date variable
(dont dépendent toutes
les fêtes du cycle pascal,
ainsi que tous les dimanches de l'année)
TROPAIRE
KONDAKION
CANON PASCAL DE SAINT JEAN DAMASCÈNE
À LA LITURGIE DE LA FÊTE :
ANTIENNES
ENTRÉE ET PROKIMENON
ÉPÎTRE ET ALLÉLUIA
ÉVANGILE
MÉGALINAIRE ET COMMUNION
HOMÉLIE DE PÂQUE DE S.JEAN CHRYSOSTOME
MÉDITATION SUR PÂQUES
LE TEMPS PASCAL
NOTES
Christ est ressuscité des morts,
par la mort il a vaincu la mort ;
à ceux qui sont dans les tombeaux
il a donné la vie.
Lorsque tu gisais dans le tombeau, Seigneur immortel,
tu as brisé la puissance de l'enfer,
et tu es ressuscité victorieusement, ô Christ notre Dieu,
ordonnant aux Myrophores de se réjouir,
visitant les Apôtres et leur accordant la paix,
toi qui nous sauves en nous accordant la résurrection.
À LA LITURGIE DE PÂQUES :
PREMIÈRE ANTIENNE (Ps 65, 1-4 )
Acclamez Dieu, tous les habitants de la
terre,
chantez à la gloire de son nom,
rendez-lui honneur et louange.
Refrain : Par les prières de la
Mère de Dieu,
ô Sauveur, sauve-nous.
Dites à Dieu : Que tes oeuvres sont
admirables,
grande est ta puissance que tes ennemis glorifent.
(Refrain)
Toute la tere se prosterne devant toi et
chante pour toi,
qu'elle chante pour ton nom, Dieu très-haut ! (Refrain)
Gloire au Père... Maintenant... (Refrain)
DEUXIÈME ANTIENNE (Ps 66, 2-4, 8)
Que Dieu nous prenne en grâce et nous
bénisse,
faisant luire sur nous sa face et qu'il aie pitié de nous.
Refrain : Sauve-nous, ô Fils de
Dieu,
ressuscité d'entre les morts,
nous qui te chantons, alléluia !
Sur la terre on connaîtra tes voies,
parmi toutes les nations ton salut. (Refrain)
Que les peuples te rendent grâce,
Seigneur,
que toutes les peuples te rendent grâce. (Refrain)
Que vous bénisse notre Dieu,
que le craignent tous les confins de l'univers. (Refrain)
Gloire au Père... Maintenant...
Fils unique et Verbe de Dieu...
TROISIÈME ANTIENNE (Ps 67, 2-4 ; 117, 24)
Que Dieu se lève et que ses ennemis se
dispersent,
que ses adversaires fuient devant sa face !
Refrain : Christ est ressuscité
des morts,
par la mort il a vaincu la mort ;
à ceux qui sont dans les tombeaux il a donné la vie.
(Le Tropaire)
Périssent les impies en face de Dieu,
mais les justes jubilent devant lui ! (Refrain)
Voici le jour que fit le Seigneur,
exultons d'allégresse et de joie ! (Refrain)
CHANT D'ENTRÉE
Dans vos assemblées bénissez le Seigneur
Dieu de la source d'Israël ! (Ps 67, 27)
Sauve-nous, ô Fils de Dieu,
ressuscité d'entre les morts,
nous qui te chantons, alléluia !
HYPAKOÏ
Devançant l'aurore
et trouvant la pierre roulée près du tombeau,
Marie et ses compagnes entendirent
l'Ange qui leur demandait :
Pourquoi cherchez-vous parmi les morts
celui qui vit dans l'éternelle clarté ?
Voici les bandelettes :
allez vite annoncer à tous que le Seigneur s'est levé, triomphant de la mort,
car il est le Fils de Dieu qui sauve le genre humain.
