des pécheurs ne souffrent pas pleinement, de même celles des justes ne jouissent pas de la plénitude de la béatitude. " Et dans le même texte : " Les citations du livre des Maccabées [reconnu par les catholiques et les orthodoxes, mais pas par les protestants], ainsi que les paroles du Seigneur, ne peuvent démontrer que certains péchés seront remis après la mort ; mais s’agit-il par une punition par le feu ou par autres moyens, rien n’est certain. Par ailleurs, qu’est-ce que la punition par le feu et les tortures a à voir avec la rémission des péchés ? Une seule de ces deux choses peut se produire, soit la punition ou la rémission, mais non les deux en même temps " (extraits de : The History of the Council of Florence, by Ivan Ostroumoff, trans. from the Russian by Basil Popoff (Boston: Holy Transfiguration Monastery, 1971),

Il y a quelques livres récents par des auteurs orthodoxes qui traitent de la " vie après la mort ", mais ils ont leurs points faibles :

Jean-Claude LARCHET, La Vie après la mort selon la tradition orthodoxe, Paris, Éditions du Cerf, 2001, 334 p.

Voici une recension de ce livre d’un point de vue catholique : http://www.ict.ictserver3.net/ble/site/341.html

Dans cet ouvrage dense, Jean-Claude Larchet présente l’eschatologie des Églises orthodoxes. Il y traite de la mort, de l’introduction dans le monde de Dieu, du jugement particulier, de l’état intermédiaire, de la résurrection, du jugement dernier, de la vie éternelle et de l’enfer. Il y rappelle le sérieux de la vie et les liens entre les vivants et les défunts. Son exposé met également en lumière quelques divergences entre catholiques et orthodoxes particulièrement sur le fait que la prière de l’Église peut aider ceux qui sont morts en état de péché grave et que tout n’est pas joué tant que le jugement dernier n’a pas eu lieu.

On peut regretter toutefois que l’ouvrage, en faisant trop de place aux descriptions imagées des Pères de diverses époques – tout en disant d’ailleurs qu’elles sont symboliques – ne laisse penser à un lecteur peu averti que les choses se passent comme l’ont décrit les auteurs anciens. Une reprise théologique plus stricte distinguant la foi et ses modes d’expression aurait été la bienvenue. Par ailleurs, la comparaison entre les doctrines orthodoxe et catholique sur la question du Purgatoire se base, de fait, sur les discussions du concile de Florence de 1439 : une actualisation aurait été nécessaire car la question a beaucoup mûri depuis le XVe siècle. Les citations de textes sur des pages et des pages rendent la lecture du livre parfois ardue. Une prise en compte des questions actuelles sur les fins dernières aurait aussi été nécessaire pour ne pas trop verser dans l’"éternisme"… Ph. BEITIA

Un autre livre, d’ailleurs assez contesté :

The Soul After Death, by Fr. Seraphim Rose. Traduction française: L’âme après la mort, Monastère orthodoxe, Saint-Michel, 47230 Lavardac, s.d. ce livre contient une traduction des deux premières homélies de saint Marc d’Éphèse sur la question du purgatoire.

Au-delà des différences entre l’approche latine et l’approche orthodoxe sur la question du sort des âmes après la mort, les deux traditions retiennent aussi fortement l’une que l'autre à mon avis, l’importance voire l’obligation des vivants de prier pour les défunts – et ce contrairement à la plupart des communautés issues de la Réforme, qui rejettent toute prière pour les défunts, croyant que le sort éternel des défunts est décidé au moment de leur décès et que les vivants ne peuvent rien faire pour leur venir en aide. Comme le dit l’évêque Kallistos Ware à ce sujet, un refus catégorique de prier pour les défunts constitue un manque d’amour : or, l’amour ne disparaît pas avec la mort, mais est " plus fort que la mort " (Cantique).

Je regrette ne pas être en mesure de vous fournir une réponse plus précise, mais peut-être que ces quelques indications vous aideront.

Je vous réfère aussi à la section du site Pages Orthodoxes La Transfiguration sur " Souffrance, mort et résurrection " : http://www.pagesorthodoxes.net/resurrection/resurrection-intro.htm.

Aussi le Bulletin Lumière du Thabor No. 20, " La mort et la vie du siècle à venir ".

PSYCHOTHÉRAPIE ORTHODOXE

Je reviens brièvement sur la " Psychothérapie orthodoxe ". Il s’agit, en fait, d’une appellation moderne d’une très ancienne connaissance et thérapie dans la tradition chrétienne, surtout orientale. Celles-ci remontent aux Pères du désert des 4e et 5e siècles, qui voyaient les faiblesses de l’homme comme autant de maladies spirituelles, des maladies de l’âme, qu’il fallait soigner, comme on soigne le corps malade. Ils appelaient ces maladies les " passions ", terminologie qui est restée en usage chez les écrivains ascétiques, jusqu’à nos jours (exemple : le livre des Goettmann). Dès le début on identifiait six ou sept passions principales, couronnées par la maîtresse des passions, l’orgueil. En Occident, avec le moralisme du moyen-âge, les passions sont devenues les " sept péchés capitaux ", qui n’a pas du tout la même connotation.

Vous trouverez des exemples de cette " psychothérapie " dans les apothègmes des Pères du désert, et une première exposition plus systématique chez Évagre le Pontique (en anglais, Evagrius of Pontus) (+399), en particulier dans son petit écrit Praxis ou " La pratique ". Vous le trouverez sans doute en anglais ; en français il existe dans une édition chez Albin Michel, avec son autre écrit Gnosis (" La connaissance ", c’est-à-dire " L’expérience de Dieu ") : Jean-Yves Leloup, Praxis et Gnosis ou la guérison de l’esprit, avec une excellente introduction par Jean-Yves Leloup. Les écrits d’Évagre le Pontique, relativement courts et en quelque sorte cryptiques, sont devenus la base d’élaborations subséquentes. On retrouve une exposition sur les passions plus complète, par exemple, dans les Institutions cénobitiques de saint Jean Cassien, moine oriental venu en Occident, où il a établi le monachisme en Gaule.

Des écrits comme ceux du Père Alphonse et Rachel Goettmann (Ces passions qui nous tuent) et l’Évêque Hierothéos sont donc dans la même tradition qu’Évagre le Pontique et Jean Cassien, avec un langage plus " moderne " qui fait appelle à certaines idées ou vocabulaire de la psychologie des profondeurs, par exemple.

QUÉBEC – ORTHODOXIE

Je vous remercie pour votre question au sujet du nombre de fidèles orthodoxes au Québec, mais malheureusement je ne suis pas en mesure de fournir même un chiffre approximatif… Puis il y a toujours la question difficile de définir " un fidèle orthodoxe " (problème non unique à l’orthodoxie). Tous les baptisés ? Ceux qui assistent régulièrement à l’église ? Les membres formels des paroisses ? On a souvent tendance à exagérer le nombre de fidèles en prenant le premier chiffre, mais cela est très inexact… Presque tous les Grecs, Russes, Roumains, Ukrainiens, ainsi que les Arabes chrétiens (par définition) du Québec sont baptisés. Mais on estime typiquement quel seulement environ 4 ou 5% des ressortissants de ces nationalités assistent régulièrement aux offices.

Les chiffres plus sûrs sont les membres de paroisse – mais là, rien n’est publié. Je peux tout simplement vous référer à la liste des paroisses orthodoxes du Québec, qui est plus ou moins complète, à la page : http://www.pagesorthodoxes.net/ressources/lieuxdeculte-quebec.htm.

Notez que le grand Montréal (avec la Rive sud et Laval) compte une quarantaine de paroisses et missions, toutes juridictions confondues.

Une autre piste à explorer c’est le recensement. Je pense qu’on donne des statistiques sur l’affiliation religieuse, mais là aussi, puisque c’est une auto-déclaration, on ne peut pas être trop certain de quoi il s’agit en réalité. Je n’ai pas exploré moi-même, mais pour une recherche dans ce domaine, je pense qu’il serait intéressant de voir ce qu’on trouve.

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L’Église orthodoxe est très présente aux Québec, principalement à Montréal et ses banlieues : il y a environ 30 paroisses orthodoxes au Québec. La plupart de ces paroisses sont des paroisses " ethniques ", dont les membres sont en grande majorité des émigrants de pays de tradition orthodoxe et de leurs descendants : grecs, roumains, arabes, russes, ukrainiens, serbes. Il y a une petite paroisse francophone (environ 20 fidèles), Saint-Benoît-de-Nursie (http://www.oca.org/pages/directory/special/OCA-CA-MONSBN.html ) ; et une paroisse anglophone, Signe de la Théotokos (http://fm2.forministry.com/Church/Home.asp?SiteId=H2J1K2SOTTO ), qui utilise un peu de français. En dehors de Montréal, il y a deux paroisses orthodoxes à Québec, une grecque (qui utilise aussi un peu de français) et une roumaine ; une communauté russo-québécois à Rawdon (offices en français et slavon, Divine Liturgie surtout en slavon) (http://www.pagesorthodoxes.net/ressources/rawdon.htm ) ; un monastère de moniales grecques à Brownsburg, près de Lachute ; l’ermitage Sainte-Marie-Madeleine à Amos (offices en français) (http://www.pagesorthodoxes.net/ressources/smm-amos.htm ) et des célébrations liturgiques en anglais à Fitch Bay dans les Cantons de l’Est. Il y a aussi une chapelle personnelle d’un moine québécois à Montréal où la Divine Liturgie est célébrée une ou deux fois par mois en français (http://www.pagesorthodoxes.net/ressources/chapelle-protection.htm).

Pour un visiteur, je recommande les suivantes pour un premier contact :

Paroisse Saint-Benoît-de-Nursie
2014, rue St-Urbain
Montréal QC, H2X 3X8
Tél. : 849-2467
Liturgie dominicale : 10h00.
Située au coin du boul. Kennedy, derrière la Place des Arts, au sous-sol de l’Église anglicane Saint-Jean-l’Évangéliste (toit rouge).
La seule paroisse francophone au Canada.

Paroisse Signe de la Théotokos
750, boul. St-Joseph
Montréal QC, H2J 1K2
Tél. : 514-934-0539
Liturgie dominicale : 9h30.
Près du métro Laurier.
Paroisse anglophone qui utilise un peu de français (lectures bibliques et quelques chants) ; beaux chants.

Paroisse Saint-Pierre-et-Saint-Paul
1151, rue Champlain
Montréal QC, H2L 2R7
Tél. : 514-522-2801
Liturgie dominicale : 10h30.
Au coin du boul. René-Lévesque. Métro Papineau.
Paroisse russe, liturgie et offices en slavon. Excellente chorale, magnifique iconostase.

Pour répondre à vos questions précises, beaucoup de paroisses à Montréal ont des activités paroissiales en dehors des liturgies, mais puisque la plupart des paroisses sont des paroisses " ethniques ", il est difficile d’y participer sans connaître la langue en question. La paroisse anglophone, Signe de la Théotokos, est très active, avec des groupes de jeunes, une retraite organisée chaque année etc. La paroisse francophone, Saint-Benoît-de-Nursie, est très petite et n’a que rarement des activités endors des liturgies et des offices.

Au niveau de l’enseignement théologique, l’université de Sherbrooke offre un certificat en théologie orthodoxe ainsi que la maîtrise à son campus de Longueuil ; le cours sont en français ou en anglais. Pour plus de renseignements, vous pouvez contacter le coordinateur, le dr. John Hadjinicolaou au 514-738-4018.

Il y a aussi l’émission " Regards orthodoxes " sur les ondes de Radio Ville-Marie (91,3 FM à Montréal, 100,3 FM à Sherbrooke), chaque dimanche après-midi de 15h00 à 16h00. Radio Ville-Marie diffuse aussi en temps réel sur internet ; consultez son site à http://www.radiovm.com.

S’il y a relativement peu d’activités en français en dehors des liturgies au Québec, ceci relève surtout de la structure de la communauté orthodoxe au Québec : pour vous donner une idée de ce qui est possible, je vous envoie ici-bas un programme que j’ai reçu dernièrement de Paris – et ce n’est pas tout !

Pour réponde brièvement à votre question : Comment les fidèles vivent-ils activement leurs foi en dehors de l’église ? Les fidèles orthodoxes utilisent, selon leurs possibilités, les pratiques et les moyens disponibles dans la Tradition orthodoxe : en premier lieu, la prière privée et personnelle (y compris la Prière de Jésus), le jeûne (très important dans l’Orthodoxie), la lecture de la Bible et d’écrits spirituels, visites des monastères etc.

La meilleure introduction générale à l’Orthodoxie est le livre Rencontre avec l’Orthodoxie (voir la page http://www.pagesorthodoxes.net/rencontre.htm ).

QUÉBEC (VILLE) – PAROISSES ORTHODOXES

Il y a deux paroisses orthodoxes à Québec :

  • La paroisse de l’Annonciation (Evangelismos), au 17, boul. René Lévesque ,Québec QC, G1R 2A3. Tél. (418) 523-8564. Les offices sont célébrés surtout en grec, mais avec du français aussi. Cette paroisse appartient à la juridiction du diocèse grec-orthodoxe du Canada, mais des orthodoxes d’autres nationalités que grecque, ainsi que des québécois " de souche ", assistent également aux offices.
  • Il y a aussi une paroisse roumaine, la mission des saints Pierre et saint Paul (père Adrian Manea, tél. 418-523-1073).

QUÉBEC – RESSOURCES ORTHODOXES

Voici quelques suggestions pour l’achat de livres et d’autres ressources orthodoxes à Montréal :

Librairie Paulines (4362, rue St-Denis, Montréal tél. : 514-849-3585). La librairie religieuse qui a le plus de matériel en français sur l’Église d’Orient.

La Transfiguration. Nous avons une petite " boutique " de livres, CDs, documents liturgiques etc. en français. Nous contacter par courriel : thabor@megaweb.ca.

Boutique de la Paroisse Signe de la Théotokos (750, boul. St-Joseph est, tél. :514-934-0539). Livres en anglais.

Librairie Alexandre (2875, rue Douglas, Ville Mont-Royal; tél. 515-738-4018). Livres surtout en grec et en anglais.

QUESTIONS MORALES – SEXUALITÉ, CONTRACEPTION, 
AVORTEMENT ET EUTHANASIE

Avortement et euthanasie : Brièvement, l’Église orthodoxe considère l’avortement et l’euthanasie comme moralement inadmissibles, l’équivalent de meurtre. La seule situation où l’Église pourrait accepter, avec hésitation, un avortement est celle d’un grave risque à la vie de la mère si sa grossesse n’est pas arrêtée. Mais même dans ce cas, l’opinion des théologiens n’est pas unanime. En ce qui concerne l’euthanasie, l’Église condamne tout moyen actif pour terminer la vie, même de personnes gravement malades, mais ne considère pas que l’utilisation de moyens artificiels, " héroïques " et excessifs pour prolonger la vie à tout prix soient nécessairement justifiés.

En ce qui concerne la contraception, l’opinion des théologiens est nuancé, laissant une certaine discrétion au couple et à leur père spirituel. La motivation du couple qui pratique la contraception devient primordial. L’Église ne pourrait pas accepter des motifs tels qu’un souhait de se soustraire aux responsabilités familiales ou la quête du plaisir. Par contre, certains théologiens orthodoxes reconnaissent la validité des certains types de contraception en vue de favoriser l’espacement des grossesses, l’épanouissement de l’amour marital et la protection de la santé.

FROM : ORTHODOX CATECHISM

http://www.ocf.org/OrthodoxPage/reading/catechism.html

ABORTION is the termination of a pregnancy by taking the life of the baby before it comes to full term. The Scriptures teach, "For You have formed my inward parts; You have covered me in my mother's womb" (Jeremiah 1:5). When a child is aborted, a human being is killed. For the Christian, all children, born or unborn, are precious in God's sight, and are a gift from Him. Even in the rare case in which a choice must be made between the life of the child and the life of the mother, decision-making must be based upon the recognition that the lives of two human persons are at stake.

MARRIAGE in the Orthodox Church is forever. It is not reduced to an exchange of vows or the establishment of a legal contract between the bride and groom. On the contrary, it is God joining a man and a woman into "one flesh" in a sense similar to the Church being joined to Christ (Ephesians 5:31, 32). The success of marriage cannot depend on mutual human promises, but on the promises and blessing of God. In the Orthodox marriage rite, the bride and groom offer their lives to Christ and to each other -- literally as crowned martyrs.

DIVORCE: While extending love and mercy to divorcees, the Orthodox Church is grieved by the tragedy and pain divorce causes. Though marriage is understood as a sacrament, and thus accomplished by the grace of God, and permanent, the Church does not deal with divorce legalistically, but with compassion. After appropriate pastoral counsel, divorce may be allowed when avenues for reconciliation have been exhausted. If there is a remarriage, the service for a second marriage includes prayers offering repentance for the earlier divorce, asking God's forgiveness, and protection for the new union.

PRE-MARITAL SEX: The Orthodox Christian faith holds to the biblical teaching that sexual intercourse is reserved for marriage. Sex is a gift of God to be fully enjoyed and experiences only within marriage. The marriage bed is to be kept "pure and undefiled" (Hebrew 13:4), and men and women are called to remain celibate outside of marriage. Our sexuality, like many other things about us human beings, affects our relationship with God, ourselves, and others. It may be employed as a means of glorifying God and fulfilling His image in us, or it may be perverted and abused as an instrument of sin, causing great damage to us and others. St. Paul writes, "Do you know that your body is the temple of the Holy Spirit who is in you, whom you have from God, and you are not your own? For you were bought at a price; therefore glorify God in your body..." (I Corinthians 6:19, 20).

HOMOSEXUALITY: Although there is much more open discussion about homosexuality in the twentieth century than in previous times, there is sufficient reference to it in ancient writings. The frequently used synonym, sodomy, comes from the apparent homosexual activity among men of Sodom (Genesis 19), and the severity of strictures set forth in the Holiness Code with nothing short of the death penalty being imposed, suggested that the need for discipline must have been great, (Leviticus 18:22; 20:13). The Old Testament understood normal sexual intercource as not only a way of expressing a loving relationship, but also as a divinely appointed way of creating new life.

In the New testament, St. Paul condemns male prostitutes and homosexuals (I Corinthians 6:9-11). In the first chapter of his epistle to the Romans (Romans 1:24-32), he also judges it as unnatural . Homosexuals are included elsewhere among the immoral persons who, St. Paul says, deserve judgement by God (I Timothy 1:10). There is no example in all of the New Testament of approval, acceptance, or even tolerance of homosexuality.

Throughout Christian history, this disapproval has continued to be the case. In the patristic era freedom from homosexuality was seen as a mark of the Christian's ethical superiority to the wanton way of life that converts had left. Patristic thinking, like scriptural references, were directed to the practice of homosexuality, not to the desire itself. The Orthodox Church does not condemn the person who keeps this propensity in check, and ministers to homosexuals who wish to find release from this inclination.


FROM: An Addendum to The Sacramental Life of the Orthodox Church

Rev. Alciviadis C. Calivas

http://www.goarch.org/access/Companion_to_Orthodox_Church/addendum.html

The Purpose of Marriage.

The essential and primary purpose of marriage is to unite two free persons into a communion of love for their mutual companionship, support, enjoyment, and personal fulfillment and completion. Genuine companionship is founded on mutual trust, which in turn is nourished by honesty, commitment, fidelity, tenderness, steadfastness of faith and single mindedness.

The task of living and growing together in holiness is aided by sexual fulfillment, since sexuality implicates the person whose substance is imprinted on the body. For the Christian, writes Olivier Clement, "sexuality must become a dimension of the person, a language of the relation between persons. This unity of the flesh denotes not only the union of the bodies, but the inter wovenness of two lives."

Sexual fidelity and enjoyment nurture the distinction between, and allow for the development of the maleness of the husband and femaleness of the wife. But, like all human conditions and relations, sexuality, also, has been tinged by ancestral sin. Like all unhallowed things of the fallen world, human sexuality unbalanced can remain opaque, closed and graceless. It can deteriorate into narcissistic, abusive and predatory behavior, or sink into depravity and perversion. It can become an addiction of the worse kind. The other in the sexual relation becomes a body of desire; an object to be possessed, used and abused.

Sexuality needs to be brought into the realm of redemption through marital fidelity, modesty, tenderness, decency and prudence. The sexual experience develops into a means of self transcendence and becomes a window through which God's love and life shine into marital love and life. The human body becomes a body of communion and an opportunity for personal growth and transparency. The physical relationship is transformed into a union of persons, and more. "Through the natural relationship of marriage," writes Christos Yiannaras, "the two are united into one flesh, and through the eucharistic relationship of the mystery of marriage, this one flesh, the shared life of two persons, is made incorruptible and immortal."

Human sexuality is fundamentally good; a gift from God. It exists to further the growth of mutual companionship in marriage by drawing husband and wife into a loving, caring and intimate communion of body and soul. Most importantly, it allows the spouses to become co-creators with God. Creation of a new life from fleshly love is a special privilege, joy and blessing. Through it, God grants the world a share of His omnipotence. As responsible and loving human beings, a husband and wife share in God's creative power and imitate His self-giving love; His providential concern for creation.

The conception, birth and nurture of children constitute another basic aim and characteristic of marriage. Children are the very crown of the marital union and mysterious presence of God's creative love in the lives of two people. However, a childless marriage, due to biological infertility, is no less complete than a marriage with children.

Children are worthy of great love and careful upbringing. St. Paul tells parents to bring up their children in the discipline and instruction of the Lord (Ephes. 6:4). While providing for their physical well-being, parents must also protect their children against sin, provide them with spiritual guidance, and create for them a loving environment in which they can develop into mature, caring human beings. The complex task of raising children requires patience, openness, faith and immeasurable love and understanding. According to Father Alexander Elchaninov, "the most important thing is that children should see their parents leading an intense interior life."

Sexual relations are related to the mutual fulfillment of the spouses and then to child-bearing. The decision, therefore, to suspend fertility through the use of contraceptives is not necessarily in violation of natural law. Regarding this matter, Metropolitan Chrysostomos Zapheris notes the following: "While the Orthodox Church fully acknowledges the role of procreation in the marital sexual act, it does not share the deterministic understanding of the act. . . which ignores love as a dimension of great value in sexual intercourse between husband and wife."

