Mère Élisabeth, supérieure de la Demeure de miséricorde Marthe-et-Marie

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« Bénis, Seigneur ! »

La Demeure de miséricorde Marthe-et-Marie vers 1910-1914

La Demeure de Miséricorde Marthe-et-Marie vers 1910-1914


1. Aménagement de la Demeure.
2. La Communauté.
3. L’Œuvre de la Communauté.
4. Les églises.
5. Œuvres fondées par la Demeure.
6. Composition de la Demeure.
7. Une journée dans la Demeure.
8. En conclusion.


1. Aménagement de la Demeure.

La Demeure Marthe-et-Marie a ouvert ses portes officiellement le 10 février 1909. Les deux années qui précédèrent, l’auguste fondatrice, S.A.I. la grande-duchesse Élisabeth Feodorovna a conçu et élaboré une règle temporaire, approuvée par la suite comme permanente. L’auguste fondatrice a établi sa Demeure dans la propriété qu’elle avait acquise sur la rue Bolschaïa Ordynka, composée de quatre maisons et d’un grand jardin.

Les maisons ont été équipées de la façon suivante : la grande maison à un étage et mezzanine donnant sur la rue avec une sortie côté cour comporte au rez-de-chaussée le réfectoire des sœurs, la cuisine, le garde-manger et autres locaux nécessaires à la bonne marche de la maison ; l’hôpital avec ses quatre chambres, deux chambres pour les opérés, la salle d’opération, la salle de soins et la salle de bains sont au premier étage. Les sœurs logent dans la mezzanine. La maison disposait également d’un jardin d’hiver, transformé en chapelle, d’abord temporairement, puis définitivement en tant qu’église de l’hôpital. D’un côté de l’hôpital se trouve la maison de la supérieure, de l’autre la pharmacie et le dispensaire, au-dessus duquel sont aménagés des locaux pour les sœurs. L’aumônier loge au premier étage de la quatrième maison, au rez-de-chaussée de laquelle sont les classes où étudient les fillettes de l’orphelinat Marthe-et-Marie. L’école du dimanche et la bibliothèque sont également aménagées dans ces classes.

À l’ouverture de la Demeure Marthe-et-Marie, la maison ne comptait que six sœurs. Au cours de l’année, leur nombre a atteint trente et ne cesse d’augmenter. En 1911, il a fallu construire un bâtiment à deux étages. Les sœurs sont logées au premier et au deuxième étage ; le dortoir de l’orphelinat, les ateliers et la lingerie sont situés au premier étage. En dehors de la maison du prêtre, tous les bâtiments sont reliés entre eux, ce qui permet d’en faire le tour sans sortir. Le foyer des sœurs a été construit grâce aux dons de la défunte M. F. Morozova et de ses héritiers I.A. et K.F. Kolesnikov.

En 1909, l’auguste fondatrice a également acheté un terrain attenant au jardin de la Demeure. Une partie de la maison qui y est située a été aménagée pour les assistés, une autre pour les personnes venant faire une retraite à la Demeure.

Visite de la famille impériale à la Demeure

Visite de la famille impériale à la Demeure

2. La Communauté.

Le 9 avril 1910, son éminence Triphon a consacré dix-sept sœurs (dont S.A.I. la grande-duchesse) selon le rite approuvé par le Saint-Synode. La cérémonie a eu lieu dans la chapelle conventuelle. Le lendemain, 10 avril, son excellence le métropolite de Moscou Vladimir a élevé au rang de supérieure S.A.I. la grande-duchesse Élisabeth au cours de la liturgie. D’autres consécrations ont eu lieu en octobre de la même année et en avril 1913.

Sont acceptées les veuves et les jeunes filles de confession orthodoxe de vingt et un à quarante ans, désireuses de consacrer leur vie au service de Dieu et du prochain. Les jeunes filles de moins de vingt et un ans souhaitant entrer à la Demeure et répondant à toutes les exigences peuvent être reçues comme postulantes. La Demeure exige : 1) la fermeté spirituelle, le désir d’accepter avec humilité et patience toutes les obédiences imposées aux sœurs au nom du Seigneur auquel elles apportent leurs forces et leur labeur ; 2) une bonne santé, nécessaire aux travaux effectués par les sœurs. Pour cette raison, les femmes de plus de quarante ans ne sont pas acceptées, leur capacité de travail étant moindre : la Demeure se verrait dès le début forcé d’établir un hôtel-Dieu. La Demeure disposera de toute façon d’un foyer pour les sœurs âgées et fatiguées.

Les sœurs sont réparties en sœurs portant la croix (déjà consacrées), novices et postulantes.