PROKIMENON (Ps 117, 24)
Voici le jour que fit le Seigneur,
soyons dans l'allégresse et la joie.
Verset : Rendez grâce au Seigneur, car il est bon,
éternel est son amour.
ÉPÎTRE (Actes 1, 1-8)
J'ai consacré mon premier livre, ô Théophile, à tout ce que Jésus a fait et enseigné, depuis le commencement jusqu'au jour où, après avoir donné ses instructions aux apôtres qu'il avait choisis sous l'action de l'Esprit Saint, il fut enlevé au ciel. C'est encore à eux qu'avec de nombreuses preuves il s'était présenté vivant après sa passion ; pendant quarante jours, il leur était apparu et les avait entretenus du Royaume de Dieu. Alors, au cours d'un repas qu'il partageait avec eux, il leur enjoignit de ne pas s'éloigner de Jérusalem, mais d'y attendre ce que le Père avait promis, « ce que, dit-il, vous avez entendu de ma bouche : Jean, lui, a baptisé avec de l'eau, mais vous, c'est dans l'Esprit Saint que vous serez baptisés sous peu de jours. » Étant donc réunis, ils l'interrogeaient ainsi : « Seigneur, est-ce maintenant, le temps où tu vas restaurer la royauté en Israël ? » Il leur répondit : « Il ne vous appartient pas de connaître les temps et moments que le Père a fixés de sa seule autorité. Mais vous allez recevoir une force, celle de l'Esprit Saint qui descendra sur vous. Vous serez alors mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu'aux extrémités de la terre. »
ALLÉLUIA (Ps 101, 14 ; 32, 13)
Tu te lèveras, tu auras pitié de Sion.
Verset : Du ciel le Seigneur regarde la terre.
Au commencement était le Verbe et le Verbe était avec Dieu et le Verbe était Dieu. Il était au commencement avec Dieu. 3- Tout fut par lui, et sans lui rien ne fut. Ce qui fut en lui était la vie, et la vie était la lumière des hommes et la lumière luit dans les ténèbres et les ténèbres ne l'ont pas saisie. Il y eut un homme envoyé de Dieu ; son nom était Jean. Il vint pour témoigner, pour rendre témoignage à la lumière, afin que tous crussent par lui. Celui-là n'était pas la lumière, mais il avait à rendre témoignage à la lumière. Le Verbe était la lumière véritable, qui éclaire tout homme ; il venait dans le monde. Il était dans le monde, et le monde fut par lui, et le monde ne l'a pas reconnu. Il est venu chez lui, et les siens ne l'ont pas accueilli. Mais à tous ceux qui l'ont accueilli, il a donné pouvoir de devenir enfants de Dieu, à ceux qui croient en son nom, lui qui ne fut engendré ni du sang, ni d'un vouloir de chair, ni d'un vouloir d'homme, mais de Dieu. Et le Verbe s'est fait chair et il a habité parmi nous, et nous avons contemplé sa gloire, gloire qu'il tient de son Père comme Fils unique, plein de grâce et de vérité. Jean lui rend témoignage et il clame : " C'est de lui que j'ai dit : Celui qui vient derrière moi, le voilà passé devant moi, parce qu'avant moi il était. " Oui, de sa plénitude nous avons tous reçu, et grâce pour grâce. Car la Loi fut donnée par Moïse ; la grâce et la vérité sont venues par Jésus Christ.
MÉGALINAIRE
L'Ange du Seigneur dit à la pleine de
grâce :
ô Vierge sainte, réjouis-toi ;
ne pleure plus, réjouis-toi,
car ton Fils est ressuscité du tombeau le troisième jour.
Peuples, réjouissez-vous !
Resplendis, resplendis, nouvelle
Jérusalem,
car la gloire du Seigneur a brillé sur toi.
Exulte et danse de joie fille de Sion ;
réjouis-toi aussi, sainte Mère de Dieu,
en ce jour où ressuscite ton Fils.
