Prières et offices

Présentation du Christ - Icône de la Fête

Icône de Théophane le Grec
Monastère de Stavronikita (Mont Athos)

 


Léonide Ouspensky et Vladimir Lossky

Recluses missionnaires

LA SAINTE RENCONTRE - PAGE PRINCIPALE

HOMÉLIES ET COMMENTAIRES


Léonide Ouspensky et Vladimir Lossky

La Présentation ou « Rencontre » de Notre Seigneur Jésus-Christ (2 février) est plus connue en Occident sous le nom de Purification de la Sainte Vierge. Comme la majorité des fêtes d'origine palestinienne, celle de la Présentation du Christ au Temple appartient à l'Antiquité chrétienne. Égérie (fin du IVe siècle) a assisté à sa célébration à Jérusalem avec procession et une grande solennité. Cette fête fut introduite à Constantinople, au VIe siècle, sous Justin et Justinien et passa de là à Rome dans le courant du VIIe siècle. La coutume de tenir des cierges allumés pendant l'office de l'Hypapante, inaugurée à Jérusalem vers 450, s'est conservée en Occident : d'où le nom de Chandeleur (Lichtmesse dans les pays germaniques).

Comme la fête de la Circoncision (le 1er janvier), la Présentation du Christ-Enfant au Temple nous montre « l'Auteur de la Loi accomplissant les préceptes de la Loi » (Vêpres, ton 1) : c'est la consécration à Dieu du premier fils (Ex 13, 2) et la cérémonie de la purification de la mère quarante jours après la naissance de l'enfant mâle (Lv 12, 6-8). Le récit de l'Évangile (Lv 11, 22-39) a fourni la base à la fois du texte liturgique et de l'iconographie de la fête.

Les premières représentations connues de la Présentation du Christ au Temple se trouvent sur une mosaïque de Sainte-Marie ­Majeure (Ve siècle) et sur un reliquaire cruciforme émaillé au musée du Latran (fin Ve ou début VIe). L'iconographie delà fête de l'Hypapante fut fixée définitivement aux IXe et Xe siècles et est restée presque inchangée. On voit parfois le Christ-Enfant porté par sa Mère, ou, plutôt, tendu par Elle à saint Syméon, mais le plus souvent c'est ce dernier qui tient l'Enfant dans ses bras. Le Christ n’est jamais représenté vêtu de langes. Il porte en général une veste courte qui laisse ses jambes nues. Assis sur les bras étendus de Syméon, il bénit parfois, comme on le voit sur notre icone. C'est le Christ-Enfant du type Emmanuel. « Le Verbe du Père sans commencement prend origine dans le temps sans être séparé de sa divinité ». (Vêpres, ton 1). « L'Ancien des Jours se fait enfant dans la chair » (Vêpres, ton 5). « Celui qui donna la Loi à Moïse sur le Sinaï... est amené dans le Temple conformément à la Loi » (Vêpres, ton 1). Comme dans le récit de saint Luc, le thème de la purification de sa Mère est presque oublié : le moment central de la fête est la « Rencontre » du Messie : la rencontre de l'Ancien et du Nouveau Testament. La « Rencontre » se déroule dans le Temple, devant l'autel qui, sur notre icône est recouvert d'un dais. On voit quelquefois sur l'autel une croix, un livre ou un rouleau de parchemin. Des deux côtés de l'autel se tiennent la Mère de Dieu (à la gauche du spectateur) et saint Syméon (à droite). La Mère de Dieu étend ses deux mains recouvertes du maphorion en un geste d'offrande. Elle vient de remettre son Fils à Syméon. Le saint vieillard, penché en avant, tient l'Enfant dans ses deux mains, couvertes elles aussi de son vêtement (en signe de vénération) Saint Joseph suit la Mère de Dieu, tenant dans le pli de son vêtement l'offrande de parents pauvres (Lv 12, 8) deux tourterelles ou deux jeunes colombes. Ces oiseaux symbolisant l'Église d'Israël et celle des gentils, ainsi que les deux Testaments, dont le Christ est l'unique Tête. Sainte Anne, fille de Phanuel, « une veuve d'environ quatre­ vingt-quatre ans » (Vêpres, ton 8) se tient derrière saint Syméon, à l'arrière-plan, comme saint Joseph. Elle penche en arrière sa tête couverte d'un voile : elle regarde vers le haut, pour exprimer l'inspiration prophétique.

Une grande importance est accordée à la personne de Syméon, « celui qui reçoit Dieu ». Ses paroles prophétiques, l'un des trois Cantiques du Nouveau Testament sont chantées à chaque Vêpres de l'année liturgique. On a tenté de voir dans le saint vieillard qui a reçu le Christ dans ses bras un prêtre du Temple. Quelques auteurs disent qu'il était l'un des docteurs de la Loi - fils d'Hillel et père de Gamaliel, le maître de saint Paul. D'autres ont supposé que Syméon était l'un des Septante, traducteurs de la Bible et que Dieu l'avait maintenu en vie durant trois cent cinquante ans jusqu'à la venue du Messie. Les textes liturgiques le célèbrent comme le plus grand des prophètes : plus encore que Moïse, Syméon mérite le titre de « celui qui a vu Dieu », car Dieu apparut à Moïse dans la nuée (Vêpres, stichère du ton 2) alors que Syméon a porté dans ses bras, incarné, le Dieu éternel : « Il a révélé la lumière des nations, la Croix et la Résurrection » (Vêpres, stichère d'Anatole) (une allusion au « glaive qui transperça l'âme de Marie», dans le même verset). Le Nunc dimittis reçoit un sens nouveau : le prophète demande au Seigneur de lui permettre d'aller annoncer l'Incarnation dans les enfers (office de saint Syméon, 3 février, ode 6 du canon). Sur notre icône, rien n'indique que Syméon ait possédé une dignité sacerdotale. Il est tête nue et porte la longue chevelure d'un nazir; son long vêtement descend jusqu'à ses pieds. «Le Christ-Enfant est assis sur les bras du vieillard comme sur un trône» (Vêpres, ton 8). La 9e ode des Matines Lui fait dire : « Ce n'est pas le vieillard qui Me tient; c'est Moi qui le tiens car il implore mon pardon. »