Lors de leur entrée à la Demeure, toutes les sœurs reçoivent un chapelet. Elles sont tenues de dire chaque jour 100 prières de Jésus. Les novices ne portent pas le chapelet en vue, les professes, l’ayant reçu une seconde fois lors de leurs vœux, le portent à la main gauche.

Les novices portent un grand fichu blanc couvrant complètement le front. Les dimanches et jours de fête, elles mettent une robe de coton blanc. Les postulantes portent une robe de coton grise et un fichu blanc.

3. L’Œuvre de la Communauté.

Les obédiences imposées aux sœurs sont les suivantes : église, soins médicaux, confection des prosphores, pharmacie, couture, ménage, achats, nettoyage, enseignement, etc. Par ailleurs, toutes les sœurs sans exception sont tenues de visiter les malades, leur apportant autant que possible un soulagement spirituel et physique, l’objectif principal de la Demeure étant d’aider les pauvres à domicile et de partager leurs afflictions.

Les visites à domicile n’ont réellement commencé qu’en 1913. Auparavant les sœurs s’y préparaient sous la direction de la fondatrice et de l’aumônier, assistant aux conférences et apprenant des rudiments de médecine. Les sœurs infirmières suivent un cours de médecine plus spécialisé sous l’égide de médecins expérimentés mettant leurs connaissances en pratique dans le cadre de l’hôpital ou du dispensaire. Toutes les autres sœurs doivent suivre un cours de premiers soins. En visitant les pauvres, elles sont parfois amenées à donner des soins d’urgence. Les conditions de vie de ces appartements misérables ne permettent pas, cependant, de soigner les grands malades alités et les sœurs tentent alors de leur trouver une place dans un hôpital, lorsque celui de la Demeure est plein. Elles s’occupent également du placement d’enfants dans des orphelinats et cherchent du travail pour les chômeurs. Elles apportent parfois une aide financière en payant une nuitée, la location d’une machine à coudre, l’instruction des jeunes filles élèves de tel ou tel cours, un billet de retour au pays. Elles distribuent également aux enfants des vêtements, chauds ou non.

L'hôpital de Demeure de miséricorde

L'hôpital de Demeure de miséricorde

En même temps, les sœurs s’efforcent naturellement avant tout d’apporter une aide morale et spirituelle. Les malheureux vivant dans un coin ont besoin plus que d’autres d’aide spirituelle. Une bonne parole, dite avec amour, revigore et donne la force de continuer sans se révolter contre cette vie de travail et d’afflictions en espérant dans la miséricorde de Dieu et des jours meilleurs.

Avec la bénédiction du Seigneur, ces travaux ont commencé à porter des fruits consolants, ce qui donne aux sœurs la vigueur de continuer leur travail avec joie et amour, au nom du Christ.

À compter de l’automne 1913, les sœurs ont étendu leurs activités au célèbre marché Khitrovka de Moscou. Faisant le tour des asiles de nuit, elles ont fait des pansements et ont parfois réussi à diriger les enfants vers des orphelinats, à trouver un travail aux chômeurs n’ayant pas encore été happés par le tourbillon de la déchéance morale.

Au marché Khitovka, vers 1900

Au marché Khitrovka, vers 1900

4. Les Églises.

La Demeure Marthe-et-Marie a deux églises. Leurs autels comportent des reliques de saint Alexis de Moscou, de sainte Élisabeth et de saint Jean Climaque.

La première église, chapelle de l’hôpital, existe depuis l’ouverture de la Demeure. Elle est dédiée aux saintes Marthe et Marie, patronnes célestes de la Demeure et a été consacrée le 9 septembre 1909 par l’évêque Triphon. Matin et soir les sœurs y lisent les prières, les offices y sont célébrés pendant toute la semaine, sauf les samedis et les dimanches, où ils sont célébrés dans l’église principale.

La chapelle Marthe-et-Marie

La chapelle Marthe-et-Marie

La seconde église, dédiée à la Protection de la Mère de Dieu a été conçue par l’architecte A. V. Chtchoussev. Les fresques sont de l’académicien M. V. Nesterov. L’église a été consacrée le 8 avril 1912 par le métropolite Vladimir de Moscou, assisté des évêques Triphon et Anastase.

L'église de la Protection-de-la-Mère-de-Dieu

L'église de la Protection-de-la-Mère-de-Dieu

Une troisième église, dédiée aux Puissances célestes et à tous les saints, future nécropole des sœurs est actuellement en projet.

5. Œuvres fondées par la Demeure.