CHANT DE COMMUNION
Recevez le Corps du Christ,
goûtez à la source immortelle. Alléluia.
HOMÉLIE
DE SAINT JEAN CHRYSOSTOME
POUR LE SAINT ET GRAND JOUR
DE LA PÂQUE
Ainsi donc, entrez tous dans la joie du Seigneur !
Premiers et derniers, recevez la récompense.
Riches et pauvres, chantez en cur tous ensemble.
Les vigilants comme les nonchalants, honorez ce jour.
Vous qui avez jeûné, et vous qui navez pas jeûné,
réjouissez-vous aujourdhui.
Que nul ne déplore sa pauvreté,
car le Royaume est apparu pour tous.
Que nul se lamente de ses fautes,
car le pardon a jailli du tombeau.
Que nul ne craigne la mort,
car la mort du Sauveur nous en a libérés.
À lui gloire et puissance
dans les siècles des siècles ! Amen.
MÉDITATION
SUR PÂQUES
AVEC LE PÈRE LEV GILLET
La Résurrection du Christ est solennellement proclamée pendant les matines du dimanche de Pâques. Cet office a lieu, soit le dimanche matin, très tôt, soit vers le milieu de la nuit du samedi au dimanche. Avant le début de loffice, lépitaphion placé sur le " tombeau ", au milieu de léglise, est rapporté sans cérémonies dans le sanctuaire et placé sur lautel. Quelques prières sont lues. Puis le célébrant apparaît aux portes royales de liconostase. Il tient en main un cierge allumé. Le chur chante : " Venez, prenez de la lumière à la lumière sans soir et glorifiez le Christ ressuscité des morts ". Une fois de plus, lÉglise dOrient nous représente le mystère chrétien comme un mystère de lumière ; cette lumière, dont létoile de Bethléem indiquait la naissance, a brillé parmi nous avec une clarté croissante ; les ténèbres du Golgotha nont pu léteindre ; elle reparaît maintenant parmi nous, et tous les cierges que les fidèles tiennent en main et quils allument maintenant proclament son triomphe. Ainsi est indiqué le sens profondément spirituel de Pâques. La Résurrection physique de Jésus serait pour nous sans valeur si la lumière divine ne resplendissait pas en même temps parmi nous, au-dedans de nous-mêmes. Nous ne pouvons dignement célébrer la Résurrection du Christ que si, dans notre âme, la lumière apportée par le Sauveur a complètement vaincu les ténèbres de nos péchés.
Une procession se forme. Elle sort du sanctuaire. Elle sarrête hors de léglise, devant la porte. Souvent mais cette coutume nest pas universelle on lit alors lévangile de la Résurrection selon saint Marc (16, 1-8). Puis on chante le grande antienne triomphale de Pâques :
" Christ est ressuscité des morts. Par sa mort, vainqueur de la mort, aux morts il a donné la vie ".
Cette antienne est répétée plusieurs fois. Entre les répétitions on intercale plusieurs versets des psaumes : " Que Dieu se lève, que ses ennemis se dispersent Voici le jour que le Seigneur a fait ; soyons dans la joie et lallégresse etc. ". La procession pénètre dans léglise. Le prêtre récite la grande litanie, puis lon chante le canon de Pâques, attribué à Saint Jean Damascène, et dont voici quelques versets :
" Jour de la Résurrection Jésus sest levé du tombeau, comme il lavait dit. Il nous a donné la vie éternelle et sa grande pitié ".
" Venez, buvons un breuvage nouveau ; il nest pas tiré dune pierre mais il sourd du tombeau du Christ en qui est notre force ".
" Illumine-toi, illumine-toi, nouvelle Jérusalem, car la gloire du Seigneur sest levée sur toi ! Exulte et pare-toi Sion ! Et toi, pure Mère de Dieu, réjouis-toi en la Résurrection de ton Fils ".