Creation of new life requires serious, prayerful, honest and sincere reflection. While some forms of contraception are more admissible than others, it is clear that abortion is not an acceptable form of birth control. The decision to regulate the size of one's family is the personal responsibility of the spouses. A serious commitment to the Gospel, however, precludes decisions that are based solely on hedonistic, selfish and prideful reasons. We do well, at this point, to remember the words of a noted Orthodox theologian: "Since Christ's resurrection a realm of non-death has opened up in the opacity of the world. . . Contrary to widespread opinion, my body is not myself. It is my self only when it belongs to Christ, when it takes its place in the stream of life of the communion of saints, in the fountainhead of living water of the Body of Christ."

RAWDON

Deux mots concernant " Rawdon ". Il s’agit d’abord d’un village situé à environ 60 kms au nord de Montréal, où beaucoup d’immigrés de l’Europe de l’Est se sont construit des " chalets " ou résidences secondaires après la deuxième guerre. C’est " multiethnique ", même si de nos jours il ne reste que des personnes âgées pour la plupart. Les russes y étaient assez nombreux ; il y a un cimetière russe, le vrai " centre " de la communauté. Le cimetière appartient à la Paroisse SS. Pierre & Paul à Montréal et il y a une petite église qui sert de chapelle paroissiale en été, sur le terrain du cimetière. Il y a aussi un " skite " avec sa propre chapelle. La Communauté monastique de saint Séraphim de Sarov est rattaché à l’autel de ce skite. Tout ceci fait partie de l’Église orthodoxe en Amérique, donc de la même juridiction que Saint Benoît. L’ÉOA permet aux paroisses etc. de décider quel calendrier elles suivront et SS. Pierre et Paul, étant très russe, suit l’ancien calendrier. Donc aussi le petit groupe orthodoxe à Rawdon. En principe la Communauté n’était pas obligé de suivre l’ancien calendrier, mais sans doute pour des raisons pratiques, les moines ont décider en faveur de l’ancien calendrier. Ça porte a confusion, mais un avantage c’est qu’il est possible de célébrer les grandes fêtes deux fois (ce que j’ai fait pour la Transfiguration et la Dormition)… Ça sera sans doute plus difficile à Noël et c’est très difficile à expliquer aux non-orthodoxes – je dis que le principe est que : " Les fêtes fixes sont mobiles et les fêtes mobiles sont fixes. " Une fois qu’on a compris ceci, le rapport entre les deux calendriers est simple…

" REGARDS ORTHODOXES "

Pour mieux connaître l’Orthodoxie, si vous êtes à Montréal ou à Sherbrooke, vous pouvez écouter l’émission " Regards orthodoxes " sur les ondes de Radio Ville-Marie (91,3 FM à Montréal, 100,3 FM à Sherbrooke), chaque dimanche après-midi de 15h00 à 16h00. Radio Ville-Marie diffuse aussi en temps réel sur internet ; consultez son site à http://www.radiovm.com.

RÉINCARNATION

Beaucoup d’occidentaux ont mal compris cette doctrine typique des spiritualités orientales. Pour les orientaux, la réincarnation est une sorte d’enfer, puisqu’on est condamné à rester dans un monde de souffrance et d’impermanence, alors que l’objectif de l’homme devrait être de s’échapper de ceci, en faveur d’un état ou un monde de permanence, où il n’y plus de souffrance – le nirvana. Bien que des doctrines semblables étaient connues dans le monde hellénique au temps du Christ, toutes ces doctrines ont été fermement rejetées par l’Église dès le début. En fait, aucune des religions " monothéistes " (judaïsme, christianisme, islam) n’accepte la réincarnation. Nous observons la " filiation spirituelle ", mais ceci est loin des doctrines de réincarnation. C'est d’ailleurs dans ce sens de filiation spirituelle, ou de prophétie, que le passage biblique, après la Transfiguration du Christ, concernant le retour d’Élie et Saint Jean Baptiste doit être compris (cf. Mt 17, 10-13). À noter également que même les maîtres orientaux disent que ce qui importe est de bien vivre sa vie actuelle, plutôt que de mettre un espoir dans une vie future. Pour le christianisme, c’est clair" : le salut s’effectue à partir de la vie présente.

RELIGIONS NON-CHRÉTIENNES

J’ai moi-même longuement étudié et médité sur la question des rapports entre les grandes traditions spirituelles de l’humanité, en particulier au début des années 90, avant d’être reçu dans l‘Église orthodoxe en 1994. J’ai fait une recherche spirituelle dans les grands textes spirituels de tous les temps, dont un résultat était une anthologie de textes, regroupés selon des grands thèmes. Celle-ci a été publiée en anglais sous le titre : Sacred Words : A Selection of Spiritual Writings of All Ages (Findhorn Press, 1996), mais malheureusement la version française n’a pas trouvé d’éditeur.

Plus récemment, j’ai préparé un travail de cours de théologie, sur le thème : " L’Église et les non-chrétiens : Jalons pour une réflexion orthodoxe ". En fait, l’Église orthodoxe ne s’est jamais beaucoup penché sur les rapports entre l’Orthodoxie et les religions non-chrétiennes, surtout les religions orientales, et la pensée orthodoxe à ce sujet n’est pas très élaborée.

Je vous envoie ci-joint le travail en question, légèrement remanié suite aux commentaires de mon professeur de théologie, pour votre lecture personnelle. Sans doute ma prise de position sur certaines questions serait considérée " libérale " dans le contexte orthodoxe et certains éléments seraient vivement contestés par les " traditionalistes " orthodoxes. Mais j’espère que, suite aux commentaires de mon professeur, il n’y a pas d’erreurs de théologie dogmatique.

Aussi, vous pouvez consulter mon témoignage personnel, " Pourquoi je suis chrétien orthodoxe " aux Pages Orthodoxes La Transfiguration.

RELIQUES

Les reliques sont des restes mortels des saints, que l’Église conserve avec respect et en entoure d’une certaine vénération, d’un certain culte. – qui, il est important de souligner, se rapportent en réalité aux saints eux-mêmes. Dans ce sens, la vénération des reliques des saints ressemble la vénération des icônes. Les formes que revêt le culte des reliques peuvent être très dépendantes du goût de divers époques et ne pas convenir à tous. L’origine du culte des reliques remontent à l’époque des martyrs, lorsque les chrétiens considéraient que les restes mortels de ceux qui avaient témoigner le Christ par leur sang étaient dignes de respect comme autant d’objets sacrés. La coutume s’est développée de célébrer l’Eucharistie sur un autel renfermant les reliques de martyrs. Plus tard, la vénération s’est étendue aux reliques de tout homme saint. Dans l’Église orthodoxe, des fragments de reliques sont placés dans antimension sur lequel est célébrer l’Eucharistie. Aussi, des reliques de saints sont portés en procession par l’évêque autour d’une église à consacrer, avant d’être déposés sous l’autel.

L’évêque Kallistos (Timothy Ware) écrit concernant les reliques dans son livre L’Orthodoxie : L’Église des sept conciles :

" C’est de cette conviction de la sanctification et de la transfiguration du corps avec l’âme, que les orthodoxes font dériver leur immense respect pour les reliques des saints. Comme les catholiques romains, ils croient que la grâce de Dieu, active dans les corps des saints durant leur vie, continue dans leurs reliques, par lesquelles Dieu manifeste son pouvoir divin et dont il fait des instruments de guérison. Il y a des cas où les corps des saints ont été miraculeusement préservés de la corruption, mais, même lorsque cela ne se présente pas, les orthodoxes montrent une égale vénération envers leurs ossements. " (p. 316).

Je vous envoie ci-joint un article en anglais tiré du Catholic Encyclopedia – bien que l’article traite des reliques du point de vue de l’Église catholique, beaucoup des commentaires s’appliquent également à l’Église orthodoxe. L’article contient plusieurs références aux écrits patristiques qui permettraient une recherche plus poussée. http://www.newadvent.org/cathen/12734a.htm

REPENTIR

C’est la " métanoïa " des Pères grecs : Métanoïa (n.f.) : (grec " pénitence, conversion, repentir ". L’action de l’esprit qui se détourne du monde pour aller vers Dieu, dans une profonde attitude de reconnaissance de ses péchés et ses faiblesses et de la miséricorde divine.

Puisque le repentir est le point de départ essentiel de la vie spirituel, on trouve, bien sûr, beaucoup de références dans les écrits des Pères, commençant par les Pères du désert (regardez dans l’index du livre Abba, dis-moi une parole ! sous " repentir " p. 187). Aux Pages Orthodoxes La Transfiguration , consultez la section " Métanoïa " et en particulier les pages suivantes : Introduction aux Pages Métanoïa :

  • La Conversion et le Carême dans l’Église Orthodoxe
  • " Repentez-vous car le Royaume des Cieux est proche "
  • " Je n'ai pas encore commencé à faire pénitence "
  • Saint Silouane l’Athonite : " Le repentir " (aussi d’autres extraits de ses écrits dans le livre Starets Silouane)
  • " La métanoïa : Premier pas sur le chemin de la guérison " par le Père Philippe Dautais
  • " La voie du repentir " par Mgr Kallistos Ware
  • " Du repentir à l’adoption filiale " par Archimandrite Sophrony

Dans un livre récent (Voir Dieu tel qu’il est, édition complète, 2004), Archimandrite Sophrony en parle beaucoup, en particulier dans les premiers quatre chapitres (" De la mémoire de la mort ", " De la crainte de Dieu ", " Du repentir ", " Des pleurs spirituels ").

" RENCONTRE AVEC L’ORTHODOXIE "

Pour en savoir plus sur l’Orthodoxie, vous pouvez consulter le livre Rencontre avec l’Orthodoxie. Vous trouverez des informations sur le livre aux Pages Orthodoxes La Transfiguration : http://www.pagesorthodoxes.net/rencontre.htm . Il est disponible par la poste au prix de 9€00/15,00$C/12,00$US.

RÉSURRECTION DU CHRIST

Si ce que vous décrivez est vrai, ceci pourrait jeter un ombre de doute sur la Résurrection du Christ et il est important de bien situer ce genre de découverte historique. Car il faut bien le reconnaître, la Résurrection du Christ est le fondement même de la foi chrétienne ; comme le dit si clairement saint Paul : "  Et si Christ n'est pas ressuscité, notre prédication est donc vaine, et votre foi aussi est vaine…. Et si Christ n'est pas ressuscité, votre foi est vaine, vous êtes encore dans vos péchés " (1 Corinthiens 15, 14 et 17).

Un des assauts le plus sûr contre le christianisme est de semer le doute en la Résurrection ; c’était déjà la tactique au temps des Apôtres :

" Pendant qu'elles étaient en chemin, quelques hommes de la garde entrèrent dans la ville, et annoncèrent aux principaux sacrificateurs tout ce qui était arrivé. Ceux-ci, après s'être assemblés avec les anciens et avoir tenu conseil, donnèrent aux soldats une forte somme d'argent, en disant: Dites: Ses disciples sont venus de nuit le dérober, pendant que nous dormions. Et si le gouverneur l'apprend, nous l'apaiserons, et nous vous tirerons de peine. Les soldats prirent l'argent, et suivirent les instructions qui leur furent données. Et ce bruit s'est répandu parmi les Juifs, jusqu'à ce jour " (Matthieu 28, 11-15).

Alors comment situer les ossements portant les noms de Jésus et des personnes de son entourage ? S’agit-il d’une coïncidence ? S’agit-il d’une fraude, même ancienne ? Sans doute impossible de savoir en toute certitude " scientifique ".

Cependant, il ne s’agit pas d’une question de science, mais de foi. Il ne faut jamais prendre la foi pour acquis ; c’est un don, car la foi est un dépassement de l’expérience et de la raison humaines, pour saisir au plus profond de nous-mêmes les vérités divines ; c’est notre " oui " quotidien, semblable à celui de la Vierge Marie à l’Annonciation. La foi étant un don, nous pouvons et nous devons prier pour la recevoir en nous : " Je crois ! Viens en aide à mon peu de foi ! " (Marc 9, 24) s’écrie le père de l’enfant possédé par un esprit épileptique – un modèle de prière pour la foi.

Personnellement, je trouve toujours un réconfort dans la foi et l’expérience de ceux qui nous ont précédés – les Apôtres, les martyrs et les saints de tous les temps. Saint Jean le Théologien par exemple : " Ce qui était dès le commencement, ce que nous avons entendu, ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nous avons contemplé, ce que nos mains ont touché du Verbe de vie… " (1 Jean 1, 1). Et saint Pierre : " Ce n’est pas en effet en suivant des fables sophistiquées que nous avons fait connaître la puissance et l’Avènement de notre Seigneur Jésus Christ, mais après avoir été témoins oculaires de sa majesté " (2 Pierre 1, 16). Le témoignage des martyrs est un exemple puissant de foi jusqu’à la mort.

Peut-être serait-il utile pour vous de revoir d’autres passages du Nouveau Testament concernant la foi. En annexe, vous trouverez les versets où figurent le mot " foi " (dans la Bible de Louis Ségond) dans les Évangiles.

RETRAITES

Dans la tradition orthodoxe, les retraites peuvent se faire dans les monastères, mais il n’y a pas de " programme " spécial – on assiste aux offices, on prie et lit dans sa chambre, on peut avoir des entretiens avec un des moines pour des conseils spirituels etc. Personnellement, j’aime beaucoup le monastère Saint-Silouane, près du Mans. Une autre possibilité (que je ne connais pas personnellement) est le monastère Saint-Jean Baptiste en Angleterre, monastère fondé par le Père Sophrony, fils spirituel et biographe de Saint-Silouane (voir les Pages Saint Silouane et le témoignage de Maxime Egger aux Pages Orthodoxes). Selon où vous habitez, il peut bien avoir un monastère orthodoxe près de chez vous, ce qui permettrait une courte visite (pour assister à la Divine Liturgie, par exemple) avant un plus long séjour.

REVUE 3e MILLÉNAIRE

Il s’agit, me semble-t-il, d’une revue d’inspiration humaniste et un peu " occulte ". En ce qui concerne l’humanisme, on accepte la définition du Larousse Universel, qui définit l'Humanisme en ces termes : " doctrine qui a pour objet le développement des qualités de l'homme, et ayant pour centre de ses préoccupations non pas des idées abstraites mais l'homme concret " (voir Page de Présentation). À la Page d’Accueil, on trouve cité Rudolf Steiner et Gurdjieff et à la page de Présentation, Krishnamurti, le " Rabbi Jésus " et saint Paul.

Je crois que ce sont des personnes qui cherchent sincèrement Dieu et la vérité de l’homme, mais dans un cadre non-chrétien, en dehors de l’Église, comme ils disent à la Page d’Accueil, dans les " traditions religieuses non-institutionnelles et philosophiques ". On peut y trouver des éléments de vérité, mais un chrétien doit être bien averti et il doit bien discerné ce qui n’appartient pas à la Tradition chrétienne. Par exemple, il se peut que la Bible et les paroles du Christ soient cités, mais dans un contexte qui ne correspond pas à la Tradition de l’Église. Bref, un chrétien ne peut s’attendre de trouver d’inspiration pour nourrir sa foi et sa vie spirituelle dans une telle revue.

ROUES DE FEU ET TÉTRAMORPHES

Les roues des feu : La référence n'est pas évidente. La seule chose qui vient à l’esprit est la représentation iconographique des chérubins, qui sont parfois peints précisément comme des " roues de feu " - voir notamment les icônes du Christ en gloire, particulièrement celle de Roublev. Voir également le livre d’Ézéchiel, chapitre 10.

Les Tetromophes : Il s’agit peut-être du mot " tétramorphes ", qui voudrait dire, selon l’étymologie grecque, " quatre formes ". Encore, la référence n’est pas évidente, le numéro quatre n’étant pas fréquente dans la Bible – sauf pour les quatre Évangélistes. Il s’agit peut-être d’une allusion au passage du livre d’Ézéchiel, chapitre 1 

¶ La trentième année, le cinquième jour du quatrième mois, comme j'étais parmi les captifs du fleuve du Kebar, les cieux s'ouvrirent, et j'eus des visions divines.

2 Le cinquième jour du mois, c'était la cinquième année de la captivité du roi Jojakin, -

3 la parole de l'Eternel fut adressée à Ezéchiel, fils de Buzi, le sacrificateur, dans le pays des Chaldéens, près du fleuve du Kebar; et c'est là que la main de l'Eternel fut sur lui.

4 ¶ Je regardai, et voici, il vint du septentrion un vent impétueux, une grosse nuée, et une gerbe de feu, qui répandait de tous côtés une lumière éclatante, au centre de laquelle brillait comme de l'airain poli, sortant du milieu du feu.

5 Au centre encore, apparaissaient quatre animaux, dont l'aspect avait une ressemblance humaine.

6 Chacun d'eux avait quatre faces, et chacun avait quatre ailes.

7 Leurs pieds étaient droits, et la plante de leurs pieds était comme celle du pied d'un veau, ils étincelaient comme de l'airain poli.

8 Ils avaient des mains d'homme sous les ailes à leurs quatre côtés; et tous les quatre avaient leurs faces et leurs ailes.

9 Leurs ailes étaient jointes l'une à l'autre; ils ne se tournaient point en marchant, mais chacun marchait droit devant soi.

  1. Quant à la figure de leurs faces, ils avaient tous une face d'homme, tous quatre une face de lion à droite, tous quatre une face de boeuf à gauche, et tous quatre une face d'aigle.

Les quatre figures sont devenus symboles des quatre évangélistes : Matthieu – un homme ou un ange ; Marc – lion : Luc – bœuf ; Jean – aigle. Ces figures sont représentés sur certaines icônes, par exemple encore celle du Christ en Gloire. Voir aussi l’Apocalypse, chapitre 4, référence aux quatre Vivants, aussi interprétés comme les quatre évangélistes.

RUBRIQUE

En ce qui concerne les rubriques, vous avez raison : on ne trouve pas les rubriques détaillées en français. Ces rubriques " détaillées " existent dans les livres liturgiques qu’on appelle Euchologion (grec) ou Trebnik (slavon) – à ma connaissance ces livres n’ont jamais été traduits entièrement en français et peut-être même pas en anglais. En ce qui concerne les Divines Liturgies, je pense que la version française qui contient les rubriques les plus complètes est :

Les Divines Liturgies, Hiératikon tome 2, (Diaconie apostolique/Chevetogne) 208 pages, format 14 x 10 cm. BR 240 FB (5,95 €), RL 560 FB (13,88 €). Ce sont les trois Liturgies de saint Jean Chrysostome, de saint Basile et des Présanctifiés, avec nombre de précieuses indications pour ceux qui doivent officier dans leur célébration, selon les fêtes et les temps de l’année.

Voici une référence russe : http://librarium.mrezha.ru/trebnik/

Et une version anglaise (sans doute des extraits) :

A Manual of the Church's Divine Services (Sokolof) Archpriest D. Sokoloff
A compendium of information concerning services. including sections on the church building, the clergy and their vestments, the daily cycle of services, with greatest detail concerning the divine Liturgy, special features of the various festal services, and services of the Trebnik (Euchologion). Originally translated and printed before the Russian revolution; first printed at Holy Trinity 1962 and long out of print, this is a re-edited (and newly typeset) version. Item# 2536. (DC: R) . $12.00.

http://www.sjkp.org/search.php?static=2536

En ce qui concerne la célébration de la Divine Liturgie par différents prêtres, dans mon expérience, les prêtres orthodoxes suivent la coutume qu’ils connaissent - grecque, roumaine, russe en particulier, et ne mélangent pas les usages. Les différences d’usage sont minimes et il s’agit de savoir quel usage suivra le prêtre célébrant (surtout pour la chorale).

SABAOTH

Le terme Sabaoth vient de l’hébeu. Voici la notice du Dictionnaire du Nouveau Testament (Xavier Léon-Dufour) :

" Souvent associé au nom de Yahweh, le terme (pluriel hébreu : " multitude organisée ") a un sens qui évolue avec le temps : d’abord les armées d’Israël, puis le monde des astres et des puissances célestes. Celui-ce était pour les anciens un monde de vivants et pour les religions païennes un monde de dieux. Dans le Nouveau Testament, ce titre divin équivaut à Dieu souverain, disposant de toutes les puissances de l’univers. "

Voici quelques références °: 1 S 1, 3  ; 17,45  ; Is 1,9  ; So 2,10  ; Rm 9,29  ; Jc 5,4.

Dans certaines traductions de la Bible (ex. Louis Segond), le terme hébreu, appliqué à Dieu, est souvent traduit " des armées ", plutôt que " Sabaoth " . Le sens est : Seigneur des armées d'anges et de toutes les forces de la nature.

SACREMENTS DANS L’ÉGLISE ORTHODOXE

Les sacrements sont des actes sacrés par lesquels l'Église communique aux fidèles la grâce du Saint Esprit. Les sacrements servent à la sanctification des membres de l’Église en les purifiant de leurs péchés et leur donnant les forces indispensables au salut. Les sacrements sont aussi appelés les " mystères " à cause de la dualité de ce qui est visible (signe extérieur) et invisible (grâce spirituelle) dans chaque sacrement. L’Église par son rituel sanctifie la matière qui est utilisée dans les sacrements - l’eau, le pain, le vin, l’huile -, qui deviennent des instruments de l’Esprit Saint, grâce à l’épiclèse, l’invocation de l’Esprit Saint. L’Orthodoxie rejette toute tentative de diminuer la matérialité des sacrements, car la personne entière, corps et âme, est appelée à participer à la liturgie sacramentelle.

En même temps, il n’y a pas de magie dans les sacrements ; aucune parole, aucune formule ne peut avoir en elle-même la valeur sacramentelle. C’est l’administration du sacrement par l’Église qui confère l’efficacité salvatrice au signe extérieur. Le sacrement est une aide nécessaire au salut que Dieu accorde aux hommes afin de les libérer des péchés et de transformer leur vie. Il y a donc les sacrements qui libèrent l'homme du joug du péché et ceux qui organisent la vie du chrétien sur cette terre.

