Prières et offices

Nativité du Christ (25 décembre)

 

TROPAIRE
KONDAKION
ÉPÎTRE DES VÊPRES
ÉVANGILE DES VÊPRES
ÉVANGILE DES MATINES
À LA LITURGIE DE LA FÊTE :
    ANTIENNES
    ENTRÉE ET PROKIMENON
    ÉPÎTRE ET ALLÉLUIA
    ÉVANGILE
    MÉGALINAIRE ET COMMUNION
MÉDITATION SUR LA FÊTE
    NOTES

 

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TROPAIRE
(Ton 4)

Ta naissance, Ô Christ, notre Dieu,
a fait resplendir dans le monde la lumière de l'intelligence.
Ceux qui servaient les astres

sont insruits par l'astre de t'adorer,
Soleil de Justice, et te contempler,

Orient veant des hauteurs.
Seigneur, gloire à toi !

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KONDAKION
(Ton )

La Vierge aujourd'hui met au monde l'Éternel
et la terre offre une grotte à l'Inaccessible.
Les anges et les pasteurs le louent
et les mages avec l'étoile s'avancent.
Car tu es né pour nous petit enfant, Dieu éternel !

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ÉPÎTRE DES VÊPRES
(Hébreux 1, 1-12 ; 2, 1-3)

Après avoir, à maintes reprises et sous maintes formes, parlé jadis aux Pères par les prophètes, Dieu, en ces jours qui sont les derniers, nous a parlé par le Fils, qu'il a établi héritier de toutes choses, par qui aussi il a fait les siècles. Resplendissement de sa gloire, effigie de sa substance, ce Fils qui soutient l'univers par sa parole puissante, ayant accompli la purification des péchés, s'est assis à la droite de la Majesté dans les hauteurs, devenu d'autant supérieur aux anges que le nom qu'il a reçu en héritage est incomparable au leur. Auquel des anges, en effet, Dieu a-t-il jamais dit : Tu es mon Fils, moi, aujourd'hui, je t'ai engendré ? Et encore : Je serai pour lui un père, et lui sera pour moi un fils. Et de nouveau, lorsqu'il introduit le Premier-né dans le monde, il dit : Que tous les anges de Dieu l'adorent. Tandis qu'il s'exprime ainsi en s'adressant aux anges : Il fait de ses anges des vents, de ses serviteurs une flamme ardente, il dit à son Fils : Ton trône, ô Dieu, subsiste dans les siècles des siècles, et : Le sceptre de droiture est le sceptre de sa royauté. Tu as aimé la justice et tu as haï l'impiété. C'est pourquoi, Dieu, ton Dieu t'a oint d'une huile d'allégresse de préférence à tes compagnons. Et encore : C'est toi, Seigneur, qui aux origines fondas la terre, et les cieux sont l'ouvrage de tes mains. 1Eux périront, mais toi tu demeures, et tous ils vieilliront comme un vêtement. Comme un manteau tu les rouleras, comme un vêtement, et ils seront changés.

C'est pourquoi nous devons nous attacher avec plus d'attention aux enseignements que nous avons entendus, de peur d'être entraînés à la dérive. Si déjà la parole promulguée par des anges s'est trouvée garantie et si toute transgression et désobéissance a reçu une juste rétribution,  comment nous-mêmes échapperons-nous, si nous négligeons pareil salut ? Celui-ci, inauguré par la prédication du Seigneur, nous a été garanti par ceux qui l'ont entendu.

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ÉVANGILE DES VÊPRES
(Luc 2, 1-20)

