Pages de la paternité spirituelle

Saint Séraphim de Sarov

Saint Séraphim de Sarov
(Fraternité monastique de
Saint-Séraphim-de-Sarov,
Rawdon, Québec)

Présentation

 

PRÉSENTATION

NOTICES BIOGRAPHIQUES

POUR ALLER PLUS LOIN - LECTURES

La tradition chrétienne du guide spirituel remonte aux premiers moines et moniales, les hommes et les femmes qui se sont retirés des grandes villes égyptiennes dès le début du quatrième siècle, afin de se trouver « seul à Seul » au désert. La pratique s’est rapidement installée que les jeunes cherchaient conseil auprès d’un ancien ou d’une ancienne, expérimenté dans la prière, l’ascèse, le combat spirituel, et pouvant servir de modèle et de guide dans la recherche de la vie évangélique.

Passant par les monastères de la Palestine, en particulier Sainte-Catherine du Sinaï, et les monastères du Mont Athos à partir du Xe siècle, la tradition de la paternité spirituelle s’est répandue dans le monde byzantin et en Occident. Étroitement associée à la tradition hésychaste dans la spiritualité de l’Église d’Orient, la pratique de la paternité spirituelle a connu, comme l’hésychasme, des périodes de grande floraison ainsi que des périodes d’oubli. Suivant le grand renouveau spirituel dans l’Orthodoxie commençant à la fin du XVIIIe siècle, la paternité spirituelle a atteint un apogée en Russie au XIXe siècle avec les grands starets russes, notamment saint Séraphim de Sarov, le plus connu de tous, la lignée des starets du monastère d’Optino (Léonide, Macaire et Ambroise, tous canonisés en 1988), saint Ignace Briantchaninov, saint Théophane le Reclus et beaucoup d’autres starets moins connus. Plus proche de nous, le saint starets Silouane l’Athonite et son disciple l'Archimandrite Sophrony, décédé en 1993, sont dans la pure tradition des Pères du désert du IVe siècle.

Si la paternité et la maternité spirituelles étaient destinées à l’origine surtout aux moines et aux moniales, elles ont été rapidement pratiquées par beaucoup de laïcs également. Car chaque chrétien, qu’on soit laïc, clergé ou moine, a la vocation « monastique » ; les laïcs sont appelés à pratiquer le « monachisme intériorisé », pour reprendre l'expression éloquente de Paul Evdokimov.

C’est pour faire mieux connaître les fondements théologiques et ascétiques de la paternité spirituelle dans la Tradition orthodoxe, ainsi que sa pratique de nos jours, que nous avons recueilli ici quelques textes pertinents. Les deux premiers documents, ceux de Mgr Kallistos Ware (Le rôle du père spirituel) et du Higoumène Syméon (La paternité spirituelle) sont des exposés contemporains des grands traits de cette tradition, abondamment illustrés par des citations des Pères et des exemples. Les deux documents qui suivent sont des écrits sur la pratique de la paternité spirituelle par deux autorités incontestables, saint Silouane l'Athonite (Des pères confesseurs) et saint Ignace Briantchaninov (De la vie menée en suivant des conseils spirituels). Suivent des biographies spirituelles de deux illustres starets du XIXe siècle, saint Séraphim de Sarov (par Élisabeth Behr-Sigel) et saint Ambroise d’Optino (par Vladimir Lossky). Nous terminons ce recueil avec des réflexions personnelles de l'Archimandrite Sophrony, fondées sur sa longue expérience de confesseur et de père spirituel au Mont Athos, en France et en Angleterre.

Nous espérons que ces pages seront utiles pour ceux qui sont engagés dans la dynamique infiniment variée de la paternité spirituelle, ainsi que pour ceux qui s’intéressent à cet aspect important de la spiritualité de l’Église d’Orient.

Tu es mon Rocher et ma Forteresse,
à cause de ton Nom tu me conduiras, tu me guideras.

                                    Psaume 30, 4


NOTICES BIOGRAPHIQUES

Élisabeth Behr-Sigel (1907- )

Élisabeth Behr-Sigel, née en 1907 à Strasbourg, a enseigné dans le secteur public et a été chargée de cours à l'Institut de théologie orthodoxe Saint-Serge et à l’Institut catholique de Paris. Ses cours portaient notamment sur la spiritualité de l’Église orthodoxe. Elle a publié de nombreuses articles dans la revue orthodoxe Contacts. Principales publications : Prière et sainteté dans l’Église russe (Bellefontaine, 1982) ; Le ministère de la femme dans l’Église (Cerf, 1987) ; Le lieu du coeur : Initiation à la spiritualité de l’Église orthodoxe (Cerf, 1989) ; Lev Gillet : " Un moine de l’Église d’Orient " (Cerf, 1993).