L’Église orthodoxe reconnaît sept sacrements, mais ce nombre n'est pas dogmatique. L'Église accepte des actes sacramentaux parallèles aux sept sacrements et qui possèdent la même force spirituelle. Ce sont notamment : la profession monastique ; les funérailles ; la consécration d'une église, d’un autel et du saint chrême ; et la grande consécration des eaux de la Théophanie.

Les principaux sacrements traditionnels sont les suivants :

s BAPTÊME : Le baptême est conféré par triple immersion dans l’eau, un rappel des trois jours du Christ dans le tombeau ainsi que l’insertion du baptisé dans la Sainte Trinité. Le baptême signifie l’ensevelissement mystique et la résurrection avec le Christ, dont le signe extérieur est l’immersion du candidat dans l’eau et son émergence en homme nouveau. Le baptême par infusion ou aspersion n’est permis que dans des situations exceptionnelles. Une personne venant à l’Église orthodoxe d’une autre confession chrétienne peut recevoir ou ne pas recevoir un nouveau baptême ; la pratique varie selon les Églises.

Le baptême des enfants, de même que des adultes, comprend typiquement toutes les étapes de l’initiation chrétienne ; le rite baptismal est suivi de la chrismation et de la communion, ainsi que des rites de l’ablution et de la tonsure. Une personne, sans distinction d'âge, qui devient un membre du Christ en reçoit en même temps tous les privilèges.

Par le baptême, non seulement nous recevons l’absolution des péchés, mais nous sommes incorporés au Christ, comme nous le rappelle saint Paul : Vous tous, qui avez été baptisés en Christ, vous avez revêtu le Christ (Ga 3,27). Les orthodoxes portent normalement une petite croix sur une chaîne au tour du cou, signe de cette appartenance au Christ par le baptême.

s CHRISMATION : La chrismation ou onction avec le saint chrême (du grec, chrisma, " onction ") suit normalement le baptême. Le saint chrême est consacré par les primats des Églises et est envoyé par eux aux évêques de leur juridiction. La chrismation est administrée par un prêtre, qui fait un signe de croix sur le front, les yeux, les narines, la bouche, les oreilles, la gorge, les mains et les pieds du candidat, disant chaque fois : " Le sceau du don de l’Esprit Saint. " Car c’est par la chrismation que le baptisé reçoit le don de l’Esprit, devenant ainsi membre à part entière du peuple de Dieu ; il partage, dans le Christ, la royauté, la prophétie et la sacerdoce du " peuple royal ".

La chrismation sert souvent de rite d’admission dans l’Église orthodoxe pour ceux qui viennent d’autres confessions chrétiennes. Le saint chrême est le symbole de l'unité de l'Église.

s EUCHARISTIE : L'eucharistie, le sacrement par excellence, forme le centre de la vie sacramentelle. Il est le sacrement à la fois de la parenté des fidèles en Jésus Christ et de leur unité dans le partage du même calice ; il est le fondement de toutes les relations entre les croyants et la base de toute la vie chrétienne. Avant tout, l’Eucharistie est une offrande, celle du Christ lui-même, une offrande à la Trinité, offrande actualisée par l’acte liturgique : " Ce qui est à toi, le tenant de toi, nous te l’offrons en tout et pour tout ", dit le prêtre au moment de l’élévation. Le Christ est en même temps celui qui offre et celui qui est offert au Père, dans l’Esprit.

Les orthodoxes croient que la consécration du pain et du vin pendant la Divine Liturgie les transforme vraiment en Corps et Sang du Christ ; il ne s’agit pas de simples symboles, mais d’une réalité mystique. Cependant, l’Église orthodoxe ne s’est jamais prononcée sur la manière dont le changement est effectué, ni sur la mode de la présence du Christ, car il s’agit d’un mystère qui demeure incompréhensible. Le pain et le vin consacrés sont normalement entièrement consommés pendant ou immédiatement après la célébration eucharistique. Dans la pratique russe, les fidèles ayant communié prennent aussi du pain et du vin bénis, mais non consacrés, immédiatement après la communion.

La communion se fait toujours " sous les deux espèces " du pain et du vin. Le clergé communie au pain et au vin séparément et le prêtre donne la communion aux fidèles dans une cuiller contenant un morceau de pain imbibé de vin. Ceux qui communient doivent jeûner avant la communion, normalement depuis minuit la veille pour une liturgie célébrée le matin, et au minimum sept heures avant une liturgie en soirée. La pratique de la communion fréquente devient plus répandue de nos jours qu’autrefois, notamment parmi les orthodoxes " occidentaux. "

L’Église orthodoxe n’admet à la communion que les orthodoxes ayant observé les prescriptions canoniques, par exemple le jeûne préalable. Car la participation à la communion est signe de la fraternité et de la solidarité de tous ceux qui partagent la même coupe, confessant ainsi la même foi et faisant partie de la même Église. À la fin de la liturgie, ceux qui ont assisté à la célébration, sont invités à recevoir un morceau de pain, appelé antidore, béni mais non consacré pendant la liturgie.

s PÉNITENCE OU CONFESSION : La confession est à la fois l’acte de reconnaître son état de pécheur, d’avouer ses fautes avec contrition et de se remettre sur la voie de la conversion, et aussi de " confesser " le Seigneur qui est bon, de reconnaître sa miséricorde infinie. Par la confession, les péchés commis après le baptême sont pardonnés et le pécheur est réconcilié avec l’Église.

Dans la pratique orthodoxe, il n’y a pas de " confessionnal ", mais le prêtre et le pénitent restent debout, souvent devant une table ou un lutrin sur lequel sont placées une croix et l’Évangéliaire. Après avoir reconnu ses péchés, le pénitent s’agenouille ou s’incline la tête et le prêtre place l’étole sur sa tête pendant qu’il prononce la formule de l’absolution, faisant le signe de croix sur la tête du pénitent à la fin. L’imposition d’une pénitence n’est pas obligatoire, mais il arrive que le prêtre propose des conseils spirituels aux fidèles.

s ORDINATION : L'Église orthodoxe compte trois ordres majeurs : diaconat, prêtrise et épiscopat ; et deux ordres mineurs : lectorat et sous-diaconat. Seul un évêque peut conférer l’ordination et les ordinations aux ordres majeurs sont toujours célébrées pendant une liturgie. Deux évêques au minimum sont nécessaires pour ordonner un nouvel évêque.

Les diacres et les prêtres peuvent être mariés pourvu que le mariage précède l'ordination. Les prêtres non mariés professent normalement les vœux monastiques, car ils ne peuvent pas se marier après leur ordination. Les évêques, qui sont habituellement choisis parmi les moines, ne peuvent pas être mariés. Les évêques sont généralement nommés par le Saint Synode d’une Église autocéphale, mais dans quelques Églises les évêques sont choisis par les membres du diocèse, clergé et laïcs.

s MARIAGE : Le mariage est considéré par l’Église orthodoxe comme une voie de sanctification du couple établie et bénie par le Christ lui-même ; le Christ a notamment béni le mariage par sa présence aux noces de Cana et par le miracle du vin (Jn 2, 1-11). Dans le mariage, ce sont l’homme et la femme qui deviennent, chacun pour l’autre, le principal moyen de sanctification.

Le mariage dans l’Église orthodoxe comprend deux rites, qui sont normalement administrés l’un après l’autre : l’office des fiançailles, au cours duquel les époux échangent les anneaux en vue d’une union librement consentie ; et l’office du couronnement des époux, qui est le sacrement proprement dit. Les couronnes placées sur les têtes des époux sont les signes extérieurs du sacrement, symbolisant la réception de la grâce de l’Esprit Saint. Elles sont à la fois des couronnes de joie et de martyre, car le vrai mariage implique le sacrifice de soi-même pour le bien du couple. Par le mariage, l’accord entre les époux est sanctifié dans le mystère de l’Église, par l’amour qui les unit, tout comme l’amour unit le Christ à l’Église. Dans la théologie orthodoxe, c’est le prêtre et non le couple qui est le ministre du sacrement du mariage. Un mariage contracté hors de l’Église orthodoxe est considéré comme valide, mais non sacramentel.

L’Église orthodoxe admet le divorce et un deuxième mariage, voire même un troisième, avec une réticence qui est reflétée dans le rituel, lorsque le premier s’est avéré un échec. Le divorce est considéré comme une concession exceptionnelle, regrettable mais inévitable, à cause de la faiblesse de notre nature ternie par la chute. L’Église orthodoxe est plus soucieuse de porter secours et réconfort aux personnes concernées, que de préserver à tout prix une union qui n’a plus de sens.

s ONCTION DES MALADES : Le sacrement de l'onction des malades apporte non seulement la guérison du corps, mais aussi le pardon des péchés. Ce sacrement est destiné à n'importe quel malade, quelle que soit la gravité du cas. Il a donc deux aspects, un visant la guérison du malade, l’autre sa préparation à la mort. Au sacrement des huiles se rattachent les autres actes d'onction : pendant le baptême, pour la consécration d’une église, pendant l’office des vigiles et pour la bénédiction des icônes.

SACREMENTS HORS DE L’ÉGLISE ORTHODOXE

L’Église orthodoxe évite de se prononcer d’une façon générale sur la question de la validité des sacrements administrés hors l’Église orthodoxe : " L’Esprit souffle où il veut ; tu entends sa voix, mais tu ne sais ni d’où il vient ni où il va. Ainsi en est-il de quiconque est né de l’Esprit " (Jean 3, 8). Les Pères ont toujours reconnu la possibilité du salut hors de l’Église visible (je peux vous fournir des références si vous voulez).

La question de la validité des sacrements administrés par d’autres confessions chrétiennes, y compris l’Église catholique romaine, se pose surtout dans les situations spécifiques de personnes qui désirent s’unir à l’Église orthodoxe. Dans la pratique, il n’y pas de règle général, chaque personne et chaque cas étant considéré individuellement en fonction de la situation et des besoins de la personne et des pratiques de l’Église locale, dans l’esprit de ce qu’on appelle dans la tradition orthodoxe " l’économie ". L’Église russe, par exemple, reconnaît généralement la validité d’un baptême administré hors de l’Église orthodoxe, pourvu que les formules minimales aient été respectées (formule trinitaire du baptême et utilisation de l’eau). Donc, il n’est pas nécessairement exigé d’un chrétien d’une autre confession souhaitant se joindre à l’Église orthodoxe de recevoir un nouveau baptême. Au Mont Athos, par contre, tout non-orthodoxe est systématiquement " re-baptisé " avant d’être considéré orthodoxe. Dans la pratique, le choix est souvent laisser à la personne et le prêtre qui le reçoit dans l’Église orthodoxe de décider.

Comme vous le savez sans doute, le moyen " normal " de recevoir un chrétien d’une autre confession dans l’Église orthodoxe, de même qu’un apostat ou un hérétique, est la chrismation. Mais il peut avoir des exceptions. Plus généralement, la réception consciente de n’importe quel sacrement (baptême, chrismation, confession, Eucharistie…) peut être accepter, selon les circonstances, comme signe d’adhésion à l’Église orthodoxe. Un prêtre ordonné dans l’Église catholique peut être " ré-ordonné " - mais pas nécessairement…. Le cas " classique " est celui du Père Lev Gillet (" Un moine de l’Église d’Orient ") : le Métropolite Euloge, responsable pour l’Église russe de l’Europe occidentale dans les années 20 et 30, a tout simplement invité le Père Lev de concélébrer la Divine Liturgie avec lui ; aucune autre confession de foi ou re-administration d’un sacrement n’a été demandée.

SALUT/SOTÉRIOLOGIE

Dans la théologie orthodoxe, l’idée-clé du salut est celle de synergie, c’est-à-dire la collaboration de l’homme avec Dieu : l’homme ne peut se sauver lui-même – la notion de " mérites " n'existent pas – mais en même Dieu ne peut imposer le salut. L’homme doit accepter le salut, la grâce divine, qui lui est proposée par Dieu. C’est l’Incarnation du Christ, sa Passion, sa Résurrection, son Ascension, qui permet cela. On peut parfois avoir l’impression, en lisant des textes orthodoxes, que ce sont les efforts ascétiques et spirituelles – la prière, la participation aux sacrements, le jeûne, la pratique des vertus etc. – qui ouvrent la voie au salut. C’est la partie qui relève de chaque homme et femme, de fait, la partie la plus difficile, car la grâce divine est toujours offerte gratuitement. Comme le disait saint Séraphim de Sarov : " La prière, le jeûne, les veilles et autres activités chrétiennes, aussi bonnes qu'elles puissent paraître en elles-mêmes, ne constituent pas le but de la vie chrétienne, tout en aidant à y parvenir. Le vrai but de la vie chrétienne consiste en l'acquisition du Saint-Esprit de Dieu. Quant à la prière, au jeûne, aux veilles, à l'aumône et toute autre bonne action faite au nom du Christ, ce ne sont que des moyens pour l'acquisition du Saint-Esprit. " (Voir la page http://www.pagesorthodoxes.net/saints/seraphim/seraphim-motovilov.htm).

Je vous envoie ici-bas un texte de Mgr Kallistos Ware qui résume l’anthropologie et la sotériologie dans la tradition orthodoxe, qui diffère en plusieurs points essentiels de celles des Églises issues de la Réformation.

SAINT JEAN CHRYSOSTOME – ŒUVRES

Je vous envoie ici-bas les deux sermons sur Matthieu 2, dans lesquels saint Jean Chrysostome commente la visite des mages. Saint Jean a sans doute fait d’autres commentaires sur les versets en question, mais ceux-là sont plus difficiles à repérer. Vous pouvez consulter les œuvres complètes de saint Jean Chrysostome à l’adresse : http://www.jesusmarie.com/jean_chrysostome.html

SAINTETÉ

Merci pour votre question concernant les " vrais saints ". Vous avez écrit : " Jésus dit que ceux qui le suivront subiront un sort semblable au sien ". Je pense que peut-être vous faites allusion à l’invitation de Jésus que celui qui veut le suivre doit prendre sa croix, par exemple : " Si quelqu’un veut venir à ma suite, qu’il se renie lui-même, qu’il se charge de sa croix et qu’il me suive. Qui veut en effet sauver sa vie la perdra, mais qui perd se vie à cause de moi la trouvera " (Mt 16, 24-25). Il faut comprendre cette parole de Jésus, et en particulier, la " croix " que chaque chrétien doit porter, non pas au sens littéral de la crucifixion telle que Jésus l’a subie, ni même seulement au sens du martyr physique de toutes sortes, mais du martyr du " vieil homme " soumis au Prince de ce monde, afin de permettre la naissance du " nouvel homme " en Christ. C’est tout le sens du baptême et de la " vie en Christ ". Lorsque dans la deuxième phrase, Jésus parle de " perdre " et de " sauver " sa vie, il fait allusion en fait à la même distinction : celui qui veut sauver sa vie physique, matérielle, charnelle, historique, risque de perdre la vie éternelle en Christ ; et celui qui sacrifie ce qui semble essentielle pour la vie physique et charnelle gagnera le vie éternelle.

Tous ne sont pas appelés à être des martyrs pour la foi, mais tous sont appelés à être saints. Être saint c’est vivre la vie que Dieu souhaite que nous vivions. Même parmi les apôtres, au moins un n’était pas martyr : saint Jean l’Évangéliste. Si dans un premier temps beaucoup de chrétiens étaient martyrisés, après la légalisation du culte chrétien dans l’empire romain sous Constantin, la sainteté visible est passée d’avantage aux " martyrs du désert ", les hommes et les femmes qui quittaient les villes d’Égypte et de la Palestine pour vivre l’Évangile en " seul à Seul ". Les saints de tous leurs temps sont là pour nous inspirer par leurs vies, la très grande variété de tempéraments, de personnalités et de modes de vie étant la preuve qu’il n’y a pas d’uniformité ou de banalité dans la sainteté.

Alors les " vrais saints " sont là où ils sont, bref, partout, non seulement au Mont Athos, mais aussi à Paris, New York et Montréal, non seulement dans les monastères, mais dans les villes et les villages.

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Il est vrai que la Lumière divine se manifeste parfois d’une façon spectaculaire dans la vie de certains saints – parmi lesquels, par exemple, un saint Séraphim de Sarov. Vous avez soulevé la question de la sainteté en dehors de l’Église orthodoxe et si je comprends, même en dehors du christianisme. L’Église orthodoxe n’a pas d’enseignement très précis sur ces questions. Certains théologiens se fient au Nouveau Testament, par exemple les paroles du Christ concernant la foi du centurion (Mt 8, 10) et l’histoire de Corneille le Centurion dans les Actes (Ac 10, 1-48), et aux enseignements de certains Pères de l'Église, par exemple saint Justin Martyr, quant à la possibilité du salut, donc de la sainteté, en dehors de l’Église visible. Personnellement, je crois que la sainteté existe là où elle existe, car Dieu veut le salut de tous les hommes et offre à chacun les moyens nécessaires à son salut, que ce soit dans le cadre du christianisme ou non. Il existe une mesure de vérité dans les grandes traditions spirituelles non-chrétiennes, mais seul le christianisme possède la plénitude de la vérité, et seule l’Église orthodoxe transmet fidèlement l’enseignement du Christ et des Apôtres. J’aime beaucoup aussi une introduction écrite par un évêque orthodoxe, le Métropolite Emilianos Timiadis, à un livre d’offices composés en l’honneur de saints occidentaux après le schisme, par exemple sainte Thérèse de Lisieux, où il dit notamment :

" En définitive, c’est dans le même cadre que la sainteté authentique a été vécue, en Orient comme en Occident : un cadre ascétique fait d’oubli de soi, d’abnégation, d’humilité, de renoncement au monde pour une consécration totale au Christ, une marche continue vers la transfiguration personnelle, vers la " théosis " ou divinisation de l’être humain. Oui, le saint est tel, objectivement, quelle que soit l’Église locale dont il était membre sur la terre. "

SAINTE JÉRUSALEM – SAINTE SOPHIE ET SES ENFANTS

Le Synaxaire orthodoxe commémore une sainte Jérusalem, morte par le glaive, le 26 juillet, mais ne donne aucune information précise sur elle, sauf qu’elle était disciple de sainte Horéozèle, martyrisée sous l’empereur Dèce, et commémorée le même jour. Mais une icône d’une sainte avec trois enfants (filles) pourrait bien être celle de sainte Sophie et ses trois enfants Pistis (Foi), Elpis (Espérance) et Agapè (Charité), commémorées le 17 septembre. Les trois jeunes filles (âgées de 12, 10 et 9 ans respectivement) auraient été martyrisées par Hadrien (117-138) à Rome et leur mère Sophie (Sagesse) est morte de chagrin sur leur tombeau.

La page web d’une paroisse catholique " Sainte Sophie " située dans un petit village au Québec, citant plusieurs sources occidentales, met en doute l’existence de cette famille :

Sainte Sophie

Qui est la patronne de notre paroisse?

Sainte Sophie n'a pas vraiment existé. L'origine de cette "sainte" vient de la réalité que l'on voulait mettre en lumière. "Sophie" vient d'un mot grec qui veut dire Sagesse. Dans le choeur de notre église, il y a un tableau qui la représente comme une reine avec trois "princesses". Ces trois princesses sont les vertus théologales: FOI, ESPÉRANCE et CHARITÉ. Notre paroisse est donc consacrée à la Sagesse. C'est donc dire combien notre identité paroissiale est liée à la "Parole de Dieu". Comme elle est représentée sous les traits d'une femme, notre paroisse a en réalité pour patronne Notre-Dame de la Sagesse: la Vierge Marie, toute ordonnée à la "Parole de Dieu" par son "OUI" qui permet à la Sagesse, le "Verbe", de "prendre chair". Bien sûr nous ne changerons pas de nom de paroisse, mais nous saurons mieux le "secret" que ce nom porte et toute la richesse qui l'habite.

Puissions-nous dire un "Oui" profond à ce qui nous habite pour que la "Sagesse" continue de "prendre chair" à travers notre communauté.

Veuve romaine, Sophie était mère des saintes Foi, Espérance et Charité auxquelles elle donna,par dévotion, le nom des trois vertus théologales. Après les avoir élevées dans la piété, elles les exhorta elle-même à confesser Jésus-Christ, et le vit avec joie verser leur sang pour la foi, vers l'an 137 (fin du règne d'Adrien). Après leur martyr, elle continua de servir Dieu dans l'état de viduité et mourut en paix vers le milieu du IIe siècle.

Source: GÉRY, R. Père. Vie des saints. Tome III, p.1622

Fête: le 30 septembre

À Rome, sous l'empereur Adrien, la passion des saintes vierges Foi, Espérance et Charité, filles de Sainte Sophie, leur obtint la couronne du martyr.

La Sagesse (Sophie) engendrant le Foi, l'Espérance et la Charité: s'agit-il d'une généalogie ou d'une allégorie? Les Actes, qui nous ont parvenus en latin, en grec et en langues orientales, n'ont pas de valeur et ne s'accordent même pas sur le lieu du martyr. Nous ne pouvons pas davantage percer le mystère qui les enveloppe en suivant les traces de leur culte. À Constantinople, elles étaient honorées le 17 septembre. À Rome, nous retrouvons le groupe deux fois: sur la Via Apia, elles portent des noms grecs: Sophia, Pistis, Elpis, Agapè. Bien que nous ne puissions dire que les noms de ces héroïnes sont absolument invraisemblables, nous devons admettre que l'état des documents ne permet pas de lever le doute qui plane sur elles.

Source: Bénédictins de Paris. Vies des saints et des bienheureux. Tome III, Éd. Letouzey et Ané, Paris, (1950) p.8

Source : http://membres.lycos.fr/paroisseplessis/paroisses/stesophie.htm.

 

SAINTS OCCIDENTAUX

Il y a des milliers de saints reconnus par l’Église orthodoxe ! La vie des saints est contenue dans un livre qui s’appelle le " Synaxaire ". La version française du Synaxaire comprend six volumes et dans les monastères et les communautés, souvent la notice du principal saint du jour est lue à un moment approprié.

L’Église orthodoxe et l’Église catholique romaine " partagent " les mêmes saints pendant la période de l’Église " indivise ", avant le schisme de 1054.