Or, il advint, en ces jours-là, que parut un édit de César Auguste, ordonnant le recensement de tout le monde habité. Ce recensement, le premier, eut lieu pendant que Quirinius était gouverneur de Syrie. Et tous allaient se faire recenser, chacun dans sa ville. Joseph aussi monta de Galilée, de la ville de Nazareth, en Judée, à la ville de David, qui s'appelle Bethléem - parce qu'il était de la maison et de la lignée de David - afin de se faire recenser avec Marie, sa fiancée, qui était enceinte. Or il advint, comme ils étaient là, que les jours furent accomplis où elle devait enfanter. Elle enfanta son fils premier-né, l'enveloppa de langes et le coucha dans une crèche, parce qu'ils manquaient de place dans la salle. Il y avait dans la même région des bergers qui vivaient aux champs et gardaient leurs troupeaux durant les veilles de la nuit. L'Ange du Seigneur se tint près d'eux et la gloire du Seigneur les enveloppa de sa clarté ; et ils furent saisis d'une grande crainte. Mais l'ange leur dit : " Soyez sans crainte, car voici que je vous annonce une grande joie, qui sera celle de tout le peuple : aujourd'hui vous est né un Sauveur, qui est le Christ Seigneur, dans la ville de David. Et ceci vous servira de signe : vous trouverez un nouveau-né enveloppé de langes et couché dans une crèche. " Et soudain se joignit à l'ange une troupe nombreuse de l'armée céleste, qui louait Dieu, en disant : " Gloire à Dieu au plus haut des cieux et sur la terre paix aux hommes objets de sa complaisance ! " Et il advint, quand les anges les eurent quittés pour le ciel, que les bergers se dirent entre eux : " Allons jusqu'à Bethléem et voyons ce qui est arrivé et que le Seigneur nous a fait connaître. " Ils vinrent donc en hâte et trouvèrent Marie, Joseph et le nouveau-né couché dans la crèche. Ayant vu, ils firent connaître ce qui leur avait été dit de cet enfant ; et tous ceux qui les entendirent furent étonnés de ce que leur disaient les bergers. Quant à Marie, elle conservait avec soin toutes ces choses, les méditant en son cœur. Puis les bergers s'en retournèrent, glorifiant et louant Dieu pour tout ce qu'ils avaient entendu et vu, suivant ce qui leur avait été annoncé.

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ÉVANGILE DES MATINES
(Matthieu 1, 18-25)

Or telle fut la genèse de Jésus Christ. Marie, sa mère, était fiancée à Joseph : or, avant qu'ils eussent mené vie commune, elle se trouva enceinte par le fait de l'Esprit Saint. Joseph, son mari, qui était un homme juste et ne voulait pas la dénoncer publiquement, résolut de la répudier sans bruit. Alors qu'il avait formé ce dessein, voici que l'Ange du Seigneur lui apparut en songe et lui dit : " Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre chez toi Marie, ta femme : car ce qui a été engendré en elle vient de l'Esprit Saint ; elle enfantera un fils, et tu l'appelleras du nom de Jésus : car c'est lui qui sauvera son peuple de ses péchés. " Or tout ceci advint pour que s'accomplît cet oracle prophétique du Seigneur : Voici que la vierge concevra et enfantera un fils, et on l'appellera du nom d'Emmanuel, ce qui se traduit : " Dieu avec nous ". Une fois réveillé, Joseph fit comme l'Ange du Seigneur lui avait prescrit : il prit chez lui sa femme ; et il ne la connut pas jusqu'au jour où elle enfanta un fils, et il l'appela du nom de Jésus.

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À LA LITURGIE DE LA FÊTE :

ANTIENNES

PREMIÈRE ANTIENNE

Seigneur, je te rends grâce de tout coeur,
dans le cercle des justes et l'assemblée.

Refrain : Par les prières de la Mère de Dieu,
ô Sauveur, sauve-nous.

Grandes sont les oeuvres du seigneur,
elles sont dignes d'étude et d'amour. (Refrain)

Faste et splendeur, son ouvrage,
sa justice demeure pour toujours. (Refrain)

Il déclare pour oujours son alliance,
saint est redoutable est son Nom. (Refrain)

Gloire au Père... Maintenant... (Refrain)

DEUXIÈME ANTIENNE

Bienheureux l'homme qui crainte le Seigneur,
qui se plaît à ses préceptes.

Refrain : Sauve-nous, ô Fils de Dieu,
toi qui es né d'une Vierge,
nous qui te chantons, alléluia.

Opulence et bien-être en sa maison,
sa justice demeure à jamais. (Refrain)

Il se lève en la ténèbre,
lumière des coeurs droits. (Refrain)

Gloire au Père... Maintenant...

Fils unique et Verbe de Dieu...

TROISIÈME ANTIENNE

Le Seigneur dit à mon Seigneur :
Siège à ma droite,
de tes ennemis je ferai l'escabeau de tes pieds.

Refrain : Ta naissance, Ô Christ, notre Dieu,
a fait resplendir dans le monde la lumière de l'intelligence.
Ceux qui servaient les astres

sont insruits par l'astre de t'adorer,
Soleil de Justice, et te contempler,

Orient veant des hauteurs.
Seigneur, gloire à toi !

(Le Tropaire)

De Sion le Seigneur étendra ton sceptre de puissance :
domine au coeur de l'ennemi ! (Refrain)

À toi la royauté au jour de ta naissance,
dans la splendeur des saints. (Refrain)

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ENTRÉE ET PROKIMENON

CHANT D'ENTRÉE

Je t'ai engendré dans mon sein avant l'aurore.
Le Seigneur l'a juré et il ne s'en repntira pas :
tu es prêtre à jamais selon l'ordre de Melchisédek.