Saint Ignace Briantchaninov (1807-1867)

D'origine noble, Ignace Briantchaninov entre dans l’armée et y fait des études d’ingénieur, puis obtient la permission de l’empereur Nicolas Ie de se retirer dans un monastère. Nommé évêque du Caucase et de la Mer Noire, il reste moine, vivant la simplicité et la charités évangéliques. Il devient conseiller spirituel d’un grand nombre de fidèles et il entretient une volumineuse correspondance (publiée en russe) avec des personnes de toute la Russie qui cherchent conseil auprès de lui. Publications traduites en français : La Prière de Jésus (Présence, 1976) ; Introduction à la tradition ascétique de l’Église d’Orient (Présence, 1979). Approches de la prière de Jésus (Bellefontaine, 1983).

Vladimir Lossky (1903-1958)

Vladimir Lossky, fils aîné du philosophe russe Nicolas Lossky, s’établit en France après l’expulsion de sa famille de la Russie en 1922. Il joue un rôle actif dans la Confrérie Saint-Photius à partir de 1925 et devient un théologien éminent de l’immigration russe, enseignant à l’Institut de théologie Saint-Irénée. Son livre Essai sur la théologie mystique de l’Église d’Orient, paru à Paris en 1944, devenue un grand classique, marque l’émergence du courant néo-patristique dans la théologie orthodoxe contemporaine. Il participe à la naissance d’une communauté orthodoxe francophone ainsi qu’au dialogue oecuménique, notamment avec l’Église anglicane. Autres publications : Théologie négative et connaissance de Dieu chez Maître Eckhart (J. Vrin, 1960) ; Vision de Dieu (Delachaux et Niestle, 1962) ; À l'image et à la ressemblance de Dieu (Aubier-Montaigne, 1967) ; (avec Nicolas Arseniev) La paternité spirituelle en Russie aux XVIIIème et XIXème siècles (Bellefontaine, 1977) ; (avec Léonide Ouspensky) The Meaning of Icons (en anglais seulement) (St. Vladimir's Seminary Press, 1982). Voir aussi Olivier Clément, Orient-Occident : Deux passeurs, Vladimir Lossky et Paul Evdokimov (Labor et Fides, 1985).

Saint Silouane l’Athonite (1866-1938)

Le starets Silouane quitte sa Russie natale à l’âge de 26 ans et arrive au monastère russe de Saint-Pantéléïmon au Mont Athos en 1892. Ardent ascète, il reçoit la grâce de la prière perpétuelle et celle de voir le Christ. Une parole de salut lui est donnée pour lui-même et pour notre temps : « Tiens ton esprit enfer et ne désespère pas ». Après de longues années d'épreuves spirituelles, il acquiert une grande humilité et l'hésychia, c'est-à-dire la paix intérieure. Il prie et pleure pour le monde entier comme pour lui-même et il vit au plus haut degré l'amour des ennemis. Homme à la ressemblance de Dieu, le starets Silouane est, pour le moine et écrivain catholique Thomas Merton, « le moine le plus authentique du XXe siècle ». Décédé en 1938, le saint starets a été canonisé par le Patriarcat de Constantinople en 1987. Sa mémoire est célébré le 26 septembre. Ses écrits sont conservés dans le livre de l’Archimandrite Sophrony, Starets Silouane : Moine du Mont Athos. Vie - Doctrine - Écrits (Présence, 1995).

