Mère Élisabeth, supérieure de la Demeure de miséricorde Marthe-et-Marie

 Pages Sainte Élisabeth de Russie

Écrits spirituels de la Demeure de Miséricorde Marthe-et-Marie

Dessin par Mère Élisabeth. Le texte slavon dit :
« Saint archange Salaphiel, avec toutes
les puissances célestes, priez Dieu pour nous. »
L'ange Salaphiel, mentionné dans le livre
 d'Esdras, est le patron de la prière.


Petit livret d’écrits spirituels édité par la Demeure de miséricorde Marthe-et-Marie, en 1914. Ces écrits ne sont pas signés, mais on peut bien penser qu’ils soient de la plume de mère Élisabeth, ou qu’ils furent approuvés par elle et qu’ils reflètent donc sa pensée.

1. « L’Esprit vivifie » (Jn 6,63)
2. « Le Maître est ici et il t'appelle » (Jn 11,28)
3. « Je suis la servante du Seigneur » (Lc 1,38)
4. « Ce n'est pas moi qui vis » (Ga 6,2)
5. « N’éteignez pas l'Esprit » (1 Th 5,19)


1. « L’ESPRIT VIVIFIÉ « (Jn 6, 63)

Frères, priez pour nous.

Lorsque vous prendrez ce livre en main, cher lecteur, priez pour nous ; nous vous le demandons instamment, à l’exemple des premiers chrétiens qui vivaient et travaillaient pour Dieu et pour le prochain, puisant leurs forces dans la prière de leurs frères. Les apôtres écrivaient : « Priez les uns pour les autres  (Jc 5, 16). Ainsi, une fois encore, tendant vers vous les mains, nous demandons votre clémence spirituelle, à la manière des pauvres auxquels nous avons consacré notre vie : « Frères, priez pour nous. » Afin que vous sachiez qui vous adresse cette prière et pourquoi, nous allons vous raconter comment est apparue la Demeure Marthe-et-Marie et à quelle fin.

Le nom de la Demeure renvoie aux saintes Marthe et Marie, patronnes célestes des sœurs ouvrières de notre jeune fondation. Le mot « demeure » invite à ouvrir son cœur pour recevoir le Christ miséricordieux.


2. « LE MAÎTRE EST ICI ET IL T’APPELLE » (Jn 11, 28)

Ainsi Marthe a-t-elle appelé sa sœur Marie à l’heure si pénible où elles pleuraient leur frère Lazare. Avant cela, les sœurs envoyèrent dire à Jésus : « Seigneur, celui que tu aimes est malade. » [...] Jésus dit : « Cette maladie ne conduit pas à la mort, elle est pour la gloire de Dieu, afin que par elle le Fils de Dieu soit glorifié. » Jésus aimait Marthe et sa sœur, ainsi que Lazare. (Jn 11, 3-5).

Combien consolant et édifiant est le chapitre XI de l’évangile selon saint Jean sur la résurrection de Lazare, qui annonce la résurrection du Sauveur et la nôtre ! Combien de sagesse et d’amour chez le divin Ami ! Avec quelle netteté le caractère des deux sœurs, Marthe et Marie, est-il dessiné ! [...]

Marthe est pleine de vie, son amour est actif, elle est toujours prête à servir le Christ. Il l’arrête même dans son élan : « Marthe, Marthe, tu t’inquiètes [...] de bien des choses » (Lc 10, 41). Elle n’a pas encore compris qu’il est des moments dans la vie où les besoins du corps s’effacent devant ceux de l’âme, où l’âme « vaut plus que la nourriture » (Mt 6, 25).

La douce Marie, elle, était toute à la contemplation.

Et Marthe « partit à sa rencontre, tandis que Marie restait à la maison » (Jn 11, 20). Tant d’amour et de foi dans leur service et leur humilité ! Admirez avec quelle fermeté Marthe confesse sa foi. Lorsque Jésus lui dit : « Ton frère ressuscitera », Marthe répond : « Je sais qu’il ressuscitera au dernier jour à la résurrection ». Jésus lui dit alors : « Moi je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi, même s’il meurt, il vivra. Et tout homme qui vit et croit en moi ne mourra jamais. Crois-tu cela ? » Elle répondit : « Oui, Seigneur, tu es le Messie, je le crois, tu es le Fils de Dieu, celui qui vient dans le monde. » On la comparera aisément à l’apôtre Pierre répondant à la question du Sauveur « Et vous, qui croyez-vous que je suis ? » Simon Pierre déclara : « Tu es le Messie, le Fils du Dieu vivant. » Prenant la parole à son tour, Jésus lui déclara : « Heureux es-tu Simon, fils de Jonas, ce n’est pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela, mais mon Père qui est aux cieux » (Mt 16, 15-17).