À LA PLACE DU TRISAGION :

Vous tous qui avez été baptisés en Christ,
vous avez revêtus le Christ, alléluia.

PROKIMENON

Toute la terre se prosterne devant toi et chante pour toi.
qu'elle chante pout ton Nom, ô Dieu très-haut !

Verset : Acclamez le Seigneur, tous les habitants de la terre
chantez à la gloire de son Nom
rendez-lui honneur et louange.

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ÉPÎTRE ET ALLÉLUIA

ÉPÎTRE (Galates 4, 4-7)

Frères, quand vint la plénitude du temps, Dieu envoya son Fils, né d'une femme, né sujet de la Loi, afin de racheter les sujets de la Loi, afin de nous conférer l'adoption filiale. Et la preuve que vous êtes des fils, c'est que Dieu a envoyé dans nos cœurs l'Esprit de son Fils qui crie : Abba, Père ! Aussi n'es-tu plus esclave mais fils ; fils, et donc héritier de par Dieu.

ALLÉLUIA

Les cieux recontent la gloire de Dieu,
l'oeuvre de ses mains, le firmament l'annonce.

Verset : Le jour au jour en porte le récit,
et la nuit à la nuit en donne connaissance.

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ÉVANGILE
(Matthieu 2, 1-12)

Jésus étant né à Bethléem de Judée, au temps du roi Hérode, voici que des mages venus d'Orient arrivèrent à Jérusalem en disant : " Où est le roi des Juifs qui vient de naître ? Nous avons vu, en effet, son astre à son lever et sommes venus lui rendre hommage. " L'ayant appris, le roi Hérode s'émut, et tout Jérusalem avec lui. Il assembla tous les grands prêtres avec les scribes du peuple, et il s'enquérait auprès d'eux du lieu où devait naître le Christ. " A Bethléem de Judée, lui dirent-ils ; ainsi, en effet, est-il écrit par le prophète : Et toi, Bethléem, terre de Juda, tu n'es nullement le moindre des clans de Juda ; car de toi sortira un chef qui sera pasteur de mon peuple Israël. " Alors Hérode manda secrètement les mages, se fit préciser par eux le temps de l'apparition de l'astre, et les envoya à Bethléem en disant : " Allez vous renseigner exactement sur l'enfant ; et quand vous l'aurez trouvé, avisez-moi, afin que j'aille, moi aussi, lui rendre hommage. " Sur ces paroles du roi, ils se mirent en route ; et voici que l'astre, qu'ils avaient vu à son lever, les précédait jusqu'à ce qu'il vînt s'arrêter au-dessus de l'endroit où était l'enfant. A la vue de l'astre ils se réjouirent d'une très grande joie. Entrant alors dans le logis, ils virent l'enfant avec Marie sa mère, et, se prosternant, ils lui rendirent hommage ; puis, ouvrant leurs cassettes, ils lui offrirent en présents de l'or, de l'encens et de la myrrhe. Après quoi, avertis en songe de ne point retourner chez Hérode, ils prirent une autre route pour rentrer dans leur pays.

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MÉGALINAIRE ET COMMUNUION

MÉGALINAIRE

Magnifie, ô mon âme,
celle qui est plus glorieuse et plus vénérable
que toutes les Puissances des cieux.

Je vois un mystère étonnant qui dépasse l'entendement :
une grotte est devenu le Ciel
et la Vierge remplace le trône des Chéribins ;
la crèche est la demeure où repose le Christ,
notre Dieu infini que nous chantons et magnifions.

CHANT DE COMMUNION

À son peple Dieu envoie la délivrance,
il confirme pour toujours son alliance. Alléluia.

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MÉDITATION SUR LA FÊTE
AVEC LE PÈRE LEV GILLET

La célébration de la naissance du Christ a été introduite dans le calendrier ecclésiastique à une date relativement tardive [1]. L’Église des premiers siècles insistait sur l’Épiphanie, première manifestation glorieuse du Sauveur, plutôt que sur sa naissance, événement en quelque sorte privé et enveloppé d’une certaine pénombre, – quoique cette pénombre fût déjà traversée par des rayons de la lumière divine. Dans la vie liturgique des Églises orientales contemporaines, l’Épiphanie continue à avoir la pré-éminence sur Noël, et cette pré-éminence se remarque aussi dans la piété populaire. L’Occident latin assigne officiellement à l’Épiphanie une place qui n’est pas inférieure à celle de Noël ; mais la dévotion des fidèles s’est définitivement concentrée sur cette dernière fête ; il semble même que, pour la plupart des catholiques latins, des anglicans et des protestants, Noël soit devenu plus important que Pâques. Fidèles à la tradition primitive, nous considérons l’Épiphanie comme la célébration la plus haute et la plus complète de la venue de Notre-Seigneur parmi les hommes. Mais nous nous garderons de méconnaître cette inspiration du Saint-Esprit qui a poussé la communauté chrétienne entière à mieux contempler et mieux honorer la naissance même de Jésus. Nous nous efforcerons de recevoir de tout notre cœur le message et la grâce propres de Noël. Nous verrons dans la période qui va de Noël à l’Épiphanie un temps de fête indivisible, dont Noël est le point de départ et l’Épiphanie le point culminant ; la prolongation de cette célébration nous offre des possibilités accrues de nous convertir à Celui qui vient.