Votre question porte en effet sur l’attitude de l’Église orthodoxe concernant les saints " occidentaux ", c'est-à-dire les saints canonisés en Occident par l’Église romaine après le schisme de 1054. Tous les saints reconnus avant cette date sont honorés à la fois par l’Église d’Orient et l’Église d’Occident. Certains saints " occidentaux " (par exemple Geneviève et Denis de Paris, Hilaire de Poitiers, Martin de Tours, Ambroise de Milan etc., ainsi que certains papes) sont fêtés au calendrier orthodoxe, mais il y a, bien sûr, beaucoup de saints " occidentaux " d’avant le Schisme qui ne figurent pas au Synaxaire (livre des vies des saints). Ceci n’empêche pas qu’il soient reconnus implicitement par l’Église orthodoxe et leur mémoire peut être fêté selon la piété locale.

La reconnaissance des saints canonisés après le schisme est différente. Ils ne sont pas fêtés dans le calendrier de l’Église et en principe ils ne peuvent pas être invoqués dans les prières publiques de l’Église. Cependant, rien n’empêche aux fidèles, ni même, semble-t-il, aux paroisses, de reconnaître les saints " occidentaux " de façon personnelle ou locale. Certains des ces saints sont même très " populaires " en milieux orthodoxes – par exemple saint François d’Assise et sainte Thérèse de Lisieux. Dans cette optique, un fidèle peut avoir et vénérer des icônes de saints occidentaux auxquels il a une dévotion personnelle et j’ai même vue des icônes de saints " occidentaux " dans des chapelles orthodoxes.

Personnellement, je crois que les saints de tous les temps et de tous les lieux sont l’héritage commun de l’Église, de tous les chrétiens, et je souhaite qu’il y aie une reconnaissance formelle ce ceci par toutes les Églises.

Pour répondre à votre question précise, je ne connais pas d’icône de sainte Claudine ou de saint Charles, qui ne figurent pas au Synaxaire orthodoxe. Rien n’empêche aux iconographes de faire des icônes de ces saints et je crois qu’il incombe justement aux iconographes catholiques en premier lieu de faire des icônes de saints " occidentaux ", tout en respectant la tradition et les canons iconographiques. Les icônes et l’iconographie deviennent de plus en plus répandues dans l’Église romaine, mais il s’agit de retrouver un art sacré oublié depuis très longtemps (depuis le début du Moyen-Âge). La tradition de l’icône a été maintenue dans l’Église d’Orient et c’est vers l’Orient que les catholiques romains doivent se tourner pour retrouver leur propre tradition oubliée.

SAINTS – QUESTIONS DIVERSES

Pères cappadociens : Les Pères cappadociens sont Saints Basile le Grand (Basile de Césarée), Grégoire de Naziance et Grégoire de Nysse, tous du IVe siècle. Grégoire de Naziance était l’ami intime de Basile et Grégoire de Nysse était son frère. Tous étaient des évêques. Ils sont très respectés dans l’Église orthodoxe à cause de leur sainteté et de leurs enseignements et écrits, dont les principaux sont disponible en français, notamment dans la collection " Sources chrétiennes " aux Éditions du Cerf.

Saint Onuphore : Il s’agit peut-être de S. Onuphore l’Égyptien (IV-Ve siècles) (12 juin), ou peut-être encore S. Onuphore de Chio (XIXe siècle) (4 janvier) ou S. Onuphore de Kiev.

Saint Onésime : Le principal saint de ce nom est mentionné dans les écrits de Saint Paul (Phm 10, 19 et Col 4, 7-9). Il a été converti par Paul à Rome et est attribué le titre la dignité d’" apôtre ". Il est décédé vers l’an 109 et est fêté le 22 novembre.

La source principale des vies des saints orthodoxes est le Synaxaire (six volumes en français, édité par un moine du Mont Athos et publié en Grèce).

Saint Séraphim de Sarov et Saint Silouane sont parmi les saints orthodoxes " modernes " les plus connus et vénérés dans l’Orthodoxie et aussi en Occident. Ils sont aussi bien connu dans le monde laïc que dans les monastères. Les Pères du désert sont beaucoup moins connus, sauf dans les monastères, bien que tout les orthodoxes les reconnaissent comme les grands " fondateurs " de l’ascèse et de la piété chrétienne après la période des persécutions de l’Empire romain. L’hésychasme, la principale tradition spirituelle de l’Orthodoxie, doit ses origines aux Pères du désert. Tous les grands spirituels de l’Église d’Orient sont, on peut dire, les fils et filles spirituels des Pères du désert. Je dirais que les Pères du désert sont peut-être moins connus individuellement que d’autres saints, mais loin d’être considérés comme " marginaux ", ils sont à la base même de notre tradition spirituelle.

SAINTS – RELIQUES

" Les reliques de Saint Séraphim de Sarov étaient gardées pendent le temps du communisme dans les fonds du Musée de la religion et de l’athéisme (a Léningrad) dans les boites inventoriées.

Et au temps de la perestroika de Gorbatchev ces reliques étaient retrouvées et elles étaient remises entre les mains de l’Église. Elles sont repassée à Sarov en 1990 et elles se trouvent là-bas. "

Il est possible que des reliques circulent en dehors de la Russie, mais ce ne sont pas nécessairement des reliques du corps du saint, mais d’objets avec lesquels il a été en contact : vêtements, icônes, livres, meubles etc. Sans doute après la Révolution de 1917, des émigrés russes auraient pris avec eux des reliques du saint. On peut toujours enquérir de quoi et s’agit et la provenance.

Ce qui est important concernant une relique, de même que les icônes des saints, c’est qu’elles nous permettent de nous unir en esprit et en prière avec le saint, qui vit dans la gloire de Dieu. Les icônes et les reliques sont une présence, mystérieuse et indéfinissable, de la personne représentée ou dont il s’agit des reliques ; ce ne sont pas des idoles ou des talismans qui ont en elles-mêmes un pouvoir " magique ".

SAINT NECTAIRE D’ÉGINE – ÉCRITS

À part les quelques textes qui figurent aux Pages Orthodoxes La Transfiguration, très peu d’écrits de saint Nectaire ont été traduits en français. Les extraits qui paraissent sous le titre d’ " Écrits catéchétiques " aux Pages Orthodoxes ont été traduits du livre en anglais : Constantine Cavarnos, St. Nectarios of Aegina, Institute for Byzantine and Modern Greek Studies, Belmont, Mass., 1988, qui contient d’autres extraits, ainsi qu’une bibliographie des œuvres de saint Nectaire en grec.

Vous connaissez peut-être les deux biographies de saint Nectaire en français :

Chondropoulos, Sotos, Saint Nectaire : Le saint de notre siècle. Éd. Kainourgia (Athènes).

Fontrier, Ambroise, Saint Nectaire d’Égine, Éd. L’Âge d’Homme, 1993.

La Fraternité orthodoxe Saint Grégoire Palamas (30, boul. de Sébastopol, 75004 Paris) a publié une plaquette avec des écrits de saint Nectaire sur la Mère de Dieu, mais il est possible que celle-là ne soit plus disponible.

Si vous connaissez d’autres écrits de saint Nectaire en traduction, j’apprécierais en avoir les références.

SAINT SILOUANE L’ATHONITE

Oui, Saint Silouane peut facilement toucher beaucoup de personnes de par son humilité, sa simplicité, son amour pour Dieu qui se manifeste dans un amour et une prière qui embrassent tous les hommes. Je suis moi-même toujours étonné devant l’exemple de sa vie et de l’enseignement qui en découle.

La source essentielle sur Saint Silouane est sans aucune doute le livre de l’Archimandrite Sophrony : Starets Silouane, Moine du Mont-Athos 1866-1938 : Vie – Doctrine – Écrits (Éditions Présence, 1973, nouvelle édition 1996). Si vous souhaitez l’obtenir, vous pouvez sans doute le commander dans une librairie proche de chez vous (je crois que le prix en France est 150FF ; c’est un excellent investissement - c’est un livre qu’on ne cesse de lire et de méditer.)

En ce qui concerne l’Association Saint Silouane, il y a une page aux Pages Orthodoxes La Transfiguration qui en décrit l’essentiel. Ses activités principales consistent en la tenue d’une rencontre annuelle, où sont abordés différents aspects de la vie et de l’enseignement de Saint Silouane et du Père Sophrony, et la publication de la revue Buisson Ardent, Cahiers de Saint Silouane l’Athonite. Vous pouvez obtenir plus d’informations sur l’Association de Maxime Egger, le secrétaire : Av. C.-F. Ramuz, 79, CH 1009 Pully, tél. : 21 729 85 53 ; courriel : m.egger@span.ch.

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En attendant les réponses de mes correspondants qui connaissent s. Silouane mieux que moi-même, j’ai fait une petite recherche sur l’origine du nom, qui semble bel et bien venir de " Sylvain ". Voici une petite note du Dictionnaire du Nouveau Testament : " Silvain. Voir Silas. Silas : gr. Silas, grécisation de Saül, ou Silvanos (du lat. Silvanus : " Silvain " (puis les référence aux Silvain des Actes et des Épîtres de Paul) ".

Le Nouveau dictionnaire biblique précise : Saül : " demandé (à Dieu) ". " Silas, Silvain. Silas est la forme gr. de l’aram. Sh’ila (Saul) ; on pense que ce frère prit, comme Paul, un surnom romain, Silvanus, ressemblant à son nom d’origine sémitique… "

J’ai aussi trouvé ceci sur le net, à l’adresse : http://www.philthompson.net/index2.html. Il s’agit d’un converti américain qui a pris le nom de " Silouan " :

My patron saint, Silouan of Mount Athos was a Russian monk who lived during the early part of the twentieth century. Some folks know me by my Christian name, Silouan, rather than my legal name.

Saint Silouan was born Simeon Ivanovich Antonov in 1866, of godly parents who came from the village of Sovsk in Russia's Tambov region. At the age of twenty-seven he left his native Russia and came to the monastic region of Greece called Mt. Athos where he became a monk at the Monastery of St. Panteleimon and was given the name Silouan. (The Russian version of the Biblical name Silvanus.) An ardent ascetic, he received the grace of unceasing prayer and was granted to see Christ. After long years of spiritual trial, he acquired great humility and hesychia, inner stillness. He prayed and wept for the whole world as for himself, and he put the highest value on love for enemies. Thomas Merton has described Silouan as "the most authentic monk of the twentieth century." St Silouan reposed on September 24, 1938. His memory is celebrated on September 24.

Silvanus of Tabennisi – Fourth century hermit

Saint Silvanus was an actor who abandoned the world to become a monk at Tabennisi under Saint Pachomius. For some time he led an undisciplined life, trying to entertain the other monks and often transgressing the rule of silence. Pachomius endeavored to reform him by remonstration, prayers, sighs, and tears, for his poor soul. It was a fruitless endeavor for a long time, but Pachomius persisted until one day he explained to the impenitent Silvanus the dreadful judgments which threaten those that mock God.

From that moment Silvanus began to lead a life of great edification to the rest of the brethren and began to bewail his past misdemeanors. When others entreated him to moderate the floods of his tears, "Ah," said he, "how can I help weeping, when I consider the wretchedness of my past life, and that by my sloth I have profaned what was most sacred? I have reason to fear lest the earth should open under my feet, and swallow me up, as it did Dathan and Abiron. Oh! suffer me to labor with ever-flowing fountains of tears for my innumerable sins. I ought, if I could, even to pour forth this wretched soul of mine in mourning; it would be all too little for my offenses."

His sentiments of contrition helped him so to progress in virtue that the holy abbot proposed him as a model of humility to the rest. After eight years in this penitential course, God had called Silvanus to himself. Saint Pachomius was assured by a revelation that Silvanus' soul was presented by angels as a most agreeable offering to Christ. The saint was favored with a spirit of prophecy, and with great grief foretold the decay of monastic fervor in his order in succeeding ages

SAUVÉ

Personnellement, j’ai beaucoup de difficulté à comprendre le sens d’être " sauvé " : comment pouvons-nous " savoir " dans cette vie qui est ou sera sauvé et qui ne l’est pas ou ne le sera pas ? Je crois que c’est une réalité spirituelle qui nous est cachée, même en ce qui concerne nous-mêmes. Certains de nos frères protestants parlent d’être " sauvé " ou " pas sauvé " comme si c’était acquis une fois pour toutes à un certain moment dans notre vie, ou par l’accomplissement de certaines actes, ou par l’appartenance à un certain groupe. Je n’y crois pas et je ne pense pas qu’en aucun moment je puisse dire, surtout de moi-même, " je suis sauvé ". Au contraire, " mes fautes sont constamment devant moi " (Psaume 50), comment oserai-je penser que je suis sauvé ? En ceci, je suis beaucoup influencé par certains apophtegmes des Pères du désert, par exemple :

Une frère qui avait commis un péché fut chassé de l’église par le prêtre. Alors abba Bessarion se leva et sortit avec lui en disant : " Moi aussi, je suis un pécheur. " (Abba 326)

Un jour un frère commit une faute à Scété. Il y eut un conseil et on envoya chercher abba Moïse. Mais il ne voulait pas venir. Le prêtre lui envoya donc dire : " Viens, car tout le monde t’attend. " Alors, s’étant levé, il s’en alla prendre une corbeille percée, la remplit de sable et l’emporta sur son dos. Les autres, sortis à sa rencontre, lui dirent : " Qu’est-ce que ceci, Père ? " L’ancien leur dit : " Mes péchés coulent à flot derrière moi et je ne les vois pas, et je viens aujourd’hui pour juger des fautes d’autrui. " Ayant entendu cette parole, ils ne dirent rien au frère mais lui pardonnèrent. (Abba 327)

On disait d’abba Sisoès que, lorsqu’il fur près de mourir, les Pères étant assis auprès de lui, son visage brilla comme le soleil. Et il leur dit : " Voici qu’abba Antoine vient. " Et après un petit moment il dit : " Voici que le coeur des prophètes vient. " Et de nouveau son visage brilla avec plus d’éclat et il dit : " Voici que le choeur des apôtres vient. " Et son visage redoubla encore d’éclat et voici qu’il paraissait parler avec quelques interlocuteurs. Et les anciens lui demandèrent : " Avec qui parles-tu, Père ? " Il dit : " Voici que les anges viennent me prendre, et je supplie qu’on me laisse faire un peu pénitence. " Les anciens lui dirent : " Tu n’a pas besoin de faire pénitence, Père. " Mais il leur dit : " En vérité, je n’ai pas conscience d’avoir commencé. " Et tous reconnurent qu’il était parfait. Et à nouveau son visage redevint subitement comme le soleil, et tous furent saisis de crainte. (Abba 375)

Un frère dit a abba Théodore : " Dis-moi une sentence, car je suis perdu. " Avec effort l’ancien lui dit : " Je suis moi-même en péril, que pourrais-je te dire ? " (Abba 185)

Puis il y S. Antoine qui visitait le fameux cordonnier d’Alexandrie pour lui demander ce qu’il faisait qui était si agréable à Dieu. Le cordonnier lui répondit tout simplement qu’il regardait tous les gens qui passaient dans la rue en se disant, " Tous seront sauvés, moi seul je serais condamné ".

Je pense aussi à la phrase de S. Silouane, vers la fin de sa vie : " Je suis un pécheur endurci, et pourtant j’ai vu le grand amour et la miséricorde du Seigneur à mon égard " (Livre du Père Sophrony, p. 255).

SCHISME – SÉPARATION DES ÉGLISES 1054

La date de 1054 est certainement reconnu comme celle qui a marqué la formalisation de la rupture entre l’Église d’Orient et celle d’Occident et le filioque était la cause théologique principale. Mais derrière le filioque était la question de l’autorité du Pape – les Églises d’Orient n’ont jamais accepté que le Pape avait une primauté de juridiction sur toute l’Église. Je vous envoie ici-bas un texte qui présente ces questions succinctement. Pour plus d’information, vous pouvez consulter les livres suivants :

Meyendorff, Jean, L’Église orthodoxe hier et aujourd’hui. Seuil, 1995.

Ware, Timothy, L'Orthodoxie : L'Église des sept conciles. Desclée de Brouwer, 1998.

Lossky, Vladimir, Essai sur la théologie mystique de l'Église d'Orient. Cerf, 1990.

Meyendorff, Jean, Initiation à la théologie byzantine. Cerf, 1975.

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Une petite commentaire concernant le geste mutuel du pape Paul VI et le patriarche Athenagoras sur les " excommunications " de 1054 : il s’agit certainement d’un moment historique qui démontrait avant tout une bonne volonté de part et d’autre de chercher à rétablir l’unité des deux grandes parties du christianisme… mais qui n’a pas pour autant rétablit la pleine communion entre les Églises. On ne peut que prier que l’Esprit-Saint continuera à guider les responsables des Églises vers cette unité qui faisait l’objet de la grande prière sacerdotale du Christ lors de la Dernière Cène : sans doute en anticipation que la tunique tissée d’une seule pièce allait tôt ou tard être déchirée par la faiblesse humaine.

SECTES DANS L’ORTHODOXIE

Normalement on ne parle pas de " sectes " issues de l’Église orthodoxe, mais il existe des groupes " schismatiques " c’est-à-dire qui ne sont pas en communion avec les Églises canoniques, celles qui sont en communion entre elles et avec l’Église de Constantinople. Des groupes ou même des Églises entières se sont séparées des Églises canoniques souvent pour des raisons plus de rituels, de discipline ou de forme, que de dogme – ce qui ferait des " hérétiques " plutôt que des " schismatiques ".

Les groupes les plus importants sont les " Vieux-Croyants " et les " Vieux-Calendristes ". Les " Vieux-Croyants " (en russe, raskolniki , en anglais, Old Believers) de la Russie sont issus d’une rupture à l’intérieur de l’Église russe vers 1652 suite aux réformes liturgiques entreprises, assez maladroitement, par le Patriarche Nikon. Le chef de file des opposants à ces réformes était le prêtre Avvakum (1620-1682). Vous trouverez des références à ce groupe dans les livres d’histoire de l’Église russe.

Les " Vieux-Calendristes " ont leur origine en l’opposition à l’adoption du " Nouveau calendrier " (c’est-à-dire le calendrier grégorien) pour usage liturgique par certaines Églises orthodoxes, notamment l’Église de Grèce, dans les années 1920. Ces groupes voyaient dans cette réforme une atteinte à la pureté de l’orthodoxie, par l’introduction d’un élément occidental.

D’autres Églises ou groupes sont issus d’Églises-mères pour divers raisons, par exemple, la rupture des liens canoniques (c’est le cas de l’Église de la Macédoine actuellement, qui s’est déclarée indépendante de l’Église serbe, dont elle relevait autrefois). Un cas plus complexe est celle de l’Église russe hors-frontières, établie en Europe occidentale et l’Amérique du Nord après la Révolution russe et suite à l’attitude compromettante d’une partie de l’hiérarchie de l’Église russe par rapport au pouvoir communiste dans les années 1920.

SEMAINE SAINTE

Merci pour votre courriel. Les offices orthodoxes du rite byzantin sont très riches pendant la Semaine Sainte et à partir du Jeudi Saint, l’horaire habituel est inversé : les vêpres sont célébrés le matin et les matines le soir. Voici un horaire typique (monastère de la Protection-de-la-Mère-de-Dieu au Québec (http://www.pagesorthodoxes.net/ressources/monastere-protection.htm)) :

Lundi 9 avril : Matines de l’Époux  7.00 h
Tierce, Sexte, None et Typiques  11.00 h
Vêpres  17.00 h

Mardi 10 avril : Matines de l’Époux  7.00 h
Tierce, Sexte, None et Typiques  11.00 h
Vêpres  17.00 h

Mercredi 11 avril : Matines de l’Époux  7.00 h
Tierce, Sexte, None et Typiques  11.00 h
Vêpres et Matines du Jeudi Saint  17.00 h

Jeudi 12 avril : Vêpres et Liturgie de St Basile  10.00 h
Matines (les 12 Évangiles de la Passion)  17.00 h

Vendredi 13 avril : Heures Royales  9.00 h
Vêpres de l’Épitaphios  15.00 h
Matines (Funérailles du Christ)  19.00 h

Samedi 14 avril : Vêpres et Liturgie de St Basile  9.00 h
Vigile Pascale  22.00 h

Dimanche 15 avril : Vêpres Pascales  15.00 h

La " Descente de la Croix " est célébrée aux vêpres du Vendredi Saint, mais je ne trouve pas de référence à la " voile de Véronique " - c’est plutôt une tradition occidentale. Dans la tradition orthodoxe, on parle cependant de l’icône " non faite de main d’homme " : c’est une icône de la Sainte Face du Christ, un peu l’équivalent orthodoxe du Sueur de Turin.

Vous trouverez peut-être une allusion à cela dans l’office des " éloges funèbres " (ci-haut appelé " Funérailles du Christ ").

SEXUALITÉ – MASTURBATION

Nous avons consulté un prêtre orthodoxe au sujet de votre demande d’information concernant ce qui pourrait être une réponse de la Tradition orthodoxe sur une question d’éthique sexuelle, à savoir ce que disent les confessions chrétiennes du geste de la masturbation. Cela dans le cadre de votre étude ayant comme hypothèse qu’" un sexologue ne doit pas modifier sa prise en charge des consultants selon leur implication religieuse ", et comme " unité de mesure " : " la proposition sexologique d'une gestuelle de type masturbatoire auprès de femmes catholiques soufrant d'anorgasmie ". Voici donc sa réponse (traduite de l’anglais) :

De façon générale, l’approche orthodoxe aux questions éthiques est maximaliste, dans le sens où nous visons dans notre vie d’imiter les saints, ou mieux encore, Jésus, le seul vrai Homme et vrai Dieu. La vocation de l’homme n’est pas moins que la théosis, devenir par la grâce ce que Dieu est en son essence. L’Écriture nous dit : " Vous donc, vous serez parfaits comme votre Père céleste est parfait " (Matthieu 4, 48).

L’Orthodoxie considère le péché comme " rater la cible " (du grec, amarteia, manquer de donner un juste témoignage) : c’est-à-dire, penser, parler et agir d’une façon s’éloignant en quelque sorte de ce qui est parfait.