Marie, toute humble, toute dévouée au Christ, était restée à la maison. Combien humble et profonde est sa foi, avec quelle piété écoutait-elle les paroles du Sauveur, elle qui, pressentant sa mort prochaine, « avait pris une livre d’un parfum très pur et de très grande valeur, elle versa le parfum sur les pieds de Jésus » (Jn 12,3 ), préparant ainsi son ensevelissement.

Nous avons choisi ces saintes sœurs comme patronnes de notre demeure dans le désir d’acquérir leurs admirables vertus et de donner notre vie à Dieu et au prochain, de parvenir à la foi et à l’amour dans le service, à la prière dans l’humilité.


3. « JE SUIS LA SERVANTE DU SEIGNEUR,
QU’IL ME SOIT FAIT SELON TA PAROLE » (Lc 1,38)

Frères, priez pour nous.

Tournons-nous vers la Mère de Dieu, sous la protection de laquelle nous servons, à l’exemple des premiers chrétiens, qui, après l’ascension de Jésus Christ, cherchaient consolation auprès de aa Mère très pure. « D’un seul cœur, ils participaient fidèlement à la prière avec quelques femmes dont Marie, mère de Jésus et avec ses frères » (Ac 1, 14). Elle consolait certainement les affligés, elle, la Mère douloureuse de « l’Homme de douleurs » (Is 53, 3).

Combien touchant est le récit de ces minutes de douce joie et d’amour maternel, comment lire sans verser de larmes ces pages où la Très Pure, serrant son enfant contre son sein, l’apportant au temple de Dieu, pour entendre cependant la prophétie de Syméon le Juste : « Et toi-même ton cœur sera transpercé par une épée, ainsi seront dévoilées les pensées secrètes d’un grand nombre » (Lc 2, 35). Touchante aussi l’humilité avec laquelle elle reçut cette annonce menaçante et « gardait dans son cœur tous ces événements » (Lc 2, 51), sa patience soumise et calme lorsque vint le temps où « l’épée » transperça finalement son âme à la vue du labeur, des humiliations et des souffrances de son Fils.

Quel exemple attendrissant que celui de son heure dernière, alors qu’elle consolait ceux qui l’entouraient en pleurant. Même à cet instant terrible et doux, elle vivait pour les autres.

Les sœurs de la Demeure de miséricorde Marthe-et-Marie ont recours à sa protection. « Couvre-nous de ton précieux omophore ». Combien de larmes versent-elles en servant Dieu et leur prochain avec abnégation, combien de larmes doivent-elles essuyer aux yeux des malheureux ! Et pour cela elles ont besoin de forces venues d’en haut, elles ont besoin de prières.

Frères, priez pour nous.


4. « CE N’EST PAS MOI QUI VIS,
C’EST LE CHRIST QUI VIT EN MOI » (Ga 6,2)

Les opinions diffèrent sur la vie spirituelle. Les uns disent : « Chacun est libre de croire comme il veut. » D’autres affirment : « Mon Dieu, quel insupportable fardeau que cette vie ! » N’est-ce pas de l’orgueil que de croire à sa manière ? Le Seigneur « donne la grâce aux humbles » (Pr 3, 34), il « sauve l’esprit abattu » (Ps 33, 19). Il était lui-même « doux et humble de cœur » (Mt 11, 29).

Notre salut est dans l’humilité. Le Christ observait tous les commandements et « s’est abaissé lui-même, devenant obéissant jusqu’à la mort » (Ph 2, 8). Il est notre Maître céleste. Nous n’avons qu’à suivre ses commandements pour être sauvés. « Si vous m’aimez, vous resterez fidèles à mes commandements » (Jn 14, 15).

Certes, la vraie vie spirituelle exige certains efforts, mais leurs fruits sont la paix intérieure et la joie dès cette terre. La croix de l’abnégation est d’abord lourde à nos épaules, mais le Seigneur a dit à ses disciples : « Si quelqu’un veut marcher derrière moi, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive » (Mt 16, 24). Nous devons la saisir avec douceur et alors, ô miracle, « Mon joug est facile à porter et mon fardeau léger » (Mt 11, 30) et la croix sous le poids de laquelle nous pensions crouler glisse peu à peu de notre épaule, se dresse et brille devant nous, nous la saisissons des deux mains et elle nous élève lentement vers le ciel. Ceux qui l’ont éprouvé aiment leur croix, en la portant, ils sont parfois comblés de joie.