Les matines de Noël sont chantées, soit le soir du 24 décembre soit le matin du 25 décembre. On y relit l’évangile, déjà lu pendant les " heures royales " du 24 décembre, qui rapporte le message de l’ange à Joseph (Mt 1, 18-25) ; on chante l’hymne angélique : " Gloire à Dieu au plus haut des cieux et paix sur la terre… " et les odes spéciales de la Nativité. Au cours de la liturgie de Noël [2], on répète, au lieu du Trisagion, l’antienne formée des paroles de Saint Paul : " Vous tous, baptisés dans le Christ vous avez revêtu le Christ (Ga 3, 27) ". C’est de la même lettre aux Galates (4, 4-7) qu’est tirée l’épître du jour : " Quand vint la plénitude des temps, Dieu envoya son Fils, né d’une femme… Et parce que vous êtes des fils, Dieu a envoyé dans vos cœurs l’Esprit de son Fils qui crie : Abba, Père ". L’Évangile (Mt 2, 1-12), déjà lu la veille, est celui de l’adoration des Mages [4]. Le début de la bénédiction finale de la liturgie est modifié de la manière suivante : " Le Christ, notre vrai Dieu, qui est né dans une crèche et fut étendu dans une mangeoire, pour notre salut… ".

Nous citerons quelques unes des paroles chantées aux matines de Noël, pour montrer quel esprit anime l’Église en cette fête :

" Aujourd’hui toutes les créatures seront remplies de joie… Acclamez Dieu, toute la terre. "

" Tu as fleuri de la vierge… comme la verge sortie de la racine de Jessé et comme sa fleur… ".

" À ceux qui sont pris dans la nuit des œuvres d’un égarement ténébreux… accorde, ô Christ, l’expiation… "

" J’ai été percé par les flèches du tyran et je cherche un refuge en toi, ô Christ, qui a vaincu le malin… "

" Après avoir contemplé les figures sans éclat et les ombres détournées du Verbe, ô mère toute pure, maintenant qu’il vient de sortir de la porte fermée et que nous sommes jugés dignes de la lumière de vérité, nous bénissons votre sein… ".

" Notre Sauveur nous a visités du haut des cieux, de l’Orient des Orients, et nous qui étions dans les ténèbres et l’ombre nous avons trouvé la vérité… ".

On remarquera ici, une fois de plus, la tendance de l’Église byzantine à penser au Christ en termes de Lumière. Les chrétiens byzantins n’oublient certes pas que le Verbe est devenu un petit enfant couché dans une crèche ; mais, tandis que les chrétiens d’Occident semblent s’attacher avec prédilection (depuis le moyen-âge) à ce petit enfant en chair et en os, l’Orient voit surtout dans l’Incarnation l’apparition de la lumière, son triomphe sur les ténèbres, notre propre conversion de la nuit du péché à la clarté divine. L’Orient veut contempler la réalité éternelle qu’exprime l’événement historique. Cette spiritualisation de Noël, cet état d’âme très différent de celui (non moins légitime) de la plupart des chrétiens occidentaux [5] trouve sa formulation parfaite dans le tropaire de la Nativité :

" Ta Nativité, Christ notre Dieu, a fait luire dans le monde la lumière de la connaissance ; c’est par elle, en effet, que les adorateurs des astres ont appris d’une étoile à t’adorer Soleil de Justice et à te reconnaître comme l’Orient descendant du Ciel, Seigneur, gloire à Toi ! "