Notre icône est très caractéristique de l'école de Novgorod au XVe siècle. Sans avoir le « style aristocratique » qui marque les autres ateliers de Novgorod, elle a gardé, en revanche, une plus grande liberté d'expression, l'aspect intimiste et chaleureux propre à la piété populaire.

Source : Léonide Ouspensky et Vladimir Lossky,
Le Sens des icônes, Paris, Le Cerf, 2004, pp. 154-156.


Comprendre l'icône de la Présentation du Christ au Temple

Recluses missionnaires (Montréal)

Icône de sr Jacqueline Poirier, r.m.

L’icône de la Présentation de Jésus au Temple illustre bien le récit de saint Luc dans son Évangile (2,22-38). Quarante jours après la naissance de Jésus, Joseph et Marie accomplissent la Loi de Moïse en le présentant au Temple et en offrant deux petites colombes en sacrifice. Ce rite pouvait s’accomplir auprès de n’importe quel prêtre; ils choisissent cependant de venir au Temple de Jérusalem et c’est ainsi qu’une rencontre inédite a lieu avec deux vieillards qui attendaient la consolation d’Israël. En eux, c’est toute l’Ancienne Alliance qui exprime la joie de la rencontre avec le Rédempteur. Guidés par l’Esprit, Syméon et Anne ont l’intuition que ce nouveau-né est précisément celui qui est l’Attendu. (Benoît XVI, homélie du 2 février 2011).

La scène se déroule à l’intérieur du Temple signifié sur l’icône par le voile rouge unissant les deux bâtiments de gauche et de droite. Au centre, Marie offre son enfant à Syméon devant un autel sur lequel dans le Temple, on immolait les agneaux apportés par les familles riches. Ici, la figure de l’agneau est associée à l’Enfant Jésus, qui adulte, offrira sa vie. Déjà, Jésus entre dans sa mission de sauveur.

Syméon, dont le nom est dérivé du verbe shama et qui signifie « entendre » ou « il a entendu », reçoit l’Enfant des mains de Marie. Il a lui-même les mains voilées et le buste incliné en signe d’adoration. Son cœur déborde de joie et il se met à prier le Père à voix haute:

Maintenant, ô maître Souverain, tu peux laisser aller ton serviteur en paix, selon ta parole. Car mes yeux ont vu le salut, que tu as préparé à la face de ton peuple, lumière pour éclairer les nations et gloire de ton peuple Israël.

Anne, une prophétesse, c’est-à-dire une femme consacrée à Dieu et interprète de ses desseins selon l’explication de la Bible de Jérusalem, ne quittait pas le Temple, servant Dieu nuit et jour dans le jeûne et la prière, nous dit saint Luc.

Sur l’icône de Novgorod, Anne pointe vers l’Enfant, de qui elle parle à tous ceux qui attendaient la délivrance de Jérusalem. Sur d’autres icônes, elle tient un phylactère avec cette inscription en grec: Ce nouveau-né a créé le ciel et la terre, ou en arabe: Cet Enfant est celui qui a consolidé les cieux et la terre.

Reconnaître Jésus tel qu’il se présente

En contemplant l’Enfant Jésus, Syméon et Anne entrevoient son destin de mort et de résurrection et annoncent ce mystère comme salut universel. Cette scène évangélique manifeste la sagesse de Syméon et d’Anne, la sagesse d’une vie totalement consacrée à la recherche du visage de Dieu, de ses signes et de sa volonté. (Benoît XVI, 2 février 2011). Une volonté qui ne cherche ni grandeur ni richesse selon les vues humaines.

Avec les Mages et les Bergers, Syméon et Anne complètent la trilogie des personnages ayant découvert la grande nouveauté en cet Enfant né simplement, dans une crèche. Ce ne sont ni les prêtres, ni les lévites et les scribes du Temple qui lereconnaissent, ni le roi Hérode ou les habitants de Bethléem, mais ceux et celles qui ont le cœur ouvert et en recherche. L’Esprit Saint ouvre alors leurs yeux pour qu’ils reconnaissent en Jésus l’accomplissement du dessein miséricordieux du Père.

Pour nous, cette icône est un appel à découvrir Jésus, à le rencontrer et à l’accepter tel qu’il se présente à nous.

  • Est-ce que nous cherchons Jésus ?
  • Et si Marie nous le présentait, est-ce que notre cœur l’accueillerait ?
  • Ou avons-nous quelque chose à offrir afin de libérer notre cœur pour nous permettre de l’accueillir comme notre Sauveur ?

Source : https://reclusesmiss.org/wp/la-presentation-de-jesus-au-temple/

Dernière modification: 
Samedi 4 mai 2024