" Ô Pâque grande et très sainte, ô Christ, Sagesse, Verbe et Puissance de Dieu, donne-nous de communier à toi avec plus de vérité au jour sans déclin de ton Royaume ".
" Jour de la Résurrection ! Dans la joie embrassons-nous les uns les autres et appelons-nous frères ! Belle Pâque, Pâque du Seigneur. La Pâque magnifique sest levée sur nous "
Les fidèles sembrassent les uns les autres. Ils se saluent en disant : " Le Christ est ressuscité ", à quoi lon répond : " En vérité il est ressuscité ".
Les matines sont suivies par la liturgie de Saint Jean Chrysostome. Lépître, qui consiste dans les premiers versets des Actes des Apôtres (1, 1-8), mentionne le fait de la Résurrection : " Cest aux Apôtres quavec de nombreuses preuves, il sétait montré vivant après sa passion. Pendant quarante jours, il leur était apparu et les avait entretenu du Royaume de Dieu ". On trouvera peut-être étrange que lévangile ne soit pas un des récits de la Résurrection. LÉglise, en cette fête de Pâques, nous fait entendre le début de lévangile selon Saint jean : " Au commencement était le Verbe ". Peut-être la raison de ce choix est-elle la prédilection du christianisme grecs pour ce passe " en esprit " : au-delà de la Résurrection de la chair du Christ, il y a la victoire de la lumière sur les ténèbres. Car le verset, " Et la lumière luit dans les ténèbres et les ténèbres ne lont pas connue " ne signifie pas que les ténèbres nont pas accepté et reçu la lumière, mais plutôt que les ténèbres ont été impuissantes à maîtriser et à éteindre la lumière, cette lumière dont nous voyons aujourdhui le triomphe : " et nous avons vu sa gloire ". Peut-être aussi, parce que cette fête est celle qui parle le plus à lâme des chrétiens dOrient, lÉglise a-t-elle voulu saisir une occasion unique de leur faire entendre cet abrégé profond et saisissant de tout le message chrétien, que présente le prologue du quatrième évangile. À la fin de la liturgie (ou, dans beaucoup déglises, à la fin des matines), le célébrant lit la très belle homélie de Saint Jean Chrysostome pour la fête de Pâques. Nous en extrayons les phrases suivantes :
" Celui qui a travaillé dès la première heure recevra aujourdhui le juste salaire ; celui qui arriva seulement après la sixième heure peut sapprocher sans effroi : il ne sera pas lésé ; si quelquun a tardé jusquà la neuvième heure, il pourra venir sans aucune hésitation ; louvrier de la onzième ne souffrira pas de son retard. Car le Seigneur est libéral : il reçoit le dernier comme le premier Tous entrez dans la joie de votre Maître Abstinents ou oisifs, fêtez ce jour ; que vous ayez jeûné ou non, réjouissez-vous aujourdhui. Le festin est prêt, venez donc tous. Le veau gras est servi, tous seront rassasiés. Mangez avec délice au banquet de la foi, et venez puiser aux richesses de la bonté. Que nul ne pleure Que nul ne déplore ses péchés : le pardon sest levé du tombeau ".