NOTES

[1] Les premiers indices de cette célébration viennent d’Égypte. Clément d’Alexandre, vers l’an 200, mentionne que certains Égyptiens commémorent la naissance du Christ le 20 mai. Dans la première moitié du IVe siècle, les constitutions de l’Église d’Alexandrie établissent que le 6 janvier est en même temps la fête de la Nativité et de l’Épiphanie du Christ. Mais nous savons, par des sermons de Saint Grégoire de Nysse, que, en 380, les fidèles de Cappadoce célébraient la date du 25 décembre. Nous savons aussi, cependant, qu’en 385 le 25 décembre n’était pas fêté à Jérusalem. Noël continua à être ignoré par l’Église de Jérusalem jusqu’au VIe siècle. La célébration de Noël fut introduite à Antioche par Saint Jean Chrysostome vers 386. Il semble que ce soit également Chrysostome qui ait introduit Noël à Constantinople entre 398 et 402. À Rome, Noël était célébré dès 354. Cependant le concile espagnol de Saragosse, en 380, ignore encore Noël, et Saint Augustin, au Ve siècle, l’omet d’une liste des fêtes de première classe dressée par lui. Noël fut néanmoins reconnu peu à peu dans tout le monde chrétien. Pourquoi le 25 décembre a-t-il été choisi comme fête de la Nativité du Christ ? Il est plus que possible que l’Église ait voulu adapter et " christianiser " certaines fêtes païennes qui se célébraient vers cette date : ainsi la naissance de Dionysios à Delphes, les Saturnales (1-23 décembre), et surtout le Natalis Invicti, ou fête du soleil " invaincu " (solstice d’hiver) célébrée le jour même du 25 décembre. Les Pères de l’Église, notamment Cyprien, déclarent que cet " anniversaire de l’invaincu " trouve sa réalité dans la naissance de Jésus, le seul " invaincu " et le Soleil de Justice. D’autres considérations ont influé sur le choix du 25 décembre : on a fait dépendre la date de la Nativité de la date de la conception du Christ, et l’on a célébré la Nativité neuf mois après le 25 mars, fête de l’Annonciation. La date de l’Annonciation elle-même a été fixée au 25 mars, parce que l’on a imaginé que le Christ avait été conçu six mois après la conception de Jean-Baptiste ; or on fixait au mois de septembre l’annonce faite à Zacharie, car on faisait arbitrairement de Zacharie un grand-prêtre et l’on se rappelait que les grand-prêtres entrait dans le sanctuaire le jour de l’Expiation, en septembre. De tels calculs sont entièrement fantaisistes. Nous ne connaissons historiquement ni le mois ni l’année de la naissance de Jésus. Ce que nous appelons l’" ère chrétienne ", dont la première année coïncide avec l’an 754 après la fondation de Rome, est une invention du moine Denys le Petit, au VIe siècle. De même nous n’avons aucune certitude historique quant à la date de la mort de Jésus-Christ, ou quant à l’âge de Jésus au moment de sa mort, ou quant à la durée du ministère public de Jésus-Christ. Tout ce que l’on peut dire avec quelque probabilité est que Jésus, lors de sa mort, avait une trentaine d’années et que sa prédication a pu durer d’un an à trois ans.

[2] La liturgie célébrée le 25 décembre est celle de Saint Jean Chrysostome, sauf si le 25 décembre tombe un dimanche ou un lundi : dans ce cas, on célèbre la liturgie de Saint Basile. De Noël à l’Épiphanie, on ne doit ni fléchir les genoux pendant la prière ni jeûner.

[3] Ga 3, 27.

[4] Les Mages étaient, en Perses, une caste sacrée et très influente. L’évangile ne mentionne pas le nombre et les noms des Mages qui vinrent adorer Jésus. L’idée des " trois rois " appartient au domaine de la légende. Diverses explications astronomiques ont été proposées pour expliquer le phénomène de l’étoile apparue aux Mages ; aucun de ces théories n’a pour elle des raisons décisives. Quels que soient les faits historiques exacts, le sens spirituel de cet épisode n’est pas douteux ; l’adoration de Jésus par les Mages symbolise la vocation du monde païen et la réponse divine aux aspirations de tant d’âmes qui ne savent pas nommer Celui qu’elles cherchent. Mais elles ne cherchent pas en vain.

[5] Ce qui est dit ici ne s’applique pas aux anciens Pères de l’Église latine. C’est au moyen âge, surtout avec Saint Bernard de Clairvaux (XIIe siècle), que la piété occidentale s’est profondément attachée à l’humanité de Notre-Seigneur. L’influence franciscaine a été prépondérante dans le développement de la " dévotion à la crèche ", d’ailleurs, si touchante et si spirituellement féconde.

Extrait du livre L'An de grâce du Seigneur,
signé « Un moine de l'Église d'Orient »,
Éditions AN-NOUR (Liban) ;
Éditions du Cerf, 1988.

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Dernière modification: 
Jeudi 21 juillet 2022