La sexualité fait partie intégrale de la personne humaine. Nous sommes des êtres à la fois physiques et spirituels et le corps et l’esprit sont essentiellement saints et bons – quoique ternis par le péché. Ainsi, la sexualité, y compris la sexualité génitale, est aussi sainte et bonne. La sexualité génitale s’approche le plus de la perfection lorsqu’elle fait partie (et elle y joue un rôle très important) de la croissance physique, émotive et spirituelle d’un couple en communion entre eux-mêmes et avec Dieu.

Il est évident que la masturbation est loin de ce critère. Néanmoins quelque bien peut se produire de tels gestes – ce qui est généralement vrai de beaucoup de nos actes lorsque nous ratons la cible. Lorsque nous cherchons, dans l’humilité et la pénitence, de marcher à la suite du Christ, " Nous savons qu’avec ceux qui l’aiment, Dieu collabore en tout pour leur bien [éventuellement], avec ceux qu’il a appelé selon son dessin " (Romains 8, 28).

L’élan pour l’activité sexuelle est très puissant et très difficile à maîtriser. À mon avis, la masturbation peut bien être un moindre mal pour ceux qui autrement seraient consumé par le désir sexuel sans avoir la possibilité de le satisfaire sans s’engager dans des rapports interpersonnels dont le principal caractéristique serait la sexualité génitale (ce qui mène habituellement à des maux encore plus graves). On pourrait considérer la masturbation comme étant moins loin de la cible lorsque ce geste est utilisé en thérapie afin d’aider la femme, par le biais de meilleurs relations conjugales avec son partenaire pour la vie, à atteindre une union plus intime qui serait autrement le cas.

Cependant, il faut certainement être prudent. On doit être conscient qu’un moindre mal ne constitue pas un bien et que nous devons continuer à avancer, dans l’humilité et la pénitence, motivés par l’amour de Dieu, des autres et de nous-mêmes, vers une vie qui exprime de plus en plus parfaitement l’image divine en nous et qui reflète l’essence amoureuse du Créateur, Rédempteur, Donateur de Vie et Sanctificateur.

Je dois souligner que cette réponse est celle d’un prêtre orthodoxe engagé dans la pastorale et qu’un autre prêtre orthodoxe pourrait bien donner une réponse différente, qui serait aussi dans le cadre de la Tradition orthodoxe. L’" économie " fait partie de la tradition de l’Église orthodoxe, " économie " dans le sens qu’une réponse à une situation précise peut dévier de l’idéal en fonction des besoins des personnes concernées en vue de leur salut, sans que cette déviation ne devient une règle générale.

SIGNE DE CROIX

QUESTION/COMMENTAIRE : J'étais dans l'église russe , un après-midi, et j'ai entendu une personne qui était à l'accueil répondre à une question que des touristes, probablement catholiques, lui avaient posée :" Nous faisons le signe de Croix "à l'envers" parce que le Fils est assis à la droite du Père ..." Cela, je le sais, bien sûr, de même que les trois doigts qui symbolisent la Sainte Trinité et les deux autres rappelant la divinité et l'humanité du Christ. Donc, nos frères orthodoxes nomment le Père sur la verticale en touchant le front, le Fils en touchant l'épaule droite et le Saint Esprit en touchant l'épaule gauche. En fait, à la réflexion, cela donne au signe de Croix un " saint équilibre " si je puis parler ainsi . Equilibre qui nous " rééquilibre" intérieurement : on adhère à cette Croix dont on se signe et on se redresse et on se tient debout pour se mettre en présence de Dieu. J'ai vérifié cela en le faisant sur moi plusieurs fois .Et, j'ai pensé que nous, catholiques, nous ne réfléchissions pas assez au geste que nous faisons et que nous le bâclons : pour nous, le Père se situe sur le front et, la plupart du temps, le Fils se retrouve sur le ventre et le Saint -Esprit sur l'épaule gauche et la droite ( ou la droite devient le support de l'Amen ! ) Confusément cela me laissait un peu perplexe mais je n'avais pas vraiment réfléchi à la question. Oh! la, la, il y a du travail à faire ! Je suis donc revenue chez moi et j'ai posé la question à mes proches et à des catéchistes dont c'est le premier enseignement en catéchèse : " Comment faites-vous le signe de Croix ?" "Savez-vous comment le font nos frères orthodoxes ?"Ah!...Ils marquent tous un temps d'arrêt et restent un instant perplexes : ils le savent que les orthodoxes font le signe de Croix " à l'envers "! Mais ils ne se sont jamais demandé pourquoi. Eh! bien, je vous assure que cela déclenche un étonnement et une réflexion, un enseignement bien plus fructueux que la lecture de gros bouquins de théologie. Comme quoi, une petite phrase dite comme ça à voix basse dans une église peut porter des fruits d'évangélisation bien au delà de ce que nous pouvons imaginer : elle se répercute à l'infini.... Alors, maintenant, nous prenons le temps d'intérioriser le geste que nous faisons même si nous faisons une erreur quant à la place du Fils, et le Fils et l'Esprit se placent de chaque côté comme" les deux Mains du Père" comme le dit Saint Irénée et ...cette intériorisation nous met en saine et sainte communion avec nos frères orthodoxes. Mon ami Prêtre auquel j'en ai parlé ce matin m'a dit: " Mais ce sont eux qui ont raison : nous faisons le signe de Croix dans l'autre sens depuis le schisme qui nous a séparés en deux Eglises. Nous avons voulu nous démarquer d'eux de cette façon . Moi, quand je suis seul, je fais le signe de Croix comme le font les orthodoxes parce que c'est comme cela qu'il faudrait le faire…! "

RÉPONSE : Les orthodoxes font souvent le signe de croix pendant les offices liturgiques et devant les icônes. Mémorial de la Passion du Seigneur, le signe de croix est aussi un symbole trinitaire et il évoque également la croix que doit porter celui qui suit le Christ. Pour faire le signe de croix, les orthodoxes joignent le pouce, l’index et le majeur de la main droite, pour symboliser la Sainte Trinité, un seul Dieu en trois Personnes ; l’annulaire et le petit doigt sont pliés et reposent sur la paume, symbolisant les deux natures du Christ, vrai Dieu et vrai Homme. Le toucher du front nous rappelle le Père, le thorax, le Fils et les épaules, l’Esprit Saint. Pendant les offices et la Divine Liturgie, on fait le signe de croix souvent, par exemple, aux mentions de la Sainte Trinité, aux intercessions des litanies, aux paroles de la consécration et de l’épiclèse et pendant le Symbole de foi.

Tous les Orthodoxes ne voient pas les gestes de la même façon ! En fin de compte, c’est le souvenir du sens de la Croix et la mention de la Sainte trinité qui sont importantes, pas si le Fils est salué ici ou là sur le corps. En ce qui concerne la " précédence " de l’épaule droite ou de l’épaule gauche, j’ai déjà entendu une explication qui suggère qu’ainsi que la droite signifie la miséricorde et la gauche la rigueur ou la loi, ainsi dans l’Église orthodoxe la miséricorde doit primer sur la rigueur… Mais il ne faut pas attacher trop d’importance à ce type d’interprétation !

SLAVON TRANSLITTÉRÉ

A ma connaissance, la Divine Liturgie n’existe pas sur internet en slavon translittéré. On trouve ici et là quelques prières, par exemple le Notre Père :

Ot-che nash,

Ee-zhe ye see na nye-bye-sekh!

da svya-tee-tsya ee-mya Tvo-ye, da pri-ee-dyet Tsar-stvi-ye Tvo-ye:

da boo-dyet vol-ya Tvo-ya, ya-ko na nye-bye-see ee na zem-lee.

Khleb nash na-soosch-nui dazhd nam dnyes:

ee o-sta-vee nam dol-gee na-shya, ya-ko-zhe ee mui o-sta-vlya-yem dol-zhnee-kom na-shuim:

ee nye vvye-dee nas vo ees-koo-shye-ni-ye,

no eez-ba-vee nas ot loo-ka-va-go.

à la page : http://www.orthodox.net/services/our-father.html.

On trouve un schéma de translittération du slavon (il y en a plusieurs…) à la page :

http://justin.zamora.com/slavonic/alphabet/transliteration.html .

Il existe par contre, des textes imprimés, par exemple anglais/slavon translittéré. Une référence anglais/slavon translittéré :

You might tracking down the Byzantine Catholic Liturgy book :

"The Divine Liturgy," A Book of Prayer, by Rev. Wm. Levkulic, 1978, Byzantine Seminary Press.

This book is a bi-lingual liturgy book, plus the Sunday/Feastday Tones, Propers in both English and transliterated slavonic

Le livre suivant contient certaines parties de la Divine Liturgie en français, slavon translittéré et grec translittéré :

Manuel Byzantino-Greco-Slave à l’usage des fidèles de rite latin, Ernest Vidal, Genève, 1960.

Vous trouverez peut-être d’autres références avec les mots suivants dans Google : divine liturgy slavonic transliterated.

SOUFFRANCE – RÉCONFORT

La souffrance du juste : c’est la plainte du juste Job, qui, même s’il accepte ses pertes, ses humiliations, ses souffrances – comme venant de Dieu – ,néanmoins questionne Dieu : pourquoi dois-je souffrir, puisque je suis juste ? Il se croit justifié, par sa vie exemplaire… Mais même une vie sainte n’offre aucune assurance contre les malheurs – un problématique évidente dans les Psaumes : je n’ai jamais vu le juste mendier son pain… ; nombreuses sont les tribulations des justes ; à quoi le psalmiste ajoute aussitôt : mais de toutes le Seigneur les a délivrées (Ps 33)

Les paroles du Christ lors des miracles de la guérison de l’aveugle-né (Jean 9, 1-41) et de l’infirme de la piscine de Bethesda contiennent des clés nous permettant de mieux comprendre le sens de la souffrance. En réponse à la question des disciples, " Qui a péché, lui ou ses parents, pour qu’il soit né aveugle ? ", Jésus répond : " Ni lui ni ses parents n’ont péché, mais c’est pour qu’en lui se manifestent les œuvres de Dieu ". Par contre, à l’infirme guéri à la piscine de Bethesda, Jésus dit : " Te voilà guéri ; ne pèche plus désormais : il t’arriverait pis encore " (Jn 5,14). Sans dire que l’infirmité ait été la conséquence du péché, Jésus avertit l’infirme que sa guérison l’engage à se convertir et qu’à l’oublier il risquerait pire que son infirmité passée.

Les paroles de Jésus lors de ces deux miracles nous suggèrent et qu’il n y a pas de lien nécessaire entre la souffrances – ici symbolisée par des infirmités – et le péché, mais qu’il peut y en avoir. Nous sommes donc renvoyés à des considérations plus générales : comment, par exemple, les œuvres de Dieu sont-elles manifester dans la cécité de l’aveugle-né ? Est-ce seulement afin que Jésus puissent le guérir, montrant ainsi son pouvoir sur les lois naturelles – ce qui semblerait faire de ce malheureux une sorte de victime ? Ou y a-t-il un sens plus significatif, lié au salut personnel et au salut de la communauté, c’est-à-dire de ceux qui sont proches du souffrant ? C’est justement dans la souffrance – et ne souffrons-nous pas tous ? – que nous pouvons manifester notre foi, notre confiance dans le Seigneur. Non seulement celui qui souffre, mais aussi ceux qui l’entoure : ses proches (famille et amis), les soignants… La foi, la vraie foi, exige non seulement que nous nous sommes pas révoltés devant la souffrance, même d’un " juste " ou un innocent (par exemple, des enfants), mais que nous acceptions, en toute humilité, que la souffrance a un sens que peut-être nous ne voyons pas à l’instant même, et peut-être jamais. C’est une épreuve non seulement pour celui qui souffre mais pour son entourage : par la foi, l’amour, le dévouement au souffrant, le Seigneur nous offre autant d’occasions de faire preuve de la sincérité et la profondeur de notre foi : " Quiconque accueille ce petit enfant à cause de mon Nom, c’est moi qu’il accueille, et quiconque m’accueille accueille celui qui m’a envoyé " (Luc 10, 48, nous dit le Christ. Et lui de préciser dans son tableau de jugement dernier : " J’ai eu faim et vous m’avez donné à manger, j’ai eu soif et vous m’avez donné à boire, j’Étais un étranger et vous m’avez accueilli, nu et vous m’avez vêtu, malade et vous m’avez visité… (Matthieu 25,35-36).

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Nous avons été informé que vous êtes très malade. Nous prions le Seigneur de vous accorder en abondance sa Grâce et sa Lumière divines en ce temps difficile de votre vie.

Dans notre Église, nous prions souvent que Dieu nous accorde " d’achever notre vie dans la paix et la pénitence, " et aussi " une fin chrétienne, sans douleur, sans honte, paisible, et notre justification devant son trône redoutable ". Nous avons confiance que ceci est possible parce que " Dieu est Amour " (1 Jean 4, 8) et il nous aime d’un amour que nous ne pouvons imaginer. La preuve de cet amour, c’est l’Incarnation, la vie, la Passion et la mort de Jésus Christ, le Fils unique de Dieu, engendré du Père avant tous les siècles. C’est Jésus lui-même qui nous a dit : " Je suis avec vous pour toujours, jusqu’à la fin du monde " (Matthieu 28, 20). Il nous demande de lui rester fidèle à notre engagement baptismale envers lui jusqu’à la fin, afin que nous puissions, nous aussi, en bons serviteurs, entrer dans la joie de notre Maître (cf. Matthieu 25, 21).

Nous vivons tous dans cette vie des moments de souffrance, souffrance physique, psychologique et spirituelle. La souffrance elle-même n’a pas de valeur spirituelle, ce qui importe c’est notre attitude envers la souffrance. Jésus a été crucifié avec deux larrons ; tous ont souffert la même peine. Un des larrons est resté méfiant et hostile, l’autre a reconnu sa faute et a demandé pardon, par la simple parole : " Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton royaume " (Luc 23, 42). La souffrance de l’un n’a servi à aucun fin utile, de l’autre à son salut. Une attitude de patience, d’humilité et d’acceptation dans la souffrance nous permet de transformer la souffrance en lumière, sachant que Dieu est avec nous, même dans ces moments les plus pénibles de nos vies. Le Psaume 23, " Le Seigneur est mon berger ", exprime merveilleusement cette attitude de confiance et d’abandon dans le Seigneur, et il apporte un grand réconfort dans des moments difficiles :

Le Seigneur est mon berger : 
je ne manquerai de rien,
il me fait reposer dans de verts pâturages.
Il me mène près des eaux tranquilles :
il y restaure mon âme.
Il me conduit dans les chemins de la justice,
pour l’honneur de son Nom.
Quand je marche dans le chemin 
de l’ombre de la mort,
je ne crains aucun mal car tu es avec moi :
ta houlette, ton bâton me rassurent.
Tu dresses devant moi une table 
face à mes adversaires,
tu oins d’huile ma tête et ma coupe déborde.
Ta miséricorde m’accompagnera 
tous le jours de ma vie,
j’habiterai pour de longs jours 
la maison du Seigneur.

SOUS TA MISÉRICORDE – SUB TUUM

L’hymne à la Mère de Dieu que vous avez entendue est peut-être celle connue par ses deux premiers mots en latin, Sub tuum (prasidium), qui, bien ne faisant pas partie des offices byzantins, est souvent utilisés pour clore certains offices, notamment les vêpres. Voici trois traductions :

Sous ta protection, nous cherchons refuge, sainte Mère de Dieu. 
Ne refuse pas nos prières dans nos besoins, 
mais sauve-nous de tout danger, Vierge glorieuse et bénie

Sous ta miséricorde, nous trouvons refuge,
Vierge Mère de Dieu ; ne méprise pas les prières
que nous t’adressons au milieu de tant de peines,
mais délivre-nous de tout danger,
seule Vierge si pure, entre toutes bénie.
Très-sainte Mère de Dieu, intercède pour nous.

Sous l’abri de ta miséricorde,
nous nous réfugions, ô Mère de Dieu.
Intercède sans cesse pour ceux qui te prie
et délivre-nous du péril, seule chaste et bénie.
Très-sainte Mère de Dieu, sauve-nous (3 fois).

Cette hymne est connue surtout d’après la version latine :

Sub tuum praesidium congugimus, sancta Dei Genitrix:
nostras deprecationes ne despicias in necessitatibus,
sed a periculis cunctis libera nos semper, Virgo gloriosa et benedicta.

En ce qui concerne une mélodie pour cette office, pour le moment je ne puis vous aider, mais je ferai une recherche supplémentaire. Nous la chantons ici à Rawdon au Québec à la fin des vêpres, dans une mélodie adaptée d’une mélodie slave, mais nous n’avons pas de partition. Sans doute au monastère Saint-Antoine-le-Grand, on chante la prière en ton byzantin.

Si ce n’est pas cette prière que vous avez entendu, écrivez-moi de nouveau, peut-être en indiquant par exemple, à quel moment et à quel office vous l’avez entendue.

La " Paraclisis " est un office d’intercession à la Mère de Dieu ; vous trouverez le texte complet à la page :

http://www.pagesorthodoxes.net/mere-de-dieu/md-paraclisis.htm .

Voici un texte en anglais qui parle de cette prière :

The Sub Tuum - The Oldest Marian Prayer

http://www.maristoz.edu.au/spirituality/sub_tuum.html

STICHÈRE

Ce qu’on nomme tropaires, kondakia, apostiches et stichères dépend de leur utilisation ou de leur emplacement dans les offices – ce sont tous des courts strophes sur le sens de la fête en question, une fête du Christ, de la Mère de Dieu, ou d’un saint. Plus particulièrement, les stichères : (n.m.) : Originellement versets de psaumes, puis strophes intercalées entre les derniers versets des psaumes aux vêpres et aux matines. On trouve les stichères dans l’Octoèque, le Triode, le Pentecostaire et/ou les Ménées, selon le calendrier liturgique.

STARETS

Une petite précision concernant l’utilisation du mot " starets ". Nous l’utilisons surtout à l’égard des grands saints russes, par exemple justement comme s. Séraphim et s. Silouane, que vous mentionnez, et les saints starets du monastère d’Optino. C’est presque l’équivalent de dire " saint ". Sans doute que la désignation de starets est utilisée au Mont Athos et ailleurs pour un moine qui est reconnu comme conseiller ou père spirituel dans un monastère, mais pas à ma connaissance ici ou en Europe occidental. Nous appellerons plutôt " père spirituel " celui qui conseille d’autres personnes sur la vie spirituel.

Les titres propres à P. … sont donc plutôt " Hiéromoine " (un moine qui est prêtre) et " Higoumène " (le supérieur ou Père abbé d’un monastère).

Dans la tradition orthodoxe, le rapport de paternité spirituelle s’établit avant tout par le ou les " enfants spirituels ", qui demandent à un homme (pas nécessairement un prêtre) ou une femme d’être son père ou sa mère spirituelle. Je vous suggère de lire quelques uns des textes sur la paternité spirituelle aux Pages Orthodoxes La Transfiguration, si vous ne l’avez pas déjà fait, pour plus d’informations à ce sujet.

TEMPS LITURGIQUES – OCCIDENT/ORIENT

Mercredi des Cendres : Dans la tradition de l’Église catholique romaine, c’est le mercredi du début du temps de Carême, la période de 40 jours qui précède la Semaine sainte et Pâques. Les " cendres " sont un office pendant lequel le prêtre fait un signe de croix avec de la cendre sur le front des fidèles. C’est un rappel de notre mortalité dans cette vie, d’après la parole de Dieu à Adam en le chassant du Paradis : " Tu es glaise (ou poussière) et tu retourneras à la glaise " (Genèse 3, 19). Le Carême est un temps de repentance pour nos fautes et de prière intensifiée. Dans l’Église orthodoxe, c’est un temps de jeûne, alors que la pratique du jeûne a été largement abandonnée dans l’Église catholique.

L'Immaculée Conception : L’expression peut se référer à la conception virginale, par l’action de l’Esprit Saint, de Jésus Christ dans le sein de la Vierge Marie, mais plus typiquement il se réfère à la doctrine de l’Église catholique selon laquelle la Vierge Marie a été exemptée du péché original – ceci d’Adam, transmis à tous ses descendants, selon la doctrine catholique. L’enseignement de l’Église orthodoxe est un peu différente : l’Église orthodoxe n’accepte pas la doctrine de l’Immaculée Conception, telle qu’énoncée par l’Église catholique, mais considère que la Vierge Marie a été exempte de péché personnel, tout en subissant les conséquences du péché originel, notamment une nature incline au mal et la mortalité ; la Vierge Marie partage donc le sort de tous les descendants d’Adam et c’est par son mérite personnel qu’elle a été digne d’être la Mère du Christ.

Fête du Christ-Roi : C’est une fête de l’Église catholique, inconnue dans l’Église orthodoxe. La fête est célébrée depuis 1925 le 34e et dernier dimanche du temps ordinaire, donc vers la fin novembre. C’est un hommage solennel à celui qui s'est livré pour nous jusqu'à la mort et qui prépare à la nouvelle année liturgique qui commence avec l'Avent le dimanche suivant. La fête rappelle l’échange entre le Christ et Pilate le Vendredi saint : " Alors Pilate rentra dans son palais, appela Jésus et lui dit : " Es-tu le roi des Juifs ? " Jésus lui demanda : " Dis-tu cela de toi-même, ou bien parce que d'autres te l'ont dit ? Pilate répondit : " Est-ce que je suis Juif, moi ? Ta nation et les chefs des prêtres t'ont livré à moi : qu'as-tu donc fait ? " Jésus déclara : " Ma royauté ne vient pas de ce monde ; si ma royauté venait de ce monde, j'aurais des gardes qui se seraient battus pour que je ne sois pas livré aux Juifs. Non, ma royauté ne vient pas d'ici. " Pilate lui dit : " Alors, tu es roi ? " Jésus répondit : " C'est toi qui dis que je suis roi. Je suis né, je suis venu dans le monde pour ceci : rendre témoignage à la vérité. Tout homme qui appartient à la vérité écoute ma voix. " (Evangile selon Saint Jean, 18, 33-37).