Ces merveilleuses paroles soulèvent un problème. Saint Jean Chrysostome semble placer sur pied dégalité ceux qui se sont spirituellement préparés à la fête et ceux qui ne sy sont pas préparés. Il invite les uns et les autres. Il semble nétablir aucune différence entre eux et parle comme si la même grâce leur était donnée. Et cependant nous savons que ceux-là seuls partagent la grâce de la Résurrection du Christ, qui ont porté la croix et sont morts avec lui. Nous savons que la douleur du vendredi-saint est une condition nécessaire de la joie de Pâques. Cela est vrai. Toutefois Notre-Seigneur, dans sa miséricorde, se réserve dintervertir lordre de ces deux termes. Il a révélé aux Apôtres son triomphe avant de les avoir associés à sa Passion. Tous, sauf un seul, lavaient abandonné pendant les heures douloureuses du Golgotha, et néanmoins il les admet directement à la joie de sa Résurrection. Ce nest pas que léconomie du salut soit changée : sans la croix, la gloire du Ressuscité ne peut devenir notre part. Mais le Seigneur Jésus ménage la faiblesse de ses disciples. Il les associe aujourdhui à la joie de Pâques, quoiquils y soient si peu préparés. Plus tard, demain, il les associera à sa Passion. " Quand tu étais jeune tu mettais toi-même ta ceinture et tu allais où tu voulais ; quand tu seras devenu vieux, tu étendras les mains, un autre te nouera ta ceinture et te mènera où tu ne voudrais pas (Jn 21, 18) ". Ainsi parle Notre Seigneur à Pierre, quand il apparaît aux apôtres sur la rive de lac de Galilée, après la Résurrection. Et lévangéliste nous explique le sens de cette phrase : " Il indiquait, par là le genre de mort par lequel Pierre devait glorifier Dieu (Jn 21, 19) ". Pierre et les autres apôtres participeront, par leur martyre, à la Passion de leur Maître, mais seulement après que la force de sa Résurrection leur aura été communiquée. Notre Seigneur agit de même avec nous. Nous sommes loin du moins la plupart dentre nous davoir bu au calice de la Passion. Nous navons pas aidé Jésus à porter sa croix. Nous ne sommes pas morts avec lui, Nous avons dormi pendant son agonie ; nous lavons abandonné ; nous lavons renié par nos péchés multiples. Et cependant, si peu préparés, si impurs que nous soyons, Jésus nous invite à entrer dans la joie pascale. Si nous ouvrons vraiment notre cur au pardon qui jaillit du sépulcre vide (le fait que le sépulcre est maintenant vide constitue le gage visible de notre pardon), si nous nous laissons pénétrer par la lumière de Pâques, si nous adorons la présence du Seigneur ressuscité, nous recevrons nous aussi la puissance de la Résurrection que le don de la Pentecôte rendra parfaite. Alors, alors seulement, nous comprendrons ce que signifie la croix et nous pourrons entrer, pour notre humble part, dans le mystère de la Passion du Christ. Voilà comment sexplique lappel de Saint Jean Chrysostome, ou plutôt sa promesse, à ceux qui ne sont pas prêts, à ceux " qui nont pas jeûné ". LÉglise a admirablement choisi le sermon du jour de Pâques. Lisons et relisons cette homélie. Nous ne trouverons pas de meilleure méditation pour le jour de la Résurrection.
La bénédiction finale donnée à la liturgie du dimanche de Pâques commence ainsi : " Que celui qui est ressuscité des morts, qui par sa mort a vaincu la mort et a donné la vie à ceux qui sont dans les tombeaux, Christ, notre vrai Dieu etc. " [8].
Vers la fin de laprès-midi du dimanche de Pâques, des vêpres très courtes sont célébrées. On y lit, en plusieurs langues si cest possible [9], lévangile qui relate lapparition de Jésus aux disciples, le soir de Pâques, dans cette chambre dont les portes étaient fermées. (Jn 20, 19-25). Jésus ressuscité surmonte tous les obstacles. Il peut même entrer dans les âmes qui jusquici lui sont demeurées closes. Que ce soit là notre prière en ce soir de Pâques ! Que Jésus entre là où les portes sont fermées et tout dabord en nous et quil y apporte son miséricordieux message : " Jésus vint, se tint au milieu deux, et leur dit : La Paix soit avec vous ".