Archimandrite Sophrony (1896-1993)

Né à Moscou en 1896, le futur Père Sophrony étudie les beaux-arts et quitte l'Union soviétique en 1921 pour se rendre en France. Il expose aux salons d'Automne et des Tuileries, puis il s'inscrit à l'Institut de théologie orthodoxe Saint-Serge à Paris. Cherchant la vie monastique, il devient moine au monastère Saint-Pantéléimon au Mont Athos en 1925. Dès 1930 il est en étroit contact avec le starets Silouane. À la mort du saint starets en 1938, le Père Sophrony devient ermite et, entre 1942 et 1947, père spirituel de plusieurs monastères athonites. En 1947 il se rend à Paris pour publier la vie et les écrits du starets Silouane ; empêché de retourner au Mont Athos, il reste en France. En 1959, il se rend en Angleterre pour fonder le monastère Saint-Jean-Baptiste. Principales publications en français : Starets Silouane, Moine du Mont Athos : Vie - Doctrine - Écrits (Présence, 1996) ; Voir Dieu tel qu'il est (Labor et Fides, 1984) ; Sa vie est la mienne (Cerf, 1981) ; La félicité de connaître la voie (Labor et Fides, 1988) ; De vie et d'esprit (Le Sel de la Terre, 1993) ; La prière, expérience de l'éternité, (Cerf/Sel de la Terre, 1998).

Higoumène Syméon

Prêtre, moine, le père Syméon est higoumène (abbé) du monastère Saint-Silouane l’Athonite qu’il a fondé en 1990 à Saint-Mars-de-Locquenay près du Mans (France). Précédemment, il a été prêtre de la paroisse francophone du Patriarcat de Moscou à Paris. Vice-président de l’Association Saint-Silouane l’Athonite, ancien vice-président de l’ACAT-France, collaborateur régulier de l’émission « Orthodoxie » de France-Culture, il est notamment très engagé dans le dialogue intermonastique œcuménique.

Mgr Kallistos Ware (1934- )

Né à Bath en Angleterre, Timothy Ware fait des études classiques et théologiques à Oxford et devient orthodoxe en 1958. En 1966 il est ordonné prêtre et devient moine. Depuis 1966 il est professeur d’études orthodoxes orientales à Oxford, et en 1982 il est consacré évêque de Diokleia dans l’archidiocèse de Grande-Bretagne du Patriarcat oecuménique. Principales publications en français : Approches de Dieu dans la tradition orthodoxe (Desclée de Brouwer, 1982) ; L’Église orthodoxe : L’Église des sept conciles (Desclée de Brouwer, 1968, 1998) ; Le royaume intérieur (Cerf/ Le Sel de la Terre, 1996).


POUR ALLER PLUS LOIN - LECTURES

Arminjon, Victor, La Russie monastique. Présence, 1974.
Behr-Sigel, Élisabeth, Le lieu du cœur : Initiation à la spiritualité orthodoxe. Cerf, 1989.
Behr-Sigel, Élisabeth, Prière et sainteté dans l’Église russe. Bellefontaine, 1982.
Deseille, Placide, La spiritualité orthodoxe et la Philocalie. Bayard, 1997.
Dostoïevski, Fédor, Les frères Karamazov. Livre de Poche, 1996.
Dunlop, John B., Le starets Ambroise d’Optino. Bellefontaine, 1982.
Goraïnoff, Irina, Séraphim de Sarov. Desclée de Brouwer, 1979.
Gouillard, Jean, trad., Petite Philocalie de la prière du cœur. Seuil, 1979.
Hausherr, Irénée, article " Direction spirituel en Orient " dans le Dictionnaire de la spiritualité, cols. 1008-1060. Aussi son ouvrage " La direction spirituelle en Orient autrefois ", Orientalia christiana analecta, Rome, 1955.

Ignace Briantchaninov (Saint), Introduction à la tradition ascétique de l’Église d’Orient. Présence, Sisteron, 1978.
Joanta, Romul, Roumanie, Tradition et culture hésychastes. Bellefontaine, 1987.
Laloy, Jean, trad., Récits d'un pèlerin russe. Baconnière/Seuil, 1978.
Lossky, Vladimir, et Nicolas Arseniev, La paternité spirituelle en Russie aux XVIIIe et XIXe siècles. Bellefontaine, 1977.
Païsi Velitchkovsky (Saint), Autobiographie d’un starets. Bellefontaine, 1991.
Un Moine de l'Église d'Orient, Introduction à la spiritualité orthodoxe. Desclée de Brouwer, 1983.
Smolitsch, Igor, Les moines de la sainte Russie. Mame, 1967.
Sophrony (Archimandrite), Starets Silouane : Moine du Mont-Athos. Vie - Doctrine - Écrits. Présence, 1973.
Touraille, Jacques, trad., Philocalie des Pères neptiques (Tomes I et II). Desclée de Brouwer/J.-C. Lattès, 1995.


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