Les quatre dimanches de l'Avent : Le temps de l’Avent précède la fête de Noël, la naissance du Christ, célébrée le 25 décembre ; c’est la deuxième plus importante fête liturgique, après Pâques, qui célèbre la Résurrection du Christ. Dans la tradition catholique, il s’agit des quatre semaines avant Noël et dans la tradition orthodoxe, Noël est précédée d’une période de jeûne de 40 jours, commençant le 15 novembre.

Le dimanche des Rameaux : C’est le dimanche qui précède Pâques. On commémore l’entrée du Christ triomphale à Jérusalem, évènement bien décrit dans les Évangiles, par exemple dans Mathieu (Mt 21, 1-17) : " En ce temps-là, ils s'approchèrent de Jérusalem et arrivèrent en vue de Bethphagé, au mont des Oliviers, alors Jésus envoya deux disciples en leur disant : " Rendez-vous au village qui est en face de vous ; et aussitôt vous trouverez, à l'attache, une ânesse avec son ânon près d'elle ; détachez-la et amenez-les-moi. Et si quelqu'un vous dit quelque chose, vous direz : "Le Seigneur en a besoin, mais aussitôt il les renverra". " Ceci advint pour que s'accomplît l'oracle du prophète : Dites à la fille de Sion : Voici que ton Roi vient à toi ; modeste, il monte une ânesse, et un ânon, petit d'une bête de somme. Les disciples allèrent donc et, faisant comme leur avait ordonné Jésus, ils amenèrent l'ânesse et l'ânon. Puis ils disposèrent sur eux leurs manteaux et Jésus s'assit dessus. Alors les gens, en très nombreuse foule, étendirent leurs manteaux sur le chemin ; d'autres coupaient des branches aux arbres et en jonchaient le chemin. Les foules qui marchaient devant lui et celles qui suivaient criaient : " Hosanna au fils de David ! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! Hosanna au plus haut des cieux ! " Quand il entra dans Jérusalem, toute la ville fut agitée. " Qui est-ce ? " disait-on, et les foules disaient : " C'est le prophète Jésus, de Nazareth en Galilée. " "

Les " rameaux " sont donc les branches de palmier que tenaient ceux qui accompagnaient Jésus à ce moment-là ; elles symbolisent le sacré, la justice, la beauté et la sagesse. Les juifs agitaient des rameaux en signe de joie à la fête des Tentes ou pour le triomphe d’un chef victorieux. Voir aussi la page au site des Pages Orthodoxes La Transfiguration  : Entrée du Christ à Jérusalem.

La veillée pascale : C’est la célébration de la Résurrection du Christ, ou " Pâques ", la plus importante fête chrétienne. Dans la tradition ancienne, on commençait la célébration à minuit et les offices continuaient jusqu’au matin ; de nos jours, beaucoup d’églises retiennent le début des offices à minuit, mais pour des raisons pratiques, d’autres commencent dans la soirée du samedi saint et d’autres célèbrent Pâques seulement le dimanche matin. Vous trouverez les principaux offices orthodoxes de Pâques aux pages :

Résurrection du Christ - La Grande et Lumineuse Pâque et : Canon Pascal de Saint Jean Damascène

TITRES RELIGIEUX

TITRE DÉFINITION/EXPLICATION ÉGLISE ROMAINE
Patriarche Titre des premiers hiérarques des quatre Églises orientales autocéphales les plus anciennes (Constantinople, Alexandrie, Antioche et Jérusalem), et de quatre plus récentes (Moscou, Belgrade, Bucarest et Sofia). Le seul vrai " Patriarche " de l’Église romaine est le Pape de Rome – qui était compté parmi les " Patriarches " de l’Église indivise (avant la séparation de 1054.)
Métropolite (grec : metropolis " capitale ") Généralement, évêque de la capitale (ville principale ou métropole) d’une province ecclésiastique (métropolie), surtout dans l'Église orthodoxe russe. Aussi archevêque dans certaines Églises ou chef de quelques Églises autocéphales. L’équivalent le plus proche sera peut-être " Archevêque " ; mais il n’y a pas d’équivalence pour le chef d’une Église autocéphale ou autonome.
Archimandrite (lit. " chef du troupeau ") Supérieur d’un monastère, synonyme de higoumène. Aujourd’hui souvent aussi un titre honorifique accordé à un moine prêtre. Abbé ou supérieur d’un monastère. Je ne connais pas d’équivalent pour son usage honorifique.
Presbyte, protopresbyte, hiéropresbyte Presbyte : (lit. " ancien, aîné ") Mot du N.T. pour désigner celui qui présidait les assemblées des chrétiens – qui sont devenus les évêques et les prêtres. Mot utilisé pour désigner " prêtre " ; les " proto " et " hiéro " seraient plus honorifiques. Le seul titre honorifique qui peut être conféré à un prêtre catholique que je connais est " chanoine " (cf. Petit Larousse).
Héiromoine (du grec hiéreus " prêtre-sacrificateur ") Moine prêtre. Aussi hiérodiacre, moine-diacre. Inconnu. Dans le monachisme occidental, la plupart des moines sont prêtres.

Quelques-unes de ces définitions sont tirées de la nouvelle version augmentée du " Lexique orthodoxe ", des Pages Orthodoxes La Transfiguration.

La présence orthodoxe en France est caractérisée, comme pour tous les pays de la " diaspora " orthodoxe, par des diocèses relevant de différentes juridictions canoniques, généralement celle des pays d’origine des groupes d’immigrants. L’appellation " Église orthodoxe de France " désigne une Église en particulier, qui a une majorité de français " de souche " parmi ses fidèles et clergé. Elle est aussi connue par le sigle " ÉCOF " (le " C " étant " Catholique "). Vous trouverez son site à l’adresse suivante : http://www.a2points.com/homepage/orthodoxie/

THÉOPHANE LE RECLUS

En ce qui concerne les œuvres de saint Théophane le Reclus, en fait, très peu est disponible en français, à part le livre de Chariton, que vous mentionnez. Cependant, j’ai trouvé les références suivantes :

F. Bossuyt: Théophane le Reclus (1815-1895). Sa doctrine sur l'oraison. Rome 1959; - T. Spidlík: La doctrine spirituelle de Théofane le Reclus. L' Œuvre et l'Esprit. Rome 1965 (OCA 172); -

Ceci dans une bibliographie en allemand, à l’adresse :

http://www.bautz.de/bbkl/f/feofan_za.shtml

Il y a quelques lettres de s. Théophane à l’adresse :

http://perso.wanadoo.fr/stranitchka/index_Th_le_Reclus.html

Voici un nouveau livre qui vient d’être publié :

Feofan Zatvornik (saint) ; 1815-1891 ; nom relig.)
Pour garder la flamme : instructions aux moniales sur les obligations de leur vie monastique : [8 juin 1859-10 juillet 1864] / saint Théophane le Reclus ; trad. du russe par sœur Svetlana Marchal. - Lausanne ; [Paris] : l'Âge d'homme, 2001 (58-Clamecy : Impr. Laballery). - 116 p. : ill., couv. ill. ; 21 cm. - (La lumière du Thabor).
DL 01-25953 (D1). - 271.981 94709034. - ISBN 2-8251-1541-X (br.) : 100 F.
Plusieurs œuvres sont disponibles en anglais, par exemple :

The Path to Salvation : A Manual of Spiritual Transformation

by St. Theophan the Recluse, Seraphim Rose (Translator), St. Herman of Alaska Brotherhood

Je vous recommande d’effectuer une " recherche avancée " dans Yahoo ou Google avec les termes " théophane le reclus " et " theophan the recluse " (en anglais) pour trouver d’autres références sur internet.

THÉOLOGIE – FOI

En ce qui concerne les éléments de la foi orthodoxe que vous mentionnez (Mère de Dieu, communion au Précieux Sang et Saint Corps du Christ, vénération des icônes), ceux-ci font partie intégrante de la foi que professe tout chrétien orthodoxe. La " nouvelle naissance " qui est accordé à tout baptisé doit être actualisé dans sa vie ; il ne s’agit pas d’un " acquit " une fois pour toutes. Une petite remarque en ce qui concerne la " transsubstantiation " : ceci est une expression de la théologie occidentale scolastique qui n’est pas utilisée dans la théologie orthodoxe. La théologie orthodoxe ne se soucie pas de vouloir " expliquer " le Mystère de l’Eucharistie en termes rationnels, mais préfère demeurer au niveau de la contemplation du Mystère du Sang et Corps du Christ dans la sainte Communion : un Mystère doit rester un Mystère.

THÉOLOGIE MYSTIQUE

La recherche que vous faites sur le " sens de la théologie " touche au coeur même de ce qu’on appelle souvent dans la tradition orthodoxe la " théologie mystique ". La " théologie " ici réfère à une connaissance expérientielle de Dieu, plutôt qu’une connaissance intellectuelle concernant Dieu. Une expression simple mais profonde de cette théologie est la phrase célèbre d’Évagre le Pontique (4e siècle) : " Si tu es théologien, tu prieras vraiment, et tu pries vraiment, tu es théologien " (Chapitres sur la prière). Toute la tradition des pères ascétiques et des grands théologiens des premiers siècles suit cette ligne de pensée et donc tous les écrits dans cette tradition, y compris les auteurs que vous citez, explorent d’une façon ou une autre cette théologie ou spiritualité. Elle est étroitement associée à l’hésychasme, mais pas limitée à la prière de Jésus, comme votre phrase pourrait laisser entendre. Elle sous-tend tous les textes qu’on trouve dans la Philocalie.

Évagre est donc un bon point de départ pour une lecture des textes fondamentaux, mais il faut le lire dans le cadre de l’évolution de la tradition. Il y un bon résumé d’Évagre dans le livre d’Élisabeth Behr-Sigel, Le lieu du cœur, pages 62 à 66, où on lit par exemple :

" Avec les Pères des grands conciles et avant les Écrits aréopagitiques [du Pseudo-Denys, notamment la Théologie mystique], Évagre affirme nettement que la véritable théologie est une connaissance expérientielle de Dieu, connaissance au-delà de toutes paroles, de toutes les constructions laborieuses de l’intelligence, connaissance qui est adoration aimante, prière pure où l’homme, en même temps qu‘il trouve Dieu, se trouve lui-même. " (p. 66).

Je recommande ce livre comme introduction à la spiritualité orthodoxe, ainsi que celui du " Moine de l’Église d’Orient ", Introduction à la spiritualité orthodoxe. Je recommande vivement aussi l’Essai sur le théologie mystique de l’Église d’Orient de Vladimir Lossky, dont l’introduction traite justement de votre question. Lossky écrit par exemple :

" Le terme " théologie mystique " ne désigne ici donc rien d’autre qu’une spiritualité exprimant une attitude doctrinale. En un certain sens, toute théologie est mystique, en tant qu’elle manifeste le mystère divin, les données de la révélation " (p. 5).

Cette conception de la théologien est souvent comparée à une conception " académique " ou " scolastique " de la théologie, un thème que Lossky explore dans son introduction.

Le nom de " théologien " est attribué par l’Église orthodoxe à trois personnes seulement : s. Jean l’Évangéliste, s. Grégoire de Naziance et s. Syméon le Nouveau Théologien (10e siècle). Cela ne veut pas dire que d’autres n’ont pas été théologiens, mais ces trois saints ont valeur d’exemples pour nous instruire que la théologie n’est pas une science intellectuelle, une spéculation rationnelle, mais une connaissance par l’expérience qui doit nous transformer.

THÉOLOGIE – RÉFÉRENCES

Pour une introduction générale à l’Orthodoxie, vous pouvez consulter le livre Rencontre avec l’Orthodoxie. Vous trouverez des informations sur le livre aux Pages Orthodoxes La Transfiguration : http://www.pagesorthodoxes.net/rencontre.htm . Il est disponible par la poste au prix de 9€00.

Pour une introduction à la théologie orthodoxe, je recommande en particulier :

Lossky, Vladimir, Essai sur la théologie mystique de l'Église d'Orient. Cerf, 1990. 250p. La théologie est avant tout expérience de Dieu, plutôt que connaissances sur Dieu. Étude classique et profonde de la tradition de la théologique " mystique " de l'Église orthodoxe à partir des Pères grecs par un des grands théologiens de l'émigration russe en France. Un livre qui invite à un approfondissement, à une conversion permanente de l'intelligence de la foi, un livre à méditer et à re-lire encore et encore.

Malheureusement, ce livre est actuellement épuisé, mais vous le trouverez peut-être en livre d’occasion et certainement en bibliothèque. Une introduction à la théologie orthodoxe, plus schématique, mais peut-être moins inspirée que Lossky, est :

Alfeyev, Hilarion (Mgr), Le mystère de la foi : Introduction à la théologie dogmatique orthodoxe, Cerf, 2001. 270p. Excellente exposé contemporain, clair et profond, des principaux éléments de la foi et de la spiritualité orthodoxes, bien appuyé par des citations des pères et des écrivains orthodoxes modernes.

En ce qui concerne le péché originel, il y a une différence importante entre l’approche de l’Église orthodoxe et celle de l’Église catholique : brièvement, la Tradition orthodoxe enseigne que le péché d’Adam était personnel et qu’il n’est pas hérité pas ses descendants ; ce que les descendants d’Adam héritent par contre sont les conséquences du péché originel, en particulier la mort et une tendance vers le péché. Vladimir Lossky et Mgr Hilarion en parlent dans leurs livres, ainsi que Mgr Kallistos Ware dans son livre L’Orthodoxie, L’Église des sept conciles (Cerf/Le Sel de la Terre, 2002).

En ce qui concerne la théologie orthodoxe, je recommande particulièrement le livre de Vladimir Lossky, Essai sur la théologie mystique de l’Église d’Orient (Cerf/Foi vivante). Voici quelques autres titres :

Evdokimov, Paul, L’Orthodoxie. Desclée de Brouwer, 1979.
Lossky, Vladimir, Essai sur la théologie mystique de l'Église d'Orient. Cerf, 1990. 
Meyendorff, Jean, Initiation à la théologie byzantine. Cerf, 1975.
Meyendorff, Jean, Saint Grégoire Palamas et la mystique orthodoxe. Seuil, 1976. 
Ware, Kallistos, Approches de Dieu dans la tradition orthodoxe. Desclée de Brouwer, 1982. 
Yannaras, Christos, La foi vivante de l’Église : Introduction à la théologie orthodoxe. Cerf, 1989.

LA TRANSFIGURATION – MONT THABOR OU MONT HERMON ?

C’est la Tradition plutôt qu’une indication biblique précise qui attribue au Mont Thabor le lieu de la Transfiguration du Christ. Le psaume 88/89 dit que " à ton Nom, le Thabor et l’Hermon tressaient de joie " (Ps 88, 13), verset retenue dans les offices byzantins de la Transfiguration. Les indications dans Matthieu 15, 13, et Marc 8, 27, situent Jésus " dans la région de Césarée de Philippe ", dans le nord de la Palestine et donc au pied du Mont Hermon. Mais les indications qui suivent, précisant que la Transfiguration a eu lieu " six jours après ", laisseraient suffisamment de temps pour Jésus et les apôtres de se rendre aux environs du Mont Thabor, une distance d’environ 80 kms. La prochaine référence géographique précise est la présence de Jésus à Capharnaüm (Mt 17, 24 et Mc 9,33), environ 30 kms du Mont Thabor.

Jusqu’au milieu du IVe siècle, il n’y a pas d’unanimité parmi les auteurs chrétiens et les Églises du site de la Transfiguration – l’Église de Jérusalem célèbre la Transfiguration sur le Mont des Oliviers. Vers la fin du IVe siècle, saints Cyrille de Jérusalem et saint Jérôme, rejoints par l’historien Eusèbe, identifient le Thabor comme la " haute montagne " en question. Les sanctuaires successifs, byzantins puis croisés, suivis des sanctuaires modernes orthodoxes (Église Saint-Élie, 1867) et catholiques (basilique de la Transfiguration, 1923), conservent et accréditent cette localisation auprès des pèlerins.

Du point de vue pratique, c’est beaucoup plus raisonnable de penser au Thabor plutôt que le Hermon comme lieu de la Transfiguration : le Thabor est un modeste monticule (588 m.) qui domine la plaine de quelques centaines de mètres seulement, alors que le Hermon est un montagne considérable, enneigée au sommet, atteignant 2 814 mètres – ce qui aurait nécessiter une véritable excursion alpiniste pour atteindre le sommet !

TRANSFIGURATION – RÉFÉRENCES

La Transfiguration du Christ occupe une place privilégiée dans la spiritualité et le calendrier liturgique orthodoxes, car elle est en quelque sorte prémisse de la transfiguration à laquelle est appellée chaque être humain. L'interprétation de cette événement de la vie du Christ est intimement liée à la doctrine de la "déification" de l'homme, ainsi qu'à la "Lumière incréée" qu'ont connue les saints hésychastes.

Pour approfondir la signification de la Transfiguration, je vous recommande quelques unes des lectures mentionnées à la page "La Transfiguration de Notre Seigneur" des PAGES ORTHODOXES - les références sont répétées ici-bas. Puisque l'icône traditionnelle de la Fête est assez fidèle aux récits évangéliques, vous trouverez sans doute des éléments qui répondent à vos questions dans les commentaires sur l'icône de la Transfiguration, ainsi que sur la Fête (par exemple les livres de Roselyne de Faraudy et de Constantin Andronikof).

QUELQUES RÉFÉRENCES SUR LA TRANSFIGURATION DU CHRIST

Anastase le Sinaïte (7e-8e siècles), Homélie sur la Transfiguration. Dans Roselyne de Feraudy, L'icône de la Transfiguration. Abbaye de Bellefontaine, 1978. Pages 125-145.
Andronikof, C., Le sens des fêtes. Cerf, 1970. Pages 225-273.
Catéchèse orthodoxe : Dieu est vivant. Cerf, 1991. Pages 85-113.
Catéchèse orthodoxe : Les fêtes et la vie de Jésus-Christ II. La Résurrection. Cerf, 1989. Pages 29-46.
Coune, Michel, Grâce de la Transfiguration d'après les Pères d'Occident. Bellefontaine, 1990.
Coune, Michel, Joie de la Transfiguration d'après les Pères d'Orient. Bellefontaine, 1985.
Dabrowski, Eugène, La Transfiguration de Jésus. Institut Biblique Pontifical: Rome, 1939.
de Feraudy, Roselyne, L'icône de la Transfiguration. Abbaye de Bellefontaine, 1978.
Jean Damascène (8e siècle), Homélie sur la Transfiguration du Seigneur. Dans Roselyne de Feraudy, L'icône de la Transfiguration. Abbaye de Bellefontaine, 1978. Pages 147-184.
Habra, Georges, La Transfiguration selon les Pères grecs. Éditions SOS, 1973.
Un Moine de l'Église d'Orient, L'an de grâce du Seigneur. Cerf, 1988. Pages 277-282.
Rousseau, Daniel, L'icône, splendeur de ton visage. Saint-Paul, 1994. Pages 181-187.

TRANSFIGURATION – LUMIÈRE INCRÉÉE

La Transfiguration c’est avant la vision du Christ en gloire, tel qu’il est réellement : en fait, c’est moins le Christ qui s’est transfiguré sur le mont Thabor, que les trois Apôtres que le Christ a permis de le voir un instant dans sa gloire. C’est une vision du " corps de gloire " que devait avoir tous les élus dans l’eschaton, le monde à venir. Je vous invite, si vous ne l’avez pas déjà fait, de méditer les textes liturgiques de la fête de la Transfiguration qui se trouve aux Pages Orthodoxes La Transfiguration (www.top.ca/users/thabor), ainsi que la réflexion du Père lev Gillet. Le site contient aussi une bibliographie relative à la Transfiguration, que vous trouverez peut-être utile.

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Dans la Tradition orthodoxe, la Transfiguration du Christ sur le Mont Thabor est considérée comme la manifestation de sa divinité que les trois Apôtres ont pu percevoir, même dans leur état d’imperfection. (Notez que le Christ ne répond pas à Pierre, qui veut construire " trois tentes " sur le Thabor et rester là ; dans l’Évangile de Luc on fait le commentaire qu’" il ne savait ce qu’il disait ", c'est-à-dire il était dans l’erreur de faire cette suggestion.) La Transfiguration est aussi vue comme une Théophanie, c'est-à-dire une manifestation du Dieu trinitaire, par la voix du Père que les Apôtres ont entendu et la présence de l’Esprit Saint sous forme de nuée ténébreuse.

Dans le monde de la chute où nous vivons, la jouissance de la lumière divine n’est pas un état normal, c’est un don divin gratuit qui est accordé à des grands saints ayant accompli une purification et une perfection qui les disposent à recevoir cette grâce. Saint Jean Climaque (VIIe siècle) dit que cette grâce est disponible à tous ceux qui suivent " l’échelle sainte des vertus ". Il ne s’agit pas d’un " lieu " mais d’un " état ", car le Christ est lui-même le " lieu " de la transfiguration personnelle : " Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie " (Jean 14,6).

Un exemple remarquable de la présence de la lumière divine dans les saints est la " transfiguration " de saint Séraphim de Sarov devant et avec son disciple Motovilov, tel que raconté dans " l’Entretien avec Motovilov " (dont vous trouverez des extraits aux Pages Orthodoxes dans les Pages saint Séraphim de Sarov), Voici le passage qui décrit cette transfiguration :

Alors le Père Séraphim me prit par les épaules et les serrant très fort dit :

-- Nous sommes tous les deux, toi et moi, en la plénitude de l'Esprit-Saint. Pourquoi ne me regardes-tu pas ?

-- Je ne peux pas, Père, vous regarder. Des foudres jaillissent de vos yeux. Votre visage est devenu plus lumineux que le soleil. J'ai mal aux yeux...

Le Père Séraphim dit :

-- N'ayez pas peur, ami de Dieu. Vous êtes devenu aussi lumineux que moi. Vous aussi vous êtes à présent dans la plénitude du Saint-Esprit, autrement vous n'auriez pas pu me voir.