1. Un hôpital à 22 lits. Chaque lit coûte 5 000 roubles. L’hôpital est dirigé par A. I. Nikitine, médecin conventuel et docteur en médecine, qui enseigne aux sœurs à soigner les malades. Un médecin de garde est toujours présent à l’hôpital. Les cours sont dispensés gratuitement par le professeur A. A. Kornilov, F. I. Berezkine, A. I. Miassœdov et J. N. Tcherniavskaïa, qui enseigne l’art du massage. Les opérations sont effectuées gratuitement par F. I. Berezkine et A. F. Ivanov. La bibliothèque de l’hôpital possède 200 volumes. L’auguste fondatrice ne souhaite pas élargir l’hôpital, les sœurs étant appelées avant tout à visiter les pauvres et les malades à domicile.

2. Un dispensaire pour les pauvres. Les médicaments y sont délivrés gratuitement, ainsi que les piqûres, les massages, électrisations, etc. Le dispensaire possède 6 cabinets où travaillent bénévolement 34 médecins se relayant au cours de la semaine. L’an passé, 1913, ont été données 10 814 consultations. Pour l’édification morale des malades, le dispensaire possède une bibliothèque ambulante. Des brochures et des feuillets y sont à la disposition de tous. Le dispensaire peut être élargi à tout moment en fonction des besoins.

3. Une pharmacie, qui dispense gratuitement des médicaments aux pauvres et à tous avec la réduction propre aux pharmacies caritatives.

4. Un foyer pour 18 fillettes, toutes orphelines, se préparant à rejoindre les rangs des sœurs. Si la vocation leur fait défaut, elles pourront être placées n’importe où, car elles reçoivent une formation complète, y compris médicale.

5. Une école du dimanche pour les jeunes filles et les femmes ouvrières d’usine, analphabètes ou illettrées. Elles viennent à la Demeure le dimanche à 1 heure, étudient jusqu’à 3 heures. Elles goûtent ensuite de thé et de pain, avant de prendre leur leçon de chant ou de lecture. Elles assistent ensuite à l’office et prennent part au chant de l’acathiste. Ces jeunes filles et femmes passent ainsi leur jour de repos dans une ambiance moralement saine et non à bavarder ou à se livrer, peut-être, à des divertissements pernicieux. En 1913, 75 personnes ont suivi ces cours. L’enseignement y est assuré, comme à l’orphelinat, par les sœurs sous la direction du P. E. Sinadski.

6. Une bibliothèque possédant plus de 2 000 volumes. Le prêt est gratuit. La bibliothèque compte plus de 100 abonnés.

7. Un réfectoire pour les pauvres. Plus de 300 repas sont quotidiennement distribués aux pauvres, principalement des femmes pauvres, mères de famille nombreuse et travailleuses journalières. Les sœurs connaissent personnellement ces familles qu’elles ont visitées. Les repas sont servis à midi et vers 6 heures du soir, en fonction de l’heure à laquelle les ouvrières rentrent du travail. Il arrive que des bienfaiteurs commandent un repas à la mémoire de leurs défunts en faveur des pauvres. Ce jour-là, les défunts sont commémorés à l’église de la Demeure. Le repas revient à 5 kopeks par personne. Le réfectoire est tenu par les sœurs. En 1913, 139 443 repas ont été servis.

En dehors de ses murs, la Demeure Marthe-et-Marie possède deux fondations :

8. " L’obole des enfants ", cercle d’enfants et d’adultes qui se réunissent tous les dimanches au palais Nicolas et travaillent en faveur des enfants pauvres. Ceux qui le désirent peuvent poursuivre leurs travaux chez eux. En 1913, plus de 1 800 enfants ont été habillés. Des dons permettent d’acheter des chaussures d’enfants, le tissu est offert par de bonnes gens, permettant de confectionner des vêtements commandés à des femmes pauvres. Tout ce qui est confectionné dans le cadre du cercle est redistribué aux enfants pauvres, dont les sœurs ont constaté les besoins.

9. Un foyer de jeunes ouvrières. De mauvaises conditions de vie, un mauvais logement (cave...) entraînent souvent leur perte. Plusieurs places ont été réservées pour les étudiantes pauvres, qui périssent souvent d’une mauvaise santé ou du manque de nourriture. Une sœur de la Demeure loge au foyer, qui possède également une bibliothèque de 200 ouvrages. L’aumônier de la Demeure s’y rend chaque semaine, célèbre des Molebens et s’entretient avec les jeunes filles. Avec l’aide du Seigneur, si de bonnes gens répondent à notre appel, la Demeure Marthe-et-Marie rêve de bâtir sur son territoire un grand immeuble avec des appartements bon marché pour ces personnes. Pour un loyer modique, les jeunes ouvrières disposeraient d’un toit et d’une nourriture saine. Leur bonne santé physique et morale serait ainsi assurée. Cette maison posséderait un amphithéâtre où des conférences auraient lieu de temps en temps. En temps ordinaire, les locataires pourraient y trouver de bons livres et occuper à bon escient leurs loisirs avec l’aide des sœurs.