Pourquoi le Sauveur parle-t-il tant de la joie, alors que notre vie est si douloureuse ? Sans doute pour que « Ma joie soit en vous et que vous soyez comblés de joie. Mon commandement, le voici : Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis. Vous êtes mes amis si vous faites ce que je vous commande » (Jn 15, 11-14). « Le fruit de l’Esprit est miséricorde, joie, paix, longanimité, serviabilité, bonté, confiance dans les autres, douceur, maîtrise de soi » (Ga 5, 22-23).

Certains ascètes disaient même, lorsque les chagrins les quittaient : « Tu nous as oubliés. » Plus grandes étaient les difficultés, plus facile leur semblait la vie, car ils sentaient alors nettement l’aide de Dieu. Aux heures difficiles, ils se tournaient vers lui avec plus d’ardeur et recevaient pour leur foi l’illumination de la grâce. Il faut passer par l’école de l’expérience pour atteindre à de telles hauteurs. Sans soutien ni direction, ce n’est pas sans dangers.

De tous les arts, le plus difficile est celui de la vie spirituelle. Combien ont péri dans l’illusion spirituelle (l’orgueil), combien se sont découragés et ont abandonné ! Il faut un certain équilibre, de la fermeté, de la patience et une grande humilité, aimer Dieu et lui être parfaitement soumis, alors il nous aidera.

« Je crois, Seigneur, viens au secours de mon incrédulité » (Mc 9, 14). Qui aidera ceux qui aspirent à mener une vie spirituelle ? Le premier guide et le fondement de tout est la sainte Église elle-même avec ses canons. Le mode de vie de la Demeure « selon la règle » convient à tous, il rend humble, force à renoncer à nos propres idées, il unit les sœurs en une seule famille, les oblige toutes à s’entraider, à prier les unes pour les autres et donne une règle de vie corporelle et spirituelle.

Ensuite, avec la bénédiction de l’Église, les sœurs de la Demeure Marthe-et-Marie ont une mère spirituelle, la supérieure, afin de porter ensemble leur croix. Connaissant les difficultés spirituelles, physiques, familiales, elle doit les consoler et les affermir dans leur travail pour elles-mêmes et pour les autres.

Par la confession fréquente, la communion aux Saints Mystères, l’aumônier leur permet de se rapprocher du Maître divin et de s’unir à lui. Il les affermit également en leur expliquant le sens de la parole de Dieu, par des conférences, développant et dirigeant ainsi leur vie spirituelle. Par ailleurs, pendant leurs vacances et leurs jours de liberté, elles se rendent en pèlerinage sur la tombe des saints, où elles puisent de nouvelles forces spirituelles, fortifient leur corps et renouvellent leur esprit.

Toute la vie spirituelle de la Demeure est contrôlée par des pères spirituels expérimentés, de sages prêtres et des startsi nommés par les autorités ecclésiastiques aumôniers dans les monastères. Qui ne connaît pas, par exemple, le hiéromoine du grand habit Ambroise d’Optina et d’autres grands ascètes semblables ?


5. « N’ÉTEIGNEZ PAS L’ESPRIT » (1 Th 5, 19)

Peu à peu l’esprit des sœurs se fortifie, elles vont, à la mesure de la cordialité spirituelle dont les a douées le Seigneur, consoler ceux qui souffrent, les conduisant au Dieu Donateur de vie qui, dans sa miséricorde, appelle à lui tous les hommes : « Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi je vous procurerai le repos » (Mt 11, 28).

Afin d’accomplir consciencieusement ce devoir sacré, nous devons sanctifier et éclairer nos âmes de l’amour divin et vous en prions plus que jamais : « Frères, priez pour nous. » « Recherchez toujours ce qui est bien, entre vous et avec tout le monde. Soyez toujours dans la joie, priez sans relâche, rendez grâce en toute circonstance : c’est ce que Dieu attend de vous dans le Christ Jésus » (1 Th 5, 15-18). Il faut en vérité fonder tout bienfait spirituel sur la reconnaissance envers le Seigneur qui nous permet de le servir dans le prochain.