LE TEMPS PASCAL La saison liturgique appelée " temps pascal " commence le samedi-saint et sachève la veille de la Pentecôte. Il y a quarante jours entre le dimanche de Pâques et le jeudi de lAscension, cinquante jours entre Pâques et le dimanche de la Pentecôte et six dimanches dans cette période de cinquante jours [10], le dimanche de Pâques non compris.Le temps pascal présente plusieurs particularités rituelles. La principale est que chaque liturgie commence et sachève par le chant du tropaire de la Résurrection : " Christ est ressuscité des morts ". Pendant la semaine qui suit Pâques, les portes de liconostase demeurent constamment ouvertes : ainsi est symbolisé ce libre accès au Saint des Saints que Jésus-Christ, notre grand-prêtre, nous a ouvert par son sang. Lépitaphion reste posé sur lautel, de sorte que les liturgies sont célébrées sur limage de la " tombe vivifiante " du Sauveur. On ne doit ni jeûner ni se prosterner pendant la semaine de Pâques. Le vendredi de cette semaine est spécialement dédié à la Sainte Vierge sous le vocable de la " fontaine de la Mère de Dieu ", allusion à une tradition de Constantinople [11].
La semaine de Pâques porte en grec un très beau nom : la " semaine du renouvellement [12] ". Ce nom convient à tout le temps pascal. Jésus a voulu mourir et ressusciter au seuil du printemps. De même que Noël coïncide avec la victoire de la lumière du soleil sur les ténèbres, avec le début de la croissance des jours, Pâques coïncide avec le renouveau de la nature, avec lapparition de la verdure et des fleurs. Lunivers est un symbole des réalité spirituelles. Le printemps nous parle si nous savons interpréter le création de Dieu de renouvellement intérieur. Il y a un printemps de lâme. Pâques, comme le printemps de la nature, nous apporte un message despérance. La Résurrection de Jésus nous dit que nous pouvons " être changés ". Il nous faut sentir la " verte nouveauté " du temps pascal, à laquelle sappliquent si bien certaines paroles des saintes Écriture :
" Purifiez-vous du vieux levain pour être une pâte nouvelle, puisque vous êtes des azymes Car notre Pâque, le Christ, a été immolée. Célébrons donc la fête, non pas avec du vieux levain mais avec des azymes de pureté et de vérité " (1 Co 5, 7-8).
" Si donc quelquun est dans le Christ, cest une créature nouvelle ; lêtre ancien a disparu, un être nouveau est là " (2 Co 5, 17).
" Afin que, comme le Christ est ressuscité des morts nous vivions nous aussi dans une vie nouvelle (Ro 6, 4) de manière à servir dans la nouveauté de lesprit et non plus dans la vétusté de la lettre " (Ro 7, 6).
" Comme des enfants nouveau-nés désirez le vrai lait spirituel, afin de croître pour le salut (1 P 2, 2) ".
[4] Il est hors de doute que Pâques est historiquement la plus ancienne des fêtes chrétiennes. Dès lan 120, la fête de la Résurrection du Christ était célébrée à Rome comme en Orient. Mais les Églises différaient quant à la date et aux modalités de la célébration. Dans les dernières années du 2e siècle, une vive controverse opposa le pape Victor et les Églises dAsie au sujet de la date de Pâques. Au IVe siècle, le concile de Nicée posa certaines règles que nous verrons plus loin, mais qui nempêchèrent pas certaines discussions et dissidences. LÉglise byzantine et lÉglise latine ont beaucoup de points communs dans la célébration de Pâques, entre autres laccent mis sur le thème de la lumière (bénédiction solennelle du cierge pascal dans le rit romain). On entend dire souvent que la liturgie romaine ne célèbre pas la Résurrection avec autant dallégresse que le font les liturgies orientales. Cest là une de ces généralisations superficielles quil faut résolument éliminer. Une lecture attentive des textes latins montrera que la joie pascale est la même, en Orient et en Occident. Il est juste toutefois de dire que Pâques noccupe pas, dans la piété populaire des nations latines et germaniques, une place aussi centrale que dans celle des peuples dOrient.[5] Le concile de Nicée, en 325, ordonna de célébrer la Résurrection du Christ le dimanche qui suit la pleine lune tombant après léquinoxe du printemps (léquinoxe est le 21 mars). Cette règle simple en apparence, mais qui laisse la porte ouverte à certaines difficultés et incertitudes où nous nentrerons pas ici, est le fondement du " comput ", ou calcul spécialement destiné à déterminer la date de Pâques et des fêtes mobiles et à fixer le calendrier ecclésiastique de chaque année. On sait que le calendrier julien, encore suivi par certaines Églises orthodoxes, retarde de treize jours sur le calendrier grégorien, adopté par lOccident. Les autres Églises orthodoxes, qui ont admis le calendrier grégorien, restent cependant fidèles, en ce qui concerne le calcul de la date de Pâques, au calendrier julien. Il en résulte que les fêtes pascales orthodoxes et romaines tombent généralement à des dates différentes, mais que parfois elles coïncident.