Inclinant sa tête vers moi, il me dit à l'oreille :

Remerciez le Seigneur de nous avoir accordé cette grâce indicible. Vous avez vu - je n'ai même pas fait le signe de la croix. Dans mon coeur, en pensée seulement, j'ai prié " Seigneur, rends-le digne de voir clairement, avec les yeux de la chair, la descente de l'Esprit-Saint, comme à tes serviteurs élus lorsque tu daignas leur apparaître dans la magnificence de ta gloire ! "

La Transfiguration n’est donc pas seulement un événement de la vie du Christ, mais une " promesse des biens à venir " à la portée de tout homme, une vision du monde future, et que Dieu peut réaliser " dès ici-bas ", comme vous l’exprimez.

La consigne de Jésus de ne pas parler de sa Transfiguration avant la Résurrection est liée à l’étape nécessaire de la vie de Jésus et de chaque chrétien : la Passion. Jésus n’avait pas encore subi la Passion, qui était nécessaire pour accomplir le plan du salut. Les Apôtres ont été gratifiés de la Transfiguration afin de les préparer pour la Passion et la mort du Seigneur ; ceci est bien exprimé dans le Kondakion de la Fête (une court prière qui contient l’essentiel de l’enseignement de l’Église) :

" Sur la montagne tu t'es transfiguré et tes disciples contemplant ta gloire, ô Christ notre Dieu, pour autant qu'ils le pouvait, afin qu'en te voyant sur la croix ils comprennent que ta Passion était voulue et proclamant à la face du monde que tu es en vérité le reflet de la splendeur et de la gloire du Père. "

Ainsi, les Apôtres ont pu être témoins de ce qu’ils ont vu, entendu et ressenti sur le Mont Thabor ; saint Pierre en fait référence dans son deuxième épître : " (Nous avons) été témoins oculaires de sa majesté… (nous avons) entendu cette voix, elle venait du Ciel, nous étions avec lui sur la montagne sainte " (cf. 1 Pierre 16-18).

Nous aussi, nous avons à subir la Passion, la Croix, avant la Résurrection : " Si quelqu’un veut venir à ma suite, qu’il se renie lui-même, qu’il se charge de sa croix et qu’il me suive " (Mt 16, 24 – passage qui vient juste avant le récit de la Transfiguration).

Si vous voulez aller plus loin, une autre référence importante qui touche cette question est la controverse sur l’hésychasme (la " voie du silence ") qui a eu lieu au XIVe siècle, notamment entre saint Grégoire Palamas, moine du Mont Athos et par la suite Archevêque de Salonique, et Barlaam de Calabre, moine très influencé par la théologie scolastique de l’Église occidentale. Barlaam soutenait qu’il était impossible pour l’homme de connaître et encore moins de " voir " Dieu et que la lumière vue par les hésychastes n’était qu’une illusion. Palamas, se fondant sur la Tradition des Pères et l’expérience des saints, enseignait que non seulement qu’il est possible pour l’homme d’entrer en relation avec Dieu, dans la mesure que Dieu le permet, mais que Dieu se manifeste dans sa création selon des puissances qu’il a nommé les énergies divines. En termes théologiques, l’essence de Dieu est certainement inconnaissable et insaisissable par l’homme, mais l’homme peut connaître les énergies divines, qui sont Dieu lui-même ; les énergies de Dieu sont participables par l’homme, et c’est ainsi que dans la Tradition orthodoxe on peut parler justement de la déification de l’homme comme le but de la vie humaine. Pour aller plus loin sur cette question, je vous recommande l’excellent petit livre de Jean Meyendorff, Saint Grégoire Palamas et la mystique orthodoxe (Seuil, collection Maîtres spirituels).

En conclusion, on peut dire que la " lumière resplendissante " de Dieu existe en nous, en toute personne, car chaque personne a été créé " à l’image de Dieu " et c’est notre vocation de transformer cette " image " en " ressemblance " en nous conformant à la volonté divine. Mais la Lumière véritable, c’est le Christ, " Lumière de Lumière " dans le mots du Symbole de foi de Nicée-Constantinople. Je vous recommande de revoir les passages du Nouveau Testament concernant Dieu en tant que Lumière, en particulier dans l’Évangile et les Épîtres de Jean.

TRINITÉ – ÉGLISE ORTHODOXE

On dit souvent que l’Église orthodoxe est " Trinitaire " dans toutes ses expressions liturgiques et spirituelles. Les Divines Liturgies en usage dans l’Église orthodoxe (Saint Jean Chrysostome, Saint Basile le Grand et la Liturgie de Saints Dons Présanctifiés, dont vous trouverez les textes au complet aux Pages Orthodoxes La Transfiguration (www.top.ca/users/thabor) sont une manifestation de cette foi éminemment trinitaire de l’église orthodoxe, fidèle aux enseignements des Apôtres et des Pères de l’Église.

Lorsque vous écrivez : " il rarement explicité que l’esprit [c’est-à-dire l’Esprit Saint] est une personne ", je vous invite à réfléchir sur cette question à la lumière du " filioque ", l’insertion par l’église catholique dans le Symbole de Foi de Nicée-Constantinople des mots " et du Fils " en ce qui concerne la procession du Saint Esprit.

TRINITÉ

Suivant l’enseignement des Pères et des premiers Conciles œcuméniques, qui sont eux-mêmes fondés sur la Révélation et l’expérience des chrétiens des premiers siècles, nous affirmons que le Père engendre le Fils et que l’Esprit Saint procède du Père, depuis toute éternité. Dans cette expression de la foi orthodoxe, il y deux difficultés pour la raison, pour l’entendement humain. Nous utilisons les mots " engendrer " et " procéder ", sans savoir exactement ce qu’il veut dire, ni la différence entre les deux, ni le " comment ". Aussi nous ne pouvons pas vraiment saisir ce qu’est l’" éternité ", car notre pensée et notre expérience concrète ne peuvent s’échapper à la contrainte du temps : pour chaque instant, pour chaque événement, il y un " avant " et un " après ". Donc, selon notre expérience et la logique, si le Père " engendre " le Fils et que l’Esprit Saint " procède " de lui, il y eut un temps où le Fils et l’Esprit Saint n’était pas, que le Père était seul. C’est ce que disaient les ariens et les pneumatomaques (ceux qui niaient la divinité de l’Esprit) au IVe siècle. Le raisonnement est impeccable, mais le point de départ est faux : c’est tenter d’appliquer à Dieu, à son éternité, les catégories de logique et de temps qui gouvernent notre monde en état de chute, d’éloignement de la grâce divine, un monde caractérisé par le changement continuel. On doit donc revenir au point de départ et contempler la Révélation de la Sainte Trinité avec les yeux de la foi, qui surpasse la simple intelligence humaine. La foi nous apprend certaines affirmations concernant les trois personnes de la Trinité, affirmations qui échappent radicalement au raisonnement : " le dogme trinitaire est une croix de la pensée humaine " (Lossky p. 64).

Pour aller plus loin, nous devons passer à un autre niveau, que l’on peut caractériser par l’étonnement, l’émerveillement devant ce Dieu trinitaire qui se révèle à nous, devant ce qu’il est, sans pouvoir comprendre ou expliquer exactement ce que nous contemplons dans le mystère de la Trinité. Car la Sainte Trinité est véritablement le mystère central du christianisme, de la Révélation divine à l’homme, qui trouve son accomplissement dans l’Incarnation dans la chair du Fils, le Verbe de Dieu, notre Seigneur Jésus Christ. Contemplation du mystère de la Trinité dans un attitude d’humilité (j’accepte de ne pas comprendre), d’action de grâces (Dieu – Trois et Un – se révèle à moi par la foi) et d’amour (par l’amour, je participe à vie même de la Trinité :Dieu est Amour ; quiconque aime est né de Dieu et connaît Dieu (1 Jean 4, 7-8).

La doctrine orthodoxe de la Trinité doit être vue dans le cadre des distinctions fondamentales entre nature ou essence et personne, d’un côté, et essence et énergies de l’autre, et est inséparable de la tradition de la théologie apophatique de l’Église d’Orient : Dieu, trois Personnes en une seule Essence divine, est inconnaissable dans son essence, mais il se fait connaître par ses énergies, qui pénétrent le cosmos et viennent jusqu’à nous.

Connaissez-vous le Théologie mystique du Pseudo-Denys ? Ce texte, court et profond, commence par une prière à la Trinité :

Trinité suressentielle qui es au-delà du divin,

au-delà du Bien,

Toi qui gardes les chrétiens dans la connaissance des choses divines,

conduis-nous, par-delà l'inconnaissance, vers les très hautes

et lumineuses cimes des écritures mystérieuses.

Là se trouvent voilés les simples, insolubles et

immuables mystères de la théologie,

dans la translumineuse Ténèbre du silence,

où l'on est initié aux secrets de cette radieuse et

resplendissante Ténèbre, en sa totale obscurité,

absolument intangible et invisible,

Ténèbre qui comble d'indicibles splendeurs

les intelligences qui savent clore leurs yeux.

Voici quelques références sur la doctrine orthodoxe de la Trinité :

Ware, Timothy, L'Orthodoxie : L'Église des sept conciles. Desclée de Brouwer, 1998. (pages 285 – 294)

Lossky, Vladimir, Essai sur la théologie mystique de l'Église d'Orient. Cerf, 1990. (Chapitre III, " Dieu-Trinité ", pages 43-64).

Meyendorff, Jean, Initiation à la théologie byzantine. Cerf, 1975. Chapitre XIV " Le Dieu Trine " pages 239 – 247).

Le livre de Lossky est de toute beauté, si vous ne le connaissez pas déjà. Un autre livre que je ne connais pas personnellement est Boris Bobrinskoy, Le mystère de la Trinité (Cerf, 1986).

Ces livres abondent de citations des Pères, notamment les Cappadociens, surtout Grégoire de Naziance, Jean Damascène et Grégoire Palamas, le dernier des grands théologiens orthodoxes. Il y dans Lossky une piste qui s’adresse à votre question précise :

" Le Père, source de toute divinité dans la Trinité, produit le Fils et le Saint Esprit en leur conférant sa nature qui reste une et indivise, identique à elle-même dans les trois. Confesser l’unité de la nature, c’est pour les Pères grecs, reconnaître le Père comme source unique des personnes qui reçoivent de lui cette même nature " (Lossky, p. 58).

Il cite saint Jean Damascène :

" Le Père a l’être par lui-même et il ne tient d’un autre rien de ce qu’il a. Au contraire, il est la source et le principe pour tous de leur nature et leur manière d’être… Donc tout ce qu’ont le Fils et l’Esprit et leur être même, ils le tiennent du Père… C’est grâce au Père que le Fils et l’Esprit ont tout ce qu’ils ont, c'est-à-dire, parce que le Père a tout cela… Lorsque nous considérons en Dieu la cause première, la monarchie… nous voyons l’unité. Mais lorsque nous considérons ceux en qui est la divinité ou, plutôt, ceux qui sont la divinité même, les personnes qui procèdent de la cause première,… c'est-à-dire les hypostases du Fils et de l’Esprit, - alors nous adorons les Trois. " (Lossky, p. 58).

Lossky cite aussi saint Grégoire de Naziance sur les dangers des tentatives de sonder le divinité avec des catégories de la pensée humaine :

" Tu demandes ce qu’est la procession du Saint Esprit ? Dis-moi d’abord ce qu’est l’innascibilité du Père ; alors, à mon tour je traiterai en physiologiste la génération du Fils et la procession de l’Esprit. De cette façon, tous les deux ensemble nous serons également frappés de folie pour avoir regardé sournoisement les mystères de Dieu " (Lossky, p. 54).

En conclusion, je me permets de vous suggérer la méditation et la prière devant l’icône de la Trinité de Roublev. Celle-ci est considérée comme l’icône-modèle, non seulement au niveau technique, mais en ce qui concerne l’enseignement théologique porté par l’icône. Pour vous aider dans votre réflexion, vous pouvez visiter les nouvelles pages sur l’icône de la Trinité aux Pages Orthodoxes La Transfiguration, dans la section " Icônes et iconographie ". En plus des images et un texte d’explication de l’icône, il y une bibliographie, qui complète en quelque sorte les références citées plus haut.

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La doctrine de la Sainte Trinité est l’enseignement fondamental du christianisme : en quelques mots, c’est l’affirmation qu’il y a un seul Dieu en trois Personnes, le Père, le Fils et l’Esprit Saint. La révélation de la Sainte Trinité est contenue dans le Nouveau Testament et les termes de la doctrine ont été élaborés au cours des premiers siècles de l’Église, notamment au IVe siècle, par les conciles de Nicée en 325 et de Constantinople en 381. Le Symbole de foi de Nicée-Constantinople ou Credo contient les éléments essentiels de la foi concernant la sainte Trinité (voir ici-bas).

Voici une introduction à la doctrine de la Trinité par un théologien contemporain :

Le mystère de la Trinité

 Les chrétiens croient en un Dieu Trinité, Père, Fils et Saint Esprit. La Trinité n'est pas trois dieux, mais un Dieu en trois Hypostases, c'est-à-dire en trois entités personnelles indépendantes. C'est le seul cas où 1 = 3 et 3 = 1. Ce qui en mathématique ou en logique semblerait absurde s'érige en pierre angulaire de la foi. Le chrétien communie au mystère de la Trinité non par des raisonnements logiques, mais par le repentir, c'est-à-dire par le changement et le renouvellement complets de l'esprit, du cœur, des sentiments, de notre nature tout entière (le mot grec pour " repentir ", metanoïa signifie littéralement " revirement de l'esprit "). Il est impossible de communier à la Trinité tant que l'esprit n'a pas été illuminé et transfiguré.

L'enseignement sur la Trinité n'est pas une invention de théologiens, mais une vérité divinement révélée. Lors du baptême de Jésus-Christ, Dieu se manifeste pour la première fois et en toute clarté au monde comme Unité en trois Personnes: " Tout le peuple se faisant baptiser, Jésus fut aussi baptisé; et, pendant qu'il priait, le ciel s'ouvrit, et le Saint-Esprit descendit sur lui sous une forme corporelle, comme une colombe. Et une voix fit entendre du ciel ces paroles: Tu es mon Fils bien-aimé; en Toi j'ai mis toute mon affection " (Lc 3,21-22). La voix du Père se fait entendre du ciel, le Fils est dans les eaux du Jourdain, l'Esprit descend sur le Fils. A de nombreuses reprises Jésus-Christ révèle son unité avec le Père, son envoi par le Père dans le monde, sa désignation comme Fils de Celui-ci (Jn 6-8, etc.). Il promet également aux disciples d'envoyer l'Esprit Consolateur, qui procède du Père (Jn 14,16-17, 15,26, etc.). En envoyant les disciples à la prédication, il leur dit: " Allez, enseignez toutes les nations, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit " (Mt 28,19). Dans les écrits des apôtres il est également fait mention du Dieu-Trinité: " Il y en a trois qui rendent témoignage: le Père, la Parole et l'Esprit Saint, et les trois n'en font qu'un " (1 Jn 5,7).

C'est seulement après la venue du Christ que Dieu se révéla aux hommes comme Trinité. Les anciens hébreux gardaient une foi stricte dans le Dieu unique, et n'auraient pas été en mesure de comprendre l'idée de la Divinité triple, car une telle idée aurait été perçue comme synonyme de trois dieux. A l'époque où le polythéisme régnait sans partage sur le monde, le mystère de la Trinité était caché à la vue des hommes, comme enfoui dans le fond le plus secret de la vérité sur l'unité de la Divinité.

Le Dieu Trinité n'est pas un être figé, il n'est pas repos, immobilité, statisme. " Je suis Celui qui suis ", dit Dieu à Moïse (Ex 3,14). Celui qui est signifie l'existant, le vivant. En Dieu est la plénitude de vie, et la vie est mouvement, phénomène, révélation. Certains des noms divins, comme nous l'avons vu, ont un caractère dynamique: Dieu est comparé au feu (Ex 24,17), à l'eau (Jr 2,13), au vent (Gn 1,2). Dans le Cantique des Cantiques une femme cherche son bien-aimé, qui fuit loin d'elle. Selon la tradition chrétienne cette image fut interprétée (par Origène, Grégoire de Nysse) comme représentant l'âme lancée à la poursuite de Dieu qui sans cesse se dérobe à elle. L'âme cherche Dieu, L'a-t-elle à peine trouvé qu'elle Le perd à nouveau, elle s'efforce de Le concevoir, mais Il reste inconcevable, elle s'efforce de Le contenir, mais ne peut y parvenir. Il se meut à une extrême " rapidité ", toujours au-delà de nos forces impuissantes à Le suivre. Trouver et rattraper Dieu signifie accéder soi-même à l'état divin. De même que, selon les lois de la physique, si un corps matériel se mettait à se déplacer à la vitesse de la lumière, il se transformerait lui-même en lumière, de même en est-il de l'âme: plus elle se rapproche de Dieu, plus elle se remplit de Sa lumière et devient porteuse de lumière...

Un des plus nobles noms donné à Dieu appartient à l'apôtre Jean le Théologien: " Dieu est amour ". (1 Jn 4,8; 4,16). Mais il n'y a pas d'amour sans l'être aimé. L'amour présuppose l'existence de l'autre. Une monade seule et isolée ne peut que s'aimer elle-même: l'amour de soi n'est pas l'amour. L'unicité d'un être égocentrique ne manifeste pas encore la personne. De même que l'être humain ne peut se reconnaître comme personne en dehors d'une relation avec les autres personnes, de même il ne peut y avoir en Dieu un être personnel en dehors d'une relation d'amour avec un autre être personnel. Le Dieu Trinité est la plénitude de l'amour, chaque Personne-Hypostase étant tournée avec amour vers les deux autres Personnes-Hypostases. Au sein de la Trinité les Personnes se reconnaissent comme " Je et Tu ": " Toi, Père, Tu es en Moi et Moi en Toi ", dit le Christ au Père (Jn 17,21). " Tout ce que le Père a est à Moi; c'est pourquoi J'ai dit qu'Il (l'Esprit) prend de Moi ce qui est à Moi, et qu'Il vous l'annoncera " (Jn 16,15). " Au commencement était la Parole, et la Parole était avec Dieu ", ainsi s'ouvre l'Evangile de Jean (Jn 1,1). Dans le texte grec il y a " tourné vers Dieu " (pros ton theon), soulignant par là le caractère personnel des relations réciproques de Dieu Parole et de Dieu Père: le Fils non seulement est engendré du Père, non seulement Il existe avec le Père, mais Il est tourné vers le Père. Chaque hypostase dans la Trinité est ainsi tournée vers les autres hypostases. Saint Maxime le Confesseur parle du " mouvement éternel [de la Trinité] dans l'amour ".

Sur l'icône de la Sainte Trinité de saint André Roublev, ainsi que sur les autres icônes de ce type iconographique, nous voyons trois anges assis à une table sur laquelle se trouve une coupe, symbole du sacrifice expiatoire du Christ. Le sujet de l'icône est emprunté à l'épisode déjà cité de la vie d'Abraham (ce motif iconographique s'appelle " l'hospitalité d'Abraham "), les trois personnages sont représentés tournés à la fois les uns vers les autres et vers la coupe. Sur cette icône est comme imprimé l'amour divin qui règne au sein de la Trinité, et dont la plus haute manifestation se traduit dans l'acte expiatoire du Fils. Comme l'a dit saint Philarète (Drozdov), c'est " l'amour du Père crucifiant, l'amour du Fils crucifié, l'amour de l'Esprit Saint qui triomphe par la puissance de la croix ". L'immolation sur la croix de Dieu le Fils est également un acte d'amour du Père et de l'Esprit Saint.

Extrait de : " Le mystère de la foi : Introduction 
à la théologie dogmatique orthodoxe

 " 
par Mgr Hilarion Alfeyev (Cerf, 2001).

Vous trouverez un commentaire plus détaillé de l’icône dite " de la Trinité " mentionnée au dernier paragraphe à la page suivante du site Pages Orthodoxes La Transfiguration  :

L'Icône de la Trinité de Roublev dans la Tradition Orthodoxe par le Hiéromoine Cyrille (Bradette)

Vous pouvez consulter aussi deux commentaires du Credo aux pages suivantes :

Introduction à la foi orthodoxe par père Lev Gillet 
Commentaire du Symbole de la Liturgie par Vladimir Lossky et Pierre L'Huillier

TYPIKON

Il n’a pas de traduction française d’un Typikon et même en anglais, la version existante est incomplète. Par contre certains éléments du Typikon, notamment concernant les offices, font parti de divers livres liturgiques en français, Le Livre d’Heures, l’Euchologe, Les Ménées etc., et le Typikon est nécessairement reflété dans un calendrier liturgique, par exemple celui de la Fraternité orthodoxe. D’autres éléments d’un Typikon, par exemple les règles et usages détaillés pour les offices et les sacrements, les vêtements liturgiques, même comment sonner les cloches, encenser etc., ne semblent pas être repris en français.

VASSULA RYDEN

Je ne connais pas bien l’histoire de Vassula. Bien qu’elle soit de tradition orthodoxe, je ne crois pas que son " enseignement " soit spécialement orthodoxe et certains aspects sont peut-être même contraire à la foi orthodoxe. D’une façon générale, la tradition orthodoxe se montre très prudent en ce qui concerne des " apparitions " et certainement elle n’y accorde pas une validité universelle ; les " messages " lors d’apparitions s’appliqueraient avant tout à la personne concernée. Justement, il y a des aspects de la vie personnelle de Vassula qui sont remis en question, mais on ne peut pas dire, à ma connaissance, que Vassula a reçu soit une reconnaissance ou une condamnation de l’Église orthodoxe. Je pense que l’attitude est plutôt qu’elle n’a pas grand’chose à apporter aux fidèles orthodoxes et elle est peut-être même un élément négatif qui nuit à la foi et la pratique des fidèles. Si l’on s’intéresse à l’expérience mystique de Dieu, que l’on se penche sur une personnalité comme saint Syméon le Nouveau Théologien (dont quelques écrits et prières ont figurés aux numéros récents du Bulletin " Lumière du Thabor ").