Pendant trois ans, la Demeure a entretenu hors les murs une maison pour les femmes atteintes de tuberculose. Depuis l’ouverture d’une section spécialement créée pour ces malades, la Demeure a fermé ce refuge.

Tous les dimanches d’hiver, l’église de la Demeure accueille le peuple pour des conférences suivies d’un office chanté par tous. Tous les évêques du diocèse de Moscou y ont volontiers pris part. Certains membres du clergé y tiennent également des conférences, qui attirent toutes les couches de la société. Le dimanche, bien avant l’heure prévue, la foule se presse aux portes de la Demeure de miséricorde, dans l’attente de l’ouverture de l’église.

6. Composition de la Demeure.

Supérieure : S. A. I. la grande-duchesse Élisabeth Feodorovna
Aumônier : archiprêtre Mitrophane Srebriansky
Trésorière : Valentina Sergueievna Gordeeva
Un vicaire, le P. Eugène Sinadski et un diacre, M. Sytnik.
Un médecin : le docteur en médecine A. I. Nikitine.

Quatre-vingt-dix-sept sœurs, réparties comme suit : une doyenne, une secrétaire, une sœur chargée des achats, une sœur coordonnant les œuvres de charité à l’extérieur de la Demeure, 27 chantres et sacristines, qui travaillent également aux ateliers de couture, 5 sœurs chargées de la confection des prosphores, 26 infirmières, 6 pharmaciennes, 3 sœurs chargées de l’orphelinat, 5 sœurs chargées du réfectoire, 3 lingères, 5 cuisinières, 2 sœurs attachées à la personne de la supérieure, 4 sœurs chargées du ménage, 2 hôtelières, 4 sœurs travaillant au réfectoire des pauvres, 1 sœur chargée du foyer de jeunes filles.

7. Une journée dans la Demeure de Miséricorde.

Les sœurs se lèvent à 6 heures du matin et procèdent au rangement des locaux. À 7 h 30, elles se rendent à la chapelle de l’hôpital pour la prière, après laquelle l’aumônier ou le vicaire, qui se relayent chaque semaine, lisent quelques versets de l’Évangile et des épîtres apostoliques, ainsi qu’un psaume qu’ils commentent souvent ensuite. Les sœurs reçoivent ensuite la bénédiction du prêtre, saluent la supérieure et prennent le thé avant de se rendre à leurs obédiences. Celles qui sont libres restent à l’église et assistent à la liturgie.

Les sœurs qui en sont chargées chantent et lisent dans les deux églises. La Demeure utilise le chant monastique, très rarement le chant de concert. Les chantres travaillent également à l’atelier de couture où elles confectionnent les vêtements nécessaires aux sœurs.

Après la prière, les sœurs vaquent donc à leurs occupations. Les unes se rendent à l’hôpital dans l’attente du médecin, d’autres au dispensaire où les attendent les malades auxquels ont été prescrits des piqûres, des massages, des électrisations, etc. D’autres encore vont à l’école, à la cuisine, à leur ménage et se mettent au travail.

Mère Élisabeth et les soeurs avec blessés de guerre (c. 1914-1916)

Mère Élisabeth et les soeurs avec blessés de guerre (c. 1914-1916)

Deux fois par semaine, de 11 à 12 heures, l’aumônier donne aux sœurs une leçon de catéchisme ou de patristique. Les sœurs se préparent à la communion lors de chaque carême, soit 4 fois par an, plus souvent pour celles qui le désirent.

Le déjeuner est à 12 h 30. La vie du saint du jour est lue au cours du repas. La nourriture est donnée en fonction des prescriptions liturgiques. Le thé est servi à 4 heures. Les vêpres suivies des matines sont célébrées à 5 heures ; y assistent les sœurs libres. Le dîner est servi à 19 h 30. Les samedis et jours d’avant fête sont célébrées les vigiles. À 21 heures, a lieu la prière du soir, après laquelle les sœurs se retirent dans leur cellule avec la bénédiction de la supérieure. Elles se couchent à 22 h 30. À 23 heures, les lumières s’éteignent.

Les sœurs ayant besoin d’un soutien spirituel peuvent se rendre chez la supérieure ou l’aumônier à certaines heures de la journée.