Il faut monter au Golgotha et, le contemplant, suspendu à la Croix, se dire : « Pour qui a-t-il souffert, lui, le Fils de Dieu innocent ? Pour toi, pour moi, pour eux. »

Qu’est-ce que notre ministère envers le prochain au regard de son ministère ? Sommes-nous donc meilleures que les malheureux que nous voulons aider ?

Le Seigneur connaît nos faiblesses, il connaît aussi nos talents. Il donne « à chacun selon ses capacités » (Mt 25, 15). Rappelons-nous la parabole des talents, au chapitre XXV de l’Évangile selon saint Mathieu, voyons comme il châtie sévèrement, lui d’ordinaire si miséricordieux, le serviteur qui « connaissant la volonté de son maître n’a rien préparé ni accompli cette volonté. [...] À qui l’on a beaucoup donné, on demandera beaucoup ; à qui l’on a beaucoup confié, on réclamera davantage » (Lc 12, 47-48).

Quelles terribles paroles ! Disons humblement, nous frappant la poitrine : « Seigneur, sois clément envers nous pécheurs ! »

Le Seigneur regarde autrement que nous les péchés, c’est pourquoi les grands ascètes et même les saints, qui nous semblent irréprochables, pleuraient leurs péchés. Plus on est proche du Soleil (Dieu), plus nette semble la tache, c’est pourquoi les péchés sont relatifs et personne ne saurait dire ou même penser « ce bandit est pire que moi » sans pécher gravement. L’orgueil est l’arme du diable, l’humilité appartient à Dieu : « Dieu s’oppose aux orgueilleux, aux humbles il accorde sa grâce » (Jc 4, 6).

Combien sont touchants les malheureux que le Sauveur rencontra pendant sa vie terrestre ! Il les éprouvait parfois, afin que nous puissions imiter leur humilité et la force de leur foi. Rappelez-vous l’humilité de la Cananéenne, sa foi dans le Fils de David. qui, savait-elle, allait l’aider. Lorsqu’il lui dit : « Je n’ai été envoyé qu’aux brebis perdues d’Israël », elle s’inclina modestement devant lui et répondit : « Seigneur, viens à mon secours » (Mt 15, 25). Il éprouva de nouveau sa foi et son humilité : « Il n’est pas bien de prendre le pain des enfants pour le donner aux petits chiens » (Mt 15, 26). Elle fit alors cette attendrissante réponse : « C’est vrai, Seigneur, mais justement les petits chiens mangent les miettes qui tombent de la table de leurs maîtres » (Mt 15, 27). Alors le Seigneur lui dit : « Femme, ta foi est grande, que tout se fasse pour toi comme tu le veux ! Et à l’heure même, sa fille fut guérie » (Mt 15, 28).

On rencontre encore de telles personnes aujourd’hui.

La foi, dit-on, s’est appauvrie. Elle est encore vivante, mais nous ne la cherchons pas, nous vivons le plus souvent pour nous-mêmes, ce qui nous rend myopes, et nous passons avec nos chagrins auprès des malheurs d’autrui, sans comprendre que « partager son chagrin, c’est l’amoindrir, partager sa joie, c’est l’augmenter ».

Ouvrons nos âmes, afin que le soleil divin de la miséricorde nous réchauffe.

Voici ce que nous avons vu, il y a peu : une cave humide, dans un coin sombre est assise une vieille femme, triste et découragée. La porte s’ouvre, une servante de Dieu entre. Voyant de la compassion sur le visage de sa visiteuse, la vieille femme lui conte sa triste vie... « Ma chère, Dieu t’ouvrira les portes du paradis pour te récompenser de ta patience... – Tu crois ? Je n’ose même pas y penser, mais ce n’est sans doute pas en vain que j’ai prié la Mère de Dieu. Tu es venue me voir, comme un ange du Ciel avec la bonne nouvelle du salut éternel. Maintenant, je vais vivre avec cette espérance. » Dans sa joie spirituelle, elle avait oublié ses douleurs physiques.

De quel repentir et de quelle humilité font preuve les pauvres qui vivent dans le vice, l’alcool, les afflictions, lorsque les touche l’étincelle divine ! Voici, s’arrachant d’une âme éprouvée, quelques mots, recueillis lors d’une visite dans un bouge : « Nous ne sommes pas des hommes, que venez-vous faire chez nous ? » Comme il faut avoir souffert pour en arriver là !