Ceci dit, je pense que Vassula évite les milieux orthodoxes et qu’elle est mieux reçue dans certains milieux catholiques ou marginales. Je pense que beaucoup d’orthodoxes pourraient sans difficulté se rallier aux commentaires du Congrégation (catholique) pour la foi de 1995 (notez en particulier la phrase mise en italiques) :

NOTIFICATION ON VASSULA RYDEN (6 October 1995)

Congregation for the Doctrine of the Faith

Many bishops, priests, religious and lay people have sought an authoritative judgement from this Congregation on the activity of Mrs. Vassula Ryden, a Greek Orthodox residing in Switzerland, who in speech and in writing is spreading in Catholic circles throughout the world messages attributed to alleged heavenly revelations.

A calm, attentive examination of the entire question, undertaken by this Congregation in order to "test the spirits to see whether they are of God" (cf. 1 Jn 4:1), has brought out-in addition to positive aspects - a number of basic elements that must be considered negative in the light of Catholic doctrine.

In addition to pointing out the suspect nature of the ways in which these alleged revelations have occurred, it is necessary to underscore several doctrinal errors they contain.

Among other things, ambiguous language is used in speaking of the Persons of the Holy Trinity, to the point of confusing the specific names and functions of the Divine Persons. These alleged revelations predict an imminent period when the Antichrist will prevail in the Church. In millenarian style, it is prophesied that God is going to make a final glorious intervention which will initiate on earth, even before Christ's definitive coming, an era of peace and universal prosperity. Furthermore, the proximate arrival is foretold of a Church which would be a kind of pan-Christian community, contrary to Catholic doctrine.

The fact that the aforementioned errors no longer appear in Ryden's later writings is a sign that the alleged "heavenly messages" are merely the result of private meditations.

Moreover, by habitually sharing in the sacraments of the Catholic Church even though she is Greek Orthodox, Mrs. Ryden is causing considerable surprise in various circles of the Catholic Church. She appears to be putting herself above all ecclesiastical jurisdiction and every canonical norm, and in effect, is creating an ecumenical disorder that irritates many authorities, ministers and faithful of her own Church, as she puts herself outside the ecclesiastical discipline of the latter.

Given the negative effect of Vassula Ryden's activities, despite some positive aspects, this Congregation requests the intervention of the Bishops so that their faithful may be suitably informed and that no opportunity may be provided in their Dioceses for the dissemination of her ideas. Lastly, the Congregation invites all the faithful not to regard Mrs. Vassula Ryden's writings and speeches as supernatural and to preserve the purity of the faith that the Lord has entrusted to the Church.

Vatican City, 6 October 1995.

Taken from: L'Osservatore Romano, Weekly Edition in English, 25 October 1995, 12.

Commentaires de sources extérieures :

1. Le 10 juillet 2004, le Préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, le Cardinal Ratzinger (Benoît XVI), a envoyé une lettre, signé par lui-même, à de nombreux évêques concernant le jugement de la Congrégation sur Vassula Ryden. Cette lettre mentionne que Vassula, dans ses réponses à la Congrégation "fournit d’ utiles clarifications concernant certaines difficultés qui avaient été avancées à l’ égard de ses écrits". Cette déclaration du Cardinal Ratzinger signifie que la congrégation est satisfaite de ses réponses et ne maintient plus les réserves dogmatiques formulées contre elle. Dans sa réponse à la question "que répondra votre bureau si quelqu'un demande si la Notification est toujours valide?", il a répondu: "on va dire que la situation a été modifiée" (janvier 2005). De manière compréhensible, la Congrégation s’abstient de conclure si Vassula est vraiment l’ instrument de Dieu, mais laisse plutôt ce soin à l’ évêque, prêtre ou croyant individuel de formuler son propre jugement.

2. Déclaration de Son Eminence Abba Seraphim, Métropolite de Glastonbury (Royaume-Uni), au sujet de Mme Vassula Ryden, août 2005: Dans un Memorandum Général en anglais, adressé au clergé de l'Eglise orthodoxe britannique, Son Eminence Abba Seraphim propose trois lignes directrices pour le clergé et les fidèles:

1. En recevant les sacrements en dehors del'Eglise orthodoxe (sur la base du décret Orientarium Ecclesiarum de Vatican II), Mme Ryden ne tient pas compte de la discipline canonique orthodoxe qui l'interdit.

2. Mme Ryden devrait soliciter la permission et la bénédiction canoniques du supérieur orthodoxe avec jurisdiction locale avant d'organiser des conférences publiques, et non agir pour son propre compte, en particulier quand le supérieur en question a exprimé des réserves, des critiques ou même son opposition.

3. Jusqu'à ce que la hiérarchie orthodoxe canonique puisse examiner de manière complète et détaillée les messages reçus par Mme Ryden, ces derniers devraient être considérés avec une grande prudence et leur autorité n'être atribuée qu'aux opinions et aspirations de Mme Ryden elle-même, et non à des origines angéliques, saintes ou divines.

Son Eminence Abba Seraphim constate également que Mme Ryden a trouvé des sympathisants enthousiastes parmi les membres du clergé anglican, catholique et orthodoxe. Elle a profité des occasions fournies par les "Pèlerinages inter-religieux" qu'elle organise (par exemple, ceux de Terre Sainte en mars 2000 et d'Egypte en octobre 2002) pour cultiver le soutien des membres des hiérarchies locales, qui ne sont pas toujours pleinement informés de ses activités.

Le texte complet du memorandum a été publié en février 2006 sur le site Internet www.britishorthodox.org avec la note suivante: Le bulletin d'information de la Vraie Vie en Dieu (True Life in God Newsletter, num. 6) publié en novembre 2005, affirme que "Son Eminence Abba Seraphim, S.M. la Reine Elisabeth II et l'Archévêque de Canterbury envoyèrent leurs meilleurs voeux pour la réunion de Vassula". Cette affirmation est fausse. Une invitation fut envoyée à Abba Seraphim, lequel fit répondre qu'il avait un autre compromis, raison pour laquelle il ne pourrait pas assister à la conférence, mais désirait rester sur la liste d'envois de la Vraie Vie en Dieu et pouvoir recevoir diverses copies de la documentation afin de la mettre à disposition d'autres responsables orthodoxes du Royaume-Uni.

(Le texte original en anglais du memorandum peut être consulté sur le site suivant: http://www.britishorthodox.org/113b.php vers la fin de la page).

VÊTEMENTS DE PEAU

Le sens du vêtement de peau que Dieu fit pour Adam et Ève après la chute (Gn 3, 21) est un thème qui intéressait beaucoup les Pères grecs des IVe et Ve siècles. Je vous suggère donc de poursuivre vos recherches sur cette question dans les commentaires des Pères sur la Genèse, en particulier ceux d’Origène, de Jean Chrysostome, d’Augustin etc.

Bon nombre de ces commentaires existent en traduction française, notamment dans la collection " Sources chrétiennes " (Éditions du Cerf, plus que 500 volumes), que vous trouverez dans une bibliothèque des facultés de théologie ou de communautés religieuses (en particulier chez les jésuites et les dominicains).

VÊTEMENTS LITURGIQUES – ÉVÊQUE

Un évêque orthodoxe n’a pas d’étole propre à un évêque : il porte l’étole sacerdotale, appelé " épitrakhilion ", d’après le nom en grec, comme tous les prêtres. Le vêtement liturgique propre à l’évêque c’est l’omophore, une longue et large bande d’étoffe ou de laine blanche, orné de quatre croix. " Omophore " veut dire : " qui se porte sur les épaules ", et c’est le symbole du bon pasteur, portant la brebis perdue (la nature humaine déchue) pour la ramener vers le Père. Par extension, l’expression " sous l’omophore " d’un évêque signifie sous sa juridiction canonique.

VIE APRÈS LA MORT

Il n’y a pas de réponse sans équivoque à votre question à savoir " ce qui se passe après la mort ". Comme il est dit dans le Credo de Nicée-Constinople, les orthodoxes croient " à la résurrection des morts et la vie du siècle à venir ", mais ce qui se passe entre la mort et la résurrection ne fait pas l’objet d’un dogme, bien que beaucoup de Pères ont donné des enseigenments à ce sujet. Pour plus d’informations, je vous réfère aux articles contenus le Bulletin Lumière du Thabor No 20 " La mort et la vie du siècle à venir " (ci-joint), ainsi qu’à la section Souffrance, Mort et Résurrection du site des Pages Orthodoxes La Transfiguration, en particulier les articles suivants :

" De la mort et de la résurrection " par Mgr Kallistos Ware

" Le problème du mal " par Archimandrite Placide (Deseille)

" La mort est vaincue : Les fins dernières selon les Pères de l’Église " par Archimandrite Placide (Deseille)

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Saint Jean Maximovitch résume ainsi l’enseignement traditionnel des Pères concernant l’expérience de l’âme pendant les deux premiers jours après la mort : " Pendant deux jours l’âme jouit d’une liberté relative et peut visiter des lieux qui lui étaient chers sur la terre, mais la troisième jour elle se déplace vers des sphères différentes ". C’est dans ce contexte que certains Pères enseignent que les âmes des défunts sont conscients de la présence de parents et d’amis auprès de leur dépouille mortel, mais bien sûr ne peuvent communiquer avec ces personnes.

Pour plus de renseignements sur les enseignements des Pères, avec des références précises, je vous réfère au livre de Jean-Claude Larchet, La Vie après la mort selon la tradition orthodoxe, Paris, Éditions du Cerf, 2001, 334 p. Mais comme j’ai dit, simplement parce que certains Pères ont écrit certaines choses concernant les morts n’implique pas nécessairement une validité universelle.

Concernant votre deuxième question (" Comment peuvent-ils [les morts] se détacher facilement des attachements terrestres?), on peut imaginer, comme le suggère la citation de saint Jean Maximovitch, que la liberté des âmes des défunts n’est pas sans limites, et qu’elles sont contraintes de quitter les lieux et les personnes qui leur sont chers pour s’engager dans un processus qui est soit universel, soit personnel.

Concernant la troisième question (Si non, à quoi ça sert de se déplacer et de voyager pour aller inhumer la

dépouille?? Est-ce par respect, ou pour rendre hommage??), oui par respect et pour rendre hommage, mais aussi pour prendre congé définitivement du défunt (ce qui est plus difficulté en l’absence du corps, par exemple si le corps a déjà été incinéré), et peut-être le plus important, de prier pour le défunt. La prière pour les défunts est très ancienne dans le christianisme et est en quelque sorte une obligation des vivants, un témoignage de l’amour pour le défunt qui existe toujours. Car l’amour ne disparaît pas avec la mort, mais doit nécessairement prendre une autre forme que lorsque la personne était vivante. La forme la plus haute est sans doute celle de la prière, parce que par la prière nous pouvons en quelque sorte continuer de manifester notre amour pour le défunt et l’aider en quelque sorte, d’une façon connue de Dieu seul.

VIE SPIRITUELLE

En fait, beaucoup d’entre nous, moi-même compris, passent par des périodes de " perte de grâce ", souvent à cause de notre aveuglement spirituel, par manque d’expérience, comme vous dites, mais aussi par choix de valeurs matérielles plutôt que spirituelles. La vie spirituelle est une longue lutte contre les forces, en nous et à l’extérieur, qui cherchent à nous faire descendre et rester dans les ténèbres, alors que notre cœur souhaite au plus profond de lui-même de chercher Dieu, de vivre selon la volonté divine et ainsi accomplir notre destin sur terre. Il est par trop facile de s’égarer du bon chemin, et c’est déjà une grande grâce que de reconnaître que nous nous sommes égarés et que c’est le temps de revenir vers Dieu – pensons au parabole du fils prodigue. Le Seigneur nous attend à bras ouverts, il envoie ses serviteurs à notre rencontre avec des présents, il cherche lui-même à nous faire reconnaître le bon chemin qui retourne vers lui. Ce qui est important n’est pas le fait que nous nous égarés, mais de reconnaître, d’accepter et de répondre aux appels du Seigneur.

Oui, il y un combat à l’intérieur de nous, un combat qui a ses origines dans notre double nature, terrestre et céleste. Nous sommes attirés par ce qui est en haut, nous avons soif de ce qui nous dépasse, une soif qui ne peut être satisfaite que par Dieu lui-même. Mais nous sommes dans la matière et nous sommes attirés aussi par ce qui est terrestre, comme pour en faire des buts de la vie. La grâce divine est toujours là pour nous aider à remonter et ce chaque fois que nous chutons, que nous nous égarons du bon chemin. Oui, il est important de répondre aux dons que Dieu nous offre, mais même si nous hésitons ou nous refusons, Dieu est un Dieu d’amour et de miséricorde, il est prêt à nous pardonner et il nous offre d’autres possibilités, d’autres chemins qui mènent vers lui.

VIGILES

La langue liturgique de l’Église orthodoxe russe est le slavon, ancienne langue slave, par le russe moderne. Le texte que vous avez cité (Blagoslovi, dushe moya = Bénis, ô mon âme ; il manque Gospoda/Seigneur pour compléter la phrase) sont les premiers mots du psaume 103/104, chanté au début des vêpres, ou plutôt des vigiles (vêpres suivies des matines). La version chantée ne comprend que quelques versets du psaume. Voici le texte de la version chantée, en cyrillique (je n’ai pas de version translittérée – vous trouverez peut-être la translittération sur internet, plus probalement sur un site en anglais) : (texte en slavon omis)

Pour ce qui est la partition des vêpres (devrait dire plutôt les vigiles, car il s’agit d’extraits des vigiles et pas seulement des vêpres ", de Sergei Rachmaninov, c’est une composition du répertoire classique et il devrait être possible de trouver la partition dans un magasin de musique qui vend des partitions du répertoire classique.

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L’office des vigiles, qui est composé des vêpres et des matines, est typiquement célébré en soirée la veille de grandes fêtes et les samedis, dans les églises de tradition slave, alors que dans d’autres traditions, par exemple chez les grecs, les vêpres sont célébrées en soirée et les matines la matin. L’agencement des vigiles suit donc le commun des vêpres puis celui des matines, et les parties variables ou propres à la fête sont déterminées par le Ménée (livre liturgique qui contient les parties variables des fêtes à date fixe) et l’Octoèque (livre liturgique qui contient les parties variables des offices en temps normal), selon le jour de la fête.

Voici un schéma général des vigiles – les communautés ont souvent leur propre ordo :

VÊPRES

1. Bénédiction initiale et Invitatoire

2. Psaume 103

3. Prières du Lucernaire

4. Grande ecténie de paix

5. Lecture du Psautier

6. Lucernaire (Psaumes 140, 141, 129,116)

7. Procession d’entrée et Hymne du soir

8. Prokimenon

9. Lectures

10. Ecténie ardente ou de supplication

11. Prière vespérale

12. Ecténie de supplication et bénédiction

13. Litie et Artoclasie

14. Apostiches

15. Cantique de Siméon

16. Trisagion et Prière dominicale

17. Tropaires et Théotokion

18. Ecténie

MATINES

  1. Office Royal
  2. Ouverture
  3. Hexapsalme
  4. Prières de l’aurore
  5. Grande ecténie
  6. Psaume 117 " Le Seigneur Dieu… "
  7. Tropaires
  8. Première stichologie (Cathisme I)
  9. Petite ecténie
  10. Deuxième stichologie (Cathisme II)
  11. Petite ecténie
  12. Troisième stichologie
  13. Polyeleos (Psaumes 135 & 136)
  14. Evloghitaria (" Tu es béni… " / Mégalinaire
  15. Petite ecténie
  16. Hypakoï
  17. Anavathmi
  18. Prokimenon
  19. Évangile
  20. Tropaire de la Résurrection (Vigiles dominicales)
  21. Psaume 50
  22. Doxastikon
  23. Vénération de l’Évangéliaire, l’icône de la fête, onction d’huile
  24. Prière solennelle
  25. Canon
  26. Magnificat
  27. Exapostilaire
  28. Laudes (Psaumes 148, 149, 150)
  29. Stichères des Laudes
  30. Doxastikon
  31. Dogmatikon
  32. Grande Doxologie
  33. Tropaire de la Résurrection (Vigiles dominicales)
  34. Ecténie de supplication
  35. Ecténie de demandes et Bénédiction
  36. Apostiches, Trisagion et Tropaire
  37. Congé

 

VIOLENCE DANS LA BIBLE

La question concernant la violence dans la Bible est difficile, car la violence de l’Ancien Testament semble être en contradiction avec le message d’amour qui est au cœur du christianisme. En plus des exemples que vous avez mentionnés (la prise de Jéricho (Jos 5, 13-6,21 et celle d’Aï Jos 9, 1-25), il y a le déluge, la destruction de Sodome et de Gomorrhe, les sept plaies d’Égypte, le massacre des prêtes de Baal par Élie… les exemples abondent. Sans être exégète, je vous donne quelques réflexions qui pourraient vous ouvrir d’autres pistes.

En premier lieu, il ne faut oublier le contexte de l’Ancien Testament : en quoi le peuple hébreux différait-il des peuples qui l’entourait ? En premier lieu, bien sûr, un religion fondée sur la notion d’un seul Dieu, à la fois transcendant et immanent, personnel, qui se manifeste dans la création parfois de façon directe aux prophètes, les " Théophanies " de l’Ancien Testament. Aussi, citons le rejet des sacrifices humains, un code moral explicite dans le Décalogue et l’attente et l’espérance d’un Messie. En tout autre chose, les hébreux ressemblaient à leurs voisins et en particulier souscrivaient aux mêmes règles de guerre : le vainqueur a droit de vie de mort sur le vaincu. La pratique courante était en fait l’élimination complète d’une population vaincu en guerre, ou au moins sa soumission en esclavage.

Dans ce contexte, il ne faut pas être surpris si les Hébreux interprétaient les " ordres " divins dans le contexte de guerre et des relations avec les peuples étrangers qu’ils connaissaient. " Interprétaient ", car il ne faut pas non plus penser que des " ordres " de massacrer les populations vaincus sont littéralement les " paroles de Dieu ", mais plutôt la vision des hommes concernant ce qu’ils croyaient être la volonté divine. Il faut se souvenir aussi les mots du Décalogue : " Tu ne tueras point ". Est-ce que ceci doit être interpréter comme s’appliquant seulement aux Hébreux?

La réflexion la plus importante concernant l’Ancien Testament est sans doute que c’est le Christ qui " accomplit " la Loi, comme il le dit lui-même : il la porte à sa perfection, en y corrigeant ses manquements et en particulier en soulignant ses aspects les plus importants, l’amour de Dieu et des prochains, donc de tous les hommes. Le pardon et l’amour des ennemis vient remplacer les attitudes négatives qu’on peut trouver dans l’Ancien Testament. Il est certain que si l’on reste au seul Ancien Testament, beaucoup d’intolérance semble trouver une justification. Mais ceci n’est ni le message du Christ, ni même je dirais l’aspect fondamental de l’Ancien Testament lui-même.

La Bible de Jérusalem donne la note suivante concernant l’" anathème " de la ville de Jéricho :

" L’anathème, en hébreu harem, comporte le renoncement à tout le butin et son attribution à Dieu : les hommes et les animaux sont mis à mort, les objets précieux sont donnés au sanctuaire. C’est un acte religieux, une règle de la " guerre sainte " qui suit un ordre divin, Dt 7, 1-2 ; 20 13s ; 1S 15, 3, ou un vœu pour s’assurer la victoire, Nb 21, 2. Tout manquement devient un sacrilège qui est sévèrement puni, Jos 7, cf. 1 S 15, 16-23. La règle absolue souffre cependant des adoucissements, Nb 31, 15-23 ; Dt 2, 34-35 ; 3, 6-7 ; 20, 13-14 ; Jos 8, 26-27. Cette notion primitive de la maîtrise absolue de Dieu sera corrigée par celle de sa paternité miséricordieuse, cf. Sg 1, 13 et surtout le NT, Mt 5, 44-45 " (BJ, p. 317n).

La seule occasion où Jésus utilise un mot de la racine " violence " se trouve à Matthieu 11, 12 (version simplifiée à Luc 16, 16) : Depuis les jours de Jean le Baptiste jusqu’à présent le Royaume des Cieux souffre violence, et les violents s’emparent ". Passage dont l’interprétation est difficile, mais qui suggère la " violence " contre soi, les démons et le monde de ceux qui cherchent le Royaume de Dieu.

Il est important de lire la Bible dans une profonde attitude d’humilité, en reconnaissant qu’elle contient beaucoup de niveaux qui peuvent nous échapper, et en demandant l’Esprit Saint de nous éclaircir progressivement sur le sens des textes sacrés. La lecture des Pères de l’Église sur les Écritures peut être une façon efficace d’approfondir justement notre connaissance du sens profond des Écritures.

ZÉON - ORIGINE

On trouve le rite du zéon dans les trois principales Liturgies byzantines, celles de s. Jean Chrysostome, de s. Basile le Grand et la Liturgie des Saints Dons Présanctifiés.

Les sources que j’ai ne donnent aucune indication sur l’origine du rite du zéon ; on parle plutôt de sa symbolique – voir par exemple, Nicolas Cabasilas, " Explication de la Divine Liturgie ", chap. 37, ainsi que la note qui l’accompagne et la Note complémentaire 9, Sources chrétiennes, no. 4b).

Il faudrait sans doute une recherche assez poussée pour répondre à votre question. Le " Encyclopedia Brittanica " (pas une grande source en matière de liturgie !) dit : " The origin of the rite is not known, though it is clearly very ancient. "

Vous pouvez consulter le livre suivant, que j’ai eu occasion de consulter moi-même il y a quelques années : Hendryk Paprocki, Le Mystère de l’Eucharistie (Cerf, 1993). L’auteur, un prêtre orthodoxe polonais, parle beaucoup justement des origines des différentes rituels de la Liturgie orthodoxe. Plus ancien, il y a S. Salaville, Les Liturgies Orientales (3 vols., Paris, 1942) : mais puisque c’est Salaville qui a traduit le livre de Cabasilas et il ne dit rien sur l’origine du rite (sauf la remarque cryptique : " une rite assez mystérieux que ce rite du zéon ", p. 226), il est possible qu’il n’en dit pas plus dans Les Liturgies Orientales. C’est possible qu’en fait l’origine soit inconnue.


 

 

 

Dernière modification: 
Samedi 22 octobre 2022