Quatre fois par semaine, un acathiste est lu au cours des vêpres dans l’église conventuelle : le dimanche, acathiste au Sauveur, le lundi à l’archange Michel et toutes les puissances célestes, le mercredi aux saintes femmes Marthe et Marie, le vendredi à la Mère de Dieu ou à la Passion du Christ.

Actuellement et à l’avenir, les sœurs sont tenues de se rendre au monastère du Miracle pour les fêtes de saint Alexis le 12 février et le 20 mai afin d’assister à la liturgie et aux vigiles. Le 4 février, jour de sa mort, elles se rendent sur la tombe du grand-duc Serge.

Les dimanches et jours de fête, les sœurs portent un vêtement de coton blanc. Leur habit de travail est en coton gris. Il est coupé comme une soutane, tombant d’une pièce sur le devant, s’attachant sur le côté avec des manchettes blanches. Les sœurs déjà consacrées portent une guimpe blanche de type monastique recouverte d’un voile de laine gris. Elles portent au cou une croix de cyprès, retenue par un ruban blanc et portant l’image du Sauveur et de la Protection de la Mère de Dieu sur l’endroit, celle des saintes Marthe et Marie à l’avers avec l’inscription : " Tu aimeras le Seigneur de tout ton cœur, de toute ton âme, de tout ton esprit et de toute ta force et ton prochain comme toi-même. " Les sœurs reçoivent cette croix lors de leur consécration au cours de laquelle elles font pour un temps imparti vœu de servir Dieu et leur prochain, se soumettant en tout à la règle de la Demeure.

8. En Conclusion.

L’une des obédiences principales des sœurs est de visiter les pauvres. Chaque jour, quelques sœurs se rendent chez les pauvres en fonction de leurs obédiences, allant toujours par deux, dans différents quartiers de la ville. L’auguste supérieure reçoit jusqu’à 12 000 demandes par an ; une partie d’entre elles est vérifiée par les sœurs. Certains pauvres leur sont également indiqués par des tiers. Dans tous les cas, il faut visiter, aider, consoler, soigner, etc. Tout est fait avec amour, au nom du Seigneur et avec l’intention, autant que possible, d’apporter au moins une goutte d’aide, cette goutte dont le Seigneur disait " Quiconque donnera à boire à l’un de ces petits ne serait-ce qu’un verre d’eau fraîche [...] ne perdra pas sa récompense " (Mt 10,42).

Que le Seigneur aide la Demeure de miséricorde Marthe-et-Marie à poursuivre son modeste labeur dans la vigne du Seigneur. Si de bonnes gens viennent de tous côtés à son aide, espérons que l’œuvre s’épanouira, que le petit buisson grandira, qu’il deviendra un grand arbre portant du fruit.

Les sœurs de la Demeure de miséricorde Marthe-et-Marie peuvent être appelées religieuses. En cas de guerre, elles ne peuvent suivre un régiment, rôle réservé aux sœurs de la Croix-Rouge. Leur devoir est d’aider les pauvres et les malheureux de Moscou, d’apporter leur aide en cas d’épidémie ou de catastrophe. Avec le temps, si le Seigneur nous aide à bâtir des dépendances, les sœurs pourront travailler en dehors de Moscou.

À l’époque des premiers chrétiens, les œuvres de charité étaient assurées par les diaconesses. Elles se divisaient en 1) diaconesses ordonnées, servant à l’église lors des offices et 2) diaconesses d’habit, occupées aux œuvres de charité. Les sœurs de la Demeure Marthe-et-Marie peuvent être rapportées à ces dernières.

La Demeure de miséricorde Marthe-et-Marie espère à l’avenir ouvrir un skite en dehors de Moscou où pourraient se retirer les sœurs âgées qui le désirent et cela avec l’accord du conseil de la Demeure. Tonsurées, elles pourraient y passer les dernières années de leur vie dans la prière et le service exclusif de Dieu.

Pour les autres sœurs âgées, comme cela a été dit ci-dessus, un hôtel-Dieu sera bâti dans l’enceinte de la Demeure.

D’après : Marfo-Mariinskaïa obitel’ miloserdia
[La Demeure de miséricorde Marthe-et-Marie], Moscou, 1914.
Extrait du livre d’Anne Khoudokormoff-Kotschoubey
et sœur Élisabeth (eds), Élisabeth de Russie, moniale,
martyre et sainte,
Éditions Lessius, Bruxelles, 2010.
Reproduit avec l'autorisation de l'éditeur.


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Première mise en ligne : 10-12-10
Dernière mise à jour : 10-12-10