Encore un cas : une femme se tient debout, son pauvre être marqué par le vice et la veulerie, elle est en haillons. On voit qu’elle ne porte pas de croix, mais où est-elle, sa croix ? Lorsque ceux qui l’entouraient demandèrent à la sœur des icônes et des croix, elle se mit à pleurer et s’exclama : « Je ne suis pas digne de porter une croix... » Quelle componction ! Croyons bien qu’à cet instant, le Christ était près d’elle, et avec lui le pardon et le salut.

Le Seigneur voit l’âme. Notre devoir est de servir et de semer, sans attendre de récolte instantanée ni de récompense.

« Des semailles purement humaines aboutissent à une récolte purement humaine, la dégradation définitive ; des semailles spirituelles aboutissent à une récolte spirituelle, la vie éternelle. Ne nous lassons pas de faire le bien, car, le moment venu, nous récolterons si nous ne nous décourageons pas » (Ga 6, 8-10).

Il arrive, naturellement, que l’on se moque de nous, que l’on nous offense, que l’on nous trompe, mais cela ne doit pas nous décevoir. Le Christ, Fils de Dieu, n’est-il pas venu dans le monde sauver les pécheurs ? N’a-t-il pas donné sa vie pour sauver ceux qui étaient perdus ? [...] Lui, tout-puissant, plein d’amour et sans péché ! Pour toute récompense, il a été persécuté, calomnié, condamné, mais il n’en continuait pas moins à servir les hommes avant de mourir sur la croix pour nous sauver.

Il est véritablement l’Agneau de Dieu [...] « Maltraité, il s’humiliait, il n’ouvrait pas la bouche, comme l’agneau qui se laisse mener à l’abattoir, comme devant les tondeurs une brebis muette, il n’ouvrait pas la bouche » (Is 53, 7).

Comment ne pas comprendre que si le Seigneur nous aide, nous saurons semer dans l’âme déchue l’étincelle divine, ne serait-ce que pour un instant et par là même éveiller en elle un sentiment de componction, lui donnant à respirer les parfums du Ciel ? C’est là déjà un fruit spirituel et ces fruits peuvent être nombreux, car l’âme du pécheur le plus endurci est vivante, comme le montre l’exemple du bon larron.

Oui, ceux qui s’approchent du Christ vivent avant tout une nouvelle naissance en étant illuminés de l’intérieur par la foi et le repentir. Heureux l’homme dont l’âme pécheresse a été illuminée de l’étincelle divine. Elle lui redonne la force de vivre, elle le consolera à l’heure de la mort et lui donne d’espérer entendre au Jugement dernier : « Aujourd’hui même tu seras avec moi dans le paradis » (Lc 23, 43).

Fortifiez les mains affaiblies, affermissez les genoux qui chancellent. Dites aux cœurs défaillants : « Soyez forts, ne craignez pas ; voici votre Dieu. [...] C’est lui qui vient vous sauver » (Is 35, 3-4).

Nos forces ne diminuent pas, nos mains ne faiblissent pas tant que nous demeurons attachées aux espérances et aux consolations chrétiennes, faisant miséricorde avec le Christ et pour le Christ. Nous n’avons pas à compter combien d’âmes nous avons sauvées, combien de personnes nous avons aidées. Nous devons nous élever des afflictions terrestres au paradis et nous réjouir avec les anges d’une âme sauvée, d’un verre d’eau frais offert au Nom du Seigneur.

Tout doit se faire dans la prière, pour Dieu et non pour la gloire humaine. Le saint Évangile nous donne des ailes. N’est-il pas consolant d’entendre le divin Maître nous dire : « Dans la mesure où vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait » (Mt 25, 40) ?

Gardant cela à l’esprit, nous devons rester humbles et nous rappeler ces paroles : « Ainsi de vous, lorsque vous aurez fait tout ce qui vous a été prescrit, dites : Nous sommes des serviteurs inutiles ; nous avons fait ce que nous devions faire » (Lc 17, 10).

Frères, priez pour nous.

D’après Marfo-Mariinskaïa obitel’ miloserdia
[La Demeure de miséricorde Marthe-et-Marie], Moscou, 1914.
Extrait du livre d’Anne Khoudokormoff-Kotschoubey
et sœur Élisabeth (eds), Élisabeth de Russie, moniale,
martyre et sainte,
Éditions Lessius, Bruxelles, 2010.
Reproduit avec l'autorisation de l'éditeur.


La Vie et l'oeuvre de Sainte Élisabeth de Russie
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Première mise en ligne : 10-12-10
Dernière mise à jour : 10-12-10