[8] Après le service de Pâques a lieu, dans les paroisses orthodoxes, la bénédiction des ufs, viandes, pains, gâteaux, etc propres à cette fête. Cette coutume, en soi, est excellente. Elles associe la vie du foyer à la vie de lÉglise. Mais on ne saurait trop sélever contre la déviation dont elle cause dans certains pays orthodoxes où de nombreux fidèles manquent les services des derniers jours de la semaine-sainte parce que le nettoyage des maisons, la décoration es ufs, la confection des gâteaux, bref, les préparatifs matériels de la fête les absorbent entièrement. La religion devient ainsi un certain style extérieur, familial et national, que nanime plus le souffle de lEsprit.
[9] Dans certaines Église orthodoxes, cette lecture de lÉvangile en plusieurs langues, destinée à souligner luniversalité du message du Christ, a lieu à la liturgie de la nuit ou du matin de Pâques. Dans dautres Églises, elle a lieu le lundi de Pâques.
[10] Le terme " temps pascal " est assez élastique. Au cours de lhistoire, la durée de ce temps a été parfois abrégée, parfois allongée. Un fondement canonique de la conception dun temps pascal qui sétendrait de Pâques à la Pentecôte est que lusage du poisson est permis tous les mercredis et vendredis de cette période. En général, non seulement la viande, mais le laitage, les ufs, lhuile, le poisson sont proscrits le mercredi et le vendredi ; dailleurs la pratique, sauf dans les monastères, ne suit que de loin la théorie. Pendant la semaine même de Pâques, on peut manger de la viande, même le vendredi. Un temps pascal de cinquante jours correspond donc à certaines prescriptions canoniques, ainsi quà lidée dune cinquantaine de jours sachevant à la Pentecôte (le grec Pentekoste signifie dailleurs " cinquantième jour "). Néanmoins on serait théologiquement et historiquement fondé à distinguer, dans la cinquantaine qui suit Pâques, deux périodes très distinctes : le temps pascal proprement dit, qui sachève le jour de lAscension ; et le temps de lAscension, qui va du jour de lAscension à la veille de la Pentecôte.
[11] Vers le milieu du Ve siècle, lempereur Léon le Thrace avait construit, dans un faubourg de Constantinople nommé les Sept Tours et près dune source où sopéraient de nombreuses guérisons attribuées à la Mère de Dieu, une riche église dédiée à celle-ci. Léglise fut plus tard détruite. Les Turcs élevèrent sur ses ruines a mosquée du Sultan Bayazid. La crypte de léglise et la source subsistèrent cependant. En 1821, les restes de léglise furent totalement démolis. La source elle-même sensabla et en quelque sorte disparut. En 1833, le Sultan autorisa la construction dune nouvelle église, de dimensions considérables, près de lemplacement de la première.
[12] Les Russes nomment la semaine pascale " semaine lumineuse ".
Extrait du livre L'An de grâce du
Seigneur,
signé « Un moine de l'Église d'Orient »,
Éditions AN-NOUR (Liban) ;
Éditions du Cerf, 1988.
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